On ne peut dire aujourd'hui dans combien de temps cela arrivera, ni ce que sera exactement la mise en scène adoptée, mais il est facile d'en imaginer l'esprit. Sur le tapis rouge d'un escalier roulant accolé à la porte d'Air force one, ou bien sur le perron de l'Élysée, trois marches plus haut que l'illustre invité, Nicolas Sarkozy sera là, radieux. Légèrement penché de trois-quarts vers son hôte, un sourire affectueux foré dans l'épaisseur du fond de teint, il dira bien fort :
«On vous aime, Barack ! »
Et les cameramen de la Télévision officielle, ceux des télévisions tributaires aussi, n'en perdront pas une miette. Il est savoureux de savoir que notre autocrate et son entourage sont d'ores et déjà en train d'analyser les recettes électorales du prochain président des USA. Pour le moment, du prodigieux désir de changement, du besoin d'équité du peuple américain, les gagmen de l'Élysée n'ont rien appris. Ils se contentent de retenir qu'il faudra privilégier à l'avenir dans la communication publique le «divertissement» —traduction du mot entertainment. C'est, en somme, l'emballage d'une victoire éclatante qui les intéresse pour nous refourguer cinq ans de sarkozysme en 2012. On ne pouvait évidemment pas attendre de gens qui déchiquettent notre système de santé pour nous laisser sans défense devant les rapaces de l'assurance privée, qu'ils tirent leçon de la faillite de la société américaine sur ce terrain. Des motivations diverses et profondes de nos amis d'outre-Atlantique, ils n'apprendront rien non plus, ne s'intéresseront qu'aux nouvelles techniques de la publicité politique, afin de repérer les pratiques importables chez nous. À vrai dire, ils sont déjà au travail, attelés à transformer la nocivité de M. Sarkozy en bienfait pour le pays, aux yeux des crétins.
M. Delanoë pourrait bien se laisser tenter de faire de même, à l'Hôtel de Ville de Paris, qu'il soit ou non porté à la tête du PS —son succès me chagrinerait, personnellement, quelles que soient ses qualités humaines par ailleurs. Je nourrissais déjà à son égard de solides préventions, accordant davantage de confiance à Ségolène Royal pour instaurer la démocratie, un domaine où TOUT reste à faire, ou presque, en France. Ses récents propos complaisants sur la retraite à 70 ans ont achevé de me persuader qu'il n'est pas l'homme que je souhaite voir affronter un jour Nicolas Sarkozy. Côté mise en scène faussement humble, pourtant, il saurait se débrouiller. Tiens, je l'imagine nommant premier ministre notre Barack à nous, M. Kofi Yamgnane. On l'a passablement oublié, mais c'est un type bien, Kofi Yamgnane. Dommage qu'il ait choisi au PS le courant fabusien. Et drôle d'idée pour un type bien !
Cela m'amène à conclure ce billet en vous conseillant, si vous vous intéressez au congrès du PS, la lecture du nouveau site des Leftblogs. Nombre des blogueurs de ce groupe, accrédités auprès du PS, alimenteront le site en billets qui nous donneront un regard «de l'intérieur» du congrès, moins conventionnel que celui de la presse
«On vous aime, Barack ! »
Et les cameramen de la Télévision officielle, ceux des télévisions tributaires aussi, n'en perdront pas une miette. Il est savoureux de savoir que notre autocrate et son entourage sont d'ores et déjà en train d'analyser les recettes électorales du prochain président des USA. Pour le moment, du prodigieux désir de changement, du besoin d'équité du peuple américain, les gagmen de l'Élysée n'ont rien appris. Ils se contentent de retenir qu'il faudra privilégier à l'avenir dans la communication publique le «divertissement» —traduction du mot entertainment. C'est, en somme, l'emballage d'une victoire éclatante qui les intéresse pour nous refourguer cinq ans de sarkozysme en 2012. On ne pouvait évidemment pas attendre de gens qui déchiquettent notre système de santé pour nous laisser sans défense devant les rapaces de l'assurance privée, qu'ils tirent leçon de la faillite de la société américaine sur ce terrain. Des motivations diverses et profondes de nos amis d'outre-Atlantique, ils n'apprendront rien non plus, ne s'intéresseront qu'aux nouvelles techniques de la publicité politique, afin de repérer les pratiques importables chez nous. À vrai dire, ils sont déjà au travail, attelés à transformer la nocivité de M. Sarkozy en bienfait pour le pays, aux yeux des crétins.
