samedi 31 mai 2008

Guéguerre de chiffres

Vous souvenez-vous de Pépin-le-Bref ? C'est ce maire du palais qui fonda la dynastie Carolingienne. Je pensais à lui, parce qu'à Claviers nous avons une sorte de maire du palais dans l'ombre du maire nouveau, en la personne du troisième adjoint —qui fut l'âme de la bataille des municipales dans le camp de la liste Alternative. Eh bien, notre troisième adjoint, éminence grise de la municipalité, déploie une activité remarquée contre tous ceux qui n'ont pas apprécié l'antidémocratique élection du maire. Il convoque les responsables d'associations dont il épluche méticuleusement les comptes, et n'hésite pas à leur demander de rembourser des frais de déplacements jugés par lui excessifs. Il est vrai qu'il s'agit là d'une réponse du berger à la bergère, sa propre gestion passée de l'office de tourisme ayant été contestée, fort imprudemment. Le maire du palais aurai-t-il l'intention de mettre nos associations à sa botte ? Imagine-t-il que nous le laisserons faire?

Peau de sécu

Assis du bout des fesses au bord de sa chaise, face au bureau qui le sépare de la Personne Qualifiée, M. Loiseau attend que celle-ci ait achevé la consultation du dossier. Son dossier, celui de M. Loiseau. Il a beau épier le visage lisse de la Personne, M. Loiseau, nul attendrissement n'y pointe à l'examen de son cas —ni dureté, d'ailleurs : sa fonction se passe de romantisme, voilà tout. Enfin, la Personne relève la tête et le regarde. «Alors ? dit-elle.
— Alors ? » répète M. Loiseau du fond de sa gorge.
«On est malade, en somme ? reprend la personne.
— On tousse un peu, presque rien, vous savez !» dit M. Loiseau qui tente ensuite un petit rire bénin. Ça lui déclenche une quinte grasse d'une demi-minute, tellurique. Quand il parvient à l'étouffer dans un mouchoir, la Personne, qui avait pris sa toux en patience, demande :
«Vous avez votre permis maladie ?»
M. Loiseau range le mouchoir, et fait mine de fouiller sa veste… Il répond, penaud :
«Aïe ! je l'ai oublié !
—On vous l'a retiré depuis un an, M. Loiseau,» lâche posément la Personne.
Il s'agite sur sa chaise, regarde ses souliers, et grommelle :
«Pour un lumbago ! C'était injuste ! »
La Personne, tête penchée vers son écran, énumère :
«Calcul rénal, abcès dentaire suivi de l'ablation d'une prémolaire, grippe sévère…
—Celle-là, c'était la faute de mon collègue de bureau qui me l'a refilée !
—Il fallait vous faire vacciner, les torts partagés ne jouent que pour des cas précis, comme la contamination par transfusion sanguine…
—Il n'était pas vacciné non plus, le collègue.
—Et pour couronner le tout, vous êtes fiché comme fumeur, M. Loiseau !
—Bon, ça va, je fais quoi, alors ?
—Portez-vous bien cinq ans, on vous rendra le permis maladie.
—Et si je casse ma pipe avant ?
—Allons, allons, M. Loiseau, ne soyez pas pessimiste ! Une cuillerée à café de miel, matin et soir, vous verrez, c'est épatant !»

vendredi 30 mai 2008

Réformer la constitution pour le peuple

En début de semaine, les élus socialistes à l'Assemblée Nationale ont finalement voté contre le projet de réforme des institutions, à l'unanimité. Ils ont donc décidé de faire pression sur le gouvernement pour obtenir des améliorations du texte final qui, sans la totalité des voix de la gauche, verts et communistes compris, n'a aucune chance d'être adopté lors du congrès réunissant l'ensemble du parlement. C'est encourageant qu'ils aient choisi de lutter jusqu'au bout, avec de réelles chances d'amender sensiblement le texte final. Toutefois, même si la démocratie parlementaire y trouvera un certain progrès, il ne faut pas oublier que l'on sera encore loin, très loin, d'une réelle démocratie, de la seule démocratie acceptable : le référendum d'initiative populaire, tel qu'il est envisagé est une véritable escroquerie. Un leurre destiné à distraire, croient-ils tous, l'exigence du peuple français de prendre une part directe et réelle à la marche du pays. On aimerait, pour accorder un poil de crédit aux belles paroles du PS, qu'il commence par nous promettre immédiatement d'introduire la démocratie participative la plus nette possible dans son programme… Enfin, quand le PS aura un programme. Pour l'instant, il n'a que des candidats.

