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lundi 18 juillet 2011

Pas d'accord !

Ils n'ont pas de mots assez durs, à droite, ils n'ont pas de discours assez emberlificotés, à gauche, pour éreinter Eva Joly et sa vision du 14 Juillet. Les premiers ont sauté sur l'occasion de stimuler les Français patriotes, une espèce surabondante pour remplir les cathédrales sportives et ultra-minoritaire aux heures sombres du pays. Les seconds se sont saisis des arguments xénophobes de l'adversaire pour le combattre, tout en se bouchant le nez hypocritement devant l'imprudence d'Eva Joly. 

Mais est-ce bien une imprudence après tout ? Elle s'adresse à une partie de l'opinion peu sensible au conformisme et qui n'a pas l'habitude de se vautrer dans l'ordre intellectuel établi. J'ai lu chez des blogueurs de droite que j'estime, aussi bien que chez d'autres de gauche dont je me sens très proche, des propos qui m'ont consterné. Des lunettes de Mme Joly à son accent, rien n'a été laissé de côté pour suggérer qu'elle n'avait pas sa place dans une élection présidentielle et que son parti avait été mal inspiré de la choisir. 

C'est ne rien comprendre à la mentalité fondamentalement indocile des écologistes qui pourraient bien se féliciter au contraire d'avoir désigné une Française si manifestement d'origine étrangère, dont la droiture n'est plus à démontrer. Il y avait du défi dans leur choix, il n'est pas certain que cela déplaise autant que prévu aux électeurs. 

Je ne suis pas écolo, je préfère donner mon vote à un vrai parti de gouvernement, mais rien ne pourrait m'empêcher de dire mon dégoût devant cette levée de boucliers. Dans la blogosphère où nous caricaturons tout, cela va du pernicieux au stupide selon le degré de subtilité des auteurs, et l'on aurait sans doute voulu que Mme Joly se taise, à moins de se cantonner à son fond de commerce, les OGM, le nucléaire… Elle a cependant le droit de dire ce qu'elle veut, dans les limites de la diffamation publique s'entend, comme n'importe qui. 

Son histoire de suppression de la parade militaire est une curieuse idée, dérangeante pour nos habitudes —et non pour nos traditions républicaines qui n'ont rien à faire là-dedans—, mais par les réactions suscitées, elle a du moins le mérite d'attirer l'attention sur le formalisme du débat politique chez nous. Quelles que soient les priorités des uns et des autres, rien ne changera réellement, les mêmes déceptions se répéteront dans une société qui pue la naphtaline, il est temps d'ouvrir les fenêtres.


Voici une sélection rapide et incomplète de blogs qui parlent plus ou moins du même sujet :

jeudi 23 juin 2011

Le monde est écœurant

Je marchais ce matin dans la rue plein de colère. J'allais récupérer ma voiture au garage du concessionnaire Opel, dans la zone industrielle, après une panne. La seconde en quatre jours, mais ces pannes ne sont que détails qui nourrissent ma lassitude, non la raison de ma colère. C'est que je mesurais à quel point la vie d'aujourd'hui est devenue laide.

Il y aurait mille raisons graves de faire pareil constat, les miennes étaient égoïstement frivoles et par conséquent essentielles. La ville saccageait la musique que j'écoutais en marchant. J'avais les écouteurs d'un iPod aux oreilles depuis presque une heure et flottais ailleurs, porté par la voix d'Aafje Heynis interprétant des cantates de Bach. À peine sorti du petit bus qui m'avait emmené de mon coin de campagne à la ville, la fragile beauté de sa voix fut déchirée par le tapage urbain. 

D'habitude, je n'écoute pas de musique en ville, sauf replié dans l'abri de la voiture, et si je suis dans la rue la circulation ne me gêne pas. Le fond sonore, les émanations des moteurs, appartiennent à la chair urbaine ; la ville bruit et pue, donc elle est vivante, tout va bien. Vous me direz qu'il faut être con pour écouter des cantates dans la circulation. Si l'on tient à écouter quelque chose, on se fourre plutôt dans les oreilles la Fanfare de la Garde Républicaine, ou les Chœurs de l'Armée Rouge. Remarque judicieuse, mais outre que ce répertoire ne figure pas dans mon iPod, je ne tenais pas à  écouter quoi que ce soit en ville. 

D'instinct, je voulais seulement rester où j'étais, étirer le temps d'être ailleurs. Raser les murs, emprunter chaque fois que possible une rue de traverse… Rien à faire, le roulement des monstrueux pneus de camions, le grondement des 4x4 et des bagnoles ordinaires, même les petites morveuses telles que la mienne, ravageaient tout. Et je pressais le pas au lieu de couper le son, stupide, comme s'il me suffisait de prendre la poudre d'escampette devant le moche. Il faisait déjà beau et chaud, le ciel bleu avait des traînées merdeuses de toilettes publiques, les platanes semblaient des souillons épongeant de leurs feuillages neufs la poussière et les gaz d'échappement. Le monde est écœurant.

P-S: trouver des correspondances politiques avec ce billet me demanderait peut-être trop de temps… Je vous recommande donc ces lectures de blogs, faites ce matin :

Tambour major : Quand se lève le voile de l'incertitude
M. Poireau : Le bordel belge
Variae : Copé collé
Ruminances : Anéantisseur Gattaca, en vente partout
Fut-il ou versa t'il… À quatre pattes
PMA : Une erreur de l'UMP pour favoriser la victoire à la présidentielle?

mardi 21 juin 2011

Delanoë ne soutiendra pas Robespierre

Au petit matin, deux ou trois sujets de billets me sont venus à l'esprit, inspirés par les premières informations entendues à la radio, confirmées de demi-heure en demi-heure, jusqu'à ce que j'en ai marre. D'autant que le moment était venu de prendre un mini-bus pour aller récupérer à la ville ma voiture tombée en panne hier, une fois de plus. Encore une infime paille dans l'électronique qui paralyse tout : de la poussière sous le capot, une couleuvre dans l'échappement, une ampoule grillée quelque part… Ma prochaine voiture, si prochaine il y a, sera néo-rustique. Je veux des bougies, un carburateur, une manivelle, et la satisfaction d'avoir contribué à foutre au moins un concepteur d'électronique embarquée au chômage. Maudits soient-ils tous, d'ailleurs ! Et pendant que j'y suis, les fonctionnaires de certaines institutions publiques aussi, ces caricatures évadées des pages du Château sans emporter la moindre trace de l'humour de K. avec leur brosse à dents.

Ce matin, je me suis frotté à l'une d'elles qui m'a demandé de fournir un acte de naissance intégral d'une personne décédée que je n'ai jamais vu de ma vie et qui m'est étrangère. Comme je lui demandais conseil sur la manière dont je pourrais m'y prendre pour la satisfaire, elle m'a répondu, souveraine : «nul n'est sensé ignorer la loi» —aucun rapport avec mon problème. L'alpha et l'oméga des obscurs du pouvoir pour assommer les importuns. 

