vendredi 31 octobre 2008

OGM et retraite-chapeau

Sur le site Contre Info, que Marc Vasseur m'a permis de découvrir il y a peu, je trouve une mauvaise nouvelle. Il me semble qu'elle mérite d'être largement diffusée. La voici : Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a composé une commission de travail, secrète celle-ci, chargée d'étudier les moyens d'imposer les OGM dans nos pays, malgré la méfiance des opinions publiques. En dépit aussi de l'opposition des organisations écologistes. Les gouvernements, à commencer par celui de Nicolas Sarkozy, ont délégué des représentants aux réunions de cette commission occulte.
Un groupe de personnes dont l'identité est soigneusement cachée, a donc reçu mission d'imaginer comment on pourra faire accepter aux citoyens des produits agricoles dont ils ne veulent pas. C'est beau, ce qu'ils font de la démocratie, non?


Hier, les députés ont refusé de soumettre l'essentiel de la panoplie de "survie" des grands patrons aux taxes et cotisations sociales diverses payées par les salariés "normaux". La presse annonce que le parachute sera taxé au dessus d'un million d'euros, mais elle oublie d'attirer l'attention sur les 999 999 € laissés aux patrons en détresse pour voir venir.
En réalité, rien n'a été fait pour mettre un terme définitif aux privilèges de ces gens. La page de la crise tournée, nous pouvons être certains que leurs revenus s'envoleront de plus belle —mais auront-ils seulement marqué une pause pendant la tempête?
On connaît bien les chatteries qui s'ajoutent au salaire de base d'un grand patron, comme les stock options, et le fameux "golden parachute" de plusieurs millions d'euros en cas de licenciement. On pense moins aux avantages en nature qui ne s'arrêtent pas à la voiture avec chauffeur, mais comprennent aussi souvent l'appartement de fonction, et des babioles comme une carte bleue sans limite d'utilisation. On ne pense guère non plus aux actions gratuites, bien plus confortables d'utilisation pour le dirigeant que les stock options. On oublie le "Golden Hello", clin d'œil de bienvenue, négocié par contrat, comme les 2,2 millions de prime d'embauche versés au nouveau directeur général de Sanofi-Aventis. Un avant goût des bonus et de la retraite-chapeau, en quelque sorte…




D'autres blogueurs ayant rencontré Julien Dray publient aujourd'hui leur point de vue : Crise dans les médias, Piratage(s), Hervé


jeudi 30 octobre 2008

L'UMP tente la caricature

Après l'échec retentissant, quoique provisoire, de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des fameuses poupées vaudou à son effigie, la droite a réagi. Il fallait bien tenter d'atténuer l'effet négatif que ce camouflet pouvait avoir sur l'opinion. Un porte-parole de l'UMP s'est donc fendu d'un communiqué.
La meilleure défense étant toujours l'attaque, il s'en est pris à Ségolène Royal qui, visée aussi par les poupées, a choisi d'en rire. «Mme Royal s'est érigée elle-même en caricature ambulante sur la scène du Zénith», a t-il dit. On comprend que le refus de S. Royal d'en appeler à la censure gêne l'entourage du chef de l'état. Pourtant, la médiocrité et le toupet de l'argument avancé m'étonne. De quoi peut-on rapprocher la réunion organisée au Zénith par l'ex candidate à la présidentielle, sinon de celle organisée à la Concorde par Sarkozy pour fêter sa victoire?
En revanche, la fête qui suivit au Fouquet's, affichant le champion de la droite et la crème de ses amis était en soit une véritable caricature. La caricature d'un chef de clan douteux, accoutumé à se parer d'accessoires aussi coûteux que clinquants, entouré d'une camarilla symbolisant la France du fric et de la réussite médiatique. C'était aussi une fête du cynisme que cette façon de s'isoler entre privilégiés et d'exclure ostensiblement les idiots du peuple artisans de son succès. Et s'il n'y avait eu que cela ! Mais M. Sarkozy, s'attacha par la suite à multiplier les occasions de singer les parvenus, sans crainte de rabaisser sa fonction. Pour le coup, il ferait mieux de s'abstenir d'attenter à «ce droit [la caricature] qu'[il] fait vivre régulièrement avec beaucoup de constance».



PS. Des membres du groupe des leftblogs ont rencontré hier Julien Dray à l'Assemblée nationale. Ils ont eu un long entretien avec lui, notamment sur sa vision du PS. Ils commencent à publier aujourd'hui les fruits de cette entrevue.

Une souscription est ouverte par les amis de Fansolo pour le soutenir financièrement dans le conflit qui l'oppose au maire d'Orléans. Vous trouverez toutes les informations sur le site en lien ici.

mercredi 29 octobre 2008

Rocard menace les socialistes

Année après année, j'ai développé comme d'autres français une allergie au pouvoir politique qui m'a rendu irritable devant les moindres abus commis par celui-ci et rétif devant les hiérarchies. C'est à mon avis la conséquence de la professionnalisation de la politique, et de la formation d'un sérail qui en découle. La complicité de certains grands élus de tous bords est devenue trop manifeste pour ne pas donner l'impression de larrons partageant la même soupe, par delà le jeu public des différences d'analyses. Je me suis encore surpris à penser cela en découvrant les déclarations de Michel Rocard menaçant de quitter le P.S. si Ségolène Royal l'emportait à l'issue du congrès socialiste. Voilà un bonhomme que j'ai beaucoup admiré dans le temps, qui est devenu un parfait exemple de ce politique de métier qui m'insupporte. J'ai dis la même chose ici de Jack Lang…
Tout le monde connaît la carrière de Michel Rocard, pas la peine d'y revenir. Maintenant, que sa sévérité partisane à l'égard de S. Royal s'accompagne parallèlement de propos complaisants, frisant le léchage de cul, pour N. Sarkozy, est une chose qui me semble achever de le disqualifier.
Sans doute ne peut il pardonner à Ségolène d'avoir ignoré son injonction de lui laisser la place à la présidentielle?
Sans doute, suivant l'issue du congrès, peut-il attendre quelques consolations de retraité actif, de la part d'un président plus habile à miner le PS qu'à conduire le pays? Sinon, avec la rigueur qui le caractérisait dans sa jeunesse PSU, il n'aurait pas manqué de souligner la responsabilité de N. Sarkozy dans la fragilisation du pays face à la crise.
On peut penser que ce genre de propos a des relents populistes, j'en suis conscient. Mais ce n'est pas ma faute si le personnel politique, faisant de plus en plus ouvertement carrière, s'est coupé du pays réel. C'est ce qui m'a porté à choisir Ségolène Royal, ces dernières années, bien qu'elle appartienne à cette espèce de caste, car elle seule propose les moyens d'en finir avec ce système. Interdire le cumul des mandats et instaurer en France un véritable référendum d'initiative populaire sont des préalables à une nouvelle politique. Ce n'est pas B. Delanoë ni M. Aubry qui feront fleurir la démocratie demain. Si Rocard s'en va, faudra-t-il pleurer sa perte, son intelligence, l'éclat dont il se servit naguère pour séduire l'opinion, comme Ségolène hier? Pas moi, en tout cas.


P.S. aujourd'hui on fête bon anniversaire avec trois bougies à Partageons mes âneries.

mardi 28 octobre 2008

Ma pompe funèbre

Quand je pense à la récession, moi je me bidonne. Ça vous en bouche un coin, hein? Dans ma partie, on n'est jamais en crise —ou alors c'est une crise à l'envers : trop de boulot, comme l'été de la canicule… Remarquez, faut pas croire que tout baigne dans le turbin, non. Y a les impedimentas, comme il dit, le patron. C'est un mot pour dire la concurrence, il paraît, et de la vacharde, même! Tenez, rien qu'ici, à Sarkoville où je bosse, on est six entreprises pour 50000 habitants. Eh bien, même avec la récession, les plongeons de la bourse, la vicissitude de l'humain, la vieillerie, tout ça…, on n'a pas forcément deux macchabées par jour. Des fois, juste trois ou quatre pour la semaine. Alors à six croque-morts, vous imaginez bien qu'il faut se bouger le cul. Être les premiers sur un bon coup. Le patron, il a ses informateurs. «Achille, va au 98 avenue Fillon, y a une phase terminale.» J'y go avec mon collègue Louis, on se met en planque pas trop loin de l'entrée. Pas trop près non plus, pour repérer si les enfoirés d'Hygiène et compassion, ou de Pompe Eco sont pas déjà sur le terrain. Ça arrive. Une nuit, j'ai appelé à la rescousse une copine qui michetonne au Paddock, une boîte d'ici. Elle a si bien allumé les mecs d'Eco, qu'ils étaient tous occupés à l'arrière du corbillard au moment stratégique… En plein jour, c'est plus emmerdant, parce qu'on peut pas grand chose, sauf aller faire un tour dans l'immeuble de temps en temps. On hume l'atmosphère, on tend l'oreille, comment vous expliquer ça? Des trucs qu'on apprend sur le tas, incommunicables, comme on dit. Quand c'est bon, on frappe carrément à la porte… «Vous avez fait vite!» qu'ils disent la veuve, ou le grand fils, d'un air égaré. «Célérité et miséricorde, sincère condoléances, madame.» On va jeter un coup d'œil apitoyé au client, on murmure de pas s'en faire, s'il a une mine terrible, qu'on va arranger ça. Et puis on va s'installer sur un coin de table pour le dossier. Y en a des fois qui demandent timidement un devis. Là, on répond avec douceur : bien sûr, on vous fournira ça demain, quand le premier choc sera passé. En attendant, voyons ce qu'il faudrait pour ce pauvre monsieur. C'est là qu'il faut être psychologue, deviner en quelques instants ce qu'on peut leur fourguer au maximum : une caisse de peuplier vernis, ou la bière d'acajou grand standing, poignées plaquées or ; la simple plaque inox, ou le crucifix en laiton massif, la garniture papier recyclé, ou le satin blanc matelassé… Bon, je ne vais pas vous faire l'article, on a deux pages d'options. Et puis, ça presse pas pour vous tout de suite, hein? Remarquez, on ne sait jamais… Je vous laisse ma carte, ça porte bonheur.

Muse : le Nouvel Obs
Ça n'a rien à voir avec ce billet, mais j'ai aimé lire Zoridae, et pour d'autres raisons encore, les blogs de Gael et PMA qui attirent notre attention sur la menace du projet Hadopi.

lundi 27 octobre 2008

Des intellos de droite et du racisme.

