samedi 31 octobre 2009

C. Pasqua au secours de J. Chirac

Entre deux coups de dague aux jarrets, comme l'illustre Jarnac, Charles Pasqua qui pense à son image et veut s'offrir un air généreux à bon compte, Charles Pasqua vient au secours de Jacques Chirac. Le Nouvel Obs lui fait dire que «tout le monde a eu recours à des emplois fictifs», à droite et à gauche, et que par conséquent, «on devrait considérer que c'est du passé»… M. Chirac bénéficie auprès des Français d'une cote d'amour inespérée après ses mandats, et il faut bien reconnaître que le contraste avec son successeur plaide largement en sa faveur. De tous bords on entend des gens s'attendrir sur sa personne et plaider l'indulgence. À gauche, F. Hollande et S. Royal, pour s'en tenir à eux, ont manifesté une étonnante mansuétude, dans le souci apparent de préserver la dignité de la fonction présidentielle.
Pour beaucoup d'autres, dont je suis, ce laxisme typique du monde politique Français est devenu imbuvable. La première et impérieuse raison de demander à M. Chirac de s'expliquer devant la justice est de rappeler à nos élus qu'il n'appartiennent pas à une caste supérieure pouvant se permettre à peu près tout impunément. La deuxième raison, est de fournir à l'opinion publique une démonstration spectaculaire de l'utilité du juge d'instruction. Le jour où la réforme scélérate décidée par Nicolas Sarkozy entrera en vigueur, s'en sera fini de la possibilité de traquer les malversations, petites ou grandes, des gens de pouvoir. Dans l'affaire où se trouve impliqué J. Chirac, le parquet, bras du gouvernement dans la justice, avait demandé l'abandon des poursuites —il n'est pas encore exclu qu'il fasse appel, du reste. Demain, quand les procureurs seront seuls maîtres de l'ouverture ou non des enquêtes, ce genre de situation ne se reproduira plus. On étouffera dans l'œuf toute velléité de juger les puissants.
C'est pourquoi, quelle que soit la sympathie que l'on éprouve à l'égard de Jacques Chirac, il est important qu'il soit obligé de se justifier devant le peuple Français, s'il le peut.

P-S Arf nous présente Le Roman d'Arnaud, expérience d'écriture 2.0 sur Facebook, qui débute ce soir… Martine nous parle de Douze hommes en colère… Et justement, Constance, du Brise-glace, pique une saine colère…

vendredi 30 octobre 2009

Attention, président : fragile!

Il n'y a pas grand chose à dire sur le renvoi de Jacques Chirac en correctionnelle, sinon qu'on attendra la suite avec intérêt. M. Chirac n'est peut-être pas le pire des politiques ayant abusé du pouvoir —à vrai dire je n'en sais rien, il faudrait disposer d'un catalogue exhaustif des petites et grandes malversations de nos élus, et l'étudier en détails… Cependant il y a au moins une raison pour laquelle je trouve le jugement à venir opportun: c'est qu'il posera une limite à l'irresponsabilité présidentielle. M. Chirac a échappé aux poursuites, pour des faits antérieurs à son arrivée à l'Élysée, pendant toute la durée de ses mandats. Ses amis, la droite en général, trouveraient bon que l'immunité du président soit en quelque sorte prolongée à vie, sous prétexte de l'ancienneté des faits reprochés. Un président pourrait tout se permettre, ou presque, puisque devenu intouchable une fois élu, il entrerait dans une dimension où le temps acquerrait une valeur différente de celui des simples citoyens. Il est vrai que subir une longue présidence de droite, comme celle de Jacques Chirac, semble interminable… Néanmoins, c'est grâce au privilège de l'immunité de ce dernier que les poursuites ont été suspendues. Si les juges avaient eu la possibilité de lui demander des comptes au moment voulu, personne n'aurait pu invoquer un retour «en arrière» déplacé, ou un «acharnement».
M. Raffarin presque aussi inspiré que M. Lefebvre, se demande «pourquoi porter atteinte à la fonction présidentielle? Pourquoi encourager ceux qui s'attaquent à l'image de la France?»
Tout simplement parce que d'une fonction présidentielle conçue comme une succession de parenthèses monarchiques, voire despotiques, les Français ne veulent plus. Et parce que c'est en nettoyant la crasse politique de la France qu'on améliorera peut-être son image.

P-S. D'abord une triste nouvelle pour ceux qui aimaient bien suivre «Rénovation et pragmatisme»: Thym arrête son blog, il nous manquera.
Plus léger ensuite, je vous invite à lire des billets qui parlent du Kremlin des blogs, d'hier au soir: Hypos, PMA. Enfin, après une petite douche, vous reprendrez bien un peu d'identité nationale?

jeudi 29 octobre 2009

Président: défense de toucher!

En France, la justice est parfois décevante. Elle l'est même souvent, dès lors qu'il s'agit de toucher aux intérêts des gens puissants de ce monde. Je dis la justice, mais c'est pour simplifier, car en vérité, c'est à la partie de notre système judiciaire soumise à l'autorité du gouvernement que je pense surtout. Le fameux parquet qui reçoit des instructions du Ministère de la justice. On apprend parfois que telle plainte visant un personnage politique est rejetée, telle autre classée sans suite, ou au contraire qu'une mystérieuse affaire éclôt du jour au lendemain et se déploie dans le temps comme une liane vénéneuse…
Exemple: le parquet avait fait appel de la décision d'une juge autorisant d'enquêter sur l'origine des patrimoines de plusieurs chefs d'états Africains et de leur famille. On apprend aujourd'hui par la presse que la chambre d'instruction, examinant cet appel, vient de donner raison au parquet. Il n'y aura donc pas d'enquête, et l'on notera au passage qu'il ne suffit pas de charger les gens du Ministère public, soupçonnés d'être tenus en laisse par le gouvernement, pour comprendre une décision choquante, puisque celle-ci a été prise par une cour normale.
Il n'en reste pas moins qu'en rejetant la plainte de «Transparency International», ONG luttant contre la corruption dans le monde, on n'a vraiment pas l'impression que la justice s'est élevée au-dessus des intérêts particuliers. En l'occurrence ceux de dirigeants quasi-dictatoriaux accusés d'avoir détroussé leurs peuples pour amasser chez nous des patrimoines indécents, et surtout les intérêts français, auxquels les autorités Gabonaises ont menacé de s'en prendre. On ne peut pas dire que la moralisation du monde politique est en marche…

Autre nouvelle, moins éloignée qu'il n'y paraît de la justice: Robert Badinter et les sénateurs du PS proposent une loi organique destinée à rendre enfin applicable la nouvelle disposition constitutionnelle qui rendrait, en théorie, le «président de la République effectivement responsable»… Le vote de cette loi serait déjà une petite bonne chose, en attendant une autre bien meilleure: une Sixième république instaurant la démocratie.

