samedi 22 mars 2008

Machiavel au village

Acte I — 09 Mars 2008 : Premier tour des élections municipales.
Au village, 668 habitants, nous avons le choix entre deux listes de quinze personnes chacune, plus une candidate isolée. Il y a la liste du Maire sortant, «Pour Claviers avançons ensemble» , et la «Liste alternative» regroupant les mécontents de la gestion précédente, les ambitions inavouées, des protagonistes de querelles associatives obscures.
Le Maire sortant souffre d'un vrai handicap, des plus répandus parmi ses pairs français : un excès d'autorité, un tempérament volcanique. Comme j'entre moi-même aisément en éruption, il m'est arrivé de m'engueuler avec lui, mais ceci n'a guère d'importance à mes yeux : j'approuve l'essentiel de la gestion passée de son équipe, et humainement l'homme m'inspire un certain respect.
Comme je connais assez mal les membres de la liste adverse et que les propositions de celle-ci ressemblent davantage à un menu allégé qu'à un programme, je choisis de voter pour toute l'ancienne équipe sans panacher les listes ainsi que le permet notre statut de petit village.
À l'issue de ce premier tour, l'équipe sortante a eu sept élus, la liste «Alternative» adverse : deux.
Acte II —16 Mars 2008 : second tour des élections.
Pour le choix des six conseillers manquants, à mon grand dépit je n'ai pu voter au second tour (j'étais en déplacement professionnel et le temps m'avait manqué pour donner procuration à quelqu'un. Je reviendrai sur cela à une autre occasion).
Après dépouillement, la liste de l'ancien maire a obtenu neuf élus. Donc en théorie, la liste du maire sortant est majoritaire (9 élus contre 6 à l'opposition).
Acte III — hier soir, Vendredi 21 Mars, élection publique du maire.
La petite salle des fêtes est bourrée, on se presse au corps à corps, on se hisse sur la pointe des pieds pour apercevoir les élus assis à une table, à l'abri d'une barrière. Notre ancien maire, qui se trouve être le doyen du nouveau conseil municipal, nous inflige la lecture de la loi électorale. Il faut bien. Puis il se porte candidat, on s'y attendait… Mais voilà qu'un homme se lève… l'un des colistiers de notre ancien maire ! Là, demi-surprise, car une rumeur de trahison courait le village depuis le début de la semaine : l'homme se présente comme un candidat de consensus au poste de Maire, pour apaiser les tensions. Ouf ! faut oser !
Bon, on va passer au scrutin, et survient un petit, tout petit incident : un élu de la liste minoritaire, la tête pensante de celle-ci, demande que le vote ait lieu sur des bulletins pré-imprimés. Une exigence de pure forme, puisqu'elle est aussitôt acceptée et que les bulletins imprimés des deux bords sont prêts. Sur l'instant, cet incident m'étonne, mais j'ai l'esprit de l'escalier, hélas, je n'en comprendrai la raison qu'en m'endormant beaucoup plus tard.
Des bulletins imprimés permettent de garantir un relatif anonymat à celle ou celui qui trahit ses électeurs. Bien sûr on sait d'où sont venus les mauvais coups, tout le monde sait, mais personne ne peut vraiment le prouver, n'est-ce pas?
Nos élus passent à l'isoloir, enfilent leur enveloppe laborieusement dans la fente d'une boite à chaussures… Et puis on vide la boite, on compte méticuleusement. Suspense? Comment serons-nous chaussés administrativement les six prochaines années?
L'homme du consensus, le Brutus de l'ancien maire, est élu au premier tour avec les six voix de l'opposition «Alternative», plus deux trahisons. Enfin, peut-être est-il inélégant de parler de trahison dans le cas de Monsieur le Nouveau Maire qui a donc voté pour lui même, mais c'est tentant !
Ai-je été clair? En résumé, une fois installés au conseil municipal, deux traîtres ont renversé la majorité sortie des urnes en lâchant les leurs pour rallier la liste adverse.
Un problème se pose à moi : ma voix (plus combien d'autres?) a été détournée. ON a dépouillé mon vote, mon choix, de toute réalité. C'est un hold-up, une manifestation supplémentaire de l'immoralité dans notre vie politique qui n'avait pas besoin de ça. Et je ne pourrais rien y faire ? À voir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

(j'étais en déplacement professionnel et le temps m'avait manqué pour donner procuration à quelqu'un. Je reviendrai sur cela à une autre occasion).

LES EXCUSES C 'EST COMME LE TROUS DU CUL, TOUT LE MONDE EN A UN

Le coucou a dit…

Celui-ci me concerne :
publié comme exemple de commentaire insignifiant. JLF