Chez quelques blogorrhéiques de droite on voit souvent fustigé l'antiracisme naturel aux idées de gauche. Comme il ne s'agit pas de se déclarer soi-même raciste —ils se veulent au-dessus de ça, en principe—, il n'est question dans leurs articles que de dénoncer les intentions racoleuses de la boboïtude, qui veut voir du racisme partout afin d'occuper le devant de la scène. De fait, il est arrivé plus d'une fois qu'une agression soit abusivement qualifiée de raciste. Ce genre d'erreur me semble pourtant, de loin, moins préjudiciable à la société que la propension contraire de la droite à vouloir étouffer hypocritement toute affaire où le doute n'est pas permis. Les manifestations de haine intercommunautaires pourrissent lentement la vie publique. Je me suis pour ma part engagé contre le racisme, lorsqu'en 1971 un gamin nommé Djilali Ben Ali fut assassiné à la Goutte d'Or par un adulte… J'ai oublié les circonstances exactes, ou plutôt, je crains de les rapporter imparfaitement, avec le recul des années. Toujours est-il que ma femme et moi écrivîmes à cette époque un petit bouquin destiné aux enfants, qui eut quelque écho et nous entraîna dans une sorte de tour de France du racisme ordinaire. L'histoire racontait très simplement les déboires imaginaires d'un gamin et son père, immigrés algériens de la première génération. Nous avions souhaité dédier le livre à la mémoire de cet enfant. Notre éditeur refusa, jugeant que publier un roman antiraciste pour la jeunesse (du reste sans aucun point commun avec l'événement à la source), était en soit assez provocateur. Dans le contexte des années 70, ce n'était pas entièrement faux et la décision d'éditer le texte témoignait déjà de sa part d'un certain culot. Il nous accorda de citer en exergue un fragment du "Marchand de Venise", afin de rappeler au lecteur qu'antisémitisme et racisme sont monstres siamois… Pourquoi revenir sur des choses aussi anecdotiques? Disons que j'y vois une illustration de mon propos… Parce que lutter contre le racisme ou l'antisémitisme, toujours présent comme un vieux truc ranci dans la mentalité franchouillarde, n'a jamais été de soi. Il y faut de l'effort et une attention vigilante à ces discours d'une partie de la droite qui ne renoncera jamais à dévaloriser l'idéal républicain de fraternité.

Sources (lointaines) chez Didier Goux, et NLF

Aujourd'hui, j'ai lu avec plaisir Abadinte , Police, et les trouvailles de P.M.A

dimanche 26 octobre 2008

Une semaine de crise et de sexe.

Bizarre, la semaine qui s'achève ! Je ne sais pas comment vous l'avez ressentie, mais moi je l'ai trouvée très sexe. Elle a commencé avec la vie privée de Dominique Strauss-Kahn dénoncée par la presse américaine. Le sexe n'est plus en odeur de sainteté aux États Unis, qui rejoignent là-dessus les cultures de la macération et de la convoitise honteuse. Nous y avons longtemps été soumis, quand la religion occupait une place excessive dans la société. Ce n'est plus le cas, et d'une manière générale en Europe, nous méprisons plutôt ceux qui fouinent dans l'intimité d'autrui, ou crachent sur la joie de vivre… Mais les américains n'étant pas plus cons que nous, il est probable que l'on cherchait plutôt à pousser DSK hors du F.M.I., par l'ouverture d'une enquête. C'était bien le diable si l'on ne trouvait pas quelque abus de pouvoir, ou du moins, un de ces gros mensonges qui, là-bas, ne se pardonnent pas. Apparemment c'est loupé. Je m'en félicite à double titre : les pisse-aigre sont déçus, et M. Strauss-Kahn reste en Amérique. Il parait qu'il y est très utile en ce moment, et je ne suis pas pressé personnellement de le revoir dans notre paysage politique.
Cette semaine a aussi été remarquable par les efforts déployés par M. Sarkozy et tous ceux qui comptent dans le monde, pour restaurer la confiance des peuples. La crise va mettre sur la paille des dizaines de milliers de travailleurs, peut-être même beaucoup plus que l'on n'en a jamais vus. Je ne sais plus quel important personnage a laissé paraître son angoisse de voir une explosion de fureur mondiale balayer le capitalisme. Cela, m'a immédiatement éclairé sur le sens des gesticulations sarkoziennes et de l'émoi de ses comparses : ils veulent baiser les peuples par un simulacre de réforme du système financier. Le comble, c'est que dans cette coucherie virtuelle, nous allons payer pour être baisés.
Il y eut aussi les funérailles de Sœur Emmanuelle, suivies de près, pendant que l'émotion était chaude, de la campagne de promotion de son livre posthume. Et, l'aurions nous cru, cette sainte femme au voile de travers, en a de très vertes à raconter. Ses masturbations, ses bouffées d'attirance aventureuse… Reposez en paix, Sœur Emmanuelle, les américains ne peuvent plus rien contre vous !

samedi 25 octobre 2008

Choisir entre N. Sarkozy et J.C. Junker ? Et Edvige, la-dedans?

Nicolas Sarkozy est un médiocre président et un véritable autocrate. Les Français qui l'ont élu ont confondu caractériel et caractère, jouisseur et responsable. Mais il est là, légitime président de la république, même s'il ne l'honore pas.
Dans la crise que nous traversons, il se déploie, feint d'organiser le chaos, pille de tous côtés des fragments d'idées chez les autres —hier Gordon Brown, homme de gauche, aujourd'hui les socialistes. Pourquoi pas ? il est là pour réagir! L'un de ses principaux chevaux de bataille (avec la création d'un fond souverain destiné à protéger nos entreprises, et la réunion d'un sommet réformateur du système financier), reste la lutte contre les paradis fiscaux. J'ai déjà dit ici, comme beaucoup d'autres, qu'il s'agit d'un préalable indispensable pour que l'on puisse accorder le moindre crédit à la soi-disant «refondation du capitalisme». Je doute de la sincérité de N. Sarkozy dans tous les domaines, à commencer par celui-ci, mais il a au moins le mérite d'en parler.
Alors, lorsque je lis qu'Angela Merkel, qui n'aime pas Nicolas Sarkozy (on la comprend et l'excuse), estime que «le président naturel» d'une instance économique européenne serait Jean-Claude Juncker, je bondis. M. Juncker, homme politique brillant, certes, dirige le Luxembourg. L'un des plus recherchés paradis fiscaux d'Europe.
Ce n'est pas que je tienne à voir Nicolas Sarkozy cumuler deux salaires présidentiels et des postes propices à nous infliger davantage de rodomontades quotidiennes, mais s'il est le seul à pouvoir faire obstacle à M. Juncker… Avouez qu'elle est drôle, celle-là !


On nous a dit que le fichier Edvige était enterré. Il semble que ce soit faux! Le décret qui l'a mis en service au mois de Juillet reste valide tant qu'un nouveau décret ne vient pas annuler le précédent. Et dans l'intervalle, on fiche comme si de rien n'était, paraît-il…
Le nouveau fichier Edvirsp sera expurgé des informations inappropriées nous promet Mme Alliot-Marie. Il n'en reste pas moins scandaleux de ficher des citoyens non-délinquants. Le plus cynique, me semble-t-il, c'est que la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés ne donnera son avis sur la nouvelle mouture d'Edvige qu'une fois le décret publié au Journal officiel. Lorsqu'il sera trop tard.

vendredi 24 octobre 2008

Retour vers le bordel

La tirelire Soyouz contenant le multimillionnaire Richard Garriott, a été livrée sans dommage apparent dans la steppe kazahke. Les destinataires ont signé le bon de livraison du récipiendaire cosmonaute sans émettre de réserve. Après quoi, l'heureux élu de l'espace fut extrait du récipient et montré à la presse.
On m'excusera, j'espère, le côté un rien décalé de ce bref compte rendu. En voulant m'informer sur la personnalité de R. Garriott, j'ai appris de Wikipédia que ce monsieur «est une figure proéminente dans l'industrie du jeu vidéo»… Sa proéminence m'a beaucoup impressionné.
Toujours est-il —c'est là que je voulais arriver—, que ce monsieur dynamique débarque en pleine déconfiture mondiale après une absence de douze jours. Même s'il a été tenu plus ou moins au courant du plongeon de ses actions en bourse, à mon avis, de là-haut, il n'a dû se faire qu'une pâle idée du bordel terrestre. Semblable aux voyageurs des romans de science-fiction, le voilà soumis à un paradoxe temporel sans subtilité, que la théorie de la relativité n'avait pas prévu. À son départ, le Dimanche 12 Octobre, le monde était déjà mal en point, certes, mais rien à voir avec ce qu'il va retrouver à la maison.
Douze jours se sont écoulés entre le départ et le retour de M. Garriott. Douze jours de crise en yoyo dans le monde entier. Je ne sais pas ce qui s'est passé au Texas, cher aux œuvres ludiques du 6e touriste spacial, mais je doute que ce soit plus réjouissant qu'ailleurs. Si ça se trouve, il va découvrir qu'il ne lui reste plus un kopek pour payer son billet d'avion de retour, une fois passé son check-up. Ou même pire : que toutes les compagnies aériennes auront déposé leur bilan d'ici là… Au train ou vont les choses, en Russie comme partout, c'est bien possible!
J'ai lu dans Var-Matin aujourd'hui qu'Edwin Aldrin, ancien piéton lunaire, estime que les futurs colons de la planète Mars devront s'attendre à y finir leurs jours, sans espoir de retour. Cela m'a inspiré le moyen d'en finir avec les crises financières du capitalisme. Et si nous envoyions les experts libéraux, les as de la finance acrobatique, tous les fauteurs de crise, pour faire court…, coloniser Mars? Avec Nicolas Sarkozy comme chef.

Mes lectures du jour : Mathieu, Trublyonne, Vogelsong

jeudi 23 octobre 2008

Etat de la presse en sarkozie.