Pourtant, il était encore tôt, j'étais seul devant son comptoir de merde, elle aurait pu se fendre d'un tuyau quant à la meilleure façon de contourner honorablement la loi en pareil cas, précisément. Parce que le plus marrant, c'est que cette pintade ignore la loi, figurez-vous. Moi aussi, mais je me suis informé sur internet depuis : entre autres précisions, il me faudrait connaître les noms des parents de la personne en question pour avoir le droit d'obtenir un acte intégral. Autant dire que ce n'est pas pour tout de suite. (Vous avez relevé je suppose mes contradictions : maudits soient les électroniciens en début de billet, par ici internet dix lignes plus bas… M'en fiche, je maintiens !)

Et voilà comment mes idées de billet ont commencé à s'évaporer doucement ; passer la moitié de la journée dans les bouchons de la côte a fait le reste. Je crois bien qu'à un moment, j'ai entendu Saint Bertrand Delanoë expliquer pourquoi il soutiendrait Martine Aubry aux primaires seulement la semaine prochaine. Moi, je ne sais pas encore. B. Delanoë a aussi délayé dans la lavasse verbale le refus de baptiser une rue de Paris du nom de Robespierre, exprimé au Conseil municipal par Anne Hidalgo. S'il y a pourtant un révolutionnaire qui mériterait cet honneur de la capitale, c'est bien Robespierre ! Le résumer à la Terreur, dont il ne cautionnait pas les excès, est un peu court. Danton aussi corrompu que brillant politique a eu cet honneur de longue date : notre république doit être plus à l'aise dans la corruption qu'avec les valeurs de sa devise «Liberté, égalité, fraternité» incarnées par Robespierre.

P-S : Bon Anniversaire à Fucking disgrace, et pour la Fête de la musique, je vous invite à découvrir le blog de l'ami Orlando de Rudder, si vous ne le connaissez pas encore (il est dans ma blogroll). Chez lui, c'est souvent décoiffant, et j'aime bien le lire. Même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'il écrit, en particulier sur l'écologie.

lundi 6 juin 2011

Mal au DSK

Autant vous avertir tout de suite : je plaide non coupable. Il n'est pas question ici de parler du débat qui s'amorce ce soir chez les écologistes entre Eva Joly et Nicolas Hulot, ni des cabrioles d'un Borloo fantasque comme une chèvre de Mars. Je ne suis pas informé et ma tête est ailleurs. 

Ma tête est farcie de DSK : tel est mon sujet de billet obligé. Que vous en ayez marre de l'affaire, je le conçois parfaitement. C'est aussi mon cas, mais un sort désormais obstinément contraire ne m'a pas laissé le choix. Ce matin j'ai quitté la maison trop rapidement, oubliant d'emporter un bouquin. Ainsi, une fois remplies mes petites obligations du lundi, lesquelles m'absorbèrent jusqu'au déjeuner, je me retrouvai bien marri ensuite, au moment d'aborder les grandes.

Je n'avais pas rendez-vous. Imaginez une salle d'attente exiguë au point que sept personnes assises la remplissent et que les surnuméraires débordent dans le couloir attenant jusqu'à l'accueil. Au dessus de la tête des sept, un écran de télé allumé, et moi coincé en face. 

DSK sort de chez lui, DSK roule vers le tribunal, DSK descend de voiture, DSK donne le bras à Anne Sinclair, des cris saluent DSK, acclame-t-on DSK ? DSK se fait-il vilipender ? DSK est hué, une manif de femmes de ménage conspue DSK, que va-t-il se passer pour DSK, qu'en disent les invités sur le plateau ? L'avocat américain répète ce que l'on nous a expliqué depuis des jours, le chroniqueur de la chaîne redonde… 

Le son est réglé à la perfection : juste ce qu'il faut pour que les sourds puissent entendre, et rendre vain le recours à mon nouvel iPod. Au fond à droite, une jeune fille a ouvert un roman sur les genoux —c'est un roman, puisqu'il porte la tenue blanche à filets rouge et noir de la NRF. Dans l'espoir de virer DSK de ma tête, sinon de mes oreilles, je tente de déchiffrer le titre, qui tient sur deux lignes, chaque fois qu'elle soulève plus ou moins le bouquin… 

À cette distance, il me faudrait les lunettes, je ferais aussi bien de lui demander carrément ce qu'elle lit. Oui, mais… Les avocats de DSK vont-ils prouver que Nafissatou était consentante, quand il lui a proposé de lire quelques pages ensemble ?  Imaginez que cette fille prennent mal ma question, l'ambiance aidant. Pas envie de jouer avec le feu, moi ! 

DSK entre dans la salle du tribunal, DSK est debout, DSK s'assied, DSK se relève, recueilli comme à la messe… J'ai mon DSK qui commence à remonter dans le DSK, je transpire. Je me lève et gagne la porte tandis que quelqu'un se précipite sur ma chaise. Je fends la foule des journalistes, parviens à la barre devant le bureau de la juge. C'est une jeunette rieuse qui ne fait aucune difficulté pour me réserver une audience la semaine prochaine. Je sors en secouant la tête pour chasser les acouphènes : dskdskdskdskdskdsk… Le soleil, les moteurs de bagnoles, la vie normale, quoi !

lundi 23 mai 2011

Lectures SF ?


Guillaume, le Traqueur Stellaire, m'a fourgué un tag dans une chaîne sur les blogueurs et la SF. Il aurait mieux fait de m'oublier, je prends ça comme de la provocation —innocente je crois, mais provocation enfin.

Néanmoins, puisque le mal est fait, je ramasse le machin et je regarde ce que j'ai envie de répondre à la question suivante, adressée aux blogueurs : «De Lovecraft à Orwell, d’Asimov à Herbert, de l’anticipation sociale au space opéra, de Dune à 1984… Quel est leur livre de SF préféré (ou bien fantastique/fantasy) ? Quel ouvrage les a le plus marqué et pour quelles raisons ?»


J'ai lu beaucoup de science-fiction et de fantastique, de Lovecraft à Bordage. J'ai aimé trop de ses classiques pour perdre mon temps à les énumérer tous ici, sans savoir d'ailleurs par quel bout commencer ? «La Fin de l'éternité» (Assimov), «Le Temps n'a pas d'odeur» (G. Klein), «Planètes à gogos» (Pohl / Kornbluth), «Les sirènes de Titan» (Vonnegut), «Croisière sans escale» (Aldiss), «Un cantique pour Leibowitz» (Miller) : il y a bien une centaine de titres et d'auteurs que j'aimerais citer, surnageant d'un flot de merde heureusement effacé de ma mémoire et envolé de ma bibliothèque. Sans compter certaines nouvelles qui firent date, cachées dans ce qui reste de ma collection de «Fiction» débutant au n° 24 de Novembre 1955.

