samedi 31 juillet 2010

Qui sera déchu le premier ?

Comment tenter de se débarrasser d'une affaire nauséabonde qui vous colle à la peau, comme le scandale Bettencourt? Nicolas Sarkozy veut déchoir de la nationalité française «toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un militaire de la gendarmerie, ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique.» Cette manière typique du bonhomme de faire du bruit avec sa bouche pour ne rien dire de sensé m'inspire trois réflexions.

La première c'est que d'après les commentateurs informés, une telle disposition risque d'être inconstitutionnelle et inapplicable. Nicolas Sarkozy s'en fiche, ce qu'il souhaite avant tout c'est trépigner en singeant la fermeté, pour que les imbéciles le croient efficace. Il est cependant l'homme politique qui a provoqué le plus d'insécurité et qui a le plus échoué dans la lutte contre celle-ci.

La deuxième observation, c'est que cette rodomontade est parfaitement insultante pour les victimes qui ne sont ni policiers, ni gendarmes, ni dépositaires de l'autorité publique.

La troisième réflexion est aussi une conclusion: si M. Sarkozy réussit à faire passer ce genre de loi, espérons qu'il en sera la première cible. N'oublions pas qu'il est soupçonné d'avoir joué un rôle dans les rétro-commissions délictueuses ayant entraîné la mort de Français dans l'attentat de Karachi. Le vote d'une telle loi impliquerait que la justice puisse fouiller sans la moindre entrave jusque dans les bidets de la république pour savoir si oui ou non, l'homme qui trône à l'Élysée mérite de terminer son mandat. S'il est réellement impliqué dans cette affaire, ce serait un superbe exemple à donner aux truands de toutes sortes que de le déchoir de ses fonctions, et de cette nationalité française à laquelle il fait de toute façon si peu honneur.

P-S Toff de Aix a ouvert un blog, chouette, ses commentaires ici seront plus brefs ! Je n'ai pas encore eu le temps de le lire, mais il vous attend pour couper le ruban neuf de son compteur de visite…

vendredi 30 juillet 2010

L'abus de vertu est dangereux, au volant de la république

La république irréprochable n'a pas que des qualités, ses excès de vertu peuvent se révéler aussi choquants que certains abus d'une république pervertie. Ainsi, aujourd'hui, le monde politique et les citoyens ordinaires se rejoignent-ils dans la réprobation des méthodes dont a usé la police, diligentée par le procureur de Nanterre, à l'égard du ministre Éric Woerth.

C'était hier matin, vers neuf heures. Monsieur le ministre prenait son petit-déjeuner au lit, encore tout ensommeillé dans son pyjama de jogging, quand soudain des policiers ont fait irruption dans sa chambre. Ils lui signifièrent sèchement qu'à fin d'interrogatoire, il allait être placé en garde à vue, et refusèrent de lui permettre de se changer, ainsi qu'il le demandait timidement. On lui passa des menottes aux poignets, on l'entraîna en jogging blanc jusque dans la cour du ministère. Sous les yeux de tout le personnel agglutiné aux fenêtres, personnel qui contenait à grand peine son indignation, on l'embarqua dans un fourgon à destination du lieu de son interrogatoire. Le calvaire de M. Woerth se prolongea huit heures durant, tandis que la nouvelle semait la consternation à travers le pays.

Sont-ce là des manières d'agir envers un grand serviteur de l'État, jusqu'à preuve du contraire? Fidèle à sa réputation d'intransigeance, le président Sarkozy n'a pas levé un petit doigt en faveur de son ministre. Il ferait bien cependant de méditer sur l'émoi suscité par cette affaire, et de faire violence à son sens du devoir pour mettre un peu d'humanité dans la société sans reproche qu'il souhaite nous léguer. Ce n'est pas parce que l'on est puissant et haut placé que l'on a moins de droits que les autres, non mais!

jeudi 29 juillet 2010

Tiens, il y a une ministre de la Justice

Michèle Alliot-Marie est intervenue dans une tribune du Monde pour défendre l'honneur de sa justice. Celle qui, placée sous le contrôle du président, s'expose chaque jour ou presque au mépris des Français. Parce qu'il n'a jamais été aussi évident qu'il y a désormais deux justices dans ce pays. L'une qui fonctionne pour résoudre les problèmes des gens ordinaires, comme vous et moi qui la connaissons mal, et qui juge, suppose-t-on en toute indépendance. L'autre qui veille dans l'ombre à la protection du pouvoir et de ses amis.

C'est la réputation de la seconde que la ministre prétendait restaurer, la mêlant à la justice commune, et réfutant de fait une dichotomie que nul n'ignore plus. Il est vrai qu'il est presque impossible d'en délimiter les contours indécis. Les lignes en ont été tracées par des coups d'échecs complexes, débutés avant même l'élection de Nicolas Sarkozy, au gré de nominations-promotions verrouillant les affaires que l'on pressentait à venir.

Mme Alliot-Marie prend de haut la dénonciation d'une justice aux ordres, mais peut-on qualifier autrement une justice dans laquelle un procureur, ami notoire de Nicolas Sarkozy, placé sous l'autorité du gouvernement, confisque littéralement un dossier compromettant pour le président? Dans une république digne, où la séparation des pouvoirs serait respectée, un homme sans reproche s'interdirait pour commencer de diriger l'enquête sur une affaire concernant de près ou de loin un ami. À plus forte raison lorsqu'il se trouve lui-même mêlé d'obscure manière à certains détails de cette affaire, comme c'est le cas pour le procureur Courroye dont le nom apparaît dans les enregistrements effectués chez Mme Bettencourt. Que dire des entraves infligées par le même procureur au travail d'une juge indépendante, dans un autre aspect du dossier?

Un jour, peut-être verrons-nous avec étonnement M. Courroye inculper, ou mettre contre toute attente sur la sellette d'autres gens que des lampistes. On ne pourra s'empêcher d'y voir davantage un sursaut d'orgueil que l'effet d'une conscience irréprochable. Il aura tout de même contrecarré la marche d'une justice sereine et impartiale.

P-S, crime dans la blogosphère: @intox2007 a tué @Dagouik !

mercredi 28 juillet 2010

Des vaches folles à la Commission Européenne

Chère Commission Européenne, comme elle veille maternellement sur nos petites santés! Après avoir autorisé le maïs de Monsanto en 1998, puis la culture des pommes de terre OGM au mois de mars dernier, et fait au début du mois des propositions visant à faciliter carrément la culture d'OGM en Europe, la voici qui se préoccupe encore de notre nourriture…

Il s'agit cette fois d'autoriser le retour des farines animales pour l'alimentation des poissons, porcs, et volailles. Nous avons encore des frissons dans le dos au souvenir de la vache folle et du spectre de la maladie de Creutzfeldt-Jakob planant sur nos assiettes, et voilà que l'on nous repasse le plat interdit! Si vous n'aviez que 10 ans lorsque la peur de la viande de bœuf a saisi les ménages, fait grimper en flèche le prix du poulet et du poisson, peut-être ne connaissez-vous pas l'origine de ce cauchemar?

Autour des années 90, en Angleterre suppose-t-on, des génies de l'élevage avaient eu l'idée de nourrir les vaches (et autres bestiaux), avec des farines tirée sde… la barbaque de vache. Comme il est inévitable que cela arrive dans le monde des marchands, quelqu'un trouva plus lucratif de moins chauffer la viande de bœuf au cours de la préparation de ces farines. Le prion responsable de la maladie dite: «encéphalite spongiforme bovine» en profita pour contaminer le bétail. Les vaches se mirent à crever par centaines de milliers, d'innombrables troupeaux furent sacrifiés par précaution. Et la viande vendue au cours des années précédentes contamina 200 et quelques personnes en Europe, atteintes de la forme humaine du mal, appelée maladie de Creutzfeldt-Jacob… Certes, l'hécatombe que certains prophétisaient ne s'est pas produite, mais il y a eu de nombreuses victimes un peu partout en Europe, et actuellement encore, une italienne de 42 ans souffrant de cette maladie se trouve dans le coma.

Les éleveurs réclament paraît-il le retour des farines animales, source commode de protéines, et la Commission envisage de les satisfaire, moyennant le respect de strictes mesures de précaution. On est d'avance rassurés, connaissant le sens inné du profit de tous ceux qui font métier de nous tondre comme des moutons.

P-S un peu d'auto-promotion: le 7e épisode des Poussegrain est en ligne dans la pièce à côté; Quant à CC, son feuilleton de l'été en est à la 3e livraison; Arf évoque son aïeul, l'ami Faucon pleure le sien; Constance salue en images la fin de la corrida en Catalogne…

mardi 27 juillet 2010

La main de la Suisse dans la culotte d'Éric

On en apprend de belles aujourd'hui à la lecture de la Tribune de Genève! Dans une interview accordée le 14 juillet à l'Oise-Hebdo, Éric Woerth accusait les «intérêts suisses» d'être à l'origine de sa déroute politique. Selon lui, il aurait «fait très très mal» à des intérêts suisses, et du coup, il se trouverait chez nos voisins des gens qui l'ont «mis au premier rang des hommes à abattre»

Comment a-t-il fait mal aux intérêts en question? Ben, souvenez-vous des fichiers de fraudeurs du fisc français volés à une banque de Genève… M. Woerth les a utilisés quand il était ministre du Budget.
Au passage, la Tribune nous rappelle un détail savoureux: M. Woerth s'est servi de fichiers de provenance délictueuse malgré «les protestations véhémentes des autorités helvétiques». Il est donc parfois normal d'utiliser des documents obtenus par des méthodes illicites, à des fins de justice —fiscale dans le cas présent…
On appréciera le rapprochement avec les enregistrements clandestins qui rendent douteuse la moralité de M. Woerth, et partant inopportune sa présence au gouvernement.