En France, sous l'ancien régime depuis Philippe le Bel, quand quelque chose clochait gravement dans le royaume, le roi convoquait les États Généraux. La dernière fois que cela eut lieu, ce fut en 1789. La France était en pleine crise financière, l'État endetté jusqu'aux oreilles —tiens, ça me rappelle quelque chose… Louis XVI réunit les états généraux en espérant qu'ils décideraient d'augmenter les impôts à sa place. À eux l'impopularité de la mesure, à lui l'argent. Pas de bol pour lui : ce fut la Révolution qui en sortit. Depuis, les états généraux ont disparu de notre paysage politique.
Jusqu'à ces derniers jours, où l'autocrate de l'Élysée les a tirés de la naphtaline. Oh ! bien entendu, il ne s'agit plus de vrais états généraux, puisque sur les trois états d'autrefois, la noblesse, le clergé, et le tiers, il ne reste plus que le dernier. Cela n'aurait aucun sens. Avec son amour des formules creuses, mais susceptibles de frapper l'imagination des cons, M. Sarkozy a retenu le titre États généraux —comme hier Grenelle—, pour l'appliquer à la presse.
Le fait est que la presse de notre pays, la presse écrite particulièrement, va mal. Financièrement d'abord : plus assez de lecteurs, de publicité, coûts élevés… Moralement ensuite, ceci découlant de cela, avec des licenciements, et aussi de pesantes incertitudes quant à la volonté du pouvoir de la laisser faire librement son travail. La presse attend notamment une loi sur la protection de ses sources, des mesures pour conforter son indépendance.
Et qu'a fait M. Sarkozy, réunissant les acteurs de l'information en quatre groupes de travail? Eh bien, à son habitude, il a commencé par sélectionner les participants en favorisant ceux qui sont à même de former à l'avenir des concentrations multimédias à l'anglo-saxonne. La diversité de l'information, la pluralité d'opinions, n'ont aucune importance pour lui! Ainsi a-t-il tout simplement écarté, entre autres, des consultations, tous ceux qui auraient pu représenter la blogosphère, internet plus largement (il n'y a pas que des blogs littéraires ou politique, sur internet). Mieux, quelques participants conviés à occuper un strapontin, comme Mediapart, ont constaté qu'en fait de travail et de concertation, suivant la détestable habitude du consul Sarkozy, tout était déjà décidé à l'Élysée. Il ne s'agissait que de débattre sur des vues arrêtées par le pouvoir —et derrière ce dernier, les désirs des copains, hommes d'affaires de la sphère médiatique : Dassault, Bouygues, Lagardère et compagnie…
La vision de M. Sarkozy sur l'information, on la connaît bien désormais. De grands groupes aux mains de ses amis, un audiovisuel privé enrichi et puissant, propriété des mêmes amis, face à l'audiovisuel public réduit à la mendicité, dont il désignera lui-même le patron, pour mieux encore le tenir à sa botte. Comme le dit François Beyrou avec qui je suis sur ce point d'accord : il s'agit d'une régression sans précédent. Sarkozy nous ramène à l'époque de l'ORTF asservie par De Gaule, en pire, car à l'époque celle-ci ne manquait pas de moyens financiers!

Sources : Mediapart, L'Humanité, le Nouvel-Obs

mercredi 22 octobre 2008

La conversion de Nicolas Sarkozy

Lundi, j'évoquais la mission que Sœur Emmanuelle me semblait devoir assumer si son envol la menait au paradis. J'ai fais une double erreur, je dois l'avouer. La première, c'est que les sous-entendus de mon billet mettaient en doute l'existence même du paradis. Or, il semble que je me sois trompé : Sœur Emmanuelle a bel et bien rejoint les cohortes célestes. En effet, à peine arrivée à destination, elle nous a passé une sorte de coup de fil. Je veux dire qu'elle a accompli un miracle, mais pas celui que j'attendais. Ce fut ma seconde erreur. J'imaginais qu'avec son grand cœur elle aurait intercédé en faveur de Dominique Strauss-Kahn, le tirant de sa mauvaise affaire étasunienne … Eh bien pas du tout ! Sœur Emmanuelle s'est désintéressée du pauvre homme qui semble, du coup, mal parti. Son attention, sa mansuétude se sont bel et bien portées sur Nicolas Sarkozy. Oui, le pire d'entre nous, ses anciens compatriotes ! Il n'aura échappé à personne, je suppose, que le Consul de France a fait un aveu de taille au parlement européen :
«Suis-je devenu socialiste? Peut-être»
N'est-ce pas miraculeux? Au lendemain du décollage de Sœur Emmanuelle, l'homme qui a vidé les caisses de la France, accablé les malades les plus pauvres de franchises médicales, favorisé impudemment ses riches copains, mené un train de crésus sur le dos d'un peuple fauché, et j'en passe…, cet homme est devenu socialiste!
J'entends déjà ricaner certains, et si je suis leurs regards, je dois reconnaître que leurs doutes paraissent à première vue justifiés.
Socialiste, un type qui distribue l'argent public aux banquiers douteux sans même imposer la participation de l'état à leurs décisions? Socialiste, un type qui vide de son sens la loi SRU sur le logement, et fait accélérer les délais d'expulsion des locataires mauvais payeurs? On pourrait dresser une liste impressionnante des tares politiques de M. Sarkozy, soit. Il reste que pour moi, dans la nuit de lundi à mardi, tel Saül sur le chemin de Damas, Nicolas Sarkozy a vu apparaître Sœur Emmanuelle au pied de son lit conjugal. On sait combien le président est sensible aux «people» en général, et aux icônes des médias en particulier. Côté icône, Sœur Emmanuelle enfonce même Mme Betancourt. Et le résultat est là : il s'est converti au socialisme.
Mieux même, la sainte femme lui a insufflé le désir d'une nouvelle mission : sauver l'Europe de la crise et de la décadence. Car le clin d'œil ultime qu'elle nous envoie, avec cet humour demeuré intact venu de l'au-delà, réside dans le sacrifice bouleversant que M. Sarkozy s'apprête à faire en restant président de la zone euro jusqu'en 2010. Il a dû protester timidement :
«Tu me prends pour Jeanne d'Arc, ma soeur…
— Pas du tout, t'es bien trop petit, mon ami ! Napoléon, par contre… Tu es taillé pour le rôle.»
Enfin, ils se sont sans doute raconté quelque chose de ce genre. Notre président a certainement pesé le pour, le montant des indemnités de Président de l'Union, et les points pour la retraite que ça lui fera en plus, l'avenir de l'Europe. Il a pesé aussi le contre, l'entorse que l'acceptation de ce rôle éminent causerait à son principe de modestie intangible. Et puis il a capitulé devant l'ardeur missionnaire de l'apparition.
Je vous le dis avec une certaine amertume : si tout cela est vrai, c'est bien qu'il y a bel et bien un Dieu pour les arrivistes.

Source: Le Monde

mardi 21 octobre 2008

Les valeurs du capitalisme

Ce matin, Nicolas Sarkozy a évoqué la «refondation du capitalisme» devant le parlement européen. Voici la dernière insanité qu'il a proférée, en attendant la prochaine : «Ce qui s'est passé, c'est la trahison des valeurs du capitalisme, ce n'est pas une remise en cause de l'économie de marché»… Bon, nous savons, ou nous devrions maintenant savoir tous qu'il s'agit d'un homme pétri de trivialité, guère plus regardant sur la politique qu'un marchand de voitures d'occasion. Pourtant, ce propos m'a fait sursauter. Valeur, au sens où M. Sarkozy utilise ici le mot, désigne la qualité de ce qui a le caractère du beau, du vrai, du bien, du juste.
Le capitalisme a-t-il d'autres valeurs que celles cotées en bourse ?
Selon moi, le capitalisme, perçu universellement, ou presque, comme un monstre sans visage, n'est pas beau. On imagine mal qu'il puisse être à l'origine de ces élans de l'esprit et du cœur qui fondent un idéal. C'est au contraire généralement par calcul et froide conjecture d'en retirer un bénéfice personnel qu'on l'adopte. Les acteurs du capitalisme sont rivaux, rêvent de se «détruire» commercialement, mentent par tactique, trichent. On ne peut donc qualifier le capitalisme de vrai.
Par contre, le fait qu'il soit le principal pourvoyeur de travail, et partant, source de revenu, doit répondre pour certains à la définition du bien. Mais c'est oublier que quel que soit le système politico-économique en vigueur, il faut de toute façon produire, adopter une organisation du travail. Le capitalisme serait-il enterré ou châtré, l'activité de l'humanité demeurerait.
Quand à le trouver juste… Dois-je vraiment prendre la peine d'en illustrer l'injustice ? Sans ouvriers, techniciens, ou employés de toutes spécialités, pas un bien, pas une richesse ne se crée. Sans actionnaires et administrateurs, la société fonctionnerait encore. Et pourtant, ces derniers s'enrichissent au-delà de toute pudeur, tandis que les premiers sont sous-payés.
Qui pourrait encore ajouter foi dans ce pays aux paroles de M. Sarkozy? Le voici aujourd'hui promettant de "refonder" le capitalisme. Qu'a t-il fait pour cela, dans l'urgence et alors qu'il tenait un moyen d'action efficace? Il distribue notre argent aux banques, mais se garde d'imposer la présence de représentants de l'état parmi les administrateurs. Donc les banques pourront bientôt se livrer à nouveau sans contrôle à des activités douteuses sans utilité pour la collectivité nationale. Il prétend vouloir en finir avec les paradis fiscaux, véritable vérole financière, mais se montre incapable d'amener le Luxembourg, l'Autriche, la Suisse, le Liechtenstein, à la table des négociations. Il ne parle même pas des repaires de fraudeurs sur lesquels la France a autorité : Andorre, Saint-Barthélemy —ou possibilité d'agir : Monaco.
Si l'on doit refonder le capitalisme, peut-être faudrait-il tout ramener au niveau des fondations, c'est à dire des entreprises qui produisent des biens ou aident à les produire. Et mettre hors la loi ceux qui s'enrichissent avec du vent, les spéculateurs de tout poil.

lundi 20 octobre 2008

Billet express

Je ne dirai rien de Sœur Emmanuelle, qui s'est envolée au ciel, pas très loin de chez moi, pressée d'aller plaider auprès de Qui-vous-savez, la cause de Dominique Strauss-Kahn, calomnié aux USA par des hordes mormones, baptistes, puritaines —bref protestantes, en vrac. Je ne dirai rien non plus de N. Sarkozy, ni des petits écureuils de la Caisse d'Épargne qui ont perdu trop de sous en jouant à de vilains jeux de grands renards pas faits pour eux. Je comptais aborder aujourd'hui le thème des produits dérivés en finance, qui sont ce que la foi était à Sœur Emmanuelle : un pari sur l'inconnu. Elle avait parié sur l'existence de Dieu, la bonne dame. Maintenant, soit elle empoche la plus-value au paradis, soit elle tombe dans le néant, plus bas encore qu'aucun indice boursier ne peut descendre, du moins pour le moment. De tout cela, je ne vous dirai rien : plus le temps d'écrire un billet aujourd'hui…

Je vous recommanderai seulement d'aller vous cultiver chez Martine, et de lire le dernier épisode de Vendanges chez Balmeyer, si vous avez déjà dîné ce sera une expérience intéressante.

dimanche 19 octobre 2008

Un constat ?

