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mercredi 30 septembre 2009

Tranche de budget tartinée de Polanski, pour un appel à l'aide.

Vu le peu de temps dont je disposais ce soir pour rédiger un billet, et l'actualité folichonne de ce jour, j'ai hésité un bref instant à écrire pour rien. La grande affaire aujourd'hui, c'est le budget. Évoquer un budget, que ce soit le mien ou celui de la France, me plonge dans un état d'apathie d'où je tomberais vite en catalepsie. Une autre fois peut-être, quand plus personne n'en parlera, histoire de dire le contraire des autres…

Il y aurait bien aussi la tentative de notre pays d'influencer une députée Suédoise à propos de la loi Hadopi. J'en ai entendu parler pour la première fois lundi dernier, et Rue 89 a repris l'info hier. En Suède, où l'on ne badine pas avec l'indépendance des élus, cette démarche fait très mauvais effet: on y sent comme un parfum de corruption. Le but recherché était semble-t-il d'obtenir l'appui de la députée en question lors de l'examen du «paquet Télécom» par le Parlement européen. Cette dame, très écoutée en matière d'économie numérique, pourrait à cette occasion faire grand mal par ricochet à la loi Hadopi, chère à Nicolas Sarkozy. Autant dire que le risque est très élevé que l'Europe rende Hadopi nulle et non avenue…

Néanmoins, je n'ai ni le désir ni le temps, de réfléchir à la question. Que faire, traiter de Roman Polanski à mon tour? J'ai joué le sujet à pile ou face: pile je soutenais M. Polanski en exigeant que la France boycotte le Gruyère Suisse jusqu'à sa libération, face je recherchais sur internet toutes les condamnations pour viol ou abus de mineures de 13 ans de ces dernières années… Pas le temps, c'est évident, et puis la pièce est tombée en équilibre sur la tranche! Comment me débrouiller avec ça? Je ne vois qu'une solution: demander à Frédéric Mitterrand de se constituer prisonnier à la place de Roman Polanski, et de prier les Suisses de l'extrader aux USA.

Sinon, il y a tout de même une chose dont j'ai envie de dire quelques mots: Olivier Bonnet, journaliste blogueur qui a déjà fait l'objet de l'un de mes billets, est poursuivi par un magistrat pour injures publiques sur son blog. Un procès, un avocat, coûtent cher, et Olivier Bonnet n'a pas les moyens financiers à la hauteur de l'enjeu. Soutenu par un ancien gendarme, Michel Roussel, qui a dû faire face à la même situation, il lance aujourd'hui un appel pour recueillir des dons. C'est à lire sur Plume de presse

P-S Le-goût-des-autres fait concurrence à PMÂ avec un billet-bistro sympa…

mardi 29 septembre 2009

Ils voteront pour le PS, votons pour la Poste !

Le 1er Octobre, les militants socialistes seront invités à répondre par vote à 12 questions. Comme il s'agit d'une votation aussi importante pour les simples sympathisants que pour les titulaires d'une carte du PS, j'ai eu la curiosité de les rechercher. Les voici, quelque peu abrégées…
— Sont-ils favorables à des primaires ouvertes?
—Sont-ils favorables au non-cumul des mandats parlementaires et d'exécutifs locaux?
—Sont-ils favorables à la limitation à trois mandats successifs des présidences d'exécutifs locaux? [note personnelle: 3 mandats, c'est beaucoup trop, un scandale! Si j'étais militant, je demanderais au préalable si la direction du Parti est favorable à ce que les militants ramènent à l'encre rouge cette durée à 2 ans. Parce qu'imposer d'en haut une durée de mandat, c'est tout sauf démocratique. C'est aux militants de dire ce qu'ils veulent! ]
—Sont-ils favorables à la parité totale dans les instances de leur parti?
—Sont-ils favorables à la parité aux élections législatives?
—Donneront-ils mandat au Bureau National pour fixer lors de chaque élection, des objectifs de renouvellement contribuant à une meilleure représentation des diversités de la société française, et pour cela, en réservant si nécessaire, des circonscriptions électorales ?
—Donneront-ils mandat au Bureau National pour réformer les statuts de manière à assouplir les règles d'adhésion?
—Donneront-ils mandat au Bureau National pour proposer de nouvelles règles de démocratie interne (en vue des Congrès et du choix des dirigeants)?
—Seront-ils favorables à la création au sein du parti d'une autorité indépendante, chargée des règles d'éthique et de droit, et habilitée à trancher en dernier ressort?
—Approuveront-ils la mise en œuvre de nouveaux mécanismes, lors des scrutins internes, plus proches des règles habituelles de la république en cette matière.

Tout ça est vraiment bien, si j'étais militant du PS, je me remuerais les fesses pour aller voter ce jour là, même si dans le même mouvement, je me pose des questions sur la manière dont seront définies les nouveautés annoncées. C'est à dire, si les nouvelles règles seront débattues et proposées par la base, plutôt que par la direction et ses satellites…

Les socialistes ont donc la chance de pouvoir se prendre en mains, espérons qu'ils s'en saisiront.
Dans un autre domaine, nous avons tous, jusqu'au 3 octobre, la possibilité de faire savoir à Nicolas Sarkozy, que nous rejetons toute idée de privatisation de la poste. Les sondages le montrent, mais les sondages ne vivent qu'un instant. C'est pourquoi il est important que nous participions au référendum d'initiative populaire organisé par les défenseurs du service public postal.
Cette votation pourrait-être exemplaire, puisqu'elle émanerait de la population seule, échappant au contrôle du pouvoir. Si elle recueillait le succès espéré, confirmant l'attachement des Français à leur Poste, c'est un bel et lourd boulet que M. Sarkozy aurait à traîner pour aller de l'avant dans son projet nuisible.
Encore faudrait-il que l'intendance des syndicats et des partis de gauche suive: pour prendre l'exemple de mon canton, j'ai vainement cherché une urne de votation, ce matin, dans trois de ses villages, dont l'un jouit d'une municipalité réputée socialiste. En consultant la carte des lieux de vote prévus, j'ai eu en outre la tristesse de constater que Draguignan, la sous-préfecture voisine (34800 habitants, tout de même), ne semble pas faire mieux.
J'emprunte à Sarkofrance la tournure de ses conclusions de billets rituelles, pour demander: ami postier, où es-tu?

P-S. sur l'affaire Polanski, les blogs se sont abondamment exprimés, on en trouvera des traces significatives chez Rimbus, PMA, et l'excellent article de Dorham.
P-P-S. Il n'est jamais trop tard : je n'avais pas encore lu le billet de Nemo sur Roman Polanski. J'avais grand tort, tout ce qu'il faut savoir y est dit.

lundi 28 septembre 2009

Marchands d'armes : les temps sont durs, aussi !

Les temps sont durs, on comprend que N. Sarkozy et son gouvernement se fassent un peu de mouron et grattent dans les coins pour joindre les deux bouts du prochain budget. On augmentera le forfait hospitalier, on taxera les indemnités d'accidents du travail, on taxera le carbone: il faut bien faire quelque chose, sinon l'état pourrait se retrouver dans l'insupportable obligation de supprimer les véritables niches fiscales, et d'aller prendre l'argent chez les riches… Impensable.
Les temps sont vraiment durs, il faut se rendre compte. Tenez, prenez le marché de l'armement, où nous étions plutôt bons autrefois… Eh bien, désormais il faut se bagarrer pour continuer à exister. Au milieu des années 80, les gens se sont mis sans doute à croire à la paix universelle, enfin, leurs dirigeants ont fait comme si c'était le cas, et les ventes d'armes ont décliné. Jusqu'à l'an 2000 où c'est reparti un peu partout à la hausse, sauf en Europe occidentale. Et la concurrence est devenue rude. D'autant plus rude qu'à partir de 2005 est entrée en vigueur la convention de l'ONU contre la corruption. Plus moyen de graisser la patte aux généraux et autres décideurs amateurs de canons.
Ce qui fait que les résultats de notre commerce d'armement ressemblent à la houle de l'océan, difficile de se maintenir sur la vague plutôt qu'au creux: 2008 est mieux que 2007, qui faisait moins bien que 2006, laquelle année semblait brillante à coté de la chute des commandes en 2004…
Ainsi, si j'en crois Le Monde qui semble avoir digéré le volumineux rapport du ministère de la défense, le montant des commandes est tombé de 8,15 milliards d'euros en 2000, année faste, à 6,58 milliards en 2008, où les connaisseurs observaient un sursaut méritoire de nos exportations…
Je serais tenté de dire, hélas, tant j'aimerais voir éclore une véritable crise de l'armement, avec licenciements massifs des braves serviteurs de la mort qui œuvrent dans cette industrie. On me dira que ce n'est pas sympa pour eux, c'est exact, mais il feront autre chose, comme l'écrivait Nicolas l'autre jour à propos des caissières de supermarché menacées par la tonte automatique du chaland.
Bon, il ne faut pas non plus rêver, et la fin des conflits, l'inutilité des armées, ce n'est pas pour tout de suite. En tout cas, il faut retenir que la crise est passée par là aussi, et que défendre nos 7,2% du marché mondial, sur les talons des USA, du Royaume-Uni, et de la Russie, ne sera pas une mince affaire.
Même en nous montrant plus ouverts aux attentes de la clientèle. Tenez, pour terminer, voici une constatation que l'on peu faire à la page 76 du fameux rapport: parmi les critères qui nous font obligation de refuser une vente d'armes, figure en deuxième position le Respect des Droits de l'homme dans le pays destinataire.
En 2007, première année de prise de fonction de Nicolas Sarkozy, la France avait opposé 11 refus de vente sur ce critère. En 2008, ces mêmes refus sont tombés à 3… Globalement sur la base des 8 critères de refus exposés, nous sommes passés de 154 refus notifiés en 2007 à 93 en 2008.
Quand les temps sont durs, il faut savoir s'adapter!

