dimanche 10 août 2008

Révélations d'Adèle sur les JO

Il y a quelque chose de pourri au royaume du sport olympique, Coucou ! Après la déconvenue d'hier dans les épreuves de marelle, ce matin, en me rendant sur les lieux du concours de tir à la fronde, mon petit coeur vibrait d'espérance. Notre pays alignait le vice-champion du monde au tir d'instinct, et le prodige du casse-vitre, Loan Fordemange, champion d'Europe à tout juste 16 ans. J'avais lu dans L'Épique, avant mon départ pour Pékin, que les spécialistes de la discipline pronostiquaient une médaille d'or pour la France, ou d'argent tout au moins. Hélas ! La Fédération française de tir à la fronde était bien naïve de croire qu'il suffisait de sélectionner des athlètes au summum de leur forme pour l'emporter. Notre Loan national a dû se contenter du bronze, c'est la République de Niche qui a raflé l'or et l'argent. Et tu sais comment ? Je te le donne en mille… Ce n'est pas grâce au dopage, non, bien que ce pays d'éleveurs de chevaux en connaisse un rayon, paraît-il, sur l'art d'épicer l'avoine. Ils ont utilisé une méthode infiniment plus subtile et, de mon point de vue, parfaitement scandaleuse, digne du "Meilleur des mondes" d'Huxley : la sélection naturelle, mon ami ! Comme chez eux l'habileté au lance-pierre est un talent si prisé que toute la jeunesse s'y adonne, peu ou prou, les filles autant que les garçons, leurs dirigeants sportifs ont eu l'idée diabolique de trier les meilleurs tireurs de chaque sexe. Ils ont retenu trois ou quatre couples qui, outre de remarquables dispositions à ce jeu, présentaient la particularité d'avoir le bras droit plus long que le gauche… Tu ne vois pas l'astuce ? Eh bien, cette allonge supérieure à la normale leur permettait de tendre davantage les élastiques du flingot et de lancer les pierres plus loin, avec plus de force et de précision qu'un tireur ordinaire. Et ceci fait, on a marié les couples d'autorité, puis attendu les bébés avec sérénité… Bam Ri Hon, le médaillé d'or de ce jour a été engendré de cette manière. On raconte qu'il avait envie de devenir vétérinaire par amour des chevaux, mais pas question : toute son enfance jusqu'à aujourd'hui s'est passée dans la préparation des jeux olympiques. Tu l'aurais vu tenir sa fronde au bout d'un bras long comme ça, Coucou, tu en aurais frémi d'horreur et de compassion. Pauvre gosse ! Enfin, il aura une belle médaille… Comme tu le sais, mon tempérament me porte à l'optimisme, mais là, j'ai comme un mauvais pressentiment. Et si nos relayeurs de course en sac, nos lanceurs de crêpes, nos polochons-ka, faisaient chou-blanc ? Dire que notre duo de ministres des sports, Mme Bachelot et M. Laporte, voyaient nos athlètes rapporter entre 40 et 37 médailles dans leurs bagages ! À mon avis, c'est mal parti parce que le président Sarkosy est venu les encourager à Pékin, ce gars a la scoumoune. Cela dit, j'ai bien envie de rentrer, plutôt que d'assister au désastre.

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