Ceci dit, puisque M. Traqueur m'invite à donner mon livre préféré et que j'ai perdu toute disposition à prendre des gants ou jouer au modeste, je réponds sans hésiter : «La Dame de cuir» (Denoël, Présence du futur). Un ouvrage dont ma femme et moi fûmes les auteurs —je ne sais même plus si je devrais le préciser au présent : vous dire si tout ça a disparu «Dans l'abîme du temps» (Lovecraft).
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P-S: La même question a été posée à Lolobobo, Homer, mtislav, Olympe, Dada, Éric, El Camino, isabelle, Cui cui fit l’oiseau, Alter Oueb, Disparitus, Nicolas, et Nicolas, Noldenol , Captainhaka

samedi 30 avril 2011

Tout fout le camp, même le muguet !


Finalement, je n'ai rien à dire, à part vous répéter ce que vous savez déjà d'essentiel : demain, le muguet sera cher : plus de 2 € au lieu de 0,42 € l'an passé à Rungis. Le printemps précoce a fait mûrir les clochettes trop vite. Alors demain, on nous vendra des brins qui seront flagadas de la tige à peine sortis des frigos.

C'est bizarre, parce que chez moi, le muguet n'est pas encore vraiment fleuri. Il y a toujours quelques pieds dans le foutoir de plantes qui poussent dans le puits. Oui, dans le puits, c'est ridicule, je sais. Un vrai faux puits en pierres de taille avec ses arceaux et sa poulie, plein de terre, qui se trouvait déjà posé là quand nous nous sommes installés. Il n'y avait pas de nain, c'était déjà une bonne chose, mais ma femme et moi avions tout de même envisagé de le déplacer un jour au milieu du pré où coule une source.

Une fausse vraie source, pour être précis : elle cesse de couler aux alentours du 14 juillet jusqu'aux grosses pluies d'automne, mais c'est une autre histoire. Il se serait senti un peu plus puits au milieu du pré, de l'eau au fond de la margelle, c'est probable. En tout cas, il aurait eu l'air moins con.

Néanmoins, les pierres maousses de sa margelle ne bougeront plus de place, j'ai bien trop peur d'abîmer le muguet —il était question du muguet, rappelez-vous au lieu de vous moquer. Les autres années, il y avait toujours au moins un brin fleuri, le matin du premier mai ; quelquefois avec seulement quatre ou cinq clochettes blanches et les autres encore d'un vert tendre. Je le cueillais dès le réveil, il nous mettait de joyeuse humeur au premier jour du mois le plus doux de l'année, riche en beaux souvenirs. Eh bien ! cette année pas de clochettes pour demain, je viens encore de vérifier. Je ferai comme presque tout le monde : je m'achèterai mon bout de printemps —si j'en ai envie.

Sinon, comme vous le démontre l'illustration de ce billet, une alerte de Yahoo Actualités, je suis passé à côté d'une information capitale. J'ai honte.

mardi 26 avril 2011

À l'arraché


Comment voulez-vous pousser un billet sur le blog quand tout se ligue contre vous ? Allez, je m'y colle, me dis-je. Et j'essaie de me souvenir de ce que j'ai entendu d'important à la radio entre 5h30 du matin et 1h30 de l'après-midi, de loin en loin. Je crois me souvenir que Sarkozy serait devancé au premier tour de la présidentielle par Berlusconi d'après les sondages, mais je n'en suis pas certain. Ça me chiffonne, alors je ranime l'ordinateur et je parcours la presse en ligne…

Bon, j'étais dans l'erreur, mais les réalités du monde ne m'inspirent pas. D'ailleurs, on m'appelle au téléphone : c'est ma vieille tante qui m'annonce d'un ton angoissé qu'elle n'a plus de pain et qu'elle va devoir descendre en ville. Aussitôt, une sueur froide commence à couler dans mon dos, parce que cela signifie qu'elle compte prendre sa voiture. Elle est vraiment vieille, ma tante, incapable de faire trois pas sans canne, avec le ciboulot qui tourne à la purée. Je l'imagine déjà emboutissant une autre voiture ou fauchant dix piétons d'un coup…

Alors je la supplie de ne pas bouger de chez elle, je promets de lui trouver du pain, et même de rappliquer avec le mien s'il le faut : elle l'aura d'ici une heure ou deux. Elle se calme, on se quitte, mais je décroche aussi sec le téléphone en quête de quelqu'un, là-bas au diable, qui pourrait lui apporter son pain. Je finis par trouver, fin d'alerte.

Retour à l'ordinateur, de quoi parler, bordel ! La dernière usine de fabrication de machines à écrire vient de fermer, en Inde. Tiens, voilà un sujet qui m'intéresserait presque : je revois ma première machine, une Hermes Baby achetée en 1967, qui faisait ma fierté… Et plus tard, les Valentine sur lesquelles nous travaillions, ma femme et moi.

Nous avions chacun la nôtre, d'un rouge éclatant avec des boutons de rubans jaunes. Côté discrétion, il y avait mieux, mais nous étions jeunes… Heureuse époque où l'on pouvait imaginer de traverser une vie d'écriture avec une seule machine ! Elles étaient increvables nos Valentine ; d'ailleurs, je les ai encore dans un coin du garage. Je me voyais déjà faire une comparaison éloquente avec les six ordinateurs que j'ai déjà possédés en quelques années, et creuser la question, quand le téléphone a sonné.

Ma tante a une jambe enflée, elle n'arrive pas à joindre son médecin, elle veut que j'appelle les pompiers de son patelin. Je lui dit qu'il y a l'infirmière qui va certainement passer bientôt. «Ah ? —Tu sais bien, voyons : elle vient deux fois par jour, tu as dû la voir déjà ce matin. —Ah, je ne sais plus ! Si tu crois que je n'ai que ça à penser !» Je l'apaise, elle va patienter, c'est promis, et je reviens à mon foutu billet.

Qu'est-ce que je fais : je le commence ou je laisse tomber pour aujourd'hui ? Le téléphone sonne : ma tante est trop inquiète, elle va descendre chez les pompiers à pied, pour qu'ils voient sa jambe. On parlemente difficilement, mais elle veut bien que j'essaie de joindre l'infirmière avant de sortir. C'est fait, mais comment dire ? C'était mieux, la vie, au temps des Valentine.

P-S: Yann donne un coup de pouce…

mercredi 20 avril 2011

Conseil de lecture

Elle s'appelle Lucile, elle a 15 ans, elle est diabétique. Elle a écrit à Libération qui publie son mail de révolte contre la réforme du gouvernement envisageant de réduire les remboursements du traitement des affections de longue durée. Allez lire son témoignage, et faites ce que vous pouvez pour elle et les milliers de malades concernés.

Faites du foin, gueulez sur vos blogs, et pour le moins, n'hésitez plus à vomir Sarkozy et la bande de déprédateurs qui appliquent sa politique. Le simple fait qu'il termine tranquillement son mandat après avoir ravagé notre protection sociale, imposé de fait une médecine à deux vitesses, est un scandale. Nous l'avons laissé se repaître de la république avec sa tribu de privilégiés, oubliant combien il avait fallu de luttes sanglantes, et finalement la renaissance du pays à genoux au lendemain de la guerre pour que naisse une sécurité sociale pour tous. Nous sommes tombés bien bas pour n'avoir pas su défendre notre bien avec davantage de détermination.

