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samedi 28 mai 2011

Nicolas 1er, retour du G8+1

Une fois de retour à la maison, après le G8+1, la deuxième chose que fit le Bien Aimé Nicolas 1er fut de consulter son miroir magique (pour la première, il avait pissé un coup dans la cour d'honneur du palais).
— Miroir, mon brave miroir, dis-moi la vérité : est-ce que je suis épatant ?
— Tu l'es, ô Empereur ! Je n'ai encore reçu aucun postillon de ta part.
— C'est pas ce que je te demande, connard ! Est-ce que j'ai épaté mon peuple ?
— Hélas, Mon Empereur, le peuple franchois a zapé le G8+1, il était fasciné par l'affaire de ce président français que les Américains ont jeté en prison.
— DSK ? D'abord, il n'était pas président, mais un simple petit directeur de merde, et d'une ! Ensuite, qu'est-ce que les franchois auraient à foutre d'un prénocensitumé du pays à côté, hein ? Et de deux !
— J'ai dit cela parce que tes sujets sont mal informés, sire : ils le croyaient président. Les mésaventures de ce monsieur passionnent le monde entier, les franchois comme les autres. Sa prénocensitumence fait l'objet de débats passionnés entre ceux qui le disent prénocensitumé par principe et celles qui le jugent d'emblée pénitumescent…
— Dis donc, si je voulais éclaircir des subtilités juridiques, je m'adresserais au sapir des Punitions et remontrances, pas à mon miroir magique ! Je veux savoir si mon ramassis d'abrutis de peuple m'a vu sur Télé-Nicolas quand j'avais Obama à ma droite et le petit Sarkozy à ma gauche ?
— À peine sire, après la visite de la maison du prénocensitumé à New-York, le peuple attendait surtout les résultats de Roland-Garros…
— Et il n'a pas remarqué la fermeté dont j'ai fait preuve à l'égard du maréchal Kadhafi ?
— Hem sire…
— Oui ?
— Eh bien, Mon Empereur, les franchois pensent que tu les prends pour des idiots : ils ont compris que tu voulais les épater, mais ils se souviennent que Kadhafi et toi étiez encore des amis de trente ans à Noël dernier.
L'empereur serra les dents et se regarda dans le miroir magique d'un air mauvais, mais en réalité c'était le miroir magique qu'il regardait de cette façon.
— Je me demande ce qui me retient de te briser en morceaux à coups de tatane !
— Sept ans de malheur, sire, c'est ce qui te retient.
— Saligaud, déloyal !
— Ces choses là ne dépendent pas de moi, ô Empereur. Si cela était, je serais le plus heureux des miroirs magiques de finir ma vie en morceaux pour te plaire.
— Tu m'aimes, alors ? Il y a au moins un peu d'amour pour moi dans ce putain d'empire !
— Sa Gracieuse Lala t'aime aussi, et M. Cloclo le Béant, sapir des Choses du dedans, t'apprécie beaucoup…
— Arrête, tu vas encore m'énerver. T'aurais pas plutôt une petite idée de ce qui cloche, côté popularité…, mes cravates ? Qu'est-ce que je pourrais faire pour que le peuple m'aime, jouer du piano ?
— Tu m'as déjà posé cette question une fois, sire… Est-ce bien utile que je répète la réponse ?
— Ah oui, je me souviens… Celle-là tu peux te la garder, tu n'aurais pas une autre solution à me proposer ?
— Il faudrait demander à madame ta mère de reprendre l'éducation de son fils à zéro, dans l'œuf. Je crois que ça pourrait marcher, Majesté.


mardi 22 février 2011

Une contrariété pour Nicolas 1er

Ma chère femme,

j'étais de garde ce matin au palais, il y a eu une nouvelle exécution dans la cour d'honneur. Ça faisait un moment qu'il n'y en avait plus, deux ou trois mois à ce qu'on dit. Ces temps-ci, une rumeur traînait à la caserne comme quoi, la prochaine tête à valser serait celle de la Sapir des Choses du dehors. Elle multiplie les bourdes dans ses fonctions et ça commence à énerver l'Empereur. Tu sais comment il est de près, Nicolas 1er, je t'ai déjà raconté : quand il pique sa crise, il vaut mieux porter la tenue de camouflage !

J'en viens aux faits, ma femme… La cour était pleine de beau monde ce matin, à l'aube de l'Empereur, sur les coups de dix heures. Tout ce qui compte en ville s'était déplacé, parce qu'on s'attendait au décollement de la Sapir des Choses du dehors : sacré spectacle.
Et puis non, finalement, ils ont été déçus. C'est bien la tête d'une femme que le bourreau a décollée, mais celle d'une dignitaire de troisième catégorie. Dirlote aux Vieux papiers de l'empire, qu'elle était de son vivant. Nicolas 1er lui reprochait de chercher à saboter son projet de musée de l'Histoire

Donc, voilà une tête au panier, en bon état, j'ai pu m'en assurer, et pour une fois d'un prix abordable. À cette heure, elle appartient à la fameuse Adèle dont je t'ai parlé aussi, la boniche de Nicolas 1er et de l'Impératrice Lala, qui nettoie la cour après les exécutions. Adèle veut 800 de la de cujus : il me semble que c'est un bon prix, pour nous offrir une tête montée en lampe de chevet, comme les gens de la haute.
Qu'en penses-tu ?
Ton Loulou qui t'aime

source lointaine d'inspiration

P-S : «Les syndicats enseignants n'ont jamais été aussi faibles qu'aujourd'hui», à lire chez Mathieu le Privilégié

lundi 20 décembre 2010

Nicolas 1er pense au réveillon

Un matin, Nicolas 1er s'approcha de bonne humeur de son miroir magique.
— Miroir, mon brave miroir, dis-moi la vérité : est-ce que je suis le plus jeune ?
—Tu l'es, ô Empereur ! J'ai été fabriqué à Venise il y a 402 ans, cinq heures, et huit minutes.
— Je ne parlais pas de toi, connard ! Plus jeune que mes ennemis, j'veux dire.
— Ah ! Tu es jeune Mon Empereur, davantage que Gros Dodo, Tartine Dunord, Gaspard Lemanchon, et même Serpolène Yaya, mais Nono Montelà est bien plus jeune que toi encore…

Alors, l'empereur entra dans une grande colère et appela le chef des gardes.
—Attrapez Nono Montelà et ramenez-moi son foie sur un croc de boucher !
— Oui, sire… Et que fait-on du reste ?
— Le reste ?
— Les autres viscères, majesté, et la carcasse…
— Réservez, on verra avec ma femme comment les accommoder pour le réveillon.

Puis l'empereur revint devant son miroir et questionna :
—Miroir, mon brave miroir, dis-moi la vérité : suis-je le plus beau ?
— Tu l'es, Ô Empereur, mais Serpolène Yaya est bien plus belle encore.
— Ça ne se peut pas ! Tu es sûr ?
— Hélas, oui, Mon Empereur : tu as l'air d'un teckel, avec des cernes sous les yeux, alors qu'elle a la peau lisse et les dents blanches
Furieux, l'empereur ouvrit la fenêtre et appela le chef des gardes qui traversait la cour du palais :
— Attrapez aussi Serpolène Yaya et ramenez-moi son cœur sur le même croc de boucher, on fera des brochettes.
— Et pour le reste, majesté ?
— Réservez, mon ami, réservez ! Il y aura deux réveillons, hein !

L'empereur referma la fenêtre et retourna près du miroir magique.
— Miroir, mon brave miroir, dis-moi la vérité : suis-je aimé de mon bon peuple?
Comme le miroir restait silencieux et se couvrait même d'une légère buée, Nicolas 1er s'impatienta :
— Eh bien ! qu'est ce que tu attends pour répondre ?
— Cela fait beaucoup de Franchois, ô mon Empereur… J'essaie de distinguer ce qu'ils pensent, ce n'est pas aisé…
— Ils n'ont pas besoin de penser pour m'aimer ! Alors, ça vient ?
— Il y a quelques Franchois qui t'apprécient fort, mais les autres pour plupart, ne t'aiment pas.

Cette réponse causa un chagrin considérable à l'empereur, qui se laissa choir sur son trône de toilette en sanglotant. Il pleura de désespoir pendant plusieurs heures, et finalement, le manteau d'hermine et la chemise trempés de larmes, il retourna devant le miroir.
—Miroir, mon brave miroir magique, est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour qu'ils m'aiment ?
— Oui, Ô Empereur : tu peux abdiquer et partir habiter à l'autre bout de la terre.
On raconte que Nicolas 1er hésita entre faire embrocher tous ses sujets sur des crocs de boucher et briser le miroir magique. Le conte ne dit pas ce qu'il choisit, peut-être qu'il y réfléchit encore ,


P-S: Neverlands nous parle de la «Géographie de Sherlock Holmes» un beau livre à paraître en janvier, mais qui peut déjà se commander ici Chez Wikio, l'aventure des e-blogs s'arrête, c'est bien dommage, merci à l'équipe les animait !

mardi 10 août 2010

Abolition du privilège de la taille dans l'empire

Bonne nouvelle pour les photographes officiels, il leur sera bientôt loisible de tirer le portrait de Sa Majesté l'Empereur baignant dans son élément naturel : materné par un ou deux bataillons de gardes du corps. C'est aussi une information réconfortante pour les chômeurs de petite taille que nous donne Le Journal : les gabarits d'aptitude à la fonction impériale sont tous revus à la baisse.