Revenons toutefois à la main des intérêts suisses poursuivant M. Woerth de sa haine implacable. Le ministre ne dit pas comment elle a procédé pour lui nuire, mais on peut l'imaginer…
En janvier 2009, dès qu'ils eurent vent de la saisie des fichiers bancaires litigieux (effectuée à la demande des autorités judiciaires suisses), les pernicieux intérêts d'Helvetie ne perdirent aucune seconde. Entrés en contact avec le majordome de Mme Bettencourt —sans doute un agent dormant des services du secret bancaire suisse—, ils le persuadèrent d'enregistrer en cachette les conversations de la dame avec ses collaborateurs. Afin de ne rien négliger et de s'assurer qu'il y aurait matière à embarrasser sérieusement M. Woerth, ils activèrent un autre espion de leur réseau: Patrice de Maistre. C'est ainsi que dès le mois de mai suivant, l'enregistreur était sous la table, tandis que M. de Maistre commençait à émailler ses propos de «le ministre» par ci, «M. Woerth qui est très gentil» par là…
Il ne restait plus aux Suisses qu'à donner l'ordre de publication à leur agent autorisé à tuer: Mediapart.fr…

Evidemment, M. Woerth, ligoté par son sens du devoir, n'a pas tout révélé à l'Oise-Hebdo: ainsi on ignore officiellement quel doigt de la main helvéte a décidé de sacrifier une grande amie de la Suisse comme Mme Bettencourt. L'index s'appellerait Netslé, que cela n'aurait rien d'étonnant: la vengeance se doublerait alors d'une préparation d'artillerie en vue d'une OPA hostile à venir contre un fleuron de notre industrie nationale. Conclusion: Éric Woerth prend les français pour des cons.

P-S : les farines animales reviendront-elles dans nos assiettes? Deuxième épisode du feuilleton de l'été chez CC… Mise en route d'Hadopi, chez Falcon…

lundi 26 juillet 2010

Pot-pourri

Le testament de madame Bettencourt a été saisi chez son notaire. Je ne suis pas dedans, c'est bien dommage. Son avocat proteste énergiquement contre cette intrusion dans l'intimité de Mme Bettencourt. Il a bien raison, les histoires d'argent, c'est comme les affaires de cœur, c'est intime. D'ailleurs, on fait souvent des histoires avec le cœur et des affaires avec l'argent, ça prouve qu'on peut les confondre, surtout dans le noir.
L'avocat de Mme Bettencourt prévient aussi que de toute façon, le testament de sa cliente a changé, il y en a un autre quelque part. C'est le dernier qui est le bon. Du coup, je garde toutes mes chances. Me Kiejman m'a rassuré, c'est un brave homme.


Il y a une île, celle d'Arros, dont on n'arrive pas à trouver le propriétaire. Et si c'était moi, sans le savoir? Au début, elle appartenait à Mme Bettencourt, mais comme la dame est vachement bien conseillée, elle a transféré la propriété à une fondation au Liechtenstein. Le Liechtenstein, c'est le pays des sources limpides et des fondations opaques. La Fondation pour l'équilibre écologique, esthétique et humain, est donc devenue propriétaire de l'île d'Arros, avec un petit viatique de 20 millions virés d'un compte suisse de Mme Bettencourt, pour voir venir… Quand il y a eu des frais à payer pour l'île, une paille de 1,7 million d'euros par an, le gestionnaire de Mme Bettencourt a demandé à l'avocat de la fondation de payer.
Il a répondu: pas question, moi je ne vous connais pas. Seuls les membres du conseil de la fondation peuvent lâcher l'argent… Au cas où je serais du conseil sans le savoir, j'affirme qu'on ne m'a pas consulté. Moralité: si vous et votre femme voulez créer une fondation au Liechtenstein pour défiscaliser votre pavillon, méfiez-vous: dans quelques années vous n'arriverez peut-être plus à prouver que vous êtes propriétaire —surtout si vous perdez la boule.


Franck Albert Nahmani a été décoré de la légion d'honneur pour les services éminents qu'il a rendu à la Nation. C'est le tailleur de Nicolas Sarkozy, on conçoit que son mérite n'est pas mince d'essayer de donner bonne allure à notre président. Quand il lui coupe un complet impeccable, c'est notre honneur qu'il habille et la démocratie qu'il embellit.


Rama Yade a, pour sa part, attribué la ceinture noire du ridicule à David Douillet. Le champion de judo avait fait savoir jeudi, qu'il se verrait bien poser ses énormes fesses dans le fauteuil ministériel de Mme Yade. Si j'étais le fauteuil de Mme Yade, j'aimerais mieux garder les siennes, de fesses, non seulement pour des raisons de fatigue, mais aussi esthétiques. Monsieur Douillet avait déjà reproché dans le passé à Rama Yade ses propos sur l'argent et le football. Ceux qui ont de la mémoire, se souviendront peut-être qu'aux lendemains de sa médaille d'or aux jeux olympiques, le champion (alors pas encore officiellement engagé en politique), avait laissé percer son amertume que le judo ne fût pas encore générateur de gains substantiels comme les autres sports.


Éric Woerth sera prochainement entendu par les enquêteurs dans l'affaire Éric Woerth. Il espère ainsi que les Français croiront à son innocence, parce que tous les soupçons qui pèsent sur lui sont aussi fumeux que des soucoupes volantes. Il devrait se rendre ensuite en villégiature à Châteauneuf-du-pape, où un arrêté municipal interdit formellement le survol et l'atterrissage des soucoupes volantes et autres cigares volants. Depuis 1954, date de cet arrêté, aucun OVNI n'a été verbalisé sur le territoire de la commune, M. Woerth y sera donc en parfaite sécurité.


dimanche 25 juillet 2010

Les sept de Ростов-на-Дону

Ростов-на-Дону est une ville désespérante, surtout du point de vue de quelqu'un qui n'y a jamais mis les pieds et qui, de surcroît, la regarde de très haut avec Google Earth… Même observée de plus près, par le biais de plans qui doivent dater de l'époque opaque du KGB, elle reste rébarbative, quadrillée de rues anonymes, tranchée de voies mystérieuses. C'est pourtant elle qui servait de clef pour déchiffrer le rébus de ce dimanche, avec son fleuve charriant la solution.

Huit visiteurs ont donné la bonne réponse, à commencer par Madame.b qui doit totaliser le plus grand nombre de victoires à ce jeu, il me semble… L'événement du jour restera par contre la présence de Monsieur Poireau sur la ligne d'arrivée, lequel est en passe de perdre sa couronne de Grand Perdant. Philzone a résolu l'énigme sans difficulté, comme d'habitude, ainsi que Nefisa et Lolobobo. Enfin Jazzman précède de peu l'ami Mtislav, autre sérial killer de rébus…
Bravo à tous!

P-S, j'espère que je n'aurai oublié personne, ce serait la faute à Blogger: une partie des commentaires à modérer datent d'un rébus vieux de plusieurs semaines!

Le rébus du dimanche


Trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique. Celle-ci peut-être notre contemporaine ou appartenir à l'Histoire —de n'importe quelle région du monde. Cliquez sur l'image pour l'agrandir
(Rappel : les commentaires seront modérés pour tenir les réponses secrètes jusqu'aux environs de 20h30)

vendredi 23 juillet 2010

Si vous n'avez pas une comptable avant cinquante ans…

Vous vous rendez compte ? Madame Bettencourt, la femme la plus riche de France, qui se fait refuser un petit retrait par sa banque, Dexia, comme une quelconque surendettée! Vous me direz que cinq cent mille euros, surtout écrit en lettres, ce n'est pas si petit que ça. Pour vous, pour moi, c'est certain, mais pour elle, voyons! Ça doit lui produire le même effet qu'à moi, lorsque je tire 200 € au distributeur de billets de ma banque. Je l'ai fait pas plus tard que mardi dernier: si l'appareil n'avait pas encore dégagé une insidieuse odeur de moisi, un mois et deux semaines après les inondations, j'aurais oublié cette petite saignée presque aussitôt.