Le cas de Lucile est représentatif de tous les gens gravement malades qui ont de plus en plus de difficulté à se soigner. Une personne atteinte par une maladie de longue durée doit non seulement recevoir des soins strictement en rapport avec son affection, mais d'autres aussi qui découlent de celle-ci. En outre, fragilisée, cette personne est beaucoup plus exposée que le reste de la population aux problèmes de santé ordinaires : les exclure de la prise en charge comme cela a déjà été fait est une ignominie.

Puisque je parle santé, restons encore un instant dans le domaine de l'insécurité sociale sous le talon de Sarkozy. Savez-vous à combien vous reviendrait une douzaine de jours passés à l'hôpital, en forfaits journaliers et autres franchises ? 1500 euros. Pour diminuer cette somme prenez une mutuelle ; si vous n'en avez pas souscrivez une assurance et si vous ne pouvez pas, eh bien, crevez !

P-S : M. Poireau nous a concocté un billet cochonYann est sous surveillance de ses lectrices… Il y a déjà longtemps que je cache mon paquet de Gauloise dans un étui confectionné à la maison : si ce n'est pas votre cas, le patron se trouve chez Gaël

mardi 19 avril 2011

De tout un peu

L'air du moment est au blogage, à ses fins pour le blogueur je veux dire. La question qui agitait les esprits ces jours derniers était celle de la rémunération des contenus repris par de grands sites. Cela me semble toujours bizarre que l'on parle de contenu dès qu'il s'agit de blogs, plutôt que de notes ou de billets, mais il est vrai que nos carnets de bord font penser aux petits bazars de province d'autrefois. On y trouvait un peu de tout, et d'ailleurs ils étaient quelquefois à l'enseigne «De tout un peu». Des vidéos, de la musique, des billets, des photos, de la pub, des recettes (chez moi, on trouve aussi des rébus)…, ouvrir un blog au hasard équivaut à soulever un couvercle de malle pour voir ce qu'il y a dedans.

Où voulais-je en venir, déjà ? Ah oui ! à vous encourager à soutenir Rimbus qui entend valoriser ses articles à coups de souris, clic, clic ! J'ai de la sympathie pour Rimbus, alors je viens de cliquer quoique rechignant à faire une fleur à son sponsor. Pourquoi cette répugnance ? L'agence de pub sur internet dont il est question m'avait proposé le même type de collaboration et je n'ai aucune raison de cracher sur quelques euros glanés par-ci par-là. Seulement, il me fallait prendre un statut d'auto-entrepreneur alors que moi, je voulais être payé en TEE (Titre Emploi Entreprise). Dans le premier cas pas de charges sociales pour «l'employeur», dans le second, si.


Sur un tout autre sujet, j'avais pensé hier à cybercarneter aujourd'hui sur l'énergie nucléaire. Tard le soir, j'étais tombé sur Complément d'enquête à la télévision… Je ne la regarde jamais, en principe, mais il se trouve que des amis soucieux de me distraire m'ont donné un superbe poste sur pied (à tube cathodique, mais mille fois supérieur au vieux machin dont je disposais auparavant. Quand on l'a posé sur le meuble adéquat, l'écran frôlait le plafond, on aurait dit un 4x4 garé dans le salon. Du coup, il a fallu réaménager ce coin de pièce). L'écran pivote sans bouger du fauteuil, il sait faire plein de trucs : bref, j'étais un peu curieux de l'essayer.

Le premier bouton de la télécommande m'a plongé dans des affres atomiques post-Fukushima… J'y suis resté, fasciné par ces fûts de déchets —radioactifs pour des dizaines de milliers d'années—, qu'il est question d'enterrer chez nous. Cela se fera au cœur d'une roche argileuse, dont on nous assure qu'elle ne bougera pas d'un poil d'ici un million d'années. Les Allemands avaient déjà fait la même chose, mais dans une profonde couche de sel, pareillement inébranlable pour une éternité d'homme. Pas de chance : la couche bouge de plusieurs centimètres par an, il faut récupérer les fûts à grands frais.

Si vous avez des enfants et des petits-enfants, demandez-vous ce qu'il se passera lorsque les petits-enfants de leurs petits-enfants auront complètement oublié qu'il a existé une industrie nucléaire en France à une époque reculée ? Vous me direz qu'ils auront autre chose à penser, avec les volcans d'Auvergne qui se seront peut-être réveillés… L'enquête était sinistre, Nathalie Kosciusko-Morizet un moment interviewée, était d'une sérénité olympienne, et mon acuité visuelle laissant à désirer, je me suis endormi sur place bien avant la fin.

lundi 18 avril 2011

Selon selon


Selon le Figaro, Obama chercherait une issue de secours pour Kadhafi, selon le New York Times. Il s'agit de lui trouver un bon petit pays, pas regardant sur le passé de ses hôtes de marque. Un pays qui, s'étant abstenu de signer le Traité de Rome, ne serait pas obligé de le livrer en cas de poursuites de la Cour pénale internationale. Il paraît que la liste des havres possibles est des plus réduite. J'ai une proposition à faire à M. Obama : qu'il accorde un sursis à la navette Discovery, au rebut depuis le mois de mars, afin d'emporter le tambour-major Kadhafi jusqu'à la station spatiale internationale. Il y a certainement des toilettes à nettoyer là-haut, l'adjonction d'un monsieur-pipi aux équipes en place ne serait pas du luxe. Pour cet engin mythique ce serait une fin glorieuse cet envol ultime au service des droits de l'homme Kadhafi.
Avez-vous remarqué ? Ce billet est spécial, il vous a informé selon moi, selon le Figaro, selon le New York Times. C'était mon sujet du jour, la lassitude qui me prend à causer de ce que vous aurez lu tout seul dans votre journal, ou entendu dans votre poste préféré. On se sent peu de chose, parfois.

P-S : Le feu à la Maison Wikio ? Nicolas enquête… Captainhaka hait les couples princiers… Seb Musset se penche sur le jeu des 1000€ animé par Sarkozy… Martine vous conseille de courir comme dans un rêve au théâtre de l'Atalante… Pour préparer vos vacances en Bretagne, voyez chez YannPoireau traite du repas d'affaires…

samedi 19 mars 2011

Le généralissime Sarkozy en campagne… électorale

Quelque chose dérange dans l'intervention contre Kadhafi que je trouve cependant souhaitable depuis des jours. Un doute, ou plutôt une certitude : Sarkozy se livre à un détournement sans vergogne de la sympathie des Français à l'égard des insurgés libyens. Sa conversion à la défense des peuples opprimés cache mal une fantastique opération de communication aux frais de la république, à nos frais, dont il entend tirer profit. Quand nos militaires et leurs alliés seront à l'œuvre pour sauver des vies et promouvoir la démocratie, il s'agira en réalité pour lui de reconquête intérieure. Le généralissime-président Sarkozy est en campagne électorale : il serait logique d'inclure à terme le coût de cette guerre dans le compte officiel de celle-ci.

