Yann Savidan et Nicolas se sont demandé ce qu'est un blog, et le premier, qui est un professionnel du blogage, m'a invité à vider mon sac à ce propos. C'était la semaine dernière, il faut que je me dépêche de gratter les restes d'intérêt qu'ils ont abandonnés pour combler mon manque d'inspiration aujourd'hui. Non, je n'ai pas envie de parler de l'actualité politique, particulièrement rébarbative en ce moment. Rébarbatif ne veut pas dire sans importance, notez bien, simplement je trouve les derniers événements trop rudes et ennuyeux.
Prenez le clash entre Ségolène Royal et Vincent Peillon… Il me navre comme si je voyais après un accident grave, deux éclopés de ma famille se bagarrer à l'hôpital avec leurs béquilles. Pas envie de parler de ça, j'ai un peu honte. Ce qui me ferait plaisir et me stimulerait sans doute, ce serait que le PS nous annonce qu'il va livrer bataille pour bâtir une 6e République, complètement différente des précédentes. Aussi gouvernable que l'ancienne, mais réellement contrôlée par les représentants du peuple, et lui reconnaissant le droit d'avoir le dernier mot. Je parierais que la paix reviendrait vite entre les candidats à l'investiture pour la présidentielle. Et si ce n'était pas le cas, cela n'aurait aucune importance: on s'en ficherait, vu que n'importe qui ferait l'affaire.
Donc je ne parle pas de ça, ni du grand emprunt qui sera réservé aux marchés, parce que je n'ai pas encore compris à quoi il va servir et qui va le rembourser, étant donné le niveau actuel de la dette nationale. Les enfants des enfants des enfants de nos enfants?
Un moment, j'ai cru entrevoir une lueur d'espoir du côté de François Fillon au congrès des maires de France. C'était hier, du réchauffé certes, mais il y avait de quoi en tirer peut-être une fiction amusante. Nos magistrats municipaux priés de se déchausser avant d'entrer dans la salle, pour éviter au premier ministre de succomber sous des tirs nourris de tatanes… Et pendant ce temps, l'autocrate qui s'est mis au vert —enfin, au sable plutôt… Inutile de m'étendre: l'idée s'est étiolée à peine envisagée. Comment restituer les affres de ces braves maires, affolés de devoir encore augmenter nos impôts locaux, après la disparition de la taxe professionnelle? C'est souvent sympathique, et en principe toujours utile, un maire.
Ce n'est pas par hasard, d'ailleurs, que j'ai parlé de maire à ce point de mon billet: ce blog est né en réaction à l'élection contestable de celui qui fut à la tête de mon village jusqu'au printemps dernier. Pendant quelques mois, après les municipales, je dois reconnaître qu'il a été la cible privilégiée de mon ironie, tandis que je m'étais joint à ceux qui voulaient obtenir sa démission. Je ne regrette pas d'avoir fait ce choix, mais lorsque je regarde en arrière, il y a une justice que je voudrais rendre à cet homme…
J'ai perdu des amis avec mes premiers billets, des fossés se sont creusés avec certaines personnes, des gens ont cessé de me saluer du jour au lendemain: rien d'extraordinaire, au fond, mais cela engendrait quelquefois une tension éprouvante. Il y avait pourtant quelqu'un qui ne détournait jamais la tête sur mon chemin, qui offrait à l'occasion une poignée de main, répondait à mon bonjour, et rendait sourire pour sourire, une lueur malicieuse dans le regard: c'était l'adversaire, le maire.
Il se trouve qu'il choisit plus tard de démissionner, mais c'est la maladie qui l'y poussa, car le conflit s'était assoupi depuis longtemps…
Pour moi, un blog c'est d'abord ça, un outil pour ouvrir sa gueule, dire ce que l'on pense de la marche des choses: celles de sa commune, celles du pays si l'on se passionne pour la politique, celles du monde, quand on a un gros appétit.
C'est accessoirement un endroit pour m'obliger à écrire quotidiennement ou presque, en m'amusant autant que possible, mais c'est une autre histoire.
Puisque je suis revenu à la chaîne de Nicolas, il me faut dire aussi la différence que je vois entre un blog, et un site comme LePost… Et je vais botter en touche: ce n'est pas comparable. Le Post est une grosse machine avec une équipe de vrais journalistes produisant du contenu, au même titre que les blogueurs qui y sont hébergés. J'ai moi-même une page chez eux, et chaque article y trouve apparemment beaucoup plus de lecteurs que sur le Coucou… Néanmoins, ici, je gère le blog, le décore comme il me plaît, j'applique ma propre charte morale. Je suis chez moi.
P-S. Puisque je suis dans une chaîne, je vous invite à lire le billet de Constance, sur le thème de mon billet d'hier…
P-S du 19 novembre: l'une des personnes évoquées sur un ton de plaisanterie dans la première version de ce billet, ancien maire de Claviers, est décédée ces jours derniers. Je l'ignorais ce matin encore, et du coup, j'ai modifié un paragraphe qui me paraissait soudain malvenu. Je présente mes excuses et mes condoléances à la famille.