L'héritage de nos grands anciens en péril

Sale temps pour les coqs, les cloches, et les insomniaques !
Des citoyens clavésiens viennent de lancer une pétition… pour contester la demande qui sera examinée au prochain conseil municipal, de supprimer la réplique des heures sonnées par le clocher durant la nuit —c'est à dire la seconde sonnerie, destinée à ceux qui ont mal compté les coups.
Je ne la signerai pas, pour plusieurs raisons :
— je n'habite pas au village et donc je suis incapable d'apprécier la gêne occasionnée aux personnes demeurant près de l'église ;
— bien qu'il m'arrive de compter les coups de cloche lointains pendant mes moments d'insomnie, je dispose d'une montre et de plusieurs réveils pour connaître l'heure exacte. Le clocher sonnant les heures, c'était un progrès technique par rapport au veilleur de nuit qui criait les heures pour nos ancêtres. Il répondait à un besoin aujourd'hui disparu ;
— c'est une tradition, certes sympathique comme le sont souvent les pratiques héritées des anciens, mais il vient toujours un moment où il est permis de se demander si elles n'occasionnent pas davantage de désagrément que de plaisir. Après tout, les clavésiens ont renoncé depuis un certain temps à aller cueillir le gui aux abords du dolmen de Perrien, lors du solstice d'hiver…
— le fait de diviser équitablement par deux nuisance et jouissance me semble un compromis acceptable.
J'ignore si j'ai tort ou raison, simplement, j'espère que tous nos élus s'efforceront de prendre leur décision en fonction de critères objectifs. Et je me permets d'exprimer ici, en restant poli, mon sentiment que le village et ses élus ont, dans leur élan rassembleur, d'autres évidences à faire sonner.

jeudi 29 mai 2008

Liberté d'expression ?


Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, ne sera pas jugé aujoud'hui en Grèce, son procès a été repoussé à une date indéterminée. Il est poursuivi avec deux autres personnes pour «injures». Son crime : avoir déployé, à Olympie, une banderole sur laquelle les anneaux olympiques étaient remplacés par des menottes, au moment ou un responsable chinois faisait un discours… Encore un pays où la liberté d'expression peut faire des progrès, la Grèce ! Plus…

Humeur

La politique, c'est ce qui concerne la cité, autrement dit la vie publique.
Quand M. Sarkosy a fait lever les médias à l'aube pour qu'on le voit serrer la pince des travailleurs lève-tôt, il a fait de la politique.
Quand M. Fillon se flattait d'avoir «gagné idéologiquement contre les 35 heures», il faisait de la politique.
Quand nous votons pour élire le président de la république ou nos députés, nous faisons de la politique.
Quand nous votons aux municipales pour choisir notre conseil municipal, nous faisons de la politique.
Quand la majorité municipale empêche l'opposition de se réunir à la mairie, elle fait de la politique.
Tous les actes de nos élus destinés à organiser ou désorganiser la vie de notre communauté sont politiques.
Tous nos espoirs, tous nos mécontentements, relatifs au pays comme à la communauté clavésienne sont politiques.
La politique c'est la vie.
En détournant les yeux de ce qui choque la morale publique, en restant passifs par crainte de s'exposer aux critiques, ou bien parce que l'on estime que les seules choses importantes sont celles qui nous touchent personnellement, nous négligeons à la fois notre devoir et nos droits ; ce faisant nous contribuons à l'affaiblissement de notre liberté, tant individuelle que collective.
Une municipalité apolitique, ça n'existe pas, comme «une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête*»… Cela signifie généralement qu'elle rassemble une majorité de conseillers gênés d'afficher leurs opinions de droite. Quand une liste se dit apolitique, elle ment.
Un élu digne de ce nom n'est pas seulement là pour marier des gens, signer des actes d'état civil, débattre de l'entretien des chemins, des cloches qui sonnent trop, etc., mais il est là aussi pour tenir compte de ce que pensent les citoyens de sa commune et réfléchir à l'opportunité de donner un écho à leurs préoccupations.
Que parmi ceux qui sont sensés nous représenter, pas une seule voix ne se soit élevée pour la défense des droits de l'homme dans un débat qui passionne d'innombrables citoyens, est navrant.
Que quelques pincées de villageois, heureux de leurs édiles tricheurs, puissent en toute illusion limiter notre proche avenir à une radieuse montée d'aïoli sur un fond de festivités vidées de sens, est grotesque.
A une municipalité aussi insipide qu'illégitime, on aimerait opposer une volonté citoyenne claire et forte.
*merci à Robert Desnos

