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lundi 12 avril 2010

Verset 404 : Dieu vit que l'Élysée était bon…

Disparitus a imaginé cette chaîne, FalconHill l'a passée à Nicolas qui m'a invité à répondre au pieux questionnaire suivant:

1- Voteriez vous pour Dieu s'il se présentait à la présidentielle?
Supposons que Dieu existe: je dis non, pour plusieurs raisons. D'abord parce que, si j'ai affaire au Créateur, son autorité sera indiscutable, or dans son infinie distraction, Dieu m'a créé rétif à l'autorité. Qui pourrait imaginer que Dieu s'encombrerait du référendum d'initiative des mortels, alors que j'y vois l'un des sentiers du paradis sur terre?
Ensuite, Dieu serait sans aucun doute le meilleur président de la terre, le plus vertueux, et, comme nous le savons par ceux qui l'ont bien connu dans le passé, Abraham, Moïse, et quelques autres, ce n'est pas un marrant, Dieu. Il serait impitoyable avec tous ces petits travers qui, en nous pourrissant la vie, nous la rendent concurremment supportable. Nous serions vite mis au pas, du haut en bas de l'échelle.
Il ne serait pas question avec lui d'un quinquennat ou d'un septennat, on aurait Dieu à l'Élysée à perpète. Vous imaginez l'existence d'un peuple dirigé par une sorte de de Gaulle barbu puissance 1000? La perfection chaque jour, un pouvoir irréprochable qui vous ôterait tout motif de mécontentement, il prononcerait des discours sublimes, il convaincrait chacun de travailler plus à la sueur de son front pour gagner moins, parce que nous sommes sur terre où les derniers restent les derniers, les premiers restent les premiers. Nous baignerions dans la raison, la mesure, dans une sorte de félicité placide. Et nous nous ennuierions bientôt.

2- Jésus se présente à votre porte, il est: a) avec des chaussures de ville, b) avec une paire de All Stars, c) pieds nus, d) autre, précisez…
S'il vient chez moi, c'est qu'il me connaît déjà un peu, alors il sait forcément que je m'en fiche. Moi même, je peux porter des Richelieu, des mocassins, des vieilles grolles infâmes, je peux être pieds nus…

3- Comment éviter que l'église catholique ne se radicalise devant tant d'attaques?
Aucune idée, parce que ce n'est pas vraiment mon problème. Je pense simplement que l'église devrait «s'humaniser», s'ouvrir à la vie normale, avec des prêtres mariés, mêlés à l'activité ordinaire… Tout de même, je considère l'église et son contenu, que je n'aime pas, comme un élément essentiel de notre culture, je ne suis donc pas totalement indifférent à son devenir…

4- Si Lucifer était une personne, à qui ressemblerait-il?
Lucifer est un des plus beaux personnages de la littérature mondiale, grande ou petite… Je l'ai déjà imaginé plusieurs fois, sous des traits chaque fois différents, c'est un régal, ce type. Pourtant, le hasard fait souvent bien les choses: il vient justement dîner à la maison ce soir! Je vais donc savoir à quoi et à qui il ressemble vraiment. Je vous le dirai demain, peut-être…

Pour prendre la suite, avec recueillement, je tague Ferocias, Gildan, Elmone, Abadinte… Zut, que des mecs! Je rajoute donc CC et Suzanne: Dieu est peut-être une déesse, après tout?

lundi 5 avril 2010

Le pape coincé entre la cloche et le battant


Merci à France Inter qui me permet de clore le week-end pascal sur une note religieuse. Le journal de 19 heures m'a appris que Benoît XVI se retire à Castel Gandolfo pour y «prendre un repos bien mérité»… Le pauvre homme doit, je suppose, se remettre du tintamarre des cloches de Pâques, qui n'aura pas suffi à couvrir les accusations de complaisance envers les prêtres pédophiles résonnant à travers le monde. Qui plus est, il va pouvoir mettre son temps libre à profit pour tester son crédit auprès du Très Haut…

En effet, il pourrait bien en avoir besoin lors d'un voyage en Grande-Bretagne prévu à l'automne. Selon France Inter encore, des avocats anglais plancheraient sur la valeur de son immunité diplomatique en cette circonstance. Des plaintes auraient été déposées contre lui afin que soit jugée sa responsabilité dans l'étouffement d'affaires pédophiles.