Quand nous aurons terminé de pester ou de ricaner sur le fait que l'addition de la crise financière sera payée par les contribuables qui n'y sont pour rien, il faudra bien regarder les choses en face. C'est à dire que les gouvernements des pays concernés n'avaient pas d'autre choix. Pas d'autre choix pour sauver l'équilibre du monde tel qu'ils le conçoivent et tel que les populations souhaitent s'en accommoder, dans leur majorité. Sauver le capitalisme et ses composantes : politiques autant qu'économiques. On peut supposer qu'une débâcle totale du système bancaire aurait entraîné en très peu de temps l'arrêt de pans entiers de l'activité économique. Une montée vertigineuse du chômage et l'explosion du ressentiment des peuples. Je crois que c'est surtout cela que les chefs d'états participant aux réunions extraordinaires de ces derniers jours avaient à l'esprit. Et comme personne en Europe —à l'exception des minorités révolutionnaires—, ne souhaite l'arrivée du chaos, les intérêts de tous se rejoignent.
On nous fait payer la continuité d'une société familière et la perpétuation d'un système politico-économique aberrant, mais sans alternative crédible. D'une certaine façon nous pouvons être soulagés et remercier Gordon Brown d'avoir inventé la méthode de semi-nationalisation des banques en péril appliquée aujourd'hui. Remarquons en passant que ce remède "miraculeux" ne doit rien à Nicolas Sarkozy : ce dernier peut seulement être rendu responsable de l'état désastreux de notre pays face à la crise.
Il reste que nous sommes, citoyens ordinaires, totalement démunis pour imposer un changement significatif aux maîtres de l'argent et de l'économie. En particulier nous, français, avec notre opposition entravée par les étapes de sa reconstruction. Sinon, peut-être serait-il venu de ses rangs des propositions valables pour nettoyer durablement les écuries du monde des affaires.

P.S. Le blog «Les amis de Fansolo» est ouvert, vous pouvez dès à présent y prendre connaissance de l'appel à la solidarité en faveur d'Antoine Bardet.

samedi 18 octobre 2008

Incidents

Des galipettes incidentes dans la vie privée de Dominique Strauss-Kahn lui valent d'être aujourd'hui dans ses petits souliers, tout là-bas, aux USA où l'on ne rigole pas avec le cul. Le voilà soupçonné d'abus de pouvoir, en subprime. À suivre…
Trois petits écureuils de la Caisse d'Épargne qui faisaient des galipettes en plein krach boursier sont à l'origine d'un incident de marché à 600 millions d'euros. De quoi ils ont l'air avec une perte en dessous du milliard ! On est presque gêné de parler de cette humble tasse, après les Titanic financiers de ces derniers temps.
La Matmut, avait mis des œufs dans ADI, un hedge fund français, c'est à dire une société de gestion spécialisée dans les galipettes financières risquées. La Matmut en était actionnaire majoritaire. Aujourd'hui, ADI se prépare à mettre la clef sous la porte. Incident à responsabilité mutuelle?
Les funambules de la finance anglaise auront encaissé 20 milliards de bonus cette année, grâce à leurs galipettes audacieuses. Il y a gros à parier que le big krach restera un incident de parcours dans la vie des heureux bénéficiaires. D'aucuns, en Angleterre, s'en émeuvent et voient dans ces rémunérations délirantes l'une des causes parmi d'autres de la crise —l'appât du gain incitant les artistes bancaires à tenter de folles cabrioles. Ils pourront recommencer, maintenant qu'ils savent disposer du filet des contribuables en cas de gamelle…
Ce n'est pas un incident : Monsieur Poireau a encore écrit un joli billet pour tirer les conséquences de la crise à sa manière inimitable. À lire vite, avant qu'il ne change de sujet !

vendredi 17 octobre 2008

Peut-on rire de la crise avec tout le monde?

Yves Deligne —Scheiro en costume de scène—, pourfendeur irréductible de la gauche, estime que mon discours ordinaire en ce lieu se fonde sur la doxa : les préjugés populaires pour faire bref… Et de m'opposer un extrait de texte de Sloterdijk, étoile montante de la philosophie, brillante sans doute, mais dont je n'ai rien à foutre pour ce qui concerne mes choix fondamentaux dans la vie. Le monde qui vous entoure vous force à découvrir avant l'âge adulte les mécanismes de l'aliénation sociale, comment se tracent les sillons qui vous feront subir plus ou moins durement la loi des nantis. Le juste et l'injuste, pour rester dans la doxa. On peut ignorer cette vérité banale, et trouver que le monde tourne bien ainsi, ou au contraire s'insurger, lutter contre l'injustice sociale. Élevé dans un pays de mines, par des gens modestes, je suis incurablement imprégné d'une volonté de changer la société. Ainsi, quoique touché à mon porte-monnaie par la crise actuelle, je jubile cependant de la déroute «des riches» (simplification absurde, mais pratique). Mon plaisir naît d'une évidence qu'aucun philosophe ne peut nier : le capitalisme a pris un sale coup. C'est une véritable jouissance que cette revanche offerte aux humbles sur le ramassis des possédants qui en prennent, j'espère, plein la gueule en ce moment. Une seule chose me chagrine : ils ne sautent plus par les fenêtres comme au bon vieux temps. D'un point de vue plus réaliste, je me désole par contre que ma famille politique, la gauche, cantonnée dans l'opposition, ne dispose pas des moyens d'imposer à la prétendue refondation du capitalisme, l'adoption de règles draconiennes : la mise au pas des paradis fiscaux, la fin définitive de la spéculation financière. Car je n'ai aucune illusion sur le retour rapide de ces pratiques. De même qu'il est, hélas, écrit que ceux qui rient aujourd'hui seront frappés par la récession demain…
Le capitalisme infligera toujours des crises aux populations qui, in fine, en seront les principales victimes, tant qu'une loi d'airain mondiale n'en décidera pas autrement. En attendant qui sait si , la France débarrassée de Nicolas Sarkozy, un gouvernement de gauche n'entreprendra pas de faire dégorger aux financiers les milliards qu'ils vont dévorer ? C'est mon vœu en tout cas. Comme des poissons dans l'eau d'une forme de communication nouvelle, mes amis blogueurs de gauche dénoncent jour après jour la politique clanique de M. Sarkozy. Personne —à commencer par les forgeurs de concepts coupés des réalités—, ne peut savoir aujourd'hui si l'espérance qui les anime, la dissidence qu'ils expriment, ne porteront pas de fruits.

jeudi 16 octobre 2008

Rions sous la crise

Aujourd'hui, Monsieur Poireau a imaginé sur son blog, avec humour, des équivalences vertigineuses à l'énormité de la somme déboursée par la France afin de sauvegarder les banques… Cela m'a rappelé que, voici quelques jours, je ne suis pas parvenu à faire rentrer tous les zéros des 1250 milliards d'euros de notre dette publique, convertis en francs, sur ma calculette…
Ainsi a été le chemin capricieux de mon inspiration d'aujourd'hui… Pour sortir un peu de la déprime où finiraient par nous plonger les dernières nouvelles de «la crise», j'ai décidé de consacrer un billet à un homme injustement oublié de nos jours: l'empereur Bhing, inventeur du calcul deux fois plus rapide…

Un matin, au bout du monde, en Niche pour être précis, l'empereur Bhing s'éveilla. C'était un très grand empereur, si grand qu'il lui fallait un boulier géant pour faire ses petites opérations du matin —l'addition, la soustraction, et le reste. Un boulier tellement géant que deux Nichois baraqués peinaient à déplacer chaque boule. Cela exigeait beaucoup de force, de temps, et de patience, car l'empereur Bhing ne bougeait pas de son trône, il va de soi.
Donc, un matin l'empereur Bhing posa un pied hors de son lit en songeant avec ennui à ses petites opérations du matin qui allaient l'absorber toute la journée. Il s'écria :
«Pourquoi posséder le plus grand boulier du monde, si mes petites opérations du matin durent jusqu'au soir?
— Pour avoir un boulier à votre taille, ô Très Sage Bhing ! » hurla son valet de pied qui lui arrivait à peine à la cheville, en taille comme en jugeote.
«C'est juste», dit Bhing en réfléchissant. Lorsqu'il eut suffisamment réfléchi, il demanda :
«À quoi bon avoir un boulier à ma taille, si ce n'est pas moi qui l'utilise?»
Le valet de pied ne sut que répondre, l'empereur l'écrasa du talon, puis il reprit sa réflexion. L'idée lui vint plus tard qu'avec un petit boulier, ses calculs d'empereur seraient plus faciles, et il ordonna qu'on lui fabrique un tout petit boulier. On lui apporta bientôt un boulier minuscule, avec des perles qui glissaient sur les tiges d'argent au moindre soupir. L'empereur satisfait pensa qu'il allait gagner beaucoup de temps désormais. Il pensa encore un moment, puis se souvint qu'il ne savait pas du tout compter, et que d'ailleurs, un empereur ne faisait jamais rien de ses dix doigts. Cela ne s'était jamais vu. Il réfléchit plus fort encore, jusqu'à ce que l'illumination lui vînt.
«Que l'on mette deux hommes de plus par boule à mon boulier géant!»
Il accrocha le petit boulier à son cou. De ce jour, les petites opérations du matin de l'empereur de Niche prirent deux fois moins de temps. Tous les sujets de Bhing furent deux fois plus heureux qu'avant, surtout les pousseurs de boules.

P.S. Mathieu , Nicolas, et Vasseur consacrent d'excellents billets à l'affaire de la marseillaise sifflée.

mercredi 15 octobre 2008

Rage de crise

Il faudra bien sortir un jour ou l'autre de la crise, même si l'ensemble de la société doit en éprouver le poids longtemps encore. Et clarifier les responsabilités. En attendant, avec le faible recul que nous avons, j'ai retiré des événements des derniers jours le sentiment que les gouvernements du monde n'avaient pas d'autre choix que de voler au secours de la banque. Cela se fera sur notre dos, comme toujours, mais la faillite du système bancaire aurait eu des conséquences infiniment plus graves sur nos vies. L'économie souffrira sans doute, le chômage va augmenter, mais dans de moindres proportions que l'on n'aurait pu le craindre. C'est pourquoi j'approuve pour ma part l'abstention du parti socialiste, qui ne fait pas obstacle à un plan de sauvetage incontournable, sans pour autant donner un satisfecit à ce gouvernement de pompiers-pyromanes. Comment oublier que notre petit consul Sarkozy, couvert un peu partout de louanges imméritées pour avoir banalement fait son travail, était un défenseur du système pourri qui nous a conduits où nous sommes ? À titre de rappel les simples exemples du pot-de-vin fiscal à son électorat de classe, et des prêts hypothécaires qu'il souhaitait instaurer en France, constituent une lourde casserole qu'il méritera de recevoir dans la figure jusqu'à son éviction de la scène politique.