P-S. L'identité nationale, attrape-électeurs d'E. Besson, continue à faire des remous dans la blogosphère: voir notamment chez Romain, Jean, Éric, sans oublier Nicolas! Il y a aussi Kafkonç', un billet de Marie-Georges non-identifié, parce que surréaliste… Gaël s'est lancé d'autre part dans l'élevage au blog, suivit par l'autre Éric qui fait dans le bio virtuel

mercredi 28 octobre 2009

Circulaire sur la régularisation par le travail annulée

Selon Le Monde, le Conseil d'État a annulé hier une circulaire du 7 janvier 2008, précisant les conditions de régularisation par le travail, des migrants. Allant à l'encontre de la loi Hortefeux de novembre 2007, telle que le parlement l'avait adoptée, cette circulaire, œuvre du même Hortefeux, prétendait restreindre la régularisation des étrangers à ceux qui exercent l'une des 30 professions autorisées aux immigrés originaires de pays extérieurs à l'Union européenne.
La circulaire ne se contentait pas d'énumérer ces compétences professionnelles «très recherchées» donnant droit à l'indulgence de l'administration sur tout le territoire, non! Elle poussait le raffinement jusqu'à détailler, région par région, en fonction des besoins supposés, les professions qui seraient ouvertes aux migrants. Ce qui fait, par exemple, qu'en Île de France, 29 métiers étaient recensés, quand la Picardie n'avait droit qu'à 13…
Il ne reste qu'à attendre maintenant la nouvelle mouture de circulaire dont accouchera M. Besson, et l'effet que produira cette annulation sur le sort des travailleurs sans-papiers grévistes qui attendent par milliers leur régularisation.
J'ai vainement recherché la liste complète des 30 métiers, que Libération avait publiée à l'époque, mais j'ai retrouvé la fameuse circulaire, sur laquelle aucune région ne dépasse les 29 métiers.
La liste pour l'ïle de France est la suivante:
Technicien de la vente à distance
Att. commercial en biens intermédiaires et mat. premières
Cadre de l'audit et du contrôle comptable et financier
Informaticien d'étude
Informaticien expert
Marchandiseur
Responsable d'exploitation en assurances
Méca. d'engins de chantier, levage, manut. et mach. agri.
Opérateur de formage du verre
Pilote d'installation de production cimentière
Cond. mach. fab. ind. ameublement, bois (&mat. associés)
Technicien de méthodes-ordonnancement-plan. de l'industrie
Dess.-projeteur de la const. méca. et du travail des métaux
Dess. de la construction mécanique et du travail des métaux
Dessinateur-projeteur en électricité et électronique
Dessinateur en électricité et électronique
Tech. de fab. const. mécanique et du travail des métaux
Tech. qualité const. mécanique et du travail des métaux
Tech. contrôle-essai-qualité en électricité et électronique
Technicien de production des industries de process
Technicien des industries de l'ameublement et du bois
Installateur/ maintenicien en ascenseurs (et autres syst.)
Inspecteur de mise en conformité
Maintenicien en électronique
Dessinateur du BTP
Géomètre
Chargé d'études techniques du BTP
Chef de chantier du BTP
Conducteur de travaux du BTP

Je ne vois qu'une seule explication à l'absence du trentième métier: il n'y a plus de demande le concernant, c'était président de la République.

La circulaire est téléchargeable ici…

P-S: À lire: chez Éric, l'histoire de Youssef, les débuts d'αяf à bicyclette, un Petit plaisir à prendre chez Rimbus, et le Café citoyen d'Hypos, et si vous avez déjà la nostalgie des vieux jeux vidéos, c'est cher l'ami Falconhill que ça se passe… Sans oublier le retour d'Homer, qui a récupéré sa connexion à internet!

mardi 27 octobre 2009

Avis de recherche: notre identité nationale

Au début —le début du début étant toujours sujet à discussion, c'est d'un début parmi d'autres possibles qu'il est question ici—, on ne sait pas comment s'appelait notre pays. Aucune fouille n'a encore permis aux toponymologues de trouver le nom fossilisé de la mère patrie. On peut supposer que ce devait être quelque chose comme «là où je fais mon feu», «la Grande grotte», ou «Chez moi»… Les Français de ce temps là ne savaient pas écrire, ils étaient affublés d'une arcade sourcilière en visière, préfigurant l'avancée du futur béret que le monde entier nous visse sur la tête en imagination. Ils parlaient une langue néandertalienne dont on ne connaît pas non plus grand chose. Puis rappliquèrent les Cromagnons, qui squattèrent bientôt les meilleures cavernes. D'après les scientifiques, il n'y aurait pas eu de métissage entre ces deux espèces de Français pré-historiques, mais personnellement j'en doute, au souvenir de certains faciès rencontrés chez mes compatriotes. Après eux, sans affirmer que personne n'est oublié, accoururent les fameux Celtes, du fin fond d'une région mystérieuse. Enfin, nous entrons en terrain plus solide, puisque c'est à ce moment que notre patrie est rebaptisée: la Gaule et ses habitants les Gaulois. Personne ne pouvant attester avoir passé un fil à couper le beurre entre une gauloise et l'un des lointains descendants des Cromagnons précités, il est probable que les accouplements entre Chezmoisiens de souche et Gaulois immigrés furent nombreux. Survinrent les Étrusques, les Romains, les Vandales, les Ostrogoths, les Burgondes, sans compter des clandestins passés inaperçus, les Huns, et, bien entendu, les Francs. De ces derniers, on sait plein de choses, notamment qu'ils inventèrent un système d'ascenseur archaïque appelé «pavois», qu'ils nous convertirent au catholicisme, et qu'ils comptaient en anciens francs. Mais bien d'autres voyageurs s'invitèrent encore dans notre chez nous, comme les Bretons, les Arabes, les Vikings. Entre les diverses tueries, ce fut une longue suite de joyeuses copulations qui nous amenèrent petit à petit à ce que nous sommes devenus aujourd'hui. Manquent à ce grossier tableau bien des mouvements de populations, telles que les immigrations de la pauvreté ou de la guerre à l'époque moderne: les vagues italiennes, polonaises, espagnoles, portugaises, maghrebines, etc. Depuis la nuit des temps, chaque nouvelle ethnie qui a fait souche sur le sol où nous vivons a apporté quelque chose à une culture qui ne cessait d'évoluer. Parfois ce quelque chose était beaucoup, parce que l'arrivant était un conquérant qui imposait sa loi. Parfois c'était peu: quelques coutumes, des mots, des recettes de cuisine —trois fois rien qu'il n'est pas aisé au premier venu de repérer dans le fond commun. Chaque fois, de ces apports, la population plus ancienne retenait ce qui la séduisait ou ce qu'elle apprenait à adopter au fil de longues années. Les nouveaux venus faisaient de même et oubliaient une partie de leur bagage… C'est ainsi que la France s'est faite. Comment pourrait-on définir ce que nous sommes réellement, les Français?


P-S. J'ai décidé de m'amuser à réfléchir (très peu) sur ce thème, parce que j'aime bien ça aussi, m'amuser. Il y a des sujets plus importants, comme le chômage, la pauvreté, le tabac, la chaude-pisse, mais ce soir, il se trouve que ces sujets m'emmerdent. On trouvera largement, ailleurs sur la blogosphère, de quoi s'affliger et se prendre au sérieux, si l'on aime ça.


