Ce matin, Romain s'interrogeait et nous interrogeait dans son billet sur l'opportunité de rétablir le service militaire, ou du moins un grand service civil obligatoire pour les jeunes des deux sexes. L'opinion avancée par l'inspirateur de Romain est qu'il manque à notre société un instrument de cette sorte, capable de fournir aux jeunes, aujourd'hui livrés à l'individualisme, un sens du collectif…
S'il faut entendre par là qu'une telle expérience pourrait les imprégner d'un minimum de civisme pour vivre en république, je trouverais cette renaissance heureuse. Le service militaire d'autrefois, sur la fin, fonctionnait un peu comme un rite initiatique réservé aux garçons, il était aussi devenu au fil des ans pacifiques, vide de sens, ressenti comme une perte de temps absolue.
La raison en était sans doute que le contingent n'était plus reconnu comme une composante combattante des armées. Depuis de Gaulle, les gouvernements successifs n'avaient que l'armée de métier en tête, et le service national était considéré comme un énorme machin à bestiaux, où parquer les jeunes par respect des traditions. Quand il y avait encore des interventions militaires, elles se faisaient hors des frontières, où il ne pouvait être question d'envoyer le contingent. Les appelés se sentaient inutiles, enfermés dans cette parenthèse tenant davantage du folklore que de l'histoire.
Et pourtant, je trouve que le vieil idéal du peuple en armes était supérieur au concept de cette armée de professionnels que l'on nous a forgée —quelles que soient les qualités de celle-ci par ailleurs. Quand de Gaulle eut à faire face au putsch d'Alger, le contingent ne suivit pas les rebelles dont les appuis se trouvaient plutôt parmi les engagés, minoritaires. Une armée faite du peuple, réunie par devoir plutôt que par le rassemblement de projets de carrières, sied tout de même mieux à la République.
Mais enfin… Cela coûtait cher, paraît-il, beaucoup trop cher. Si bien que l'on imagine mal, en ces temps de vaches maigres, la renaissance d'un tel mythe. Un service civil obligatoire, oui, pourquoi pas ? À condition que personne n'y échappe, et que l'activité des jeunes qui s'y trouveraient incorporés leur procure le sentiment d'être utiles au pays…
Comme Romain a déjà tagué la moitié de la blogsophère, je ne vois pas à qui faire chausser les croquenots… Si quelqu'un de passage a des idées sur la question, qu'il (ou qu'elle) n'hésite pas !
S'il faut entendre par là qu'une telle expérience pourrait les imprégner d'un minimum de civisme pour vivre en république, je trouverais cette renaissance heureuse. Le service militaire d'autrefois, sur la fin, fonctionnait un peu comme un rite initiatique réservé aux garçons, il était aussi devenu au fil des ans pacifiques, vide de sens, ressenti comme une perte de temps absolue.
La raison en était sans doute que le contingent n'était plus reconnu comme une composante combattante des armées. Depuis de Gaulle, les gouvernements successifs n'avaient que l'armée de métier en tête, et le service national était considéré comme un énorme machin à bestiaux, où parquer les jeunes par respect des traditions. Quand il y avait encore des interventions militaires, elles se faisaient hors des frontières, où il ne pouvait être question d'envoyer le contingent. Les appelés se sentaient inutiles, enfermés dans cette parenthèse tenant davantage du folklore que de l'histoire.
Et pourtant, je trouve que le vieil idéal du peuple en armes était supérieur au concept de cette armée de professionnels que l'on nous a forgée —quelles que soient les qualités de celle-ci par ailleurs. Quand de Gaulle eut à faire face au putsch d'Alger, le contingent ne suivit pas les rebelles dont les appuis se trouvaient plutôt parmi les engagés, minoritaires. Une armée faite du peuple, réunie par devoir plutôt que par le rassemblement de projets de carrières, sied tout de même mieux à la République.
Mais enfin… Cela coûtait cher, paraît-il, beaucoup trop cher. Si bien que l'on imagine mal, en ces temps de vaches maigres, la renaissance d'un tel mythe. Un service civil obligatoire, oui, pourquoi pas ? À condition que personne n'y échappe, et que l'activité des jeunes qui s'y trouveraient incorporés leur procure le sentiment d'être utiles au pays…
Comme Romain a déjà tagué la moitié de la blogsophère, je ne vois pas à qui faire chausser les croquenots… Si quelqu'un de passage a des idées sur la question, qu'il (ou qu'elle) n'hésite pas !
16 commentaires:
Motion sustained !
Cette idée me trotte dans la tête depuis un bout de temps. Non seulement il faudrait que ce service civil procure le sentiment d'être utile au pays, mais il devrait leur être utile aussi (compter comme expérience professionnelle, par exemple).
ZapPow,
on est d'accord, cela devrait être utile dans les deux sens et ne pénaliser en aucune façon les jeunes astreints à une telle période.
Et merde, la blogosphère se nostalgise dans la fonction de se laisser tranquillou (guider?)marcher au pas.
On est mal barré.
17 jours chez ces australopithèques kaki et surtout un bras d'honneur général à la sortie m'ont donné un avant-goût de ce que pouvait être une résistance joyeuse et nécessaire à toute la débilité contenue dans l'humaine cervelle.
Mais c'est peut-être bien une question de génération.
MHPA a raison : il y a bien une question de génération...
J'ai fait partie d'un des derniers contingents (96/12) de l'ancienne formule, et je dois dire que tu décris assez bien ce qu'était devenu le service militaire à cette époque.
