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samedi 28 février 2009

La chaîne photo

Mardi dernier, Manuel, du blog «Avec nos gueules», m'a tagué dans une chaîne d'intérêt limité, consistant à rendre publique la 6eme photo de mon dossier le plus récent… Mon dossier le plus récent ne contient qu'un document scanné, et personnel. Le dossier précédent contient mes images de la grande manifestation de Draguignan, dans le cadre de la journée de grève du 29 Janvier. La sixième est floue, je publie donc la septième et dernière, à peine meilleure…
Si le sujet les amuse, je tague Macao, Comm and come, Tulipe, et Le-Goût-des-autres pour prendre la suite…


vendredi 27 février 2009

Sortir de la crise avec Le Pen?

Jean-Marie Le Pen embouche une trompette du jugement dernier et nous annonce la fin de la globalisation libérale et cosmopolite. Mais une seule trompette ne suffit pas à foutre le monde en l'air, M. Le Pen n'est pas Dieu, quoique borgne comme lui —je rappelle aux ignorants que pour certains élus ou pécheurs impénitents, l'œil de Dieu s'inscrit au firmament dans un triangle isocèle, en l'absence de couverture nuageuse. Heureusement qu'il ne l'est pas, Dieu, car les prophéties et objurgations du patriarche frontiste font froid dans le dos.
Ainsi, afin de parer à la débâcle monétaire qu'il voit venir, préconise-t-il l'abandon de l'euro et le retour à notre bon vieux franc. Comme si nous n'avions pas été assez douloureusement éprouvés par le passage initial à la devise européenne, nous autres, gens ordinaires.
Quelques semaines avant l'euro, des tas de trucs de première nécessité, comme le pain, les cure-dents, la coupe de cheveux, le baril de bière, etc, avaient augmenté par précaution. Quelques jours après l'euro, le prix des mêmes produits recevait un petit coup de pouce destiné à l'arrondir à la hausse, par commodité. Les mois suivants, dans un bel élan pédagogique les marchands nous habituèrent promptement à l'idée qu'un franc ou un euro, c'était la même chose… Les prix d'une myriade de petits machins indispensables se trouvèrent multipliés par 6,55. On nous fit les poches, tandis que les menteurs institutionnels affirmaient avec aplomb que nous connaissions une stabilité des prix.
Dans cette zone trouble des petites arnaques passées plus ou moins inaperçues, on peut caser aussi la généreuse collecte des «pièces jaunes» patronnée par Mme Chirac et David Douillet. Au départ, à l'époque du franc, vous abandonniez une mitraille de centimes dont vous vous défaisiez sans arrière pensée. Aujourd'hui, le sentiment de se faire rouler dans la farine n'est pas déplacé: quand vous donnez dix cents d'euro, vous déboursez l'équivalent de 65 centimes de francs. Avec 50 cents, c'est 3,27 f que vous offrez. Pour être honnête et perpétuer l'esprit d'origine des «petits ruisseaux qui font les grandes rivières», cette campagne aurait dû s'intituler «pièces rouges».
Ceci dit, on peut se demander avec inquiétude ce qui se passerait dans le cas d'un retour à la monnaie nationale. Il ne fait guère de doute que nous serions détroussés une fois de plus. Non, merci, M. Le Pen.
Parmi les autres idées obsessionnelles de l'ogre de Saint-Cloud, figure bien entendu le renvoi des immigrés dans leur pays d'origine. La Gaule aux Gaulois: Jean-Marie Le Pen, s'il était élu président, pratiquerait sans doute l'ouverture à droite, à la Sarkozy, en nommant Eric Besson premier ministre…
Fermeture des frontières, protectionnisme, seraient aussi au programme. Et là, M. Le Pen a sans doute prévu de stimuler notre économie, réduite à ronronner sur elle-même, par la relance de l'armement? Parce que, n'est-ce pas, avec un retour à l'Europe des nations, le réveil de nos vieux démons serait assuré à brève échéance. Rien ne vaut une bonne vieille guerre pour sortir de la crise, allez…
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Avis: Balmeyer, son humour, ses billets savoureux sont de retour…

jeudi 26 février 2009

Nicolas 1er et la Ouifi

Lorsqu'ils récitent leurs trois «Notre Nicolas…» du matin, les Franchois devraient penser à la chance qu'il ont d'avoir le Bien-Aimé pour maître, et redoubler de ferveur. Tenez, pour ne prendre qu'un exemple: songez à l'extrême dénuement des Yanomami qui, à l'heure où j'écris ces lignes, en quête d'une connexion internet, doivent endurer plusieurs jours de pirogue, pour relever leurs mails! Chez-nous, point de fatigue ni de perte de temps: Nicolas 1er a voulu que chaque village de son royaume dispose de sa borne Ouifi, afin que le moindre de ses sujets puisse bénéficier des bienfaits du Oueb. Et ce n'est pas tout, car dans sa grande sollicitude, le Bien-Aimé s'est soucié de nous mettre à l'abri des terribles dangers qui guettent l'internaute imprudent. Comme le signalait récemment Le Journal, il est des pays, comme l'Union Sub-Antartique, où la police ramasse quotidiennement des centaines de victimes gisant au pied de leur ordinateur, violées, égorgées, escroquées, émasculées, défenestrées, rouées, toutes leurs tripes et leurs avoirs épars dans une mare de sang… Aussi, pour que cela n'arrive jamais chez nous, les bornes Ouifi seront réglées de telle manière que l'utilisateur ne puisse accéder qu'à des sites bien conformés, tous reconnus sains de corps et d'esprit par la Commission ad hoc. Les premières bornes Ouifi du réseau sécurisé national sont opérationnelles depuis ce matin. Elles donnent dore et déjà accès à une liste de sites impressionnants par la qualité et l'utilité des contenus. La voici dans sont intégralité:

Discours de Nicolas 1er
Déplacements officiels de Nicolas le Bien-Aimé
Couronnement de Nicolas 1er
Nicolas 1er, sa vie, son œuvre
Le papa et la maman de Nicolas 1er
La famille régnante, sang, demi-sang, quart de sang, et alliés
Le code de la marche à pied
La loi ordinaire et la loi extraordinaire
Site du gouvernement
Signaler incognito une infraction
Déclarer une nouvelle paire de souliers
Payer la taxe sur les chaussures
Se soigner par les herbes
Site du Journal
Télé-Nicolas-Première, le programme
Comment j'allaite mon enfant
Catalogue des quatre Helvètes
La Maison du sous-vêtement


PS. À propos des implications pour les internautes du projet de loi Hadopi, et de la proposition de Mme Albanel de contrôler les bornes Wifi publiques, voir le blog de Valerio Motta, ainsi que le billet documenté de Samuel Laurent, et le site de La Quadrature du net

mercredi 25 février 2009

Briser la chaîne du libéralisme.

C'est Éric, de Mon Mulhouse, qui m'a collé ce terrifiant pensum: «définir ma vision du libéralisme». Il le tenait lui-même de Peuples, et il faut bien dire que ces deux là étaient autrement mieux armés que moi pour aller fourrer leur nez dans le libéralisme avec quelque pertinence.
Chez moi, le libéralisme figure respectueusement épinglé dans la collection des nobles doctrines qui ont fait grandir l'humanité. Je le vois, papillon flamboyant, polliniser jadis la révolution, par les idées philosophiques qui condamnaient le régime monarchique. De ce point de vue, je me sens même foutrement libéral par mon aspiration à connaître la démocratie [directe, sinon on ne parle pas de démocratie] avant de quitter ce monde, et ma rétivité devant toute forme de pouvoir —bien tempérée par le respect d'autrui et la conscience qu'un minimum d'ordre est indispensable dans la société.
Cependant, je comprends que cet aspect là du libéralisme n'est pas vraiment le propos du jour, et que c'est au libéralisme économique que l'on voudrait m'enchaîner ici… De celui-ci, hélas, je ne connais pas grand-chose en profondeur.
Il est devenu l'évangile des grands prêtres du capitalisme qui nous gouvernent, et, de même qu'il faut avoir fait des études poussées de théologie pour concevoir le mystère de la Sainte-Trinité, il est recommandé de sortir d'une grande école avant de se frotter aux dogmes du marché, compliqué des marchés.
A mes yeux de profane, il existe un archétype d'adepte politique du libéralisme en la personne d'Alain Madelin, ancien ministre. Qu'il ait été d'extrême droite dans sa jeunesse, colle parfaitement à la représentation barbare que je me fais de ce libéralisme. Sinon, c'est plutôt auprès de plus jeunes disciples de cet évangile qu'il m'arrive épisodiquement d'aller observer le culte libéral de près, notamment sur les blogs de Criticus et Lomig, au sérieux presque irréprochable.
Est-il nécessaire de le préciser? J'en ai retiré le sentiment que les horreurs du libéralisme, tel que nous le connaissons dans ce monde soumis aux lois du marché, ne sont qu'enfantillages à côté de ce qu'il pourrait nous réserver, une fois réellement triomphant. Chacun nu face à la vie, le fort décidant de tout et l'emportant de droit sur le faible. Merci.

Aux anti-libéraux mes frères, comme aux libéraux d'aujourd'hui, j'offrirai en guise de conclusion en pirouette sur le sujet, le chant «Toomai des éléphants», tiré du «Livre de la jungle» de R. Kipling. Il a ceci de bien que nous pouvons tous nous y retrouver: ceux qui rêvent de se libérer du marché, et ceux qui rêvent de la loi de la jungle.

«Je me souviens de qui je fus. J'ai brisé la corde et la chaîne
Je me souviens de ma forêt et de ma vigueur ancienne, —
Je ne veux plus vendre mon dos pour une botte de roseaux
Je veux retourner à mes pairs, aux gîtes verts des taillis clos.
Je veux m'en aller jusqu'au jour, partir dans le matin nouveau.
Parmi le pur baiser des vents, la claire caresse de l'eau —
J'oublierai l'anneau de mon pied, l'entrave qui veut me soumettre ;
Je veux revoir mes vieux amours, les jeux de mes frères sans maître.»
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PS. Pour lire un billet plus convaincant sur le sujet, rendez-vous sur le blog d'Éric-Citoyen


mardi 24 février 2009

Des hauts et des bas

Le coucou, le coucou en général veux-je dire, est en hausse… Celui-ci, blog qui babille de choses souvent un peu trop grandes pour lui, mon coucou, faisait le beau au dernier classement Wikio. Très provisoirement, mais c'est une autre histoire… Le coucou d'art est aussi à la hausse, et plus précisément «Les Coucous, tapis bleu et rose», d'Henri Matisse. Il s'agit de fleurs, dans ce cas, de celles qui pointent leur nez jaune à travers prairies et bois, à l'époque où l'oiseau éponyme coucoule le printemps. À la vente aux enchères de la collection Bergé-Saint Laurent, la toile de Matisse, «Les Coucous, tapis bleu et rose», estimée environ 18 millions d'euros, a atteint la somme de 35 millions et quelques, si j'en crois le site de Christie's. Dans la famille coucou, il me semble que l'on devrait se tenir les coudes, et l'idée m'est venue que je pourrais proposer au bienheureux acheteur d'échanger ses coucous contre mon coucou. Pour me contacter, c'est dans la marge, à droite…
Ceci pour dire qu'en ces temps de crise, il y a des gens dont «la fortune… dépasse l'entendement» —c'est le titre de l'article du Monde en ligne qui traite du sujet.
Il en est d'autres, plus modestes et méritants à première vue, qui ne se débrouillent pas trop mal non plus, comme ces présidents d'université qui toucheront l'an prochain une prime annuelle qui ne pourra être inférieure à 20000€, selon la décision de Valérie Pécresse, et pourrait bien approcher des 40000€. Et si l'acheteur des «Coucous, tapis bleu et rose», était un président d'université? Vous me direz qu'il n'a pas encore la prime dans sa poche et que 40000 misérables euros sont loin de faire le compte, pour une vente à 35 millions. Certes, je répondrai, mais il a pu demander un crédit bancaire à la consommation d'œuvres d'art, en prévision justement de la prime. Vous me rétorquerez que les banques ne prêtent plus, en ces temps de crise. Et là, vous gagnez, je n'ai pas d'autre argument.
Il n'y a pas que le marché de l'art qui grimpe, il y a aussi le cours des petits hommes verts: d'après la presse canadienne, en 2008, un nombre record d'OVNI a été constaté au Canada. Plus de mille observations d'objets, dont une tour (ce n'est pas une erreur: une tour), et un autre de la taille d'une voiture! Les témoins n'ont pas précisé s'il s'agissait d'un 4x4 martien ou d'une Twingo export. Jamais on en avait autant recensé depuis que la science soucoupiste a ouvert ses registres en 1989…
Toujours dans le domaine des hausses radieuses, on relève aussi les cotes de popularité de Mme Merkel, MM. Obama et Berlusconi.
En revanche, celle de M. Sarkozy plonge toujours. Le voici à 37% d'opinions favorables. Peut-il descendre plus bas encore, c'est à dire plus bas que la dernière marche du trône? À ce niveau là, peut-être réfléchirait-il à deux fois avant de ricaner, lorsqu'un journaliste l'interroge à propos de sa perte de popularité: «chacun a compris que c'était une question de fond», comme nous l'apprend le Nouvel Obs… Tout dépend du fond dont on parle, bien sûr, mais il serait néanmoins intéressant de savoir à quel niveau se situe le fond du trou de désapprobation, à partir duquel un président ne peut plus imposer sa politique au pays.

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PS. Slovar, Le Rocrocodile, PMA bis ont fait chacun le billet que je n'ai plus le temps de faire pour saluer la relaxe de Siné !

Dernière minute! J'avais oublié d'enchaîner à mon tour cinq blogueurs: Piratages, Trublyonne, Rimbus, Nicolas, Le jour et la Nuit , si le cœur vous en dit…

dimanche 22 février 2009

Nicolas 1er visite l'Exposition Agricole.