lundi 26 octobre 2009

La légende dorée de Saint Jehan Sans Défense


Sainct Jehan Seharkozy preschoit enz Hautal de Seine
De mémoire, la légende dorée de Saint Jean Sans Défense débutait à peu près ainsi, dans un très ancien manuscrit aujourd'hui perdu. Pourtant, au commencement, Saint Jean Sans Défense n'était pas encore saint, on l'appelait juste Jehan.
Jehan était fils du roy des Franchois, c'était un vif et blond garçon qui aimait par dessus tout à jouer à la politique avec ses amis. Il était mauvais élève, aussi aurait-on pu lui appliquer en son jeune âge, ces vers fameux de Maître François Villon:
«…Mais quoi ? Je fuyaie l’école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
À peu que le cœur ne me fend…»
Toujours à chevaler sur son fier destrier nommé Scooter, de-ci de-là, à droite et à droite, il politiquait du matin au soir avec ses copains et même des vieux débauchés passionnés par les joutes électorales.
Or, un jour, le roy Nicholas son père en eut assez de ces fantaisies. Il lui dit quelque chose du genre: «Maintenant ça suffit, Jehan, faut travailler dur comme moi!» Et il l'envoya siéger au parlement des Hautals de Seine. Il n'y avait plus assez de sièges là-bas pour que Jehan puisse poser son séant, alors on coupa la tête d'un vieux conseiller, et il eut son tabouret.
À quelque temps de là, Jehan qui s'ennuyait un peu à la place subalterne qui lui était échue, et qui trouvait le tabouret trop dur pour ses fesses, Jehan voulut une meilleure place. Il en dit quelques mots au roy, et l'on expédia aux galères le capitaine des conseillers royaux, afin que les autres conseillers puissent choisir Jehan comme nouveau capitaine, selon leur coutume. Jehan prit goût à ses nouvelles occupations, mais il se trouva bientôt que le tabouret de capitaine lui parut aussi ingrat pour son séant que l'ancien…
C'est alors qu'il songea à la place de Sénéchal de la Défense, laquelle jouissait d'un large fauteuil, à l'assise réputée plus moelleuse qu'un giron de femme. Jehan confia cette songerie au roy, à l'occasion d'une poule au pot dominicale au palais, et le roy lui dit: «tope là, mon fils!»
Dès le lendemain, Jehan fit part aux conseillers des Hautals de Seine de son désir de servir le royaume et siéger en leur nom à la Défense, si personne d'autre ne désirait se sacrifier aussi. Ils furent tous d'accord, comprenant que le roy voulait qu'il en soit ainsi.

Mais alors, il se raconta par tout le royaume Franchois que le prince Jehan était bien trop jeune pour occuper ce siège important. Un si large fauteuil ne sentirait même pas le poids de ses fesses de damoiseau, et puis, il n'avait récolté que des mauvaises notes à l'école… Bref, on murmurait de réprobation de tous côtés.
Jehan était furieux, mais il ne pouvait tout de même pas demander à son père que l'on coupât toutes les langues du royaume! Il partit à la chasse avec Scooter, afin de se calmer, et c'est là, sur une piste au fond des bois, qu'il fut soudain désarçonné par une vive lueur. Alors qu'il gisait à terre, douloureux, son heaume cabossé, une voix divine lui murmura doucement à l'oreille: «Jehan, les gens sont méchants, mais toi, tu es bon, et tu es trop jeune pour affronter tant de haine. Renonce à devenir Sénéchal, et va partout disant que tu veux seulement le bien du royaume!»
Jehan, dit-on, remonta sur Scooter et s'en retourna au palais, bouleversé. Il eut une longue conversation avec son papa, et le lendemain soir, il annonça à tous les sujets Franchois qu'il ne voulait plus devenir Sénéchal de la Défense. C'est vers la fin de son discours, en le regardant mieux, qu'on aperçut une lueur dorée rayonner en couronne autour de son crâne blond. Au cours de la nuit suivante, trois aveugles recouvrèrent la vue (mais ils ne s'en aperçurent qu'au lever du soleil) et deux paralytiques firent soudain l'amour à leur femme. La nouvelle se répandit, des lépreux accoururent pour baiser les chausses de Jehan, et ils furent guéris. Des femmes infertiles vinrent le trouver afin qu'il leur toucha le ventre, et elles accouchèrent dans l'heure de beaux jumeaux Franchois… Ce fut une telle succession de miracles que le bruit s'en répandit jusqu'à Rome.
C'est ainsi que Jehan devint Saint Jehan Sans Défense, premier homme canonisé de son jeune vivant!
P-S: Faute de temps pour lire mes consœurs et confrères aujourd'hui, je vous conseille de visiter des blogs où j'ai pris hier beaucoup de plaisir: Les peuples du soleil, Perséphone, et la maison Poison-Social

dimanche 25 octobre 2009

Rébus du dimanche


Trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique —qui peut être vivante ou décédée, et appartenir à n'importe quelle région du monde.
(les commentaires sont modérés pour tenir les réponses secrètes jusqu'à ce soir)…


Aujourd'hui, il y a presque abondance de gagnants et gagnantes, tant mieux! La première est une habituée, puisqu'il s'agit de Madame.b, qui de surcroît a trouvé la meilleure lecture du rébus. Suivent ensuite, par ordre chronologique des réponses: Éric citoyen, Jeandelaxr, Christine, M. Poireau, Mtislav, Hermes, Madeuf, Lindes, et Elmone. Bravo à tous!


samedi 24 octobre 2009

Twitter et moi

Depuis que l'on m'a conseillé d'utiliser Twitter, et que cet étrange outil figure dans ma panoplie internet, à vrai dire beaucoup trop fournie pour mon niveau de compétence, j'observe ce qui s'y passe avec une curiosité effarée. Le plus souvent c'est un univers incompréhensible qui défile à la fenêtre de mon ordinateur.
Des gens dont, par ailleurs, je fréquente les blogs, et que j'estime assez pour avoir choisi de les «suivre», y papotent de l'aube au crépuscule, et même la nuit pour certains. La plupart parlent beaucoup de politique, ce qui correspond à mon utilisation privilégiée du web, je devrais donc me délecter de leurs propos… Eh bien, non!
Il s'y raconte sans doute des choses passionnantes à en juger par la densité apparente des messages, mais hélas dans un dialecte Martien dont j'ai la plus grande peine à traduire quelques mots. Pour être franc, lorsque le sujet d'une discussion en cours m'intéresse, au prix d'un effort intellectuel réel, et en ayant recours aux rudiments de Martien que j'ai réussi à acquérir, j'arrive à suivre. Mais je me fatigue vite, sauf lorsque quelques touristes Terriens comme moi participent aux échanges et m'en facilitent la compréhension.
Bref, jusqu'à présent je ne pigeais rien à Twitter et l'utilisais avec une extrême circonspection. Et puis ce matin, j'ai lu un billet chez Éric… Non pas Éric le Provençal Alsatien, mais l'autre, Éric qui fait son miel et le nôtre, des médias… Il y publie l'interview-vidéo d'une vedette de Twitter nommée Ioudgine
Les billets d'Éric m'inspirent toujours confiance, alors j'ai regardé, j'ai écouté. D'abord je n'ai rien compris, parce que la jeune-femme en question utilise plein de mots martiens. Cependant, comme ses propos étaient vifs, et qu'il s'en dégageait malgré tout un humour qui franchissait la barrière de la langue, j'ai réécouté, et miracle: assez de sens m'est apparu pour me donner envie d'aller regarder les twitts (je mets un s, au hasard) d'Ioudgine. Oh, bien entendu, je me suis contenté d'en lire quelques uns, parmi les plus récents, parce qu'il n'était pas question que je me tape ses œuvres complètes: il paraît qu'elle a émit plus de 10 000 twitts… Surprise: j'ai tout compris, tout, tout, tout! Cette star du monde twittien écrit en Français. Avec des virgules et des points, s'il vous plaît. Alors, bien sûr, il manque beaucoup de majuscules, et certains propos sont trop lapidaires pour signifier quelque chose à quelqu'un d'autre que leur destinataire. Mais quel repos, et quel soulagement de savoir que je ne suis pas encore complètement un vieil idiot. Alors, merci Éric, et merci Ioudgine, de m'avoir réconforté!

