mercredi 30 juillet 2008

Drôle d'été !

Avant, pour secouer la léthargie estivale, les journaux nous servaient une réapparition du monstre du Loch Ness, un atterrissage de soucoupe volante, mais ils n'osent plus. Ils placent plutôt leurs espoirs de ventes dans les néo-feuilletons et les jeux vaguement culturels. Et là-dessus, voilà qu'en plein Juillet déboule l'affaire Siné ! En peu de temps, le scandaleux renvoi du caricaturiste aura pris une ampleur stupéfiante, suscitant articles vengeurs, éditos partisans, pétition, commentaires par centaines —ou par milliers !—, dans tous les coins d'internet… Chaque jour voit paraître un nouvel avis sur la question, et bizarrement, on ne parle plus guère de ce qui faisait l'objet de la chronique de Siné : l'arrivisme du fiston Sarkosy. C'était pourtant bien vu, quoique d'un intérêt un peu marginal, d'épingler ce petit jeune homme aussi ambitieux que son papa. Personnellement, à la place de Siné je me serais plutôt intéressé à l'irruption du rejeton présidentiel dans la vie politique plutôt qu'à son éventuel mariage. En effet, n'est-ce pas étonnant que dans la France républicaine des électeurs soient assez veules pour consacrer de leurs suffrages une perversion dynastique ? Il me semble que le réflexe d'un citoyen épris de démocratie devrait être d'empêcher la formation de clans familiaux en politique. Les Sarkosy ne sont certes pas les premiers, mais j'ai toujours trouvé cela choquant aussi bien à gauche qu'à droite. Avec Jean Sarkosy, l'abus me semble encore plus criant : voilà un tout jeune homme, qui n'avait à son palmarès que des histoires de scooter, parvenu en un temps record à des fonctions que d'autres mettent de longues années à obtenir. Élu au Conseil Général des Hauts-de-Seine, il y a pris la tête du groupe UMP, de même qu'il dirige la section de ce parti à Neuilly-sur-Seine. À qui fera-t-on croire qu'il doit ce parcours à son seul talent ? Il le doit bien sûr à l'influence de son père, mais aussi et surtout à la profonde bêtise de ses divers électeurs. Des gens qui ont si peu conscience de leur devoir de citoyen ne méritent aucun respect.
En ce drôle d'été, dans la mouvance socialiste, adhérents du parti et simples sympathisants s'agitent aussi dans la préparation du congrès de Reims, en Novembre prochain. Pourront-ils faire que le PS ne fonctionne plus en interne comme une caricature de démocratie, à l'image de la république actuelle ? Que voit-on du dehors ? Des courants qui feignent de représenter des nuances d'appréciation sur la politique à mettre en œuvre, en cas d'accession au pouvoir, mais qui sont en réalité de vulgaires écuries au service d'un ou d'une présidentiable. Qu'y murmure-t-on dedans ? Que la parole et les aspirations du militant de base ne valent pas un pet de lapin, qu'il faudrait réformer le fonctionnement même du PS aussi profondément que la république en a besoin. Pourquoi diable n'y mettraient-ils pas en œuvre la démocratie directe que le pays réel obtiendra de gré ou de force un jour ou l'autre ? Par exemple : soumettre les contributions du congrès au vote de l'ensemble des militants, et non pas des seuls délégués.

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