Sa Majesté Nicolas 1er a, cette semaine, honoré de sa présence l'Exposition Agricole qui se tenait comme tous les ans dans sa capitale chérie. Une foule dense se pressait afin de l'acclamer, constituée pour une bonne part des plus racés représentants de notre cheptel national, veaux, vaches et conjoints, brebis, volailles à plumes et à poils, telles que truites, saumons, brocolis, cochons d'inde, ou poules du tandori, sans compter chevaux et concubines, poulains et poneys mérinos. D'autre part l'assistance proprement dite, composée essentiellement des huit mille hommes et femmes de la garde impériale, tous agréablement costumés en fermiers et fermières, avec un tel réalisme qu'il était impossible d'identifier dans leur masse les paysans authentiques accrédités pour la visite impériale. Le Bien-Aimé, quoique allergique à la plume fit un arrêt remarqué devant l'enclos d'une laitière rose de Celtique Occidentale.
«Elle est magnifique! Est-ce qu'elle donne beaucoup de lait? demanda-t-il au sympathique éleveur qui veillait sur la bête.
—Ma foi, Mon Empereur, j'pense qu'oui, y a quinze petits qui tètent en ce moment et y se plaignent pas…
—Quinze! s'ébahit le Bien-Aimé en prenant à témoin le Sapir de l'agriculture. Soyons fiers de cette vache: c'est ça, la Nicosie qui gagne!
— Mais où sont-ils, ces petits veaux? reprit Nicolas 1er avec un bon sourire, à l'intention du croquant.
—À la porcherie du dehors, mon Empereur, vu qu'ils sont pas accrédités pour la visite.»
Notre magnanime souverain bavarda quelques instants encore avec ce rude éleveur, lequel tout épaté de sa considération, insista pour lui offrir du boudin frit et une tranche de saucisson en provenance de sa ferme.
«C'est du bon, mon Sire! La Luzon, l'était aussi belle que celle-là!» dit le brave homme qui tendait une assiette au fumet appétissant.
Mais le Bien-Aimé fut pris de violents éternuements, dûs sans doute aux plumes de cette Rose de Celtique Occidentale, et poursuivit sa visite d'un pas allègre. Il s'arrêta encore, bien que moins longuement, devant un autre enclos. Malgré la presse et la ferveur bruyante entourant le monarque, nous fûmes le témoin émerveillé de l'étendue de son savoir, lorsqu'il identifia du premier regard un petit troupeau d'oies.
«Quand j'étais petit, il y en avait des comme ça dans mon livre de lecture, à l'école!» dit-il avec cette modestie à fendre le cœur le plus endurci.
Il s'enquit auprès de la fillette gardienne du troupeau, si c'était bientôt l'heure où ces équidés allaient pondre le foie gras, mais devant l'air stupide de la jeunette, comme tétanisée par son auguste présence, il passa finalement son chemin.
Nous ne saurions énumérer ici toutes les richesses qui réjouirent l'œil de notre affectionné monarque: un épais volume n'y suffirait pas, quand le lecteur de ces chroniques, nous le savons, apprécie la concision. C'est pourquoi nous résumerons cette visite de Nicolas 1er à l'Exposition Agricole à l'essentiel: ce fut une fois encore un triomphe sans égal, si ce n'est celui de l'an prochain.
image : Grimlock


PS. Pour comprendre ce qui se passe en Guadeloupe, CC publie un témoignage très fouillé… À lire!

samedi 21 février 2009

Humeur à rire, humeur à pleurer.

L'autre jour, dans le coucou, il était question de Lounis Ibadioune, poursuivi pour avoir vendu l'Humanité Dimanche sur un marché parisien. Plus précisément, il devait être jugé parce qu'il avait refusé de payer l'amende de 172 euros que des policiers voulaient lui infliger.
Défendu par une avocate qui a notamment rappelé que «la libre communication des pensées et des opinions…» fait partie de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Lounis a été relaxé par le juge.
Comme en ce moment les mauvaises nouvelles pleuvent de toutes parts, c'était bien le moins à faire que de saluer l'annonce d'une bonne par un petit billet.
Un coup de chapeau à cette décision du juge et à la ténacité militante de Lounis Ibadouine!

Dans un autre domaine, comme si la misère répandue à travers le monde par la crise actuelle ne suffisait pas, des insanités que l'on aurait pu croire extirpées des esprits grâce à une meilleure éducation et aux leçons tirées de l'histoire, refont surface chez les imbéciles. Ce n'est pas demain, hélas, que la bêtise sera vaincue! Il s'agit ici de l'idée répandue chez une proportion sidérante d'ahuris français et plus largement européens, que les juifs porteraient une responsabilité dans la crise actuelle… Martine publie un billet là-dessus, sur son blog, et cite les résultats d'un sondage à découvrir chez elle…

vendredi 20 février 2009

Le silence par la peur?

Le boulot du policier est certainement pénible et souvent ingrat. En outre, il est dangereux, comme nous le savons tous. Et pourtant, malgré le risque, il y a des hommes et des femmes qui le choisissent, non seulement parce qu'il faut bien avoir un métier, mais aussi parce qu'ils aiment l'ordre, indispensable pour vivre en société, et ressentent sans doute d'autres motivations, comme le désir de protéger leurs semblables, pimenté de goût du risque. Ils savent que face à des malfrats, ils risquent leur peau, et dans ces cas là, ils ne rigolent pas, on les comprend.
Maintenant, il y a aussi dans leur travail des tâches moins consensuelles, où le pouvoir leur fourgue sa honte à manger. Tenir à bonne distance des manifestants anti-Sarkozy, pour qu'ils ne fassent pas désordre sur les images de sa télévision, par exemple. Ou encore expulser les étrangers en situation irrégulière. Dans ce dernier cas, lorsqu'ils se heurtent à des témoins indignés, leur vie n'est pas en danger. Le seul risque qu'ils courent est de ne pouvoir remplir leur mission, et de se sentir éventuellement mal dans leur peau sans avoir le droit de le montrer.
Je pensais à ça, en lisant dans Le Monde le récit de la comparution en justice d'un membre éminent d'une organisation en faveur des droits de l'homme, André Barthélémy, pour avoir, selon la police, crié «c'est inadmissible, une honte», et «vous ne respectez pas les droits de l'homme», à bord d'un avion, alors que deux congolais allaient être expulsés.
Qu'il ne soit plus permis d'exprimer son indignation en présence d'une situation choquante en dit long sur la dérive autoritariste du pouvoir actuel. Tout citoyen, homme libre a le droit de dire ce qu'il pense à un détenteur de l'autorité. Pouvoir interpeller quelqu'un qui fait son devoir d'humanité, supérieur à tout autre, rabaisse la loi qui l'a permis à pas grand chose.
Un commentaire accompagnait l'article qui m'a inspiré plus ou moins ce billet. Son auteur disait : «Si la loi ne plait pas il faut s'adresser à son député. Les policiers font leur travail, difficile et peu agréable.»
Si j'ai bien compris, au moment des faits, il ne s'agissait pas cependant pour M. Barthélémy de contester la loi permettant l'expulsion, mais les conditions d'exécution de celle-ci.
Il faut tout de même une certaine dose de courage pour sortir de son cocon de voyageur, et prendre publiquement la défense du faible. En serais-je capable? Je l'espère, mais à vrai dire, je n'en sais rien.

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détail du Péché originel, Michel-Ange

PS. Si vous ne connaissez pas encore ce blog, je vous invite à découvrir ce soir l'atmosphère étonnante d'Eaux dormantes

Post-scriptum

P-S. au billet d'hier: j'avais également été tagué par Nicolas sur le même thème… En lisant sa propre copie, je m'aperçois que j'ai oublié de répondre à une question, ce que me signale également Rimbus en commentaire…

Un livre idéal pour toi serait ?

J'ai l'impression que c'est une question sans réponse. S'il existait, le livre idéal mettrait un point final à la littérature. On pourrait dire aussi qu'un texte qui vous laisse un regret poignant au moment de le quitter, lecture achevée, doit être proche de l'idéal, mais comme ce genre de sentiment revient de loin en loin dans une vie de lecteur, un livre idéal chasse l'autre…
Techniquement, le roman idéal pourrait être composé à la manière de «Cent mille milliards de poèmes*», de Raymond Queneau: chaque phrase étant susceptible d'être remplacée par une autre qui va modifier de façon imprevisible le cours du récit…


*«Cent mille milliards de poèmes», Raymond Queneau, 1961, NRF Gallimard, précédé du Mode d'emploi par l'auteur, avec une Postface de François Le Lionnais.

jeudi 19 février 2009

Se livrer par le livre?