P-S. D'abord, j'adresse à Olivier une poignée de main qui, pour virtuelle qu'elle soit, n'en est pas moins amicale. Ensuite, j'informe mes lecteurs que le M. Poireau nouveau est arrivé… Et puis, j'aimerais aussi vous signaler «La vie, mon puzzle», chez Mrs Clooney. Enfin, Poison-Social nous invite à signer une pétition dont il est l'initiateur, je viens de le faire, et vous?

dimanche 27 septembre 2009

Le rébus du dimanche




Dans ce rébus se cache le prénom et le nom d'une personnalité politique (d'une quelconque région du monde, et de n'importe quelle époque à partir du déluge)…
Solution dans la soirée, la modération des commentaires est activée.


C'est presque devenu une habitude : Poison-social a trouvé le rébus — peu après la publication, en plus… Alors bravo! Il me faut tout de même souligner la méritoire performance de Dedalus, passé tout près de la solution!

samedi 26 septembre 2009

Contre la privatisation de la Poste, prenons l'initiative!


C'est lundi que débuteront les votations citoyennes sur l'avenir de la Poste, partout dans le pays. Entre le 28 septembre et le 3 octobre, les Français soucieux de la privatisation rampante de ce service public, voulue par le gouvernement, auront la possibilité de faire savoir à celui-ci qu'ils la désapprouvent, ou au contraire la soutiennent…
Ce véritable «référendum d'initiative populaire», puisque organisé au nez et à la barbe du pouvoir sarkozyste sans l'aval de celui-ci, est dû à la volonté des syndicats et d'un collectif de partis d'opposition de faire obstacle à la privatisation. De nombreux Conseils municipaux ont décidé d'ouvrir leurs mairies pour faciliter la votation à travers le pays, mais le gouvernement tente de s'y opposer en faisant multiplier par ses préfets les référés contre ces dispositions locales. Il est évident que le gouvernement craint de se retrouver face au désaveux des Français, car si un tel scrutin n'a évidemment aucune base légale, son résultat, en cas de succès de participation, n'en exprimera pas moins la volonté populaire. Et le souverain, c'est le peuple.
À supposer que les actes du pouvoir sarkozyste aboutissent à interdire aux mairies de participer activement aux votations, il sera toujours possible aux citoyens de s'exprimer en d'autres lieux, en utilisant les urnes placées ailleurs par les syndicats. Ne nous laissons pas intimider par l'état et ses exécutants: c'est nous au contraire qui allons les intimider par nos votes, dès lundi. Défendons notre service public de la poste!

P-S. Abadinte dresse un inventaire désopilant d'indiscrétions politiques ; le dernier billet de Balmeyer évoque un petit métier mal connu ; Falconhill réfléchit sur la loyauté dans le débat politique, à travers la taxe des indemnités d'accident du travail ; Suzanne vous attendrira sans doute comme moi, avec les premiers pas de Guénolé…

vendredi 25 septembre 2009

Pour l'inégibilité à vie des politiques corrompus.

On se souvient que Jean-Jacques Urvoas, député socialiste, faisait subrepticement passer le 16 septembre, lors du vote de la loi pénitentiaire, un amendement supprimant l'inéligibilité pendant cinq années de tout élu condamné pour corruption… Découverte presque fortuitement, cette tentative d'amnistier la canaille politique, avait soulevé un tollé et le groupe PS de l'assemblée s'était hâté d'annoncer le retrait de l'amendement. On croyait donc l'affaire terminée, mais stupeur: voilà qu'à la lecture d'un article de Mediapart, j'apprends qu'il n'en est rien.
Ce recoin honteux de la loi pénitentiaire a, en effet, été adopté en même temps que l'ensemble dont il faisait partie… Il existe donc toujours, et pour qu'il disparaisse, il faudrait qu'une commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs, le décide. La droite domine cette commission, comme il est logique… Que décideront les élus de la majorité? On voit bien un risque se dessiner: celui que la droite choisisse de laisser vivre un amendement profitable aux corrompus de tous les camps, puisque le PS va assumer l'impopularité. Tout bénéfice…

Cela m'amène à parler de l'association Anticor, dont je viens de découvrir le blog grâce à Rue89Anticor regroupe des élus et des citoyens appartenant à toutes les familles politiques, décidés à combattre le relâchement éthique de notre république. L'un de ses buts, et non le moindre, est de parvenir un jour prochain à ce que soit éliminé de la scène politique tout élu ayant commis un délit dans l'exercice de ses fonctions. Quelle que soit l'importance de son mandat, une personne condamnée pour corruption, se verrait ainsi interdire à vie la candidature à une élection.
Voilà l'amendement honorable qu'il aurait fallu présenter. Et si la commission mixte paritaire réécrivait le bout de texte de M. Urvoas en ce sens?

P-S, j'avais pris un peu d'avance avec mon billet d'hier, mais aujourd'hui, beaucoup de blogs parlent du coup de colère de Nicolas Sarkozy, et de son lapsus révélateur: «coupables»…

jeudi 24 septembre 2009

Nicolas 1er en Amérique


Notre Bien-Aimé Nicolas 1er, déployant son zèle pour le bien de l'empire Franchois, s'en est allé guerroyer dans la lointaine Amérique. On le vit hier, armé de son seul verbe audacieux, livrer bataille aux mauvais génies évanescents qui tourmentent la planète, souillent la pure fontaine du capitalisme. Comme si cela ne suffisait pas à sa vaillance, à peine sorti du champ de bataille que l'on appelle là-bas l'ŒNU, épuisé, notre vénéré Empereur trouva encore la force d'accorder un entretien sur les choses d'ici et d'autre part, aux caméras de Télé-Nicolas. La quasi totalité des loyaux sujets Franchois purent ainsi l'entendre évoquer le jugement en cours dans notre pays, de l'ancien Premier sapir de la gueuse, et apprécier sa retenue légendaire.
«En toute indépendance, les enquêteurs ont décidé que les condamnés devaient être traduits devant le tribunal impérial… En bien, moi, je vous dis un truc: je fais totalement confiance à ma justice. Si elle décide qu'il doit être simplement châtré, ou décapité, au lieu d'écorché vif comme il le mériterait, moi j'écouterai ma justice»…
Tous les témoins de l'entretien, comme le journaliste du Journal, les gens de Télé-Nicolas, et plusieurs personnes de la cour, ne purent retenir les larmes d'émotion qui leur vinrent aux yeux devant la beauté de l'âme impériale. Le téléspectateur Franchois attentif se souvient certainement de tout ce qui coula ensuite de la bouche bien-aimée, nous n'y reviendrons pas. Par contre, notre conscience de chroniqueur nous engage à relater, pour l'édification des générations futures, un incident qui survint à la fin de l'audience télévisée. Il faut savoir que le Sapir des choses du dehors était présent, et qu'il se permit de contrarier Sa Majesté sur un point de détail. Il s'agissait d'une appréciation portée publiquement par Nicolas 1er sur les chaussures d'un haut dignitaire d'une théocratie orientale: de vrais esclaffe-merdes!
«S'il m'est permis de me mettre un bref instant à votre place, Sire, il eut mieux valu que je prononçasse: de vraies péniches! C'eut été plus diplomatique…
—Mais t'es pas à ma place, Ménard… Alors tu la fermes, je sais ce que j'ai à dire! Non mais, tu les as vues, ses pompes? Moi, je voudrais même pas que mon jardinier, il mette des saloperies pareilles.
—Ce n'était qu'une humble remarque, ô mon Empereur!»
C'est à ce moment là que Lilette Sabot qui avait interviewé le Bien-Aimé, crut judicieux d'intervenir pour détendre l'atmosphère:
«On pourrait organiser sur Télé-Nicolas une discussion entre vous à propos des souliers, dit-elle en souriant.
L'empereur darda sur elle un regard calcinant sous lequel la malheureuse s'embrasa aussitôt, puis s'éteignit, plus pâle qu'un suaire antarctique.
—Non, mais de quoi elle s'occupe, la pétasse? Tu ferais mieux d'avoir des idées pour de bonnes émissions politiques, tiens! Il passe jamais rien de bon à l'antenne. Quand j'ai envie de regarder un truc un peu couillu sur la politique, faut que je regarde la télé française, un comble! Heureusement que j'ai mon abonnement satellite, sinon… T'as envie que je te fasse raccourcir, c'est ça? Parce que, faut le dire, hein!
—Pardon, Majesté, gémit la pauvre Lilette en se tordant les mains.
—Les idées, c'est pourtant pas ce qui manque, nom d'un chien! Tiens, tu pourrais mettre un député de l'opposition armé d'un cure-dent, à poil dans des arènes. Il devrait combattre un député impérial à cheval, équipé d'un sabre ou d'une lance… Ça, ça serait chouette, au moins!
—Majesté, il n'y a que deux députés dans l'opposition, nous ne pourrions faire que deux émissions, objecta Lilette qui suait la peur par tous les pores.
—Mouais, c'est pour ça que vous leur donnez la parole autant qu'à une armée de révolutionnaires? On n'entend qu'eux, on ne voit qu'eux sur Télé-Nicolas, tout le monde s'en plaint!
—Une minute et demi par trimestre, Majesté, c'est vous même qui l'avez décidé. Et puis nous avons aussi des émissions politiques: la semaine dernière encore le bon Saint Henri, votre conseiller, est venu raconter une histoire en direct…
—Arrête de faire ta raisonneuse! Je veux un peu plus de justice à l'antenne, c'est tout. À l'avenir, 55 secondes pour l'opposition, ça sera suffisant, compris?
—Oui, Majesté, vos ordres sont mes désirs!»

