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jeudi 24 mars 2011

L'électeur Front National sort de la cave

Le dernier truc à la mode, c'est de se pencher avec une gravité teintée de mansuétude sur le cas de ces gens qui, débarrassés par Sarkozy de la honte de taire des pulsions fascisantes, donnent ouvertement leurs voix au Front National. Pulsions fascisantes, puisque ce qui les fait bander c'est l'idée de préférence nationale, l'exclusion de l'étranger bouc émissaire, la séduction d'une autorité se disant inflexible dans la «lutte» contre l'intrus musulman.

Précision : je ne suggère pas en creux que toutes les religions se valent : je n'en sais rien et n'éprouve aucune sympathie pour la religion musulmane, laquelle occupe à mon goût une place indécente dans la vie de nos concitoyens de cette confession —et partant, dans la vie publique. Cependant ma conviction est que ses extravagances dévotes s'useront au contact d'une république laïque, pourvu que celle-ci ne transige pas sur ses valeurs.

Donc, on remue avec compassion la bouillie cérébrale du nouvel électeur FN. À la mi-journée, France Inter nous donnait à écouter un spécimen ancien syndicaliste, ancien électeur de gauche, à l'expression pondérée. Un type normal, quoi, et certes pas une de ces outres pragmatiques de comptoir qui font souvent le bonheur de Nicolas dans ses blogs. Peut-être même pas un gros con, genre dans lequel Dedalus fourre toute l'engeance frontiste.

Lui les traite de cons, mais affirme ne pas les mépriser. Moi c'est le contraire, mon mépris est sans le moindre embarras, assuré qu'on me le rendra. Les électeurs du FN ne sont pas tous des primates, loin s'en faut, il en est beaucoup d'une évidente intelligence, mais tous sont les héritiers de la France de Vichy, c'est ma conviction depuis des années. Une France longtemps péteuse, qui se terrait dans son indignité, à laquelle la verve et le talent politique de Le Pen ont donné peu à peu de l'audace. Jusqu'à ce qu'arrive Sarkozy et ses apprentis sorciers, tel Guéant, qui, achevant le gaullisme et l'esprit de la résistance, lui font croire à présent qu'elle serait devenue honorable.

P-S : sur l'annexe : Pathos, Ithos, et Arrrachis (mousquetaires démontés).

vendredi 4 mars 2011

Sarkozy dans l'odeur de sainteté

Nicolas Sarkozy laboure son électorat, convaincu que rien n'est encore perdu pour accroître le rendement de suffrages à la prochaine présidentielle. Il fouille profond : l'identité nationale, l'insécurité, le débat sur l'islam et la laïcité, et puis hier, au Puy-en-Velay, le magnifique héritage de la chrétienté… Demain, quoi ?

Demain, ce pourrait-être sa présence aux cérémonies de béatification de Jean-Paul II, à Rome, nous dit Le Figaro. On n'a jamais vu de président de la République française laïque assister à une canonisation —le podium du paradis, vu d'ici bas… La participation de Sarkozy à cette sorte de qualification pour la finale que représente une béatification en paraîtrait d'autant plus incongrue.

Sans compter que le Vatican a prévu de faire de Jean-Paul II un bienheureux le 1er mai. Côté Église, il y a peut-être de la malice à avoir choisi cette date, mais le mois de mai est celui de Marie dont le défunt pape était dévot : cela reste dans sa logique. Côté, Élysée, par contre, s'afficher à Rome le jour de la fête du travail, symbole des revendications ouvrières, serait une provocation.

Si le projet de déplacement se concrétise, il faudra y voir un petit calcul électoral de plus dans la bravade. Sarkozy fera mieux que le Front National qui tiendra ce jour-là sa partie de patriotisme autour de la statue de Jeanne d'Arc. Il sera à Rome, lui, à se frotter au prestige de feu Karol Wojtyla, avec l'espoir de revenir en odeur de sainteté.

P-S : le classement politique Wikio de Mars est publié par CC —mon blog y regagne une place…

jeudi 3 décembre 2009

Sondages en stock

Ce n'est pas que ça me réjouisse, mais je suis un type un peu dans le genre de Nicolas Sarkozy: j'aime bien les sondages quand ils tombent dru et que ce n'est pas moi qui les paie. M. Sarkozy les aime plus que moi encore, il y est même accro au point d'avoir imaginé une combine pour continuer à s'en gaver aux frais du contribuable, tout en ayant l'air de diminuer le budget correspondant. Pourtant, il sait bien que ça lui fait du mal, qu'il risque une enquête des députés, et que les Français comprendront qu'il essaie de les manipuler. Seulement voilà, quand on souffre d'une addiction, on veut conserver son toxique quel que soit le danger. Tant pis pour lui…

Donc, finalement, moi aussi j'aime bien les sondages, et aujourd'hui je suis gâté. Avez-vous vu tout ce qui est tombé comme pourcentages et questionnements de l'opinion publique ces dernières heures? Tout ça parce que les Suisses ont fait rougir la moitié de l'Europe au moins… et en tout cas les 54% de Français qui seraient contre l'organisation d'un référendum sur les minarets.