B.mode de Ruminances me fait passer une interrogation écrite imaginée par je ne sais qui, récoltée dans le sillage de Marie-Laure et de Falcon Hill. Il s'agit d'un questionnaire à propos des livres en général et de certaines habitudes de lecture, un de plus.
Alors autant rendre la copie le plus vite possible…
Plutôt corne ou marque-page ?
Marque-page, nous en avons à la maison toute une collection.
As-tu déjà reçu un livre en cadeau ?
C'est le cadeau incontournable de la famille, nous nous offrons des livres en toutes occasions. On m'en offre, j'en offre, je m'en offre…
Lis-tu dans ton bain?
Non, je me douche. La question pourrait se poser dans une piscine, mais j'ai horreur de lire au soleil, ou de prendre le risque de tremper les pages.
As-tu déjà pensé à écrire un livre?
Oui.
Que penses-tu des séries de plusieurs tomes?
Ni du bien, ni du mal… Le nombre des tomes n'est pas un problème, c'est la qualité de l'œuvre qui m'importe, et surtout le plaisir de la lecture. Des aventures de Chéri-Bibi aux Mémoires de Saint-Simon, en passant par la Comédie humaine ou La recherche…, l'éventail de mes goûts est large, mais comme nous sommes sur un blog de gauche, avant de passer à la suite, je citerai un roman-fleuve socialiste en sept ou huit volumes (je ne sais plus): Les Thibault, de Roger Martin du Gard, qui mériterait peut-être de sortir de l'oubli.
As-tu un livre culte?
Cette question me hérisse, parce qu'elle me paraît renvoyer à ces séries de télévision dites «cultes», c'est à dire la merde plébiscitée par les niais. Trop de titres, trop d'auteurs m'accompagnent depuis l'enfance, chacun chéri dans son registre, pour décider d'en élire un seul.
Aimes-tu relire?
Ça m'arrive souvent. La dernière fois c'était pour redécouvrir les œuvres d'Andersen dans la Pléïade, qu'on venait de m'offrir —voir ci-dessus.
Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu'on a aimé ?
Je rencontre des auteurs toute l'année, mais pas forcément ceux dont j'aimerais obtenir une dédicace: comme Léo Malet, que j'ai loupé, de même que Rimbaud, Apollinaire…
Aimes-tu parler de tes lectures?
Oui, avec ma compagne, les enfants, mais c'est souvent difficile de faire partager des sentiments de lecteur. Puisque l'occasion m'est offerte, j'ajouterai qu'il m'arrive souvent de rencontrer des lecteurs de tous âges. Jeunes ou vieux, on retrouve chez presque tous la même difficulté à parler du livre qu'ils viennent de lire. Et les gens se cantonnent le plus souvent au même répertoire de curiosités sur le folklore de l'écriture.
Comment choisis-tu tes livres?
Rarement au hasard. Par la critique littéraire, les recommandations des proches et des amis… Et le lot non négligeable des cadeaux -voir ci-dessus.
Une lecture inavouable?
Si elle est inavouable…, mais je peux avouer avoir lu «le Nouveau catéchisme de l'église catholique», pour tout savoir du Ciel d'aujourd'hui.
Des endroits préférés pour lire?
Fauteuil, lit, mi-ombre et fraîcheur, coin du feu… Le train, l'avion… Jamais à bicyclette ou à la plage.
Lire par-dessus l'épaule?
Ça m'est arrivé, dans le métro.
Télé, jeux vidéos ou livre?
Passons…
Lire et manger?
Si je suis seul, évidemment, au moins un journal.
Lecture en musique, en silence, peu importe?
Il est rare que la maison soit silencieuse dans la journée: le piano de mon épouse est toujours présent.
Lire un livre électronique?
Pas encore vu, pas sympathique.
Le livre vous tombe des mains: aller jusqu'au bout ou pas?
Je vais jusqu'au bout, un côté maso. Dans le genre, mon plus grand supplice a été la lecture de «Locus solus» de Raymond Roussel.

Et maintenant, j'ai l'honneur de passer le plat à Didier Goux, Zoridae, M. Poireau, Bérénice, Dedalus, Martine, et Jon

mercredi 18 février 2009

Secret bancaire: le premier accroc

En Europe, il y a une seule démocratie, c'est la Suisse. À plusieurs reprises, j'ai exposé ce point de vue ici, je ne vais pas me répéter… La Suisse a beau être démocratique, cela ne l'empêche pas d'avoir des défauts, comme tous les pays.
En particulier, elle n'est pas irréprochable dans le domaine bancaire qui a fait sa prospérité, beaucoup plus encore que son horlogerie portée à la perfection. Deux domaines par lesquels elle exerce un irrésistible attrait sur les nantis de ce monde. Hélas oui, notre sympathique voisine aime assez les sous pour qu'on puisse bigler de son côté quand il est question de paradis fiscal.
Ah, son fameux secret bancaire! Pour paraphraser M. Séguela, on pourrait dire qu'il faut avoir une Rolex et un compte numéroté en Suisse à cinquante ans, sinon, on a raté sa vie. Eh bien, nous qui sommes si nombreux dans ce triste cas, consolons-nous, car le secret bancaire suisse va prendre du plomb dans l'aile. Sa fin n'est certes pas pour demain, ni après-demain sans doute, mais la règle d'airain du secret est fissurée.
En effet, Le Temps nous apprend que la Finma, l'autorité Suisse de surveillance des marchés aurait autorisé l'UBS, l'une des plus importantes banques du pays, à livrer à la justice américaine les noms de 250 clients fraudeurs. Ce n'est pas grand chose sur les 19000 comptes suspects pour lesquels un juge de Floride exige la lumière, pourtant si cela se produit, ce sera une révolution. Pour obtenir ce résultat, les États-Unis ont menacé d'interdire à UBS d'exercer ses activités bancaires chez eux. Ce qui signifierait la fermeture des filiales de la banque…
Des ajustements de doctrine sont en cours, qui devraient permettre de satisfaire, au moins partiellement, le juge ombrageux.
Comme on le voit, les paradis fiscaux ne sont pas totalement à l'abri d'une action énergique, et l'Amérique de M. Obama montre à Nicolas Sarkozy comment il est possible d'agir, au lieu de fanfaronner en vain.

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PS. Aujourd'hui, je vous recommande les blogs de Martine, retour de vacances, et de Didier Goux, qui tire à boulets rouges sur les films d'horreur hollywoodien …

mardi 17 février 2009

Méditations d'un conseiller de Nicolas 1er


L'autre jour au petit matin, le bon Saint Henri, le conseiller préféré de notre Bien-aimé Nicolas 1er, avait des soucis. Il réfléchissait au lit, en compagnie de sa sous-conseillère préférée —parce qu'il faut préciser que l'usage en pays franchois veut que tout haut personnage de l'entourage de notre Bienfaiteur Suprême dispose d'un ou plusieurs conseillers, lesquels doivent forcément aller chercher leurs conseils ailleurs, ce qui fait que la sous-conseillère dont il est ici question a son propre sous-sous-conseiller, mais celui-ci n'était pas dans le lit, à notre connaissance.
Donc, le bon Saint-Henri réfléchissait.
«Je me demande…, commença-t-il à un moment.
—Tu te demandes quoi, mon Riton?
—Je me demande s'il ne faudrait pas préciser à l'inventaire du trésor impérial les dettes éculées. —C'est quoi ? Jamais entendu parler…
—Y a des péquenots qui paient pas la taxe sur les chaussures, on compte leur dette dans l'inventaire comme du bel argent, mais va savoir!
—Il sont peut-être tellement fauchés qu'on en tirera rien… C'est ce qui t'inquiète?
—Oui, le jour où il faudra saisir leurs grolles, on découvrira peut-être qu'elles sont percées, foutues!»
Il parut méditatif quelques instants, puis il dit: «Et il y a pire que ça: des bourgeois qui cachent leurs chaussures neuves à l'étranger, pour ne pas payer la taxe…
—Oui, c'est exact, mon chou. Tu sais, j'ai moi-même plusieurs paires de talons aiguilles dans mon dressing aux Caïmans… C'est mal, hein?»
Le bon Saint-Henri la regarda d'un air sévère, l'espace d'une seconde, mais il lui pinça une fesse et se mit à rire.
«Tu n'as pas honte!
—Non, je devrais?
—Moi, j'ai mis les miennes aux Bahamas.»
Ils riaient de bon cœur, lorsqu'un timbre grelotta à la tête du lit et qu'une ampoule rouge se mit à clignoter.
«Merde! Sa majesté réclame ses croissants, et je n'ai pas encore terminé ma réflexion.
Bah! Dis-lui qu'il est le plus beau, c'est ce qu'il attend, à part les croissants…
—Mmm… Tu sais quelle est la plus sérieuse question que je me pose?
—Dis-moi, Riton?
—Combien de temps encore, notre pauvre pays va-t-il devoir supporter ce pantin?»

