jeudi 7 août 2008

Nicolas bouche-d'or

Si faire le matamore pour le peuple à la télévision et ramper devant les puissants, était une discipline olympique, alors Nicolas Sarkosy décrocherait la médaille d'or. On aura rarement vu un bonhomme parvenir à la fonction présidentielle en roulant à ce point les mécaniques, puis promettre de défendre les droits de l'homme avec autant de conviction, pour en définitive se déjuger sans honte face à plus teigneux que lui. Il n'y a qu'avec les faibles que M. Sarkosy et son petit personnel du gouvernement savent se montrer fermes : régression des conditions de travail, appauvrissement de la population, démolition de la protection sociale… Là, ne risquant pas grand chose à première vue, arrogance native et culot de malappris seront toujours au rendez-vous. Et le rendez-vous est en automne. Pour l'heure, ce sont la démocratie et quelques principes essentiels à l'humanité que M. Sarkosy met à mal, en participant demain à la cérémonie d'ouverture des JO. La démocratie d'abord, parce qu'il ignore la volonté de la majorité de ses concitoyens, sous prétexte qu'il aurait été élu pour gouverner à sa guise —mais dans l'esprit de la plupart des français aucun président n'a jamais été élu pour gouverner en monarque. Seules, l'absence d'un instrument d'expression de l'exigence citoyenne et la capacité du président d'imposer ses vues par la force, empêchent la population de s'opposer sereinement à l'abus de pouvoir, ce qui est la marque d'une fausse démocratie. Ensuite, M. Sarkosy se rendant à Pékin ne fait aucun cas des droits de l'homme, un principe que les peuples du monde ont mis des millénaires à établir, sinon à concevoir. Si nos sociétés sont souvent devenues meilleures, si elles s'efforcent d'offrir la même protection au faible qu'au puissant, elles le doivent à la proclamation des droits de l'homme. Et puis, on se prend à penser que favoriser le développement des droits de l'homme en Chine, ce serait permettre à la population chinoise d'obtenir de meilleurs salaires, de bonnes conditions de travail, et donc accélérer la moralisation des échanges mondiaux, rendre inutiles les délocalisations, éradiquer le dumping social… C'est peut-être ce que les gens d'affaire, les chers amis de M. Sarkosy, ne sont pas pressés de voir advenir. Pour clore provisoirement ce chapitre des renoncements sarkosiens qui ressemblent de plus en plus à une succession de farces, il ne faut pas oublier l'épisode de ce jour à propos du dalaï-lama qu'il ne recevra pas. Quand on se souvient de son discours du 10 juillet au Parlement européen, dans lequel il avait lancé, comme un petit coq dressé sur ses ergots, que ce n'était pas à la Chine de fixer son agenda, ni de dicter ses rendez-vous, on préfère se marrer pour cacher sa honte d'avoir un tel président. Ce jour là, évoquant le dalaï-lama prix Nobel de la paix, Nicolas Sarkosy avait également déclaré : «est-ce qu'il serait interdit de rencontrer un prix Nobel? Je me demande bien qui pourrait interdire une chose pareille». J'ai commencé en paraphrasant M. Sarkosy parlant de la Chine, je terminerai de même : si l'impudence politique faisait l'objet d'un prix Nobel, notre président serait couronné avant même la fin de son mandat.

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