Autre sujet de rage citoyenne que m'inspire l'actualité du jour : la petite polémique sur le train de vie de l'Élysée. Petite, parce qu'elle sera bientôt enterrée. Inutile de perdre du temps à répéter en détail ce que l'on peut trouver dans tous les journaux —mais qui ne sera, au mieux, que traité allusivement par les médias de crétinisation télévisuelle. Deux points symboliques me rendent difficile la volonté de ne jamais recourir à l'injure. Il y a d'abord ces avions affrétés pour transporter le bétail de cour en voyages officiels, la parentèle, les clients de l'autocrate. Une honte pour notre république, si peu démocratique soit-elle. Il y a surtout cette stupéfiante information donnée par René Dosière, député apparenté PS, que le gouvernement, les ministères, ne répondent pas aux questions d'un parlementaire sur les dépenses de la présidence! «Ça fait 2 ans que j’interroge les ministères pour avoir des détails et on ne veut pas me répondre», dit-il dans Libération. En démocratie, je devrais moi-même, simple citoyen, pouvoir écrire à un ministre pour demander où passe l'argent de l'état et recevoir une réponse détaillée.

En conclusion sans rapport avec ce qui précède, je m'accorderai le plaisir tout personnel de contredire M. Fillon, premier ministre, lorsqu'il affirme que nous ne sommes pas en récession. Aux USA, la récession est définie par une diminution du PIB au cours de deux trimestres consécutifs. En France, le PIB est tombé de 0,7% au troisième trimestre 2007, à 0,4% aux quatrième trimestre 2007 et premier trimestre 2008, puis à —0,3% au deuxième trimestre 2008. Vous appelez ça comment, sinon une récession?





source du tableau Insee (en lien sur PIB)

mardi 14 octobre 2008

La crise est finie, la richesse arrive !


Nicolas Sarkozy est grand, François Fillon est son prophète.
Évidemment, ce n'est qu'une image un tantinet emphatique, née d'un moment de pure exaltation devant le miracle que ces deux hommes viennent d'accomplir. Songez un peu : le président a conjuré la crise financière qui menaçait de pousser notre pays à la faillite. Il a fait aussi fort que Jésus transformant l'eau en vin aux noces de Cana, puisque M. Fillon nous apprend que d'une dépense de 360 milliards d'euros venant s'ajouter aux 1250 milliards d'euros de la dette française, il va tirer un enrichissement du pays. Si, si ! je ne blague pas. D'ailleurs, si vous écoutez attentivement votre chaîne d'infos habituelle, ou si vous lisez bien votre journal, vous êtes déjà au courant.
On m'excusera, je l'espère, de resservir un doigt de religion dans la gnôle qu'il faut avaler ces jours-ci pour affronter les nouvelles, mais il me semble que nous vivons un grand moment de foi. Pour faire plaisir aux athées, dont je suis, aurais-je plutôt filé la métaphore alchimique, que nous serions parvenus au même résultat : la pierre philosophale capable de changer le plomb de la dette en or du pouvoir d'achat. Tout était une question de confiance, parait-il, et elle semble revenue —enfin, celle des marchés. De la confiance à la foi, on m'accordera que la distance est courte. La foi me ramenant au prisme du religieux, j'ai relevé que M. Sarkozy, dans ses paraboles destinées à expliquer la crise aux français, flétrissait il y a peu les marchands du temple, cause de tous nos malheurs.
Dommage qu'il ait déjà oublié sa menace de punir les coupables ! Que n'a-t-il tapé sur la table, comme il sait si bien le faire, pour exiger la fin des paradis fiscaux, l'interdiction totale et définitive des marchés à découvert, la moralisation du crédit (entre autres mesures)! Il démontre au contraire que sa prétendue «refondation du capitalisme» n'est qu'un ravalement. En guise de miracle, il n'a fait que son boulot de président sauvant les meubles en prenant l'argent où il se trouvera encore : dans les poches du peuple. En président de droite, il se préoccupe d'abord que tout puisse repartir comme avant le plus vite possible, et feint par quelques prises de participation provisoires de rendre sa force à l'état. Observons que nous sommes organisés en état pour être protégés : M. Sarkozy, s'il protège ses amis véreux du monde de l'argent, s'est surtout illustré jusqu'à présent dans le démantèlement de nos acquis sociaux.

P.S. Une étrange famille, un pot d'amis : mes petits plaisirs du jour.

lundi 13 octobre 2008

Travailler le dimanche ?

Le JDD publiait hier le sondage dont nous avons tous entendu parler. Je rappelle le chiffre choc : 67% de français sont favorables au travail du dimanche. En réalité, comme souvent avec les sondages, je trouve que ce chiffre reflète surtout ce que l'on avait envie de lui faire dire. Et nous ne sommes pas obligés de retenir l'interprétation qui en est donnée par les cuisiniers spécialisés. Je vous livre donc ma version de nul en maths, mais de réfractaire aux manipulations d'opinion.
Ainsi, le détail de l'étude précise qu'à la question «si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous?», 17% des sondés répondent :
— Oui, toujours.
Ils ont besoin de gagner plus d'argent, c'est évident. Décemment, je ne vois pas ce que l'on pourrait objecter à des gens pris à la gorge.
Mais 50% des sondés répondent :
— Oui, de temps en temps.
Nuance ! De temps en temps, ça veut dire : si je suis d'humeur à bosser ce jour-là, et si j'ai besoin d'un peu plus d'argent… En quoi ces français-là se mettent le doigt dans l'œil, parce que lorsqu'il auront accepté une fois, le patron en fera vite une habitude difficile à contrer. Dire non dès le départ, refuser cette régression sans égale depuis le moyen-âge, où le repos dominical fit son apparition, serait une attitude plus cohérente qui couperait court aux abus prévisibles. Le dimanche la majorité des familles se retrouvent, c'est le seul jour où parents et enfants n'ont, en principe, rien à faire. N'en déplaise à MM Sarkozy et autres apôtres du «travailler plus pour gagner plus» —tous gens qui, quelle que soit la longueur de leurs journées, ne savent pas ce que travailler dur pour mener une vie dure signifie—, notre passage sur terre est trop bref pour le consacrer à gagner notre pain.
Chez Nicolas, qui a évoqué également cette question (Peuples.net aussi, par ailleurs), et comme je le disais ici dans un billet précédent, j'ai rappelé que notre civilisation voit depuis la nuit des temps dans le travail une malédiction divine. «Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front» dit Dieu à Adam en le chassant du paradis terrestre avec sa copine Ève. Il dit aussi à celle-ci à la même occasion : «Tu enfanteras dans la douleur…» Depuis ce temps, il y a eu pas mal de chemin de chemin parcouru. Nous ne prenons plus guère Dieu au sérieux, nous avons obtenu les congés payés, la semaine de trente cinq heures, et nous avons fait en sorte que la femme accouche de moins en moins souvent dans la douleur, preuve que les malédictions ne nous impressionnent plus.
Des pays comme le nôtre, capables d'engloutir des sommes astronomiques pour tirer d'affaire une caste de privilégiés sans scrupules, devraient avoir la capacité d'améliorer les salaires sans porter atteinte à la qualité de notre courte existence. Travaillons moins et gagnons plus !

P.S. Je vous invite à visiter le blog de FanSolo

dimanche 12 octobre 2008

Comment soigner la finance et sortir de la crise

Ce qu'il y a de sympa dans la crise actuelle, c'est qu'on peut raconter n'importe quoi à son sujet. Les Diafoirus de l'économie se répandent de tous côtés pour éclairer le «jamais vu» à la chandelle du passé, arc-boutés aux conclusions que leurs prédécesseurs avaient tirées des krachs anciens. Il y a quelque chose d'hilarant à entendre leurs discours souvent contradictoires. Certains diagnostiquent la mort du capitalisme, d'autres pronostiquent au contraire sa métamorphose triomphante, fondée sur l'enracinement de l'individualisme en ce début de XXIe siècle. Quelques esprits affûtés, comme V. Giscard d'Estaing, que j'ai entendu sur France-Inter, font observer que tout ne va pas si mal pour réveiller l'économie : le prix du pétrole a fortement chuté : de 140$ le baril aux alentours de 90$ actuellement, et les matières premières ont suivi le mouvement… Au passage, il accueillait le projet de «nouveau Bretton-Woods» cher à Sarkozy comme une bouffonnerie inadaptée au monde actuel. M. Giscard a d'énormes défauts, mais il n'est pas plus bête que la moyenne des économistes et des politiques, et il est au moins aussi crédible que N. Sarkozy…
Le reproche rédhibitoire que je lui adresse, c'est de ne pas prescrire de clystère financier. Le système a reçu la saignée, c'est bien, c'est même excellent. Mais il faudrait songer à expulser les fèces dures agglomérées dans les paradis fiscaux, afin qu'un flux purificateur s'en suivant, l'organisme financier soit purgé des humeurs venteuses spéculatives. Une bonne convalescence d'un ou deux ans, accompagnée de force tisanes nationalisatoires, avec chapelet tous les soirs au Vingt heures de TF1 et exorcisation des chômeurs possédés par la paresse, devrait assurer la guérison. Et la France pétera de santé comme avant.
Afin de propulser demain notre pays vers les cimes de la croissance, je me permettrai une suggestion à destination de notre élite bancaire nationale. Profitons de la baisse actuelle de l'immobilier pour racheter à bon compte la totalité des lopins de sol martien mis en vente ces dernières années par quelques américains aujourd'hui dans la dèche. Une fois en possession de ce gigantesque lotissement, titrisons le cadastre martien, et fouette cocher ! Mars est pour demain, vive la France !

P.S. Cette semaine, j'ai goûté à Eaux dormantes, à la suite de «Vendanges» de Balmeyer, et au billet de D. Goux chez Zoridae




samedi 11 octobre 2008

Crise : Kadhafi rechute.

J'aime bien la Suisse et mes amis suisses… J'aime beaucoup la Suisse, même, en raison de sa démocratie. Oh ! je sais ce que certains vont penser : le côté paradis fiscal est débectant, mais je vous dirai que tous les suisses ne sont pas banquiers, même s'ils sont nombreux à bosser dans les banques. Et sur le plan de la démocratie, nous autres français, avec notre régime de représentation confiscatoire, nous n'avons rien à leur apprendre. Chez eux, la citoyenneté n'est pas un mot creux. J'ai déjà parlé de leur démocratie ici, mon propos d'aujourd'hui est différent. Je souhaite simplement évoquer la haine dont le coronel Kadhafi, despote bien connu, poursuit ce petit pays, pour avoir osé interpeller son fils Hannibal en juillet dernier. La justice suisse avait flanqué en tôle le rejeton de l'Ubu lybien, accusé d'avoir maltraité des domestiques au cours de son séjour à Genève. Son arrestation n'avait guère duré, mais depuis lors la colère du coronel outragé ne cesse de s'abattre sur la Suisse. Deux ressortissants helvétiques ont été emprisonnés en Lybie, et depuis cette semaine, les livraisons de pétrole brut en provenance de ce pays sont interrompues. Par ailleurs, le régime lybien a décrété qu'il retirait tous ses avoirs des banques suisses, soit 7 milliards de dollars… On le voit, le bonhomme Kadhafi ne plaisante pas quand il s'agit de défendre sa progéniture. Le ministère des Affaires étrangères français se dit "préoccupé" et demande aux lybiens d'éviter l'escalade. Ne pourrait-on pas remettre une fois pour toute M. Kadhafi à l'isolement, avec une camisole internationale ?