Le passé politique de Nicolas Sarkozy démontre combien il est impudent en faux-semblants humanitaires, et cynique dans les actes de gouvernement. «Je veux être le président de la France des Droits de l'homme, je ne crois pas à la realpolitik», disait-il en 2007, avant de se déjuger sans complexes un an plus tard en s'affichant avec les dictateurs chinois. N'oublions pas la lâcheté dont il fit preuve en étant l'un des rares dirigeants occidentaux à refuser de rencontrer le dalaï lama à Paris.

Grand ami de Kadhafi dont il ne pouvait ignorer ni le passé terroriste ni la folie sanguinaire, Sarkozy contribua personnellement à la réinsertion de ce dernier dans le jeu politique international. Bernard Kouchner, son très obéissant ministre des Affaires étrangères (à l'honneur) n'hésita pas à accabler les Suisses de son mépris lorsque ces derniers eurent maille à partir avec la famille Kadhafi qui retenait deux de leurs concitoyens en otages. C'est qu'il y avait les dollars de Kadhafi et de mirifiques contrats d'affaires pour les chers amis du président à la clef !

Beaucoup plus proches dans le temps sont apparus au grand jour les liens choquants unissant la Maison Sarkozy aux dictatures arabes. Le scandale né du comportement de Michèle Alliot-Marie aura été la source médiatique miraculeuse du retournement présidentiel. Souvenons-nous : quand la ministre des Affaires étrangères de Sarkozy proposait l'aide de la France à Ben Ali pour mâter la rébellion, elle ne pouvait le faire sans l'aval du président. À ce moment là, on se fichait complètement à l'Élysée de l'éveil à la démocratie des gueux arabes. C'est le prix lourd à payer en matière de popularité qui poussa Sarkozy à se séparer de la ministre, puis à changer de discours sur les révoltes d'Afrique du nord. Pas un seul instant, l'engagement en leur faveur de Sarkozy ne peut être crédité de sincérité.

Alors, si je me réjouis que notre pays se porte au secours d'un peuple en lutte contre une dictature, j'enrage de voir l'opportunisme du président salué comme une réussite morale. Il est simplement utile, pour une fois, et cela ne doit pas nous détourner de la nécessité de révoquer cet homme à la prochaine occasion électorale. Nous avons nous aussi à nous libérer du sarkozysme.

P-S : le lecteur clavésien (ou du canton de Callas) égaré par ici est invité à se souvenir que demain, on vote chez nous pour les cantonales… J'irai voter à gauche, comme tout le monde…

jeudi 13 janvier 2011

Hommes d'États sans frontières

Le gouvernement sarkozyste a fini par comprendre que son soutien à Ben Ali risquait de surinfecter une popularité déjà mal en point. François Fillon s'inquiète donc officiellement de «l'utilisation disproportionnée de la violence» en Tunisie. Libération nous dit que le premier ministre appelle révoltés et pouvoir tunisien «à choisir la voie du dialogue». On comprend son point de vue : quand la baraque d'un dirigeant brûle, il faut essayer d'éteindre l'incendie avec de la farine. Celle dans laquelle on peut encore espérer rouler un peuple insurgé.

Nicolas Sarkozy a flanqué, à Toulouse, les 35 heures et la retraite à 60 ans dans un même Airbus charter en route pour le néant : presque le même que celui où les Français le pousseront un jour prochain (deux images : un faire-part de deuil, une carte de vœux guillerette).

Une enquête est enfin ouverte par la Cour de justice de la République, visant Éric Woerth, dans le cadre de la fameuse vente d'une parcelle de la forêt de Compiègne appartenant à la République. La République, ce n'est ni Sarkozy ni Woerth, c'est le peuple français, c'est nous. Je suis Français, je n'ai pas été consulté au préalable. La Cour de justice le jugera comme il convient de son point de vue, mais du mien, c'est fait. Je garde le secret de mes délibérations

En italie, une autre Cour, constitutionnelle celle-ci, a annulé l'immunité pénale dont pouvait se prévaloir Berlusconi —ce n'est pas chez nous que l'on verrait ça, tiens ! Il gardera néanmoins le droit de se défiler devant une convocation au tribunal s'il doit recevoir un chef d'état, ou prendre l'avion pour aller voir Sarkozy, ou Poutine, ou Ben Ali, ou n'importe quel autre dirigeant plus présentable. On peut prévoir que l'agenda du monsieur sera à rendez-vous variables et classé secret d'état.

C'est tout pour aujourd'hui, il faudra attendre encore un peu le jour où un nouveau Coluche créera des restaurants du cœur à l'intention des sus-nommés devenus SDF —si toutefois il se trouve quelqu'un pour faire l'aumône à ces gens-là sans haut-le-cœur.

lundi 3 janvier 2011

Rester calme, nouvel épisode

(sur fond musical) Elle, voix suave : « ERDF, gestionnaire de réseaux de distribution électricité, bonjour ! Ce service de dépannage est réservé aux clients privés d'électricité et aux interventions de sécurité. Afin de traiter votre appel dans les meilleurs délais, merci de prêter attention aux choix qui vous sont proposés… Veuillez saisir les cinq chiffres du code postal de votre commune…
Moi : — tip tip tip tip tip …
Elle : — Vous n'avez plus d'électricité : tapez 1. Vous voulez une mise en service, une augmentation de puissance, ou des renseignements sur votre facture : tapez 2. Pour tout autre problème, tapez 3.
La chatte : —Miaou !
Moi : — tip (j'ai choisi 3, parce que la tension électrique de la maison est sans doute irrégulière)
Elle : — Si vous souhaitez nous signaler une anomalie ou un problème de sécurité sur votre réseau électrique: tapez 1. Votre alimentation électrique présente des variations : tapez 2. Votre appel concerne un problème d'heure creuse ou de chauffe-eau : tapez 3. Vous souhaitez nous signaler une panne sur l'éclairage public : tapez 4.
Moi : — tip (à ma deuxième tentative, j'avais choisi 1 et Elle m'avait répliqué du tac au tip : «vous n'avez plus d'eau chaude : tapez 1. Vos voisins n'ont plus d'eau chaude : tapez 2.» Comme ce n'était pas mon cas, j'avais attendu la suite…, et paf : raccroché ! C'est pour cette raison que j'ai décidé d'enregistrer l'appel suivant. Mais là, j'ai tapé 2…)

Elle : — Veuillez patienter quelques instants, nous essayons de vous mettre en relation avec un opérateur… (musique)
Conformément à la législation en vigueur, les conversations sur cette ligne seront enregistrées. (miaou ! musique)

Miracle : effectivement, une voix d'homme vivant a pris la suite. Un gars sympa à qui j'ai pu expliquer que ma pompe à chaleur est en panne depuis cinq jours, parce qu'une pièce électronique n'a sans doute pas résisté à des baisses de tension électrique… C'est du moins l'opinion d'un pompier à chaleur émérite. Au bout du fil, l'homme a compati, surtout quand je lui ai dit le prix de la pièce de rechange que j'hésite encore à commander.