Il faut dire que les exigences absurdes qui prévalaient jusqu'à ce jour dataient du temps de la Gueuse, l'infecte république dont le Bien Aimé Nicolas 1er nous a débarrassés. Que l'on imagine un peu : il fallait jusqu'à l'Édit Impérial de ce jour, mesurer plus de 1, 60 m pour intégrer les rangs de la garde et de la police en général ! Comme si quinze centimètres en plus ou en moins avaient le moindre rapport avec le sens du devoir. De même, il est mis fin au concours d'éloquence sélectionnant les guichetiers au contact des sujets franchois, et l'emploi de douanier impérial sera désormais accessible aux sujets privés de l'usage des quatre membres, pourvu qu'ils disposent d'une tête en bon état.

On le voit, le pays franchois s'humanise davantage chaque jour sous la main ferme du Bien-Aimé Nicolas 1er, qui n'hésite pas à jeter à bas les privilèges hérités des temps obscurs. «Les grands ont pas à avoir plus de droits que les petits, c'est pas pasqu'on est petit qu'on est moins travailleur, ou qu'on peut pas tirer au pistolet.»

Bien sûr, cette réforme n'ira pas sans provoquer quelques grincements de dents ici ou là… Au palais même, certains auront à se reclasser, tel l'officier du Tabouret impérial, mais n'en doutons pas, une révolution est en marche. La prochaine étape pourrait bien être l'éradication du mot petit de tous les dictionnaires.

Source innocente: Le Monde.fr

P-S: à lire chez Melclalex, le
Recensement de toutes les lois de Sarkozy sur la sécurité depuis 2002 ; Des-pas-perdus nous parle de La politique de la mémoire

mercredi 21 juillet 2010

kk +1 cool bz Adl: Nicolas 1er tel qu'en lui-même…


Mon cher papa, ma chère maman,

Je suis désolée que vous ayez pas compris mon SMS de ce matin: «kk +1 cool bz Adl». La gouvernante du palais m'a dit que vous avez eu peur qu'il me soit arrivé quelque chose. Eh bien, pas du tout! Ça voulait dire: «Couic! J'en ai une autre, les affaires reprennent, bisous, Adèle. » C'était pas plus tragique que ça. J'étais tellement contente de pouvoir vous l'annoncer que j'ai vite envoyé un message pour vous prévenir. J'étais dans mon coin habituel de la cour avec mon seau, le balai et la serpillière, en attendant que ça se passe: c'est pas commode pour écrire un roman.

Bref, l'essentiel est que l'Empereur a fait couper une autre tête ce matin, celle du bailli de l'Ysara, qu'il a eu la main molle avec les émeutiers de son coin. Le bourrel a bien travaillé, c'est tranché propre, ça me fera un must à la vente. Un de cujus bailli, pour équiper en lampe de chevet, c'est classe! Pas la peine d'en parler à M. Biscochu, chez nous, c'est pas une tête dans ses moyens d'apothicaire. Celle-là, je la caserai chez quelqu'un de la cour, j'ai déjà de la demande. Pendant que j'étais en train de nettoyer les dalles, le sapir des Choses du dedans s'est approché du seau de glace avec le bailli, il l'a regardé un moment en silence, puis il m'a dit:
«Si vous ne trouvez pas à la placer, faites moi signe, Adèle… »
Je le vois venir cuilà, il s'imagine qu'il aura la tête au rabais, le radin, mais y a pas que lui qui a envie de l'avoir! Et moi, j'ai mon trousseau à compléter, alors c'est pas demain que vais solder.

En tout cas, ça fait drôlement plaisir de voir que le Bien-Aimé Nicolas 1er reprend un peu du poil de la bête. Il était tout abattu ces temps derniers. On aurait dit qu'il osait plus faire couper des têtes, à cause du climat délétère qui règne dans l'empire, comme dit le Bon Saint Henri. Vous savez, ça vient de ces médisances qui circulent en ville, comme quoi la vieille Mme Sotenlong aurait financé l'élection du Bien-Aimé à la présidence de la République franchoise. C'était avant qu'il devienne empereur, vous vous rendez-compte? Pourquoi qu'on remonterait pas au déluge aussi, savoir si Noé il aurait pas touché une enveloppe de la famille Sotenlong pour se construire une arche! Ces ragots ont coupé l'appétit de notre Bien-Aimé, il dort mal (l'impératrice Lala me l'a dit l'autre jour, mais le répétez à personne, c'est confidentiel).
Vous voyez en tout cas que je pouvais pas vous raconter tout ça en SMS, en attendant l'exécution au petit jour…
Je vous embrasse fort, votre fille aimante,
Adèle

P-S La lumière brûle chez Arf…

samedi 26 juin 2010

Un petit chèque à Dieu


Ce matin là, Mme Sotenlong prenait son petit déjeuner, verveine et biscuits aux brocolis, quand on lui annonça son gestionnaire. Dès qu'il fut introduit, elle posa sa tasse et l'apostropha d'un ton angoissé:
— Alors mon très cher Marcel?
— Sauvée, vous êtes sauvée Nadine!
—Je peux garder mon dressing aux Seychelles, alors? Dieu soit loué! J'ai tellement mal aux pieds, voyez-vous mon bon, avec ces vilains souliers que je suis obligée de porter en pays Franchois. L'empereur ne se rend pas compte de la souffrance qu'il impose aux dames de qualité, avec son impôt inique sur la chaussure… Et d'abord, pourquoi faut-il payer cette odieuse chose, hein, je vous le demande?
— Je vous l'ai déjà expliqué, Nadine.
— C'était il y a longtemps, j'ai oublié.
Un soupir discret fusa par les narines de Marcel.
— Nicolas Premier, notre bien-aimé empereur, se méfie des souliers depuis qu'un Irakien en a lancé une paire sur le président Bush. Il a donc créé cette taxe afin de prévenir un tel attentat contre sa personne. C'est très efficace: tout le petit peuple est aujourd'hui déchaussé faute de pouvoir payer l'impôt. Vous ne trouveriez même pas une paire de charentaises chez la populace, en pays Franchois.
— Ah, je me souviens, maintenant, merci mon bon Marcel! Vous disiez que je ne serai pas poursuivie par le fisc pour les chaussures non déclarées?
—Voilà, Nadine… Il vous suffit de signer trois petits chèques de rien que je vous ai préparés: un petit pour Mme Pâturonne, un autre pour le sapir de la Cassette impériale, et le dernier pour l'empereur… Avec ça, vous serez à l'abri de tout souci du côté fiscal.
Nadine Sotenlong jeta un coup d'œil sur les chèques, comptant les zéros avec ses doigts, puis elle reprit, soucieuse:
—Et si cela venait à se savoir?
—Personne n'en saura rien, mais si cela était, vous pouvez dormir tranquille: nous ne sommes pas en France, que diable!
La brave milliardaire tressaillit à l'évocation de ce dernier pays, et dit à voix basse en fermant les yeux:
—En France ! Le ciel me préserve d'y mettre jamais les pieds…
—Là-bas, à la moindre preuve de corruption, ils vous traînent un ministre en justice, ils vous renversent un président.
—Quand j'ouvre Le Journal, je ne lis jamais les articles du Journaliste sur la France: sans quoi j'ai l'impression de plonger dans l'enfer de ma tante…
— L'enfer de Dante, vous voulez dire, Nadine?
— C'est ça, merci mon bon Marcel. Dans ce pays abominable, ils ont des journalistes plus teigneux que mes chiens, et des hommes politiques tellement intègres qu'ils ne peuvent supporter le moindre écart!
—Nous sommes en pays Franchois, ma chère Nadine, remettez-vous. Ici, c'est le bien-aimé Nicolas Premier qui décide du bon et du mauvais, du juste et de l'injuste.
— Vous trouvez toujours les mots qu'il faut pour me rassurer, vous êtes une perle, Marcel… Et si je faisais aussi un petit chèque à l'archevêque, pour qu'il prie Dieu de nous garder longtemps notre grand Empereur?
—Bonne idée, Nadine… Vous n'avez qu'à signer, je compléterai l'ordre et la somme…»

source lointaine: Mediapart

P-S, pendant j'avais la tête ailleurs, Arf a publié deux textes à lire vite: «La fête des écoles» et «Les platanettes»…

mardi 27 avril 2010

Le Journal de l'Empire


C'est la tristesse au cœur que je, soussigné Le Journaliste, directeur du Journal, rédacteur en chef, secrétaire de rédaction, pigiste, et balayeur honoraire des locaux, prends la plume en service commandé. Le palais m'a en effet confié mission de mettre un terme à une rumeur pernicieuse qui empoisonne notre beau pays Franchois depuis quelque temps, et alimente même des articles venimeux de la presse étrangère. Rendons grâce à notre Empereur d'avoir épargné à son peuple la pollution de l'âme que constitueraient ces feuilles de rien, en interdisant leur vente dans les frontières de l'Empire. Il a plu au Bien-Aimé Nicolas 1er d'accorder l'exclusivité de nos kiosques aux seules pages, salubres, du JOURNAL, et à la prose de son dévoué serviteur Le Journaliste. C'est pourquoi je me propose aujourd'hui d'abattre la rumeur d'une plume impitoyable.