source lointaine d'inspiration

P-S, sur son blog, Le brise-glace, Constance nous invite à signer une pétition mondiale pour la défense du climat (en Anglais), initiée par Ban Ki Moon, Secrétaire général de l'ONU.

mercredi 23 septembre 2009

La justice et le président

Lundi dernier, dans un passionnant article de Mediapart, Edwy Plenel expliquait à ses lecteurs l'enjeu du procès de l'affaire Clearstream. Il rappelait que contrairement à ce que semblent avoir essentiellement retenu les grands médias, ce procès ne se limite pas à un seul plaignant accusant un ancien Premier ministre, mais qu'il y a 227 autres victimes qui attendent réparation.
Je crois que cette erreur est due à un effet de trompe-l'œil ne laissant apparaître que le Président de la République en souverain offensé, installé dans sa maison de justice pour exiger la tête d'un ancien rival supposé délictueux. Et il faut bien dire que les 227 autres personnes dont les noms ont été frauduleusement inscrits dans les fameux listings à l'origine de l'affaire, pèsent bien peu de chose à côté d'un tel compagnon d'infortune… Infortune n'est peut-être pas le meilleur mot, d'ailleurs, pour qualifier l'effet de cette malversation sur la vie de Nicolas Sarkozy. Loin de le desservir, comme le scénario du trucage de la liste semblait le prévoir, la machination lui aura permis au contraire à se faire plaindre de l'électeur sensible avant l'élection présidentielle.
Quoi qu'il en soit, ce procès s'ouvre sous un éclairage particulièrement dramatique. Si l'on se souvient de la saillie prêtée à M. Sarkozy en sa fureur: «Si j'attrape le manipulateur (…), je le pends à un croc de boucher», on pourrait presque redouter que le palais de justice ne se transforme en Grand Guignol sanglant. Il n'en sera rien, mais dès la première audience, il était évident que quelque chose hors-normes allait se dérouler.
Hier, sur les ondes de France-Inter, Eva Joly, l'ancienne juge d'instruction devenue députée européenne, faisait part aux auditeurs de sa stupéfaction devant la tenue d'un tel procès. L'accusation y sera menée par Jean-Claude Marin, Procureur de Paris que l'on s'attendait à voir éjecté de son poste à l'élection de N. Sarkozy, lequel ne l'aimait pas. Jean-Claude Marin, toujours en place cependant, car entré dans les bonnes grâces du Président. Le déroulement de sa carrière future est tout entier entre les mains de ce dernier… À part ça, un homme indépendant, bien entendu. La plainte que la cour aura à examiner avec le plus de soin, sera, qui en douterait, celle de Nicolas Sarkozy lui-même. L'homme qui nomme, mute, promeut, ou sanctionne les magistrats du Parquet. Le maître quasi absolu et ombrageux de notre pauvre république. Et personne dans toute la France, voire au-delà, ne peut ignorer que Nicolas Sarkozy veut la peau politique de Dominique de Villepin, cible réelle de sa plainte.
Dans le cas où la culpabilité de ce dernier ne serait pas démontrée au cours des débats, les juges oseront-ils priver le Président de cette peau? Oui, sans doute… Mais peut-on juger des prévenus sans déroger aux principes de l'équité, quand le Premier Magistrat de France, d'autre part espèce de monarque inattaquable, légalement exempté de toute responsabilité, est celui qui accuse?
Dans l'article auquel je faisais référence au début, Edwy Plenel dénonçait un «détournement privatif de la justice». Il est affligeant que pour sortir honorablement de ce genre de dérive, il faille compter sur le seul courage de magistrats soumis à une telle pression.

Clearstream (en construction)
La perle de Clearstream

P-S. Commandcom nous demande de soutenir l'association Zy'va, dans sa quête du Trophée des associations… Et des blogs s'élèvent contre la proposition J-F. Copé de fiscaliser les indemnités journalières en cas d'accident du travail… Enfin, Mtislav nous livre une analyse magistrale de Facebook…

mardi 22 septembre 2009

Anti-sarkozysme primaire…

Si j'en crois Mathieu, ses lecteurs n'aiment pas l'anti-sarkozysme primaire… Pour ma part, je dois confesser que c'est un travers dans lequel je tombe volontiers, peu de personnages politiques m'offrent autant que le président, la possibilité de manifester la forte réprobation qu'ils m'inspirent, sans que je m'ennuie.
Et puis, cette expression «anti-sarkozysme primaire» est-elle autant chargée de honte qu'il y paraît? Elle est directement inspirée de «l'anti-communisme primaire» qui fut du dernier chic, tant populaire qu'intellectuel, dans l'après-guerre et au-delà, grosso-modo jusqu'à la chute du mur de Berlin. Les communistes, leurs compagnons de route, et toute une galaxie de leurs simples sympathisants, en stigmatisaient quiconque s'opposait à eux avec entêtement, ou dénonçait le régime soviétique de l'URSS. On sait largement aujourd'hui que ces opposants, pour la plupart, n'avaient pas tort, même si tout n'était pas à rejeter, loin de là, dans l'idéal communiste. C'est pourquoi je pense ne pas avoir à rougir de mon anti-sarcosysme primaire, d'autant qu'il me vaut de bons moments d'amusement.

Comment rester insensible au fait que nous avons en Nicolas Sarkozy un homme venu frapper à notre porte, et qui, une fois reçu dans la maison républicaine dont il a désormais les clefs en poche, s'y vautre partout à son aise? Comment ne pas voir les deux caractéristiques principales de son action: se servir, lui et ses amis, et régler ses comptes ensuite.
Pour le premier de ces reproches, parmi de nombreux exemples, je me bornerai à évoquer la suppression de la publicité dans l'audiovisuel public, mis simultanément à la diète. À qui cela profite-t-il, sinon à ses amis intimes du privé? Ceci a déjà été suffisamment dit par d'autres pour qu'il vaille la peine d'insister…
Sur le second reproche, il suffirait d'évoquer la hargne impudique avec laquelle il poursuit son rival d'hier, Dominique de Villepin, allant jusqu'à peser de son poids présidentiel dans le procès intenté à ce dernier. Peut-être a-t-il de bonnes raisons de vouloir abattre l'ancien Premier ministre? C'est possible, tout comme il serait possible que son propre rôle soit moins net qu'il n'y paraît, tant cette affaire Clearstream est glauque. Par contre, une chose est certaine, c'est que l'attitude de Nicolas Sarkozy contre D. de Villepin, s'apparente davantage à la vendetta qu'à la quête de justice.
D'où vient qu'avec ce président, la vie publique semble désormais se dérouler chez nous comme dans un film policier?

De la même manière, il n'est pas absurde de se demander si la décision de supprimer l'institution du Défenseur des enfants, ne cache pas un désir de revanche. Deux femmes, titulaires successives de cette fonction, ont à diverses reprises contrarié la politique du gouvernement dans l'expulsion des sans papiers. Quelle meilleure sanction imaginer que la suppression pure et simple de l'institution, alors même que l'actuelle titulaire est à peine parvenue à la moitié de son mandat?

P-S. Un billet à lire sur la grippe A chez Dr No, qui sait de quoi il parle… Et pour sa rentrée de blog, Martine nous propose de découvrir deux romans…

lundi 21 septembre 2009

À ceux qui vendent la peau de l'ourse un peu vite…

Ces derniers jours, le loupé magistral de la communication de Ségolène Royal et ce qui m'apparaît comme une ambiguïté dans son rapprochement circonstanciel avec G. Frêche, m'ont passablement troublé. Et puis, un billet de Juan sur les Coulisses de Sarkofrance appelant à ne pas se tromper d'adversaire, aujourd'hui, et un autre de la député PS de Bordeaux, Michèle Delaunay, qui constitue un bel hommage à S. Royal, m'ont fait réfléchir.
Et je m'avise qu'au fond, les railleries, coups bas, et autres tentatives de déstabilisation de cette femme politique, devraient nous rappeler un autre parcours, qui fut loin d'être semé de roses, lui aussi. Je veux parler de la conquête du pouvoir par François Mitterrand. La plupart de ceux qui tiennent des blogs politiques aujourd'hui,n'étaient pas nés, ou trop jeunes pour se souvenir de cette époque. F. Mitterrand fut longtemps la cible des lazzis de la droite, et même de certains milieux de l'opposition à de Gaulle. Sa patiente approche de la présidence fut particulièrement houleuse et jalonnée d'incidents plus ou moins déplaisants, comme le faux attentat de l'Observatoire en 1959. Battu à deux reprises à l'élection présidentielle, par C. de Gaulle, puis V. Giscard d'Estaing, ce n'est qu'à sa troisième candidature qu'il fut élu à la tête de la république.
Cette ténacité, ce courage dans l'adversité, et sans doute cette trempe dont sont fait les leaders qui gagnent, je les retrouve chez Ségolène Royal.