M. Delanoë pourrait bien se laisser tenter de faire de même, à l'Hôtel de Ville de Paris, qu'il soit ou non porté à la tête du PS —son succès me chagrinerait, personnellement, quelles que soient ses qualités humaines par ailleurs. Je nourrissais déjà à son égard de solides préventions, accordant davantage de confiance à Ségolène Royal pour instaurer la démocratie, un domaine où TOUT reste à faire, ou presque, en France. Ses récents propos complaisants sur la retraite à 70 ans ont achevé de me persuader qu'il n'est pas l'homme que je souhaite voir affronter un jour Nicolas Sarkozy. Côté mise en scène faussement humble, pourtant, il saurait se débrouiller. Tiens, je l'imagine nommant premier ministre notre Barack à nous, M. Kofi Yamgnane. On l'a passablement oublié, mais c'est un type bien, Kofi Yamgnane. Dommage qu'il ait choisi au PS le courant fabusien. Et drôle d'idée pour un type bien !
Cela m'amène à conclure ce billet en vous conseillant, si vous vous intéressez au congrès du PS, la lecture du nouveau site des Leftblogs. Nombre des blogueurs de ce groupe, accrédités auprès du PS, alimenteront le site en billets qui nous donneront un regard «de l'intérieur» du congrès, moins conventionnel que celui de la presse
5 commentaires:
Ton billet est doublement "déprimant".
Il nous rappelle d'abord que tout n'est que communication (et que nos beaux plans pour imaginer un monde meilleur ne servent à rien).
Il nous rappelle ensuite que le PS est loin d'avoir compris ce qui pourrait le mener à la victoire (ça me rappelle les élections dans mon patelins natal où les socialos avait décidé de faire une campagne propre contre un maire sortant qu'il aurait été facile de casser).
@ Nicolas
Et qu'est-ce-qui pourrait mener le PS à la victoire ? Dray 1er secrétaire ? ;)
Fabrice,
Si j'avais la réponse !
Mais quand je vois un chef socialo par jour faire une grosse faute de communication.
Ce congrès devrait être l'occasion pour le PS de rebondir sur l'élection d'Obama, l'unité et tout ça : la fin d'un ultraconservatisme, la "vision" d'un monde meilleur, la fin des dérives ultrasécuritaires et un tas de truc.
Non ! Hier, Delanoë "justifie" la retraite à 70 ans et aujourd'hui Ségolène Royal propose "d'acheter" les votes.
Dray, premier secrétaire, pourrait peut-être permettre de remettre les socialos au boulot (j'ai bien dit "peut-être", ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit)... Mais non ! Les fanatiques de Ségolène Royal (voir par exemple le billet du jour d'Irène Delse) voient dans la dame la personne qui pourra nous jouer le rôle d'Obama en France.
C'est grotesque mais je m'énerve et le commentaire va être trop long !
Je dois dire que je te rejoins sur ce sombre constat, Nicolas. Sans aller jusqu'à dire que la proposition de S.R. revient à "acheter les votes" —il me semble qu'il devrait être trop tard pour modifier les règles—, on assiste ces derniers jours à un d'étranges déraillements dans la communication des candidats du PS.
@ Nicolas
Moi je crois que le PS devrait surtout arrêter de "rebondir" sur l'évènement du moment et se mettre à orchestrer le concert plus qu'à courir après le 1er violon...
Parce qu'au final, les fautes de communication, ne sont-elles pas justement dues au fait de courir après l'évènement pour "exister en dernier à la TV", quitte à dire n'importe quoi ?
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