L'autre jour, le journaliste du Journal eut l'honneur d'un entretien public avec Nicolas 1er, devant le pays entier, pareillement extasié du nord au sud, tel un seul spectateur devant son poste réglementaire*. Ce fut très beau: les ors du palais jetaient leurs feux, sur un fond d'oriflammes de Nicomée. Le Bien-aimé a souri d'abord à son peuple, le regardant droit dans les yeux, les siens comme embués d'affection paternelle.
«Mes bons Franchois, a-t-il commencé, faut pas se cacher derrière son petit doigt: je sais que cet hiver vous avez froid aux pieds, sans souliers dans la neige…C'est pas tolérable! Alors, moi, j'ai ordonné au premier sapir de placer à la caisse d'épargne le produit de la taxe sur les chaussures. Et tenez-vous bien! Les intérêts serviront intégralement à l'achat de vitamine C et d'huile de foie de morue. In-té-gra-le-ment, du jamais vu! Et c'est pas fini: ces bonnes choses seront, dès que possible, distribuées gratuitement aux Franchois les plus pauvres»…
Quand on connaît la placidité habituelle du journaliste, assez bovine, on ne peut que s'amuser au souvenir de la stupéfaction admirative peinte sur sa face durant cet exposé. Le Bien-aimé, ayant terminé, le ramena soudain à son pâturage, l'invitant à poser des questions, s'il en avait.
«Non, sire… Enfin, si, une petite, bredouilla le journaliste. Votre majesté peut-elle nous dire quand se fera la distribution?
—Je l'ai dit, coco, faudrait un peu écouter! Dès que possible… Il faut d'abord que la tempête de neige se calme, pour le moment les routes sont bloquées. Et puis, il faut aussi que les intérêts soit versés à ma cassette. Disons que l'hiver prochain on devrait peut-être y voir plus clair… Autre chose?
—Sire, on raconte que vous projetez d'interdire aux communes de taxer les cravates de soie… Est-ce le cas?
— L'impôt local sur les cravates est injuste! Il décourage l'élite de ce pays, la plus travailleuse, de bien s'habiller. Tu trouves ça normal?
— Heu, sire… C'est avec cet argent que les villes et villages paient les cantonniers et les gardes champêtres… Comment feront-ils?
— Eh bien, ils créeront un impôt sur le méthane…
— Le méthane, majesté?
— Sur le pet, si tu préfères, coco. Chacun y sera assujetti en fonction de ses habitudes alimentaires: celui qui mange des fayots paiera davantage que le consommateur de haricots verts extra-fins rangés à la main. Ce sera infiniment plus juste et plus utile. Il est temps de penser à l'avenir de la planète et de lutter contre le réchauffement climatique. Quoi d'autre?
—Une dernière question, sire: êtes-vous satisfait de votre nouvel avion Nico One ?
— Très! Avec Lala nous avons choisi nous-même les papiers peints et la moquette, il est très réussi. Les Franchois peuvent être fiers: désormais, quand nous atterrirons dans un pays étranger à bord de Nico One, nous leur ferons honneur!»
«Mes bons Franchois, a-t-il commencé, faut pas se cacher derrière son petit doigt: je sais que cet hiver vous avez froid aux pieds, sans souliers dans la neige…C'est pas tolérable! Alors, moi, j'ai ordonné au premier sapir de placer à la caisse d'épargne le produit de la taxe sur les chaussures. Et tenez-vous bien! Les intérêts serviront intégralement à l'achat de vitamine C et d'huile de foie de morue. In-té-gra-le-ment, du jamais vu! Et c'est pas fini: ces bonnes choses seront, dès que possible, distribuées gratuitement aux Franchois les plus pauvres»…
Quand on connaît la placidité habituelle du journaliste, assez bovine, on ne peut que s'amuser au souvenir de la stupéfaction admirative peinte sur sa face durant cet exposé. Le Bien-aimé, ayant terminé, le ramena soudain à son pâturage, l'invitant à poser des questions, s'il en avait.
«Non, sire… Enfin, si, une petite, bredouilla le journaliste. Votre majesté peut-elle nous dire quand se fera la distribution?
—Je l'ai dit, coco, faudrait un peu écouter! Dès que possible… Il faut d'abord que la tempête de neige se calme, pour le moment les routes sont bloquées. Et puis, il faut aussi que les intérêts soit versés à ma cassette. Disons que l'hiver prochain on devrait peut-être y voir plus clair… Autre chose?
—Sire, on raconte que vous projetez d'interdire aux communes de taxer les cravates de soie… Est-ce le cas?
— L'impôt local sur les cravates est injuste! Il décourage l'élite de ce pays, la plus travailleuse, de bien s'habiller. Tu trouves ça normal?
— Heu, sire… C'est avec cet argent que les villes et villages paient les cantonniers et les gardes champêtres… Comment feront-ils?
— Eh bien, ils créeront un impôt sur le méthane…
— Le méthane, majesté?
— Sur le pet, si tu préfères, coco. Chacun y sera assujetti en fonction de ses habitudes alimentaires: celui qui mange des fayots paiera davantage que le consommateur de haricots verts extra-fins rangés à la main. Ce sera infiniment plus juste et plus utile. Il est temps de penser à l'avenir de la planète et de lutter contre le réchauffement climatique. Quoi d'autre?
—Une dernière question, sire: êtes-vous satisfait de votre nouvel avion Nico One ?
— Très! Avec Lala nous avons choisi nous-même les papiers peints et la moquette, il est très réussi. Les Franchois peuvent être fiers: désormais, quand nous atterrirons dans un pays étranger à bord de Nico One, nous leur ferons honneur!»
*poste réglementaire, rappel: seuls les appareils préréglés pour recevoir Télé-Nicolas-Première sont autorisés sur le territoire.
10 commentaires:
En Bretagne, on ne capte pas.
Nous non plus, on n'a pas la bonne antenne à la maison.
Très drôle ! J'espère que vous ne serez jamais nommé Premier ministre, mais c'est très drôle.
Didier, merci, et rassurez-vous: celui qui pourrait faire de moi un Premier ministre n'est pas prêt de sortir de son asile psychiatrique!
@coucou
Bah tu n'as rien loupé ! 1h30 de courbettes et de flatterie d'un coté et 1h30 d'autosatisfaction et de prétention de l'autre...
Très drôle en effet cet article.
beaucoup rigolé coucou
Comme dirait Coluche "le plus dur pour les hommes ploitiques, c'est d'avoir la mémoire qu'il faut pour se souvenir de ce qu'il ne faut pas dire"... en bref, parler pour ne rien dire !!!
Il est des paroles qui caressent le poil dans le bon sens et des écrits qui le redresse.
b.mode, j'en étais sûr!
Circé, Peuples : merci à vous deux!
Bérénice, je ne dirai pas que Coluche avait toujours raison sur les politiques, mais il visait souvent juste.
Gipé: ouf, au premier coup d'œil de lecture, j'ai eu peur…
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