Imagine-t-on le coup de tonnerre que serait l'interpellation du pape, comme s'il s'agissait d'un vulgaire dictateur chilien? Pour mémoire, ce fut en effet le sort réservé en Grande-Bretagne au général Pinochet, retenu à Londres en 1998 pendant une trop brève période…

Perdrait-il la foi, Benoît, s'il se retrouvait inculpé, même passagèrement? Il serait amusant que le souverain pontife, chef de l'Église catholique, rejoigne dans l'athéisme ce pasteur des Pays-Bas dont nous parle le site du Temps… Klaas Hendrikse professe en effet qu'il n'y a rien après la mort, la résurrection n'est qu'un mythe… Étonnant, non? Mais ce pasteur estime toutefois «possible de croire en un Dieu qui n'existe pas», et se présente comme un «croyant athée».
Et si le pape en faisait autant?

P-S, le feuilleton des web-addict se poursuit chez Arf, avec le 5e épisode

mercredi 3 mars 2010

Notre 3438 qui êtes en ligne

C'est le Père Poireau qui va être fier: D.ieu, sa créature, émanation du Très Haut dans les pages de son catéchisme virtuel, D.ieu est en train de prendre voix. Vous que la foi empêche parfois de dormir à la pensée des quelques menus péchés ayant émaillé votre journée, rassurez-vous.

Désormais, il vous est possible de libérer votre conscience de ces vétilles avant de vous coucher: appelez 892 46 DIEU (0,34€ la minute) ou, si vous êtes de condition modeste, composez le 826 96 80 16 (0,15€ la minute). Il est possible que dans le second cas, vous ne soyez qu'imparfaitement lavé de vos taches, car vous n'aurez pas la possibilité de taper DIEU au clavier, comme avec le numéro direct…

Il est à noter que Le Fil du Seigneur, la nouvelle entreprise de confession par téléphone dont il est question ici, reversera 40% du prix fort d'appel à une association caritative. Il ne faut pas voir d'arnaque partout, et les 60% restants seront sans nul doute pieusement employés. Comme le disent sur leur page d'accueil les promoteurs de ce service d'aide «à la prière et au recueillement», «qui ne rêve pas de spiritualité dans ce monde si matérialiste?»

Il paraît que les évêques font la fine bouche devant la confession par téléphone… Peut-être parce qu'on leur a coupé l'herbe sous les pieds? Pourtant ce n'est qu'une confession au rabais: ce ne sont pas des prêtres qui écouteront l'expression de vos remords, mais des croyants ordinaires, non habilités à donner l'absolution. On imagine un pool de dames patronnesses en train de tricoter dans une petite salle douillette, un kit mains libres sur les oreilles, rougissant à l'énoncé des fautes du client, ou au contraire hochant la tête avec un sourire bénin…

Néanmoins, les évêques devraient en prendre de la graine et penser à se moderniser au plus vite. Tiens, ils pourraient lancer un confessionnal officiel sur internet, avec de vrais prêtres qui animeraient un chat confidentiel, et qui émettraient à la fin une sorte de tweet d'absolution. L'accès serait sur abonnement, payable par carte bancaire…
Dieu, ou plutôt 3438 —que son numéro soit béni—, est plein de ressources pour le chrétien entreprenant.

P-S Mon billet d'hier ayant été boudé, j'aurais aimé en répéter chaque mot et insister un peu plus encore sur sa conclusion, mais à quoi bon ? Aujourd'hui, j'ai pris plaisir à découvrir La fille du dernier étage, que je ne connaissais pas encore. Et j'ai vu un appel aux dons pour les sinistrés du Chili, chez Ferocias… Avez-vous lu «Une si belle famille», d'Arf? Enfin, l'amie Epamin' a répondu à la chaîne sur Aznavour, comme Manuel, voici quelques jours…

samedi 6 février 2010

Le visa pour le paradis se complique

C'est du ciel que m'est tombé l'inspiration du billet de ce soir, hosanna! Du ciel, via leParisien.fr, pour être précis, puisque c'est sur le site du second que j'ai appris l'histoire…

Ça s'est passé à Evry, où un jeune couple et ses enfants se rendaient à la cathédrale pour s'enquérir des formalités de baptême du petit dernier. Me mettant un instant à leur place, comme vous peut-être, j'imagine qu'ils s'attendaient à ce qu'une secrétaire baptismale —une religieuse aux joues roses derrière un guichet—, leur fixât un rendez-vous et voilà tout. Quelle naïveté!

