lundi 2 juin 2008

La démocratie suisse et nous

Dimanche 1e Juin, les suisses ont rejeté par voie référendaire un projet de loi d'extrême droite visant à durcir considérablement les conditions d'octroi de la nationalité suisse aux résidents étrangers. Nos voisins ont donc été capables, tout citoyens ordinaires qu'ils étaient, de condamner la mentalité xénophobe et rétrograde qui se cachait sous cette proposition. Non seulement nous pouvons les en féliciter, mais aussi les remercier de la superbe leçon qu'ils viennent d'administrer à ceux qui se font chez nous les contempteurs apeurés de la démocratie directe, au prétexte qu'elle ouvrirait la porte à toutes les revendications démagogiques du peuple. Qui sont-ils, ces chiens de garde de l'idéal démocratique, idéal confisqué au peuple français dès la Révolution ? En premier lieu on trouve ce qu'il faut bien appeler la classe politique, cette infime fraction des français qui s'est fait une spécialité de la politique, c'est à dire un métier, en lieu et place d'un dévouement au service du bien public —dans le cadre de fonctions étroitement limitées dans le temps. Ces élus, petits ou grands, et les membres des gouvernements issus de leurs rangs, arc-boutés au privilège de porter seuls la parole et les espoirs supposés du peuple, sont le principal obstacle, mais non le seul. À leurs côtés se rangent une bonne partie des commentateurs de la vie publique, inquiets d'un supposé affaiblissement de leur parole dans la cacophonie d'un débat généralisé, et surtout trop étroitement liés aux gens de pouvoir pour ne pas épouser leurs intérêts. Enfin, parmi ceux que l'idée d'un accès des citoyens à une véritable participation à la vie du pays, empêche de dormir, on relève la présence d'intellectuels de renom, dont l'influence est loin d'être négligeable, même en ces temps où l'inculture et la rustauderie président au destin de notre république.
Est-ce à dire que nous ne pouvons rien espérer ? D'eux-mêmes, pas grand chose dans l'immédiat, sinon l'ajout d'un prétendu référendum d'initiative populaire à la prochaine révision de la constitution, qui n'est qu'une façon courtoise de nous prendre pour des cons (voir mon billet : «Bricolage de la constitution»). Par contre, que nous soyons ou non membres de partis politiques, rien ne nous empêche de manifester dès à présent notre exigence de voir l'instauration d'une vraie démocratie figurer aux premières places des programmes de ceux-ci. Et nous saurons en apprécier la valeur, le moment venu.

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