Solidarité avec FanSolo

J'ai évoqué ces jours-ci la condamnation en justice du blogueur FanSolo. Sa défense s'organise , et j'aurai l'occasion d'en reparler. Ceux qui s'intéressent à son cas et souhaitent le soutenir peuvent d'ores et déjà consulter le blog de Gaël…

vendredi 10 octobre 2008

Touche pas à mon financier

Moi, je n'ai rien contre les financiers, faut pas croire, d'ailleurs j'aurais pu avoir de très bons amis financiers. Ça ne s'est pas trouvé. Le hasard qui vous fait partager, après un naufrage, la même bouée qu'un type plein aux as, vous voyez. J'aurais été barman ou skipper en second sur son yacht, avant la tempête, vous voyez. On serait devenus amis à vie par trouille de la mort, forcément. Alors, les financiers, je n'ai rien contre, pensez !
Pour être tout à fait franc, quand même, je n'aurais pas aimé que ma fille en épouse un. Bon, je me serais abstenu de la critiquer ouvertement : à notre époque, les enfants sont libres, hein ! Même de s'amouracher du premier trader rencontré dans la file d'attente à l'ANPE. Mais comment vous expliquer ? Ces types là, les financiers, je les sens pas. J'aime bien comprendre à quoi les gens sont utiles, moi.
Prenez mon frère Bébert, un crac dans sa partie. Il rackette tout un secteur de la Côte…, et un petit braquage à l'occasion. On voit tout de suite que ça crée de l'emploi dans la police, que ça stimule les assurances ! Et Charles-Amédé, le concubin d'Henriette, vidangeur de son état… Quand votre fosse septique est colmatée et que le bran vous remonte dans les waters, vous sentez parfaitement à quoi il sert, Charles-Amédé. Je pourrais vous citer des quantités de boulots, des petits et des distingués, respect !
Financier, madame… Ils fabriquent quoi, ces gens là ? Des produits financiers, vous me direz. Moi, madame, je vous répondrai, j'ai débuté dans la vie en vendant de la barbe à papa. Au moins ça vous laissait en fondant un vague goût de sucré dans la bouche. Enfin, bon, je vous parlais des financiers parce que ce sont les galeux dont on cause, en ce moment. Tout le monde leur crache dessus, sauf moi. C'est mon côté chevaleresque, ou mon esprit de contradiction, si vous préférez.
J'aurais pu vous parler aussi des Paradis Fiscaux, remarquez… C'est pas encore à la mode, je me demande pourquoi ? Parce que, je me disais ce matin en me brossant les dents : dis donc, Léon —Léon, c'est moi—, comment se fait-il que Sarkozy veuille punir les pirates de la finance, fauteurs de crise, et qu'il ne parle pas d'attaquer leurs repaires, les paradis fiscaux ? Ça serait facile de montrer l'exemple à tous ses copains chefs d'états en supprimant le secret bancaire et les domiciliations de complaisance dans les dépendances crapoteuses de la France, nos Îles Caïman à nous. Saint Barthélemy par exemple, et puis Andorre, dont il est co-prince avec l'évêque espagnol d'Urgell. Oui, s'il faisait ça, il aurait l'air un peu moins hypocrite sur la question. Un peu, hein Léon ?

Auteur de l'illustration inconnu

jeudi 9 octobre 2008

À Nicolas et Scheiro

Comment se retrouver, à 62 ans, pris au piège d'un jeu puéril ? Très facile : bloguez sans méfiance, offrez-vous une bonne tranche d'insouciance, parce qu'assis devant votre écran d'ordinateur les tourments de l'âge s'effacent. Vous retrouvez intacte une capacité d'emballement juvénile dont la rémanence vous épate. Merde alors, je suis encore vivant ! Vous êtes arrivé là un peu par hasard, par fidélité à votre éthique et aux idées de gauche que vous avez toujours défendues, à cause d'une vilaine manœuvre électorale touchant votre village. Et vous avez pris goût à votre blog, à l'exercice quotidien d'enfanter un billet quoi qu'il advienne, car avouons-le : vous seriez désemparé et plus mort qu'un mort véritable si vous deviez renoncer à écrire. Tout instrument d'expression, toute technique de création, si modeste soit-elle, s'apprend. Alors vous apprenez comment ça marche, un blog. Vous allez lire les autres, ceux que vous trouvez les meilleurs de préférence —dans la limite des chemins hasardeux du web qui ne mènent pas tous à Rome.
Vos choix ataviques et vos curiosités esthétiques vous conduisent bientôt à fréquenter deux types d'auteurs de blogs. Les frères de lutte d'abord, dont vous partagez la moindre indignation, les fortes espérances. Ensuite, des auteurs en équilibre instable aux frontières du littéraire et de la quête de sens. Les uns autant que les autres oscillant de la sincérité retenue propre au diariste, à la provocation plus ou moins contrôlée, sources des réactions de lecteurs. Car le blog n'a pas grand-chose à voir avec un journal intime, il n'existe que pour être connu de tous et que des flux de commentaires l'irriguent, sous peine de se ratatiner, desséché sur lui-même. Et sur ce point, l'art du blogage commence par un échange : un billet vous laisse-t-il indifférent, que vous passez votre chemin en silence, sinon, vous faites part à autrui de ce que son texte vous inspire.
Ainsi ai-je commenté les billets de Nicolas dont rien à priori ne me sépare, sinon l'âge et l'aptitude aux ruades écrites. Par sa générosité et la pertinence de ses conseils, je lui dois d'avoir appris autant en quelques jours qu'en plusieurs mois.
Je me suis intéressé de même aux propos de Scheiro, sensiblement plus proche de moi par la date de naissance, mais presque étranger par son refus de mes valeurs. Au demeurant aussi porté que le précédent aux écarts de langage. Quoi qu'il exprime un franc mépris pour les idées de gauche, je lui sais gré de vouer la même exécration à la droite, et je m'accommode de sa misanthropie profonde. J'éprouve à son égard du respect en raison de son dégoût de toute forme de racisme et d'antisémitisme.
Le plus marrant, c'est que ces deux là pourraient bien être, dans la vie, infiniment moins portés que moi à l'éruption verbale, écueil que je parviens à éviter sans trop de peine dans l'écrit… Le moins marrant, c'est que ces deux là se détestent et qu'après s'être copieusement injuriés en d'autres lieux, le hasard vient de les mettre en présence sur mon blog.
Après réflexion, j'ai décidé de ne pas choisir entre deux sympathies. Bienvenue à vous deux, les gars, et merci de revenir même ! Mais prière de déposer les couteaux au vestiaire…

Auteur de l'illustration : OliBac

mercredi 8 octobre 2008

Le crépuscule des traders

Hier, je suis allé visiter le musée de la banque, rue de l'Ancienne Bourse. J'avais mon caddie avec moi, comme toujours, celui où j'ai planqué mes économies. Enfin, planqué, c'est une façon de parler : tout le monde a son caddie ou sa petite carriole de biftons, de nos jours. En tout cas, le gardien n'a pas voulu me laisser entrer avec le caddie, j'ai demandé si c'était par crainte du vol, mais non, c'est pas ça. Ils ont peur qu'on dépose de l'argent à l'intérieur. C'est débile, mais c'est le règlement ! Donc, j'ai laissé mon caddie accroché à la rampe avec l'antivol, comme à la boulangerie, et je suis entré. C'est intéressant, il y a une chambre forte avec une exposition de coffres-forts, des appareils à calculer, du boulier chinois à l'ordinateur d'avant la Grande Crise. Et puis des scènes bancaires reconstituées à l'aide de mannequins en cire : la guichetière, des clients, tout ça… Si vous êtes aussi âgés que moi, vous devez vous en souvenir encore un peu. Mais le clou de la visite, c'est la salle des marchés. Parce que là, il y a de vrais traders en chair et en os, parfaitement vivants. Tous en bras de chemise, pâles, ils interprètent une sorte de parade rituelle avec des roulements de prunelles extatiques, le téléphone à l'oreille, autour d'écrans pleins de chiffres, de courbes colorées . On ne peut pas vraiment entrer dans la salle, parce qu'il y a une vitre blindée de protection. À cause des virus qu'on pourrait leur refiler. Ils sont très fragiles et ce sont les dix derniers. Ils sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, pensez!

Une source éloignée

Serge Grouard gagne la première manche contre FanSolo

Antoine Bardet, poursuivi par le maire UMP d'Orléans, Serge Grouard, a été condamné par le tribunal de grande instance de cette ville pour la publication du blog «FanSolo» durant la période pré-électorale. Je ne reviens pas sur les détails de l'affaire que l'on peut retrouver dans mes précédents billets, ou sur d'autres blogs. Tandis que M. Grouard se félicite de ce jugement, comme on l'imagine, l'avocat d'Antoine Bardet a rappelé pour sa part : «la liberté d’expression, droit fondamental de l’homme et donc principe à valeur constitutionnel, ne peut être restreint que dans les cas strictement prévus par la loi. En l’absence de toute faute prévue et sanctionnée par la loi sur la liberté de la presse, seule loi applicable, la liberté d’expression doit être respectée et garantie par le juge judicaire, gardien constitutionnel de la liberté». Antoine Bardet a décidé de faire appel de la condamnation. Ma sympathie lui est acquise et je rappelle à mes lecteurs qu'ils ont la possibilité de le soutenir en signant une pétition. À suivre !

Le blog de FanSolo est réouvert et accueille vos commentaires.

mardi 7 octobre 2008

La cagnotte de L. Jospin et le guignon de N. Sakozy

La gauche était au pouvoir en ce temps là. Je me souviens de cette époque pas si lointaine où Lionel Jospin, premier ministre de Jacques Chirac, gouvernait la France. Il se passa cette année là une chose extraordinaire, un événement devenu plus rare pour notre pays que le passage de la comète : le budget de l'état fut moins déficitaire que prévu ! Il n'avait manqué que 50 milliards au pays au lieu des 80 milliards d'endettement programmés. Que croyez-vous qu'il arriva ? La droite, alors dans l'opposition, qui avait eu vent de cette embellie inattendue, cria sur les toits qu'il existait une cagnotte de 30 milliards ! Et le terme fut bientôt repris par des voix s'élevant de tous les partis. La cagnotte, en France on connaît, parce qu'on joue au loto. M. Jospin, ne sut pas réfuter à temps le terme de cagnotte, concernant un pays aussi lourdement endetté que le nôtre (la dette publique n'atteignait pas encore le cap des 1000 milliards, aujourd'hui largement dépassé, mais elle était déjà énorme). En un rien de temps, M. Jospin se trouva contraint de distribuer un argent fictif, et il creusa le déficit à la profondeur prévue par le budget initial.
Pourquoi je parle de ça ? Parce que Lionel Jospin pensait alors à sa cote de popularité en vue de la présidentielle à venir, et pour rapprocher cet épisode de celui du paquet fiscal de M. Sarkozy. Quand ce dernier a été élu, le plafond des 1000 milliards était bel et bien crevé, la crise financière était en incubation. Persuadé qu'il allait créer de la croissance en France en laissant plus d'argent à dépenser aux milieux favorisés chers à son cœur, il instaura le bouclier fiscal et fit les petits cadeaux que l'on sait.
Le résultat c'est qu'aujourd'hui nous sommes non pas au bord du gouffre, mais dedans, et sans un rond pour en sortir. Je reviens à mon parallèle avec L. Jospin afin de rappeler que la distribution de la "cagnotte" , contraire à une bonne gouvernance, ne l'empêcha pas de perdre l'élection présidentielle. M. Sarkozy prend le même chemin.