Il me faut avouer que j'ai un peu perdu de vue la procédure depuis la lointaine époque où je fus baptisé. Je n'en garde d'ailleurs aucun souvenir, je devais être trop jeune. En tout cas, à Evry, il n'y avait apparemment pas de secrétariat, et c'est un prêtre qui leur posa quelques questions…

Pour en venir directement aux faits (les détails sont à lire dans l'article d'origine), il apparut que les parents, bien que catholiques, étaient de médiocres pratiquants. Leurs bambins plus âgés ne vont même pas au catéchisme! Bref, le père Emmanuel refusa de baptiser l'angelot. Il semblerait toutefois que sa décision ne soit pas sans appel: si les aînés étaient inscrits au catéchisme, par exemple, la situation pourrait évoluer…

Vous vous dites que c'est là une bête histoire d'inscription à un paradis virtuel, sans rapport avec le réel? Vous avez tort: les officiants de la vie publique gagneraient à s'en inspirer. Imaginez un maire de la majorité recevant un père qui vient déclarer la naissance d'un enfant…

«Je ne vous ai pas vu souvent aux messes aux meetings de l'UMP…
—Heu, je ne suis pas pratiquant militant, M. le maire.
—Ah! c'est fâcheux. Inscrire un nouveau né à l'état civil implique un engagement républicain de la famille, voyez-vous…
—Je vote à toutes les élections, M. le maire, ma femme aussi!
—Oui, mais personne n'entre avec vous dans le confessionnal l'isoloir, vous péchez votez peut-être pour l'opposition…
— Ça, jamais!
—Enfin, si vous aviez notre carte, ce serait plus simple… Réfléchissez, et revenez me voir: donner une identité nationale à son rejeton, ça se mérite!»

Là, le père a deux solutions: il prend sa carte de l'UMP, ou il déménage pour aller dans une autre commune, socialiste par exemple. En espérant que ce billet n'aura pas donné des idées au maire du coin.

P-S mon billet est déjà publié, mais j'ajoute en conseil de lecture le dernier article sur le théâtre de Martine, que je viens de découvrir…

jeudi 18 juin 2009

Voyage avec ma tente


Aujourd'hui, Romain et Nicolas —ce dernier avec deux billets—, se sont intéressés à la demande d'une commission d'enquête sur la burqa par des députés… D'autres blogs ont réagi.
Les commentaires sont à la mesure de l'étonnement plus ou moins hostile que suscite l'irruption de ce vêtement dans notre société où les curés en soutane, les religieuses voilées ou coiffées de cornettes se font rares.
Je m'empare du sujet à mon tour, parce que je me suis aperçu, en voulant laisser un commentaire chez Nicolas, que j'oscillais entre le pour et le contre sans parvenir à me déterminer.
Déjà, comme en débattaient M. Poireau et Didier Goux, faut-il écrire le nom de ce vêtement, burqua, à la française, ou burqa comme les journaux —se référant à l'orthographe des pays musulmans, j'imagine? Le Trésor de la Langue Française, ou TLF, mon dictionnaire ne connaît pas le terme. Va donc pour burqa, puisque c'est la graphie d'origine.
Maintenant, l'information en elle-même, la commission d'enquête, ne laisse pas de m'intriguer. Soixante députés réclament sa création, mais je suppose qu'ils seront moins nombreux à en faire partie si leur demande aboutit. Mettons une dizaine. C'est encore beaucoup pour se glisser un à un sous cette chape flottante qui enferme une minorité de femmes musulmanes. Que vont-ils chercher là-dessous, quel mystère espèrent-ils percer?
À priori, notre culture laïque ne peut que nous inspirer de l'agacement à la vue de ces avatars de Belphégor déambulant parmi les gens normaux. Je l'ai ressenti un jour en me trouvant nez à nez dans une allée de grande surface avec une femme en burqa, serrée de près par un barbu en pyjama afghan. Puis je me suis reproché ma réaction épidermique (et silencieuse), en songeant qu'ils étaient gonflés, parce que le pays traversait alors une période de tension à propos de l'intégrisme musulman.
Ils ne manquaient pas de courage ces deux là, elle surtout.
Et c'est bien ce que les valeureux membres de la commission risquent de trouver sous ce rébarbatif chiffon: des femmes qui ont choisi de se vêtir ainsi en toute indépendance, pour revendiquer leur adhésion à la culture musulmane. Je ne crois pas un seul instant que ce soit par conviction purement religieuse; d'ailleurs, le Coran n'exige nullement cet accoutrement.
Il y a évidemment des lieux et des circonstances où le port d'une telle tenue peut et doit faire l'objet d'une interdiction: un établissement scolaire, les services de soins intensifs d'un hôpital, par exemple… Mais je ne vois pas en quoi l'habillement de ces dames serait plus choquant que la tenue des jeunes punks de naguère, déambulant avec des épingles à nourrice aux lèvres, ou la dégaine des skinheads bardés de cuir, avec d'énormes esclaffe-merde aux pieds. Eux aussi faisaient de la provocation, et les députés n'ont pas médité pour autant d'interdire le port de l'épingle à nourrice en public.
Bref, cet accoutrement est irritant par ce qu'il véhicule de religiosité supposée arriérée et surtout d'asservissement de la femme. Mais il serait tout de même gros que chacun et chacune ne puisse se déguiser comme il l'entend, à condition de l'avoir choisi librement.