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PS. Un très bon billet est à lire chez Dorham , d'autre part, Eric s'interroge sur le peu de place accordé à la Guadeloupe, dans la presse nationale . J'ai moi-même recherché quelques billets de blogs sur le sujet, sans beaucoup de succès.

lundi 16 février 2009

Pour soutenir Lounis

Je ne sais pas si vous connaissez Lounis Ibadioune? Moi, j'ai appris son existence et son histoire aujourd'hui. Lounis est ouvrier du Livre aux NMPP, à Paris. Il est aussi militant communiste et, pour cette raison, tous les dimanches depuis vingt ans, il vend l'Humanité Dimanche au marché de son quartier dans le 18e arrondissement. Lounis, c'est une figure de son marché. Tout le monde le connaît, apparemment tout le monde l'estime… Je n'en dirai pas davantage sur sa personne, les détails se trouvent sur le site de l'Humanité.
Si je parle de Lounis, c'est parce qu'il sera jugé Mercredi, le 18 février, jour où M. Sarkozy rencontrera les syndicats pour écouter leurs revendications. Il lui est reproché d'avoir vendu l'Huma-dimanche sans autorisation, en Mars 2007.
Dans le passé, il était déjà arrivé que la police lui cherche des poux, mais les choses n'avaient jamais été bien loin, en raison de sa popularité: les gens présents, des commerçants aussi, le soutenaient. La police lui fichait la paix. Seulement, en 2007, on approchait du premier tour de la présidentielle, ça changeait tout. Lounis fut interpellé…
Il n'est pas encore trop tard, avant que Lounis passe devant le juge, pour lui manifester notre sympathie et défendre la liberté d'expression. Le journal l'Humanité a lancé une pétition en ligne que nous pouvons signer.
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PS. Monsieur Poireau se lance dans la S.F. politique et le blog des Femmes engagées nous offre à lire:

- L'engagement un don de soi, gratuit par M, Le Rocrocodile kinépeuthe

- Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient… par Laure Leforestier

- S'engager, par Annnie Day

- Une promesse, un devoir par Hypos

- Pourquoi je me suis engagée par Alluvions

- De l'étincelle au coeur embrasé par Nelly Margotton

- Engagement, par CC

- Et si on jouait collectif ? par femme de George(s)

dimanche 15 février 2009

Sortir de la crise par le sport

Nicolas Sarkozy, en quête de popularité, est allé poser dans la neige des Mondiaux de ski alpin… À cette occasion, il a dit tout le bien qu'il pensait du sport: «C'est bon pour le moral, c'est bon pour l'économie»… Sur cette lancée, on s'étonnera que l'idée ne lui soit pas venue de proposer une grande réforme. L'époque est idéale pour impulser un élan sportif susceptible de revivifier notre société. On pourrait décréter un retour à l'antique vertu des jeux, non olympiques, mais du cirque. Affecter tous les monuments romains qui subsistent chez nous à ce nouvel usage, et, surtout, en édifier de nouveaux dans les principales métropoles régionales, en faisant appel à de grands noms du béton français. Cela fournirait de beaux chantiers pour alimenter la relance par l'investissement. Ensuite, il ne resterait plus qu'à constituer des équipes de gladiateurs —privées bien entendu—, en modernisant quelque peu les enjeux. Nous pourrions avoir quelques superbes combats au Tazer d'immigrants irréguliers, dont le gagnant recevrait un permis de séjour. Des luttes de chômeurs pour un CDI, des affrontements de cadres en quête de primes… Il pourrait même être envisagé de jeter de temps à autre aux lions un préfet, un haut-fonctionnaire ayant démérité. Tout cela, diffusé par la télévision aurait un impact salutaire sur la crise et la démoralisation des ménages. Nous aurions les jeux, il ne nous manquerait plus que le pain.


samedi 14 février 2009

500 euros et 500 secondes par le coucou

Me voici sommé de dire ce que je ferais si mes dernières minutes étaient comptées…
La règle du jeu est la suivante:
1. Avoir un blog (ça tombe bien, c'est mon cas )
2. Écrire un article relatant ce que vous feriez s’il vous restait 500 euros et 500 secondes à vivre. Vous avez carte blanche, que ce soit en 3 mots ou en 500 lignes, laissez libre court à votre imagination.
3. Relancer la chaîne en invitant 5 de vos amis à répondre à leur tour à la question.
4. Faire référence à cet article et à ces mini-règles afin que l’on puisse tracer tous les participants.
5. Intituler votre article “500 euros et 500 secondes par Votre Nom”


Il fallait qu'Olivier Porret me tague et que je fusse sans idée ce soir, pour liquider l'affaire, en 500 signes, ou à peu près… Mon dernier billet de 500 euros, un neuf, je le mettrais sous enveloppe, puis je l'expédierais (sans affranchir) à M. Nicolas Jegoun, aux bons soins de la Comète du Kremlin-Bicêtre, afin qu'il ne soit plus démuni de papier en certaines circonstances. Selon toute vraisemblance, les 10 fois 500 mètres à parcourir pour poster mon héritage consommeraient les 500 secondes.


Et je passe le relais à Romain, CC, Bérénice, Monsieur Poireau, Jean …

vendredi 13 février 2009

Le quinquennat le plus long


Martine Aubry n'a sans doute pas tort lorsqu'elle craint «que le sentiment de ras le bol des Guadeloupéens et des Martiniquais se diffuse ici», en métropole. On pourrait penser qu'une telle perspective la comblerait secrètement, confortant l'opposition, mais il se pourrait plutôt que son inquiétude soit sincère. Parmi les responsables politiques, personne je suppose, n'aimerait prendre en main la patate brûlante d'une révolte sociale généralisée. Les remèdes efficaces et rapides aux motifs du mécontentement seraient incertains.
Et pourtant, de même que le pouvoir actuel récolte outremer une exaspération préparée par des décennies d'injustice, chez nous couve le ras-le-bol de la brutalité sarkozienne. En deux ans à peine, nous aurons vu, impuissants, Nicolas Sarkozy détruire plus de nos bien sociaux que tous ses prédécesseurs de droite réunis. Ses partisans croyaient choisir un président génial, ils ont élu un barbare médiocre, entêté à détruire. M. Sarkozy aurait peut-être fait un bon chef de tribu à l'âge des cavernes, mais comme président d'aujourd'hui, il n'est pas convaincant! Il faut espérer que le prochain mouvement de grève du 19 mars sera au moins aussi puissant et paisible que le précédent. Il faut espérer qu'il amènera enfin M. Sarkozy à reculer dans ses projets, durant les trois ans qui lui restent avant d'achever son mandat.
Qu'attendrions-nous de lui, à défaut de miracles hors de sa portée, qui pourrait rendre la difficulté des temps plus tolérable? Un retour à l'impôt redistributeur de richesses, avec un accroissement important du taux de la tranche supérieure. L'impôt, mieux qu'une loi sans doute, apporterait davantage d'équité dans les salaires et les revenus divers. Une relance par le pouvoir d'achat, ensuite, ainsi qu'une meilleure protection des chômeurs, plus ou moins inspirée du plan socialiste. Mettre un terme à la démolition du droit du travail, à la privatisation rampante de notre système de santé.
Cela laisserait au président le loisir de ramener à la vie ce capitalisme auquel il est tellement attaché, et chose faite, de le «moraliser» ainsi qu'il s'y est imprudemment engagé. Il y trouverait bien matière à s'occuper jusqu'à la fin de sa fonction. Alors seulement, il pourra se vanter d'avoir accompli le quinquennat le plus long de la république.


PS. La sérendipité, vous connaissez? Pour ma part, j'ignorais tout de ce mot… La réponse se trouve chez Éric. Je vous conseille aussi la lecture de ce très bon billet: Le libre-échange c’est la paix.


jeudi 12 février 2009

Vous avez dit crise?

Le 4 septembre 476, Romulus Augustule jetait son éponge romaine 100% naturelle et abdiquait son trône impérial. Au même moment, en Armorique, Nicalor Jegoux vidait un gobelet de cervoise dans un bouge du village, sans se rendre compte que l'Empire romain d'Occident venait de s'effondrer. Plus rien ne serait désormais comme avant, mais pendant longtemps encore, N. Jegoux continuerait à écluser sa cervoise sans que le goût de celle-ci ne se modifie, ni qu'il constate un véritable changement dans son existence. Cela faisait un sacré bout de temps que l'économie et les finances de l'empire battaient de l'aile, que les barbares foutaient la pagaïe, et que les pauvres bougres attendaient des jours meilleurs. D'une certaine façon, ce Nicalor avait sans le savoir de la chance: il vivait et il allait mourir dans un monde qui continuerait à tourner à peu près rond, empereur ou pas, barbares ou non. Une page de civilisation se tournait, un nouvel équilibre naîtrait de la crise. Le monde restait en grande partie à découvrir, d'immenses progrès à faire, des merveilles à inventer. L'avenir était ouvert.
Nous sommes les lointains héritiers de ce Nicalor, le nez dans une crise qui va sans doute changer le monde, mais nous ne voyons encore rien bouger, ceux du moins que le chômage ne frappe pas. Nous nous répétons, comme on nous l'a dit, que c'est un sale moment à passer, que la machine va repartir, plus vigoureuse que jamais. Un peu moins injuste, espérons-nous.
Mais le système financier est en déroute, on déverse des quantités de milliards tirés d'on sait quel néant dans un gouffre sans fond, tout aussi irréel. Des sommes fabuleuses pour une dette bien réelle qui ne pourra que dégrader le niveau de vie de nos descendants. Le climat est en train de se réchauffer, nos gouvernants ne disposent que de quelques années pour tenter de freiner ce phénomène qui nous vaut déjà des désordres destructeurs, tempêtes, sécheresses, inondations. L'énergie devient rare, parce que la fin du pétrole approche, et que nous sommes de plus en plus nombreux à l'utiliser, tout comme s'épuisent pour la même raison les matières premières.
Il n'est pas évident, cette fois, qu'une simple page se tourne, le livre est peut-être fini.

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mercredi 11 février 2009

«Si vous nous empoisonnez»…

Au risque d'étonner certains, je ne connais pas Arthur. C'est ainsi. Entendons-nous bien: le nom d'Arthur ne m'est pas totalement inconnu, j'ai même glané sans le vouloir, année après année, quelques informations le concernant. Célèbre, on le voit beaucoup à la télévision, on l'entend à la radio, il a fait du théâtre, et, parfois il est l'objet de railleries féroces. Sa personne constitue une référence incontournable pour qui puise son inspiration dans l'audiovisuel et ses animateurs. Je sais aussi qu'il est humoriste, mais il doit se situer hors du champ d'humour médiatique qui me séduit, de Desproges à Didier Porte, sinon j'aurais probablement découvert son talent. Je sais encore qu'il a soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, une tare qui pourrait expliquer mon absence de curiosité à son égard. Enfin, je sais qu'il est juif.
Je l'ai appris voici pas mal de temps, un Dimanche où je me trouvais à l'épicerie du village. Une cliente âgée attendait son tour de passer à la caisse, lisant à mi-voix les titres d'un journal. Brusquement, elle s'exclama en ricanant: «encore un juif!». Choqué, je la pris à parti, sans égard pour ses cheveux blancs. Elle me regarda d'un air ébahi, se défendit: «Je disais pas ça par méchanceté, c'est parce que, Arthur, il est riche!» Je n'ai pas cherché à savoir quelle épithète la dame tenait pour véridique, s'agissant d'Arthur, entre riche et juif, ou s'il fallait simplement comprendre que tous les riches prénommés Arthur sont juifs, ou que les riches juifs sont tous des arthurs.
Cela fait donc tout de même un peu plus que rien, ce que je sais d'Arthur. Il n'en a rien à cirer, mais le hasard m'ayant fait son défenseur circonstanciel, j'ai depuis lors balayé un peu moins vite les potins de presse qu'il m'arrivait de trouver à son sujet dans les journaux. C'est ainsi que j'ai lu son plaidoyer publié dans Le Monde de Dimanche. Hier soir seulement, parce que je ne me précipite pas sur les écrits d'animateurs de télé en général, et sarkozystes en particulier.
Dans cet article, l'animateur réfute avec véhémence les accusations portées contre lui, comme celle de financer «de manière très active l'armée israélienne», «avec son fric»… Il clame son incompréhension et sa douleur devant les manifestations haineuses qui accompagnent depuis quelque temps sa tournée de spectacles. Selon lui, la haine qui le vise est née d'une interview de Dieudonné, en 2004, dans laquelle celui-ci lançait les calomnies reprises aujourd'hui —lesquelles lui valurent du reste une condamnation pour diffamation.
J'ai trouvé dans ce plaidoyer un accent de sincérité qui m'a convaincu sans laisser l'ombre d'un doute. Ironie des choses, je me retrouve aujourd'hui, comme à l'épicerie, à défendre un point de vue différent de celui que j'adoptais en soutenant Siné dans le conflit avec Charlie-Hebdo. En apparence seulement, car si ses détracteurs reprochaient à Siné d'assimiler juif et argent, et partant d'être antisémite, ils faisaient dire à sa chronique maladroite ce qu'elle ne disait pas, et faisaient bon marché d'une vie de prises de positions généreuses. Le vieux cabot mord peut-être tous azimuts, mais il n'est pas de ceux qu'on mettrait à garder des enclos barbelés.
Quant à Dieudonné, ma culture télévisuelle étant ce qu'elle est, proche de zéro, je ne connais de lui que ses relations contre-nature avec l'extrême droite. Cela me suffit pour être effaré que le poison d'un tel type puisse encore agir sur la société.
Si j'en crois les propos d'Arthur, le Net a beaucoup contribué à le répandre. Quelle fichue manie ont donc les utilisateurs d'internet de si mal vérifier les rumeurs qu'ils contribuent à propager. Par honnêteté, il nous faut douter et faire l'apprentissage du recoupement, tels que le pratiquent les vrais journalistes —ou devraient le pratiquer… C'est pour cela aussi, outre mon vieil attachement à lutter contre le racisme et l'antisémitisme, que je fais ce billet, un peu à l'écart de mes sympathies politiques naturelles.

*Titre: «Si vous nous piquez, saignons-nous pas? Si vous nous chatouillez, rions-nous pas? Si vous nous empoisonnez, mourrons-nous pas?» Shakespeare , Le marchand de Venise.

