C'est bizarre, parce que chez moi, le muguet n'est pas encore vraiment fleuri. Il y a toujours quelques pieds dans le foutoir de plantes qui poussent dans le puits. Oui, dans le puits, c'est ridicule, je sais. Un vrai faux puits en pierres de taille avec ses arceaux et sa poulie, plein de terre, qui se trouvait déjà posé là quand nous nous sommes installés. Il n'y avait pas de nain, c'était déjà une bonne chose, mais ma femme et moi avions tout de même envisagé de le déplacer un jour au milieu du pré où coule une source.
Une fausse vraie source, pour être précis : elle cesse de couler aux alentours du 14 juillet jusqu'aux grosses pluies d'automne, mais c'est une autre histoire. Il se serait senti un peu plus puits au milieu du pré, de l'eau au fond de la margelle, c'est probable. En tout cas, il aurait eu l'air moins con.
Néanmoins, les pierres maousses de sa margelle ne bougeront plus de place, j'ai bien trop peur d'abîmer le muguet —il était question du muguet, rappelez-vous au lieu de vous moquer. Les autres années, il y avait toujours au moins un brin fleuri, le matin du premier mai ; quelquefois avec seulement quatre ou cinq clochettes blanches et les autres encore d'un vert tendre. Je le cueillais dès le réveil, il nous mettait de joyeuse humeur au premier jour du mois le plus doux de l'année, riche en beaux souvenirs. Eh bien ! cette année pas de clochettes pour demain, je viens encore de vérifier. Je ferai comme presque tout le monde : je m'achèterai mon bout de printemps —si j'en ai envie.
Sinon, comme vous le démontre l'illustration de ce billet, une alerte de Yahoo Actualités, je suis passé à côté d'une information capitale. J'ai honte.