vendredi 20 juin 2008

Maison de retraite insurgée

Avec le vieillissement de la population, les maisons de retraite poussent un peu partout, modestes, confortables, ou luxueuses, toujours chères. La plus belle de France, la plus ancienne et la plus coûteuse aussi, c'est incontestablement le Sénat. N'y rentre pas qui veut, il faut avoir mérité de la république, comme on dit, et généralement avoir une tête politique bien faite. Cette vénérable assemblée, on le sait, a la particularité d'être indéracinablement de droite, grâce à un système électoral déséquilibré. C'est dire que nos sénateurs, tout détenteurs de la sagesse politique qu'ils soient, ont dans leur ensemble des réflexes conservateurs. On les voit à l'œuvre en ce moment, avec l'examen de la réforme des institutions. Par exemple, sur cette promesse de M. Sarkosy (il en avait fait deux ou trois d'estimables) de supprimer le droit de grâce présidentiel. Eh bien, alors que les députés avaient soumis l'exercice de ce droit de grâce au contrôle d'une commission, le sénat a rétabli l'ancienne disposition qui fait de la grâce une espèce de bon plaisir royal. Et quant au référendum d'initiative populaire, même réduit à peu de choses, tel qu'il était prévu, c'est encore trop pour les pensionnaires de la maison du Luxembourg qui le voient d'un très mauvais œil. En fait, la mauvaise humeur de ces messieurs vient de la menace de transformation de leur système d'élection qu'ils soupçonnent dans le projet de réforme. La droite sénatoriale, non contente d'être pensionnaire de la république, veut à n'importe quel prix conserver sa rente électorale. Sur l'éventualité d'une participation directe des citoyens à la vie politique, par le moyen du référendum d'initiative populaire, ils nous chantent la vieille chanson d'une démarche inapplicable à l'échelle d'un grand pays (à la différence de la Suisse, pardi), et que si l'on veut d'une démocratie participative, il faudrait supprimer la démocratie représentative… Mais non ! Les français auront toujours besoin d'élus avertis, de députés par exemple. Pour les sénateurs, c'est moins évident. Supprimer le sénat, ce serait une belle économie, et une vraie libération.
Que valent ces gens désignés des combinaisons d'élus locaux ? Quand je pense qu'un jour viendra où M. le Maire nouveau de Claviers et quelques autres, voteront pour des élections sénatoriales…

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