mercredi 28 mai 2008

Contribution clavésienne

Je ne sais pas dans quel jardin je jette une pierre, mais je trouve qu'il manque à Claviers une médiathèque. Bargemon, Callas, Figanières, ont la leur, pourquoi pas nous ? Et cette médiathèque d'un village du vingt-et-unième siècle devrait être équipée de la wifi, afin que les voyageurs, les étrangers de passage, ou les clavésiens en panne d'internet puisse s'y connecter aisément, avec le minimum de formalités.
Autre contribution à l'inspiration de la majorité municipale et du syndicat d'initiative : ne pourrait-on installer au col de Boussaque un panneau publicitaire signalant aux touristes que nous sommes le seul village de France où le conseil municipal se déroule à pied-tanqué ?

Comment tripler le tarif des heures supplémentaires.

Bonne nouvelle pour tous ceux qui ont décidé de se lever à l'aube pour gagner plus en travaillant beaucoup plus : grâce à la transparence sur les gros salaires, ils vont avoir un point de repère utile dans la négociation du tarif des futures heures supplémentaires avec leur employeur. En effet, la comparaison des salaires fournit généralement de solides arguments à qui veut se lancer dans ce type de marchandage. Tenez, prenons le cas d'un ouvrier peintre en lendemains qui chantent —profession ingrate s'il en est, que de bosser dur au bonheur des autres, sans y prendre part. Sur la base des funestes 35 heures, cet ouvrier qualifié est actuellement payé au smic, soit 1308,88 € bruts par mois. Comme le carnet de commande du patron est bourré, et vu que notre homme est un vaillant, il serait d'accord pour peindre la vie en rose une cinquantaine d'heures par semaine, pourvu que le jeu en vaille la chandelle. Par exemple, si l'heure sup était payée le double, soit 8,63 x 2 = 17,26 €, ou mieux, le triple : 25,89 €. Pour le coup, il doublerait presque son salaire, notre peintre, et c'est fou la quantité de choses nouvelles qu'il pourrait faire avec toute cette thune sarkosienne —loué soit le nom de Sarkosy pendant 25,89 générations ! Je vous laisse imaginer la liste. Oui, mais voilà, comment négocier ce tarif idéal ? Eh bien, c'est très simple : il suffira de faire remarquer au patron qu'en 2007 les PDG du CAC 40 (les grandes entreprises cotées en bourse), ont augmenté leurs revenus de 58% ! Facile, non ? En 2007, lorsque notre petit peintre en lendemains qui chantent a gagné 15360 € bruts (le taux du smic horaire n'était alors que de 8,44), les patrons du CAC 40 ont empoché 161 millions d’euros. Bien sûr, pour ramasser cette jolie somme, les patrons en question ont pêché au chalut de tous les côtés, notamment en siégeant aux conseils d'administration de plusieurs sociétés : ce sont leurs heures supplémentaires à eux. Cent soixante et un millions d'euros. Soit ce que notre peintre vaillant pourrait accumuler en dix mille ans et quatre siècles… Franchement, avec un argument pareil, cet homme a son augmentation dans la poche, non ?
Source : L'Expansion