P-S, à lire chez Rimbus, un billet de mardi dernier sur Thomas Jefferson

vendredi 23 octobre 2009

Les quatre légitimités de Jean Sarkozy, par Fèbvre Ledéric

Au lendemain du retrait de la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l'Epad, nous avons recueilli en exclusivité une déclaration de Fèbvre Ledéric, porte parole de l'Union pour la Marche à Pied:
«Le procès d'intention qui est fait aujourd'hui à Nicolas… à Jean Sarkozy est détestable. Il avait devant lui trois élections, dont deux derrière, en fait. La première, où la majorité lui a demandé, elle est passée. Comment ça, lui a demandé quoi? Ça vous regarde pas. On fait semblant d'oublier que Jean Sarkozy est le fils de son père, et qu'il a été élu conseiller général au premier tour, il a donc la première et la seconde des légitimités, celle du père et celle des électeurs. Ensuite, il a une troisième légitimité: la majorité au Conseil général a choisi de le prendre comme président de groupe. Pourquoi lui? Parce que! La quatrième légitimité est que cette majorité a considéré qu'il était le meilleur candidat. Ce qui m'amène à la troisième élection, celle qui était devant lui, où c'est le Conseil d'administration qui devait le désigner pour aboutir à la présidence de l'Epad…
Et comme par hasard Jean Sarkozy porte le même nom que le président de la République, on lui tombe dessus. Ce qui fait que la troisième élection n'est plus devant lui, ni derrière, elle est plus loin. Il a fait preuve de maturité: deux que tu tiendras valent mieux qu'une que t'aurais pu avoir. Je crois que les millions de Français qui l'ont écouté hier, ont compris pour quelle raison la majorité UMP-Nouveau centre du département était derrière lui et considère qu'il a parfaitement la légitimité du fils légitime de son père, et la maturité dont il a fait preuve pour être non-candidat le grandit. Il ne voulait pas d'une intronisation sur laquelle pèsent les regards de reproches du monde entier. Franchement, quand j'entends des stupidités comme favoritisme, népotisme, je trouve ça d'abord bête, mais je trouve ça aussi indigne. Ce qui compte, c'est la légitimité de l'élection. Que je sache, ce ne sont ni les journalistes, ni les citoyens qui, dans ce pays décident qui doit être éligible, c'est le président. Ça s'appelle la sarkocratie.»
Sources d'inspiration: déclarations officielles du porte parole de l'UMP, très librement interprétées.

P-S. Si vous ne le connaissez pas encore, allez retrouver chez Gwendal les infos sur le site Nosdéputés.fr, pour presque tout savoir sur le travail de nos élus… Et puis, allez lire aussi comment Manuel passe un savon au gaijin, à Tokio…

jeudi 22 octobre 2009

Vendredi, opérette à Nanterre


Vendredi prochain sera un jour à marquer d'une pierre noire dans les annales de la république. Je ne sais pas où il faudra chercher celles-ci, et comment on s'y prend pour y caser un caillou métaphorique, mais à défaut, on pourrait déposer un bloc de charbon à l'Assemblée nationale. C'est en effet Vendredi que nous saurons si N. Sarkozy aura osé jusqu'au bout céder à ses pulsions despotiques, et installer son fils à la présidence de l'Epad. Quand bien même reculerait-il, ravalant sa rage, devant l'indignation soulevée par ce projet, et la fausse candidature de son fils serait-elle écartée au dernier moment, le mal serait fait. Aux yeux des Français comme aux yeux du monde, c'est une scène de république bananière qui se sera déroulée. Médiapart, qui consacre un article aux diverses manœuvres ayant entouré la promotion-éclair du rejeton Sarkozy, parle de centaines de journalistes accrédités pour suivre l'événement, sans compter les manifestations citoyennes organisées en signe de protestation.
Quand l'autocrate et ses porte-voix essaient de faire avaler à l'opinion publique que Jean Sarkozy est un élu comme les autres, et à ce titre légitime dans sa prétention à prendre la tête d'un établissement public, ils nous prennent pour des crétins. La carrière du jeune-homme, depuis le début, est le résultat des interventions du père, en coulisses. À chaque étape, le président Sarkozy a veillé à écarter un gêneur ou dissuader des candidatures contraires venant de son propre camp, dans un département que l'on pourrait presque qualifier de propriété privée de la droite. Un département qu'il veut garder étroitement sous son contrôle, afin d'empêcher la mise en lumière de diverses affaires peu reluisantes…
Vendredi donc, quoi qu'il arrive, la France de Sarkozy sera une fois de plus la risée du monde. Sous la Cinquième république, on a vu une fois un président désavoué par le peuple démissionner… Ah! oui, mince: c'était de Gaulle! Aucune chance que M. Sarkozy se mette en situation de risquer une censure populaire avant la fin de son mandat, il est d'une espèce qui s'incruste.


mercredi 21 octobre 2009

Qu'est-ce que je faisais à 23 ans?


Il paraît qu'une grosse perturbation pourrait venir faire un tour sur le Var dans la journée… L'an passé, en Novembre, nous avions eu la visite surprise d'une tempête, dans l'arrière-pays. Personne ne l'avait annoncée et les dégâts furent importants. Du reste, le câble électrique qui alimente la maison est toujours décoré de pansements provisoires, de plus en plus loqueteux. J'en profite pour le signaler au lecteur agent d'EDF éventuellement égaré sur ce blog… Et je prends mes dispositions pour préparer déjà mon Coucou aux intempéries en publiant ce bout de billet avant l'arrivée des orages.
J'avais plus ou moins l'intention de répondre ce soir à la chaîne du Faucon, propagée notamment par Elmone et Olivier, pour laquelle je suis tagué: «Qu'est-ce que je faisais à 23 ans?»
L'ennui, c'est que ça fait maintenant 40 ans que je n'ai plus 23 ans. Comment voulez-vous que je me tire d'affaire? D'autant plus que si je fais un effort de mémoire, je tombe sur une période de ma vie très agréable, mais fort peu en adéquation avec les préoccupations politiques de ce blog. C'était en 1969, j'étais jeune, je concevais avec ma compagne les premiers enfants-livres d'une future famille nombreuse. L'avenir nous appartenait. Nous vivions à Saint-Tropez, au bout de la presqu'île, seuls au milieu des vignes, à neuf cents mètres de la mer à peine. Ce n'était pas le grand confort, deux salles d'une grange conquises sur les ruines d'une vieille ferme —mais au Paradis aussi, pour autant qu'on le sache, quelques détails laissaient à désirer. L'été, la maison se remplissait d'amis, qui campaient à la diable: il en couchait jusque sous le piano à queue de ma compagne. L'hiver, au coin de la cheminée, il nous arrivait d'avoir conscience de vivre nos plus belles années… Bref, les gens heureux n'ayant pas d'histoire, et les nuées s'accumulant derrière les vitres, c'est ici que je mets le point final à cette chaîne. Non sans passer le relais à Gwendal, Epamin', CC, et Mathieu —si toutefois ils ont déjà eu 23 ans?


mardi 20 octobre 2009

Ces médias qui font du mal à Nicolas Sarkozy

J'en suis encore aux séquelles de la promotion intestine du fils Sarkozy. Ça ne passe pas. Nous avons papa Sarkozy qui donne l'impression de vouloir nous fourguer son rejeton avant de se retirer des affaires politiques… Il n'a droit qu'à deux mandats n'est-ce pas? Mais il n'est pas interdit de cauchemarder en imaginant qu'il pourrait laisser son fauteuil présidentiel, encore chaud de ses augustes fesses, à son fils Jean, alors âgé de 31 ans. Lui-même, bien entendu, deviendrait son Premier ministre, inspiré par la méthode Poutine. C'est un peu gros, mais l'homme est bien de la race d'un Poutine, au moins pour l'estime que je lui porte, et d'autre part, il s'agit d'un cauchemar…
Il faut bien en parler encore de cette affaire de mauvaises mœurs politiques, puisque Nicolas Sarkozy a donné mission à ses portes-flingues de tirer sur les médias, d'un feu aussi nourri que possible pour faire diversion. On a entendu hier le plus hargneux d'entre eux, Frédéric Lefebvre, dénoncer le «monde politico-médiatique qui cherche par tout moyen à détruire le président de la République». Détruire, c'est lui qui le dit et le mot est fort, mais c'est peut-être après tout ce qu'il nous faudrait, la destruction de cet insupportable bonhomme. Destruction politique, s'entend. Une chute si profonde dans l'estime des Français, que son orgueil sans limite le pousserait à jeter l'éponge en 2012, plutôt que de s'exposer à une défaite à la Giscard d'Estaing…

