lundi 21 juillet 2008

BHL condamne Siné

Avec l'irruption aujourd'hui de Bernard-Henri Lévy dans l'affaire Siné, la polémique va encore monter d'un cran et probablement se fourvoyer, car déjà envenimée par les arrière-pensées des adversaires acharnés ou des inconditionnels de Philippe Val, le directeur de Charlie, d'autres protagonistes vont se révéler. Une bonne partie d'entre eux se laisseront malheureusement entraîner par l'antipathie ou la sympathie qu'ils éprouvent pour le philosophe. Bref le débat sera bientôt complètement perverti. Les arguments de BHL pour accabler Siné ne sont pas faux, notamment lorsqu'il conclut son article dans Le Monde en suggérant que l'époque où l'on pouvait rire de tout et n'importe quoi est terminée. Cela me choque un peu, parce que le politiquement correct n'est que le travestissement d'une hypocrisie conquérante, mais peut-être est-ce une évolution souhaitable pour une société civilisée ? Après tout, nous ne pratiquons certainement plus le même humour que nos ancêtres les gaulois… Je pense que la phrase commise par Siné n'était pas antisémite, même en sollicitant sans vergogne son contenu, car elle aurait conservé la même valeur en mettant n'importe qu'elle autre religion à la place de la religion juive. Siné raillait simplement l'arrivisme du jeune Sarkosy épousant une riche héritière. Vouloir transporter le débat sur l'image fantasmatique de la «richesse» juive, chère au crétinisme antisémite, est une pure dérive. Cela dit, il me semble que le débat pour ou contre Siné ne se justifie plus à partir du moment ou le dessinateur a choisi la meilleure réplique : porter plainte pour diffamation. La réponse de la justice sera, sinon pleinement satisfaisante, du moins le moyen de tourner cette sale page de l'histoire d'un journal qui méritait mieux. En attendant, il ne faudrait pas que les emportements des uns et des autres n'ouvrent un espace où pourraient s'insinuer les véritables antisémites. Jusqu'à présent, les défenseurs de Siné ont évité cet écueil. Alors refermons provisoirement la porte au nez de la bête.

Aucun commentaire: