On se souvient que Jean-Jacques Urvoas, député socialiste, faisait subrepticement passer le 16 septembre, lors du vote de la loi pénitentiaire, un amendement supprimant l'inéligibilité pendant cinq années de tout élu condamné pour corruption… Découverte presque fortuitement, cette tentative d'amnistier la canaille politique, avait soulevé un tollé et le groupe PS de l'assemblée s'était hâté d'annoncer le retrait de l'amendement. On croyait donc l'affaire terminée, mais stupeur: voilà qu'à la lecture d'un article de Mediapart, j'apprends qu'il n'en est rien.
Ce recoin honteux de la loi pénitentiaire a, en effet, été adopté en même temps que l'ensemble dont il faisait partie… Il existe donc toujours, et pour qu'il disparaisse, il faudrait qu'une commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs, le décide. La droite domine cette commission, comme il est logique… Que décideront les élus de la majorité? On voit bien un risque se dessiner: celui que la droite choisisse de laisser vivre un amendement profitable aux corrompus de tous les camps, puisque le PS va assumer l'impopularité. Tout bénéfice…
Cela m'amène à parler de l'association Anticor, dont je viens de découvrir le blog grâce à Rue89… Anticor regroupe des élus et des citoyens appartenant à toutes les familles politiques, décidés à combattre le relâchement éthique de notre république. L'un de ses buts, et non le moindre, est de parvenir un jour prochain à ce que soit éliminé de la scène politique tout élu ayant commis un délit dans l'exercice de ses fonctions. Quelle que soit l'importance de son mandat, une personne condamnée pour corruption, se verrait ainsi interdire à vie la candidature à une élection.
Voilà l'amendement honorable qu'il aurait fallu présenter. Et si la commission mixte paritaire réécrivait le bout de texte de M. Urvoas en ce sens?
P-S, j'avais pris un peu d'avance avec mon billet d'hier, mais aujourd'hui, beaucoup de blogs parlent du coup de colère de Nicolas Sarkozy, et de son lapsus révélateur: «coupables»…
Ce recoin honteux de la loi pénitentiaire a, en effet, été adopté en même temps que l'ensemble dont il faisait partie… Il existe donc toujours, et pour qu'il disparaisse, il faudrait qu'une commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs, le décide. La droite domine cette commission, comme il est logique… Que décideront les élus de la majorité? On voit bien un risque se dessiner: celui que la droite choisisse de laisser vivre un amendement profitable aux corrompus de tous les camps, puisque le PS va assumer l'impopularité. Tout bénéfice…
Cela m'amène à parler de l'association Anticor, dont je viens de découvrir le blog grâce à Rue89… Anticor regroupe des élus et des citoyens appartenant à toutes les familles politiques, décidés à combattre le relâchement éthique de notre république. L'un de ses buts, et non le moindre, est de parvenir un jour prochain à ce que soit éliminé de la scène politique tout élu ayant commis un délit dans l'exercice de ses fonctions. Quelle que soit l'importance de son mandat, une personne condamnée pour corruption, se verrait ainsi interdire à vie la candidature à une élection.
Voilà l'amendement honorable qu'il aurait fallu présenter. Et si la commission mixte paritaire réécrivait le bout de texte de M. Urvoas en ce sens?
P-S, j'avais pris un peu d'avance avec mon billet d'hier, mais aujourd'hui, beaucoup de blogs parlent du coup de colère de Nicolas Sarkozy, et de son lapsus révélateur: «coupables»…
Je vote "pour"!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerLes interdire d'élections A VIE.!!!
Voilà une excellente idée.... mais de là à ce qu'elle soit votée.?
Homer,
RépondreSupprimerdéjà deux voix nouvelles alors… :-)
Callya,
quand la graine d'une réforme importante est semée, elle finit un jour où l'autre par donner son fruit.
Contre, violemment contre. Un élu ayant "tripatouillé" çà et là, sera forcément plus souple, plus malléable, donc plus "humain". Je vous rappelle que le surnom de Robespierre était "l'Incorruptible" : toujours se méfier des hommes politiques qui n'en croquent pas...
RépondreSupprimerDidier,
RépondreSupprimerà ce compte, la mafia sicilienne est pleine de d'amoureux de l'humanité. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Robespierre, un homme injustement déprécié à cause de quelques erreurs bénignes dans les têtes coupées sous son autorité.