Il est vrai que dans un autre sondage, 41% des mêmes Français font une majorité opposée à la construction de mosquées. On comprend bien que sans mosquée, il est inutile de voter pour ou contre les minarets. Où sont passés les 13% de différence entre les deux études? Sans doute dans la proportion de 19% favorables aux dites mosquées.

Un autre détail chiffré me donne envie de rire… jaune, celui du pourcentage des pourfendeurs de minarets (majoritaires) chez les partisans d'Olivier Besancenot : 48%. Comme on pouvait s'y attendre, les anciens électeurs ségolénistes et bayroutins sont quant à eux plus tolérants. Tant qu'à nous donner une indigestion de chiffres absurdes, les sondeurs auraient pu nous détailler les tabous architecturaux et religieux chez les villepenistes, les villieristes, et les différents courants du PS. Je n'en serais pas moins parvenu à la conclusion, que s'il me fallait choisir une compagnie de quelque importance pour finir mes jours sur une île déserte, je pourrais avoir du mal à la réunir dans ma famille de pensée naturelle, la gauche.

Cette salade de pourcentages démontre simplement que personne ne peut dire ce que l'on trouvera à l'arrivée du procès en identité nationale ouvert par Nicolas Sarkozy contre les «estrangers», les estrangers du dedans et ceux du dehors, comme on dit dans nos campagnes… Il voulait piquer des voix à Le Pen, il pourrait bien ouvrir à sa fille une voie royale vers l'avenir. Les Suisses, sans y songer bien sûr, auront bien aidé à pourrir l'atmosphère chez nous. Simplement eux, ils ont piqué une crise de démocratie, comme ils ont le privilège de pouvoir le faire. J'aurais aimé avoir la chance de pouvoir voter contre l'interdiction des minarets, c'est pour ça que je me refuse à crier au scandale devant leur votation. J'aime la démocratie.


P-S C'est à lire, Aventures en mer, et c'est chez Mtislav

vendredi 27 février 2009

Sortir de la crise avec Le Pen?

Jean-Marie Le Pen embouche une trompette du jugement dernier et nous annonce la fin de la globalisation libérale et cosmopolite. Mais une seule trompette ne suffit pas à foutre le monde en l'air, M. Le Pen n'est pas Dieu, quoique borgne comme lui —je rappelle aux ignorants que pour certains élus ou pécheurs impénitents, l'œil de Dieu s'inscrit au firmament dans un triangle isocèle, en l'absence de couverture nuageuse. Heureusement qu'il ne l'est pas, Dieu, car les prophéties et objurgations du patriarche frontiste font froid dans le dos.
Ainsi, afin de parer à la débâcle monétaire qu'il voit venir, préconise-t-il l'abandon de l'euro et le retour à notre bon vieux franc. Comme si nous n'avions pas été assez douloureusement éprouvés par le passage initial à la devise européenne, nous autres, gens ordinaires.
Quelques semaines avant l'euro, des tas de trucs de première nécessité, comme le pain, les cure-dents, la coupe de cheveux, le baril de bière, etc, avaient augmenté par précaution. Quelques jours après l'euro, le prix des mêmes produits recevait un petit coup de pouce destiné à l'arrondir à la hausse, par commodité. Les mois suivants, dans un bel élan pédagogique les marchands nous habituèrent promptement à l'idée qu'un franc ou un euro, c'était la même chose… Les prix d'une myriade de petits machins indispensables se trouvèrent multipliés par 6,55. On nous fit les poches, tandis que les menteurs institutionnels affirmaient avec aplomb que nous connaissions une stabilité des prix.
Dans cette zone trouble des petites arnaques passées plus ou moins inaperçues, on peut caser aussi la généreuse collecte des «pièces jaunes» patronnée par Mme Chirac et David Douillet. Au départ, à l'époque du franc, vous abandonniez une mitraille de centimes dont vous vous défaisiez sans arrière pensée. Aujourd'hui, le sentiment de se faire rouler dans la farine n'est pas déplacé: quand vous donnez dix cents d'euro, vous déboursez l'équivalent de 65 centimes de francs. Avec 50 cents, c'est 3,27 f que vous offrez. Pour être honnête et perpétuer l'esprit d'origine des «petits ruisseaux qui font les grandes rivières», cette campagne aurait dû s'intituler «pièces rouges».
Ceci dit, on peut se demander avec inquiétude ce qui se passerait dans le cas d'un retour à la monnaie nationale. Il ne fait guère de doute que nous serions détroussés une fois de plus. Non, merci, M. Le Pen.
Parmi les autres idées obsessionnelles de l'ogre de Saint-Cloud, figure bien entendu le renvoi des immigrés dans leur pays d'origine. La Gaule aux Gaulois: Jean-Marie Le Pen, s'il était élu président, pratiquerait sans doute l'ouverture à droite, à la Sarkozy, en nommant Eric Besson premier ministre…
Fermeture des frontières, protectionnisme, seraient aussi au programme. Et là, M. Le Pen a sans doute prévu de stimuler notre économie, réduite à ronronner sur elle-même, par la relance de l'armement? Parce que, n'est-ce pas, avec un retour à l'Europe des nations, le réveil de nos vieux démons serait assuré à brève échéance. Rien ne vaut une bonne vieille guerre pour sortir de la crise, allez…
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Avis: Balmeyer, son humour, ses billets savoureux sont de retour…