Le croiriez-vous ? Après trois (3) tentatives de me faire comprendre par la blonde standardiste automatique, voilà que mon interlocuteur décide en cinq minutes de me dépêcher illico un agent du service dépannage. Et le gars est venu, à l'heure dite !

Bon, ce n'est pas lui qui va réparer la pompe, bien sûr : ERDF ne s'occupe pas du petit matériel des patients en souffrance. Mais il a vu de ses yeux, dans la triste lumière du jour déclinant, le triste état du câble aérien d'alimentation de la maison en électricité. Je l'ai déjà raconté ici à plusieurs reprises : ce câble est affecté d'une réparation provisoire depuis une tempête de novembre 2008.

Le sang de l'agent n'a fait qu'un tour, dans le même sens que celui du devoir : il a mesuré l'ampleur du problème, il a sondé la vitalité du compteur d'appendices tâteurs… Après quoi, il m'a annoncé la venue d'une équipe d'ici quelque temps.

Je l'ai regardé dans les yeux, il a eu un demi-sourire, puis :
— Je sais, on vous a déjà dit ça, hein?
— Oui, deux fois.
Il a hoché la tête, et on s'est souhaité le bonsoir sur une poignée de main dans la nuit tombante. Je vous laisse : c'est l'heure de remettre du bois dans le poêle.

P-S : à par ça, il y a des gens à qui la déclaration de Valls sur les 35 heures fait mal aux seins… Mais Christophe garde encore un peu la tête à la fête…

mercredi 29 décembre 2010

Bouffons un peu d'ingénieur, ça change du curé


Jules Vernes ne nous a pas fait que des cadeaux de rêve. Non seulement il nous a infligé des quantités prodigieuses de pages indigestes, mais il est en grande partie responsable du mythe de l'ingénieur, ce héros de pacotille de la modernité devant lequel tant de gogos s'inclinent. Bon, je crois que ce soir je ne vais pas me faire que des amis sur le web où l'un des derniers avatars de l'ingénieur est fortement représenté, mais tant pis.

L'ingénieur de la pire espèce que je connaisse est celui qui sévit dans les arts ménagers et les équipements de la vie courante. Tenez, prenons le cas de l'aspirateur, un appareil banal devenu presque indispensable… Savez-vous quand il a été inventé ? En 1869 par un certain McGaffey. Ce type devait être un ingénieur inspiré que le père Vernes aurait pu immortaliser, mais ce n'est pas le cas. Son aspirateur était à manivelle : la bonne idée était semée, seulement il restait encore du boulot. Là-dessus, arrive en 1901 Cecil Booth, un autre ingénieur qui offre à l'humanité le premier aspirateur à moteur, tellement monstrueux qu'il fallait des chevaux pour le déplacer… Pas terrible non plus, cependant l'élan était donné : en 1906 Splangler met au point pour son cousin Hoover le premier appareil véritablement domestique : un balai électrique à succion.

Cent quatre années plus tard, où en sommes-nous avec nos aspirateurs ? Ce sont quasiment les mêmes stupides engins équipés de fils qui font des nœuds, se bloquent dans leurs enrouleurs ; équipés de tuyaux balourds qui s'accrochent aux dossiers de chaises, brisent les bibelots ; équipés de brosses que l'on met autant de temps à nettoyer des saletés ramassées qu'une maison entière !

Qu'ont fichu les ingénieurs, pendant 104 ans ? Rien ou presque : ils se sont évertués à rendre la mécanique aussi fragile que possible sans qu'il y paraisse, afin que l'on soit obligé de changer d'appareil au bout de quelques années. Ils ont veillé à ce que les anciens accessoires increvables d'autrefois s'usent rapidement, pour que nous achetions des brosses, des pièces de rechange, des sacs, coûtant un dixième ou plus du prix de la machine. Ils ont œuvré en parasites.

Vous allez peut-être m'objecter, si vous êtes au courant des dernières innovations, que l'on trouve désormais des robots, entre 300 et 700 euros, qui marquent enfin une vraie révolution dans l'art de ramasser la poussière ? Pour ce que j'en sais, le travail de ces espèces de galettes est loin d'être satisfaisant, et cela n'excuse pas cent ans d'impéritie.

Prenez les types qui se font des couilles en or avec le développement durable, l'énergie verte, tout ça…, la plupart du temps ce sont des ingénieurs diplômés des meilleures écoles d'arnaque légale. Au hasard, tiens : le fabricant d'une pompe à chaleur… Vous vous dites, c'est certainement un esprit scientifique brillant, pour concevoir une machine capable d'aller piquer des calories dans le sol et de me faire réaliser des économies d'énergie d'ici quelques années. Pas du tout, c'est un type tout juste capable de bricoler des réfrigérateurs dyslexiques, lesquels prennent la chaleur dehors pour la rentrer dans la maison, au lieu du contraire. Il fabrique une carrosserie en tôle, il la farcit avec des composants achetés par-ci par-là à travers le monde, et le tour est joué ! Sur ma pompe à chaleur en panne depuis la fin de la semaine dernière, la pièce comprenant un condensateur défectueux a été fabriquée en Australie, par exemple.

Le réfrigérateur a été inventé en 1850, et les Romains connaissaient déjà la géothermie.

illustration

P-S Bon anniversaire à Partageons mon avis, qui a cinq ans ! Pablo Casals était né après le réfrigérateur, le 21 décembre 1876 … Melclalex nous offre les vœux de Sarkozy tels que l'on aimerait les entendre…

mardi 28 décembre 2010

Coup de pompe —à chaleur

Le robinet des bilans de l'année 2010 est ouvert, ça coule dru du côté de la presse et aussi pas mal sur les blogs. Nicolas et Bah! By CC en particulier, revisitent l'actualité des douze mois écoulés méthodiquement. Pour ma part, si j'avais été d'humeur à revenir sur nos pas, je crois que je me serais borné au rappel des affaires Karachi et Bettencourt. Ce sont à mes yeux les deux événements majeurs de cette année, aux allures de feuilletons, qui ont secoué la Maison Sarkozy en la conduisant au bord de la faillite politique —une issue qui reste envisageable à l'avenir.

Mais au lieu de feuilleter le passé récent, je me serais plus volontiers épanché ces jours-ci dans un billet rageur sur les arnaques qui fleurissent à l'ombre de l'écologie. Ce soir, des articles du Monde et du Canard Enchaîné épinglant la fringale en métaux rares de la «croissance verte», m'ont tiré de l'accablement où j'étais par un brusque afflux de toxines furieuses. Pourquoi ?

