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jeudi 18 mars 2010

Jeu de la mort et jeu de cons

Peuples, qui a apprécié «Le jeu de la mort», fait semblant de croire que j'aurais avec d'autres «conspué le principe même de cette émission». Il n'a pas lu mon billet, reprise de celui consacré à cette opération médiatique en 2009. Je ne portais strictement aucun jugement sur le documentaire en question —puisque documentaire il y avait—, ni d'ailleurs sur la télévision en tant que telle. Je méprise la télévision et les téléspectateurs, c'est un fait, mais je n'avais aucune raison de partir en guerre contre ce programme. Et je m'en suis donc abstenu. Mon billet prétendait simplement relever que nous sommes immergés dans une société où les lâches et les salauds potentiels pullulent. Ce n'est pas la télé qui en est responsable, même si elle n'arrange rien.

19 commentaires:

  1. Le principe même de l'expérience est de montrer que même si cela choque nos égos, la désobéissance n'est pas évidente et que chacun de nous, soumis à un stress suffisant par une autorité reconnue, est potentiellement un lâche et un salaud.
    Dire que la société pullule de lâches et de salauds est donc un contre-sens...

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  2. Nicolas, non, pas de blogowar, particulièrement avec Peuples que j'aime bien. Mais une mise au point sur un amalgame qui m'énerve. Mon billet ne considérait que le constat déprimant fait sur la société par ce genre de tests (la mesure plus ou moins fiable de la veulerie). Me retrouver engagé malgré moi dans un débat sur la télévision, dans lequel je n'ai rien à foutre, m'exaspère.

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  3. Boris, lis mon billet, merde! Non chacun d'entre nous n'est pas potentiellement un lâche et un salaud. Parles pour toi, si tu veux. Oui, la société pullule d'ordures. Les lâches étant les plus nombreux, fatalement, on devait nous expliquer que nous sommes tous les mêmes. Eh bien non!

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  4. Le but de l'expérience de Milgram n'était pas de montrer que nous étions tous les mêmes. Juste de montrer que nous étions tous faillibles sous la pression.

    Il n'est pas question d'ordures ici (on ne choisit pas des gens qui VEULENT faire mal à d'autres), mais de pions (de gens qui OBÉISSENT). Ça n'est pas beaucoup mieux, certes, mais il y a tout de même une différence...

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  5. Tu es conviée à prendre place dans la machine à remonter le temps :

    http://www.avoodware.com/blog/files/voyage-temps.html

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  6. (le féminin ne s'imposait pas. désolé)

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  7. Boris,
    je ne devrais jamais répondre aux commentaires les matins où je suis d'une humeur de massacre. Tant pis pour moi… Bon, mon âge fait que même si j'étais trop jeune à l'époque de l'expérience de Milgram, j'en ai découvert l'existence et les débats passionnés qu'elle a fait naître, à la fin des années 60. J'en ai été profondément marqué. Tu as largement raison de rappeler qu'il s'agit de mesurer le degré d'obéissance plutôt qu'une aptitude au "mal" (disons)… Néanmoins, je campe sur ma position vis à vis de cette impressionnante majorité de gens disposés à n'être que des pions. Dans les années 60 le monde analysait les horreurs de l'holocauste, découvrait que les bourreaux pépères d'hier s'abritaient derrière les ordres reçus. Les ferments étaient là pour que chacun médite sur les limites de l'obéissance et découvre qu'il peut être, non pas méritoire, mais simplement honnête de désobéir. En tout cas, j'en ai retiré pour moi le réflexe de ne jamais accepter comme allant de soi une légitimité que l'on voudrait m'imposer. Je demande à voir.
    Pour ce qui est de ma réaction ici, je m'insurgeais uniquement contre le fait que Peuples ait assimilé mon billet d'hier à une critique de l'émission —comme s'il y avait des vérités à cacher, ou je ne sais quoi—, émission dont je ne savais pas grand chose. Mon billet parlait de ces 62,5% (chez MIlgram), près à subir aveuglément une autorité. Et je crois vraiment qu'il n'est pas déplacé d'en porter un jugement de valeur sur la partie correspondante de notre société.
    Une chose m'avait particulièrement choqué dans le billet initial de Peuples, hier, c'est la place qu'il accorde à un cobaye du jeu en question se permettant de dire en substance: vous auriez tous fait la même chose. C'est faux, puisque même cette émission sans doute imparfaite (je n'ai pas regardé), a semble-t-il montré qu'il y a toujours des réfractaires…

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  8. Dedalus, tu es très gentille, merci beaucoup, je vais étudier la question! ;-)

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  9. Pour ne pas éviter le sujet du billet, j'ai regardé l'émission - en accéléré, je l'avais enregistrée.

    Je suis d'accord avec toi sur l'essentiel : il est proprement affligeant de constater encore et encore à quel point le salaud potentiel est si largement répandu.

    Mais je le savais et ce n'est pas ce que je retiens de ce - bon - "documentaire". Bon, parce qu'il fonctionne comme une alerte sur les principes qui régissent l'obéissance et la soumission et ses dangers.

    Mais "documentaire" qui passe sous silence un biais important, essentiel, et qui permet l'antienne que nous entendons un peu partout aujourd'hui et que l'émission a choisi de nous susurrer - probablement comme une protection psychologique des cobayes : chacun, peu ou prou, aurait agit de même et aurait infligé par soumission à l'autorité une souffrance.

