Comme tous les affrontements, le conflit d'Afghanistan donne lieu au bourrage de crâne tous azimuts. Chaque camp déploie au moins autant de moyens dans l'intoxication médiatique qu'au combat. Personnellement, cela m'importerait peu, pourvu qu'au bout du compte ce qui constituait le but initial de cette guerre, l'extirpation d'Al-Qaïda de ses sanctuaires afghans et frontaliers, soit atteint. Ensuite, si la paix doit se faire tôt ou tard avec les talibans et les pieux brigands des montagnes, eh bien, que l'Histoire passe… En attendant, il n'est tout de même pas sans intérêt de savoir ce que pensent de la situation des observateurs locaux se disant sans parti-pris…
«Si les déclarations des talibans sont à prendre avec des pincettes, les reportages des médias et surtout ceux des Occidentaux sur les forces de coalition qui occupent actuellement l'Afghanistan ne sont pas paroles d'Evangile non plus.»
Ainsi débute un article du Frontier Post, un quotidien pakistanais, qui rappelle à ses lecteurs que la plupart des informations viennent de journalistes intégrés dans l'armée occidentale. Le tableau de l'offensive de Marjah, brossé par l'auteur de l'article, est sans complaisance pour les alliés de son pays, le Pakistan. Il n'oublie pas de souligner que les talibans ont un avantage précieux: «cette terre est la leur»… Ce qui en fait ces poissons dans l'eau que l'on évoquait autrefois en parlant des partisans du FLN dans Alger. Et cela change beaucoup de choses, en effet.
En dépit de la neutralité affichée, l'article dont je parle ne déborde pas de sympathie pour la coalition, je crois. Néanmoins, c'est un regard tout à fait saisissant qu'il porte sur les réalités du terrain et l'avenir de cette guerre. La traduction est à lire lire absolument, sur Courrier International!
Taliban in Herat: source photo
P-S en complément, je signale quelques jolis portraits de Seigneurs de la guerre, à découvrir chez Rimbus.
«Si les déclarations des talibans sont à prendre avec des pincettes, les reportages des médias et surtout ceux des Occidentaux sur les forces de coalition qui occupent actuellement l'Afghanistan ne sont pas paroles d'Evangile non plus.»
Ainsi débute un article du Frontier Post, un quotidien pakistanais, qui rappelle à ses lecteurs que la plupart des informations viennent de journalistes intégrés dans l'armée occidentale. Le tableau de l'offensive de Marjah, brossé par l'auteur de l'article, est sans complaisance pour les alliés de son pays, le Pakistan. Il n'oublie pas de souligner que les talibans ont un avantage précieux: «cette terre est la leur»… Ce qui en fait ces poissons dans l'eau que l'on évoquait autrefois en parlant des partisans du FLN dans Alger. Et cela change beaucoup de choses, en effet.
En dépit de la neutralité affichée, l'article dont je parle ne déborde pas de sympathie pour la coalition, je crois. Néanmoins, c'est un regard tout à fait saisissant qu'il porte sur les réalités du terrain et l'avenir de cette guerre. La traduction est à lire lire absolument, sur Courrier International!
Taliban in Herat: source photo
P-S en complément, je signale quelques jolis portraits de Seigneurs de la guerre, à découvrir chez Rimbus.
Une pensée pour Massoud!
RépondreSupprimerAh! d'accord avec toi, Epamin': une pensée pour Massoud! Comment auraient tourné les choses, s'il n'était pas mort? Peut-être pas mieux, malheureusement.
RépondreSupprimerComment une grande puissance comme ça(USA) ne peut se servir de l'Expérience notamment soviétique(à l'époque)comme l'explique le journaliste ?
RépondreSupprimerPeut être justement parce que c'est une autre époque, cela va être différent aujourd'hui...! Les techniques, la logistique peut être, mais les hommes : Tadjiks et Hazaras (armée)/ Pachtounes : leur rapport reste le même apparemment...
Salut Le Coucou !
RépondreSupprimerMerci pour le lien, et pour avoir traité ce sujet. Tu connais mon opinion sur cette affaire : dans une guerre, quand l'un des belligérants offre à son adversaire des négociations en lui donnant de l'argent, c'est qu'il a perdu.
Ce qui m'intéresse c'est de voir comment le discours des politiques va transformer cette défaite en victoire.