D'ailleurs, je me demande pourquoi elle n'y a pas songé? Mme Bettencourt doit bien avoir une carte de crédit, voire plusieurs, tout de même? Et pas le morceau de plastique de base, même rehaussé du sobriquet de Master ou de Gold. Non, les siennes s'appellent certainement Platine, voire Diamant, et elle a l'autorisation de vider le distributeur à chaque retrait. Mais soyons raisonnables, supposons que la propriétaire de L'Oréal soit soumise à un plafond de mille euros chaque fois, histoire de laisser quelques biftons aux autres. Pour rendre service à ses grands amis du pouvoir (si telle était son intention: respectons la présomption de naïveté) il lui suffisait de visiter 500 agences, ce n'est pas la mer à boire…

À mieux y réfléchir, c'est une idée bonne pour le vulgum pecus qui aurait des économies, cette carte Platine… À mon avis, la dame en question n'a pas besoin de ça, elle a beaucoup mieux: une comptable. Avec une comptable, vous n'avez même pas besoin de prendre votre voiture ou le métro pour aller faire la queue au DAB de l'agence. Quand on a une comptable pour aller tirer ses sous et préparer ses enveloppes, on peut dire que l'on a réussi sa vie. C'est le vrai chic, bien mieux qu'une Rolex.

Dans une autre vie, si je devais me réincarner en femme, je voudrais être la plus riche du pays où je naîtrais. J'arroserais les partis de droite pour qu'ils ne mettent pas le nez dans mes finances, j'aurais une comptable pour mes enveloppes. Je mènerais grand train avec mes amis, et si mes héritiers trouvaient à redire à ma dépense, eh bien, ils perdraient leur temps! Les amis magistrats de mes amis, seraient aussi mes magistrats, ils me protégeraient. Parce que mes amis du pouvoir n'aimeraient pas du tout que l'on connaisse le détail de nos relations, et surtout, ils craindraient que je ne sois mise dans l'impossibilité de remplir des enveloppes avant les élections. Le plus difficile, ça serait de me réincarner dans le bon berceau. Par les temps qui courent, si l'on veut avoir une comptable avant cinquante ans, il vaut mieux naître riche.

P-S: Mme Bettencourt et M de Maistre sont déboutés de leur plainte visant à obliger Mediapart à retirer de son site les enregistrements à l'origine de l'affaire. Excellente nouvelle pour Mediapart, la justice, et la vérité.

jeudi 22 juillet 2010

France Inter championne en Île-de-France

Malgré l'arrivée du tandem de casseurs présidentiels aux commandes de Radio France et de France Inter, il paraît que la seconde reste la radio la plus écoutée d'Île-de-France. C'était dit à l'antenne ces jours derniers, et cela m'a donné envie de rire. Dans quelques mois, je suppose que la radio de M. Val, franchisé de l'Élysée, sera la favorite des auditeurs de l'Île de la Cité, et puis l'an prochain, la plus prisée sur le chemin de campagne où j'habite. À par moi, j'ai l'impression que personne n'ouvre la moindre radio par ici, et pour des raisons d'horaires France Inter me convient mieux que d'autres radios.

C'est ainsi qu'au journal de treize heures, la réponse d'Éva Joly aux artifices débités par le procureur Courroye a retenu mon intérêt… Le bonhomme, confirmant son intention de garder le contrôle du dossier, renvoyait Mme Joly au Lac des cygnes, dans un trait d'humour hilarant comme un amendement à la Constitution… L'ex magistrat du pôle financier, sollicitée de répondre, s'est bornée avec sa sobriété coutumière à rappeler pourquoi l'enquête sur les multiples aspects de l'affaire Bettencourt n'est pas en de bonnes mains avec M. Courroye. Notamment pour des raisons d'efficacité: un juge d'instruction est à même d'obtenir des informations des banques suisses qui seront refusées à un représentant de l'État —en l'occurrence le procureur.

Il fait trop chaud pour me passionner sur le sujet et rechercher les propos exacts d'Éva Joly, mais je pense qu'elle ne faisait que reprendre une argumentation déjà connue et péremptoire —du moins pour des esprits moins retors que ceux du procureur et de la Maison Sarkozy

Plus reposante et drolatique me semble l'évocation des scénarios de polars politico-judiciaires à éclore bientôt, inspirés par cette histoire. Dans un roman, on n'est nullement obligé de respecter la présomption d'innocence. On voit bien l'intrigue qui peut naître d'une situation comparable, rendue plus offensive pour retenir d'emblée l'attention du lecteur.

Un procureur sommé par le pouvoir d'empêcher la mise sous tutelle d'une riche donatrice un tantinet gaga… Il obtempère, puisqu'il a été nommé pour ça: protéger le président de toute mauvaise surprise. Au départ, il s'agit simplement de garder sous la main un filon précieux de financement des campagnes électorales à venir, mais patatras!

Un traître a enregistré des conversations compromettantes, à l'hôtel particulier de la donatrice, et les enregistrements se retrouvent sur internet… Le procureur et les conseillers de la présidence, d'abord sonnés, mettent au point une parade: bloquer toute enquête indépendante aussi longtemps qu'il le faudra. Le procureur brassera du vent jusqu'à ce que l'intérêt de l'opinion publique s'émousse. Le moment venu, il classera l'affaire sans suite.

Sauf que ce n'est que le début, car se pose ensuite la question de l'évolution du roman. Vers quelle fin irons-nous, à travers des péripéties haletantes: édifiante? Démasqué, le procureur juge et partie, est révoqué ; le gouvernement, le président de la république compromis, démissionnent… Noire? Un témoin chope la scarlatine et meurt, une autre fait une chute de vélib' dans les escaliers de Montmartre, un avocat se noie dans le bassin des Tuileries, les troupes françaises envahissent la Suisse, le procureur rend une ordonnance de non-lieu général, et le président est réélu pour cinq ans.

mercredi 21 juillet 2010

kk +1 cool bz Adl: Nicolas 1er tel qu'en lui-même…


Mon cher papa, ma chère maman,

Je suis désolée que vous ayez pas compris mon SMS de ce matin: «kk +1 cool bz Adl». La gouvernante du palais m'a dit que vous avez eu peur qu'il me soit arrivé quelque chose. Eh bien, pas du tout! Ça voulait dire: «Couic! J'en ai une autre, les affaires reprennent, bisous, Adèle. » C'était pas plus tragique que ça. J'étais tellement contente de pouvoir vous l'annoncer que j'ai vite envoyé un message pour vous prévenir. J'étais dans mon coin habituel de la cour avec mon seau, le balai et la serpillière, en attendant que ça se passe: c'est pas commode pour écrire un roman.

Bref, l'essentiel est que l'Empereur a fait couper une autre tête ce matin, celle du bailli de l'Ysara, qu'il a eu la main molle avec les émeutiers de son coin. Le bourrel a bien travaillé, c'est tranché propre, ça me fera un must à la vente. Un de cujus bailli, pour équiper en lampe de chevet, c'est classe! Pas la peine d'en parler à M. Biscochu, chez nous, c'est pas une tête dans ses moyens d'apothicaire. Celle-là, je la caserai chez quelqu'un de la cour, j'ai déjà de la demande. Pendant que j'étais en train de nettoyer les dalles, le sapir des Choses du dedans s'est approché du seau de glace avec le bailli, il l'a regardé un moment en silence, puis il m'a dit:
«Si vous ne trouvez pas à la placer, faites moi signe, Adèle… »
Je le vois venir cuilà, il s'imagine qu'il aura la tête au rabais, le radin, mais y a pas que lui qui a envie de l'avoir! Et moi, j'ai mon trousseau à compléter, alors c'est pas demain que vais solder.

En tout cas, ça fait drôlement plaisir de voir que le Bien-Aimé Nicolas 1er reprend un peu du poil de la bête. Il était tout abattu ces temps derniers. On aurait dit qu'il osait plus faire couper des têtes, à cause du climat délétère qui règne dans l'empire, comme dit le Bon Saint Henri. Vous savez, ça vient de ces médisances qui circulent en ville, comme quoi la vieille Mme Sotenlong aurait financé l'élection du Bien-Aimé à la présidence de la République franchoise. C'était avant qu'il devienne empereur, vous vous rendez-compte? Pourquoi qu'on remonterait pas au déluge aussi, savoir si Noé il aurait pas touché une enveloppe de la famille Sotenlong pour se construire une arche! Ces ragots ont coupé l'appétit de notre Bien-Aimé, il dort mal (l'impératrice Lala me l'a dit l'autre jour, mais le répétez à personne, c'est confidentiel).
Vous voyez en tout cas que je pouvais pas vous raconter tout ça en SMS, en attendant l'exécution au petit jour…
Je vous embrasse fort, votre fille aimante,
Adèle

P-S La lumière brûle chez Arf…

mardi 20 juillet 2010

M. Woerth en meilleure forme que la démocratie?

L'état de la démocratie chez nous (si elle est seulement née un jour), préoccupe beaucoup de monde. Est-elle vraiment malade, en comas dépassé, ou même déjà morte, affichant encore un peu de cette souplesse molle qui précède la rigidité cadavérique? Parce qu'il faut bien reconnaître que nous discutons pour le moment de son état en toute liberté: c'est au moins un signe de flexibilité du régime. Ceci n'ayant de signification que dans la mesure où il y a bien eu une démocratie chez nous, chacun pouvant reconnaître une lanterne dans sa vessie préférée.