De quoi s'agit-il? Le prétexte de cette affaire est à rechercher fort loin, à l'époque héroïque où l'Empire n'était encore qu'une idée vague, mûrissant dans l'esprit du génial Nicolas. Le lecteur âgé se souviendra que dans les dernières années de la gueuse, un certain Oscar Billamol fut premier sapir de l'avant-dernier président de la république Albert Papillon, un socialiste —que l'on me pardonne ce mot grossier! Or, notre Bien-Aimé se trouvait exercer les importantes fonctions de sapir de la tirelire dans le gouvernement Billamol. Le cadre ainsi posé, j'ajouterai qu'Oscar Billamol projetait de se porter candidat à la présidence de la république franchoise.

Que dit la rumeur?
Pour avoir des fonds, afin de faire campagne, M. Billamol aurait obligé notre industrie d'armement à vendre à perte plusieurs dirigeables à une nation orientale. Mais l'argent public ne pouvait entrer directement dans les poches de M. Billamol: on aurait donc imaginé de gonfler les pots-de-vin qu'il est d'usage de verser dans ce genre de transaction, et de récupérer une bonne partie de ces derniers. Pour ce faire, et brouiller les pistes, le sapir de la tirelire, notre bon Nicolas, aurait facilité la création d'une société fictive à l'étranger. Les intermédiaires recevaient les dessous-de-table par les soins de cette société, puis, avant de graisser la patte aux acheteurs orientaux, en reversaient une fraction non négligeable au trésor de campagne de M. Billamol.

Je vous demande un peu: n'aurait-il pas été plus simple d'empocher tout de suite cet argent, sans se fatiguer à l'envoyer à l'étranger? Certes, on peut objecter que dans un gouvernement républicain, toute somme doit pouvoir être suivie en écritures diverses jusqu'à un certain point. Il fallait donc qu'elle partit intégralement à l'étranger et que la trace en fût perdue par les comptables de l'état, avant d'en récupérer la moindre fraction.

Soit, mais je vous prie de considérer cet argument imparable: a-t-on bien regardé les visages de M. Billamol et du Bien-Aimé Nicolas 1er en sa jeunesse? Il y a des photographies… L'un comme l'autre rayonnent de probité, et leurs yeux loyaux regardent droit dans le sens de l'état! S'il était encore besoin de preuves, que l'on considère ce que ces hommes sont devenus: le premier est aujourd'hui Cardinal de l'Église Impériale, le second n'est rien moins que notre Empereur. Imagine-t-on que le peuple Franchois, vous, moi, serions assez naïf pour élever en honneurs des individus corrompus?

Je me trouvais il y a quelques mois à bord du Nicolas One, lors d'un voyage de l'Empereur. Je me souviens encore qu'un petit journaleux d'un pays dont je tairai le nom par courtoisie, lui avait fait part de cette rumeur naissante avant de lui demander avec insolence ce qu'il pouvait dire à ce sujet. Eh bien, le croiriez-vous? L'Empereur fut pris d'un fou-rire inextinguible qui dura jusqu'à la fin du vol! Avant de descendre de l'avion, il fit cette forte réponse: «franchement, mon garçon, franchement, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est grotesque, voilà ma réponse!»
Et paf!
signé: Le Journaliste

à lire : Libération, Mediapart.

Ce billet vous a plu? Vous pouvez le recommander : Wikio

samedi 17 avril 2010

Nicolas 1er montre l'exemple

Soucieuse d'améliorer sans relâche les conditions de vie de son peuple, Sa Majesté Impériale Nicolas 1er, dans sa grande bonté, a paraphé ce matin un décret de Mme Mangeline Rachalot, sapir de la bien-portance.

On sait que tous les pays nœuropéens adoptent les uns après les autres de strictes mesures anti-tabagisme, ceci afin d'alléger le poids financier des maux qui en découlent, en protégeant la santé des populations par la même occasion.

Notre génial Empereur, en vrai visionnaire, a décidé pour sa part d'aller beaucoup plus loin dans la prévention de la mort. D'ici un an à compter de la publication du décret, les constructeurs automobiles auront obligation de mettre en vente des véhicules dont 40% de la carrosserie extérieure seront couverts d'images choc d'accidents de la circulation ou des conséquences de ces derniers.

Notre Bien-Aimé Nicolas, premier Franchois, premier à montrer l'exemple a choisi d'anticiper pour lui-même cette obligation. Le dernier véhicule officiel, flambant neuf, dont nous dévoilons ici une photo prise dans le Garage Impérial, est en effet revêtu des illustrations dramatiques prévues par le décret. Sur le côté du conducteur on peut voir ainsi une berline réduite en bouillie, barrée de l'inscription: «Rouler tue», cependant que le capot est orné d'un fauteuil roulant sur fond jaune. Le flanc droit, non photographié, montre un pompier impérial occupé à désincarcérer des enfants à l'arrière d'un véhicule, avec cette inscription rouge: «la voiture met vos enfants en péril». La porte du coffre affiche quant à elle un cul-de-jatte nu, en couche culotte, avec l'avertissement: «l'accident peut vous rendre impuissant»…

Mme le sapir de la bien-portance a déclaré que dans sa grande mansuétude, l'Empereur accorde un délai de quelques mois aux constructeurs pour écouler leurs stocks actuellement inadaptés, mais dans un délai d'un an, tous les véhicules en circulation, y compris les anciens modèles et les voitures de collection, de même que les jouets pour enfants devront satisfaire aux dispositions du décret. Le cas de l'équitation est encore à l'étude, mais il se pourrait que l'obligation soit étendue aux chevaux.

lundi 29 mars 2010

Blog de Lala: bon baisers d'Amérique

Coucou, Franchoises et Franchois, vous ne devinerez jamais où je suis! Ah, vous le savez déjà? Par Télé-Nicolas et Le Journal, bien sûr! Je suis étourdie parfois, mais je vais vous le dire quand même, sinon je ne saurais pas quoi écrire sur mon blog impérial. Donc, Nicou the first et moi, nous sommes en Amérique, et savez-vous quoi? Demain nous dînons private chez les Obama.

Et comme me l'a fait remarquer Nicou: «attention, eh! pas dans la salle à manger officielle de the white house, non, mais intou the life intimitate of the big président, pas son bedroum, mais presque…» C'est vous dire tout le chemin que le Bien Aimé Empereur de nos cœurs a parcouru. Vous n'êtes pas au courant de certains détails, parce que l'on ne vous dit pas tout dans Le Journal, par égards diplomatiques, mais ça n'a pas été toujours facile entre mon homme et le président des states.

Au début, mister Obama avait tendance à snober mon Nicou the first, because il trouvait l'Empire franchois trop petit. Pourtant, peu à peu, il s'est rendu compte de la supériorité du Bien Aimé. Quand il perdait de son côté trois élections partielles, Nicolas 1er désignait qui lui plaisait pour siéger à l'Assemblée impériale et à l'Amicale Œuropéenne. Mais je ne vous ferai pas la liste de toutes les occasions où le génie de notre empereur a étincelé aux yeux du monde.

En guise d'exemple unique, je vous rapporterai ce que mon Nicou a raconté ce matin devant un amphithéâtre d'étudiants bourré à craquer. En réponse à une question, comparant l'ampleur des réformes réalisées chez nous depuis son couronnement à l'unique chantier ouvert par l'américain sur la santé, l'Empereur a dit sobrement: «Qu'on change un truc dans un pays où qu'on en foute cinquante en l'air, la pression du populo c'est du pareil au même.» Et il a ajouté avec ce petit air malicieux qui le rend à croquer: «Excusez-moi, mais nous, ça fait belle lurette qu'on a résolu le problème.» Ça c'était envoyé!

À mon avis, il aurait dû préciser que c'est surtout depuis son accession au trône que la santé, est une affaire qui roule dans l'Empire franchois. N'oublions pas que c'est Nicou qui a réorganisé l'hôpital, grâce aux soins à la chaîne et à la fermeture de tous les centres qui ne servaient à rien. C'est lui qui a trouvé le moyen d'empêcher tous les faux malades de coûter si cher au pays en les obligeant à ouvrir sérieusement leur porte-monnaie… Mais je bavarde, je bavarde, et l'aiguille tourne sur ma Rogex! Je dois vous quitter, car nous avons un drink à l'ambassade dans vingt minutes à peine. À bientôt, mes amis, et vive Nicolas 1er!