À la chaîne, nom de blog!


Elmone m'a invité à citer des noms de blogs qui me plaisent. Lui-même s'était plié à cet agréable exercice à la demande de Claudio, lequel avait défini son attente par ces deux phrases: «Ce que je propose à chacun est de citer un maximum de cinq blogs dont vous aimez le nom. Et parmi ces cinq, au moins un ne figurant pas dans un quelconque top 100 de wikio»
Pour ma part, je vais choisir des lieux du web que j'ai plaisir à fréquenter bien que certains soient étrangers à mon réseau familier, plutôt politique. Ce sont: Le brise-glace, Le nouvel Hermes, Langue de doigts, Carpe Diem, et Ruminances, un blog bien classé au Wikio, dont le nom singulier m'a souvent intrigué…
Ceux que je viens de citer sont priés de reprendre la balle au vol, s'ils en ont le temps et l'envie…

Et puisque je suis occupé à secouer mes chaînes, je vais répondre aussi à celle dont m'a chargé Homer. Il s'intéressait, voici quelques jours, à la meilleure façon de bloguer, et nous demandait d'expliquer notre méthode… Ma réponse sera brève, dans la mesure où je blogue sans m'imposer de règle précise, mis à part celle de publier chaque soir un billet, autant que possible.
Chaque jour m'impose ses contraintes adoucies par ma fantaisie. Le matin, le midi, le soir…, quand je me sens disponible un moment, je repère les titres qui m'intéressent dans mon agrégateur de blogs. Ces derniers sont classés par catégories, et comme ils sont nombreux dans chacune d'elles, je ne peux tout lire chaque jour. Outre le titre, un coup d'œil sur l'amorce des billets m'aide à en sélectionner quelques uns, pas beaucoup. Je les ouvre dans des onglets pour les lire à l'occasion au cours de la journée, et si ce n'est pas possible, je les note pour le lendemain…
C'est tout, si ce n'est que je m'efforce en outre de répondre systématiquement à tous ceux et celles qui me font la grâce d'un commentaire, même critique…
Pour prendre la suite, il ne me reste qu'à solliciter Le-goût-des-autres, Eric de Mon Mulhouse, Babelouest, et Hypos


dimanche 20 septembre 2009

Le rébus du dimanche…





Trouvez le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique cachés dans ce rébus (vous pouvez agrandir l'image en cliquant dessus).

Rappel: la personne en question peut être d'ici, d'ailleurs, d'hier ou d'aujourd'hui…
La modération des commentaire sera activée jusqu'à ce soir, pour la solution…

Cette semaine la gagnante toutes catégories est encore la Mère Castor , un grand bravo!

samedi 19 septembre 2009

Le soutien de G. Frêche: une corde pour se pendre?

J'ai de la sympathie pour Ségolène Royal —comprenez que ce qu'elle proposait de faire en politique, lors de la campagne présidentielle de 2007, me séduisait. Je n'ai pas le moins du monde envie de ricaner sur le flop magistral de son site, parce qu'il s'agit d'un incident de parcours subalterne. Et surtout, jusqu'à preuve du contraire, personne d'autre qu'elle, au PS, ne propose pour l'instant d'associer davantage les citoyens à la marche de la république. Mais ce n'est pas l'objet de ce billet… J'avais envie de dire qu'en revanche, ma sympathie pour Georges Frêche est nulle. L'actualité du déplacement de Ségolène Royal à Montpellier, où elle a été accueillie par G. Frêche, m'oblige à l'associer à regret à ce dernier, qui vient encore de se singulariser avec éclat.
George Frêche, en effet, vole au secours de Brice Hortefeux, en affirmant qu'il ne «trouve rien d'extraordinaire» aux fameux propos tenus par le ministre de l'intérieur. «Aujourd'hui, on demande à tous les hommes politiques de faire de la langue de bois», dit-il aussi, en concluant que Brice Hortefeux n'est pas raciste. Cette dernière affirmation n'est d'ailleurs pas impossible: il se pourrait que M. Hortefeux ne soit pas profondément raciste, mais là n'est pas la question. De même que les incontinences verbales qui ont valu à Georges Frêche l'exclusion du PS, les propos stigmatisants ou blessants pour une partie de la population, ne sont pas admissibles chez un homme public. Que l'on soit de droite ou de gauche, l'exercice du pouvoir exige d'afficher le même respect pour toutes les catégories de la population. C'est une faute grave de la part du ministre de l'intérieur de n'avoir pas su rester à la hauteur de ses fonctions.
Le soutien que lui apporte le roitelet de Montpellier montre, du reste, dans quel sac de rebuts il aurait fallu ranger ce dernier. En matière de d'insanités verbales, Georges Frêche est en effet un grand habitué; les propos racistes, les formules humiliantes, il connaît. C'est l'une des grandes incompréhensions et tristesses que l'on peut éprouver en étant de gauche, de voir un tel homme continuer à faire la pluie et le beau temps dans sa région. On aurait attendu sa mise à l'écart réelle par ses anciens camarades de parti, au lieu de quoi on découvre que ces derniers sont restés ses féaux…
Je ne me réjouis pas de le voir tendre à Ségolène Royal, la même main qu'en quelque sorte il offre à Brice Hortefeux.

P-S. À lire sur le blog d'Irène Delse: «À quoi sert le droit moral dans l'édition», et Falconhill a sacrifié de belle manière à «la chaîne du conjoint qui ne pense pas comme vous»


jeudi 17 septembre 2009

Cyclone présidentiel sur Villejuif


Le département du Val-de-marne sera placé en alerte rouge durant la journée de demain, en raison du passage d'un cyclone présidentiel. Les effets devraient plus particulièrement se faire sentir sur Villejuif où, comme il en va désormais dans les déchaînements de vanité paranoïaque du président Sakozy, le trouble porté à la vie publique atteindra un maximum. Les habitants du futur secteur sinistré doivent donc s'attendre à des coupures de routes, déviations intempestives, et contrôles d'identités plus fréquents que la normale.
L'origine de ce phénomène, hélas répétitif, mais provoqué par des causes chaque fois nouvelles qui rendent aléatoire toute prévision à long terme, se situerait dans l'annonce d'une 2500e greffe du foie. En effet, il semble assuré que l'œil du cyclone touchera l'hôpital Paul-Brousse, où d'énergiques mesures préventives ont d'ores et déjà été prises.
Les consultations des malades au centre hépato-biliaire ont été reportées à une date ultérieure, et une partie du personnel exposé aux turbulences, dont la présence n'a pas été jugée indispensable, a été mise en congé. Les patients alités reçoivent des séances intensives de kiné-zygomatique pour les entraîner à garder le sourire dans l'adversité, cependant que les mourants sont fermement avertis d'avoir à se retenir de passer l'arme à gauche durant quarante-huit heures,
Seules pourront approcher de la zone à risque 2000 personnes munies de laissez-passer, dont la préfecture a vérifié au préalable la parfaite aptitude à côtoyer le cataclysme élyséen. Selon certaines estimations, le coût financier des dégâts à prévoir pourrait s'élever à 200 000 euros.
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P-S. À lire sur Le Rocrocodile kinépeute, un billet sur le pôle emploi de Toulouse, et d'autre part le dernier texte de Balmeyer (de vendredi, quand même!) : Le bon Enfin, sur l'affaire des votes truqués au PS, voici une perle-résumé de Wallen : Hold-uPS

mercredi 16 septembre 2009

Peau de Sécu

Elle s'appellerait Carlotta, il s'appellerait Nicolin, parce que, sans se connaître, leurs parents éprouvaient la même admiration pour le couple présidentiel Français des années 10. Le hasard, qui fait parfois bien les choses, les aurait rapprochés un jour chez des amis. À l'énoncé de leurs prénoms, une irrésistible sympathie les aurait saisis, dans l'émotion de partager un handicap commun. À quelque temps de là, ils se seraient décidés à mêler leurs deux vies pour n'en faire qu'une, à se mettre en ménage en somme. Comme il arrive fréquemment dans cette situation, de cette vie devenue grosse aurait pointé bientôt la promesse d'un bébé. C'est alors que les réalités du temps les auraient obligés à laisser tomber la magie d'un conditionnel enfantin pour affronter le présent et se soucier de l'avenir