Bordel ! Me voila encore à moitié d'accord avec Didier Goux. Peut-être pas pour les mêmes raisons...
RépondreSupprimerImaginons un jeune élu de 35 ans, 15ème sur une liste qui se retrouve conseiller municipal. Il reçoit 10000 euros de son vieil oncle paysan pour l'aider à avoir l'autorisation d'agrandir la porcherie familiale en mettant le dossier sur le dessus de la pile... Pourquoi serait-il toujours privé de "droits civiques" 25 ans plus tard ?
Nicolas,
RépondreSupprimeril ne serait pas privé de droits civiques, puisqu'il aurait toujours son droit de vote. Par contre, la société n'a définitivement rien à foutre d'un élu corruptible. Il y a suffisamment de gens propres pour laisser les ordures dans la poubelle. Ton élu peut bien être jeune ça ne le rendrait pas moins abject pour autant, on ne veut plus de ces types là, point final.
Sur la forme, je suis d'accord avec cette idée.
RépondreSupprimerSur le fond, cette idée que toute rédemption est impossible... On interdit les peines "à vie" pour d'autres, en mettant en avant le fait que tout être humain peut changer, pourquoi l'interdire aussi aux élus.
Je ne sais pas, je suis gêné par cette idée... Je ne sais pas...
Falcon,
RépondreSupprimerj'ai parfaitement conscience de ce que mon point de vue va à l'encontre de l'humanité à laquelle toute société harmonieuse devrait aspirer. Seulement, j'assume ici une contradiction enracinée chez moi: la chose politique n'est pas un élément de la vie en société tout à fait comme les autres. Si je conçois que l'ambition est une source de dépassement de soi naturelle dans les activités humaines, je la trouve odieuse en politique, bien qu'elle y paraisse incontournable. C'est le péché originel du politique, que moi, je trouve impardonnable. L'élu de mon cœur n'aspire pas à exercer un pouvoir sur les autres: il est celui que ses concitoyens vont chercher eux-mêmes en raison de ses compétences et de sa probité supposées. D'autre part, si j'éprouve de l'estime pour beaucoup d'élus, je ne leur doit aucun respect, car ils sont objectivement les héritiers de ceux qui ont volé au peuple la démocratie, au lendemain de la Révolution, avec la non-application de la Constitution de l'An 1, qui bien que perfectible, est la seule dont j'accepterais de me reconnaître citoyen. Elle disait notamment dans l'article 5 de son Acte constitutionnel: «L'exercice des droits de citoyen se perd,
[…]
- Par l'acceptation de fonctions ou faveurs émanées d'un gouvernement non populaire ;
- Par la condamnation à des peines infamantes ou afflictives, jusqu'à réhabilitation.»
Les fautes d'un élu attentent à la souveraineté du peuple, elles sont vraiment inpardonnables.
Privilégier un oncle pour un permis de construire n'est pas une "atteinte à la souveraineté du peuple". Je suis d'accord avec FalconHill quand il refuse "cette idée que toute rédemption est impossible".
RépondreSupprimerJe n'ai vraiment aucune envie d'exercer le moindre pouvoir, mais si d'aventure j'étais un élu, une de mes premières obligations serait de considérer que ma parentèle, mes amis, ne peuvent avoir le moindre avantage sur les autres citoyens. En fait, tel que je me connais, ils en obtiendraient moins de ma part…
RépondreSupprimerJe suis plutôt d'accord avec toi, Le Coucou. Ça consiste surtout à remettre une puissante symbolique sur le rôle de "représentant du peuple" ! Certainement pas un gars qui nous dirige mais une personne chargé d'appliquer les options que nous avons choisies et qu'il représente. Détourner cet objectif, c'est n'être pas digne d'être jamais élu de nouveau !
RépondreSupprimer:-))
Nicolas : je trouve ton exemple choquant pour le coup, il n'y a pas de "petite corruption" pour moi. Trahir, c'est trahir !
:-))
M. Poireau,
RépondreSupprimermerci du soutien. En fait, ces choses sont tellement passées dans nos mœurs, qu'on a du mal à en saisir l'immoralité réelle. :-))
Nicolas : je trouve ton exemple choquant pour le coup, il n'y a pas de "petite corruption" pour moi. Trahir, c'est trahir !
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