Prenez le clash entre Ségolène Royal et Vincent Peillon… Il me navre comme si je voyais après un accident grave, deux éclopés de ma famille se bagarrer à l'hôpital avec leurs béquilles. Pas envie de parler de ça, j'ai un peu honte. Ce qui me ferait plaisir et me stimulerait sans doute, ce serait que le PS nous annonce qu'il va livrer bataille pour bâtir une 6e République, complètement différente des précédentes. Aussi gouvernable que l'ancienne, mais réellement contrôlée par les représentants du peuple, et lui reconnaissant le droit d'avoir le dernier mot. Je parierais que la paix reviendrait vite entre les candidats à l'investiture pour la présidentielle. Et si ce n'était pas le cas, cela n'aurait aucune importance: on s'en ficherait, vu que n'importe qui ferait l'affaire.
Donc je ne parle pas de ça, ni du grand emprunt qui sera réservé aux marchés, parce que je n'ai pas encore compris à quoi il va servir et qui va le rembourser, étant donné le niveau actuel de la dette nationale. Les enfants des enfants des enfants de nos enfants?
Un moment, j'ai cru entrevoir une lueur d'espoir du côté de François Fillon au congrès des maires de France. C'était hier, du réchauffé certes, mais il y avait de quoi en tirer peut-être une fiction amusante. Nos magistrats municipaux priés de se déchausser avant d'entrer dans la salle, pour éviter au premier ministre de succomber sous des tirs nourris de tatanes… Et pendant ce temps, l'autocrate qui s'est mis au vert —enfin, au sable plutôt… Inutile de m'étendre: l'idée s'est étiolée à peine envisagée. Comment restituer les affres de ces braves maires, affolés de devoir encore augmenter nos impôts locaux, après la disparition de la taxe professionnelle? C'est souvent sympathique, et en principe toujours utile, un maire.
Ce n'est pas par hasard, d'ailleurs, que j'ai parlé de maire à ce point de mon billet: ce blog est né en réaction à l'élection contestable de celui qui fut à la tête de mon village jusqu'au printemps dernier. Pendant quelques mois, après les municipales, je dois reconnaître qu'il a été la cible privilégiée de mon ironie, tandis que je m'étais joint à ceux qui voulaient obtenir sa démission. Je ne regrette pas d'avoir fait ce choix, mais lorsque je regarde en arrière, il y a une justice que je voudrais rendre à cet homme…
J'ai perdu des amis avec mes premiers billets, des fossés se sont creusés avec certaines personnes, des gens ont cessé de me saluer du jour au lendemain: rien d'extraordinaire, au fond, mais cela engendrait quelquefois une tension éprouvante. Il y avait pourtant quelqu'un qui ne détournait jamais la tête sur mon chemin, qui offrait à l'occasion une poignée de main, répondait à mon bonjour, et rendait sourire pour sourire, une lueur malicieuse dans le regard: c'était l'adversaire, le maire.
Il se trouve qu'il choisit plus tard de démissionner, mais c'est la maladie qui l'y poussa, car le conflit s'était assoupi depuis longtemps…
Pour moi, un blog c'est d'abord ça, un outil pour ouvrir sa gueule, dire ce que l'on pense de la marche des choses: celles de sa commune, celles du pays si l'on se passionne pour la politique, celles du monde, quand on a un gros appétit.
C'est accessoirement un endroit pour m'obliger à écrire quotidiennement ou presque, en m'amusant autant que possible, mais c'est une autre histoire.
Puisque je suis revenu à la chaîne de Nicolas, il me faut dire aussi la différence que je vois entre un blog, et un site comme LePost… Et je vais botter en touche: ce n'est pas comparable. Le Post est une grosse machine avec une équipe de vrais journalistes produisant du contenu, au même titre que les blogueurs qui y sont hébergés. J'ai moi-même une page chez eux, et chaque article y trouve apparemment beaucoup plus de lecteurs que sur le Coucou… Néanmoins, ici, je gère le blog, le décore comme il me plaît, j'applique ma propre charte morale. Je suis chez moi.
P-S. Puisque je suis dans une chaîne, je vous invite à lire le billet de Constance, sur le thème de mon billet d'hier…
P-S du 19 novembre: l'une des personnes évoquées sur un ton de plaisanterie dans la première version de ce billet, ancien maire de Claviers, est décédée ces jours derniers. Je l'ignorais ce matin encore, et du coup, j'ai modifié un paragraphe qui me paraissait soudain malvenu. Je présente mes excuses et mes condoléances à la famille.
12 commentaires:
Et on se sent chez soi.
C'est de là que viennent les problèmes !
Mtislav,
pas vraiment compris… Il n'y a pas de problèmes dans mon billet.
Et si un blog s'était un travail sur soi. Je m'efforce sans grande constance de tenir un blog dont je te remercie d'être un des deux membres. Pourquoi ? Parce que j'ai une orthographe absolument impossible et un passage à l'écrit de ma pensée problématique. Chaque billet et donc une torture que je m'inflige pour travailler sur moi-même.