Donner la vie est une chose importante, de nos jours, on ne se lance pas à la légère dans une aventure aussi délicate. Les cœurs de Nicolin et Carlotta battent, lorsqu'ils se présentent pour le premier entretien prénatal du parcours de naissance. La semaine prochaine, Carlotta ira peut-être en consultation chez un obstétricien, si elle obtient aujourd'hui le précieux sésame donnant un début d'avenir à sa grossesse. Ensuite viendra l'échographie n°1, indispensable pour obtenir une réservation de lit à la maternité régionale, et surtout appuyer la demande de crédit-accouchement auprès de la banque. Car pas plus Nicolin que Carlotta ne se font d'illusions: les chances de ressortir de l'entretien avec une couverture totale de la naissance du petit Verni, ou de la petite Fortunée (ce sont les prénoms qu'ils ont choisis), sont minimes. Carlotta croise les doigts dans son dos en franchissant le seuil de leur agence d'assurance.
C'est un homme qui les reçoit, jeune, courtois, mais retranché derrière une réserve prudente. Nicolin expose la situation: la grossesse de Carlotta, révélée par un test et authentifiée par le médecin du secteur.
—Voilà, à présent nous aimerions connaître l'étendue de notre couverture médicale…
L'assureur hoche la tête avec une moue énigmatique. Il regarde son écran d'ordinateur, tape sèchement sur son clavier…
—Mouais… Vous avez souscrit le contrat Turquoise, soit la couverture maladie, risques corporels sans responsabilité exclusive, et annexes, avec l'option par tiers conservatoire au choix…
—Heu, vous pouvez nous expliquer ça?
—L'option par tiers? Si vous êtes victime d'un accident corporel n'ayant pas engagé votre responsabilité, nous couvrons vos frais pour les deux bras et une jambe, ou bien les deux jambes et un bras; un bras, une jambe, la tête… Notez que le contrat Turquoise reprend les garanties du contrat Perle, et contient la garantie ventre, qui nous intéresse ici… Celle-ci est affectée des mêmes réserves de tiers conservatoire: la vessie, le côlon, la rate; ou la prostate et les deux reins… Mais j'imagine que madame se soucie plutôt du triolet: utérus, ovaires, vessie?
—Ben, je voudrais surtout savoir si vous rembourserez les frais d'accouchement et d'hôpital
L'homme se replonge un moment dans la contemplation de l'écran, puis son regard revient à Carlotta.
—La réponse est oui, chère madame, puisque la naissance du bébé entraîne l'activation du tiers ventre. Notez que vous aurez la possibilité de définir ce tiers-ci après l'accouchement, afin qu'il prenne plus précisément en compte le périnée, par exemple…
Comme Carlotta rougit, il rosit lui-même et ajoute:
—Je disais ceci parce que certaines clientes font ce choix.
—Les frais d'hôpital sont donc compris aussi dans le contrat?
—Ah! là, monsieur, je crains que ce ne soit pas le cas, hélas! Nous sommes dans le Turquoise, je vous le rappelle, lequel englobe le Perle, lesquels excluent l'un et l'autre la couverture de votre responsabilité. Or, le code des assurance définit le fait d'engendrer comme un acte responsable.
Devant les mines de Carlotta et Nicolin qui s'allongent, l'assureur se fait réconfortant.
—Allons, allons, ne vous faites pas de soucis! Je vais vous délivrer un certificat de couverture médicale, et vous obtiendrez facilement un prêt bancaire pour le complément.
Un peu plus tard, en sortant de l'agence, Carlotta et Nicolin se regardent silencieusement. Ils se prennent par la main, et partent tristement en quête d'un distributeur de pilules abortives.

La source de cette fiction fantaisiste sur un improbable avenir de notre système d'assurance maladie est à retrouver sur le site de Courrier International.

P-S de mes très rares lectures du jour, j'ai eu tout juste le temps d'apprécier «Cherchez la femme», et un billet du Merle Moqueur, malheureusement un peu trop long pour le comprendre dès la première lecture. Il faudra que je le relise, après vous…

mardi 15 septembre 2009

Attention : zone de non-morale !

Le Nouvel Obs.com donne écho aux propos d'Henri Guaino, qui a notamment accentué ce matin sur France Inter sa défense de Brice Hortefeux. Qu'il soutienne celui-ci n'est ni étonnant, ni vraiment scandaleux, puisque d'une part les deux hommes sont du même camp, et de l'autre, si scandale il y a dans cette attitude, il passe presque inaperçu, dilué qu'il est dans le vrai scandale, celui soulevé par B. Hortefeux.
Ce qui est beaucoup plus dérangeant, ou qui, en tout cas me dérange, ce sont les termes dans lesquels M. Guaino a exposé cette défense.
Après avoir parlé «d'invraisemblable chasse à l'homme» et de «véritable lynchage médiatique», il bâcle en quelques phrases outrées le procès d'internet et avertit qu'il faudra un jour le réguler.
«Il ne peut pas y avoir de zone de non-droit, de zone de non-morale. Il ne peut pas y avoir de zone qui échappe à toutes les obligations, les exigences sociales.»

Pour ce qui est de la chasse à l'homme, on pourrait une fois de plus rappeler à M. Guaino que les propos incriminés du ministre de l'intérieur, platement racistes, mais parfaitement identifiés comme tels, tombent sous le coup d'un interdit que M. Hortefeux a lui-même défini le mois dernier: aucun propos raciste ne peut être tenu par un représentant de l'état. Un préfet en a perdu son poste.

D'autre part, internet, est un prolongement de la société, ni plus ni moins. Le droit, la loi y sont respectés ou bafoués de la même manière qu'ils le sont dans la vie courante. Lorsque des méfaits y sont commis, la sanction en frappe les auteurs tôt ou tard, comme partout. L'internet qui dérange M. Guaino est le lieu où s'expriment les citoyens ordinaires, et l'on devine bien sous les menaces de ce monsieur que le pouvoir se préoccupe de museler les citoyens trop bavards.

Pourtant, qui aura relevé ce qu'il y a de choquant dans le fait qu'un bonhomme sans mandat, que son emploi précaire de conseiller du président ne saurait investir de la moindre autorité sur les Français, se permette de menacer la communauté des intervenants du Web? Et cela avec un vocabulaire d'inquisiteur, visant à fourrer sournoisement dans le même sac les escrocs (pas plus nombreux que dans la cité), les pornographes (idem), et les citoyens donnant leur avis sur les gens de son espèce. Bien entendu, ces «paroles citoyennes» ne volent généralement guère plus haut qu'un comptoir de bistro —M. Guaino souhaite-t-il définir le droit de conversation dans les bistros? Cela s'est fait dans le passé, sous diverses dictatures européennes.

Cela m'amène à m'indigner de ce que M. Guaino, donc ulcéré de l'irruption d'internet et des internautes dans la vie politique, ait pu parler d'une «société qui vire au totalitarisme». Pour un homme œuvrant dans les coulisses de la présidence la plus autoritaire et abusive que l'on ait connue depuis longtemps, cela ne manque pas de culot!





lundi 14 septembre 2009

Brice Hortefeux doit-il démissionner?


L'affaire Brice Hortefeux va-t-elle retomber comme un soufflé raté que l'on flanque à la poubelle, internet en l'occurrence, avant de refermer soigneusement le couvercle? C'est possible, après que soient montés au combat les meilleurs conseillers du monarque, dont les paroles pèsent davantage que celles du Premier ministre lui-même. C. Guéant comme H. Guaino ont en effet défendu avec virulence l'honneur du Ministre de l'intérieur, accablant internet et les internautes, par qui le scandale serait arrivé, de leur mépris. Pour parfaire l'opération de réhabilitation du ministre, le Président de la Licra en personne est intervenu pour délivrer un brevet d'honnête homme à M. Hortefeux. La voix de la ligue contre le racisme et l'antisémitisme, donnant son avis dans cette histoire, c'est tout de même quelque chose! Sauf que son président, Patrick Gaubert, ancien membre du cabinet de Charles Pasqua, ancien euro-député UMP, peut être légitiment suspecté de complaisance à l'égard d'une personnalité appartenant à sa famille politique.
Sur le fond de l'histoire, on peut certes laver Brice Hortefeux de tout soupçon de mauvaise intention à l'égard son jeune interlocuteur (et d'ailleurs admirateur) arabe. Les paroles prononcées n'en exprimaient pas moins une sorte de soupçon méprisant envers la population arabe de notre pays. Un quelconque Tartampion, fut-il ministre, a parfaitement le droit de penser et dire cela dans l'intimité. Mais on ne parle plus d'intimité dans le cadre d'une réunion de militants politiques, en présence de caméras officielles… Et c'est là que l'on est fondé à rappeler les propos tenus par M. Hortefeux au mois d'Août, à la suite du dérapage verbal du Préfet Paul Girot de Langlade: «Je ne tolérerai jamais que des propos racistes ou discriminants soient tenus dans notre pays par un représentant de l'Etat
M. de Langlade est aujourd'hui suspendu, et l'on apprenait récemment qu'il sera prochainement mis à la retraite anticipée, sans prime… Ce qui est valable pour un préfet ne le serait pas pour un ministre, sous prétexte qu'il est un proche du Président de la république?
En 1981, Alain Bombard fut Secrétaire d'état auprès du ministre de l'Environnement du gouvernement Mauroy entre le 22 mai et le 23 juin de la même année. Un passage en étoile filante… Alain Bombard (pour qui j'avais énormément d'estime), avait commis la faute de songer à interdire la chasse à courre, et de le faire savoir. Les jaquettes rouges eurent sa peau de ministre en un rien de temps… Il serait temps d'avoir de la mémoire et de se souvenir que la vie politique est une lutte où l'on ne fait pas de cadeau.
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P-S. Sur PMA, vous trouverez une Perle qui rassemble les principaux articles sur l'affaire Hortefeux… À lire et à voir sur Le jour et la nuit, l'histoire d'Ali Ziri.

dimanche 13 septembre 2009

Le rébus du dimanche


C'est dimanche : je vous propose de trouver à partir de ce rébus (assez facile), le prénom et le nom d'une personnalité politique.