P-S, après avoir bataillé en vain avec blogger pour insérer l'illustration de ce billet, j'ai renoncé à faire des liens vers mes lectures du jour…

jeudi 25 mars 2010

Dernières nouvelles de Nicolas 1er



Ma chère maman, mon cher papa,
Ça y est, j'en ai une! Vous pouvez dire à monsieur Biscochu que, s'il est toujours intéressé, on peut arranger l'affaire. C'est une belle, alors faudra lui demander un max. Ici, à la capitale, je les place jamais pour moins de 1500, des fois plus. Le de cujus (c'est le Bon Saint-Henri qui les appelle comme ça, pour rire), le de cujus était commandant du guet, c'est pas rien!
J'étais dans un coin de la cour avec mon seau et mes serpillières quand notre Bien Aimé Empereur l'a fait décapiter. Pendant que le bourrel aiguisait sa hache, Nicolas 1er a fait un petit speech à ceux qui étaient là:

«J'ai décidé que le guet serait désormais placé sous l'autorité du sapir des Choses du dedans, comme ma police. Ça n'a pas plu au commandant, qui s'est permis de critiquer ma décision en public… Vous vous rendez-compte? Dire du mal de son Empereur! Fallait qu'il aye perdu la tête, non? Eh bien, comme ça, il va la perdre pour de bon, sa tête!»


Le bourrel a bien travaillé, elle a pas été du tout abîmée et je l'ai mise dans mon panier spécial avec de la glace dès que j'ai fini de tout nettoyer. Prête pour le voyage, s'il faut… Alors donc, je compte sur vous, le Biscochu a les moyens de lâcher de la thune, avec son apothicairerie qu'est toujours pleine de clients…

À part ça, y a eu du rififi au palais, hier… L'Empereur, qui avait dû se lever tôt pour le Conseil des sapirs, était de mauvaise humeur. Normalement, il se lève vers dix heures, après son câlin avec l'impératrice Lala, alors 9 heures, vous imaginez… En tout cas, à la sortie du Conseil, il a fait le discours que vous avez forcément écouté, vu que c'est obligatoire, puis il a pris le Premier sapir mange-couleuvre à part.

«Qu'est-ce que Riton m'apprend, dis-donc: tu t'es invité au journal de ce soir sur Télé-Nicolas? Non, mais, pour qui tu te prends? Je cause dans le poste à midi, et toi, tu voudrais faire le beau le même jour? Pas de ça, mon saligaud! Tu crois que je te vois pas venir, avec ta petite gueule de faux cul? Je te laisserai pas cirer les pompes de ces connards de Franchois pour me préparer un coup d'état!
—Mais Sire, je vous assure qu'il n'y a aucune malice dans cette intervention télévisée! C'était prévu depuis une semaine, alors que ni moi, ni Télé-Nicolas à plus forte raison, ne savions que vous parleriez aujourd'hui.
—En tout cas, tu m'annules ça ou je te remanie… Je te trouve un peu long, si tu vois ça que je veux dire…»

Moi, j'étais pas loin, je ramassais les canettes de bière dans la salle du Conseil. J'ai vu l'empereur qui promenait un doigt autour du cou du sapir mange-couleuvre. Le sapir est devenu tout blanc. Il a dit avec une chèvre dans le gosier: «Vouii… vouii… Votre Majesté… J'a j'a, j'annule… Promis juré!» Et il a craché une petite anguille sur le tapis.
En résumé, pour la tête, faites-moi savoir assez vite, j'aurai peut-être d'autres clients si ça tarde trop. Y en a au palais qui font collection.
Bisous de votre fille affectionnée,
Adèle
Sans rapport, mais sur un thème voisin

P-S. J'ai lu chez Mathieu un bon billet sur «l'affaire Zemmour», comme du reste ceux de Falconhill et de Nicolas… Après Balmolok et pas mal d'autres blogueurs, Éric nous offre sa version du Jeu d'écriture n°3, dont les textes sont rassemblés sur le Blog à 1000 mains

samedi 6 mars 2010

Nicolas Sarkozy remplacé par Nicolas 1er à l'exposition agricole

J'avais envie ce soir de saluer la visite à reculons de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture, à l'occasion de sa clôture… Malheureusement, je n'ai pu arriver sur place à temps pour recueillir les meilleurs moments de sa prestation. D'une part, ce farceur s'était rendu sur les lieux avant l'ouverture des portes, et d'autre part, mon réveil n'a pas sonné. Même si je n'avais pas loupé l'avion de Paris, je serais de toute façon passé à côté de la majeure partie de l'événement et mon reportage tombait à l'eau. C'est pourquoi je vous propose la relecture d'un billet que je fis l'an passé, à l'occasion d'un séjour en Franchie. Ces apparitions officielles se ressemblent toutes, et à défaut de M. Sarkozy, j'espère que la visite de l'Empereur Nicolas 1er à l'exposition agricole de son bon pays, vous fera passer quelques instants plaisants.


Nicolas 1er visite l'Exposition Agricole. (reprise du 22 février 2009)

Sa Majesté Nicolas 1er a, cette semaine, honoré de sa présence l'Exposition Agricole qui se tenait comme tous les ans dans sa capitale chérie. Une foule dense se pressait afin de l'acclamer, constituée pour une bonne part des plus racés représentants de notre cheptel national, veaux, vaches et conjoints, brebis, volailles à plumes et à poils, telles que truites, saumons, brocolis, cochons d'inde, ou poules du tandori, sans compter chevaux et concubines, poulains et poneys mérinos.

D'autre part l'assistance proprement dite, composée essentiellement des huit mille hommes et femmes de la garde impériale, tous agréablement costumés en fermiers et fermières, avec un tel réalisme qu'il était impossible d'identifier dans leur masse les paysans authentiques accrédités pour la visite impériale. Le Bien-Aimé, quoique allergique à la plume fit un arrêt remarqué devant l'enclos d'une laitière rose de Celtique Occidentale.

«Elle est magnifique! Est-ce qu'elle donne beaucoup de lait? demanda-t-il au sympathique éleveur qui veillait sur la bête. —Ma foi, Mon Empereur, j'pense qu'oui, y a quinze petits qui tètent en ce moment et y se plaignent pas… —Quinze! s'ébahit le Bien-Aimé en prenant à témoin le Sapir de l'agriculture. Soyons fiers de cette vache: c'est ça, la Nicosie qui gagne! — Mais où sont-ils, ces petits veaux? reprit Nicolas 1er avec un bon sourire, à l'intention du croquant. —À la porcherie du dehors, mon Empereur, vu qu'ils sont pas accrédités pour la visite.»

Notre magnanime souverain bavarda quelques instants encore avec ce rude éleveur, lequel tout épaté de sa considération, insista pour lui offrir du boudin frit et une tranche de saucisson en provenance de sa ferme.
«C'est du bon, mon Sire! La Luzon, l'était aussi belle que celle-là!» dit le brave homme qui tendait une assiette au fumet appétissant.
Mais le Bien-Aimé fut pris de violents éternuements, dûs sans doute aux plumes de cette Rose de Celtique Occidentale, et poursuivit sa visite d'un pas allègre.

Il s'arrêta encore, bien que moins longuement, devant un autre enclos. Malgré la presse et la ferveur bruyante entourant le monarque, nous fûmes le témoin émerveillé de l'étendue de son savoir, lorsqu'il identifia du premier regard un petit troupeau d'oies.
«Quand j'étais petit, il y en avait des comme ça dans mon livre de lecture, à l'école!» dit-il avec cette modestie à fendre le cœur le plus endurci.
Il s'enquit auprès de la fillette gardienne du troupeau, si c'était bientôt l'heure où ces équidés allaient pondre le foie gras, mais devant l'air stupide de la jeunette, comme tétanisée par son auguste présence, il passa finalement son chemin.

Nous ne saurions énumérer ici toutes les richesses qui réjouirent l'œil de notre affectionné monarque: un épais volume n'y suffirait pas, quand le lecteur de ces chroniques, nous le savons, apprécie la concision. C'est pourquoi nous résumerons cette visite de Nicolas 1er à l'Exposition Agricole à l'essentiel: ce fut une fois encore un triomphe sans égal, si ce n'est celui de l'an prochain.