En attendant, F. Lefebvre et ses pareils feraient mieux de méditer sur ce qu'est devenue la liberté d'expression dans notre pays, depuis que Nicolas Sarkozy s'est emparé de la présidence pour en faire une chose indéfinissable, entre despotisme fruste et autocratie. Dès qu'il fut dans la place, les attaques contre les médias, les intimidations et pressions diverses, se succédèrent. Aujourd'hui les résultats sont là, qui se passent de commentaire: au palmarès annuel de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières, la France a encore dégringolé de 8 places, se retrouvant au 43e rang (elle en avait déjà perdu 4 en 2008, où elle s'était classée 35e)…
Voici en guise de conclusion un extrait de cette sorte de Wikio du moindre mal, qui mesure la vitalité de la liberté de la presse dans le monde. Le tableau complet est à consulter sur le site de Reporters sans frontières.
1 ex-aequo: Danemark, Finlande, Irlande, Norvège, Suède.
6 Estonie
7 Pays-Bas et Suisse
9 Islande
10 Lituanie
11 Belgique et Malte
13 Autriche, ex-aequo: Lettonie, Nouvelle-Zélande
16 Australie
17 Japon
18 Allemagne
19 Canada
20 Etats-Unis, ex-aequo: Luxembourg, Royaume-Uni
23 Jamaïque
24 République Tchèque
25 Chypre et Hongrie
27 Ghana
28 Trinidad et Tobago
29 Uruguay
30 Costa Rica, ex-aequo: Mali, Portugal
33 Afrique du Sud
34 Macédoine
35 Grèce et Namibie
37 Pologne et Slovénie
39 Bosnie-Herzégovine, ex-aequo: Chili, Guyana
42 Surinam
43 France
[…] L'Espagne est 44 e, l'Italie 49e […] la Corée du Nord, 174e, l'Erythrée, dernière du classement est 175e

Encore un effort, M. Sarkozy, il y a moyen de faire pire encore!

P-S. M. Poireau se lance dans la critique automobile, et PMA élargit le propos de la première partie de ce billet…

lundi 19 octobre 2009

La chèvre de M. Nicolas

Et aujourd'hui, alors, on va parler de quoi? Eh bien, de la chèvre de M. Nicolas, en hommage au trait d'Arnaud Montebourg, qui l'a mise en vedette. Ne cherchez pas un rapport avec la biquette blanche de M. Seguin, celui des «Lettres de mon moulin» et non l'autre, le président de la Cour des comptes, il n'y en a pas. Cela n'aurait d'ailleurs aucun sens, car A. Daudet avait écrit ce texte dans l'intention d'illustrer les risques de la liberté.
S'il est vaguement question dans mon propos de liberté, c'est surtout de celle qui se confond avec l'impudence: la liberté que s'octroie l'occupant de l'Élysée de favoriser l'ascension politique de son fils. M. Montebourg a raison lorsqu'il dit: «une chèvre pourrait être élue avec l'investiture UMP à Neuilly». Pour n'avoir rien trouvé à redire à la candidature de Jean Sarkozy dans leur circonscription, les électeurs de Neuilly me paraissent aussi stupides que s'ils avaient élu une chèvre. Et bien plus méprisables encore me semblent tous ceux qui, dans l'UMP locale, ont fait lâchement le vide parmi les concurrents possibles pour mettre politiquement en selle le fils du chef. On ignore si Nicolas Sarkozy est intervenu directement en sa faveur, mais qui pourrait douter de l'inutilité d'une telle démarche? Il suffisait au rejeton d'adhérer à l'UMP et de découvrir ses dents de louveteau, plein d'appétit, pour que les obstacles tombent. On peut penser que chacun a le droit de tenter sa chance, et qu'être le fils de Quelqu'un ne doit pas être un motif de rejet.
Depuis que la république existe ont perduré des complaisances héritées de l'Ancien Régime, notamment la facilité avec laquelle les proches de certains élus pouvaient bénéficier de leurs réseaux et reprendre le flambeau. Il y a des sortes de dynasties politiques de gauche et de droite, comme il y en a dans le monde des affaires, des lettres, de la musique… Qu'il y ait eu de nombreux Bach, pour m'en tenir au passé, ne me gêne pas ; en revanche, une lignée de personnages politiques me dérange. Notre république est trop loin d'avoir atteint le degré de perfection qui permettrait de sourire de ces mauvaises habitudes. Le sort qu'elle connaît entre les mains de M. Sarkozy suffit à démontrer sa fragilité.
C'est pourquoi le fils et le père me semblent mériter le même opprobre, non seulement pour s'être lancés dans la suite d'opérations qui a mené le jeune homme au Conseil général, puis à la quasi conquête de la présidence de l'EPAD, mais aussi pour faire si peu de cas de l'indignation ainsi suscitée. Du père, qui préside aux destinées de la France avec la délicatesse d'un ferrailleur sur son chantier de casse automobile, pas grand chose ne peut encore nous étonner, du fils, nous savons maintenant qu'il déboule dans la vie politique avec les mêmes manques de pudeur et de scrupules, la même frénésie de pouvoir. Ce devrait être assez pour que les habitants de Neuilly, s'ils ont une once de dignité, le renvoient à ses études incomplètes à la première occasion électorale.

P-S, j'aurais dû faire mon billet sur un sujet beaucoup plus intéressant que les inconduites de la maison Sarkozy: notre protection sociale. Un article du Temps, consacré à un entretien avec James Kenneth Galbraith, économiste et fils de son père (encore un), le célèbre économiste John Kenneth Galbraith, nous apprend que selon celui-ci, «la crise de la sécurité sociale est un mythe». Il estime «qu'un Etat, une nation, peut faire la distribution interne qu'il veut. Ce n'est qu'une question d'impôts et de dépenses»… Évidemment, il parle des USA, mais on ne voit pas pourquoi son opinion ne serait pas valide pour notre pays?