source image (et complément sur la question)

mercredi 18 mars 2009

Un prêche de Benoît Sarkozy

Le président Sarkozy devait se rendre cet après midi en pèlerinage à Gagny dans la banlieue parisienne. Selon une source mal informée absente de la procession, il aurait fait allusion aux débauches protestataires prévues demain en affirmant qu'il resterait inflexible dans sa politique de continence sociale. C'est pas avec des préservatifs que vous réglerez le problème du sida économique, au contraire!
La distribution de préservatifs contre le chômage, aggraverait même les risques, pourrait-il avoir expliqué. C'est de la fidélité au travail que viendra le salut, à condition de savoir se satisfaire avec tempérance du sort que l'état et votre employeur vous ont réservé. Vouloir moins bosser et jouir plus, croire qu'il suffit d'enfiler une capote au patronat pour éviter la multiplication des emplois précaires, c'est du vice. Pour se soulager sans s'écarter du chemin difficile de la vertu, il est toujours possible de recourir à l'onanisme des heures supplémentaires. Ce n'est pas en se jetant dans le stupre manifestailleur et en voulant baiser les riches que l'on gagnera un paradis équitable, car les derniers ne passeront jamais les premiers. Amen.
Par ailleurs, dans son déplacement en Afrique vaticanophone, le pape Benoît XVI aurait souhaité, sous toutes réserves, l'humanisation de l'impôt. Ainsi, selon lui, face à la souffrance des riches contribuables persécutés par le fisc, contraints d'aller cacher leurs justes bénéfices dans un cruel exil, un chanoine de Latran ne peut pas demeurer inactif. Les dirigeants ne sont pas élus par le ciel pour augmenter les impôts, ils doivent plutôt songer à réconcilier le pauvre ouvrier avec le riche entrepreneur.
Un pays où patrons et actionnaires sont aimés des employés, est un pays heureux, car de tous les coins de la terre les riches convergent vers lui. L'ouvrier chrétien devrait se réjouir des bonus et dividendes qui pleuvent sur les maîtres de son entreprise: il sait ainsi qu'il travaille pour les meilleurs et quelque chose de leur gloire rejaillit sur lui. Sa jambe se fait plus belle. Le premier but du chef d'état vertueux est donc de laisser venir à lui l'argent des riches investisseurs. Si le peuple souffre, qu'il lui rappelle saintement qu'un jour, si ça se trouve, les premiers seront les derniers. Amen.

mercredi 14 janvier 2009

«Dieu n'existe probablement pas»…

Il y a un procès à venir dont j'attends l'ouverture avec impatience, et, je ne le cache pas, une certaine jubilation anticipée. En Grande-Bretagne, un groupe chrétien, Christian Voice, vient de porter plainte contre une campagne de publicité lancée par des athées… Ils reprochent à ces derniers d'avoir fait circuler dans les rues de Londres des bus porteurs d'affiches proclamant : «Dieu n'existe probablement pas. Alors arrêtez de vous faire du souci et profitez de la vie».
On peut résumer l'affaire en disant que les croyants estiment qu'il s'agit d'une publicité mensongère, ils demandent aux athées de démontrer la non-existence de Dieu. Eux, bien entendu, trouvent qu'il y a «de nombreuses preuves» du contraire. Nos amis anglais (nous autres aussi, par ricochet), vont sans doute philosopher en s'amusant, comme ils savent si bien le faire… Ah, les belles joutes d'avocats et d'experts en perspective!
En attendant, relevons que ce mouvement athée initié par Ariane Sherine, jeune écrivain et journaliste britannique, a déjà essaimé dans d'autres pays d'Europe, l'Espagne, l'Italie, mais pas encore en France.
Ce serait pourtant salutaire en ces temps d'intolérance et de morosité; plein d'enseignement aussi, sur le niveau de liberté que nous concède notre étrange régime politique.

