lundi 14 décembre 2009

Le fantôme de Pinochet pue encore


Augusto Pinochet, le plus célèbre des dictateurs pur sucre de l'époque contemporaine, est mort à 91 ans et deux semaines, en 2006. Dans son lit —que sa mémoire soit compissée jusqu'à la fin des temps—, puisque aucune justice du Monde n'eut le courage de l'inculper pour ses crimes. Et c'est par milliers que l'on peut lui imputer des crimes, assuré d'être largement en dessous de la réalité!

Ceux qui n'étaient pas trop jeunes à l'époque du coup d'état au Chili se souviennent certainement que son règne sanguinaire débuta avec la mort de Salvador Allende. Trente-six ans après, on ne sait toujours pas si le président socialiste, porté au pouvoir avec une coalition des partis de gauche, l'Unité populaire, s'est réellement suicidé pendant l'assaut du palais présidentiel par les putschistes, ou bien s'il a été assassiné sur ordre de Pinochet.

On le saura peut-être un jour, comme on vient d'apprendre que fut empoisonné à son instigation Eduardo Frei Montalva, ancien président chilien lui aussi, leader du parti Démocrate-chrétien, et vieux rival politique de Salvador Allende. Je me souviens qu'à l'époque où, de France, nous suivions dans les mois qui précédèrent le coup d'état la montée des périls au Chili, je ne portais pas cet Eduardo Frei Montalva dans le cœur. Il jouait clairement contre l'Unité populaire au pouvoir, les USA de Nixon avaient même tenté un moment de l'imposer à la place d'Allende… Néanmoins, par la suite, devant la barbarie de la dictature, il s'éleva courageusement contre les violations des droits de l'homme, faisant figure de possible recours face à Pinochet.

Ainsi donc, la traduction d'un article argentin dans Courrier international, nous apprend que la justice chilienne a reconnu voici quelques jours, que l'ancien président démo-chrétien avait été «assassiné par empoisonnement en 1982, par la police secrète de la dictature».
Cette annonce ne tombait peut-être pas au hasard, puisque le fils du leader disparu, Eduardo Frei Ruiz-Tagle, est candidat d'une coalition de gauche actuellement au pouvoir. Il devra affronter le mois prochain en position inconfortable le candidat de la droite, l'homme d'affaire Sebastian Piñera, arrivé en tête du premier tour. L'émotion soulevée par la confirmation du crime n'a apparemment pas suffi à rassembler le peuple chilien autour de la Concertation de gauche, malgré la popularité de la présidente sortante, la socialiste Michelle Bachelet. Il est vrai que le système électoral reste celui hérité de la dictature, comme l'explique par ailleurs Courrier international, mais il est surtout vrai que la gauche chilienne affronte les urnes dans la division. Ce qui se passe au Chili n'a pas fini de résonner chez nous, les morts et la fureur d'un passé récent en moins…

source photo

12 commentaires:

BiBi a dit…

Ce qui résonne encore, ce sont les milliers de morts de la répression. Ce sont les cris furieux dans les manifs d'alors. C'est encore les mains coupées du guitariste Victor Jara.

BiBi avait écrit cela il y a quelques mois...

http://www.pensezbibi.com/bibi-musique-sans-bemol/justice-pour-victor-jara-967

Nouvel Hermes a dit…

Aujourd'hui on a compris qu'on pouvait obtenir à peu près les mémes résultats avec une dictature de la carotte beaucoup plus douce que celle du bâton. Dans le fond, le but est le même. Mais bon, mieux vaut Sarko que Pinochet!

le-gout-des-autres a dit…

Eh oui, il y a des cadavres qui non seulement puent mais qu'on doit toujour tuer...

Nicolas Jégou a dit…

"mieux vaut Sarko que Pinochet !"

Entre la peste et le choléra ?

BA a dit…

Nadine Morano s'exprimait lundi soir à Charmes (Vosges) lors d'un débat local sur l'identité nationale.

"On ne fait pas le procès d'un jeune musulman. Sa situation, moi je la respecte. Ce que je veux, c'est qu'il se sente français lorsqu'il est Français. Ce que je veux, c'est qu'il aime la France quand il vit dans ce pays, c'est qu'il trouve un travail, et qu'il ne parle pas le verlan, a-t-elle dit selon un enregistrement de France Bleu. C'est qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers. C'est qu'il essaye de trouver un boulot, et qu'on l'accompagne dans sa formation. C'est tout ça. Et je crois que si on veut être porteur de paix, on doit accepter l'autre dès lors qu'il respecte les lois", ajoute-t-elle.

http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-41182608@7-37,0.html

Le_M_Poireau a dit…

C'est amusant la complicité dont il a profité pour éviter la Justice et qui n'est pas elle-même jugée. Je pensais pourtant que les collabos étaient condamés. Ce n'est plus le cas ?

[L'Amérique Latine comme territoire de jeu des Etats-Unis, ça continue, par exemple au Honduras ! :-)) ].

Le coucou a dit…

M.Poireau,
les juges doivent échapper au sort commun, il faut croire. Et puis, dans le cas Pinochet, plusieurs d'entre eux ont tenté de l'inculper. C'est plutôt le monde politique qui a protégé le dictateur.

Le coucou a dit…

Tiens, j'ai failli oublier les autres, excusez-moi!

Bibi,
j'ai lui ton billet, le cas V. Jara est en effet monstrueux, comme l'on été des centaines, des milliers sans doute, d'autres cas. Bonne journée.

Hermes,
oui, il y a moyen de miner les libertés sans brutalité… Ceci dit, je ne te suivrai pas dans le rapprochement avec Sarko: chez nous, la constitution n'est pas suspendue, les élections continuent de se dérouler, et la présidentielle aura lieu à l'échéance normale…

Le-goût-des-auitres,
celui de Pinochet —enfin, sa mémoire, puisqu'il a eu la prudence de se faire incinérer pour éviter les outrages posthumes—, devrait être conspué chaque année…

Nicolas,
heu…, c'est faire beaucoup de cas de notre homme. La grippe conviendrait mieux.

BA,
entendu aussi à la radio, merci quand même.

mathRo7i a dit…

Cadavre exquis.... est ce un nouveau jeu ? il est vrai que les discours surréalistes de notre président demanderait quelque Roberto Matta !

mathRo7i a dit…

j'en oublie l'accord :-) à demanderaient les discours mais comme il fait toujours le même :-) je suis excusée.

Le coucou a dit…

MathRo,
il a bien fini ses jours en France, R. Matta? Ah, non! Je viens de vérifier: c'était en Italie… Enfin je voulais juste dire que si Roberto Matta avait vécu, notre modeste autocrate l'aurait peut-être inspiré…

Le coucou a dit…

MathRo, P-S, jolie votre excuse! :-))