    Biais parce que l'échantillon était composé de personnes qui ont d'abord choisi de participer au "jeu" - à ce qu'il prenait pour tel. Ce qui est déjà une disposition psychologique. Ce qui est déjà un choix qui pèse sur la suite de l'expérience.

    Je n'aurais jamais même envisagé de participer au spectacle télévisuel, sur lequel j'ai de manière général un a priori méfiant.

    Je ne sais où se trouve le lien, et si même il en est un, mais il me semble clair aussi qu'en aucun cas je n'aurais accepter de pousser une manette sachant qu'elle infligerait à quelqu'un une décharge électrique de ne serait-ce que 20 volts.

    Je pense qu'il y a un lien dès lors que je constate que parmi les "sujets" de l'expérience, les plus rétifs à l'obéissance avaient déjà poussé une quinzaine de manettes avant de refuser d'obéir : il s'agissait déjà de plus de 300 Volts !

    Je précise qu'en aucun cas je ne voudrais avoir l'air de stigmatiser les personnes qui se sont retrouvées dans ce tourbillon expérimental. Je me suis même retrouvé suffisamment en empathie avec leurs déchirements intérieurs, entre humanité et obéissance, pour devoir étouffer quelques sanglots.

    Et c'est sur ce que nous faisons de la condition humaine, ce que la société lui impose, que je pleure et que j'enrage.

    Le libre-arbitre est un lent, long et difficile apprentissage auquel trop peu ont accès - parce que les "autorités" - politiques, religieuse, médiatiques, économiques - n'y ont jamais intérêt.


    Désolé pour ce commentaire trop long - on ne devrait jamais avoir la flemme de faire un billet de plus :-)

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  10. Dedalus, j'approuve totalement ton commentaire, je me demande si j'ai la moindre chose à y ajouter… Pour le moment, non, je relirai plus tard. Merci.

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  11. Je vais plutôt lire le billet que tu as fait !
    Je note simplement, sans volonté de polémique, qu'être contre la télé, pour moi, n'a aucun sens. C'est un peu comme s'opposer à l'existence des tables ou des chaises !
    Il suffit de choisir ses programmes et de garder sa vigilance en éveil !
    :-))

    [C'est mon point de vue, je l'écris, je ne cherche à convaincre personne ! :-)) ].

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  12. J'ai défendu chaudement cette émission qui pointe les défauts de notre société. ce n'est d'ailleurs pas un hasard, si j'ai eu beaucoup de commentaires extrêmes sur mon blog (j'en ai éffacé deux).

    Finalement cette émission a fait un flop en audience, de telles "expériences" pourtant riches d'enseignements ne seront sans doute plus possibles à l'avenir.

    C'était pourtant un des rares moment ou notre matrice du consentement se remettait en question, voilà pourquoi j'ai défendu cette émission qui faisait preuve pour une fois d'intelligence.

    Désolé si je t'ai blessé par ce post, ce n'était bien entendu mon objectif.

    Mais être contre un tel programme, dans l'uniformité ambiante ets presque indécent.

    France2 a pris un risque avec cette émission, l'échec est patent, ils ne recommenceront certainement pas. A nous les émissions bas de gamme comme d'hab.

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  13. Peuples : «un des rares moment ou notre matrice du consentement se remettait en question, voilà pourquoi j'ai défendu cette émission qui faisait preuve pour une fois d'intelligence» je suis bien d'accord avec toi. Comme une dernière fenêtre avant d'entrer dans le tunnel de la soumission générale ! :-))

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  14. M. Poireau,
    sur la télé: moi aussi je ne comprends pas bien. Une table, une chaise, c'est un élément de confort de base. Difficile de s'en passer. Par contre, tu peux vivre sans patins à roulettes, sans abonnement à Voilà (ou Voici, Gala, France Dimanche,je ne connais pas bien les noms)… Vivre sans allumer une télé est tout simple.

    Peuples, je n'ai pas été blessé, mais j'ai, il est vrai, piqué une colère de voir ma position incomprise —sans doute à cause de mon habitude de railler la télé par réflexe.
    Je n'ai jamais attaqué le principe de l'émission: je serais à priori plutôt proche de ton avis —il aurait fallu pourtant que je regarde pour savoir de quoi je parle. Je me suis uniquement arrêté sur la proportion tout de même effarante de personnes incapables de remettre quelque chose en cause. Ce sont ces gens qui motivaient mon billet.
    Sinon, ce que tu dis du risque pris par France2 est éloquent: l'émission mérite d'être défendue et la télé globalement brocardée.

    M. Poireau: j'espère cette fois avoir été clair…

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  15. Le Coucou : pas de soucis entre nous ! De mon point de vue, la télé fait partie de l'époque, elle est partagée (subie ?) par des millions de gens, il faut donc s'y confronter. Tu fais un autre choix, c'est tout à fait aussi bien ! :-))

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  16. M. Poireau: je l'ai toute de même regardée longtemps, et elle est encore dans la maison, sans doute en état de marche. Au cas où…

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  17. Moi en tout cas , j'ai trouvé l'émission un peu pipée. Pas crédible pour un rond et surtout pas de quoi tirer des conclusions ( trop de facteurs en jeu, trop complexe )
    Par contre, ce qui me turlupine le plus c'est que Hubert Reeves a vachement grossi ! Non ?

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  18. Captainhaka, si tu le dis… Je n'ai rien vu… Hubert Reeves était dans cette galère? Et gros? Alors c'est que la célébrité contient du gras, dangereux, ça!

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