Affichage des articles dont le libellé est guerre. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est guerre. Afficher tous les articles

jeudi 17 décembre 2009

Frédéric Lefebvre en va-t-en-guerre

Grosso-modo, cela fait trente ans que l'Afghanistan est en guerre. En réalité, les luttes armées avaient débuté bien avant, dans la foulée du coup d'état communiste de 1973, la révolte gagnant peu à peu les provinces. Officiellement, c'est néanmoins en 1979 avec la lutte des Afghans contre les Soviétiques, que l'on fait plutôt démarrer la guerre, soit tout juste trois ans après le décès d'André Malraux… Je parle de ce dernier parce que, s'il avait vécu, nul doute qu'il aurait eu des tas de choses à dire là-dessus, des proclamations à faire… J'y reviendrai dans un instant.

Donc, trente années de violences presque ininterrompues dans ce malheureux pays… Il faudrait s'étonner que les jeunes gens nés dans cet enfer en aient ras-le-bol? Il faudrait leur reprocher de se désintéresser des luttes de chefs de guerre, des dirigeants pourris qui se servent de leur peuple comme d'un tas de viande à débiter pour la bonne continuation de leurs affaires? Que non, bien sûr! Ceux qui ont la volonté d'échapper à ce chaos méritent le respect.

Il n'est pas question dans mes propos de notre présence militaire là-bas, de la nécessité qu'ont cru identifier nos gouvernements de juguler le terrorisme islamiste qui s'y trouvait chez lui. Personnellement, je ne suis pas le moins du monde ému par le sort des Talibans, ces alliés d'Al-qaida, mais c'est une autre histoire.

Je veux simplement parler du droit absolu de tout être humain de rester maître de sa vie, de celui des jeunes gens afghans réfugiés chez nous de refuser d'être de la chair à mitraille. Notre ministre de l'indignité nationale ayant récemment expulsé vers Kaboul neuf de ces réfugiés, un drôle de débat s'est fait jour, alimenté par les réflexes de coercition de vieux scrogneugneux s'exprimant sur internet. Ces militaires à la retraite nous resservent le couplet éculé de nos soldats "allant se faire trouer la peau en Afghanistan pour défendre les droits de l'homme", pendant que ces insoumis viennent se prélasser chez nous…

D'abord, nous ne sommes pas là-bas pour défendre les droits de l'homme, ce n'est pas le genre de Nicolas Sarkozy, on le sait. Nous y sommes allés pour riposter à l'agression d'Al-qaida contre nos alliés Américains, envers qui nous avons une dette de guerre. Nous y sommes pour en découdre si possible avec les terroristes et les éradiquer. La libération des Afghans de l'obscurantisme n'est qu'un moyen de plus d'y parvenir, hypothétique, à côté de la guerre. Reprocher à ces jeunes d'avoir envie de vivre, et de dire merde à tous les va-t-en guerre n'a aucun sens: ils prouvent simplement leur humanité.

C'est pourquoi, lorsqu'un personnage à la mentalité aussi controversée qu'un Frédéric Lefebvre, justifie l'expulsion des neuf réfugiés, par le fait que «dans la force de l'âge», il devraient assumer leur devoir…, on sursaute. Comment peut-il oser? Sans doute n'a-t-il pas beaucoup souffert dans sa vie, et surtout est-il incapable d'imaginer la souffrance des autres. M. Lefebvre est dépourvu d'imagination, il est l'homme sans étoffe d'un régime de vulgaires affairistes. Il n'est qu'un pâle avatar d'un gaullisme dénaturé, à qui on aimerait rappeler l'exemple d'André Malraux, histoire de le mettre au défi de l'imiter.

En 1971, moins de cinq ans avant sa mort, vieil homme à la santé chancelante, Malraux s'était enflammé pour la cause du Bengladesh, en lutte contre le Pakistan afin d'arracher son indépendance. Il avait lancé un appel pour la constitution d'une Brigade Internationale, dont il s'offrait à prendre le commandement…

Monsieur Lefebvre, chaussez donc les tatanes du visionnaire, et levez au plus vite une brigade de volontaires pour la délivrance de l'Afghanistan. Prenez-en la tête, partez le front haut vers ces montagnes hostiles, et de grâce: n'en revenez pas!

P-S, à lire chez Reversus: «Estrosi, la palme de l’ignorance historique» … Le Père Noël commence à faire parler de lui, ça sent le renne à la broche Et bonne fête à Gaël !

lundi 5 janvier 2009

Guerre, douleur, et amusettes


Voilà maintenant plusieurs jours que je suis mal à l'aise en ouvrant ce blog, parce que je ne dis rien d'un sujet qui me préoccupe pourtant, comme tant de gens… La guerre entre les israéliens et les palestiniens de Gaza. Si ce conflit n'impliquait pas le Hamas, nul doute que j'écrirais ici mon indignation devant les victimes civiles, le paroxysme de calamité infligé à un peuple abandonné de tous. Il y a le Hamas, un parti politique religieux, qui comme tel m'inspire de l'antipathie, intégriste, source chez moi d'aversion. Son obstination à vouer Israël à la disparition, avec pour corollaire chez ce dernier pays la volonté de fer d'exister, condamne les deux peuples à une guerre sans fin. En cela, le Hamas me semble porter une responsabilité dans la guerre, autant que l'autre camp, poussé par des calculs électoralistes. Qu'on le veuille ou non, l'Histoire est passée sur cette terre et ces peuples, érodant les causes premières de l'affrontement. Ils n'ont d'autre alternative que d'accumuler indéfiniment les morts —toujours plus nombreux, ce qui n'exonère pas leurs dirigeants pour autant—, ou de faire la paix. C'est pour cela, une fois n'est pas coutume, que je me sens presque soulagé du remue-ménage diplomatique entamé par Nicolas Sarkozy. Puisse-t-il servir à quelque chose!