Eh bien, on caille à la maison ! C'est le troisième hiver consécutif où l'installation de chauffage dit géothermique, vert en diable, nous trahit au pire moment. Chaque fois, la panne survient aux alentours de Noël ou du jour de l'an : incontinence d'un collecteur de captage enterré, coup de spleen de la pompe à chaleur… Trouver un artisan compétent pour intervenir dans la période des fêtes de fin d'année relève de l'épreuve d'endurance. Parce que la société responsable d'une installation faite dans les règles de la maladresse se défile, retranchée derrière son répondeur téléphonique…

Néanmoins, au bout de quatre jours un pompier géothermique vient à notre secours, béni soit-il ! Il identifie l'origine du mal : une petite chose appelée condensateur, qui se met à fumer et à faire sauter le compteur électrique dès qu'on lui effleure le con. Une pièce grillée, en raison semble-t-il de chutes de tension sur le réseau local d' EDF. EDF qui doit remplacer un jour indéterminé le pansement provisoire appliqué sur notre câble électrique à la suite de la tempête du 21 novembre 2008… EDF (ou son âme damnée: ERDF, allez savoir !), qui a pourtant envoyé à deux reprises, en 2009 et en 2010, des agents pour constater les dégâts et nous annoncer la prochaine venue d'une équipe —la dernière fois, c'était avant l'été.

Vous me direz que le courant passe quand même, et qu'en attendant, c'est surtout d'un condensateur dont nous avons un urgent besoin ? Oui, mais je vous répondrai que le fabricant de notre pompe à chaleur, domicilié dans la Drôme, à deux heures de bagnole de chez nous tout au plus, est certainement le seul en France à fermer boutique entre Noël et le jour de l'an. Même pas une permanence pour fournir les pièces détachées en cette période où une pompe à chaleur qui se respecte pompe nuit et jour.

En attendant que janvier ramène au bout du fil ces adeptes du travailler moins pour gagner beaucoup plus, on fait du bois pour cailler un peu moins, mais trop encore.
Quand cette fichue pompe remarchera, je compte bien éclairer ici en détails ceux qui rêvent d'énergie verte à la maison. Pour une fois, la vengeance se mangera chaude.

samedi 4 décembre 2010

Vivement lundi

Pour terminer la semaine, j'aurais bien fait un Quid de l'actualité vue par ce blog, histoire de faire mon petit exercice quotidien. Pas de chance, c'était une semaine trouée, côté billets politiques.…

Lundi, elle débutait par des interrogations existentielles sur les blogs politiques, suivies mardi d'un écho à la déclaration de Ségolène Royal, pour tomber mercredi dans le trou des statistiques prè-Wikio. Le seul vrai billet politique date de jeudi soir, et pas de veine déjà : écrit au dernier moment avant d'aller dîner, je n'avais plus le temps de l'épicer avec quelques liens en rapport avec le sujet.

Du coup, ce billet que j'aimais bien a recueilli moins de lecteurs qu'une quelconque note farcie à la blogosphère, avant de sombrer entre vendredi et samedi dans l'indifférence. Fin de la semaine, amen. Rien à ajouter ce soir sur la véritable actualité, sinon qu'il y aurait tellement à dire que ce n'est plus le moment…

vendredi 28 mai 2010

À quand la saisine du peuple par lui-même ?

Les sujets importants d'inquiétude ou de mécontentement ne manquent pas, à commencer par celui des retraites. On pourrait y adjoindre d'autres préoccupations essentielles, telles que le chômage, et pousser son couplet indigné sans la moindre chance d'être entendu dans le concert discordant des théories dominantes. De toute façon, les Français sont sourds: ils serrent les fesses devant ces problèmes, mais on entend mal avec son cul.

Rien ne changera chez nous avant longtemps, alors autant s'agacer les dents sur de gros petits scandales de peu d'importance réelle, mais qui pourrissent lentement notre république. Le refus du pouvoir de laisser toucher au train de vie de ses ministres en est un. Partout en Europe, les politiques de haut rang acceptent de réduire sensiblement leurs avantages pour accompagner les efforts de rigueur exigés de leurs peuples. Chez nous, rien. Ainsi, des amendements du député apparenté PS René Dosière, visant à empêcher les ministres de cumuler les indemnités de leurs mandats locaux avec leur rémunération principale, ont été rejetés par l'Assemblée. Ce n'est pas de bon augure pour voir les ministres accepter de diminuer leur salaire… Et encore moins pour la réduction du budget de l'autocrate élyséen, qui a encore augmenté comme tous les ans…

Les optimistes peu regardants pourront, par contre, pousser un cocorico sur la première audience publique du Conseil constitutionnel. Pour l'occasion, ses membres ont rendu enfin justice aux titulaires étrangers de pensions civiles ou militaires, qui ne touchaient pas la même chose que les Français. C'est un effet heureux de la nouvelle «procédure de question prioritaire de constitutionnalité», ouverte en théorie à tous les justiciables.

En théorie, parce qu'en pratique, avant de pouvoir saisir le Conseil, il faut aux citoyens passer par l'intermédiaire de la Cour de cassation, ou du Conseil d'Etat, qui jugent si la demande est recevable ou non… À comparer avec tous les autres pays européens, un poil plus avancés que nous en démocratie. Par exemple avec l'Allemagne, où n'importe quel citoyen peut déposer un recours lorsqu'il estime que ses droits fondamentaux on été violés… Dans les faits, il y a bien entendu beaucoup plus de réclamations déposées en Allemagne, que finalement acceptées, mais l'accès direct du citoyen n'y est pas un vain mot.

Et si le seul sujet qui vaille, parce qu'il contient l'amélioration de tous les autres, c'était la démocratie? Et si on essayait de l'imposer dans notre république de merde?

vendredi 30 avril 2010

Charles Pasqua sorti, la Cour fait grincer des dents

Charles Pasqua se tire donc comme une fleur —ou presque— des pattes de la Cour de Justice de la République. Un an de prison avec sursis, exit les quatre ans, dont deux fermes, l'amende de 200 000 euros, et surtout la privation des droits électifs qui avaient été requis par le ministère public…

Tous ces temps récents, depuis ses rodomontades tonitruantes contre Jacques Chirac et on ne sait trop qui, lors de son premier procès, plus d'une fois l'envie m'a démangé de faire de M. Pasqua le sujet d'un billet. Ce prurit de commentaire est cependant resté sans suite, non par manque d'inspiration, mais bien parce que je me suis trouvé piégé dans mes contradictions. À plusieurs reprises, depuis les débuts du Coucou, l'occasion m'a été donnée d'exprimer un sentiment sans doute saugrenu, pour beaucoup de lecteurs. À savoir que l'on peut avoir des opinions fermement encrées à gauche depuis toujours, et reconnaître du panache à un forban de droite. Il me semble avoir dit quelque part qu'il pourrait être moins déprimant de cohabiter sur une île déserte avec un tel personnage, qu'avec quelqu'un de gauche vertueux, mais insipide.

La société de Charles Pasqua est peut-être moins marrante qu'il n'y paraît, allez savoir… En tout cas, c'est le genre de bonhomme sur lequel j'ai du mal à taper, fusse par l'intermédiaire d'un clavier. Le premier venu n'a pas forcément le cran d'entrer en résistance à 15 ans, ni le deuxième venu, non plus d'ailleurs que le vingt millionième venu et tous ceux qui remplissent l'intervalle. Proportionnellement à l'ensemble d'une population, rares sont toujours ceux qui sont capables de prendre des risques, moraux aussi bien que physiques. Et ce bonhomme était de ceux-ci —ce qui ne m'a jamais retenu de l'exécrer dans l'exercice de ses fonctions politiques, du reste.
Paix donc pour moi à Charles Pasqua.