PS. J'ai aimé lire l'Abri, le dernier billet de Balmeyer

mardi 10 février 2009

Un coucou de Bagdad

Le secret a été bien gardé, et la surprise parfaite : le président de la république a débarqué ce matin à Bagdad. Les commentateurs, pour la plupart, semblent un peu à court d'explications sur le but de ce voyage, mais à vrai dire, celui-ci est très simple…
Le président, va assister à la finale du championnat irakien de lancer de chaussures, voilà tout. Nicolas Sarkozy aime le sport. Et porté à faire feu de tout bois, comme nous le connaissons, il aura sans doute calculé que cette rapide tournée au Proche-Orient lui permettra d'occuper les médias avant de rencontrer les syndicats le 18 février. Elle devrait en effet fournir à ses télévisions des images plus avantageuses que ses déplacements habituels sur le territoire national. S'il apparaît étroitement gardé par des militaires ombrageux, cela fera toujours meilleur effet que des rangs de CRS. On pourrait même conseiller aux télévisions de montrer réellement un déploiement de forces qui, à l'inverse de chez nous, auréolerait le président d'une sorte de courage. Le président deviendrait presque grand à s'aventurer sur ces terres périlleuses, alors qu'il rapetisse à la maison quand il fait éloigner des caméras ses concitoyens mécontents.
On ne peut exclure que le président ambitionne également de ramener une chaussure dédicacée par un grand champion local pour sa collection de trophées, ni qu'il souhaite joindre à l'utile des considérations pratiques: papoter à l'apéritif de pétrole, de nucléaire…
Enfin, nul ne paraît savoir à l'heure actuelle, si un éventuel séjour privé de Nicolas Sarkozy dans quelque oasis paradisiaque est au programme, en marge de cette tournée officielle. Après les rudes semaines qu'il vient de vivre, cela n'aurait rien d'étonnant que la république profite de ce qu'il a un avion sous la main, pour lui offrir un moment de détente.

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PS. Comme un complément à mon billet d'hier, j'ai trouvé aujourd'hui de nouvelles réactions de blogueurs à l'affaire B. Kouchner, sur Ruminances, Intox2007, Île de Ré PS.
D'autre part, les appels à la grève générale pour le 19 Mars commencent à fuser !


lundi 9 février 2009

Non lectures…

Je n'ai pas envie de lire «Media-Paranoïa», l'essai du patron de Libération, Laurent Joffrin. Ni de donner envie de le lire. Un comble: parler d'un livre que l'on ne connaît pas, et que l'on ne désire pas connaître!
Durant des années, j'ai lu les articles, les éditos de M. Joffrin dans le Nouvel Obs, avec intérêt. J'ai très peu apprécié en revanche ses papiers anti-Ségolène Royal depuis qu'il dirige Libé, mais ce n'est pas la raison de mon retrait vis à vis de son bouquin. C'est son propos,de dénoncer les préjugés des Français envers les médias qui me défrise. Non pas qu'il me semble avoir tort à priori en dénonçant certaines idées fausses, comme la croyance que les journaux seraient manipulés ou manqueraient de liberté. Pour le moment, ce n'est pas encore le cas, quoique sous le règne de M. Sarkozy, on prenne petit à petit ce chemin.
Mon indifférence tient à ce que je n'attends guère de lui qu'il propose des remèdes efficaces contre deux fléaux associés : la complicité de fait entre journalistes et pouvoir, et l'incroyable déférence qu'ils montrent envers ce dernier. Ils ne deviennent vraiment incisifs et dérangeants pour une personnalité politique que lorsqu'elle est affaiblie. Quand les patrons de presse s'engageront-ils à ne plus autoriser leurs journalistes à voyager dans l'avion présidentiel, mêlés à la cour? Ne peuvent-ils payer leurs billets, affréter au besoin collectivement leur propre appareil?
Ce n'est nullement anodin, tout comme bien d'autres pratiques du même genre, dont les répétitions ne peuvent qu'engendrer de la complaisance à l'égard du pouvoir. Comment pourraient-ils garder la distance requise, poser au président la question qui embarrasse, après avoir forcément tissé des liens d'estime avec lui?
Un de mes premiers étonnements sur ces mœurs de cour —source d'une méfiance croissante avec le temps—, remonte à de nombreuses années… Précisément à l'époque d'une tentative d'assassinat d'Hassan II, alors roi du Maroc, lorsque des putschistes armés avaient fait irruption au milieu d'un repas officiel, tiraillant au milieu des invités… Par une interview à la radio, j'appris stupéfait que Jean Daniel, du Nouvel-Obs, était parmi les convives. Que fichait-il à la table du despote, au lieu d'être parqué dans une salle de presse, ou de suivre les agapes de loin?
Étonnons-nous ensuite que les animateurs de l'émission «Face à la crise» se soient montrés aussi médiocres pour donner la réplique au président!

Je n'ai pas envie non plus de lire le bouquin de P. Péan sur B. Kouchner. Il tombe trop bien pour flétrir la fin de parcours peu reluisante d'un bonhomme, par ailleurs estimable. Il est facile de se tromper, évidemment, mais j'y vois une démarche de prédateur littéraire, ayant repéré, au moment où M. Kouchner trahit le PS, une proie idéale pour pondre un best-seller. Pas plus reluisant que le pamphlet d'Eric Besson contre Ségolène Royal. Ce qui n'ôte rien à l'immoralité qu'il y a pour un homme politique de mélanger ses attributions passées ou présentes et les affaires. Ce sur quoi aurait pu nous éclairer de façon moins gênante une presse aussi impertinente qu'indépendante.

PS. Lundi, c'est le jour de lire «Femmes engagées»

dimanche 8 février 2009

L'internationale de la peur

Tous les discours des dirigeants politiques des grands pays sur la crise, portent entre les lignes la même angoisse. L'angoisse du dompteur dans la cage aux fauves, quand la nervosité des gros minets à griffes et crocs devient perceptible, parce qu'ils sont mal nourris. En temps normal, le dompteur peut parader tranquille: les fauves abrutis par la captivité, l'habitude de recevoir ponctuellement leur pitance en échange du travail fourni en piste, ne sont guère portés à la révolte. Un claquement de fouet, un sucre à la rigueur, suffisent à calmer les moins dociles. Mais la crise est venue perturber le cirque géant du capitalisme. Des USA à la Chine, en passant par l'Europe et bien d'autres régions du monde, voilà que les présidents démocrates comme les despotes craignent de se faire bouffer. Le mécontentement tournera-t-il à la rage, la rage à l'explosion, et disons le mot: à la révolution? Pour exorciser le risque, côté démocrates, Barack Obama va notamment tenter d'étendre dans sa population la «couverture santé», et côté dictatures les Chinois se lancent dans une réforme comparable. Chez nous, en France, démocratie bâtarde, croyez-vous que le président va organiser le retour en grâce d'une protection sociale qui a rehaussé l'image de l'Europe aux yeux du monde? Non, M. Sarkozy ne prévoit nullement de revenir sur ses mesures antisociales, prises notamment en matière de santé publique. Il serre pourtant pareillement les fesses, mais, petit chef, le désir de prouver que c'est lui qui commande, comme un grand, l'aveugle. Il n'y a pas que la santé dans la vie, vous direz, il y a aussi la table, le bistrot, le boulot, les impôts, par exemple. Sur tous ces sujets, ou presque (pour le bistrot, il faudrait y voir de plus près), M. Sarkozy, camouflé sous un discours trompeur, a fait le choix de favoriser les Français les plus riches. Quand il feint de donner une rognure d'ongle à ronger aux pauvres, c'est qu'il offre en même temps le bras aux riches. Il est probable que de moins en moins de gens seront dupes et que l'opposition à cette politique ira croissant.
Dans les semaines et les mois qui viennent la question sera en fait de savoir si le mécontentement des Français trouvera l'occasion de s'exprimer. Quel sera le choix des organisations syndicales, et des partis de l'opposition? Leur unité tiendra-t-elle, ou bien certains feront-ils le calcul qu'il est préférable de laisser mijoter la rogne à feu réduit jusqu'à la fin du quinquennat, plutôt que de risquer un débordement dont ils ont aussi peur que le président? Il est permis de supposer que le souvenir de la déconfiture électorale de la gauche, au lendemain des «événements» de 1968, en refroidi plus d'un par avance. On les comprend, mais les temps ne sont plus les mêmes. En 68, la France baignait encore dans les «30 glorieuses» de la prospérité en marche, aujourd'hui nous nous enfonçons toujours plus loin dans les «60 merdiques» de la paupérisation accélérée, ce qui change tout.
image : flyer5


PS. J'ai lu aujourd'hui avec intérêt : Le pavé, Le Privilégié, et Carpe diem

samedi 7 février 2009

Quand Nicolas 1er s'adressait aux Franchois.


