mercredi 2 juillet 2008

M. Sarkosy et le Sarko

Il ne se passe pas un jour, ni même une demi-journée sans que du Sarko vous accroche l'œil ou l'oreille. Le Sarko est un produit politique de grande diffusion dont il est impossible de s'affranchir, une fois que vous l'avez adopté. C'est comme un forfait de téléphonie, en plus roublard : on nous l'a collé pour cinq ans, avec tacite reconduction si nous laissons passer la limite d'annulation du contrat… Ainsi donc, que cela plaise ou non, nous sommes obligés de supporter le Sarko du matin au soir et même la nuit, s'il nous arrive d'en rêver. Mais qu'est-ce que c'est, au juste, ce Sarko ? Difficile à définir, car il s'agit d'un langage, mais aussi d'une mentalité, et encore de méthodes, plus d'un sombre avatar : celui de notre président, M. Sarkosy. Ce dernier a les qualités de la jeunesse et une belle intelligence au service d'une fonction particulièrement difficile, eu égard aux temps que nous vivons —endettement du pays, économie patraque, crise agricole mondiale, choc pétrolier, bouleversement climatique, inflation, Europe en panne, etc, etc. Il fait pour le mieux et parfois bien, presque toujours en accord avec ses valeurs d'homme de droite. Après tout, il serait mal venu de lui reprocher de ne pas appliquer une politique de gauche, d'autant qu'il a mis en couveuse quelques mesures sociales qui finiront bien un jour par éclore. M. Sarkosy est un président de droite comme un autre, dont il est encore trop tôt pour juger l'action. Cela dit, quand M. Sarkosy est quelque part, Sarko n'est jamais très loin, et avec cet énergumène, les choses s'enveniment. Le Sarko se tient mal, on le sait, inutile d'insister, mais le Sarko est aussi un mauvais garçon vindicatif, rancunier, peut-être même dangereux. Quand M. Sarkosy est arrivé au pouvoir avec de belles intentions démocratiques et a entamé une timide modernisation des institutions pour câliner le parlement, ravaler le sénat, tout ça…, le Sarko, lui, ruminait des mauvais coups. Ainsi, le Sarko a-t-il lancé des opérations pour intimider la presse, faire virer des mals aimés, et il s'est attaqué au service public de l'information. Il a décidé tout seul, comme ça, de priver l'audiovisuel de ressources financières suffisantes et annoncé qu'il désignera à l'avenir lui-même le président de France-télévision…
Là-dessus, pas plus tard qu'hier, dans les locaux de France 3, Sarko s'est abandonné à une rage froide parce qu'un technicien aurait négligé de le saluer et qu'on lui aurait réservé, ça et là, un accueil hostile. «Ça va changer», a-t-il dit, menaçant. Que pouvait-il espérer d'autre, pourtant ? Croyait-il que des gens dont il met l'avenir en péril allaient lui ouvrir les bras ? Et que signifient ces menaces de la part d'un homme qui a été élu pour être l'arbitre de la nation, non son maître ? M.Sarkosy devrait se défier de son pitbull Sarko, le renvoyer une bonne fois à la niche, et se faire à l'idée qu'il est illusoire de vouloir mettre au pas un pays comme le nôtre. Qu'il se souvienne de son histoire et de la soudaineté de ses colères.

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