(Rappels:
—il peut s'agir d'un homme ou d'une femme de n'importe quelle époque et d'une quelconque région du monde.
— mes modestes rébus «politiques» sont inspirés des recueils de
rébus littéraires d'Honoré, publiés chez Arléa!)
Solution dans la soirée…

Sans surprise, la bonne réponse la plus rapide est venue de Madame.B, au bout de quelques minutes. Il y a cependant plusieurs autres gagnants cette semaine: la Mère Castor, Eric, jeandelaxr, et Olivier (qui rentre à l'hosto aujourd'hui, et à qui je dis: à très bientôt, en pleine forme!) Bravo à tous!

samedi 12 septembre 2009

La chaîne des cartes postales, et le reste…

Tout le monde, ou presque, a vu un jour Gaël, l'aimable écureuil des blogs, déposer de ci de là un commentaire furtif, ou bien s'installer pour éplucher un billet comme une pomme de pin… Eh bien, voilà déjà cinq jours que Gaël m'a collé un sujet de chaîne qu'il a imaginé, et cinq jours que je cherche des cartes postales dans mon courrier anciennement urgent. C'est l'objet du devoir, la carte postale, et les règles n'en sont pas compliquées:

1— rappeler le principe de la chaîne,
2— mettre trois ou quatre (ou plus) cartes postales,
3— les commenter si tu le souhaites,
4— passer la balle à ton voisin.

Le point 1 réglé, me voilà dans l'embarras pour la suite… Je dois en effet avouer qu'à la maison, nous ne conservons pas les cartes postales. De plus, et j'aurais dû commencer par là, depuis quelques années, nous en recevons très peu…
Au péril de ma vie, car je n'avais pas non plus de masque à poussière sous la main, j'ai pourtant fouillé mes divers tas rébarbatifs de courrier, bravant le risque de suffocation, et celui de tomber sur une bafouille douloureuse, comme un rappel du Trésor Public… J'ai exhumé la carte Péruvienne ci-dessous, laquelle représente le détail d'une «toile en laine de camélidé au décor anthropo-zoomorphe».
J'aime beaucoup l'Amérique latine en général, où je n'ai jamais mis les pieds, et le Pérou en particulier, parce qu'une partie des racines de mon épouse sont là-bas.
Le commentaire clos, il me faut passer la balle, et ce sera à Bérénice, M. Poireau, et Le goût des autres…


D'autre part, et cela n'a plus rien à voir avec les cartes postales, j'informe les lecteurs qui l'ignoreraient encore que Google a déverrouillé le blog Sarkofrance ce matin. Sans fournir d'explication, semble-t-il… C'est une excellente nouvelle, longue vie à Sarkofrance!

Enfin, j'avais plus ou moins en tête l'idée de revenir sur l'affaire Hortefeux, et pour cela reprendre à ma façon les propos laissés en commentaire par BA, sur mon billet d'hier. BA voit deux scandales là-dedans: d'abord, les propos racistes de Brice Hortefeux, dont à peu près toute la blogosphère parle. Ensuite, la tentative de censure de Gilles Leclerc, patron de la chaîne Public Sénat, d'où proviennent les images. Je me serais plutôt attardé sur ce dernier aspect, car il illustre parfaitement le risque de mise sous tutelle de l'audiovisuel public qui nous pend au nez, sous le régime de Nicolas Sarkozy… Néanmoins, ce billet risquerait alors de devenir trop long, et BA résume parfaitement les choses dans ses commentaires, que je vous invite à lire…

vendredi 11 septembre 2009

Nicolas 1er et le sapir des choses du dedans.


Ce jour là, le Bien-Aimé Nicolas 1er, Empereur des Franchois, arpentait les allées du parc derrière son palais, de méchante humeur. Le bon Saint-Henri, son conseiller préféré, lui tenait compagnie, silencieux et le regard oblique, attentif à un toujours possible mouvement de colère impérial dont il aurait fait les frais. Comme ils parvenaient aux abords du potager, où s'affairait le jardinier en chef, pourvoyeur de ces poireaux et carottes que Sa Gracieuse Majesté Lala sait comme personne transmuer en sublimes potages, on entendit un bruit de pas précipités. Les deux hommes se retournèrent l'Empereur d'abord —c'est l'étiquette—, le conseiller ensuite, pour voir accourir le Sapir des choses du dedans, hors d'haleine et cependant plus pâle que la mort à la fin des temps. On aurait dit que tout son sang s'était réfugié dans ses pieds, conjecture à laquelle le port de souliers à clous surmontés de hautes chaussettes rouges donnait de la crédibilité. Quoi qu'il en soit, arrivé devant l'empereur, le Sapir esquissa une douloureuse révérence, la main gauche étreignant sa rate, et dit d'une voix mourante:
—Vous m'avez fait appeler, Sire?
—Et comment, Maurice! Ça fait deux heures que j'attends! Non, mais, tu te rends compte? Deux heures… Moi…
D'indignation, notre Phare de la pensée suffoquait presque, et du sang injectait ses yeux à l'azur profond, tel un coucher de soleil en plein midi au bord de la mer.
—J'implore votre mansuétude, Sire: mon mobile était déchargé. Je n'ai trouvé votre Impérial SMS qu'il y a dix minutes…
—Bon, je m'en fous! Tu l'as échappé belle, mon cochon, demande à Riton… Hein, Riton, qu'il est pas passé loin de couic!
—C'est exact, Maurice… Sa Majesté voulait qu'on vous coupe la tête, ce matin.
—Mais, mais, mon Empereur Bien-Aimé, en quoi vous ai-je déplu? hoqueta le Sapir.
«Quand y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'y a des problèmes», c'est bien toi qui a dit ça?
Le Sapir ouvrit de grand yeux d'où s'écoulait l'étonnement bleu le plus vif, pareil aux eaux pétulantes où frétillent des truites vagabondes éberluées.
—J'ai dit ça, moi?
—Oui tu l'as dit.
—Je m'en souviens pas…
—Arrête de déconner, Maurice… Y a une vidéo qui circule sur internet, je l'ai vue, je t'ai entendu de mes propres oreilles…
—Si c'est sur internet, alors c'est une menterie, Sire…, et puis c'est pas bien grave, vu que vos sujets n'ont pas le droit de regarder n'importe quoi, ils seraient dans leur tort.
—Tu me fatigues, je sens que je vais rappeler le bourreau! Figure-toi que je l'ai renvoyé parce que t'arrivais pas, j'avais pas envie de lui payer des heures supplémentaires, à cette feignasse. Il me coupe une tête par quinzaine à tout casser, et ça me coûte la peau du cul. Bon, tu as toujours perdu la mémoire?
—Sire, vous ne voulez pas dire qu'ils m'ont filmé à la fête des Nicoliens de la Gaule du Milieu?
—Si, c'était là.
—Pff! Les salauds! Je vais vous expliquer, majesté… Ma secrétaire venait juste de m'enlever un point noir sur le nez, quand y a ce moricaud qui me demande un autographe. Je lui signe son papier, et en même temps je dis à Solange: quand y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'y a des problèmes. Voilà, c'est tout: je parlais de mes points noirs.
—Faut pas dire un moricaud, et d'une! Ici, on est entre nous, tu peux, mais sinon faut pas dire ça. On dit: «un Franchois comme les autres», et de deux! Parce que maintenant, on a la ligue de défense des Franchois comme les autres qui nous tombe dessus. Faut faire gaffe, Maurice: ils paient la taxe sur les chaussures eux aussi, tu vois pas qu'ils décident de rester pieds nus en représailles?
—Ils ne tiendraient pas longtemps, Sire, si je puis me permettre, intervint le bon Saint-Henri: l'hiver arrive, et ils sont encore plus frileux que les autres Franchois.
—Possible, mais de quoi j'ai l'air, moi? À ta propre demande, j'ai fait décapiter le bailli d'Outrepart le mois dernier, tu te souviens? Il avait traité des Franchoises comme les autres de «gnaquedesnoix», et ça avait fait un scandale gros comme le cul de Mangeline… Et t'avais déclaré: «je ne tolérerai pas de propos racistes dans l'empire», c'était dans Le Journal, même!
Le Sapir des choses du dedans baissa piteusement le nez, en se grattant la fesse droite d'embarras.
—Voulez-vous ma démission, sire?
—Tout de suite les grands mots, comment tu y vas! Non, je te garde. Remarque, si t'étais arrivé à l'heure, c'est sûr, on te la coupait…T'as bien fait d'arriver en retard, j'ai eu le temps de réfléchir. Je me suis rappelé qu'on a été à l'école ensemble, que tu me faisais mes rédacs, tout ça… C'est pas rien, quand même, d'avoir un bon copain pour le dedans! Il me faut quelqu'un de confiance, avec le peuple, on sait jamais, et s'il faut lui rentrer dedans, j'aime autant que ça soit toi qui t'en occupes. Je vais dire au Premier sapir de convoquer le journaliste et Télé-Nicolas pour leur raconter ton histoire de point noir. Et après ça, le premier qui ricane, on l'ébouillante et on l'écorche sur la place publique pour l'exemple!

