Le Nouvel Obs.com donne écho aux propos d'Henri Guaino, qui a notamment accentué ce matin sur France Inter sa défense de Brice Hortefeux. Qu'il soutienne celui-ci n'est ni étonnant, ni vraiment scandaleux, puisque d'une part les deux hommes sont du même camp, et de l'autre, si scandale il y a dans cette attitude, il passe presque inaperçu, dilué qu'il est dans le vrai scandale, celui soulevé par B. Hortefeux.
Ce qui est beaucoup plus dérangeant, ou qui, en tout cas me dérange, ce sont les termes dans lesquels M. Guaino a exposé cette défense.
Après avoir parlé «d'invraisemblable chasse à l'homme» et de «véritable lynchage médiatique», il bâcle en quelques phrases outrées le procès d'internet et avertit qu'il faudra un jour le réguler.
«Il ne peut pas y avoir de zone de non-droit, de zone de non-morale. Il ne peut pas y avoir de zone qui échappe à toutes les obligations, les exigences sociales.»
Pour ce qui est de la chasse à l'homme, on pourrait une fois de plus rappeler à M. Guaino que les propos incriminés du ministre de l'intérieur, platement racistes, mais parfaitement identifiés comme tels, tombent sous le coup d'un interdit que M. Hortefeux a lui-même défini le mois dernier: aucun propos raciste ne peut être tenu par un représentant de l'état. Un préfet en a perdu son poste.
D'autre part, internet, est un prolongement de la société, ni plus ni moins. Le droit, la loi y sont respectés ou bafoués de la même manière qu'ils le sont dans la vie courante. Lorsque des méfaits y sont commis, la sanction en frappe les auteurs tôt ou tard, comme partout. L'internet qui dérange M. Guaino est le lieu où s'expriment les citoyens ordinaires, et l'on devine bien sous les menaces de ce monsieur que le pouvoir se préoccupe de museler les citoyens trop bavards.
Pourtant, qui aura relevé ce qu'il y a de choquant dans le fait qu'un bonhomme sans mandat, que son emploi précaire de conseiller du président ne saurait investir de la moindre autorité sur les Français, se permette de menacer la communauté des intervenants du Web? Et cela avec un vocabulaire d'inquisiteur, visant à fourrer sournoisement dans le même sac les escrocs (pas plus nombreux que dans la cité), les pornographes (idem), et les citoyens donnant leur avis sur les gens de son espèce. Bien entendu, ces «paroles citoyennes» ne volent généralement guère plus haut qu'un comptoir de bistro —M. Guaino souhaite-t-il définir le droit de conversation dans les bistros? Cela s'est fait dans le passé, sous diverses dictatures européennes.
Cela m'amène à m'indigner de ce que M. Guaino, donc ulcéré de l'irruption d'internet et des internautes dans la vie politique, ait pu parler d'une «société qui vire au totalitarisme». Pour un homme œuvrant dans les coulisses de la présidence la plus autoritaire et abusive que l'on ait connue depuis longtemps, cela ne manque pas de culot!
Ce qui est beaucoup plus dérangeant, ou qui, en tout cas me dérange, ce sont les termes dans lesquels M. Guaino a exposé cette défense.
Après avoir parlé «d'invraisemblable chasse à l'homme» et de «véritable lynchage médiatique», il bâcle en quelques phrases outrées le procès d'internet et avertit qu'il faudra un jour le réguler.
«Il ne peut pas y avoir de zone de non-droit, de zone de non-morale. Il ne peut pas y avoir de zone qui échappe à toutes les obligations, les exigences sociales.»
Pour ce qui est de la chasse à l'homme, on pourrait une fois de plus rappeler à M. Guaino que les propos incriminés du ministre de l'intérieur, platement racistes, mais parfaitement identifiés comme tels, tombent sous le coup d'un interdit que M. Hortefeux a lui-même défini le mois dernier: aucun propos raciste ne peut être tenu par un représentant de l'état. Un préfet en a perdu son poste.
D'autre part, internet, est un prolongement de la société, ni plus ni moins. Le droit, la loi y sont respectés ou bafoués de la même manière qu'ils le sont dans la vie courante. Lorsque des méfaits y sont commis, la sanction en frappe les auteurs tôt ou tard, comme partout. L'internet qui dérange M. Guaino est le lieu où s'expriment les citoyens ordinaires, et l'on devine bien sous les menaces de ce monsieur que le pouvoir se préoccupe de museler les citoyens trop bavards.