En tout cas, démocratie ou pas, nous vivons encore dans une république ou prévaut un certain état de droit. Plus ou moins, et plutôt moins que plus, tant le droit y semble soumis aux quatre volontés de Nicolas Sarkozy. Prenons le feuilleton de l'affaire Bettencourt: officiellement les débats publics portent sur les soupçons de conflit d'intérêts qui pèsent sur Eric Woerth. Mais c'est en réalité le président qui mène le bal et fait barrage à l'instruction du dossier par un magistrat indépendant. Mis à part la Corée du Nord et quelques pays de ce genre, on ne voit pas où il serait possible de laisser l'enquête aux mains d'un procureur lié au pouvoir en place, et qui plus est, dont le nom est cité par l'un des protagonistes de l'affaire. C'est déjà incompatible avec l'état de droit.

On ne peut se défendre de sentir l'influence de l'Élysée dans les propos ridiculement alambiqués tenus tardivement par M. de Maistre pour tenter de faire croire que M. Woerth n'est pour rien dans l'embauche de sa femme par Mme Bettencourt. Cela permet à l'entourage présidentiel de proclamer que le ministre est blanc comme neige, de même que cet entourage avait claironné de prétendues rétractations de la comptable, bientôt démenties…

On ne peut se défendre de voir encore l'ombre du président derrière les nouvelles poursuites intentées par Mme Bettencourt et M. de Maistre contre Mediapart. N'ayant pu obtenir le retrait du journal en ligne des enregistrements à l'origine du scandale d'état, ils récidivent en appel. Demain après-midi sera donc à nouveau mise sur la sellette la liberté de la presse. Celle d'informer en l'occurrence les citoyens français des soupçons qu'ils ont quelques raisons de nourrir à l'égard du ministre Éric Woerth.

Ce que veulent faire disparaître les empoisonneurs de la démocratie, ce sont notamment les propos ci-dessous, tenus par M. de Maistre —transcription de l'enregistrement que l'on peut entendre sur Mediapart:
«Je me suis trompé, quand je l'ai engagée… C'est à dire qu'en fait, avoir la femme d'un ministre comme ça, ça n'est pas un plus, c'est un moins. Je me suis trompé. Pourquoi? Parce que, comme vous êtes la femme la plus riche de france, le fait que vous ayez une femme de ministre chez nous, tous les journaux, tous les trucs disent : oui, tout est mélangé, et cotera… J'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre des finances , il m'a demandé de le faire. Je l'ai fait pour lui faire plaisir.»

lundi 19 juillet 2010

Bon, on l'enterre quand, votre démocratie?

Les années ont beau passer, les siècles aussi, le peuple français reste imprégné des valeurs de sa Révolution. Pourtant peu de citoyens se souviennent avec précision de la manière dont leurs ancêtres révolutionnaires envisageaient la vie publique au lendemain de la mort du roi —pour eux-mêmes et leurs descendants. Ces premiers républicains adhéraient à quelques grands principes définis dans la Déclaration des Droits de l'Homme, placée en préambule à la Constitution de l'An I. Celle-ci consacrait la Souveraineté populaire et accordait une place déterminante au référendum, à la décentralisation, ainsi qu'à la séparation absolue des pouvoirs.

Jamais appliquée, du fait des guerres de l'époque et surtout de la chute de la Convention montagnarde, qui l'aurait sans nul doute rendue effective au sortir de la Terreur, cette constitution est devenue le fantôme d'un rêve démocratique. Un rêve qui hante confusément les esprits et fonde nos exigences de citoyens. La fameuse devise: liberté, égalité, fraternité, n'en est qu'un résumé imparfait et tardif, une dépouille que les pères de la Troisième République exhumèrent pour tourner la page des tyrannies et rouler le peuple dans la farine. Avec une devise pareille, les nigauds pouvaient croire que c'était fait: nous étions en démocratie, mais cela n'a jamais été le cas.

Aujourd'hui, sous la république sarkozyste, le manque de démocratie est devenu particulièrement criant, au point que dans la blogosphère, beaucoup proclament la mort de celle-ci. Foutaises! Comment peut-on s'émouvoir en 2010 de la disparition d'un régime mort-né en 1793 ? Nicolas Sarkozy n'a fait que pousser jusqu'à la caricature les vices politiques que voulaient exorciser les rédacteurs de la Constitution de l'An I. Ce sont ceux d'une république purement représentative, dont il est temps de dénoncer l'imposture flagrante.

M. Sarkozy a beau être odieux et son système révéler chaque jour davantage son indignité, son pouvoir restera néanmoins borné par un mandat. Il pourra être battu aux élections et laisser la place à d'autres, de droite ou de gauche, qui pourront nous annoncer le retour à la «démocratie». De droite ou de gauche, ses successeurs ne tomberont pour autant pas raides morts d'avoir proféré cette insanité. Quelques têtes auront changé, le régime restera pour de nouvelles aventures…

Dans la Déclaration des droits de la Constitution de l'An I, on lisait:

Article 30. - Les fonctions publiques sont essentiellement temporaires ; elles ne peuvent être considérées comme des distinctions ni comme des récompenses, mais comme des devoirs.

Article 31. - Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n'a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.

De ces articles nous est restée la conviction que le personnel politique ne doit pas accéder aux fonctions publiques pour faire carrière, et qu'il doit être irréprochable dans l'exercice de ses mandats. Cette conception fortement enracinée a été néanmoins constamment démentie par la réalité. Les rancœurs cachées se sont accumulées avec le temps. Il faudrait que notre monde politique se réveille très vite pour révolutionner nos institutions et rendre au peuple français la partie de ses droits qui lui a été dérobée. Sinon, il exercera un jour ou l'autre le pouvoir qu'aucune constitution au monde ne pourrait effacer de sa tête:

Article 35. Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.


dimanche 18 juillet 2010

Trois pour un rôt


Le billet de clôture sera bref, entre deux petites trempettes dans un baquet-piscine, pour cause de canicule… Ce n'est pas la première fois, ni la dernière, je suppose, que je me suis trompé sur la difficulté du rébus de ce jour. J'imaginais la solution sautant aux yeux avertis de ces dames comme de ces messieurs, et puis non…

En illustration, on trouvera ici le brouillon d'une version assez différente, que d'aucuns auraient peut-être trouvée plus simple. Elle a été néanmoins écartée, de crainte que certains n'y trouvent un air de famille avec le symbole de l'Extase, cher à Rolls Royce, ce qui les aurait entraînés trop loin.
Donc, il n'y a que trois gagnants aujourd'hui, les champions incontestables de ce petit jeu, depuis qu'il est proposé sur ce blog: Madame. b, Philzone, et Mtislav… On les applaudit bien fort !

Le rébus du dimanche



Règle du jeu : trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique. Celle-ci peut-être notre contemporaine ou appartenir à l'Histoire de n'importe quelle région du monde (cliquez sur l'image pour l'agrandir).
(les commentaires seront modérés jusqu'aux environs de 20h30)

vendredi 16 juillet 2010

On demanderait, il dirait

«Monsieur le président, selon des informations qui s'accumulent depuis le 21 juin, votre ministre E. W. et vous-même auriez reçu en 2006 et 2007 des enveloppes de billets destinés à financer illégalement votre campagne électorale… Qu'avez-vous à dire aux Français à ce sujet?

—C'est pas la peine de vous mettre à ma gauche pour parler de ça… Écoutez, franch…, franchement c'est ridicule! Pas vous, hein, je me permettrais pas, hein! Je vous respecte, M. Japedoux… Écoutez, soit y a des éléments, donnez-les nous… Pffff… C'est grotesque ! Voilà ma réponse, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Alors, raisonnement, là: pour mon financement, avec Éric, on aurait accepté des enveloppes d'une mamie que sa fille elle veut la mettre en tutelle, et ça a donné cette calomnie? Enfin, respectons le déchirement des familles, monsieur, s'il vous plaît. Qui peut croire à une fable pareille? Puis si vous avez des enregistrements, donnez les à la justice, puis demandez à la justice qu'ils les enterrent. Non, qu'ils enquêtent. Franchement, qu'est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus? Mais honnêtement, qu'est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus? Il y a quatre ans, de surcroît! Non, mais! On est dans un monde où tout se répète, où la notion de secret de famille n'existe plus… Quatre ans après vous venez me dire: il paraît qu'on préparait des enveloppes à une mamie pour qu'elle vous les remette en main propre, dans le cadre des dîners entre amis… Non… Et vous, vous étiez peut-être majordome à cette époque là? Vous comptiez pas les billets? Non? Peut-être à ce moment là, je vous aurais… non… Non, mais je vous en veux pas, mais enfin, écoutez: franchement ! Pfff… Si on cherche le propriétaire de l'île des Seychelles, c'est moi, c'est incontestable (rires). Non, pardon, je ris pas du tout, parce que cette affaire, c'est la douleur d'une famille, et des trucs comme ça… Mais qu'est ce que vous voulez que j'aille répondre là-dessus?»

Fiction inspirée des propos de M. Sarkozy à propos de l'affaire de l'attentat de Karachi.

