dimanche 21 novembre 2010

Six à la manœuvre


La solution du rébus de ce dimanche plutôt difficile a été trouvée par cinq experts et expertes en navigation lexicographique : Passante, Hermes, La Mère Castor, MathRo7i, Mtislav, et Epamin'. Ils ont droit à mes très sincères compliments, parce que je craignais de me retrouver sans gagnant !

Pour imaginer le rébus, ma femme et moi nous sommes appuyés sur la définition du mot «lof» qui, selon le TLF, désigne «le côté du navire qui est frappé par le vent. Aller au lof, venir au lof» . J'ai donc représenté un voilier naviguant au plus près du vent, espérant que mes visiteurs subodoreraient sa venue au lof

Mais ceci-dit, un joueur dont je tairai le nom, car il a perdu, m'a fortement troublé dans sa réponse, en écrivant avec assurance : «Quant à la manœuvre effectuée par le bateau, les anciens marins appelaient cela Lecanuer par bâbord.»

Consciencieux, j'ai recherché le terme dans tous les dictionnaires de marine que j'ai pu trouver. Et voilà que je suis tombé sur un ouvrage du XIXe siècle faisant allusion à cette manœuvre ! J'en ai reproduit la page en illustration de ce billet, associée à une autre d'un «Glossaire nautique» trouvé sur Gallica, qui fait nettement allusion à l'expression «Au loff !» (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

8 commentaires:

Didier Goux a dit…

Alors là, j'en reste sur le fondement ! Car il va de soi que j'ignorais totalement l'existence de ce verbe.

Trop fort, ce Goux...

Le coucou a dit…

Didier,
comme moi, je n'en croyais pas mes yeux ! Ceci dit, il est amusant de relever à quel point nos anciens se montraient désinvoltes avec la grammaire et l'orthographe. Ce verbe lecanuer, qui a disparu des tables de conjugaison, étant du premier groupe, l'exemple cité aurait dû s'écrire : «le capitaine Goux vouloit que la brigandine lecanue impudentement…» ou à la rigueur, lecane…

Suzanne a dit…

Ha ha ha !

(Bravo le Coucou!)

Omnibus a dit…

Ah non, en bonne grammaire, pour que la concordance des temps fût respectée, l'exemple cité eût dû s'écrire : "… le capitaine Goux vouloit que la brigandine lecanuât…"
Le lecanuage était une tactique de bataille navale employée pour faire flamberger les navires poursuivants, c'est-à-dire leur faire dresser la proue.

Le coucou a dit…

Suzanne, merci !

Omnibus,
«Il favt consideroir circonspectement les édits méchaniqves qui voudroient concorder avec obligement le temps dv pincipel et icelvi vassalé […] Adonc par méconcorde des temps, pooï estre rendv bien des nvantes mignotises.» (Morisse de la Grevisse "La bonne usance" Livre IV Ode 1047.

Omnibus a dit…

Vingt dieux, je me suis encore fait rouler par ce bouquiniste. Mon édition de La Bonne usance de Morisse de la Grévisse ne comporte que 1046 odes au Livre IV. Si j'avais lu la 1047ème, évidemment... j'aurais pas écrit ça. J'ai l'air tarte, maintenant, forcément.

Didier Goux a dit…

Je serais tout de même plutôt d'accord avec Omnibus, pour ce qui concerne la concorditude des temps. (Je parle couramment le Ségolène...)

Le coucou a dit…

Omnibus, c'est certain, ton bouquiniste a gardé la moitié du bouquin pour la vendre à part…

Didier,
vous n'imaginiez pas, j'espère, que j'allais me taper la correction de ce dessin, sous prétexte qu'un marin mal lettré du Moyen-Âge avait fait des fautes dans une lettre à sa femme ? C'est précisément ce qui rend le document authentique.