mardi 27 mai 2008

M. Fillon et les 35 heures

M. Fillon, notre premier ministre, s'est vanté récemment d'avoir «gagné idéologiquement contre les 35 heures»… Qu'il se méfie : en matière d'idéologie, à notre époque les victoires sont incertaines. Le progrès social est une attente profonde, gravement déçue depuis l'arrivée des années Sarkosy. Travailler plus longtemps pour un salaire à peine meilleur est une négation de l'idée de progrès. Nous vivons des temps où la robotisation des tâches ingrates pourrait presque être généralisée, où les machines suppléent à l'homme dans d'innombrables domaines. Ces robots, ces machines, qui ont supprimé ou supprimeront des quantités d'emplois n'en continueront pas moins à enrichir les actionnaires des usines. Et s'ils sont devenus riches, c'est grâce au travail des générations d'ouvriers, d'employés, qui ont peiné pour eux et leurs prédécesseurs au cours des âges. La moindre des choses que l'on pourrait espérer, c'est que chaque emploi perdu ainsi donne lieu au versement intégral de cotisations sociales calculées sur la base d'un salaire fictif, révisable annuellement. Notre système de protection sociale et de retraite par répartition devrait en tirer un vrai soulagement. Le salarié ordinaire n'est pas fait pour s'épuiser au travail, il aspire à jouir de la vie aussi bien que ses patrons, vouloir le contraindre à y renoncer est contre-nature. Lorsque dans ce dessein, on nous inflige le spectacle de Sarkosy serrant la paluche des patrons de «la France qui se lève tôt», on oublie de préciser qu'il s'agit en contrepartie de «la France qui se couche comme les poules». MM. Sarkosy et Fillon auront beau s'agiter, ils auront du mal à battre en brèche durablement la seule formule que les hommes admettent sans rechigner : «travailler moins pour gagner plus».

Élysée, mairie : même combat.

À plusieurs reprises, j'ai remarqué combien la vie politique d'un village ressemble à celle du pays —toutes proportions gardées. La première fois, c'était à propos de la présence des élus voisins et de notre sénateur à l'inauguration de "Clavolive", au lendemain de l'élection controversée de notre maire nouveau… Fallait-il qu'ils vinssent ? Fallait-il qu'ils le boycottassent, ce vieil enfant d'une boîte à chaussure engrossée de huit votes combinards ? C'est déjà du passé, passons… Plus récemment, nous étions quelques uns à nous étonner du comportement de la majorité municipale, en perpétuelle campagne de séduction auprès de la population, comme si l'élection restait à faire… D'une certaine façon, rien n'est terminé, ils n'ont pas tort, mais cela ne vous fait-il pas penser à quelqu'un, amis clavésiens ? M. Sarkosy aussi, est toujours en campagne ! Ces derniers temps, il a même redoublé d'efforts, son insupportable morgue enfin entamée par la chute de sa popularité. N'ayant rien à dépenser pour nous, après avoir asséché les ressources de l'état en cadeaux fiscaux aux plus aisés des français, il se dépense sans compter afin de nous exposer gratuitement ses mérites. M. Sarkosy se lève tôt, siffle les médias, et sature le paysage audiovisuel de sa présence, en véritable névrosé du pouvoir. Il est ici, il est là-bas, on l'a vu passer partout, sauf à Claviers, mais ça viendra. Et ce jour là, comme en matière de démagogie sécuritaire il a l'expérience d'un maître, nul doute qu'il saura faire ouvrir la poste, même un dimanche, pour démontrer l'excellence de ses méthodes : il trouvera bien une personne âgée à conduire par la main jusqu'au guichet, et pourra vanter devant les caméras sa défense du service public en milieu rural. La plus contente sera certainement la postière, qui aura gagné du pouvoir d'achat grâce aux heures supplémentaires.

lundi 26 mai 2008

Faire baisser le prix du carburant ?

J'ai reçu un mail dont l'original a dû partir, il y a peu, d'un pays anglo-saxon. L'auteur se propose et nous propose de faire baisser les prix du carburant en boycottant dans le monde entier deux distributeurs précis : Esso et BP. Le calcul n'est pas faux : si chacun de nous convainc dix personnes d'appliquer ce boycott et de passer le message à dix autres personnes, on arrive très très vite à un nombre de boycotteurs impressionnant. Les ventes d'Esso et BP chutent, donc ces deux compagnies sont obligées de baisser les prix pour attirer les clients, et bientôt, la concurrence aidant, toutes les autres compagnies sont contraintes de baisser également leurs tarifs… Je diffuse l'idée ici, mais je ne suis pas partisan de la chose. D'abord le pétrole s'épuise, ensuite, notre planète crève de pollution, entre autres du fait de la bagnole… Dans nos campagnes, le véhicule individuel est encore indispensable, peut-être même le restera-t-il, mais sous d'autres formes qui restent à inventer. Et pour stimuler la recherche, lui donner davantage de moyens, le carburant cher n'est pas en soi un scandale. À vous de choisir…

Ça suffit !