P-S j'aimerais vous signaler un billet d'Éric, qui anticipait à sa manière la montée du conformisme dont je parlais hier… Et d'autre part, l'excellent point de vue de Piratages sur «le cas Peillon»… Enfin, ce serait dommage pour vous de louper la jolie série des «Questionnaires de Trub»

vendredi 19 février 2010

De l'ail dans le berceau de Nicolas 1er

Je suis abonné au Journal pour plusieurs raisons… D'abord parce que c'est obligatoire, l'abonnement fait partie de la redevance médiatique sur ma feuille d'impôts. Ensuite, j'aime bien lire, c'est distrayant, et puis ça m'aide, vu que j'ai l'habitude de le faire aux toilettes, avant de partir au boulot. Quand je dis lire, bien sûr, je parle surtout de regarder les images, et pas de me taper les douze pages d'articles du Journaliste! C'est un canard copieux, dans les l20 pages, par là… C'est vous dire qu'il est bourré de pub, avec de la belle bagnole, des femmes extraordinaires, des photos de petits coins du paradis sur terre où je n'irai jamais… Bref, Le Journal, j'apprécie.

La deuxième raison de mon abonnement, c'est que je l'achèterais même si je n'y étais pas obligé. Vous vous demandez pourquoi? Eh bien! c'est mon côté rebelle, voyez-vous. Avec Le Journal, je peux m'informer tout seul, quand je veux, comme je veux, aux chiottes. Par contre, on est tous obligés de regarder les informations officielles de Télé-Nicolas à heure fixe, avec un soldat de l'empereur dans la salle à manger qui vous surveille. Pas question de baisser le son ou d'aller pisser un coup pendant la retransmission du discours quotidien du Bien Aimé! Ma femme et moi, on fait semblant d'être attentifs, mais en réalité, on pense à plein de trucs plus marrants. Je ne vous dirai pas lesquels.

Je suis abonné au Journal, et ce matin, en ouvrant le dernier numéro à droite (chez nous les WC, c'est la première porte à droite dans le couloir, qu'on sorte de la salle à manger ou de la chambre)… Donc, en ouvrant Le Journal, j'ai failli m'asseoir à côté de la cuvette: tous les articles du Journaliste étaient consacrés aux origines de l'empereur. Vous pensiez peut-être comme moi, que le Bien Aimé était un pur Franchois de père en fils depuis Vercingétozy, mais pas du tout!

Son grand-père Viktor était un immigré de Transylvanie, jeune et brillant diplômé en vampirologie. Amoureux de notre pays et plein d'ambition, il espérait bien se faire chez nous une place au clair de lune… Il demanda donc sa naturalisation franchoise, ainsi que l'autorisation d'exercer son art…

Ceux qui se plaignent aujourd'hui des difficultés qu'il y a pour un étranger à devenir sujet de l'empire, feraient bien de méditer sur son exemple. En effet, à cette époque, les vampirologues franchois étaient fort jaloux de leur spécialité, ainsi que d'une clientèle plutôt réduite, car le vampirisme était loin d'atteindre le niveau actuel. Leur lobby, très influent au parlement de la Gueuse, luttait contre l'installation de confrères venus de Transylvanie, dont ils redoutaient les talents.

La demande de Viktor fut donc rejetée à de nombreuses reprises. Il aurait probablement fini par se décourager, s'il n'avait rencontré un jour chez des amis la fille d'un gros producteur d'aïl de Basse-Gaule. Ce fut le coup de foudre, et ils se marièrent dans l'année… Je n'ai pas encore eu le temps de lire la suite, mais je la devine: la petite graine était dans son sillon, d'où rejaillirait un jour lointain notre génial Nicolas 1er!

Source lointaine: Le Nouvel Observateur n°2363

P-S. mes vœux de parfait rétablissement à Didier Goux! FalconHill part en guerre contre les radars…

lundi 18 janvier 2010

Nicolas 1er à Tricota


Sa Majesté Nicolas 1er, Empereur des Franchois et des Séquelles, vient de rendre visite à ses sujets de Tricota, pour notre plus grande fierté. Racontez cette belle journée de fête à laquelle vous avez participé, comme tous les écoliers de notre île.


Je me rappelle qu'on dormait tous encore à la maison, quand y en a qui ont donné des coups de pieds à la porte des appels joyeux se sont élevés: «Allez, debout, les feignasses! Tout le monde dehors! On se réveille, le car nous attends, bonnes gens!» C'étaient les soldats de l'empereur avec leurs gros godillots. Le maire et ses conseillers faisaient le tour du village pour prévenir tout le monde. Avec papa, maman, grand-mère, mes trois grands frères, ma petite sœur, et les petits, on a eu à peine le temps de s'habiller avant qu'un malabar arrive et nous pousse dans la rue, que les voisins viennent se moquer gentiment de nous, parce qu'ils étaient déjà prêts. Il y avait un énorme autocar qui attendait, et les villageois qui s'approchaient d'un peu partout, l'air d'avoir la tête dans le cul, grave, réjouis de la belle journée de fête dont à laquelle on allait participer. Les soldats ont fouillé toutes les maisons, le maire et sa bande ses amis ont bien vérifié que tout le monde était là, et on nous a fait monter dans l'autocar. Et il est parti. Comme on habite au bout de l'île, c'était long jusqu'à Tricota-ville, surtout pour les petits et les vieux. Ma petite sœur Kiki a vomi et le pépé de nos voisins, que les soldats avaient porté parce qu'il était paralysé, est mort, a eu mal à la tête. On s'est arrêté un moment pour qu'ils le mettent dans le coffre pour lui donner de l'hapyrine aspirine. Le car nous a laissés loin de la ville, parce qu'il y en avait plein d'autres, cars, vu qu'ils ont raflé que toute la population de l'île voulait acclamer l'empereur. Heureusement on a eu droit a des sandwiches, parce que j'avais drôlement faim.
Y avait tellement de monde sur la place, que de là où j'étais, je voyais rien j'avais du mal à voir au loin. J'ai juste entendu quelqu'un qui parlait dans les hauts parleurs, mais j'ai presque rien compris, sauf qu'on va devenir une province franchoise, ça sera pas trop tôt, depuis le temps qu'on demande. Et aussi, il va falloir se tenir à carreau, parce qu'on aura des devoirs envers l'empire. Fort teureusement heureusement, je n'ai rien perdu du magnifique discours que nous adressa l'empereur. Il a une belle voix comme ses yeux bleus, et on sent que c'est un grand homme. Il nous a annoncé que le Tricota sera bientôt une province franchoise comme les autres, avec les mêmes droits, et exactement les mêmes devoirs. Nous, du village, on s'ennuyait, y en avait qui commençaient à râler, qu'ils avaient du boulot à faire. Des vivats d'allégresse s'élevaient de tous côtés. À un moment, c'était tellement compliqué ce qu'il racontait, que plein de gens en ont eu marre, et on a commencé à se tirer que monsieur le maire a promis qu'il nous expliquerait. On est retourné à l'autocar, vachement contents que ça soit fini Nous avons regagné l'autocar en chantant les louanges de Nicolas 1er le Bien-Aimé. Quelle belle journée, que Dieu garde l'Empereur et sa Gracieuse Lala son épouse!

Merci à Nicolas pour son cours d'Html en direct de la Comète!

P-S. je n'ai rien lu aujourd'hui à l'exception d'un billet de Bruno Roger-Petit qui revient sur un aspect oublié de la personnalité d'Alain Duhamel…

jeudi 10 décembre 2009

Nicolas 1er amuse sa galerie


L'autre jour, l'Empereur recevait au Carton —l'un des palaces de la capitale où il a ses habitudes—, la fine fleur de ses féaux et soutiens de longue date. Quoique sa très haute fonction le dispense de partager les sentiments du commun, le Bien Aimé n'hésite jamais à se montrer reconnaissant. Il n'a pas oublié l'appui que lui apportèrent ces gens, tout au long des rudes années de l'ascension vers le trône impérial. Disons-le sans détour: si le petit Nicolas Duponzy put devenir le grand Nicolas 1er, c'est grâce aux espèces sonnantes et trébuchantes que lui prodiguèrent sans lésiner ces héros de l'Empire.

Ils se pressaient donc nombreux pour accéder aux salons du Carton, et avoir l'honneur d'assister au cocktail de leur idole. Quelques uns faisaient un détour auparavant par un discret vestiaire, afin de déposer, en rougissant un peu, leur calibre entre les mains d'un adjudant de la garde. «Ne perdez pas votre numéro, sinon je vous le rends pas!» recommandait l'accorte adjudant, une blonde aux yeux moqueurs. L'invité empochait son jeton en hochant la tête et allait se mêler à la petite centaine d'élus pressée autour du Bien Aimé.

Il y avait là tout le gratin de l'empire, ducs et barons de la finance, chevaliers d'industrie, spadassins d'affaires, marquis du barreau, hôteliers, cavistes, importateurs de souliers, casinotistes…
Quand la réception fut bien avancée, le champagne pétillant dans tous les regards, Sa Majesté grimpa sur une chaise, puis de là sur la table du buffet.
«Mes chers amis, faut qu'on se marre un peu, on est pas là pour s'embêter…
—Vouiiiii! hurla l'assistance en applaudissant.
—Alors voilà, on est entre nous, hein?
—Vouiiii !
—Donc ça sortira pas d'ici, c'est le principal. On va jouer un peu comme au rébus… Devinez qui je fais là… C'est quelqu'un que je connais bien.»

