vendredi 22 août 2008

Pour un débat sur l'Afghanistan

Selon un sondage du Parisien, 55% des français souhaitent le retrait de nos troupes d'Afghanistan, 36% sont pour leur maintien, 9% ne savent pas ce qu'ils veulent. Il y a 48% des sondés qui font confiance au président sur l'Afghanistan, 46% qui se méfient de lui, 6% se tâtent.
Sachant qu'un sondage est une espèce de photo de groupe de l'opinion publique, cherchez vôtre tête dans les rangs… Moi, j'ai beau scruter à la loupe, je ne me reconnais pas. Je ne souhaite pas le retrait des troupes à priori, mais s'il se révélait que cette guerre est inutile, comme le soutiennent certains, alors j'admets qu'il serait urgent d'arrêter les frais. Il me semble cependant qu'une défaite du couple talibans-al quaïda diminuerait fortement le danger terroriste. Sinon, quelle serait la solution de rechange à la guerre, une négociation avec eux ? Cela reviendrait à faciliter l'expansion d'un pouvoir obscurantiste que nous retrouverions tôt ou tard, dressé contre les sociétés démocratiques —et ayant sans doute fait main-basse dans l'intervalle sur les capacités nucléaires du Pakistan. Vous souriez de ces propos dignes du Café du commerce ? Moi aussi. D'où apparaît l'utilité d'un vrai débat au parlement, tel que le réclame notamment Noël Mamère, qui permettrait au simple citoyen de dresser l'inventaire des arguments avancés par des gens qualifiés —on l'espère, mais cela reste à prouver.
J'écris le mot qualifié comme un acte de foi démocratique, parce qu'au même moment me viennent en mémoire des lignes de Romain Gary dans «La nuit sera calme». Il travaillait alors (les années d'après guerre), pour le Quai d'Orsay, et se trouvait à New York, remplissant la fonction de porte-parole de la Délégation française à l'ONU. Voici un extrait : «il n'était pas possible, je répète, pas possible, de laisser un parlementaire français siégeant à la Commission de tutelle, venu pour une mission spécifique ou en observateur, expliquer, par exemple, aux représentants de la presse mondiale et à l'opinion publique américaine (…) qu'il fallait utiliser la bombe atomique américaine en Indochine…» N'étaient en cause ici que des députés au bellicisme vitrificateur, et le recul aidant, on peut se faire une idée de leur dangereuse nullité. Les pacifistes d'alors avaient raison, mais étaient-ils plus compétents ? Aujourd'hui, les parlementaires sont certainement davantage avertis, nous pouvons espérer qu'ils sauraient faire sortir d'un débat des éléments de vérité propres à éclairer la nécessité ou non de notre engagement en Afghanistan… Si le gouvernement autorise le débat, bien entendu, ce qui est rien moins que certain.
Dans cet espoir, sans réclamer le retrait de nos soldats, je ne suis pas pour autant de ceux qui font confiance à M. Sarkosy. Je devrait donc être mêlé sur la photo aux 46% de soupçonneux à son égard, mais je ne m'y vois pas, car susceptible aussi de figurer parmi les 36% favorables au statu quo… Vous voulez que je vous dise ? La photo est floue, le sondeur a encore bougé au dernier moment !
Sources:
Le Parisien
Le Monde

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