Nous, les français, sommes souvent confondants d'aveuglement. Un jour lointain, on nous a offert une belle devise dont nous avons longtemps été fiers : liberté, égalité, fraternité. Nous l'avons gravée aux frontons des mairies ; de temps à autre, nous nous sommes enflammés d'historiques colères, nous réclamant d'elle. La belle devise nous enivrait comme une boisson irrésistible dont nous avions quotidiennement besoin pour alimenter nos rêves de lendemains meilleurs. Puis au fil des républiques, l'eau a coulé sous les ponts, de citoyens nous sommes devenus des consommateurs. Aujourd'hui, lorsque nous nous souvenons de la devise révolutionnaire, surtout des deux premiers mots, c'est essentiellement pour râler parce que nos intérêts personnels sont contrariés. Sans paraître nous rappeler tout ce que notre société doit à l'usage de ces trois mots, et singulièrement du dernier : fraternité. Sous notre nez, sous nos yeux, le monde civilisé que nous avons connu se défait : défait, l'espoir de recevoir un salaire convenable pour notre travail ; défaites, les lois qui nous protégeaient tant bien que mal dans la vie professionnelle ; défaite, l'assurance d'être bien soignés lorsque nous serons malades un jour ou l'autre, et celle de donner une bonne éducation à nos enfants ; défaite, la relative équité de la participation attendue de chacun aux dépenses du pays, par les taxes et l'impôt… Tout cela fiche le camp doucement, de même que dépérissent les idéaux de notre nation comme le droit d'asile, l'accueil des étrangers, la laïcité, et bien d'autres choses encore —une générosité collective acceptée de tous en rempart contre nos égoïsmes. Si nous laissons partir tout cela dans l'indifférence, chacun de nous sera bientôt à peu près seul pour "se débrouiller" avec les miettes de droits qu'on lui aura laissées pour vivre. Quand une écrasante majorité de français a élu Sarkosy comme président, ils ont choisi un homme qui leur promettait de les aider à bien se débrouiller pour gagner davantage d'argent. Et depuis, il s'efforce de mettre en place les règles nouvelles de la débrouille, grâce auxquelles, en jouant des coudes et en sacrifiant leur qualité de vie, quelques uns grappilleront peut-être un peu de pouvoir d'achat. Pour l'instant, c'est surtout lui qui s'est bien débrouillé, question qualité de vie. Une majorité de français regrette à présent l'élection de Sarkosy, tout en se recroquevillant dans un fatalisme impuissant, comme si tout était dit jusqu'à l'élection suivante. C'est oublier que la vie sociale est faite aussi de luttes collectives, et qu'en redevenant des citoyens actifs nous aurions de nombreuses occasions d'envoyer au président et au gouvernement un message qui serait tôt ou tard entendu : «Ça suffit !»

dimanche 25 mai 2008

Un drapeau tibétain sur la mairie de Claviers ?

Il y a quelque temps, j'avais suggéré, au maire nouveau de Claviers et à son conseil municipal d'émettre le vœu officiel d'un boycott de la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Pékin par la France, à l'imitation de la municipalité de Notre-Dame-d'Oé… Sans succès jusqu'à présent. Il y a un autre geste simple de solidarité avec le peuple Tibétain que notre commune pourrait également faire, qui consiste à hisser le drapeau tibétain sur la mairie, comme 400 autres villes et villages de notre pays en ont pris la décision. Cela constituerait non seulement une modeste action en faveur des droits de l'homme, dont le coût se limiterait à l'achat du drapeau tibétain, mais aussi le signal réconfortant, adressé à la population, que nous avons à la mairie des gens capables de voir plus loin que nos collines. Accessoirement, Claviers deviendrait la première commune du canton à prendre en faveur des droits de l'homme une position reflétant celle de la majorité des français. S'il se trouve des élus que cette éventualité intéresse, ils pourront consulter la liste des villes ayant déjà hissé le drapeau tibétain sur le site Tibet-info.net