L'autre jour, le journaliste du Journal eut l'honneur d'un entretien public avec Nicolas 1er, devant le pays entier, pareillement extasié du nord au sud, tel un seul spectateur devant son poste réglementaire*. Ce fut très beau: les ors du palais jetaient leurs feux, sur un fond d'oriflammes de Nicomée. Le Bien-aimé a souri d'abord à son peuple, le regardant droit dans les yeux, les siens comme embués d'affection paternelle.
«Mes bons Franchois, a-t-il commencé, faut pas se cacher derrière son petit doigt: je sais que cet hiver vous avez froid aux pieds, sans souliers dans la neige…C'est pas tolérable! Alors, moi, j'ai ordonné au premier sapir de placer à la caisse d'épargne le produit de la taxe sur les chaussures. Et tenez-vous bien! Les intérêts serviront intégralement à l'achat de vitamine C et d'huile de foie de morue. In-té-gra-le-ment, du jamais vu! Et c'est pas fini: ces bonnes choses seront, dès que possible, distribuées gratuitement aux Franchois les plus pauvres»…
Quand on connaît la placidité habituelle du journaliste, assez bovine, on ne peut que s'amuser au souvenir de la stupéfaction admirative peinte sur sa face durant cet exposé. Le Bien-aimé, ayant terminé, le ramena soudain à son pâturage, l'invitant à poser des questions, s'il en avait.
«Non, sire… Enfin, si, une petite, bredouilla le journaliste. Votre majesté peut-elle nous dire quand se fera la distribution?
—Je l'ai dit, coco, faudrait un peu écouter! Dès que possible… Il faut d'abord que la tempête de neige se calme, pour le moment les routes sont bloquées. Et puis, il faut aussi que les intérêts soit versés à ma cassette. Disons que l'hiver prochain on devrait peut-être y voir plus clair… Autre chose?
—Sire, on raconte que vous projetez d'interdire aux communes de taxer les cravates de soie… Est-ce le cas?
— L'impôt local sur les cravates est injuste! Il décourage l'élite de ce pays, la plus travailleuse, de bien s'habiller. Tu trouves ça normal?
— Heu, sire… C'est avec cet argent que les villes et villages paient les cantonniers et les gardes champêtres… Comment feront-ils?
— Eh bien, ils créeront un impôt sur le méthane…
— Le méthane, majesté?
— Sur le pet, si tu préfères, coco. Chacun y sera assujetti en fonction de ses habitudes alimentaires: celui qui mange des fayots paiera davantage que le consommateur de haricots verts extra-fins rangés à la main. Ce sera infiniment plus juste et plus utile. Il est temps de penser à l'avenir de la planète et de lutter contre le réchauffement climatique. Quoi d'autre?
—Une dernière question, sire: êtes-vous satisfait de votre nouvel avion Nico One ?
— Très! Avec Lala nous avons choisi nous-même les papiers peints et la moquette, il est très réussi. Les Franchois peuvent être fiers: désormais, quand nous atterrirons dans un pays étranger à bord de Nico One, nous leur ferons honneur!»


*poste réglementaire, rappel: seuls les appareils préréglés pour recevoir Télé-Nicolas-Première sont autorisés sur le territoire.

vendredi 6 février 2009

Pas de billet aujourd'hui. Je conseille aux lecteurs intéressés par des réactions de blogueurs à l'interview de Nicolas Sarkozy de lire les billets de Sarkofrance et d'Intox2007

jeudi 5 février 2009

BOYCOTTONS LE DISCOURS DE SARKOZY !

On le sait par la bouche du ministre François Fillon, le président Sarkozy n'a pas l'intention de renoncer à ce qu'il appelle un programme de «réformes», et encore moins de réparer les dégâts occasionnés à notre société par sa politique. Malgré les foules qui, le 29 Janvier dernier, lui ont manifesté de la défiance, il souhaite tenir le cap, drapé dans la dignité d'une fonction à vrai dire trop grande pour lui. Sa popularité est en berne tandis que croît dans la population l'exaspération suscitée par ses mauvaises manières dans l'exercice du pouvoir. Ce n'est certes pas encore un dictateur, mais c'est quelqu'un qui se croit tout permis, investi du droit de faire ce qu'il lui plaît pendant toute la durée de son mandat. Il est bel et bien le chef de l'état, n'est-ce pas, comme me le rappelait hier un contradicteur attaché à la force des symboles républicains! Sans doute, mais vu d'en bas, au niveau du peuple, M. Sarkozy donne plutôt l'image d'un chef de tribu —la tribu des nantis. La liste des reproches que l'on peut lui adresser s'allonge de jour en jour, et celui qui pèse le plus, son autoritarisme, est en passe de provoquer son rejet pur et simple dans une partie de la population.
Cet autoritarisme se manifeste encore aujourd'hui de façon choquante par la façon dont il souhaite imposer au pays entier l'écoute de son discours de ce soir, puisqu'il sera difficile d'y échapper sur la plupart des chaînes. Mais ce sera aussi une belle occasion d'infliger une double gifle: à l'orgueil du président, et à la servilité de médias à sa botte.
Refusons ce show spécial langue de bois!
Ce soir, à 20h15, boycottons le discours de N. Sarkozy, votons contre lui en provoquant une chute spectaculaire de l'audimat!

Source affiche: Sauvons l'école publique.

Chantons sous la pluie!

Il pleut, il a plu, il va encore pleuvoir… Un temps à ne pas mettre un blogueur dehors, en tout cas, surtout méridional. Même les coqs provençaux rechignent à cocoricoter, c'est dire! Ça m'aurait pourtant arrangé d'inviter un volatile glorieusement emplumé pour claironner ma louange ici, en mon lieu et place. Averti depuis déjà deux ou trois jours par des fuites amicales, je n'en éprouvais pas moins un certain scepticisme quant à la promotion du Coucou que l'on m'annonçait. La voilà confirmée, car le facteur internet est passé tandis que je contemplais ce jour gris à ma fenêtre. Plus léger que Mercure, il vient de glisser mon classement Wikio dans la marge du Coucou, révélant à mes lecteurs aussi ébahis que moi, je l'espère, mon entrée dans le top 11 des blogs politiques.
Me voici à la porte de l'Olympe des 10 demi-dieux qui commentent d'une voix écoutée la pluie et le beau temps politique —à défaut de les faire. J'ignore si je pourrai grimper plus haut, vu la puissance et le talent du cerbère occupant le seuil: Autheuil soi-même! Un monument… Il se pourrait bien que le mois prochain, je dégringole vers les enfers, tant les choses de l'Olympe peuvent dissimuler de complexité. Mais bah! pour l'heure, je me contente de mener à bien ce délicat exercice d'autosatisfaction enrobée d'une couche de modestie —pas trop mince, afin d'éviter qu'elle semble fausse, mais juste assez épaisse pour inciter à l'indulgence sans dissimuler mon mérite.

Statistiques du 1 au 31 Janvier 2009 [Google Analytics]
4350 visites ou pages vues
2442 visiteurs uniques
1121 visiteurs connus (?)
315 accès directs (?)

google / organic 438
(direct) / (none) 315
blogger.com / referral 199
jegpol.blogspot.com / referral 147
wikio.fr / referral 135
betapolitique.fr / referral 91
macao-levilainpetitcanard.blogspot.com / referral 61
J'arrête la liste sur l'excellent blog de l'excellent Mtislav, bien qu'une bonne quarantaine d'autres professionnels de la profession mériteraient d'y figurer. Je prie tous ceux qui se reconnaîtront dans ce vide choquant d'excuser ma paresse…
Image: Benimoto