P-S revoilà Martine, avec un billet sur le off d'Avignon…

jeudi 15 juillet 2010

L'infortuné président de France

Tout lui avait réussi jusque là, dans la carrière politique, mais comme cela arrive à ceux qui ont pour dessein de se servir avant de servir le pays, les choses tournent mal avant terme. On ne sait quelle trajectoire Nicolas Sarkozy avait espéré de son séjour au sommet de la république, mais on peut l'imaginer. Un premier mandat pour réformer la société, selon les conceptions qui s'échangent entre nantis dans les buffets mondains —l'équivalent de la politique au comptoir du Café du commerce. Et surtout modeler les institutions et les habitudes à son désir d'autorité. De ses prédécesseurs, M. Sarkozy a hérité l'idée fausse que le peuple français aime avoir un monarque électif à sa tête. En réalité, nous haïssons profondément ces bâtards de l'Ancien Régime et de la République dès que l'arrogance les gagne, mais nous ne vivons pas en démocratie et nous n'avons aucun moyen de corriger nos erreurs après coup.

Sans doute Nicolas Sarkozy voyait-il ce premier quinquennat comme l'étape nécessaire pour nettoyer son régime de tout ce qui pouvait lui faire de l'ombre ou constituer une menace? Côté Assemblée Nationale, il pouvait dormir en paix: sa majorité n'était qu'un troupeau docile, tenu qu'elle est en respect par la crainte d'une dissolution. À l'accroissement de ses prérogatives présidentielles, il ajouta par contre l'abaissement de la justice.
Certes, l'œuvre de mise au pas de celle-ci n'est pas encore achevée, mais par la seule annonce de sa volonté de supprimer le juge d'instruction, il a réussi à ce que ce gêneur s'il en est dans les affaires délicates, soit tenu pour mort avant l'heure. Le Pôle financier semble devenu léthargique, et, par exemple, dans les scandales gigognes autour de la famille Bettencourt, c'est le procureur qui mène les enquêtes à sa guise. Il faut entendre à la guise du chef de l'état, puisque le procureur en plus d'être un ami de M. Sarkozy, reçoit des instructions du gouvernement.

Aujourd'hui tout le monde sait cela, y compris que le procureur Courroye est cité dans les enregistrements Bettencourt, et que cela suffirait en principe pour qu'un juge d'instruction, indépendant du pouvoir, lui demande des explications dans son cabinet. M. Courroye ne devrait pas mener l'enquête, mais être entendu comme témoin dans celle-ci. Nous assistons presque à l'inverse, et la Maison Sarkozy, qui tire les ficelles de tout ceci, se comporte comme si sa volonté d'en finir avec les juges d'instruction était déjà inscrite dans la loi. C'est en soi une manœuvre aussi grave que toutes les enveloppes d'argent dont il a été question, et que les soupçons de complaisance envers la fraude fiscale de la milliardaire.

Nicolas Sarkozy se voyait sans doute aborder, en 2012, un second quinquennat avec le terrain républicain définitivement déblayé pour régner sur le pays comme plus personne n'avait pu le faire depuis la chute du Second Empire. Pas de chance, il ne sera bientôt plus que l'infortuné président des Français, après le désastre de Bettencourt *, et nul ne peut prévoir s'il terminera son mandat.
Un appel «pour une justice indépendante et impartiale», relayé par Mediapart voit affluer les signatures: il y manque peut-être encore la vôtre?


*(Philippe VI de Valois et les morts de Crécy me pardonneront cet emprunt à l'histoire tiré par les cheveux)

mercredi 14 juillet 2010

14 juillet, et le pouvoir se défile

Pour ce 14 juillet de Fête Nationale, ce blog assurera un service minimum. Si vous avez loupé comme moi le défilé à la télévision, rassurez-vous: Nicolas a réalisé un reportage complet, avec musique et photos originales.
Juste un mot pour râler sur la pratique provinciale qui s'installe, consistant à fêter la prise de la Bastille le 13 juillet. À Draguignan, le défilé avait lieu hier, comme le feu d'artifice à Bargemon: double hérésie!
Sinon, la descente aux enfers du régime suit son cours: Éric Woerth est accusé d'avoir bradé l'hippodrome de Compiègne à ses amis d'affaires. Il s'en défend. S'il avait admis la chose, nous aurions été surpris.

Arnaud Montebourg estime «inévitable que le PS, en désespoir de cause, doive lui-même saisir la justice» pour tirer au clair les affaires de trafic d'influence qui s'accumulent et dont le pouvoir bloque les enquêtes indépendantes. C'est à lire sur Mediapart.

Gularu compte sur vous

Il s'appelle Nathan, c'est un nouveau Calogero… Vous êtes peut-être comme moi: vous marchez encore à l'ancien Calogero? Alors mettez vous à la bonne heure, vite!
Et si vous aussi n'avez rien compris, allez lire le mode d'emploi chez Gularu. Vous verrez, tout s'explique aisément.

mardi 13 juillet 2010

Pisser dans un violon

Hier soir, donc, Nicolas Sarkozy a pissé dans un violon pour en tirer l'air de la calomnie: il n'aura ému que les sourds et ceux qui se reconnaissent dans une présidence consacrée au service des privilégiés. Le récital se voulait solennel, mais, erreur de mise en scène, ce fut dans le cadre domestique de la terrasse de l'Élysée que nous l'écoutâmes. Peut-être cela valait-il mieux, après tout, pour faire passer les canards et la grossièreté du jeu.

Tout reposa en quelque sorte sur le certificat de virginité opportunément délivré à M. Woerth par l'IGF, qualifié de «rapport extrêmement fouillé», par M. Sarkozy. Au vu de l'importance de l'affaire, on se retient mal de rire en songeant à ces douze pages rédigées à la hâte par quatre personnes placées en outre sous l'autorité du gouvernement.

M. Woerth est-il «lavé de tout soupçon», et Nicolas Sarkozy aussi par la même occasion? Évidemment non, l'intégralité des soupçons demeure. Du reste, les choses n'ont pas traîné, puisque le Nouvel Obs publie au lendemain de la prestation du président un document montrant que l'UMP et Nicolas Sarkozy auraient bénéficié en 2006 de quatre chèques des Bettencourt, épouse et mari, pour un montant total de 30000 euros.

Inutile de nous étendre sur ce nouveau rebondissement largement repris par la presse. Il vient simplement s'ajouter au reste: les relations inacceptables que M. Sarkozy et son entourage politique semblent avoir entretenues avec le monde de l'argent. S'agit-il de relations coupables? À priori on peut le croire, puisque le président, par le biais de son ami et obligé, le procureur Courroye, cherche à empêcher toute enquête indépendante.



P-S Pour vous changer les idées, je vous recommande «Le jour de la pintade», d'Epamin', et «Attente en gare», par Arf

lundi 12 juillet 2010

Sarkozy dans le miroir magique

Le Monde en ligne annonce un débat pour demain sur le thème: «Nicolas Sarkozy a-t-il repris la main?» S'il s'agit de donner son avis sur la qualité de sa prestation de ce soir, la question est curieuse. Que M. Sarkozy se montre à l'aise dans l'exercice ne garantira en aucune façon qu'il aura mis un terme à la crise qui ébranle son autorité. Rien n'aura changé demain de ce que l'on peut lui reprocher aujourd'hui comme hier, et comme chaque jour depuis sa prise de fonction. L'absolution de M. Woerth commandée à l'IGF pour donner un faux air de victoire à son intervention ne constitue en rien la preuve d'honnêteté attendue par l'opinion publique. Au contraire, ce rapport ne peut que renforcer les soupçons, puisque produit par un service aux ordres du pouvoir —qui plus est dans des conditions de précipitation qui sentaient à plein nez la manipulation.

Des faits, établis pour certains, probables pour d'autres, alimentent depuis le départ ce scandale d'état: un financement illicite de personnalités politiques dont faisait partie Nicolas Sarkozy; une fraude fiscale tolérée sinon encouragée; l'embauche de l'épouse de M. Woerth, à la demande de celui-ci, par une société gérant des fonds illégaux placés en Suisse; l'incroyable modestie de l'impôt acquitté par Mme Bettencourt grâce au bouclier fiscal…

Un autre fait établi, et sans doute le plus grave, c'est l'obstruction organisée par Nicolas Sarkozy à l'ouverture d'une enquête indépendante. Dans cette affaire, toutes les investigations sont menées et restent sous le contrôle d'un ami du président, le procureur Courroye. C'est peut-être là que se trouve la faute la plus grave de M. Sarkozy, car elle démontre à quel point il a fait main basse sur tous les pouvoirs de la république. Une république qui étouffe et ne pourra respirer qu'après son départ.