L'Empereur, avec un admirable naturel et son talent inné en toutes choses, renversa du pied un saladier d'inox sur lequel il se jucha. La tête haute, il se raidit, une main sur le cœur, puis s'inclina profondément, jusqu'à la limite de perdre l'équilibre. Tête basse, il tendit ensuite la main vers un personnage invisible.
«Obama ! s'écrièrent plusieurs voix.
—Bravo, fit l'Empereur, sautant de son perchoir.»

Successivement, Nicolas 1er imita devant ses invités la reine d'Angleterre, Vladimir Poutine, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi, et un certain François Fillon —mais comme personne ne connaissait ce dernier ce fut un échec. Déçu, l'Empereur mit fin au jeu et improvisa un discours dans lequel il exhorta ses amis chers à poursuivre leurs dons au Parti impérial. Il acheva en leur renouvelant sa promesse solennelle de ne jamais augmenter leurs impôts.
Tout le monde cria: «Vive l'Empereur ! Longue vie à notre Bien Aimé !»
Et l'on se sépara gaiement, tandis que Nicolas 1er allait retrouver Sa Gracieuse Lala dans un salon privé où elle l'attendait en faisant une partie de scrabble avec une domestique.


P-S, si vous ne connaissez pas encore le blog littéraire de Dedalus, «Un écrivain sur la toile», je vous invite à le découvrir… A voir chez Éric, une vidéo de présentation de Pealtrees à la conférence Le Web…

mercredi 25 novembre 2009

Nicolas 1er en banlieue

Ma chère femme,
je rentre d'une mission périlleuse, et comme tu vois, ma chambrée et ses punaises à peine retrouvées au corps de garde du palais, c'est vers toi que se tournent mes pensées. Ça n'est pourtant pas facile, crois-moi, de me transporter vers ta fraîche personne qui sent bon le Nina de chez Bibalchy que je t'ai offert, avec le maréchal-chef Furet qui vient de se déchausser à côté . Je ne sais plus si je t'ai déjà mise au courant, mais il sent des pieds.

Donc, on était hier en mission de protection de l'Empereur, qui est complètement génial comme c'est écrit sur les affiches, affirmatif, mais aussi des fois d'une témérité effrayante. Figure-toi qu'il avait décidé de faire une visite surprise officielle en banlieue. Bien sûr, le bon Saint Henri et le Sapir des choses du dedans avaient pris, depuis quinze jours au moins, les mesures d'urgence qui s'imposaient : interdiction de vendre, d'acheter, et de transporter des œufs et des tomates dans la zone, sélection d'une foule pour l'arrivée, avec plusieurs répétitions au stade du coin, etc. N'empêche, on a beau savoir que personne n'a le droit de porter des chaussures dans notre pays, on n'est jamais à l'abri d'un kamikaze qui balance un œuf de contrebande ou une pantoufle au dernier moment. C'est traître, la pantoufle, ça échappe au détecteur de cuir et au flair des chiens.

Heureusement, quand le cortège de l'Empereur est arrivé, tout s'est passé nickel, pas une bavure. Nicolas 1er était très calme, souverain comme il dit l'autre du Journal. Pendant que la télé filmait, Sa Majesté a échangé quelques mots avec la foule que commandait l'adjudant Duval en costume de père de famille.
Après ça, il est entré au commissariat de police où étaient convoqués les représentants de la population qu'il voulait rencontrer. Rien que des Franchois de première qualité, des commerçants, des propriétaires. Ce genre, tu vois… Il fallait que j'ouvre l'œil, alors je ne l'ai écouté que d'une oreille, ma mauvaise, la gauche comme tu sais, mais je l'ai entendu dire qu'il fallait développer encore plus la visusurveillance.

«Dans tous les endroits qui ont la visusurveillance, la sécurité progresse, qu'il a dit. Y a des pays comme la Chine qui ont un soldat de visusurveillance pour 10 habitants. Mon objectif, c'est qu'on arrive au plus vite chez nous à un homme de garde, nuit et jour, pour deux Franchois. Ils prendront le train avec leurs suspects…, non, leurs protégés. Et si c'est des enfants qu'ils surveillent, eh bien, ils iront en classe avec, ça les fera réviser!» Quel type, quand même, hein, Sisi?
Il est temps pour moi d'inspecter le lit avant de dormir, les punaises en profitent pour pondre chaque fois que je m'absente. J'espère que tu écoutes mes conseils et que tu n'ouvres à personne, surtout pas au facteur: y a pas pire pour refiler la grippe cochonne à tout le pays! Je t'apporterai de quoi renouveler le stock de conserves à ma prochaine permission.
Ton Loulou qui t'embrasse.

P-S. À propos du débat sur l'identité nationale, que j'ai effleuré hier, c'est en définitive chez Hypos que j'ai trouvé les réflexions les plus revigorantes…

vendredi 6 novembre 2009

Nicolas 1er : bilan provisoire

Le journal
La voix des ans pires


À l'approche du troisième anniversaire de l'accession au trône Franchois de l'Empereur Nicolas 1er, votre journaliste a recueilli les impressions de l'une des plus proches collaboratrices de Sa Majesté. Qui d'autre, mieux que Mlle Adèle, camériste du couple impérial, aurait pu nous confier les éléments d'un bilan sincère de ce début de règne?

Le journaliste: on peut dire que vous partagez l'intimité de l'Empereur?
Mlle Adèle: ça oui ! C'est moi qui fais le lit tous les matin et la couverture le soir… Je sais tout.
—Comment se porte le Bien Aimé?
—Sur ses pieds, toujours bien droit.
—Mais sa santé?
—Excellente, malgré qu'en ce moment, il flippe un peu. Comme il dit souvent: c'est du gros travail, la charge d'un empire!
—D'où vient cette mélancolie?
—De nulle part, vous alors! Sa Majesté, il est fidèle à Sa Gracieuse Lala, je peux jurer: moi, j'ai jamais vu de Mélancolie dans son lit.
—Je voulais parler de ses soucis, pas de sa vie privée…
—Ah, ça! C'est rapport aux rumeurs, que soi-disant y a des Franchois mécontents.
—En effet, il est question de sondages clandestins qui indiqueraient une légère baisse de popularité de Nicolas 1er. Qu'en pense-t-il?
—Que les Franchois sont des cons. À cause d'eux, il a donné un coup de pied au petit chien de Lala, et cassé exprès une potiche… Ah! et puis, il a traité le bon Saint-Henri et M. Cloclo le Béant de connards incapables… Si vous voulez mon avis, c'est le coup du prince Janou qu'est la cause de tout ça. Il a pas pu le nommer au poste qu'il voulait, à cause des médisances internationales et tout. Alors, il trouve que c'est la faute aux conseillers qui ont pas trouvé le moyen de vendre le truc à l'opinion, comme il dit. Faut dire que c'est un monde, quand même! Ça sert à quoi d'être empereur, si on peut pas faire ce qu'on veut dans son chez-moi? En plus, avec tout le mal qu'il s'est donné pour qu'on soye un pays moderne: la taxe sur les souliers, l'injustice fiscale comme des américains, l'industrialisation de l'hôpital, les parcs à chômeurs, et la prospérité qui revient, grâce au «faire travailler plus pour gagner plus»… C'est pas rien, ces choses! Il les répète tous les jours à Lala en ce moment, alors je les sais par cœur.
—En somme, est-ce un bilan positif, plutôt positif, ou très positif, que vous tirez des deux premières années de règne de notre maître à tous?
—Hyperpositif! Grâce au Bien Aimé, on est devenu un vrai pays de conte de fées: y a des gens qui rappliquent de partout pour nous voir. Vous pouvez l'écrire!
—Mlle Adèle, je vous remercie.
Propos recueillis par Le journaliste.