Le Tibet, encore

Sur la question des droits de l'homme au Tibet, on trouve parfois sur certains sites altermondialistes, ou blogs tenus par des personnalités radicales, des critiques féroces à l'égard des tibétains en exil et de leur dalaï-lama. Il n'est même pas besoin, à mon avis, d'entreprendre des vérifications pour se douter que ces critiques sont en partie fondées. Le Tibet, avant l'invasion chinoise, était un pays archaïque qui ne devait guère avoir évolué depuis les récits d'Alexandra David-Néel, voire les voyages plus anciens du Père Huc… On nous dit qu'il y avait des castes supérieures opprimant les plus pauvres du peuple, on nous dit que les moines vivaient sur le dos de la population, et que les chinois ont donné un coup de balai salubre dans un fatras de pratiques moyenâgeuses. Ils ont scolarisé les enfants, amélioré l'hygiène : modernisé, en somme. C'est probable, comme il est probable que la société tibétaine exilée en Inde comporte son lot de profiteurs et de trafiquants. Il reste que l'on ne trouve aucune trace dans les propos du dalaï-lama d'une défense des anciennes structures sociales de son pays perdu, il en reconnaît au contraire les défauts. Par la force des choses ouvert au monde qu'il n'a cessé de parcourir et de découvrir, cet homme s'est toujours montré porteur d'une parole profondément humaniste. S'il était amené —la pression internationale, ainsi que le dialogue avec les autorités chinoise, aidant—, à retrouver son pays, il semble exclu qu'il y puisse jouer encore un véritable rôle de dirigeant politique. Ce ne serait pas une mauvaise chose, d'ailleurs : on ne voit pas pourquoi, à notre époque, un peuple émancipé subirait une théocratie. Que le dalaï-lama puisse retrouver chez lui un rôle d'icône culturelle, ou d'inspirateur religieux, n'est d'ailleurs pas notre affaire : il s'agit simplement de faire reconnaître le droit universel des hommes et des femmes de vivre libres dans leur pays.

samedi 24 mai 2008

Paroles en l'air sur la démocratie

Râler dans un coin de blog que trop de choses vont mal chez nous, du village à l'Élysée, prête à sourire. J'en souris le premier, et la dérision incline à se décourager de crier dans un désert virtuel —même si le blog en question a plus de lecteurs que je n'en attendais au départ. Écrire, et pourquoi pas, voilà près de quarante ans que je le fais et que je dis, au fond, les mêmes choses inlassablement sous diverses formes. Agir à ma petite place pour l'avènement d'une véritable démocratie… Comme aurait pu le dire De Gaulle, un président que je n'ai guère aimé dans ma jeunesse, mais qui, en comparaison de ses successeurs force tout le même le respect à posteriori par sa parfaite intégrité, comme il l'aurait dit : la démocratie ? Vaste programme !
Vaste, oui, car nous ne vivons que sous une pâle imitation de la démocratie, tout ou presque reste à faire. Qu'est-ce qui empêche notre pays d'améliorer son système politique ? Il n'y a malheureusement pas à chercher loin les freins au changement : ce sont nos élus, et ce, presque depuis l'avènement de la république. Un élu n'aime vraiment le peuple que le temps de sa campagne électorale, ensuite il s'en méfie et redoute particulièrement d'être soumis à son contrôle une fois installé dans la fraction de pouvoir qu'il a conquise, petite ou grande. Et cependant, nous avons besoin des élus pour donner naissance à cette meilleure démocratie que nous sommes tant à appeler de nos vœux.
Je crois que chacun de nous, comme il le peut, dans un parti politique ou en dehors, doit se faire l'apôtre du message démocratique jusqu'à ce que la voix du peuple français devienne assez puissante pour que, dans les assemblées où notre sort se décide, on n'ose plus l'ignorer.
Et je continuerai à grappiller quelques parcelles de votre intérêt pour que cette voix s'affermisse. Après tout, je me souviens d'une époque, au tout début des années 70, où nous étions fort peu nombreux à nous préoccuper d'environnement. Ma femme et moi avions alors écrit un petit roman d'anticipation où nous rêvions assez naïvement de l'apparition d'un parti écologiste, tout en mettant en scène des radios "pirates"… Quelques années plus tard, les Verts et les radios commerciales indépendantes d'aujourd'hui sont apparus (ont les appelait radios libres, souvenez-vous). Nous n'y étions pas pour grand chose, bien entendu, juste un filet de voix qui a cheminé vers un concert plus vaste…