Nicolas Sarkozy parlera donc ce soir pour ne rien dire. Que peut-on espérer du verbe d'un homme dévalué jusqu'à la moelle? Qu'il annonce sa démission, bien sûr, mais ce n'est pas dans son tempérament: il est de ces autocrates qu'il faut pousser dehors pour les voir disparaître.

dimanche 11 juillet 2010

Huit pour deux seins, six monts

«Ce même matin, le Roi, en entrant au conseil d'État, appela le duc de Beauvillier, le prit en particulier, et le chargea d'aller, l'après-dînée dire à Chamillart qu'il étoit obligé, pour le bien de ses affaires, de lui demander la démission de sa charge et celle de la survivance qu'en avoit son fils; que néanmoins il vouloit qu'il demeurât assuré de son amitié, de son estime, de la satisfaction qu'il avoit de ses services; que, pour lui en donner des marques, il lui continuoit sa pension de ministre, qui est de vingt mille livres, lui en donnoit une autre, particulière encore à lui, d'autres vingt mille livres, et une à son fils, aussi de vingt mille […]»

Ainsi s'exprimait, dans sa relation de l'an 1709, le héros du rébus d'aujourd'hui, qui fut par la suite membre du conseil de régence réuni autour du duc d'Orléans. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne brilla pas dans ce dernier emploi, mais en revanche ses qualités d'écrivain, le regard qu'il porta sur la cour de Louis XIV, en font un grand bonhomme de la littérature et de la petite histoire.

S'il avait vécu aujourd'hui, nul doute que sa belle langue de pute aurait su trouver les mots qui conviennent pour flétrir la cour sarkozyste. Ce ne sont pas les mœurs élyséennes qui l'auraient choquées, car elles sont restées telles qu'aux beaux jours de Versailles, mais la profonde vulgarité et l'hypocrisie qui en sont la marque.

Demain Nicolas Sarkozy nous annoncera que l'Inspection générale des finances a pondu le rapport qu'il lui fallait: l'IGF est aux ordres de son ministre. Demain, ceux qui l'écouteront l'entendront dire en résumé: «l'affaire Sarkozy-Woerth est close, on cause d'autre chose»… Mais il n'aura rien compris, car tout ne fait que commencer.

En attendant, ce soir, le nom de l'auteur des lignes citées plus haut a été trouvé par huit personnes (vous le trouverez dans leurs réponses). Par ordre d'entrée en scène: Lolobobo, Philzone, ZapPow, Epamin', Madame.b, Anne de Mars, Mtislav, et Elmone.

Rébus du dimanche


Le rébus de ce dimanche est d'une forme presque traditionnelle, ce qui devrait convenir à la personne dont le prénom et le nom se cachent dans l'image. Quoique celle-ci soit mieux connue pour son œuvre papotière, d'ailleurs remarquable, elle n'en a pas moins exercé quelque temps des responsabilités politiques.

Rappel: le personnage peut appartenir à l'Histoire contemporaine ou ancienne, de n'importe quelle région du monde. Les commentaires seront modérés jusqu'aux environs de 20h30 pour tenir les réponses secrètes.

vendredi 9 juillet 2010

Justice: la balance coincée

Lorsqu'on n'est ni journaliste, ni avocat, ni américain, on a tendance à prendre la justice avec des pincettes et à se retenir d'oser la moindre critique. Les journalistes eux, savent en général à peu près où ils mettent les pieds, les avocats sont de la maison, et les américains ont le 1er amendement à leur Constitution qui leur garantit la liberté d'expression. Chez nous, si le vulgum pecus trouve à blâmer le fonctionnement de la Justice, il hésite à le dire. C'est que dans notre pays, l'indépendance de celle-ci relève de la fiction, tout comme l'idéal démocratique dont se gargarisent les politiques. On se représente plus aisément la Justice armée d'un bâton que tenant la balance de l'équité… Il vaut mieux être riche et puissant pour se frotter à elle.

Tenez, prenons le cas de l'affaire Sarkozy-Woerth qui a fait grimper en quelques jours la température de notre vie publique… Nous avons un président qui se retrouve avec un deuxième soupçon de financement illicite d'une campagne électorale. Le premier, remonte à la candidature d'Edouard Balladur à la présidentielle, dont Nicolas Sarkozy, ministre du Budget, était le directeur de campagne. Pour savoir s'il y a eu ou non versement de rétro-commissions délictueuses, il faudrait que le magistrat instructeur de l'affaire Karachi puisse avoir accès à tous les documents encore classifiés. Pour le moment, ce n'est pas le cas. La justice est soumise au bon vouloir de l'exécutif.
Donc, il y a désormais une seconde affaire, où dans le sillage de M. Woerth, le président est à nouveau soupçonné d'avoir reçu de l'argent liquide pour soutenir sa propre campagne électorale. Notez bien qu'à ce stade du roman feuilleton, personne ne peut encore affirmer que c'est bien le cas. M. Sarkozy pourrait aussi bien être innocent.

Et c'est là que l'envie de critiquer dame Justice vous démange. En effet, que voit-on? L'enquête sur cette histoire tellement explosive que Nicolas Sarkozy pourrait se trouver contraint à la démission avant le terme de son mandat, est exclusivement aux mains du Juge Courroye. De ce dernier, on sait diverses choses qui autorisent le citoyen ordinaire à douter de son impartialité. Sa nomination comme Procureur de Nanterre s'était déjà faite contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature qui le trouvait insuffisamment expérimenté. Le Syndicat de la magistrature avait dénoncé à l'époque dans sa nomination «un verrouillage par la droite des postes stratégiques».
Il est d'autre part de notoriété publique que M. Courroye est un ami de Nicolas Sarkozy, lequel l'a décoré de l'Ordre national du mérite. Il serait évidemment mal venu de voir dans cette distinction l'anticipation des mérites d'aujourd'hui, ce que nous ne ferons pas. Ami du président, donc, M. Courroye se trouve en outre directement impliqué dans les enregistrements illégaux de l'affaire Sarkozy-Bettencourt-Woerth, où son nom est cité par M. de Maistre. Était-il normal, et tout simplement honnête que sa décision de déclarer irrecevable la plainte de la fille de Mme Bettencourt soit connue en haut-lieu avant qu'il ne rende officiellement son ordonnance?

Voilà donc l'homme qui contrôle l'enquête sur le dernier et plus gros scandale du régime sarkozyste. Son refus de désigner un magistrat instructeur véritablement indépendant apparaît comme une volonté farouche de protéger le président à tout prix. Et Nicolas Sarkozy n'a même pas encore ouvert son chantier de «réforme» qui signera la disparition du juge d'instruction… S'il n'est pas chassé du pouvoir au plus vite, les Français ont vraiment du souci à se faire pour leur justice!

jeudi 8 juillet 2010

«Il y avait des enveloppes»

La bataille fait rage, les défenseurs de Sarkozy écument. On sent toutes les forces du pouvoir se tendre pour tenter d'enrayer l'effondrement du régime sous le poids des scandales. Les politiques, surtout quand ils tiennent le pouvoir, sont coriaces, en particulier dans notre pays. Et pourtant, on sent qu'existe bel et bien l'éventualité que Nicolas Sarkozy n'aille pas au bout de son mandat. Cela ne serait un sujet d'étonnement que pour ceux qui n'ont pas compris à quel point la personnalité de cet homme fait injure à la fonction présidentielle. Une erreur collective, comme on peut en recenser quelques unes dans notre histoire républicaine.

Il est pourtant encore debout, et s'il ne s'expose guère pour le moment en première ligne de la contre-offensive de ses troupes, on devine qu'il s'emploie à les galvaniser. Les fidèles partisans tonnent à pleine voix tel Frédéric Lefebvre qui, à son habitude, réussirait à faire rire les morts s'ils le lisaient —en l'occurrence feu Émile Zola, dont on ne sait s'il emporta ses lorgnons dans la tombe. M. Guéant ne craint pas d'affirmer que «la vérité est rétablie», croyant sans doute que le revirement ciblé de l'ex-comptable de Mme Bettencourt constitue un fait déterminant. Et bien entendu, la presse de droite est à l'unisson: du Figaro au Point, tous les titres en ligne s'efforcent d'accréditer l'idée que les accusations de Mediapart sont fausses.

C'est oublier un peu vite, surtout de la part de titres réputés, qu'un journaliste expérimenté ne se risque pas à «romancer» les propos potentiellement explosifs de ses informateurs. Ne pas confondre presse People et presse d'information! Quand Fabrice Lhomme, de Mediapart, maintient l'intégralité de ce qui est dit dans son article, et par conséquent que M. Sarkozy aurait, selon la comptable, bénéficié des libéralités des Bettencourt, on le croit.

Que cette dame se soit tardivement affolée de l'importance prise par ses révélations n'est pas étonnant: le réflexe de protection est humain, et l'héroïsme rare. Comprendre qu'elle se dressait, seule et sans force, contre la formidable puissance du pouvoir avait de quoi l'effrayer.
Néanmoins, tous les journaux ne sont pas de droite, ni même disposés à reproduire aveuglément les accusations d'infamie des amis de MM. Sarkozy et Woerth. Ainsi Le Monde relève-t-il que la comptable «demeure très accusatrice», et l'on retrouve dans l'énumération des invités des Bettencourt à Neuilly, les noms d'Éric Woerth et Nicolas Sarkozy… «Il y avait des enveloppes qui étaient remises […] à des politiques», répète-t-elle.