Muses innocentes: Rue89, Sarkofrance, PMA, Section socialiste de l'île de Ré, Je voulais vous dire…


lundi 26 octobre 2009

La légende dorée de Saint Jehan Sans Défense


Sainct Jehan Seharkozy preschoit enz Hautal de Seine
De mémoire, la légende dorée de Saint Jean Sans Défense débutait à peu près ainsi, dans un très ancien manuscrit aujourd'hui perdu. Pourtant, au commencement, Saint Jean Sans Défense n'était pas encore saint, on l'appelait juste Jehan.
Jehan était fils du roy des Franchois, c'était un vif et blond garçon qui aimait par dessus tout à jouer à la politique avec ses amis. Il était mauvais élève, aussi aurait-on pu lui appliquer en son jeune âge, ces vers fameux de Maître François Villon:
«…Mais quoi ? Je fuyaie l’école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
À peu que le cœur ne me fend…»
Toujours à chevaler sur son fier destrier nommé Scooter, de-ci de-là, à droite et à droite, il politiquait du matin au soir avec ses copains et même des vieux débauchés passionnés par les joutes électorales.
Or, un jour, le roy Nicholas son père en eut assez de ces fantaisies. Il lui dit quelque chose du genre: «Maintenant ça suffit, Jehan, faut travailler dur comme moi!» Et il l'envoya siéger au parlement des Hautals de Seine. Il n'y avait plus assez de sièges là-bas pour que Jehan puisse poser son séant, alors on coupa la tête d'un vieux conseiller, et il eut son tabouret.
À quelque temps de là, Jehan qui s'ennuyait un peu à la place subalterne qui lui était échue, et qui trouvait le tabouret trop dur pour ses fesses, Jehan voulut une meilleure place. Il en dit quelques mots au roy, et l'on expédia aux galères le capitaine des conseillers royaux, afin que les autres conseillers puissent choisir Jehan comme nouveau capitaine, selon leur coutume. Jehan prit goût à ses nouvelles occupations, mais il se trouva bientôt que le tabouret de capitaine lui parut aussi ingrat pour son séant que l'ancien…
C'est alors qu'il songea à la place de Sénéchal de la Défense, laquelle jouissait d'un large fauteuil, à l'assise réputée plus moelleuse qu'un giron de femme. Jehan confia cette songerie au roy, à l'occasion d'une poule au pot dominicale au palais, et le roy lui dit: «tope là, mon fils!»
Dès le lendemain, Jehan fit part aux conseillers des Hautals de Seine de son désir de servir le royaume et siéger en leur nom à la Défense, si personne d'autre ne désirait se sacrifier aussi. Ils furent tous d'accord, comprenant que le roy voulait qu'il en soit ainsi.

Mais alors, il se raconta par tout le royaume Franchois que le prince Jehan était bien trop jeune pour occuper ce siège important. Un si large fauteuil ne sentirait même pas le poids de ses fesses de damoiseau, et puis, il n'avait récolté que des mauvaises notes à l'école… Bref, on murmurait de réprobation de tous côtés.
Jehan était furieux, mais il ne pouvait tout de même pas demander à son père que l'on coupât toutes les langues du royaume! Il partit à la chasse avec Scooter, afin de se calmer, et c'est là, sur une piste au fond des bois, qu'il fut soudain désarçonné par une vive lueur. Alors qu'il gisait à terre, douloureux, son heaume cabossé, une voix divine lui murmura doucement à l'oreille: «Jehan, les gens sont méchants, mais toi, tu es bon, et tu es trop jeune pour affronter tant de haine. Renonce à devenir Sénéchal, et va partout disant que tu veux seulement le bien du royaume!»
Jehan, dit-on, remonta sur Scooter et s'en retourna au palais, bouleversé. Il eut une longue conversation avec son papa, et le lendemain soir, il annonça à tous les sujets Franchois qu'il ne voulait plus devenir Sénéchal de la Défense. C'est vers la fin de son discours, en le regardant mieux, qu'on aperçut une lueur dorée rayonner en couronne autour de son crâne blond. Au cours de la nuit suivante, trois aveugles recouvrèrent la vue (mais ils ne s'en aperçurent qu'au lever du soleil) et deux paralytiques firent soudain l'amour à leur femme. La nouvelle se répandit, des lépreux accoururent pour baiser les chausses de Jehan, et ils furent guéris. Des femmes infertiles vinrent le trouver afin qu'il leur toucha le ventre, et elles accouchèrent dans l'heure de beaux jumeaux Franchois… Ce fut une telle succession de miracles que le bruit s'en répandit jusqu'à Rome.
C'est ainsi que Jehan devint Saint Jehan Sans Défense, premier homme canonisé de son jeune vivant!
P-S: Faute de temps pour lire mes consœurs et confrères aujourd'hui, je vous conseille de visiter des blogs où j'ai pris hier beaucoup de plaisir: Les peuples du soleil, Perséphone, et la maison Poison-Social

mardi 13 octobre 2009

Le chagrin de Nicolas 1er


N'allez pas croire qu'au palais, on est si différent du bon peuple Franchois que l'on ne partage aucune de ses préoccupations. Tenez, ces jours-ci, chaque Franchois souffre en silence de savoir l'honneur de la nation bafoué à l'étranger par tout ce que les médias internationaux comptent de torches-culs et d'émissions lubriques. Je veux parler de ces abjectes accusations de népotisme portées contre notre Bien Aimé Empereur. Qu'on le sache: devant ces attaques, Nicolas 1er pourrait garder la froideur d'une banquise, l'âme aussi pure et blanche que ses glaces blanches, pas même troublée par la tache d'une faute, noire comme un petit pingouin qui passe. Et pourtant le Bien Aimé pâtit de l'affliction de son bon peuple, il pleura ce matin dans les bras de Sa Gracieuse Lala.
«Mais pourquoi qu'ils ont honte, ces connards? On s'en fout de ce qu'ils disent en Chine, en Suisse, en Amérique, et ailleurs… On est chez moi, pas vrai?
—Oui, mon Nicou, t'as raison.
—Et chez moi, je fais ce que je veux, merde!
—C'est sûr.
—Et en plus, c'est même pas vrai, cette accusation de népotisme! J'ai demandé à Riton de m'expliquer…
—Prends ce mouchoir, j'aime pas quand tu pleures… Il a dit quoi, le bon Saint Henri?
—Le népotisme c'est un truc plus vieux que ma mère, ça remonte au temps des loggia…
—Des Borgia, tu veux dire?
—Peut-être, je m'en fous… En tout cas, pour qu'il y ait népotisme, faut un népote. Et est-ce que j'ai un népote, moi? T'as vu un népote quelque part dans la maison?
—Si ma mémoire est bonne, c'est un neveu… Ah, non! Tes neveux ne sont pas venus ici depuis un moment.
—Bon, à l'étranger y me reprochent d'avoir fait élire le fiston Janou sapir des comices départementales et de vouloir le nommer président de l'Etablissement impérial pour bétonner les affaires. Mais le prince Janou, c'est mon fils, pas mon népote!
—Ben oui, c'est le fils que t'as eu avec cette tr…
—La ferme! C'est pas le moment de me faire ta crise de jalousie, Lala. On parle de la bêtise de mon peuple, pas d'autre chose.
—Le népotisme, mon Nicou, c'est aussi quand on refile les honneurs et les places juteuses à sa famille et à ses copains…
—Faut pas charrier, quand même! Prends n'importe quel Franchois qui invite des gens chez lui… Et demande lui s'il trouve anormal qu'on refile en douce un plus gros morceau de gigot au fils de la maison, tu verras!
—Ben oui, mon canard, t'as raison.
—Faudrait qu'à Télé-Nicolas, ils fassent une bonne émission politique pour leur expliquer, c'est leur boulot. Mais y sont bons à rien, à ma télé… Des fois j'ai envie d'en faire décapiter un ou deux pour secouer les autres.»
On le voit, notre Empereur est très affecté par les émois de son peuple. Il est temps de nous lever comme une seule femme et de lui crier notre amour: «Le pays est à toi, Ô Bien Aimé! Prends tout et laissons glapir les doryphores dans le désert!»