Brèves

À ce jour, une question demeure sans réponse : lors de la campagne électorale, la nombreuse assistance à la présentation des candidats de "Pour Claviers, ensemble", a pu entendre le futur transfuge et maire nouveau du village se targuer d'avoir été conseiller municipal d'une ville importante. Personne ne lui a demandé au meilleur moment de quelle ville il s'agissait, c'est infiniment dommage, car depuis lors ce monsieur fait semblant de ne pas entendre les demandes d'éclaircissements réitérées de beaucoup de personnes. Peut-être s'imagine-t-il qu'une fois mal élu maire, il n'a pas de compte à rendre ? Ce serait une erreur de plus à mettre à son passif.

On a pu voir, comme toutes les fois où quelque personne âgée passe à sa portée, une conseillère de la majorité se précipiter à son aide. Cette fois son secours a consisté à escorter une dame à la poste, bon gré mal gré, pour lui épargner les périls des quinze ou vingt-cinq mètres à parcourir dans l'horrible circulation clavésienne. La poste était fermée, la conseillère a loupé une belle occasion de démontrer sa bonne connaissance des services de la commune.

Le cœur n'est pas à la fête.

En réfléchissant au contenu des commentaires de ces derniers jours, je me suis demandé quel dommage concret la division du village pouvait occasionner, en dehors de pousser une partie de la population à faire la gueule à l'autre ? Ce n'est pas la première fois que cela arrive ; il paraît, par exemple, que la construction des H.L.M. ne s'est pas faite sans douleur… Et Claviers n'en a pas moins continué à vivre. Cette fois, cependant, le mal est plus grave parce que nombre de personnes se sont retrouvées, comme moi, dépouillées de leur vote. Ce n'est pas une bagatelle. Pourtant, même la rage au cœur, il faut bien continuer tous notre bonhomme de chemin ; même si, les beaux jours venant, c'est peut-être la sérénité des festivités villageoises qui risque d'être compromise. Certains, on a pu le noter dans les commentaires, s'en émeuvent à l'avance, et il est vrai que s'agissant d'un village provençal où l'animation estivale est importante pour l'économie locale, on peut le regretter. À qui la faute cependant ? Aux tricheurs, ou aux victimes de la tricherie ? Et puis, qu'avons nous à faire de quelques couplets et de bouffes conviviales si des arrières pensées chagrines les rendent indigestes ? Que nous importent ces détails ? L'équipe en place se conduit mal, en perpétuelle propagande, elle refuse d'abriter les réunions de l'opposition à la mairie, multiplie les mesquineries. Si le chef d'orchestre de la majorité, tout à sa hargne, ne veut pas ouvrir la mairie à nos élus, s'il refuse également de consulter d'urgence la population sur ce point, alors nous devrions lancer un appel aux clavésiens qui nous sont favorables afin de manifester autrement notre volonté d'obtenir raison.

vendredi 23 mai 2008

Le site internet de la commune

Ma curiosité piquée par l'incident de l'ordre de citation des conseillers municipaux, je me suis connecté au site de la commune de Claviers. Demi-surprise, car c'était annoncé depuis un certain temps : la vitrine de la mairie a fait peau neuve. Et il faut bien reconnaître que c'est assez réussi : apparence soignée, simplification de la consultation, rapidité, mine d'infos pertinentes (du moins lorsque toutes les promesses seront tenues)… Bref, du joli travail.
Ceci dit, comme il est difficile d'être irréprochable en la matière, je trouve quelques clins d'œil d'un goût douteux, telles ces vignettes photographiques associées à certaines informations… Un gros plan de fesses en bermuda et des boules de pétanque pour égayer la composition du conseil municipal, un fragment de partie de belote accompagnant l'annonce des réunions publiques… On se doute qu'il s'agit d'humour, mais personnellement je regrette ce recours aux clichés les plus éculés de la soi-disant légèreté méridionale. Comme si dans le Midi l'on était incapable de sérieux, définitivement cantonnés aux boules et à la belote. Et que penser de la perle malintentionnée accolée aux Archives municipales absentes —c'est à dire, essentiellement, les documents de l'équipe précédente— : une vue de l'entrée du cimetière ? Une plaisanterie sur le passé voué à disparaître, l'enterrement des adversaires ? Dommage que l'élégance de la forme soit gâchée par ces petites bassesses. Difficile de se refaire.