En conclusion, les relations choquantes entre le monde de l'argent et le président restent au premier plan. M. Sarkozy survivra peut-être politiquement jusqu'à la fin de son mandat, si la peste du woerthgate ou le choléra du karachigate ne l'emportent pas. En revanche, Il paraît aujourd'hui bien improbable qu'il ressuscite pour un autre quinquennat. C'est une bonne nouvelle.

P-S via PMA et Julien, voici un récapitulatif du Parti Socialiste sur l'affaire Woerth, à travers Pearltrees
Affaire Woerth-Bettencourt

mercredi 7 juillet 2010

Quand la presse fait son travail

Dans la blogosphère, on a suffisamment reproché à la presse l'ambiguïté de ses relations avec le pouvoir, sa complaisance parfois manifeste à l'égard de celui-ci, pour ne pas la saluer lorsqu'elle mérite l'estime. C'est le cas de Mediapart dont le parcours, depuis sa création en 2007, témoigne d'une parfaite indépendance. Sans publicité, tirant ses ressources des abonnements de ses lecteurs, il se rapproche tranquillement du seuil de rentabilité, environ 40 000 abonnés, que son directeur pense atteindre en 2012 (entretien d'Edwy Plenel dans le journal suisse Le Temps). Neuf euros par mois pour un journal d'information libre, c'est un prix plus qu'honnête —surtout si l'on compare avec les tarifs de la presse-papier, soumis il est vrai à d'autres contraintes…

Tiens, cela ressemble à un petit coup de pub ? C'est bien mon intention, en effet, depuis que je me suis demandé comment manifester ma solidarité avec ces journalistes en butte aux représailles verbales du pouvoir. Nous avons tous reçu plus ou moins l'écho des propos outranciers de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy —les plus récents lâchés par la bouche de Nadine Morano. Évoquant «des sites internet qui utilisent des méthodes fascistes», la secrétaire d'Etat relayait ainsi l'accusation de Xavier Bertrand, qui vaut à ce dernier d'être poursuivi en diffamation par Mediapart.

Il s'agit évidemment d'une contre-offensive d'intimidation de la presse dans son ensemble, que Nicolas Sarkozy souhaite museler au plus vite. On sait maintenant depuis longtemps avec quelle hostilité le président des Grandes Fortunes considère le monde d'internet et sa liberté de parole. Les hommes du président ne manquent jamais la moindre occasion d'installer dans les esprits la confusion entre critique politique et perversion, entre humeurs pamphlétaires et escroqueries diverses. Et comme la presse en mutation traverse une crise particulièrement sévère, qui incite ses patrons et ses journalistes à voir dans internet une concurrence sans foi ni loi, on comprend bien que ces accusations du pouvoir ne sont pas gratuites.

En quelque sorte, Mme Morano, M. Bertrand, et leurs comparses, appliquent une tactique qui sent l'affolement, mais a certainement été définie par l'Élysée. Couper Mediapart du monde de la presse classique et le discréditer aux yeux de l'opinion publique, en le ravalant au rang de «site internet qui utilise des méthodes fascistes à partir d'écoutes qui sont totalement illégales».

Il n'empêche que c'est l'honneur de ces journalistes d'avoir révélé aux Français les liens douteux qu'entretiennent leurs gouvernants avec le monde de l'argent. Il est probable qu'il sera impossible d'apporter la preuve que des enveloppes d'argent sont passées entre les mains de M. Woerth, et de M. Sarkozy. Il restera que des situations équivoques ont bien existé, indignes de personnes qui s'apprêtaient à occuper les plus hautes fonctions de la République.

Pris la main dans le sac, le pouvoir et ses pitoyables soutiens, tels Mme Veil et M. Rocard, voudraient nous faire croire qu'il serait antidémocratique de risquer d'attiser la colère du peuple. Détrompons-les: la démocratie passe précisément par le fait de ne rien dissimuler au peuple. Et pour cela, on n'a pas encore inventé mieux qu'une presse indépendante et incisive. C'est le travail de Mediapart.

P-S: bon anniversaire à Lyonnitude(s) qui fête ses trois ans!

mardi 6 juillet 2010

L'affaire Sarkozy se complique

Ça n'est pas près de finir, chaque jour nous amène un nouveau rebondissement dans l'affaire Sarkozy. Quand on pense que cela va durer jusqu'en 2012, on se demande dans quel état le pays va en sortir?

Comme n'importe quel homme qui s'est accaparé tous les pouvoirs, Nicolas Sarkozy a droit à la présomption de culpabilité. Il n'a peut-être pas participé, en qualité de ministre du budget d'E. Balladur, à l'organisation de rétro-commissions illicites pour financer la campagne de celui-ci. Le doute est faible, mais avait-il besoin de ça, alors qu'il ne touchait peut-être pas des enveloppes d'argent de la famille Bettencourt, en n'allant pas dîner régulièrement dans son hôtel particulier? S'il dînait chez les Bettencourt, il n'avait pas besoin de créer une société fictive pour récupérer l'argent des contrats d'armement. D'un autre côté s'il ne dînait pas, ou que les enveloppes contenaient simplement des conseils éclairés pour réussir sa vie de couple, alors la société au Luxembourg s'avérait utile…

Dans tous les cas de figures, nous sommes en présence de l'un de ces hommes politiques que l'on qualifie de forts. Le monde en a connus beaucoup: l'homme fort de Bagdad, celui du Kremlin, du Congo, de l'Argentine… Ce sont des gens qui détiennent les trois quarts du pouvoir dans leur pays, et qui, pour le quart restant, désignent leurs affidés aux postes clefs afin de dormir tranquilles. L'inconvénient de ce genre de situation, c'est que l'homme fort est légitimement soupçonné d'être la cause de tout ce qui va de travers chez lui.

Si Nicolas Sarkozy n'avait pas éprouvé une grande admiration pour l'argent, ni manifesté un besoin de mener grand train de vie, son entourage aurait-il fumé autant de cigares, se serait-il senti autorisé à prendre autant de liberté avec les biens de la République? Lorsqu'on appartient à la cour d'un personnage puissant attiré par ce qui brille, n'est-il pas de bonne politique personnelle de chercher à scintiller avec tous les moyens du bord?

On nous dit que la présomption de culpabilité ne saurait s'appliquer aux hommes politiques, qui sont des hommes comme les autres. Ils en ont les faiblesses, en effet, mais les ayant élus parmi des millions d'autres, un peuple attend d'eux qu'ils se hissent au-dessus du commun par leur sens du devoir, et non par l'accumulation de privilèges. Ayant déjà tous les pouvoirs, on ne pourrait leur accorder la même présomption d'innocence qu'au premier venu. La discrétion, le quasi-silence imposés qui découleraient d'une innocence supposée jusqu'à preuve du contraire, deviendraient des instruments efficaces à la dissimulation de la vérité.

Le régime de Nicolas Sarkozy a débuté en fanfare dans l'esbroufe impudente, il en meurt aujourd'hui qu'est en passe d'être démontrée sa cupidité. Il est sain et normal que les Français attendent la démission d'Éric Woerth, parce qu'il est inadmissible qu'un ministre se retrouve dans une situation aussi ambiguë que la sienne. Ce n'est pas compatible avec le service du pays. Cela ne devrait pas cependant nous faire perdre de vue que la déchéance de ce régime a un responsable principal, Nicolas Sarkozy. Dans cette affaire, M. Woerth fait irrésistiblement penser à Petit-Jean, le portier du juge Perrin Dandin:

«On apprend à hurler, dit l’autre, avec les loups.
Tout Picard que j’étais, j’étais un bon apôtre,
Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre.
Tous les plus gros monsieur me parlaient chapeau bas ;
Monsieur de Petit-Jean, ah ! gros comme le bras !
Mais sans argent l’honneur n’est qu’une maladie.
Ma foi, j’étais un franc portier de comédie,
On avait beau heurter et m’ôter son chapeau,
On n’entrait pas chez nous sans graisser le marteau.» (Racine: Les Plaideurs)

P-S Stupéfiant: la confession de M. X dans un billet fleuve qui ne rentrerait pas dans une enveloppe kraft de qui vous savez… Arf étudie le colonialisme

lundi 5 juillet 2010

La république Irréprochable est en route

À l'origine, on racontait à propos du Point qu'il avait été fondé par des transfuges de l'Express qui trouvaient ce dernier magazine trop à gauche… Classer l'Express de l'époque à gauche prêtait à rire, mais la rigolade mise à part, je ne me souviens plus s'il y avait ou non un fondement à cette explication. En tout cas, je viens de m'en souvenir en lisant Le Point en ligne de ce jour, à cause du rire jaune qu'il m'a communiqué…

Le site de l'hebdomadaire consacre un article au micro-évènement constitué par la démission de deux ministres. Il cite ainsi, notamment, des propos de Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP, et de Nadine Morano allant dans le même sens: «Nous sommes dans la république Irréprochable qu'est en train de construire le président de la République».
Sonnez trompettes des anges ! Je me suis permis d'inverser les capitales de la citation du point: république Irréprochable, plutôt que République irréprochable, parce que c'est tout de même, de la part de Mme Morano et M. Paillé, l'annonce d'un bouleversement considérable. À l'avenir, l'histoire de France ne parlera plus de la Ve République, mais de la Constitution de la république Irréprochable.