En revanche, et en pleine contradiction avec ce qui précède, le verdict me choque. Un homme politique peut donc être condamné par une Cour de Justice ordinaire et relaxé, ou quasiment, devant une Cour d'exception composée majoritairement de politiques, ses pairs —comparses, serait sans doute excessif?

On sent tout de suite que quelque chose cloche et que la justice des politiques n'est pas celle des citoyens ordinaires. Déjà, à l'époque du passage de Laurent Fabius devant la dite Cour de Justice de la République, comme beaucoup de Français, j'avais été écœuré. Prononçant mon propre arrêt d'intime conviction, j'ai cessé de compter M. Fabius, que l'on n'a pas retiré de la vie publique, pour un homme politique. Je ne voterai jamais pour lui —et difficilement pour ses alliés. Peut-être était-il innocent, après tout? Aucune envie de tirer cela au clair ne m'habite, puisque c'est tout ce qui fait du personnel politique une caste qui m'est insupportable.

Ce sont les privilèges du monde politique, en cette matière judiciaire comme dans beaucoup d'autres, qui paraissent les plus choquants dans le cas Pasqua. Le verdict laisse un goût douteux.

jeudi 29 avril 2010

Entêtement karachique

Falconhill et Nicolas commentaient hier un billet du nouveau blog d'Éric, s'attardant sur les huit habitudes du blogueur efficace. À la lecture des uns et des autres, je constate que, si je suis grosso modo d'instinct chacun des préceptes énoncés, le résultat d'ensemble ne suffit pas à me rendre le moins du monde efficace.

Néanmoins, appliquant en cette fin de matinée les deux premiers commandements de ces tables de la loi bloguesques, je remets sur le métier mes humeurs karachiques pour émettre une réflexion obstinée sur le possible scandale d'état croupissant dans un secret honteux.

Si nous étions en démocratie, il n'y aurait aucune considération au monde qui retiendrait nos gouvernants de révéler au grand jour la totalité des documents concernant l'affaire des ventes d'armes au Pakistan.

Le fait d'en dissimuler des éléments sous le secret d'état, de faire la sourde oreille aux demandes des députés de l'opposition est, en soi, un aveu de mauvaise conscience politique.

Que l'on ne vienne pas nous resservir le contre-argument dilatoire de la présomption d'innocence. Puisqu'il a des choses à cacher au peuple souverain, le pouvoir est au moins coupable de dissimulation. D'ailleurs tout pouvoir qui s'exerce dans le refus d'un contrôle total de la représentation nationale est suspect par essence.

Ce billet vous a plu? Vous pouvez le recommander :
Wikio

jeudi 15 avril 2010

Humeurs, et communiqué de Fansolo

Aucune envie de faire un billet aujourd'hui, en tout cas un billet aimable. Les choses qui m'intéressent se passent sur mon blog principal qui n'a l'heur de plaire à personne. C'est l'inconvénient d'être installé ici, dans cette bonne vieille camionnette qui a fait du chemin. On la ficherait bien à la casse ou dans un ravin, mais on s'est habitué à son confort* rustique, le siège a pris la forme de vos fesses, et les cliquetis de son moteur vous tiennent lieu de berceuse. Bref, on s'y est attaché, et en l'occurrence on y va de son bout de billet…

Pour remplir la case jeudi avec quelques lignes désagréables, je ne vois guère que la pantalonnade programmée au PS, sur l'air de «la nouvelle frontière». À peine nous annonce-t-on par la voix d'Anaud Montebourd, que le non cumul des mandats est en route, et avec celui-ci l'ombre d'un soupçon de moralisation des mœurs politiques dans l'opposition, que des couacs s'élèvent. Gérard Collomb, dont le postérieur pèse à la fois sur un fauteuil sénatorial et sur celui de maire de Lyon, regrette de pas avoir son «mot à dire».

L'autre paire de fesses de protestataire appartient à François Rebsamen, sénateur maire de Dijon. Lui, d'après Le Monde, exige «une loi générale s'appliquant à tous». Moi, le Coucou, j'accepte d'ores et déjà que l'on m'interdise demain d'être conseiller général et député du Var: je suis vertueux par avance, puisque je n'ai aucun mandat. Monsieur Rebsamen nous prend pour des cons et voudrait sans doute nous refaire le coup de Sarkozy avec la taxe carbone: le non cumul des mandats, d'accord, mais quand il sera voté au niveau européen.

Ces deux plaisantins là, disent à voix haute ce que pense sans doute la très grosse centaine de cumulards du PS. La situation est donc la suivante: les militants, qui sont un peu ce qu'est le peuple par rapport aux élus divers, veulent la fin du cumul. Les gros et petits potentats politiques n'en veulent pas. S'ils l'emportent finalement, virons-les de force.

Ce qui m'amène à citer brièvement une lecture que m'a conseillé l'ami Poireau: devant le climat qui se dégrade dans le pays, certains conseilleraient à Nicolas Sarkozy de dissoudre l'Assemblée… C'est dans Le Temps helvétique. Ce serait un coup risqué, mais peut-être une tentation réelle pour notre autocrate numéro un. Ce quitte ou double lui permettrait de reconquérir au mieux une légitimité, au pire de rester à l'Élysée pendant que la gauche affronterait la crise, tout en étouffant provisoirement les risques d'embrasement du pays… Si cela se produisait, le P-S pourrait être pris de court: c'est là qu'il lui faudrait nous promettre la démocratie, sous peine de récolter notre colère dans les urnes.

* je voulais mettre en lien un texte d'Arf, sur sa veille bagnole, mais je n'ai pas réussi à le retrouver sur son blog… Peut-être aurez-vous plus de chance?

P-S je reproduis ci-dessous un communiqué du blogueur Fansolo, dont j'ai parlé plusieurs fois ici, tel que Gaël l'a déjà diffusé. On trouvera à cette adresse un résumé de l'affaire pour ceux qui ne la connaissent pas…
Communiqué de presse de Fansolo :

«Dans le litige qui m’oppose à M. Serge GROUARD depuis septembre 2008 (l'affaire du blog "les amis de Serge Grouard", créé en septembre 2007), perdu devant la cour d’appel d’Orléans le 22 mars 2010, j’ai décidé de me pourvoir en cassation.
Ce recours non suspensif m’oblige à verser à M. Serge GROUARD la somme provisoire de 9.776,29€ (4.103,60€ à titre personnel et 5.672,69€ es-qualité de Maire d’Orléans) pour l’avoir « dénigré ».
Au regard des graves atteintes à la liberté d’expression et aux droits fondamentaux qui se sont multipliés au cours de cette affaire, il apparaît désormais indispensable que la Cour de Cassation puisse enfin dire le droit.
La juridiction suprême se prononcera à l’aune des principes républicains qui fonde toute sa jurisprudence ; jurisprudence selon laquelle notamment « les abus de la liberté d’expression envers les personnes ne peuvent être poursuivis sur le fondement de l’article 1382 du code civil.»