Le Monde m'a appris l'existence d'un appel à la générosité lancé sur Facebook par une jeune femme, Fanny Gamelin. Son père, chef d'entreprise à La Rochelle, s'est suicidé la veille de Noël, parce que son entreprise était en redressement judiciaire et qu'il n'avait plus les moyens de payer les salaires de ses 120 employés. 200 000 euros, ce n'est pas une petite somme, mais ce n'est qu'une goutte dans le montant des aides octroyées aux banques ces derniers temps. Les banques qui ont refusé cependant d'accorder le prêt nécessaire à Joël Gamelin pour s'acquitter de sa dette envers son personnel. On est en droit de se demander ce qu'attendent MM. Sarkozy, Fillon, et compagnie avant d'agir, mais pendant ce temps, 120 personnes sont sans le sous
Je trouve que Mlle Fanny Gamelin mérite d'être soutenue. Elle a écrit en plusieurs langues : «Si 200 000 personnes font un don d’1€ symbolique, les salaires pourront être versés à 120 familles, pour vivre pour le mois prochain.»


Dans un tout autre domaine, histoire de me faire plaisir, j'informe mes lecteurs que ce blog est classé ce mois-ci au 27e rang des blogs politiques par Wikio, et 171e au classement général, toutes catégories confondues.
De l'analyse du mois, j'ai retiré les principales indications suivantes :
1557 visites, par 884 «visiteurs uniques absolus», pour 3000 pages vues.
Provenance des visiteurs et lecteurs (j'espère) :
(direct) ((none)) 198
blogger.com (referral) 188
google (organic) 176 —j'ignore ce que signifient ces trois premières adresses…
quicoulol.blogspot.com 98
jegpol.blogspot.com 95
macao-levilainpetitcanard.blogspot.com 95
khalifatdekhanay.blogspot.com 63
serge-servais.blogspot.com 60
netvibes.com 58
wikio.fr 57
jegper.blogspot.com 47
lestroisgrobills.blogspot.com 34
netreader.vendredi.info 32
twitter.com 27
google.com 19
bouchedela.blogspot.com 18
daudavendauth.wordpress.com 18
lespriviliegiesparlent.blogspot.com 18
marsupilamima.blogspot.com 18
claviersensemble.jimdo.com 11

Merci à eux et à tous les autres —il faut bien s'arrêter quelque part!

boussole: Techno-science, Almanach Hachette 1922

mercredi 12 novembre 2008

Amnistier ou non les mutins de 1917

Hier, Nicolas Sarkozy s'est fendu d'un hommage à sa manière aux 675 fusillés pour l'exemple de la guerre de 14. Côté français bien entendu, puisqu'il y eut des mutineries au sein de toutes les armées impliquées dans le conflit. Lorsqu'il n'était que le secrétaire général du RPR, il avait pourtant critiqué sévèrement Lionel Jospin, premier ministre, alors tenté de passer enfin l'éponge sur cette tache de notre histoire. Je ne compte pas revenir là-dessus, d'autres l'ont fait très bien. Je voudrais simplement relever que, aujourd'hui Président de la République, M. Sarkozy est en position inconfortable pour effacer réellement ce passé, autrement que par quelques propos de compassion destinés aux descendants de fusillés. Je me demande qui pourrait prendre l'initiative d'une véritable amnistie, sachant que demain comme hier, «la discipline sera la force principale des armées». Autrement dit : sans faire injure aux boucheries futures et à la nécessité de perpétuer le souvenir, sinon la réalité, des valeurs du patriotisme, du sacrifice, de l'abnégation… Ça peut toujours servir. Bref, là-dessus, je me rends compte qu'un chef d'état doit porter un autre regard que le mien sur ce passé.
Ne devant rien à personne, je peux me permettre de penser que les paroles de M. Sarkozy sur «ces hommes qui n'ont plus eu la force de se battre […] avec leurs forces et leurs faiblesses…» ces paroles étaient à côté de la plaque. Les faibles, les résignés, étaient ceux qui, jour après jour, allaient se faire tuer, sans oser seulement murmurer leur écœurement. Il y avait bien sûr des vaillants disposés à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang, des types qui savaient ce qu'ils faisaient là, mais ils n'étaient pas les plus nombreux. Comme toujours, les plus nombreux maudissaient la guerre et fermaient leur gueule par peur. Il a fallu un sacré courage, au contraire, à tous les hommes qui se révoltèrent par régiments entiers au cours de l'année 1917. Des hommes qui ont eu la force de dire non.



PS: en rapport plus ou moins direct avec la guerre de 14, je vous signale un billet et une belle vidéo de Gaël : «Quelle connerie la guerre», ainsi que les réflexions de Mathieu à propos des commémorations et du rôle des historiens.