En attendant la démission de M. Woerth qui ne saurait tarder, compte tenu de ces nouvelles dispositions et de l'impossibilité de garder au gouvernement un ministre à la réputation entachée de soupçon, je me suis demandé si nous avions bien le Bayard qu'il nous faut à la tête d'une telle république? Bayard, vous vous rappelez? Le chevalier sans peur et sans reproche de nos livres d'écoliers… Nicolas Sarkozy remplit apparemment la première condition: il n'a peur de rien, en tout cas pas de l'opinion publique. Mais sans reproche?

Le soir de son élection, il se retire au Fouquet's pour une réception offerte à ses amis de la finance, des affaires et du show-biz.

Peu de temps après, l'industriel Vincent Bolloré met un jet Falcon à sa disposition pour rejoindre le yacht «Paloma» qu'il prête également, afin que M. Sarkozy se repose des fatigues de la campagne présidentielle. Ce nouveau mélange des genres, après celui du Fouquet's, fait scandale et la croisière qui devait durer dix jours sera réduite à deux…

Par la suite, le preux Nicolas, qui ne craint l'opprobre ni des médias ni du peuple, est invité pour des vacances par des amis milliardaires dans une propriété de Wolfeboro (New Hampshire, USA). Arrivé et reparti vertueusement en avion de ligne, le couple présidentiel est néanmoins escorté d'un Falcon 900 bourré de gardes du corps et autres accompagnateurs. Le Canard Enchaîné avait à l'époque chiffré les frais entraînés par cette escorte à 200 000€…

Le jet privé de V. Bolloré conduira encore Nicolas Sarkozy et sa compagne en Égypte, pour des vacances de Noël dans un palace.

En août 2008, le président Sarkozy se passionne pour le raccordement au tout-à-l'égout de la villa de sa belle-famille, au Cap Nègre. On raconte qu'un an plus tard, le préfet du Var est flanqué au placard pour n'avoir pas résolu assez vite les problèmes de chasse d'eau de la première famille de France…

Arrêtons là, il ne faut pas faire de billets trop longs, répète souvent Nicolas —pas Sarkozy, l'autre, qui va en week-end en Bretagne dans sa voiture personnelle.
Si nous devons assister à l'avènement d'une république Irréprochable, croyez-vous que Nicolas Sarkozy soit vraiment à sa place à l'Élysée?

dimanche 4 juillet 2010

Faites danser la hie !


La Mère Castor l'avait presque dans la poche, la solution du rébus… Elle avait tout compris, voyez: «A peine sorti de la taverne enfumée où il tenta désespérément de noyer sa mélancolie dans de l'eau de vie bon marché, le cocher, titubant, songe : Ah si j'étais la marraine de Cendrillon, j'aurais une robe bleue, des ailes de papier et je transformerais cette triste chose à poignées abandonnée sur le pavé en un fringant coupé, afin de rentrer chez moi la tête haute pour rejoindre mes enfants braillards et ma femme triste qui trouvera, au fond de ma poche, un indéchiffrable rébus griffonné sur un papier sale qu'elle prendra pour un message codé bricolé par une de mes maitresses, comme si j'avais une tronche à avoir des maîtresses.»
Et pourtant, allez comprendre: elle n'a pas réussi à identifier le bonhomme…
Personne n'a donné la solution parfaite ce soir, même Mtislav qui l'a pourtant frôlée, mais avec celui-ci, il y a tout de même plusieurs réponses justes, celles de Madame.B, comme il se devait, FeelineO6 qui en sera surprise, et enfin Eric Citoyen… Bravo à tous!

Source de l'illustration

P-S: le titre désigne cet outil de paveur sur lequel tout le monde a buté…

Le rébus du dimanche


Trouvez le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique cachés dans ce rébus (vous pouvez agrandir l'image en cliquant dessus).
Rappel: la personne en question peut appartenir à l'Histoire de n'importe quel pays, et de n'importe quelle époque .
Les commentaires seront modérés jusqu'à 20h30, environ…

samedi 3 juillet 2010

Parlez tout bas, le peuple écoute

Dans une tribune du journal Le Monde signée en commun, Simone Veil et Michel Rocard volent au secours du pouvoir et crient «Halte au feu !» Leur point de vue, tissé de ces formules creuses dont se gargarisent les politiques en représentation, vise à rétablir l'union sacrée de façade du monde politique. Torchons les fesses de la république sarkozyste dans l'ombre, loin des yeux du peuple. «Vrai démocrate», chacun de ces deux là appelle à «rejeter l'intolérance», et se décerne des brevets «d'indépendance d'esprit» et de «courage» pour avertir ses pairs que l'affaire Bettenwoerth risque de «démonétiser» la parole politique…

Je n'ai pas grand chose à reprocher à Mme Veil, femme de droite respectable, si ce n'est qu'elle est un pur produit de la Ve République. Il y a en revanche longtemps que Michel Rocard est totalement, irrémédiablement démonétisé. De fait, nous avons là deux alliés objectif de Nicolas Sarkozy qui s'efforcent de lui rendre service.

Ils parlent d'intérêt public, de démocratie, et s'inquiètent du coup qui serait porté à la république par les réactions indignées de ces derniers jours, dont on devine qu'ils les jugent outrancières.

Et pourtant, nous avons simplement assisté à la faveur d'une série de révélations tragi-comiques à la mise en pleine lumière de la nature du sarkozysme. Le bien public traité par le mépris, la république mise au service des intérêts privés des amis du pouvoir. On le savait dès le premier jour du mandat présidentiel, mais cette dernière affaire le démontre avec un éclat particulier.

Espérons que l'esprit de démocratie appelant à mettre au rancart les ministres perdus d'honneur politique, soufflera de plus en plus fort cet été. Et qu'il soufflera en tempête pour faire place nette et nous donner enfin une nouvelle république, dans laquelle il n'y aura plus de place pour les discours truqués.

P-S: l'exclusivité du classement Wikio, où ce blog descend d'une place est publiée par Nicolas.

vendredi 2 juillet 2010

Un été avec le monstre du Loch Woerth?


«Delenda Carthago», disait le père Caton, chaque fois qu'il s'adressait aux sénateurs romains… Ces temps-ci, il nous faudrait un leader de l'opposition de quelque vertu qui clame à chaque ouverture de séance à l'Assemblée: delenda Sarkozo!

Evidemment, ce serait plus réaliste de faire de M. Woerth le leitmotiv de cette objurgation, mais Woertho colle mal à mon pastiche approximatif. Sarkozo m'amuse davantage. Et puis, tout ce que l'on reproche aujourd'hui à Éric Woerth, contient Nicolas Sarkozy en filigrane… S'il y a quelqu'un au pouvoir qui affiche sans vergogne son amitié avec les exilés fiscaux, c'est bien le président de la république. Mais retrouvons du réalisme pour souligner qu'il serait bon que la voix de l'opposition réclame chaque jour à l'UMP et au gouvernement, non pas la destruction de Carthage, mais la démission de M. Woerth.

Nous ne sommes plus à l'époque de la guerre en dentelles: quand un gouvernement honni, sur le point de commettre une réforme des retraites injuste, se trouve affaibli par la révélation de ses turpitudes, les adversaires politiques de celui-ci ont le devoir de porter l'estocade.

On imagine à cette heure le président à la fenêtre de l'Élysée, les ministres à celles de leur ministère, écoutant la rumeur lointaine des files de bagnoles en partance sur les autoroutes de l'oubli. Oui, oui, on peut voir les choses comme ça! Et les téléphones vont vibrer ce soir dans toutes les poches de costards à trente fois le smic, dans tous les sacs à main…
«Ça y est ! Ils se sont cassés, les pauvres cons, on va pouvoir respirer un peu.
—Oui, et vivement que les parlementaires aillent se faire bronzer avec eux!
—Ça va plus traîner, allez… Et de toute façon, à part les aoûtiens, y a plus personne pour les écouter…»


La maison Sarkozy compte sur l'été pour se refaire une santé… À la rentrée, le président mouillé jusqu'aux oreilles dans les affaires actuelles, ne serait-ce que par l'usage qu'il a fait du bouclier fiscal pour protéger ses amis, le président nous annoncera un gouvernement neuf. Ce sera peut-être un gouvernement d'occasion, en fait, avec quelques changements d'accessoires trop usés ou trop tachés, mais repeint de frais. Ou bien un vrai faux nouveau gouvernement, garni de politiciens fringants qui rêveront de servir le maître et de lui tailler un nouveau mandat… Le conflit actuel se sera englué dans les huiles solaires, il sentira le vieux machin qui n'évoque plus rien. Vision pessimiste, car il existe chez nous une presse qui choisira peut-être de nous servir quotidiennement les mésaventures du monstre du Loch Woerth ?
image détournée à partir d'une vue du Loch Ness

P-S connaissez-vous le blog de Xavier? Si ce n'est pas le cas, je vous conseille d'aller le lire… Le vase d'Arf, Sous cette après-midi d'été, communique avec celui de Kathie Durand