P-P-S. Bon anniversaire au blog de Poison Social et n'oubliez pas sa pétition! À lire aussi: les bons conseils du routard Hermes


dimanche 18 octobre 2009

Le rébus du dimanche


Règle du jeu : trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique —qui peut être vivante ou décédée, et appartenir à n'importe quelle région du monde (les commentaires sont modérés pour tenir les réponses secrètes jusqu'à ce soir)…

Je croyais que ce rébus serait d'une grande facilité, mais ce n'était pas le cas, puisqu'il n'y a que deux gagnants: Epamin' la plus rapide, et Mtislav, un habitué de ce palmarès. Un grand bravo à tous deux!

vendredi 16 octobre 2009

Pauvre Nicolas

Je suis un Français méchant, un chien qui fait de la peine à notre sarkozy Nicolas Sarkozy. Je pense du mal de ses actes de pouvoir, je pense du mal de sa façon de se servir dans notre république pour avantager ses amis, sa famille. Bref, je mêle mes frêles abois à ceux de la meute enragée, et ce faisant, moi et tous les autres, nous affligeons le bon sarkozy qu'est notre Nicolas national. Les Français gentils ne se laisseront pas abuser par notre mauvaiseté, ils se rendent bien compte que nos sarcasmes n'ont aucun fondement.
Prenons le cas de son fils Jean, sans doute l'attaque qui a le plus blessé M. Sarkozy, ces derniers jours. Voilà un garçon qui a été élu à 21 ans conseiller général… Vous rendez-vous compte de l'exploit démocratique que ce garçon réalisa?
Parti de rien, dans sa circonscription d'origine, certes, mais avec le lourd handicap d'être le fils du sarkozy régnant, il s'impose comme candidat UMP, et à peine élu, subjugue par sa valeur les instances de son groupe politique au sein de l'assemblée départementale. Il est élu président de l'UMP-Nouveau Centre-etc, au nez et à la barbe du maire de Meudon. Un duel au talent nu, remporté à la loyale, puisque personne n'a dit le contraire.
Et maintenant on voudrait l'empêcher d'accéder à la présidence de l'Epad, où il ne recevra même pas de rémunération! Une fonction tellement subalterne qu'on se demande pourquoi il s'embête à la convoiter, on ne connaît même pas le modèle de sa voiture de fonction, s'il y en a une, et quel montant de tickets restaurant elle lui vaudra, pour ses frais. Voyez combien nous sommes mauvais, les républicains: cerise sur le gâteau, Jean Sarkozy devra encore une fois se faire élire avant d'accéder à la présidence de l'Epad! Et croyez-le bien: c'est loin d'être dans la poche, avec 15 élus d'une opposition sanguinaire contre 30 UMP-Nouveau Centre-etc, pacifiques et un peu mous.
Alors, ce soir, je suis un peu mal à l'aise, et je me demande si mon hostilité envers notre sarkozy ne me sera pas reprochée le jour du jugement dernier. Parce que ça ne fait pas un pli: là-haut, il se fera élire encore du premier coup, Nicolas Sarkozy, pour moderniser le paradis et y inviter la famille et les copains.

P-S. C'était mardi, Martine nous faisait partager son expérience de l'influence des blogs dans la critique théâtrale… Il n'est pas trop tard pour lire!

jeudi 15 octobre 2009

Demain on vote gratis

Les députés de gauche ont décidé de rappeler au pouvoir sarkozyste et à l'opinion publique, que 2 123 717 Français s'opposent à la privatisation de La Poste. Ils ont rédigé une proposition de loi destinée à demander l'organisation d'un référendum sur ce sujet, proposition dont ils n'attendent pas le succès, à vrai dire. Le but sera plutôt de démontrer aux Français, que la fameuse modification constitutionnelle de 2008, destinée à moderniser nos institutions, débouche sur du vent. Le référendum en question est impossible à organiser: la loi organique qui en fixerait les modalités n'existe pas. Seules les dispositions qui ont fait régresser la république sont entrées en vigueur, donnant à M. Sarkozy licence de céder davantage à ses inclinations autocratiques. On aimerait que dans la foulée de cette initiative, nos élus, avec un élan de sincérité, reconnaissent que de toute manière, ce référendum serait-il possible, il n'en demeurerait pas moins une escroquerie. Trois types de personnes parlent à son sujet de «référendum d'initiative populaire»: les fripouilles politiciennes (effrayées par le rejet croissant qu'elles inspirent et le désir de démocratie des Français), les tributaires complaisants du pouvoir, les naïfs (pour rester poli).
Ce référendum est d'initiative Parlementaire, il faut le répéter inlassablement. Dix millions de Français réclameraient-ils par pétition un référendum pour exiger, par exemple, la division par deux de la totalité des salaires et indemnités versés au personnel politique, il serait certainement difficile de trouver 184 parlementaires pour Prendre l'Initiative d'une loi demandant de soumettre ceci à référendum. Donc, l'espérance populaire resterait un vœu pieux. Et quand bien même dénicherait-on assez d'élus acceptant le sacrifice, le pouvoir disposerait encore d'astuces pour éviter que la procédure référendaire aille à son terme.
La gauche dans son ensemble souffre chez nous de ses erreurs passées, mais aussi et peut-être surtout, de ce qu'elle n'a plus de grand dessein à nous proposer, rien pour nous faire rêver à nouveau de lendemains meilleurs. Faire entrer l'emploi, l'économie, dans un cercle vertueux, c'est essentiel, mais cela s'apparente à la résolution de la quadrature du cercle, dans le monde libéral où nous vivons. Nous proposer la démocratie, ce serait magnifique. Une nouvelle république où les trois pouvoirs seraient réellement séparés, législatif, exécutif, judiciaire. Une république où le peuple tout seul, comme un grand, aurait la possibilité de contrarier le travail de ses élus, de leur dicter le devoir de légiférer en certaines matières… Une république qui aurait définitivement rompu avec les survivances de l'Ancien régime.


P-S. Et si vous alliez voir le soleil? J'espère que vous aimerez autant que moi.

mercredi 14 octobre 2009

Comme un malaise

Sur France Inter, le journal de 13h accueillait François Goulard, député UMP. Claire Servajean l'avait invité pour l'entendre s'exprimer sur le malaise de la majorité en ces temps de sarcophobie menaçante… Ce qu'il fit, avec toutes les précautions oratoires et l'embarras que l'on imagine. Il reconnut ainsi l'inquiétude des élus de droite devant ce qu'il appelle «le trouble de l'opinion et l'incompréhension de la presse internationale», à propos des affaires mettant en cause le pouvoir sarkozyste qui s'accumulent. On évoqua aussi dans cette interview, l'avis de M. Rafarin, selon lequel il y aurait à l'origine du malaise un «problème d'organisation de la majorité». M. Goulard cerna de plus près les contours de ce problème en parlant de la pratique institutionnelle de la présidence, par Nicolas Sarkozy, en contradiction avec les textes existants. Le président décide de tout dans une république prévue pour être gouvernée par le Premier ministre…
La vérité était pourtant simple à dire, que nous vivons sous une autocratie instaurée par un coup d'état médiatique de Nicolas Sarkozy, dès son entrée en fonction. S'il nous épargne la force brutale d'une dictature, nous n'échappons pas aux perversions de celle-ci: arbitraire, clientélisme, népotisme, mise au rancart des valeurs républicaines…, et l'on en passe! La vérité c'est que le problème de notre pays a un nom: Nicolas Sarkozy, et rien n'est prévu pour que le peuple puisse s'en débarrasser avant 2012. Ça va être long!


Dans un domaine où l'action délétère de M. Sarkozy est particulièrement sensible, un article du Nouvel Obs se penche sur les derniers développements des efforts de Barak Obama pour réformer la politique de santé dans son pays. Tandis que M. Sarkozy veut nous imposer petit à petit une privatisation de l'assurance maladie, M. Obama s'efforce de rapprocher un peu son pays du nôtre en cette matière …
La crise aidant, le déficit de la sécu pourrait atteindre les 23 milliards d'euros, nous dit-on. Et il ne faut pas attendre du pouvoir d'autre remède à la situation que de pousser davantage de gens hors du système de soins, comme on adoucit les statistiques du chômage en radiant des listes autant de sans emplois que possible. Homer nous parlait récemment de l'élection assez indécente en Belgique, d'une Miss SDF ayant gagné un an de loyer payé pour se loger… Il y a mieux, qui préfigure peut-être ce qui nous attend, en conservant Nicolas Sarkozy le plus longtemps possible à l'Élysée… L'organisation de loteries, à la porte de cliniques spéciales, pour désigner parmi les indigents les malades ou blessés qui seront soignés. Cela se passe aux USA, le pays qui sert de modèle à notre président.