PS: faute de temps, pas de lecture à vous proposer ailleurs, mais ma liste de blogs compte plusieurs auteurs qui traitent de la crise financière.

lundi 6 octobre 2008

Au Medef, on sautera sans parachute ?

Le grand patronat français, s'exprimait ce lundi par la bouche de sa présidente, Mme Parisot, sur les parachutes dorés. En théorie, au MEDEF, on sera désormais "stock-optionnablement" correct, et fini les indemnités injustifiées, le cumul d'un salaire avec les revenus d'un mandat de PDG.
Il a le sens de l'humour, joint à celui de l'opportunité, le Medef ! Comme la journaliste du Monde qui recueillait les propos de Mme Parisot, s'étonnait que cette vertu ait mis si longtemps à fleurir, celle-ci a répondu : «Deux ans pour inverser la vapeur, six mois de réflexion pour un comité éthique, ce n'est pas si long»… Et elle a surtout déclaré : «pour être efficace, mieux vaut éviter toute législation»… Ah bon, la loi est inefficace ? Je l'ignorais.
On comprend plutôt qu'en réalité, rien ne pressait jusqu'à ces derniers temps. Le Medef laissait traîner, on engraissait le dossier, comme disaient dans le temps les hauts fonctionnaires soucieux d'enterrer un problème. Seulement voilà, la cote de Nicolas Sarkozy a dégringolé. L'arrivée d'une crise financière qu'il n'a pas été capable d'anticiper a pris le président à la gorge. M. Sarkozy a donc fait ce qu'il sait faire le mieux : désigner des coupables, certains si fantômatiques qu'ils pourront courir éternellement, d'autres faciles à pointer du doigt et opportunément exécrés par l'opinion publique, comme les bénéficiaires de parachutes dorés. Acculé, l'animal politique mord tout ce qui passe à sa portée pour se sauver, ami ou ennemi, à la manière de n'importe quelle bête. M. Sarkozy a donc annoncé l'imminence d'une loi contre les parachutes dorés.
Et en quelques jours, abracadabra, Mme Parisot nous sort du chapeau par les oreilles un lapin blanc appelé : code de bonne conduite.
Alors, vraiment terminé les mauvaises manières, les revenus mirifiques et tout le bazar de privilèges malodorants ? Laurence Parisot s'est aussi exprimée dans le journal de France-Inter, ce midi. Sur les salaires faramineux, elle s'est récriée en substance qu'il ne fallait pas mettre le nez là-dedans, au risque de voir nos graines de patrons les plus brillantes filer à l'étranger. Donc, un grand patron continuera à s'enrichir honteusement sur le dos de ses salariés comme par le passé. Sur les parachutes dorés, elle annonce que lorsqu'un cas de mauvaise conduite en ce domaine sera connu, le Medef demandera à l'entreprise :
«Pourquoi avez-vous mal agi, vilaine ?»
Ce ne sont pas les paroles exacte de Mme Parisot, je le précise, mais ce que j'ai retenu de leur esprit. On imagine déjà les administrateurs fautifs baisser le nez sur leurs Richelieu luisantes, et bredouiller, penauds :
«C'était dans le contrat, on fera plus, m'dame.»
Il est évident que s'impose une loi interdisant la pratique des indemnités disproportionnées. De même qu'il serait urgent de moraliser par des mesures fiscales les excès de rémunération impossible à empêcher. Sans cela, tout repartira de plus belle une fois passé la crise. Reste a savoir si M. Sarkozy ne choisira pas de faire une petite crasse à son clan, pour caresser les français dans le sens du poil.
«Minou, minou, vois comme je t'aime, connard !»

P.S. Au dernier classement Wikio des blogs politiques arrivent en tête 3 blogs de gauche : Partageons mon avis, suivi d'Intox2007, et de Marc Vasseur

dimanche 5 octobre 2008

M. Gueant, le G4, et nous

Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, vient d'appeler la gauche, au lendemain du sommet G4, à «faire preuve d'objectivité renforcée». Il estime aussi que «reprocher à Nicolas Sarkozy et au gouvernement de ne pas avoir prévu il y a un an, alors que personne ne l'a prévu, (...) ce n'est pas bien». En quoi il ne manque pas de culot. On espère bien que la gauche (le P.S. en particulier), fera son boulot d'opposition sans complaisance. Ce sera même l'occasion de juger sur pièces si ses élus se soucient davantage du pays que de leurs luttes internes. Pour ce qui est de l'innocence de nos gouvernants par rapport à la gravité de la situation chez nous, M. Guéant prend les français pour des imbéciles. Le président, son gouvernement, et leurs conseillers, ont négligé l'approche de la crise financière avec une légèreté frisant l'incompétence.
La crise financières des subprimes s'est déclenchée en 2006 aux USA, née de la découverte d'énormes pertes sur les prêts hypothécaires. Dès cette époque, des interrogations sur les conséquences pour notre économie se lisaient dans la presse. La crise couvait donc avant l'élection de M. Sarkozy, mais cela ne l'a nullement dissuadé de songer à importer en France la pratique du prêt hypothécaire… Là-dessus, dans le courant de l'été 2007, le mal américain s'est transformé en crise financière mondiale. Le danger qu'elle représentait pouvait certes nous échapper, à nous simples citoyens, mais était-ce admissible de l'ignorer de la part de personnes qui prétendent gouverner, et gouverner qui plus est avec une soif de pouvoir sans mesure? E. Girardin disait : «gouverner, c'est prévoir», souvent repris par les politiques en guise de profession de foi. Malheureusement, presque sans exception, le personnel politique français gère le pays à la petite semaine, l'œil invariablement fixé sur des échéances proches, d'importance mineure pour le pays, mais toujours jugées essentielles pour la conservation immédiate du pouvoir. Ainsi M. Sarkozy dilapida-t-il les ressources à venir de l'état en créant son paquet fiscal. On ne dira jamais assez combien ce cadeau aux contribuables riches ou simplement aisés fut une faute grave, avec la menace d'une extension de la crise que l'exécutif ne pouvait ignorer. Même sans parler de la crise, c'était inexcusable si l'on songe à l'état d'endettement du pays. Aujourd'hui, si la France est démunie pour résister à l'adversité, c'est à M. Sarkozy qu'elle le doit. Voilà le président réduit à faire les poches des citoyens modestes par le biais d'un détournement de l'épargne sur le livret A, et à imaginer des expédients pour tenir les engagements du pays quant au niveau de l'endettement. Alors non, M. Guéant, «ce n'est pas bien» de nous prendre pour des andouilles et de réclamer notre indulgence.

Source : Le Monde
Résumé de la crise depuis l'origine

samedi 4 octobre 2008

Happy birthday

Bon anniversaire Dominique !

Halte au vent ! Les anti-eolien dans la rue

Aujourd'hui, les anti-éoliens étaient dans la rue, à Paris : 300 d'après la police, un millier selon le «Collectif du 4 octobre» qui organisait la manif. Je ne sais pas si Didier Goux était du nombre, lui qui s'insurgeait, il y a peu, pour des motifs essentiellement esthétiques, contre les éoliennes érigées dans la Beauce. À priori, comme je partage une grande partie de la vision du monde des écolos (mais pas tout), j'y suis favorable. Comme Nicolas, ou presque. Quels étaient les motifs personnels des opposants? S'agissait-il d'esthètes outragés par l'offense faite à nos horizons champêtres, de fabricants de panneaux solaires irrités par la concurrence, de propriétaires de terrains inquiets d'une possible dévaluation de leur bien, ou d'infortunés voisins de ces grands oiseaux inaptes à fournir du guano, mais odieusement siffleurs ?
Ils ont des tas d'arguments techniques, moraux, ou artistiques à faire valoir. Je ne me battrai pas sur les statistiques et les histoires de rendement auxquelles je ne comprends rien. Ni sur le vice écologique que constituerait la nécessité de pallier au manque de vent par de l'électricité d'origine thermique, donc polluante… D'autre part, si je songe un instant à une gigantesque éolienne plantée au beau milieu de mon pré, mêlant des cris d'aigle en fureur aux hurlements du mistral déchaîné, eh bien, j'avoue que mon poil se hérisse !
En revanche, je ne la trouverais pas plus gênante que le mât rouge et blanc des télécommunications copinant tout là-haut avec la vieille chapelle, si d'aventure on l'installait au dessus du village. Et je me demande combien il en faudrait pour alimenter tous les clavesiens en électricité durable. Parce qu'en fait, l'argument choc en faveur de l'éolien, c'est que le vent soufflera encore quand nous aurons brûlé la dernière goutte de pétrole. Et, à la différence du nucléaire (dont il semble tout de même difficile de se passer avant longtemps), le vent ne pollue pas. Pour le reste, dès lors que l'implantation ne lèse personne, le dommage infligé aux paysages me semble très discutable. J'ai aperçu du côté des corbières de grandes escadrilles d'éoliennes blanches et j'ai trouvé que cela ne manquait pas d'allure. Il y a de plus un autre avantage à ces monuments modernes : c'est que le jour où une source d'énergie abondante et non polluante prendra la relève, on les démolira sans embarras. Il restera moins de traces d'eux que de leurs ancêtres moulins à vent.

Je rajoute un lien vers le billet d'Elmone qui traite aussi de l'éolien.