Source : Le Monde


PS. Sur des sujets plus sérieux, j'ai lu les billets de Sarkofrance , Blogspleen, PMA , Les privilégiés

jeudi 11 décembre 2008

Georges W. Bush et la Bible.

Selon l'Obs, Georges Bush a estimé récemment qu'il ne fallait pas prendre la Bible au pied de la lettre. Le président américain aurait admis qu'il existe des preuves scientifiques de la théorie de l'évolution, que rejettent pourtant nombre de républicains. M. Bush, en plein décalage avec son image, se prétend non «littéraliste» et juge que la Bible n'est pas contradictoire avec l'évolution. «Je pense que vous pouvez avoir les deux», dit-il, et moi je me demande ce qu'il entend par là? Quelle nouvelle lecture fait-il de la Genèse, cet esprit remarquable, à qui nous devons l'ajout dans la politique internationale de valeurs religieuses fondamentales, le bien et mal? Cette question m'a beaucoup tourmenté au cours des dix minutes précédentes, et j'ai tenté d'y répondre moi-même en toute modestie. Voici:
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était déserte, les ténèbres couvraient le vide, l'esprit de Dieu planait sur des zéros. Dieu dit : «Que la richesse soit» et la richesse fut. Dieu vit que la richesse était bonne et IL sépara la richesse de la pauvreté. Dieu appela la richesse «capital» et la pauvreté «paresse». Il y eut un soir de clôture, il y eut un matin d'ouverture: la première cotation à zéro point. Dieu dit : «Qu'il y ait une banque au milieu des zéros et qu'elle sépare les milliards d'avec le rien» et il en fut ainsi. Dieu fit la banque qui mit les milliards du capital à l'abri, séparés d'avec le rien de la paresse. Il appela l'abri coffre fort. Il y eut un soir de clôture et un matin d'ouverture: deuxième cotation à 1 point…
Je n'essaierai pas de poursuivre cette relecture supposée de la Bible selon Georges Bush, jusqu'à l'expulsion d'Adam et Ève du paradis fiscal terrestre pour délit de marxisme, la faute originelle. Il me faudrait aussi pour pénétrer un tant soit peu sa pensée, tenter d'approcher sa représentation du darwinisme : peut-être que la pratique de la prière, associée à la soumission au «croissez et multipliez», ont joué un rôle essentiel pour asseoir notre suprématie sur tous les impies du règne animal. Heureusement que la page Bush sera bientôt tournée, sinon je plaindrais sincèrement les maîtres américains invités à concilier dans leur enseignement les beautés poétiques de la création biblique, avec le hasard et la nécessité.

lundi 20 octobre 2008

Billet express

Je ne dirai rien de Sœur Emmanuelle, qui s'est envolée au ciel, pas très loin de chez moi, pressée d'aller plaider auprès de Qui-vous-savez, la cause de Dominique Strauss-Kahn, calomnié aux USA par des hordes mormones, baptistes, puritaines —bref protestantes, en vrac. Je ne dirai rien non plus de N. Sarkozy, ni des petits écureuils de la Caisse d'Épargne qui ont perdu trop de sous en jouant à de vilains jeux de grands renards pas faits pour eux. Je comptais aborder aujourd'hui le thème des produits dérivés en finance, qui sont ce que la foi était à Sœur Emmanuelle : un pari sur l'inconnu. Elle avait parié sur l'existence de Dieu, la bonne dame. Maintenant, soit elle empoche la plus-value au paradis, soit elle tombe dans le néant, plus bas encore qu'aucun indice boursier ne peut descendre, du moins pour le moment. De tout cela, je ne vous dirai rien : plus le temps d'écrire un billet aujourd'hui…

Je vous recommanderai seulement d'aller vous cultiver chez Martine, et de lire le dernier épisode de Vendanges chez Balmeyer, si vous avez déjà dîné ce sera une expérience intéressante.