Pourtant, qui aura relevé ce qu'il y a de choquant dans le fait qu'un bonhomme sans mandat, que son emploi précaire de conseiller du président ne saurait investir de la moindre autorité sur les Français, se permette de menacer la communauté des intervenants du Web? Et cela avec un vocabulaire d'inquisiteur, visant à fourrer sournoisement dans le même sac les escrocs (pas plus nombreux que dans la cité), les pornographes (idem), et les citoyens donnant leur avis sur les gens de son espèce. Bien entendu, ces «paroles citoyennes» ne volent généralement guère plus haut qu'un comptoir de bistro —M. Guaino souhaite-t-il définir le droit de conversation dans les bistros? Cela s'est fait dans le passé, sous diverses dictatures européennes.
Cela m'amène à m'indigner de ce que M. Guaino, donc ulcéré de l'irruption d'internet et des internautes dans la vie politique, ait pu parler d'une «société qui vire au totalitarisme». Pour un homme œuvrant dans les coulisses de la présidence la plus autoritaire et abusive que l'on ait connue depuis longtemps, cela ne manque pas de culot!
23 commentaires:
Ce monsieur ferait bien de balayer devant la porte de ses maîtres avant d'ouvrir la bouche.
La zone de non-morale, ce n'est pas sur internet qu'elle se situe en l'occurrence.
Heureusement qu'on a le web et les blogs, ça nous change des médias serviles et complaisants.
Madame.b,
d'accord avec vous sur l'essentiel, mais il ne faudrait pas oublier que presque tout ce dont nous parlons sur internet nous vient des médias. Même la fuite de la vidéo d'Hortefeux, par exemple, nous vient d'un caméraman professionnel, et d'une chaîne officielle.
j'ai été stupéfait d'entendre ce matin les mêmes commentaires déplacé du Mont-Blanc de sarkozy sur France inter. c'est la tournée des popotes. Et il faut dire qu'ils s'en sortent bien (encore une fois) !
Les comptoirs de bistros disparaissent . Et surtout en Provence ce qui subsistait, il y a peu sous le nom de "cercles républicains" - bistros uniques en France... En reste -t-il quelque trace à Clavier comme à Villecroze ou Chateaudouble par exemple?...: mieux que le mot russe de "bistro".. Allez, on va m'accuser de xénophobie...
Pour être plus sérieux: que le vrai pouvoir ne soit plus ministériel mais qu'il soit dans les mains de quelques "sbires" qui n'ont aucune onction démocratique, c'est en effet le vrai scandale Le gouvernement n'existe pas: Seul un homme et ses hommes de l'ombre qui n'ont pas à répondre devant le peuple! Démocratie?
Si ça continue va falloir que ça cesse.
(t'as vu, j'excelle dans le commentaire politique moi!)
mince arf a pris mon commentaire intelligent...
c'est curieux ce retour de Guaino... on l'entendait plus trop, c'est que ça sent le roussi sur la communication ou c'est pour remplacer un peu lefebvre ?
Peuples,
la tournée, en effet, ce qui prouve qu'il y a péril en la demeure. Donc, il leur faudra quelques jours de plus pour s'en sortir vraiment… (dit pas de mal des Mont-blanc, j'en ai un qui n'a jamais rien écrit de favorable à N. Sarkozy)
Hermes,
mais oui, nous avons le "Cercle de la fraternité", dont j'ai eu plusieurs fois l'occasion de parler, surtout dans les premiers temps du blog. Néanmoins, le cercle le plus républicain du canton, où survivent le mieux les traditions, c'est celui de Montferrat.
On n'avait jamais vu auparavant les conseillers du président avoir autant de pouvoir: encore une bonne raison pour H.G. de tenir sa langue avant de parler de "totalitarisme"…
αяf,
brillante réflexion que je partage! Mais
fait gaffe quand-même: ici, pas d'insultes ou d'outrages dans les commentaires !
Gaël,
ça doit être les deux: ça sent le roussi et Lefebvre est fatigué (ou il n'a plus le micro, je n'ai pas tout suivi).
Je suis d'accord avec vous. Ils dégoulinent tellement de racisme que ça transborde à leur moindre diction non lue.
Oui parler de totalitarisme est un comble...
Sacré Mercure (Hg)! Toujours à nous faire rire !
Quand on pense qu'il y a 220 ans, un régime "de droit divin" fut viré brutalement des cercles du pouvoir pour être remplacé par une République à qui on doit entre autres la Laïcité et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Et aujourd'hui, que voyons nous ? Un vague gang de quatre ou cinq personnes, sans mandat électif ni volonté du peuple, quasiment tous issu de groupuscules d'extrême droite, gouverne la France et faut preuve d'un autoritarisme de jour en jour plus marqué, maniant la menace et usant des forces de l'état pour faire exécuter ses desiderata, je rêve !
En fait ça tourne plutôt au cauchemar.