P-S Rimbus nous signale, et je vous signale après lui, un texte à lire au plus vite, témoignage bouleversant sur la pédophilie…

mardi 13 octobre 2009

Le chagrin de Nicolas 1er


N'allez pas croire qu'au palais, on est si différent du bon peuple Franchois que l'on ne partage aucune de ses préoccupations. Tenez, ces jours-ci, chaque Franchois souffre en silence de savoir l'honneur de la nation bafoué à l'étranger par tout ce que les médias internationaux comptent de torches-culs et d'émissions lubriques. Je veux parler de ces abjectes accusations de népotisme portées contre notre Bien Aimé Empereur. Qu'on le sache: devant ces attaques, Nicolas 1er pourrait garder la froideur d'une banquise, l'âme aussi pure et blanche que ses glaces blanches, pas même troublée par la tache d'une faute, noire comme un petit pingouin qui passe. Et pourtant le Bien Aimé pâtit de l'affliction de son bon peuple, il pleura ce matin dans les bras de Sa Gracieuse Lala.
«Mais pourquoi qu'ils ont honte, ces connards? On s'en fout de ce qu'ils disent en Chine, en Suisse, en Amérique, et ailleurs… On est chez moi, pas vrai?
—Oui, mon Nicou, t'as raison.
—Et chez moi, je fais ce que je veux, merde!
—C'est sûr.
—Et en plus, c'est même pas vrai, cette accusation de népotisme! J'ai demandé à Riton de m'expliquer…
—Prends ce mouchoir, j'aime pas quand tu pleures… Il a dit quoi, le bon Saint Henri?
—Le népotisme c'est un truc plus vieux que ma mère, ça remonte au temps des loggia…
—Des Borgia, tu veux dire?
—Peut-être, je m'en fous… En tout cas, pour qu'il y ait népotisme, faut un népote. Et est-ce que j'ai un népote, moi? T'as vu un népote quelque part dans la maison?
—Si ma mémoire est bonne, c'est un neveu… Ah, non! Tes neveux ne sont pas venus ici depuis un moment.
—Bon, à l'étranger y me reprochent d'avoir fait élire le fiston Janou sapir des comices départementales et de vouloir le nommer président de l'Etablissement impérial pour bétonner les affaires. Mais le prince Janou, c'est mon fils, pas mon népote!
—Ben oui, c'est le fils que t'as eu avec cette tr…
—La ferme! C'est pas le moment de me faire ta crise de jalousie, Lala. On parle de la bêtise de mon peuple, pas d'autre chose.
—Le népotisme, mon Nicou, c'est aussi quand on refile les honneurs et les places juteuses à sa famille et à ses copains…
—Faut pas charrier, quand même! Prends n'importe quel Franchois qui invite des gens chez lui… Et demande lui s'il trouve anormal qu'on refile en douce un plus gros morceau de gigot au fils de la maison, tu verras!
—Ben oui, mon canard, t'as raison.
—Faudrait qu'à Télé-Nicolas, ils fassent une bonne émission politique pour leur expliquer, c'est leur boulot. Mais y sont bons à rien, à ma télé… Des fois j'ai envie d'en faire décapiter un ou deux pour secouer les autres.»
On le voit, notre Empereur est très affecté par les émois de son peuple. Il est temps de nous lever comme une seule femme et de lui crier notre amour: «Le pays est à toi, Ô Bien Aimé! Prends tout et laissons glapir les doryphores dans le désert!»

lundi 12 octobre 2009

Le cœur en hiver

C'est une vieille dame. Les avis divergent sur son âge: soixante quinze ans, au moins, peut-être quatre-vingt ou davantage. Il arrive qu'elle monte faire des courses au village, vêtue avec un soin témoignant d'un souci de dignité, sinon de la survivance d'une certaine coquetterie —pantalon clair d'une coupe seyante, chemisier pimpant. Il y a de la douceur dans son regard et le flou d'une pensée perdue. D'où vient qu'à l'épicerie du village, une distance se creuse autour de sa personne, un vide, et pourquoi les visages se détournent-ils d'elle avec embarras? Elle sent mauvais, la vieille dame. Elle pue. Non pas le pipi de chat, comme cela peut arriver, mais une odeur forte, indéfinissable, qui fait naître davantage de répugnance que de pitié.
D'elle on ne sait rien ou presque, sinon qu'elle a perdu tous ses papiers officiels, et qu'il fallut l'aider un jour à obtenir une nouvelle carte d'identité. On sait que son compagnon est mort depuis plusieurs années, qu'elle habite encore le cabanon de celui-ci, pour lequel «on» lui aurait concédé un usufruit «verbal», sans la moindre légalité. On sait qu'elle vit, on la voit qui passe par les rues, perdue, solitaire —ça suffit.

Un jour de la semaine dernière, Anne voulut lui offrir la compagnie d'un chaton sans maître. De ce matou, je pourrais vous raconter bien des choses, par contre: quelle impasse l'a vu naître, qu'il se nommait Chaussette, et qu'il portait la toison tigrée de la gent des gouttières… Mais on s'en fiche un peu, d'autant que nul ne sait ce qu'il est devenu. Anne descendit jusqu'à la campagne de cette vieille dame, par un sentier courant dans la broussaille. Les volets du cabanon étaient clos, mais la dame était bien là, qui la fit entrer…

Dans la pénombre de son logis régnait une odeur atroce de fin du monde. De surprise, Anne laissa échapper Chaussette des mains, lequel s'en fut aussitôt mener sa petite vie parmi les choses indécises de ces lieux. Inutile de mener un suspense indécent pour dire ce qui suivit. Sous le prétexte de retrouver son chaton, Anne ouvrit en grand fenêtres et volets, explora le cabanon… Une substance noirâtre comme du goudron, visqueuse comme lui, couvrait le sol par endroits. Ne croyez pas qu'il y avait un mort, non! Il y avait par contre un peuple de souris et de rats établi partout comme en son royaume.

Des rats sous les meubles, dans les meubles, des rats baguenaudant autour de l'évier d'où coule dans les bons jours un filet d'eau noirâtre, et sinon rien, paraît-il. Des rats dans le réfrigérateur, des rats sortant des trous du matelas, curieux, familiers…

La vieille dame ne sait pas que les rats ont envahi sa maison, elle ne les voit pas. Tout au plus soupçonne-t-elle le voisinage d'une belette —elle veille à lui laisser une gamelle de croquettes dans un coin. Ça pue la mort, ça grouille partout. La cuisinière est gluante de crasse, et d'ailleurs, elle ne fonctionne plus, faute de gaz. Quand la vieille dame, avec les 600 euros d'on ne sait trop quelle pension, s'achète un bout de viande, elle le mange cru. Quelquefois, sur le pas de sa porte, avec une bonne âme qui passe par là, elle s'émerveille de la nature qui l'entoure, récite des vers, car elle a de la culture. Bref, on l'aura compris: à la mort de son compagnon, l'esprit de cette femme a lâché les amarres qui la retenaient à la réalité.

C'était mardi dernier, le 6 octobre. Le soir même, Anne alertait la mairie du village. On parla de l'urgence de dératiser le cabanon, de loger provisoirement la vieille dame ailleurs, mais où? De la nécessité de faire quelque chose pour elle, mais quoi? La placer dans un établissement adapté, mais lequel, et qui paiera? Il faut que des services sociaux interviennent, et pour cela qu'ils viennent constater les faits, en présence de policiers ou de gendarmes… Il faut que s'ébranle une machinerie administrative incontournable, lente. Peut-être quelque chose s'est-il passé aujourd'hui, lundi, ou plus probablement rien de nouveau. Des gens d'expérience, qui en ont vu d'autres, disent que cela peut durer des semaines ou des mois. Pendant ce temps, les rats pullulent autour de la vieille dame. Il ont dû bouffer Chaussette depuis longtemps, ils ne perdent pas de temps, eux.
Une dernière chose: ceci n'est pas une fiction.