lundi 15 septembre 2008

Contribution expérimentale à la laïcité positive

Quelle place reviendrait à la chose religieuse dans une laïcité positive, et d'abord, comment rendre l'esprit laïc plus positif qu'il ne l'est spontanément ? Je n'ai pas trouvé de réponse satisfaisante jusqu'à présent dans les blogs, pourtant inventifs généralement, non plus que dans les remarques de Max Gallo à ce sujet. C'est pourquoi, en toute humilité, je risquerai l'idée que l'école laïque pourrait prendre en compte, du primaire au secondaire, non l'étude du catéchisme ou de la foi —enseignement réservé aux gens qualifiés—, mais l'apprentissage du lexique religieux dont l'ignorance constitue un grave handicap pour les jeunes d'un milieu défavorisé. Ainsi des pans entiers de notre littérature, y compris celle issue de l'imaginaire républicain, ne leur tomberaient plus des mains. En cette matière aussi, l'illettrisme est source d'appauvrissement.
J'en veux pour preuve l'expérience scientifique suivante, conduite à l'Université de Cambyrat, sur un échantillon de vingt-cinq étudiants âgés de 17 à 19,5 ans. Six d'entre eux ont put lire le document ci-dessous jusqu'au bout, et deux seulement ont été capables de l'expliquer partiellement.

Une leçon de choses

Ils formaient une famille quelque peu étrange, que les gens du voisinage regardèrent, un temps, d'une curiosité défiante. Les Poussegrain venaient de la campagne. Le père, veuf taciturne et doux d'apparence, vendait du fourrage sec sur la rive droite de la Seine. Un revers de fortune, consécutif à un gros chagrin, l'avait amené à s'installer ici, à Paris, fort à l'étroit dans cette maisonnette proche de Saint-Eustache, avec ses deux enfants et une seule servante. Les voisins avaient tout de même aperçu de beaux meubles, un grand tableau, du linge fin, ainsi qu'une vaisselle abondante, déchargés d'un tombereau le jour de l'emménagement. Enigmatique fut le manège du père et des enfants, lorsqu'ils promenèrent le grand tableau, porté verticalement par son cadre, tout autour du pâté de maisons, comme s'ils voulaient faire visiter le quartier à la jeune femme souriante peinte sur la toile. Bizarre, l'impression qu'ils donnaient de converser avec le portrait, mais là n'est pas la question… Ils finirent par rentrer le tableau, ils s'installèrent. On s'habitua.
Les enfants, le garçon d'une douzaine d'années, la fillette sa cadette d'un an, ne se quittaient jamais. Daniel et Rosalie allaient à l'école au couvent de la rue Dubec, qui à l'époque portait un nom moins célèbre. Ils s'y rendaient à pied, main dans la main, et ne se séparaient qu'à l'instant d'entrer, l'une à l'école des filles, l'autre à celle des garçons. Ils étaient châtains tous les deux, les yeux verts aux jours gais, mordorés quand il y avait des larmes dans l'air —toujours proprement vêtus, gracieux. Ils apprenaient facilement en classe, chacun de son côté, ils chantaient bien, les soeurs les citaient en exemple.
Ils traversaient pourtant un période dissipée, bien que cela ne se vît pas du premier coup. Une petite lumière follette du regard, le sourire un peu trop angélique… Bref, il arriva que la servante de leur père, qui avait eu autrefois commerce avec le diable, mourut subitement d'une damnation cérébrale en pleine nuit. La maison étant exiguë, il apparut impensable de la laisser dans sa mansarde au sommet du petit escalier à vis, au risque de s'exposer au scandale d'avoir à sortir sa bière cordée, par l'oeil de boeuf, au moment des obsèques. Poussegrain père la descendit pendant qu'elle était souple au rez-de-chaussée, où l'on entreposait tous les meubles et objets en surnombre, dans l'attente de jours meilleurs.
La servante fut allongée sur une table à gibier recouverte d'un drap blanc, entre le dos d'une crédence et des portes d'armoires démontées. La pièce regardait la rue par sa fenêtre de devant, et des jardins par celle de derrière. Cette dernière ouverture, dérobée, percée presque de plein pied, permit à Daniel et Rosalie d'organiser des visites à caractère scientifique et lucratif.
Pour un sou chipé aux parents, les petits bourgeois du voisinage purent entrer regarder la mort en face. Avec deux sous, on leur montra l'étonnante contractilité musculaire de la jambe et du bras, au contact d'un instrument de dévotion, contractilité plus prononcée à l'aide d'un fort rosaire à quinze Pater, qu'à celui d'un léger chapelet à cinq dizaines d'Avé. En échange de trois sous, ils découvrirent l'étrangeté d'un saut de carpe post-mortem, sous l'effet d'une goutte d'eau bénite, astucieusement projetée au niveau épigastrique. Contre cinq sous, on troussa la gisante, afin que les plus téméraires pussent se familiariser avec la féminité en son mystère.