Et moi qui croyais que tout était clair.
RépondreSupprimerQue nous on était les gentils et que les talibans étaient les méchants.
Même qu'à la fin, le GI épouse la fille du shérif !
Tout fout le camp...
@Epamin : on oublie que Massoud est un tadjik. Peut-être est-ce pour cela qu'il a combattu Daoud Khan (promoteur de la "pachtounisation" de l'afghanistan) bien avant l'invasion russe (avec un mouvement d'inspiration islamique). Comme le souligne l'article de Courrier International, la dimension ethnique est fondamentale en Afghanistan. Massoud a toujours critiqué le Pakistan (un pays avec une très forte population pachtoune) et ses soutiens allaient plutôt à l'Inde, il est bien possible que cela ait été son arrêt de mort.
RépondreSupprimerD'autre part, on notera que le Tadjik Fahim, chef de la branche politique de l'Alliance du nord (le mouvement de Massoud), est vice-président d'Afghanistan. C'est aussi un trafiquant d'opium notoire.
Sûr qu'il doit exister des actualités de 1942 présentant la résistance comme de dangereux terroristes portant atteinte à la Frânce. C'est une règle de base, face à un reportage ou un article, de s'interroger pour savoir d'où parle le journaliste !
RépondreSupprimer:-))
Houps! Je suis encore en retard de réponses, pour changer…
RépondreSupprimerGildan,
ma foi, c'est bien difficile à comprendre pourquoi les USA et leurs alliés n'ont pas fait mieux que l'URSS… Mais de mon point de vue, après les attentats du 11 Septembre 2001, la guerre était inévitable et justifiée contre le régime Taliban qui hébergeait et soutenait Al-qaida…
Salut Rimbus!
Oui, je connais ton opinion, elle semble cohérente, mais je ne vois pas encore venir le tournant que tu annonces…
(J'avais non seulement oublié que Massoud est un Tadjik, mais je l'aurais en plus pris pour un Patchoune…)
M. Poireau,
d'accord avec ta remarque, mais regarde plus haut ma position sur l'origine de cette guerre. Abattre les talibans était un but justifié, en cela je me fiche comme l'an quarante de leur sort. Maintenant, qu'une occupation tourne mal et que la population entre en résistance, c'est autre chose, sans doute inévitable. J'ai l'impression qu'il doit être à peu près impossible d'avoir une information fiable sur ce conflit .
Le-goût-des-autres,
RépondreSupprimerrien n'est clair, parce qu'on est dans un western-spaghetti: les méchants sont dans chaque camps, et les gentils aussi… Pour finir, le Grand Manitou reconnaîtra les siens…
L'Afghanistan est un pays très complexe, je suis en ce moment en train de lire plusieurs ouvrages sur Massoud, dont ceux de Christophe de Ponfilly, qui préconisait de s'impliquer dans un pays pour mieux le comprendre, ce qui n'est bien sûr pas l'avis des trois quart des journalistes prônant la sacro-sainte "neutralité" que Ponfilly qualifiait d'hautement hypocrite, la neutralité qui sert à boucler vite fait le 20h sans se prendre le chou.
RépondreSupprimerBien sûr, il est tentant de dire que Ponfilly avait tort, mais en ce qui me concerne, j'ai toujours préféré les journalistes engagés que ceux qui se contentent de "couvrir" et voudraient nous faire croire qu'ils n'ont pas d'avis, ce qui est bien sûr faux.
A la suite de ses lectures, on aime le peuple afghan, ou on ne l'aime pas, c'est un choix.
On peut aussi faire le choix de se dire "je m'en fous, de leurs histoires, c'est trop compliqué pour moi", choix aussi honorable qu'un autre.
Et on peut aussi considérer que le patchwork afghan n'est pas plus compliqué que les diversités culturelles, ethniques et historiques que l'on peut trouver en France ou ailleurs...
Poison, d'accord avec toi, on devrait pouvoir s'impliquer auprès d'une population —c'était d'ailleurs une "qualité" des diverses colonisations françaises, par rapport à d'autres pays: "nous" nous mélangions volontiers aux populations… Sur la situation présente, par contre, il ne sert à rien de se dissimuler derrière des motivations louables: nous sommes là-bas (les autres également) pour combattre prioritairement Al-qaida et ses soutiens.
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