"fait preuve", pas "faut preuve"
Il n'est pas le seul à l'UMP à vouloir "réguler" Internet. Pour l'un (Jean-François Copé) il y a trop de libertés sur Internet, pour l'autre (Nadine Morano) c'est dangereux !
Après HADOPI, que vont-ils prendre comme autres mesures ?
Ils ont tort de vouloir rogner sur la liberté d'expression de ce support. Pour certains, c'est une soupape de pouvoir s'exprimer sur Internet. Que vont-ils faire s'ils n'en ont plus la possibilité ?
Ils n'y connaissent rien...
Et dire que ça a fait l'ENA...
Ah la morale de monsieur Gaino ... toute une histoire !
L'ennui pour un dictateur, c'est qu'il ne supporte de contestation nulle part. Alors, le Web, espace de liberté, c'est trop, pensez-vous ! Ce genre de lieu n'a le droit d'exister que comme moyen de propagande supplémentaire pour ces gens qui ne sont que les chefs de leurs chaussures, quand ils ont les pieds dedans.
Tiens, ce billet m'avait échappé ! Bordel.
Hermes,
"Les comptoirs de bistros disparaissent". Non. Ca a été vrai mais le phénomène inverse est en train de se produire : les brasseries qui avaient supprimé leurs comptoirs sont en train de les remettre (ils se sont rendu compte que leur stratégie était mauvaise : le comptoir fait un bien meilleur chiffre d'affaire au mètres carré qu'une salle).
Mais je suis hors sujet. Ca apprendra au taulier à parler des bistros.
Taulier,
Tu as raison. Mais ce que je trouve le plus délirant c'est bien qu'Internet soit attaqué alors que le film a été fait par du personnel des chaînes parlementaires et surtout que c'est un média traditionnel qui l'a diffusé (sur son site Internet, c'est vrai).
Hortensia, Stef, Le-gout-des-autres, Fleche, Homer, Dr No, Babelouest, Nicolas,
merci de vos commentaires, je n'ai pas le temps de répondre maintenant. Je le ferai dès que possible…
Hortensia,
amusant, et affûté des deux côtés… ;-)
Stef,
c'est ce qui aurait mérité des réactions plus vives dans les médias!
Le-gout-des-autres,
il y a tout de même un aspect encourageant là-dedans: leurs postes sont équipés de sièges éjectables. Il n'est pas exclu qu'en allant trop loin, l'un d'eux ne puisse être expulsé quelque jour plus facilement qu'un ministre.
Fleche,
je me demande si l'UMP compterait un seul défenseur du Web. En effet, internet est une soupape de sécurité —c'est aussi sa faiblesse—, dont le pouvoir n'a pas encore mesuré l'intérêt.
Homer,
l'ENA est une école d'administration, pas tellement de démocratie.
Dr No,
tu devrais nous la raconter, l'histoire!
Babelouest,
ils "ne sont que les chefs de leurs chaussures, quand ils ont les pieds dedans", j'aime bien! :-))
Nicolas,
à Draguiignan, la grande ville du coin, j'ai vu fermer plusieurs bistros, aucun n'a encore réouvert.
Idem pour l'histoire du coup dans le nez de M. Borloo : vrai ou fausse, l'info a été lancée par le "Canard", un média normal…
Le problème n'est pas tant Guaino mais l'opération souterraine (il y a peu) et qui se dévoile toujours un peu plus chaque jour qu'Internet serait un lieu de perdition, de mensonges, de crapuleries en tous genres. Derrière cette représentation d'Internet, il y a une volonté du Pouvoir de mettre au pas ( ou sous sa coupe) l'espace possible de démocratie qu'ouvre le Net et d'y mettre le plus de contrôle possible. Ce matin, Philippe Val, patron de France-Inter, a laissé ses journalistes commencer son 7-9 sur les méfaits d'Internet. Hier, on stigmatisait une élève ( exclue de son collège) parce qu'elle réagissait via le Net contre la décision d'un Proviseur d'interdire les shorts aux filles dans l'enceinte du Collège. Etc...
A bibientôt
Bibi,
oui, il est de plus en plus évident que par petites touches, attaques successives, le pouvoir sarkozyste prépare une mise sous contrôle d'internet. Quant à Philippe Val, on peut tenir pour assurer qu'il partage à la lettre le point de vue d'un H. Guaino…
Bravo de suligner encore l'absence de légitimité d'un Guaino. En quelque sorte, il a autant d'autorité légale qu'un client de bistrot un peu raciste et un peu aigri !
:)
M. Poireau,
H. Guaino, C. Guéant…, c'est une sorte de gouvernement occulte. Et H. Guaino avec ça qui ose parler de "totalitarisme"!
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