P-S, un clou chasse l'autre, Jean Sarkozy est partout ou presque, aujoud'hui… On le retrouvera sur PMA, chez Ruminances, ou Gaël, et suivi à la trace dans cette perle: Privatisation et népotisme - France XXIe siècle


dimanche 11 octobre 2009

Rébus du dimanche




Règle du jeu : trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique. Celle-ci peut-être notre contemporaine ou appartenir à l'Histoire —de n'importe quelle région du monde. Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir
(les commentaires seront modérés pour tenir vos réponses secrètes jusqu'à ce soir)

Roulez tambours, sonnez trompettes de la Renommée , le gagnant de ce jour, le seul, l'unique…
et bien c'est DEDALUS (il deux blogs, l'animal) !
P-S. Deux gagnants en définitive, puisque Mtislav a trouvé son propre chemin, celui des écoliers, pour parvenir à la solution…

samedi 10 octobre 2009

Coup d'œil sur une semaine folle

Que retenir de cette folle semaine? Elle avait commencé par l'annonce, lundi, des chiffres exacts de la votation citoyenne sur la Poste. 2.123.717 Français y avaient participé. Comme il s'agissait d'une consultation sans valeur légale, on s'attendait bien à ce que la droite en récuse le résultat aux allures de sondage hors-normes: une écrasante majorité de la population s'oppose à la privatisation du service public postal. C'était une magnifique épine enfoncée dans le pied de Nicolas Sarkozy —que dis-je: un clou, une dague! On sentait bien que le président allait devoir tenir compte, d'une façon ou d'une autre, de cette marque de défiance envers sa politique.
C'était compter sans la baraka que notre autocrate semble avoir reçu en présent d'une fée Carabosse venue baver sur son berceau. Le soir même, en effet, Marine Le Pen faisait exploser sa bombe salvatrice pour le pouvoir, en dénonçant à la télévision les mœurs de Frédéric Mitterand dans l'émission «Mots croisés».
Durant les heures et les jours qui suivirent, le souffle méphitique de cette déflagration allait ravager toute l'actualité. On ne parla plus que de l'affaire Mitterrand, ou presque, et en tout cas les leçons à tirer de la formidable mobilisation citoyenne pour la défense de la Poste disparurent des médias. Pendant que la France se passionnait pour les exégèses contradictoires d'une ou deux pages de roman autobiographique, au moins, elle ne réfléchissait pas aux mérites de la démocratie. Mardi, mercredi, jeudi, vendredi: l'essentiel de l'information française ne réussit pas à décoller de la braguette du ministre de la culture. Même le Prix Nobel de la Paix attribué à Barak Obama ne suffit pas réellement à faire diversion. J'y ai moi-même participé, à mon modeste niveau.
Samedi enfin, nous apprenons simultanément qu'une nouvelle casserole est accrochée aux basques de M. Mitterrand, et que François Fillon sera reçu en audience par le pape. Une question se pose: va-t-il trouver le Saint-Père pour lui demander pardon d'avoir accueilli un pécheur dans son gouvernement, ou bien pour rendre grâce à Dieu de la magnifique diversion tombée du ciel sur la politique hexagonale?

P-S. Et si, pour vous détendre, vous alliez regarder une vidéo chez Martine? Elle dit que c'est un délice. Je confirme.

vendredi 9 octobre 2009

Morale, prestige, et pouvoir


«[…] Claude, sentant l'odeur de poussière, de chanvre et de mouton attachée à ses habits, revit la portière de sacs légèrement relevée derrière laquelle un bras lui avait montré, tout à l'heure, une adolescente noire, nue, (épilée), une éblouissante tache de soleil sur le sein droit pointé ; et le pli de ses paupières épaisses qui exprimait si bien l'érotisme, le besoins maniaque […]
La patronne avait poussé vers Perken une fille toute jeune, qui souriait. «Non, dit-il; l'autre, là-bas. Au moins ça n'a pas l'air de l'amuser…» […]

«L'administration française, je la connais. Vous n'êtes pas des siens. Elle créera des obstacles, mais ce danger n'est pas grand… L'autre l'est davantage, même à deux.
—L'autre?
—Celui d'y rester.
—Les Moïs?
—Eux, la forêt, la fièvre des bois.
—C'est ce que je pensais.
—N'en parlons donc plus : moi, j'ai l'habitude… Parlons d'argent.
—C'est bien simple : un petit bas-relief, une statue quelconque, valent une trentaine de mille francs.
—Francs-or?
—Vous êtes trop gourmand.
—Tant pis. Il m'en faut dix au moins. Dix, pour vous : vingt.
—Vingt pierres.
—Evidemment, ce n'est pas le diable.
—Et d'ailleurs, un seul bas-relief, s'il est beau, une danseuse par exemple, vaut au moins deux cent mille francs.
—Il est composé de combien de pierres?
—Trois, quatre…
—Et vous êtes certain de les vendre?
—Certain […]

Enfin, Perken et lui parurent extraire la pierre : elle bascula, montrant sa face inférieure couverte de cloportes incolores qui, fuyant les coups, s'étaient réfugiés sous elle;
Ils possédaient maintenant les têtes et les pieds des danseuses. Les corps restaient seuls sur la seconde pierre dégagée, qui sortait du mur comme un créneau horizontal. » […]

«La Voie royale»
André Malraux


L'auteur des courts extraits ci-dessus, arbitrairement sortis de leur contexte romanesque, est donc André Malraux, la statue du commandeur au ministère de la culture. On aurait sans doute du mal à trouver quelqu'un pour contester le prestige qu'il acquit dans ses fonctions de Ministre d'État aux affaires culturelles.
Après lui, même si Jack Lang sut reprendre le rôle avec quelque éclat, les titulaires de ce portefeuille parurent cruellement manquer d'envergure.
Le dernier à prendre le poste, Frédéric Mitterrand démarre mal son ministère, comme on sait, et semble presque déplacé à ce poste avec son image légère d'homme venu des variétés. Après tout, chaque Président s'entoure de collaborateurs à sa mesure, et nul ne peut prédire quelle empreinte M. Mitterrand laissera de son passage dans notre paysage culturel.
Mais revenons à André Malraux… Ces passages sont donc tirés du célèbre roman qu'il écrivit, inspiré par ses mésaventures cambodgiennes, quelques années auparavant. À la suite de gros déboires financiers, il s'était rendu au Cambodge où, son épouse et lui, aidés d'un ami, avaient découpé un bas-relief dans un temple d'Ankor, avec l'intention de le revendre, cher. Arrêté en 1923, il écopa d'une condamnation à trois ans de prison, mais grâce à la mobilisation des intellectuels parisiens bientôt obtenue, il bénéficia en appel d'une peine réduite avec sursis…
Nous avons donc eu un ministre, au demeurant excellent, et prestigieuse figure de notre littérature, ancien pillard condamné en justice. S'il fallait exiger des hommes et femmes un passé immaculé pour remplir des fonctions gouvernementales, nous aurions sans doute du mal à les dénicher.

10/10/2009 P-S. Avant de clore, pour longtemps j'espère, le chapitre Frédéric Mitterrand, j'aimerais vous signaler encore des billets lus ce matin: ceux de Julie, «Un boxeur svp pour Monsieur Mitterand !», et de Mrs Clooney , découvert via PMA