Un linguiste dirait san doute que le blog est un métalangage.
Un blogger dirait...euh...écriture? pensée en mouvement? plaisir? rage? Si je cherchais à le savoir, écrirais-je sans doute le mot "fin" dès maintenant!
Personnellement, si j'étais encore de gauche, je me soucierais d'ores et dzéjà de la présidentielle de 2017. Parce que, franchement, pour 2012, vlous êtes de plus en plus grostesque.
Et c'est assez triste, même vu de chez moi.
Didier,
Ta gueule.
Le Coucou,
C'est peut-être l'intérêt du blog, on n'arrive à définir ce dont il s'agit ! Et ça légitime donc le fait qu'on y fasse ce qu'on veut...
David,
un travail et un dépassement de soi, peut-être. Je trouve que tu parviens très bien à formuler ta pensée, aussi bien en commentaire que dans tes billets.
Hermes,
tout ça à la fois, et un côté exhibition plus ou moins prononcé qui n'avait pas d'équivalant avant l'arrivée d'internet.
Didier,
c'est long trois ans! Et si on vous surprenait?
Nicolas,
il y a tant de types de blogs différents! Et puis tu as raison: personne ne peut vraiment définir clairement le blog actuellement. C'est un genre nouveau, non abouti, qui se construit avec nous. Il peut donc être ce que l'on veut, ou presque.
Un blog c'est fait pour ouvrir sa gueule c'est vrai mais pas que ça;c'est aussi mettre en évidence les sujets d'actualités au plus prêt dans le temps, et aussi faire savoir toutes les choses anormales qui interpellent un tout petit peu ou rendre hommage à un texte qui te semble bon pour X raisons!C'est aussi te laisser croire que tu existes encore un peu dans ce monde de brutes!C'est surtout la grande possibilité de faire savoir à un maximum de gens sur la toile ce que tu penses des évements au jour le jour et un très petite chance de les faire revenir pour suivre cette route qui est sans fin et sans but précis!Bonne nuit mon "coucou" j'ai été bavard!
Je n'entends personne parmi les putatifs aux primaires du PS proposer de devenir calife à la place du calife mais pour en atténuer le rôle. C'est étrange…
:-))
Qu'est-ce qu'un blog?
Un lieu d'expression personnel ouvert aux autres et ce sans transactions financières, sans contrôle hiérarchique (ou autre), sans obligations de rendement, de rythme ou de thèmes.
En quelques mot, un espace libre sur lequel je peux exprimer mes émotions, mes doutes ou mes pensées, sur lequel je peux raconter des expériences ou des rencontres, analyser des faits d'actualité ou de politique, défendre les idées auxquelles je crois (par les temps actuels elles ont bien besoin d'être défendues), partager des souvenirs ou des lectures.
J'aime bien l'idée de partage.
Et ô merveille, j'ai des lectrices, des lecteurs, qui parfois commentent.
Et puis,surtout, c'est un amusement. Un amusement qui me permet des rencontres, des échanges, des débats et tout cela assise dans mon salon, face à la colline, un rayon de soleil jouant sur mon clavier...
Je suis peu optimiste sur cette belle liberté d'expression, je ne dirai pas qu'elle est déjà condamnée mais si la tendance actuelle (d'innombrables politiques, journalistes, people, hurlent contre Internet), bref si cette tendance continue des verrous apparaitront qui bloqueront la parole.
Or cette parole, elle émane de citoyens anonymes qui sans Internet n'auraient pratiquement aucune opportunité de se faire entendre.
À tous: j'ai modifié un paragraphe de ce billet d'hier, en raison d'une information que j'ignorais en rédigeant celui-ci.
Macao,
quand je disais ouvrir sa gueule, c'était une manière sommaire de définir le besoin de s'exprimer. C'est fou la variété de ce qui peut s'échapper d'une gueule: pas seulement des rugissements, des plaintes, et de l'agressivité. Tout ce que tu énumères en fait partie aussi, bien entendu, mais j'ai été un peu expéditif en écrivant ça. Un grand merci pour ta contribution! :-)))
M. Poireau,
c'est tout le problème. On n'en sortira jamais, sauf si la base, par je ne sais quel miracle, pouvait promouvoir de nouveaux dirigeants porteurs d'un programme de ce genre. ;-)
Celeste,
j'aurais dû prolonger la chaîne et vous passer le bébé! En ce moment, je suis des plus distraits… Vous définissez parfaitement un blog idéal, apaisé, qui pend le temps de mûrir ses propos. Nous ne sommes pas nombreux de votre espèce, je crains, surtout en donnant la priorité aux réactions politiques. Sur votre dernier paragraphe, je suis perplexe et très fluctuant selon les jours. Je me dis parfois qu'il est déjà trop tard pour que le pouvoir puisse "pacifier" internet, au sens impérial que je prête au terme. Le prix à payer en surcroît de rébellion serait lourd. Mais d'autres fois, j'ai l'impression que cela est en cours, et qu'un contrôle se met petit à petit en place —en douceur, en quelque sorte…
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