Mais cela avait encore le mérite, d'enseigner par des règles de vie simples, une certaine idée du savoir vivre ensemble, du respect mutuel par l'égalité de traitement. Et je crois que dans ce qu'est devenue notre société aujourd'hui, il y a un grand besoin de réhabiliter ses valeurs.
ces valeurs
Bonjour à tous ! Pas fait de service militaire ou civil mais quelques ex-"troufions" dans mon entourage... Pas de nostalgie mais l'idée qu'un service même plus court mais vraiment obligatoire pour tous, civil voire "civique", pourrait apporter sens du collectif et mixité sociale ? Pas forcément stupide...
Mike,
ou bien tu lis en diagonale, ou bien tu t'amuses à réduire ton commentaire à la caricature… Il n'y a aucune nostalgie là-dedans ! Je n'ai jamais été militariste, et il n'est nullement question de regretter le service militaire tel qu'il était devenu au moment de sa disparition. Néanmoins, je crois qu'un lien "charnel" manque désormais entre les citoyens et le pays, qui se nouait naguère par le passage dans l'armée. Un service civil bien conçu pourrait rétablir ce lien. Ce serait cher, mais il faudrait comparer avec le coût caché d'une jeunesse plus ou moins laissée à l'abandon…
Nicolas,
désolé, je ne suis pas d'accord. Ta réflexion est du niveau de la boutade. Notamment parce que je ne défends pas un apprentissage de la discipline —je me demande combien de "jeunes" blogueurs y seraient aussi réfractaires que moi ! Je regrette simplement l'absence de quelque chose difficile à définir, un "temps du don citoyen", au moment où la mentalité des jeunes gens serait la plus réceptive à l'idée d'une "fraternité" nationale —avant le déclin de sa générosité naturelle.
Stef,
je crois que nous sommes d'accord. Le mot "militaire" est sans doute de trop dans le constat qu'il manque aujourd'hui un "service" à rendre à la nation, par tout le monde. Et il n'est sans doute pas fou de conjecturer le bénéfice humain que la société pourrait tirer d'une institution quelconque visant à le remplacer.
Laurence,
merci de votre visite et de vos remarques. Rien à y ajouter, nous sommes d'accord.
Le Coucou,
Ma réflexion est bien du niveau de la boutade.
Je ne sais pas s'il faut un "temps du don citoyen" mais je crois qu'il faut un "temps du vie en collectivité".
Quand j'étais môme, je partais tous les étés (et souvent le week-end) dans des camps avec les Eclaireuses Eclaireurs de France (de mes 14 ans... à mes 30 ans) et je pense que ce genre de temps est important (vie en commun, respect de l'autre, liberté - plus qu'à école - mais respect des règles, ...).
Malheureusement les associations de scoutisme se cassent la gueule (mais je suis hors sujet). Mais ce genre de machin me semble important.
Nicolas,
ce n'est pas hors sujet, les mouvements de jeunesse étaient en phase avec cette formation à la vie en collectivité dont tu parles —puisque c'est cet aspect que tu retiens, et pourquoi pas. Je les ai pratiqués aussi pendant une brève période. Eux aussi manquent à la société, d'une certaine façon, surtout dans leur version laïque, comme les Éclaireurs, ou les Foulards Verts, ou je ne sais plus quoi encore…
D'accord avec MHPA pour les "australopithèques à képi" .
Après l'idée de mon copain Marc c'était surtout une service civil et mixte.
Captainhaka, encore un coup : il n'est pas question dans le billet de louer la formation militaire, ce qu'était sensé être le service militaire d'antan. Ce n'était d'ailleurs pas le sujet.
Romain, c'est ce que j'avais compris aussi.
Bonjour,
je viens de découvrir ce blog par le biais d'un autre et ce sujet me donne envie de réagir, parce que moi les notions de service, militaire ou bien civil, ça me cause des allergies.
Pour poser le truc, j'ai 27 ans, donc je n'ai jamais fais de service, juste la fameuse journée d'appel où l'on cherche à détecter les mecs bon pour s'engager à l'aide de tests pour le moins sommaires...
Je considère que j'ai été relativement bien éduqué, j'ai appris le respect d'autrui, la tolérance, j'ai subit ma part d'inégalité, et je pense pas avoir eu besoin d'un quelconque "service" pour y arriver.
En fait ce qui me dérange profondément, c'est l'idée de patriotisme qu'il y a derrière tout ça. Je suis français, c'est marqué sur ma carte d'identité, mais ça s'arrête là. Je n'ai pas de fierté de vivre dans ce pays, je n'ai rien à faire d'une nation ou d'un idéal s'y rapportant. Je suis complètement antimilitariste, et jamais je n'irais prendre les armes pour mon pays ou un autre.
Une phrase résume bien la profonde aversion que j'ai pour ce genre d'idée:
"lorsque l'homme se veut tel, il n'a qu'un seul devoir, l'insoumission"
ces histoires de rites initiatiques, rentre dans le rang et soit un bon citoyen, je peux pas... ça me fout la gerbe.
Veuillez m'excuser si mon propos parait un peu violent, j'ai juste voulu réagir à chaud sur ce sujet, sans pour autant me montrer irrespectueux.
Elessar,
j'ai partagé assez longtemps votre point de vue pour le comprendre, même si j'ai évolué là-dessus. Il ne faut pas réduire un service civil à l'apprentissage de la discipline. Ce qui fait un des principaux intérêt de ce genre d'organisation, c'est le brassage social qu'il permet —chose qui n'existe plus.
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