P-S. L'heure tardive m'a empêché de lire mes confrères… Pour une fois, c'est vers un autre billet de moi que je vous renvoie, publié sur Le Post, en soutien à Sarkofrance

jeudi 10 septembre 2009

Sarkofrance verrouillé?

Sarkofrance vient de recevoir de Blogger, plateforme de Google, l'avertissement que son blog a été verrouillé, ses billets étant assimilés à des spams… Il peut encore publier des messages, mais pour combien de temps?
S'agit-il d'une erreur, ou d'un sale coup de partisans sarkozystes destiné à faire taire une des voix les plus sévères et les plus talentueuses de la blogosphère contre la pouvoir actuel?
Sarkofrance est un site remarquable par la pertinence de ses propos, l'ampleur du travail accompli sans jamais s'abaisser au niveau de l'injure. Nous ne resterons pas sans rien faire!

La répression carbone


La grosse arnaque est donc en route: Nicolas Sarkozy a donné le coup d'envoi à la répression de la détention et usage de CO2. Détention, parce que si vous avez une citerne de fuel chez vous, c'est une substance bourrée de carbone. Usage, parce que dès que vous allumerez votre chaudière vous allez intoxiquer un peu plus la planète. Même délit avec l'essence que vous dissimulez dans votre auto, votre scooter, votre tronçonneuse, etc.
Vous êtes, nous sommes, d'invétérés toxicomanes. Dans la galaxie, on commence à nous montrer du doigt:
—Vous avez vu la Terre? Non seulement ses parages sont une poubelle, mais en plus, les créatures qui la peuplent se shootent au CO2!

Notre président, dans sa louable ambition d'entrer dans l'Histoire autrement que par la chatière, veut sauver le monde. Il a honte de ce qui se colporte sur notre compte de par l'univers, et il veut que notre pays donne à tous les autres le signal du sursaut rédempteur. Bien sûr, nous aurions pu continuer comme ça et attendre le moment où, la dernière goutte de pétrole extraite et vendue aux enchères à prix d'or, il aurait bien fallu s'adapter. Et s'adapter dans la douleur, avec l'océan remontant clapoter à nos portes, avant-hier encore ouvertes sur la campagne. Avec des vagues de Vikings d'un nouveau genre, affamés, dépossédés de leur sol par la nature, déferlant sur nos côtes à bord de coques de noix trop nombreuses pour être repoussées… Bref, toute la souffrance du monde serait tombée sur la nôtre, déjà grande.

C'est pourquoi, dans leur sagesse, le président et les écologiens —qui sont à l'écologie ce que les végétaliens sont au végétarisme—, veulent nous habituer à souffrir dès à présent. Leur plan n'est d'ailleurs pas idiot: ils pensent, grâce à la montée inexorable de la douleur fiscale, inciter les plus malins d'entre-nous à se désintoxiquer à l'aide de véhicules propres, de pompes à chaleur, et autres panneaux solaires. Le problème, c'est que ce ne sera pas l'envie d'être malin qui fera défaut à beaucoup de gens, mais l'argent.

Il y a actuellement en France environ 8 millions de pauvres, et ce chiffre pourrait bien être sous-évalué. Il y a beaucoup plus de gens encore qui tirent le diable par la queue, et bon an mal an, gardent la tête au dessus de l'eau. Ils ont des bagnoles polluantes, achetées d'occasion, ils se chauffent avec des chaudières acquises en des temps meilleurs, des trucs voraces qui dégueulent le carbone sans retenue. Ou bien encore, j'en vois souvent l'hiver dans le midi, des gens qui se chauffent avec des poêles à pétrole, parce que leur logement est mal isolé et qu'allumer leurs vieux convecteurs coûterait trop cher.
Ceux-là, et combien d'autres, n'auront aucune envie de prendre un emprunt à taux zéro dont ils ne pourraient pas rembourser la moindre mensualité. Ils ne se tourneront pas vers la voiture électrique, l'appareil écologique, que la nouvelle taxe voudrait nous inciter à acheter. Il leur faudrait attendre qu'un marché de l'occasion existe, où les trouver pour quelques poignées de figues.
La petite goutte d'impôt répressif, destinée à gonfler davantage chaque année, leur rendra simplement la vie de plus en plus difficile. Et la mer montera sans doute quand même.

P-S. J'ai hésité à consacrer mon billet au mirage brésilien de la perle de la maison Dassault, le Rafale, mais Slovar en parle fort bien… D'autre part, Rimbus, Gauchedecombat, et Abadinte publient des contributions intéressantes à la chaîne «Êtes vous de gauche»… Enfin, il y a le dérapage de B. Hortefeux qui tient la vedette des blogs ce soir, mais le buzz est tel, que j'ai préféré n'en retenir qu'un seul billet, celui de Mrs Clooney

mercredi 9 septembre 2009

Être de gauche?

Sarkofrance a lancé une sorte de défi aux blogs de gauche, histoire d'estimer le degré de conviction de leurs auteurs. Il s'agit pour chacun d'entre eux (ou d'entre elles) de rendre publiques leurs principales attentes politiques. Joignant l'exemple à l'appel, il s'est attaqué lui-même au problème, nous fournissant du même coup une liste de propositions-phares difficiles à éluder, tant elles semblent importantes. Nicolas y a déjà répondu dans deux billets complémentaires, Romain aussi…

Pour ma part, je vais m'efforcer d'y répondre sans respecter le même ordre de priorité.



1— Suppression de l'élection du président de la République au suffrage universel. Je place ceci en tête, car aucune transformation profonde ne pourra se faire sans un changement décisif des institutions. Je suis pour que la désignation du président revienne au parlement, mais à une seule condition: c'est que soit immédiatement institué le Référendum d'initiative populaire. Un véritable référendum, pouvant porter sur la totalité des points de la vie politique, et obligatoirement organisé dès lors qu'un nombre raisonnable de citoyens le demande —indépendamment des élus.
Sans cette indispensable restitution au peuple d'une partie de sa souveraineté, je préfère élire directement le président moi-même, pour rappeler aux parlementaires que le roi, c'est un peu moi, seulement moi. Quitte, dans ce dernier cas, à ce que l'on rende le président révocable par le Congrès.
Parallèlement, comme le suggère Nicolas dans sa propre réponse, il va de soi que devraient être réformées toutes les pratiques actuelles, du haut en bas de l'organisation politique —interdiction du cumul des mandats, et application d'un seul et même code à toutes les communes de France, quelle que soit leur taille, par exemple.

2—Restaurer la Sécu dans son efficacité originelle, par la nationalisation de fait des Assurances-santé, comme le suggère aussi Nicolas, et plus largement de tout le secteur santé (à l'exclusion de la médecine de ville). Assurer son financement en taxant la totalité des revenus. Annuler toute les réductions de charges sociales.

3— Nationalisation des services de transports, de l'énergie, de l'eau. Nationalisation du secteur bancaire (avec indemnisation à échéance aussi lointaine que nécessaire).

4— Nationalisation de l'industrie d'armement, ratification des traités interdisant la fabrication et l'utilisation de certaines munitions, telles que les bombes à fragmentation.

5—Assujettir tout le monde à l'impôt sur le revenu, même de façon symbolique pour les Français les plus pauvres, après suppression de la TVA…

6— Rendre effective la séparation des pouvoirs, à commencer par la Justice, dont le budget doit être accru.

7— Maintenir la pluralité des médias, mais placer l'audiovisuel public sous la seule autorité d'un organisme indépendant, dont les membres pourraient être élus à la proportionnelle (en fonction des résultats aux législatives), parmi des candidats présentés par les partis.

8—Comme Nicolas encore, je trouve urgent de sauver la retraite par répartition, et l'âge du départ fixé à 60ans… Comment? Heu… Peut-être en récupérant une partie des bénéfices des sociétés.
Et puis, plutôt que de songer à faire bosser les gens jusqu'au cimetière, pourquoi ne pas faire cotiser les enfants dès la naissance, hein?

9— Donner le droits de vote aux élections locales à tous les immigrés résidant en France depuis au moins 3 ans. J'avoue être plus circonspect pour les élections nationales.

