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mercredi 18 février 2009

Secret bancaire: le premier accroc

En Europe, il y a une seule démocratie, c'est la Suisse. À plusieurs reprises, j'ai exposé ce point de vue ici, je ne vais pas me répéter… La Suisse a beau être démocratique, cela ne l'empêche pas d'avoir des défauts, comme tous les pays.
En particulier, elle n'est pas irréprochable dans le domaine bancaire qui a fait sa prospérité, beaucoup plus encore que son horlogerie portée à la perfection. Deux domaines par lesquels elle exerce un irrésistible attrait sur les nantis de ce monde. Hélas oui, notre sympathique voisine aime assez les sous pour qu'on puisse bigler de son côté quand il est question de paradis fiscal.
Ah, son fameux secret bancaire! Pour paraphraser M. Séguela, on pourrait dire qu'il faut avoir une Rolex et un compte numéroté en Suisse à cinquante ans, sinon, on a raté sa vie. Eh bien, nous qui sommes si nombreux dans ce triste cas, consolons-nous, car le secret bancaire suisse va prendre du plomb dans l'aile. Sa fin n'est certes pas pour demain, ni après-demain sans doute, mais la règle d'airain du secret est fissurée.
En effet, Le Temps nous apprend que la Finma, l'autorité Suisse de surveillance des marchés aurait autorisé l'UBS, l'une des plus importantes banques du pays, à livrer à la justice américaine les noms de 250 clients fraudeurs. Ce n'est pas grand chose sur les 19000 comptes suspects pour lesquels un juge de Floride exige la lumière, pourtant si cela se produit, ce sera une révolution. Pour obtenir ce résultat, les États-Unis ont menacé d'interdire à UBS d'exercer ses activités bancaires chez eux. Ce qui signifierait la fermeture des filiales de la banque…
Des ajustements de doctrine sont en cours, qui devraient permettre de satisfaire, au moins partiellement, le juge ombrageux.
Comme on le voit, les paradis fiscaux ne sont pas totalement à l'abri d'une action énergique, et l'Amérique de M. Obama montre à Nicolas Sarkozy comment il est possible d'agir, au lieu de fanfaronner en vain.

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PS. Aujourd'hui, je vous recommande les blogs de Martine, retour de vacances, et de Didier Goux, qui tire à boulets rouges sur les films d'horreur hollywoodien …

8 commentaires:

  1. Complètement d'accord, si nous commencions par combattre l'évasion fiscale, interdire les paradis fiscaux et prendre des sanctions contre ceux qui essayent de se soustraire à leurs devoirs, nous commencerions à moraliser tout ça...

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  2. Comme quoi la préservation d'un marché peut aussi conduire sur les voies de la morale.

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  3. Stef, pour le moment on ne peut vraiment pas dire que la volonté de notre gouvernement de combattre les paradis fiscaux soit convaincante.

    Gipé, s'agissant des USA, c'est l'intérêt du fisc. Pour la Suisse, oui, la préservation de leurs filiales semble l'emporter.

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  4. Coucou c'est BiBi. Il t'invite à aller voir l'autre côté de la Suisse par exemple de lire le livre-interview de Bernard Bertossa, juge exemplaire de Genève (de 1990 à 2002) sans qui les Grandes Affaires (de Elf aux Banques russes) n'auraient pu voir le jour. Ou encore d'aller lire ce que BiBi en dit sur son site. Comme quoi avec la Suisse, certains clichés ont la vie dure
    A bibientôt.

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  5. D'un côté, le sacro-saint droit à la propriété sans que personne ne puisse y trouver à redire, de l'autre, les règles de bonne vie en communauté. Evidemment, les secondes doivent l'emporter sur les premières et je pense que les Suisses qui tiennent aussi à pouvoir continuer à bosser avec leurs amis du monde entier finiront par l'entendre !

    [Je note qu'on peut avoir une autre lecture des faits : le système bancaire américain s'est effondré et part à la conquête d'un nouveau marché en mettant un coup de pied dans la réserve de clientèle réfugiée en suisse. Cynique un jour, cynique toujours !!!].

    :-))

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  6. Bibi, je connais déjà le rôle joué par B. Bertossa, merci quand même. Là-dessus, de l'autre côté de la Suisse, c'est un peu vague: l'Autriche, le Lieschteinstein, l'Italie, l'Allemagne?
    M. Poireau
    Ce matin, la presse économique et les radios retiennent le sujet. Il doit vraiment se passer quelque chose en Helvétie. Et ta seconde hypothèse, côté USA, pourrait bien être solide!

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  7. BiBi a écrit : "Aller voir l'autre côté de la Suisse" et non "DE l'autre côté..." !
    L'autre côté de la Suisse, c'est entre autres côtés, une plus grande indépendance de la Justice envers l'Executif... Enfin,c'était vrai lorsque le Juge Bertossa etait en place... Aujourd'hui ?

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  8. Bibi, tu as raison: l'autre côté de…
    Sur l'indépendance réelle de la justice Suisse, je me sens incompétent…

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