jeudi 24 septembre 2009

Nicolas 1er en Amérique


Notre Bien-Aimé Nicolas 1er, déployant son zèle pour le bien de l'empire Franchois, s'en est allé guerroyer dans la lointaine Amérique. On le vit hier, armé de son seul verbe audacieux, livrer bataille aux mauvais génies évanescents qui tourmentent la planète, souillent la pure fontaine du capitalisme. Comme si cela ne suffisait pas à sa vaillance, à peine sorti du champ de bataille que l'on appelle là-bas l'ŒNU, épuisé, notre vénéré Empereur trouva encore la force d'accorder un entretien sur les choses d'ici et d'autre part, aux caméras de Télé-Nicolas. La quasi totalité des loyaux sujets Franchois purent ainsi l'entendre évoquer le jugement en cours dans notre pays, de l'ancien Premier sapir de la gueuse, et apprécier sa retenue légendaire.
«En toute indépendance, les enquêteurs ont décidé que les condamnés devaient être traduits devant le tribunal impérial… En bien, moi, je vous dis un truc: je fais totalement confiance à ma justice. Si elle décide qu'il doit être simplement châtré, ou décapité, au lieu d'écorché vif comme il le mériterait, moi j'écouterai ma justice»…
Tous les témoins de l'entretien, comme le journaliste du Journal, les gens de Télé-Nicolas, et plusieurs personnes de la cour, ne purent retenir les larmes d'émotion qui leur vinrent aux yeux devant la beauté de l'âme impériale. Le téléspectateur Franchois attentif se souvient certainement de tout ce qui coula ensuite de la bouche bien-aimée, nous n'y reviendrons pas. Par contre, notre conscience de chroniqueur nous engage à relater, pour l'édification des générations futures, un incident qui survint à la fin de l'audience télévisée. Il faut savoir que le Sapir des choses du dehors était présent, et qu'il se permit de contrarier Sa Majesté sur un point de détail. Il s'agissait d'une appréciation portée publiquement par Nicolas 1er sur les chaussures d'un haut dignitaire d'une théocratie orientale: de vrais esclaffe-merdes!
«S'il m'est permis de me mettre un bref instant à votre place, Sire, il eut mieux valu que je prononçasse: de vraies péniches! C'eut été plus diplomatique…
—Mais t'es pas à ma place, Ménard… Alors tu la fermes, je sais ce que j'ai à dire! Non mais, tu les as vues, ses pompes? Moi, je voudrais même pas que mon jardinier, il mette des saloperies pareilles.
—Ce n'était qu'une humble remarque, ô mon Empereur!»
C'est à ce moment là que Lilette Sabot qui avait interviewé le Bien-Aimé, crut judicieux d'intervenir pour détendre l'atmosphère:
«On pourrait organiser sur Télé-Nicolas une discussion entre vous à propos des souliers, dit-elle en souriant.
L'empereur darda sur elle un regard calcinant sous lequel la malheureuse s'embrasa aussitôt, puis s'éteignit, plus pâle qu'un suaire antarctique.
—Non, mais de quoi elle s'occupe, la pétasse? Tu ferais mieux d'avoir des idées pour de bonnes émissions politiques, tiens! Il passe jamais rien de bon à l'antenne. Quand j'ai envie de regarder un truc un peu couillu sur la politique, faut que je regarde la télé française, un comble! Heureusement que j'ai mon abonnement satellite, sinon… T'as envie que je te fasse raccourcir, c'est ça? Parce que, faut le dire, hein!
—Pardon, Majesté, gémit la pauvre Lilette en se tordant les mains.
—Les idées, c'est pourtant pas ce qui manque, nom d'un chien! Tiens, tu pourrais mettre un député de l'opposition armé d'un cure-dent, à poil dans des arènes. Il devrait combattre un député impérial à cheval, équipé d'un sabre ou d'une lance… Ça, ça serait chouette, au moins!
—Majesté, il n'y a que deux députés dans l'opposition, nous ne pourrions faire que deux émissions, objecta Lilette qui suait la peur par tous les pores.
—Mouais, c'est pour ça que vous leur donnez la parole autant qu'à une armée de révolutionnaires? On n'entend qu'eux, on ne voit qu'eux sur Télé-Nicolas, tout le monde s'en plaint!
—Une minute et demi par trimestre, Majesté, c'est vous même qui l'avez décidé. Et puis nous avons aussi des émissions politiques: la semaine dernière encore le bon Saint Henri, votre conseiller, est venu raconter une histoire en direct…
—Arrête de faire ta raisonneuse! Je veux un peu plus de justice à l'antenne, c'est tout. À l'avenir, 55 secondes pour l'opposition, ça sera suffisant, compris?
—Oui, Majesté, vos ordres sont mes désirs!»

source lointaine d'inspiration

P-S, sur son blog, Le brise-glace, Constance nous invite à signer une pétition mondiale pour la défense du climat (en Anglais), initiée par Ban Ki Moon, Secrétaire général de l'ONU.

vendredi 11 septembre 2009

Nicolas 1er et le sapir des choses du dedans.


Ce jour là, le Bien-Aimé Nicolas 1er, Empereur des Franchois, arpentait les allées du parc derrière son palais, de méchante humeur. Le bon Saint-Henri, son conseiller préféré, lui tenait compagnie, silencieux et le regard oblique, attentif à un toujours possible mouvement de colère impérial dont il aurait fait les frais. Comme ils parvenaient aux abords du potager, où s'affairait le jardinier en chef, pourvoyeur de ces poireaux et carottes que Sa Gracieuse Majesté Lala sait comme personne transmuer en sublimes potages, on entendit un bruit de pas précipités. Les deux hommes se retournèrent l'Empereur d'abord —c'est l'étiquette—, le conseiller ensuite, pour voir accourir le Sapir des choses du dedans, hors d'haleine et cependant plus pâle que la mort à la fin des temps. On aurait dit que tout son sang s'était réfugié dans ses pieds, conjecture à laquelle le port de souliers à clous surmontés de hautes chaussettes rouges donnait de la crédibilité. Quoi qu'il en soit, arrivé devant l'empereur, le Sapir esquissa une douloureuse révérence, la main gauche étreignant sa rate, et dit d'une voix mourante:
—Vous m'avez fait appeler, Sire?
—Et comment, Maurice! Ça fait deux heures que j'attends! Non, mais, tu te rends compte? Deux heures… Moi…
D'indignation, notre Phare de la pensée suffoquait presque, et du sang injectait ses yeux à l'azur profond, tel un coucher de soleil en plein midi au bord de la mer.
—J'implore votre mansuétude, Sire: mon mobile était déchargé. Je n'ai trouvé votre Impérial SMS qu'il y a dix minutes…
—Bon, je m'en fous! Tu l'as échappé belle, mon cochon, demande à Riton… Hein, Riton, qu'il est pas passé loin de couic!
—C'est exact, Maurice… Sa Majesté voulait qu'on vous coupe la tête, ce matin.
—Mais, mais, mon Empereur Bien-Aimé, en quoi vous ai-je déplu? hoqueta le Sapir.
«Quand y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'y a des problèmes», c'est bien toi qui a dit ça?
Le Sapir ouvrit de grand yeux d'où s'écoulait l'étonnement bleu le plus vif, pareil aux eaux pétulantes où frétillent des truites vagabondes éberluées.
—J'ai dit ça, moi?
—Oui tu l'as dit.
—Je m'en souviens pas…
—Arrête de déconner, Maurice… Y a une vidéo qui circule sur internet, je l'ai vue, je t'ai entendu de mes propres oreilles…
—Si c'est sur internet, alors c'est une menterie, Sire…, et puis c'est pas bien grave, vu que vos sujets n'ont pas le droit de regarder n'importe quoi, ils seraient dans leur tort.
—Tu me fatigues, je sens que je vais rappeler le bourreau! Figure-toi que je l'ai renvoyé parce que t'arrivais pas, j'avais pas envie de lui payer des heures supplémentaires, à cette feignasse. Il me coupe une tête par quinzaine à tout casser, et ça me coûte la peau du cul. Bon, tu as toujours perdu la mémoire?
—Sire, vous ne voulez pas dire qu'ils m'ont filmé à la fête des Nicoliens de la Gaule du Milieu?
—Si, c'était là.
—Pff! Les salauds! Je vais vous expliquer, majesté… Ma secrétaire venait juste de m'enlever un point noir sur le nez, quand y a ce moricaud qui me demande un autographe. Je lui signe son papier, et en même temps je dis à Solange: quand y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'y a des problèmes. Voilà, c'est tout: je parlais de mes points noirs.
—Faut pas dire un moricaud, et d'une! Ici, on est entre nous, tu peux, mais sinon faut pas dire ça. On dit: «un Franchois comme les autres», et de deux! Parce que maintenant, on a la ligue de défense des Franchois comme les autres qui nous tombe dessus. Faut faire gaffe, Maurice: ils paient la taxe sur les chaussures eux aussi, tu vois pas qu'ils décident de rester pieds nus en représailles?
—Ils ne tiendraient pas longtemps, Sire, si je puis me permettre, intervint le bon Saint-Henri: l'hiver arrive, et ils sont encore plus frileux que les autres Franchois.
—Possible, mais de quoi j'ai l'air, moi? À ta propre demande, j'ai fait décapiter le bailli d'Outrepart le mois dernier, tu te souviens? Il avait traité des Franchoises comme les autres de «gnaquedesnoix», et ça avait fait un scandale gros comme le cul de Mangeline… Et t'avais déclaré: «je ne tolérerai pas de propos racistes dans l'empire», c'était dans Le Journal, même!
Le Sapir des choses du dedans baissa piteusement le nez, en se grattant la fesse droite d'embarras.
—Voulez-vous ma démission, sire?
—Tout de suite les grands mots, comment tu y vas! Non, je te garde. Remarque, si t'étais arrivé à l'heure, c'est sûr, on te la coupait…T'as bien fait d'arriver en retard, j'ai eu le temps de réfléchir. Je me suis rappelé qu'on a été à l'école ensemble, que tu me faisais mes rédacs, tout ça… C'est pas rien, quand même, d'avoir un bon copain pour le dedans! Il me faut quelqu'un de confiance, avec le peuple, on sait jamais, et s'il faut lui rentrer dedans, j'aime autant que ça soit toi qui t'en occupes. Je vais dire au Premier sapir de convoquer le journaliste et Télé-Nicolas pour leur raconter ton histoire de point noir. Et après ça, le premier qui ricane, on l'ébouillante et on l'écorche sur la place publique pour l'exemple!

P-S. L'heure tardive m'a empêché de lire mes confrères… Pour une fois, c'est vers un autre billet de moi que je vous renvoie, publié sur Le Post, en soutien à Sarkofrance