Arguments des anti-éoliens

vendredi 3 octobre 2008

Blues sous le vent

L'actualité politico-économique me fiche le bourdon et me donne envie de parler d'autre chose que de l'un des sujets sarkoziens du moment —Dieu sait pourtant que cet homme est une mine : il y aurait eu au minimum un billet à consacrer au fait que nous avons appris de son gourou, Henri Guaino, un simple conseiller sans légitimité démocratique, que le président hésitait à respecter les critères de Maastricht sur les déficits publics. Et le même conseiller du président estimait qu'il n'y avait plus lieu de consulter le parlement européen sur l'affaire, l'exécutif ayant seul son mot à dire en période de crise. Tout cela est scandaleux, quand on se souvient que notre pays est déjà endetté lourdement, pour plusieurs générations peut-être, mais bon, j'avais envie de changer de sujet, d'autant qu'un peu partout dans la blogosphère, les coups de barre désordonnés du capitaine Sarkozy et les manœuvres aléatoires de son équipage sont à l'affiche, même à droite.

J'avais un projet personnel amusant, sur lequel je souhaitais écrire quelques pages, un projet né de la tentative de Stephane Rousson de traverser la Manche en dirigeable à pédales, dont je vous parlais l'autre jour. Enthousiasmé par cette merveille écologique, mon épouse et moi avions aussitôt conçu tout l'intérêt qu'elle pouvait présenter pour nous, qui vivons à la campagne, séparés par une vallée profonde de Claviers, notre village perché sur la colline en face… En ces temps de carburant hors de prix, monter chaque jour chercher son pain, frise le gaspillage. Il y aurait bien le vélo, me direz-vous, mais les trois ou quatre kilomètres en lacets grimpent sec pour un fumeur… Or donc, l'idée nous vint que nous pourrions mettre en notre pré un dirigeable attaché à son petit poteau, disponible pour m'élever dans le ciel clavésien tous les matins, puis rallier en quelques coups de pédales innocents la place de l'Aire, juste en face de la boulangerie… Oui, mais voilà : l'échec de l'entreprise de M. Rousson, qui achoppa à des vents contraires le repoussant vers son point de départ, me donna à réfléchir. Et je me vis, surpris par une risée traîtresse en pleine traversée, suspendu au dessus de la vallée du Riou, et pédalant comme un damné pour contrer la dérive de mon engin. Je risquais fort d'aller chercher mon pain à Fayence à 19 kilomètres de chez moi, ou même pire : de me retrouver à survoler la Corse, au risque d'être abattu à la chevrotine par un indépendantiste analphabète ayant confondu le Claviers peint sur l'enveloppe de mon dirigeable avec Clavier, l'ami du président. Voilà pourquoi, ayant renoncé à la construction de ce bel engin, je me trouve privé d'un sujet propice à toutes sortes de développements et à de belles illustrations photographiques.

Il y a toutefois dans mes notes, quelque chose dont je n'ai pas encore parlé, un oubli que je regrette d'autant plus qu'il me semble constituer un contrepoint aux affaires de poursuites de blogueurs abusivement intentées par des élus, comme le cas de FanSolo, dont il était question ici, avant-hier encore. Mon attention et celle de pas mal de monde avait été attirée au mois d'Août, par dedalus, sur l'existence d'un blog ouvertement antisémite, ce qui constitue non seulement une offense à la dignité humaine et aux droits de l'homme, mais aussi un délit pur et simple. Or, lorsque j'ai retrouvé cet après-midi la note que j'avais rédigée à ce sujet, j'ai constaté que l'adresse du blog incriminé (pas de lien, vous le trouverez chez dedalus, si vous le souhaitez) est toujours valide malgré les appels à réagir ! Les Serge Grouard de droite et les Alda Pereira de gauche, auraient été mieux inspirés d'user de leur influence pour stopper la divulgation de propos semeurs de haine plutôt que chercher à museler de simples contradicteurs.

jeudi 2 octobre 2008

Privileges : la minute de populisme

Le personnel politique français, du président jusqu'au plus insignifiant des députés —et même parfois jusqu'à certains maires—, a opéré au fil des républiques, la Ve et actuelle en particulier, une sorte de rapt dissimulé sur la démocratie. Je veux dire qu'il s'est constitué peu à peu un magot de privilèges, dont une bonne partie n'est même pas identifiable parce que cachée dans les tréfonds de textes abscons, ou simplement dissimulée sous des pratiques, des coutumes ignorées. Même s'il serait excessif et injuste de prétendre que nos élus ne font pas, dans l'ensemble, leur boulot avec sérieux, compétence, ou de nier qu'il y ait parmi eux nombre de personnalités de tous bords politiques ayant une haute conscience de leurs devoirs, il reste qu'ils constituent aujourd'hui de fait une caste. Et l'existence d'une caste est incompatible avec la démocratie. Pour couper court à toute velléité de remise en question de cet état de chose, les politiques et leurs affidés intellectuels, ont coutume de lancer l'accusation de populisme ou de démagogie, dès qu'une anomalie choquante est relevée par un auteur ou un journaliste. Cela vient encore de se produire à propos du fameux appartement à vie de M. Poncelet. L'infortuné ex-président du sénat a, cette fois, dû compter avec la crainte qu'inspire au gouvernement la montée du ras-le-bol des français devant les réformes destructrices de la justice sociale qui leur sont imposées, aggravées par la crise. Il a dû faire savoir qu'il abandonnerait son appartement gratuit… lorsqu'il quitterait le sénat en 2014. On ne voit pas pourquoi il conservera si longtemps un appartement qui lui a été attribué parce qu'il trouvait le logement de fonction du Président du sénat trop petit. Ce matin, France-Inter évoquait aussi la gratuité des voyages en train dont continuent de bénéficier les sénateurs retraités. C'était dit par le journaliste sur un ton réservé, presque gêné de se laisser aller au vice de démagogie. Qu'y a-t-il cependant d'anormal à ce que les citoyens soient mis au courant des abus qui se commettent dans l'ombre du pouvoir? J'ai entendu pareillement un extrait de la colère piquée par M. Charasse lorsqu'on lui faisait observer que le budget confortable du sénat ne faisait l'objet d'aucun contrôle. Il a éructé en substance que c'était là un effet de la séparation des pouvoirs… La cour des comptes étant une institution judiciaire, je suppose. Il n'empêche qu'il devrait exister un moyen de porter à la connaissance du peuple français l'utilisation qui est faite de son argent, jusqu'au moindre cent, par ses représentants. Et cela d'autant plus que le sénat est le poids mort de la nation à tous égards, mais j'ai déjà donné mon point de vue à ce sujet.
Tous ces petits scandales, sans cesse dénoncés et toujours renouvelés —à commencer par l'indécente augmentation de salaire de M. Sarkozy, suivant celle des députés—, participent à l'exaspération du pays envers ceux qui le dirigent, et l'on se demande comment et grâce à qui l'on pourra un jour vivre en démocratie. Il faudrait que dominent et l'emportent, dans tous les partis politiques, les voix de ceux qui aspirent à changer la politique… En attendant, on peut toujours s'amuser à rêver d'un jour où l'on verrait une cohorte d'hommes et de femmes d'état sortir en cortège de l'Élysée pour se rendre au Mac Do de la rue Saint-Honoré qui n'existe pas encore. Nicolas Sarkozy faisant des politesses à Angela Merkel devant une table, talonnés par V. Poutine, G. Brown, et le reste de la bande, chacun avec son cornet de frittes et son petit plateau… Et notre président, fidèle à lui-même, lançant à la cantonade pour la caissière : «Envoyez la note à l'Élysée, c'est la France qui régale !»

Sur le sujet, le Nouvel Obs

mercredi 1 octobre 2008

Le maire d'Orléans au tribunal contre FanSolo

Ce matin à 9 heures avait lieu au palais de justice d'Orléans l'examen de la plainte en référé de Serge Grouard député-maire de cette ville contre Antoine Bardet, dit FanSolo. Les avocats de chaque parti ont fait leur boulot, celui de FanSolo rappelant la loi de juillet 1881 garantissant la liberté d'expression, le conseil de S. Grouard dénonçant, d'après LibéOrléans, «un blog critique qui a pour finalité de discréditer»
Le blog en litige fut mis en ligne sur internet durant la période précédant les municipales, avant d'être fermé par son auteur à la veille de la campagne électorale. Il s'intitulait «les amis de Serge Grouard», et visait à parodier ces innombrables blogs ouverts aux quatre coins de France dans le but de soutenir tel ou tel candidat. Fansolo, homme de gauche, s'y moquait de Serge Grouard, maire sortant UMP, en des termes gentiment railleurs. Ainsi, y faisait-il chanter des louanges excessives de sa cible, qui n'en méritait pas tant, par des orléanais imaginaires, parfaitement analphabètes…
Exemple : «Il a raison de na pas se presse y piter l'autre et d'attendre le montant e-douane ! quel suce pence !»
Il y eut des photos du maire publiées en illustration de ces pastiches de propos tenus, j'imagine, par les partisans de M. Grouard. Photos publiques d'un personnage public, qui, sollicitant les suffrages de ses concitoyens s'offrait de lui-même à leurs regards et à leurs critiques.
Avant la Révolution, la tradition frondeuse de notre pays soumettait déjà les rois et leurs ministres aux piques de la satire. Il y eut parfois des écrits diffamatoires, que l'on appelait libelles, qui visaient à perdre d'honneur une personne par le mensonge. Pour cela, on s'attaquait —on s'attaque— à l'intimité de la victime, divulguant des faits de sa vie privée contre sa volonté. Mais il y eut surtout quantité de feuilles, d'ouvrages, qui dénonçaient les actes, les manœuvres des gens de pouvoir, aussi bien que l'absolutisme royal. Ils ont joué un rôle non négligeable dans l'éclosion de la révolte. Leurs auteurs encouraient la prison ou les galères. Sous les deux empires napoléoniens, toute critique du régime faisait condamner son auteur.
Jusqu'à ce que la république enfin établie solidement, le droit à la liberté d'expression soit garanti par la loi. Cette liberté de parole est un bien infiniment précieux qui doit chaque jour être défendu, car rien n'est plus difficile à quelqu'un qui exerce un pouvoir, fut-ce un simple mandat de maire, rien n'est plus difficile que d'admettre critique ou dérision. À gauche aussi bien qu'à droite, on voit des élus tenter de bâillonner des contradicteurs, estimant que la raillerie à leur égard ou la dénonciation de leurs actes est une atteinte à leur autorité. Ils oublient que cette autorité, ils l'exercent de toute manière, et qu'elle fait d'eux des forts. Qu'ils nous laissent le droit de critiquer leurs actes, le droit d'en rire, et celui de rappeler à tous qu'un temps des cerises électorales reviendra, où nous serons forts tandis qu'ils seront faibles.

L'affaire FanSolo est en délibéré au 8 Octobre.

P.S. sous le règne de L. Joffrin, Libération s'est fait une spécialité du dénigrement systématique de Ségolène Royal. Si vous lisez le billet de Marc Vasseur, «Libération en pourfendeur de la désinformation» vous aurez, à mon avis, un échantillon de ce que peut être un travail de sape truqué, mais couvert par la liberté d'expression.