10— Sarkofrance place en 4e position le souhait de voir taxer l'héritage à 80%… J'approuve la proposition dans le cas des grosses fortunes, mais ce serait injuste pour la plupart des transmissions de patrimoines, qui sont modestes. De plus, les successions se réglant en général au premier décès dans un couple, taxer tout le monde à 80% aboutirait à ficher à la rue beaucoup de conjoints survivants. Il est préférable de fixer un seuil à ce genre d'imposition.

11—Compliquer la vie des exilés fiscaux notoires lorsqu'ils viennent sur le territoire —ce qui devrait devenir plus rare, avec l'avènement d'une justice indépendante…

12— Encadrer très sérieusement la mise en ligne de chaînes de blog, notamment par l'obligation d'en soumettre le thème à l'appréciation d'une commission dont je serais président, avec appartement de fonction dans le 7e arrondissement de Paris, berline et chauffeur, rémunération, etc.

Il va sans dire que plusieurs de ces propositions, comme la suppression ou l'affaiblissement substantiel de la TVA, relèvent des vœux pieux, si pour commencer, notre pays n'exigeait pas de renégocier les traités européens afin de leur donner une orientation plus sociale que commerciale…
image: mon paillasson

P-S. Je me demande s'il ne faudrait pas aussi remplacer la Star-Ac, à la télévision par un Interville démocratique?

mardi 8 septembre 2009

Le Top 20 de Davos est sorti!

La blogosphère, qui se focalise volontiers sur le classement Wikio, oublie qu'il existe d'autres instruments de mesure de l'influence. Ainsi, il y a par exemple le Davos, émanation du fameux forum dont je simplifie l'intitulé exact par commodité, qui se donne pour but de hiérarchiser les pays selon leur compétitivité globale. A la différence du Wikio, mensuel, «The Global Competitiveness Report: Country Profile Highlights» (vous voyez: Davos, c'est tout de même plus simple), est publié annuellement.
Comme pour le Wikio, l'intérêt se focalise plutôt sur le top 10, mais j'ai la faiblesse de vous le livrer étendu au top 20, par patriotisme, afin que notre glorieux pays apparaisse à son rang honorable.
Cette année, on assiste à une petite révolution que l'on pourrait comparer, toutes proportions gardées, à l'accession de PMA naguère au sommet du Wikio. Je veux parler de l'arrivée de la Suisse en tête du classement, où elle détrône les États Unis d'Amérique.
Voilà bien la preuve que l'on peut s'accommoder des complications et lenteurs d'une véritable démocratie, et briller en matière de compétitivité économique. Et n'allez pas croire que ce succès s'explique avant tout par l'importance du secteur bancaire helvétique, à la réputation sulfureuse. Pas du tout! En ce domaine, la Suisse subit comme les autres pays le choc de la crise financière.
Ce qui lui vaut d'être devenue première de la classe, ce sont ses «excellentes capacités d'innovation», ses dépenses élevées en «recherche et développement», ses institutions de recherche scientifique reconnues parmi les meilleures du monde…, sans oublier l'efficacité et la transparence de ses établissements publics, et l'existence d'un «pouvoir judiciaire indépendant» adossé à une «règle de droit fort»… J'énumère ces appréciations, prises parmi d'autres, pour les confronter en esprit à ce dont est capable dans les mêmes domaines notre caricature de démocratie.
Voici donc le Davos 2009:
1 Suisse (+1)
2 USA (—1)
3 Singapour (+2)
4 Suède =
5 Danemark (—2)
6 Finlande =
7 Allemagne =
8 Japon (+1)
9 Canada (+1)
10 Pays-Bas (—2)
11 Hong Kong 11 =
12 Taiwan (+5)
13 Grande Bretagne (—1 après —3 en 2007/2008)
14 Norvège (+1)
15 Australie (+3)
16 France =
17 Autriche (—3)
18 Belgique (+1)
19 Corée (—6)
20 Nouvelle Zelande (+4)

Bien entendu, comme tout classement, celui-ci est régulièrement contesté, paraît-il. Selon Le Temps, il est basé à 70% sur des sondages dans les milieux d'affaires, et pour 30% sur des statistiques… Conclusion: faire des liens en matière de compétitivité internationale permettrait d'automatiser le tableau d'honneur et d'atténuer le poids du facteur humain dans les appréciations… Le Wikio a du bon!

P-S. Seb publie aujourd'hui un bon billet sur la sécu et les projets du gouvernement, dont je parlais hier, et Falconhill dresse l'inventaire des taxes de Nicolas Sarkozy, impressionnant.
Homer fête aujourd'hui les trois ans d'existence de son blog: bon anniversaire!

lundi 7 septembre 2009

Humeurs de rentrée

L'actualité s'est réveillée, sans pour autant m'inspirer beaucoup plus que de l'accablement. De l'affaire Clearstream aux coquetteries présidentielles à l'occasion des visites d'usine, il y a pourtant de quoi faire, Nicolas Sarkozy est partout! À propos de Clearstream —que mon gadget spécialisé traduit par «flots clairs», un comble!–, Sarkofrance a si bien résumé l'essentiel de ce futur procès politique, qu'il me paraît inutile d'ajouter quoi que ce soit, à ce jour.

Il y a le retour annoncé des malversations légales à l'encontre de notre système de santé. Le forfait hospitalier va augmenter, les remboursements de certains médicaments vont diminuer… J'ai entendu à la radio un personnage officiel dont j'ai oublié le nom dire que ces montants n'ont pas été réactualisés depuis plusieurs années, comme si la santé devait être soumise aux cours du pétrole et du gaz. Le même individu relativisait l'importance de cette nouvelle agression en se défaussant par avance sur les mutuelles.
D'une part, c'est oublier qu'entre les assurés sociaux pauvres bénéficiant de la CMU, et les assurés mutualistes, il existe une quantité appréciable de Français qui n'ont pas droit à la première et ne peuvent s'offrir de mutuelle. D'autre part, les coups répétés portés à notre système de santé dans son ensemble par Nicolas Sarkozy et sa bande, qui nous mènent à marche forcée vers une privatisation à l'américaine, sont intolérables. Il faut que notre société, jadis si réactive, ait été gagnée par la placidité des ruminants pour l'accepter aussi facilement. Notre pays a fait des révolutions et renversé des autocrates pour moins que cela!

Il y a aussi la taxe carbone, qui ne finit plus d'agiter médias et politiques… Faut-il en parler encore et redire notre opposition de citoyens, dont on sait que le pouvoir se fiche parfaitement? Rimbus, hier, soulignait avec pertinence «Les carences de M. Hulot», un monsieur Hulot dont il est aujourd'hui abondamment question dans la presse. Le brillant télé-aventurier et défenseur de l'environnement vole au secours de la taxe dans une interview à Libération. Sans complexe ni pudeur, il nous explique qu'il «serait injuste et dangereux (…) de livrer ceux qui sont en situation de précarité aux effets d'une crise majeure sans anticiper.» Il faut habituer dès à présent les faibles à recevoir des coups dans la gueule, afin qu'ils s'aguerrissent, en somme. Ce qui me choque dans cet impôt concocté par ceux qui veulent que la planète leur reste douce, c'est qu'il va appauvrir un peu plus les pauvres, contribuer à leur rendre la vie plus infecte, sans le moins du monde leur offrir d'alternative. Les gens modestes n'auront JAMAIS les moyens de prendre des mesures efficaces pour économiser l'énergie, moins polluer. Ils feront peut-être pire demain, en trouvant le moyen de brûler les combustibles les plus infâmes qu'ils pourront se procurer à bas prix.

L'avenir de la planète, l'écologie, ne me laisse pas plus indifférent qu'un militant des Verts. Au début des années 70, j'avais écrit avec ma compagne un roman pour la jeunesse traitant de la pollution, qu'Alain Bombard nous fit l'amitié de préfacer, alors qu'il en était peu ou pas question encore dans cette littérature. Nous étions parfaitement conscients dès cette époque des problèmes à venir, et nous espérions même qu'une écologie politique voie le jour. Elle est venue, cette écologie politique, nous l'avons soutenue à notre modeste niveau, il nous arrive parfois d'approuver ses dessins, mais nos illusions ce sont envolées. Pour quelques déclarations réjouissantes d'un Noël Mamère, il y a l'intransigeance des intégristes de ce courant qui ne passe plus, ou les comportements opportunistes comme la migration d'un J-L. Bennhamias vers le MoDem… L'écologie pour rester respectable ne peut se compromettre avec la droite sans être soupçonnée de dogmatisme et d'être prête à tout pour parvenir à ses fins. L'écologie ne peut se réduire à elle-même, sans vision de justice sociale, et donner le sentiment d'aspirer à faire de la planète un jardin pour l'élite, tandis que les plus modestes seraient parqués on ne sait où dans leur fange.

Pour terminer, il y a l'histoire navrante et cependant drolatique, des exigences de l'Élysée, lorsque le président doit paraître en public. Tout le monde en parle aujourd'hui, mais je n'y reviendrai pas, ayant déjà traité le sujet dès Vendredi dernier, après la lecture du journal Le Temps, le premier à en avoir parlé à ma connaissance.

P-S, je pensais mettre en lien dans mon billet celui de «Bah!? by CC» sur la pollution, mais en fait, c'est toute la série Épidémie, qui mérite le détour!