Notre pékin à Pékin?

Aujourd'hui, le ministricule de la jeunesse et des sports, dont j'ai oublié le nom —je crois qu'il s'agit d'un ancien joueur de quilles—, a confirmé sur France Inter la probable participation du président Sarkosy à la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques. Comme tous ceux qui l'ont précédé à l'Élysée, M.Sarkosy est atteint d'addiction au pouvoir, peut-être davantage que les autres, sa vulgarité fébrile donne en tout cas cette impression. Plus que les autres encore, il semble retirer une satisfaction particulière de la fréquentation des supposés grands de ce monde et de se trouver associé à leurs sauteries internationales. On peut se demander s'il n'a pas éprouvé un soulagement certain devant l'émotion suscitée par la catastrophe en Chine, propice à détourner l'attention du problème des droits de l'homme. Quoi qu'il en soit, je constate que ses affidés multiplient ces derniers temps les occasions de prendre langue de bois avec les médias, dans le dessin évident de préparer l'opinion à l'annonce de sa participation à la cérémonie d'ouverture. Pourtant, la persécution des tibétains n'a pas cessé, on en trouve partout les échos dans la presse et sur internet, et rien ne montre qu'une fois achevées les démonstrations de compassion envers un peuple blessé, les dirigeants chinois respecteront leurs engagements sans cesse bafoués en matière de droits de l'homme. Rappelons-lui à chaque occasion qui nous est donnée de nous exprimer sur cette question, que le peuple français est majoritairement favorable au boycott de la cérémonie d'ouverture.

jeudi 22 mai 2008

Rendre la mairie aux clavésiens

Empêcher les élus de l'opposition d'accéder à la mairie, autrement que pour jeter un coup d'œil à leurs casiers à correspondance aux heures d'ouverture, ou participer à de rares réunions communes avec leurs homologues de la majorité, est une mesure vexatoire, choquante pour la partie de la population qui se reconnaît en eux. La mairie n'est pas la propriété d'un groupe particulier, elle est le lieu symbolique du village par excellence. On pourrait presque dire qu'elle en est l'âme, même si certains verraient plutôt celle-ci siéger à l'église. Ce n'est pas pour rien qu'en d'autres lieux, d'autres pays, on l'appelle parfois maison commune. C'est la maison de tous, placée par commodité et dans un souci d'efficacité sous l'autorité du maire, avec des règles d'usage et des contraintes dont le bien-fondé tombe sous le sens. Et précisément, parce que la mairie est un symbole de notre communauté, il est indispensable que la totalité de ceux que nous avons élus puissent y tenir librement leurs travaux, de façon à ce que la population clavésienne au complet s'y sente chez elle.

Exit la réforme de la réforme constitutionnelle ?

Une brochette de députées et députés du PS : MM. et Mmes Patrick Bloche, Jean-Jacques Urvoas, Jean-Christophe Cambadélis, Christophe Caresche, Patricia Adam, René Dosière, Paul Giacobbi, Guillaume Garot, Danièle Hoffman-Rispal, Jean-Patrick Gille, Gaëtan Gorse, Jean-Marie Le Guen, Sandrine Mazetier, Armand Jung, Didier Migaud, Dominique Raimbour, Manuel Valls (cités en ordre de brochette), un groupe de parlementaires du PS donc, annonce qu'il votera la réforme des institutions de Sarkosy. Voilà qui contribuera certainement à rendre un peu plus glauque encore notre perception de l'avenir de ce parti. On croyait savoir que, sans les voix du PS et du Mo-Dem, le projet de réforme ne pourrait passer au Congrès final, et donc qu'une possibilité d'infléchir le dit projet par la négociation existait encore… J'avais sans doute mal compris ? Pourquoi ces gens-là prennent-ils le risque d'accentuer l'impression de désordre malsain donné par leur petite famille politique ? À quoi peut servir leur ralliement, à quelle fin de cuisine interne ? Ils feignent de trouver quelques mérites à la réforme, mais ils ne peuvent pourtant ignorer qu'elle est à peu près vide de contenu : il n'est pas sûr que le parlement y gagne un poil d'influence sur la marche réelle des affaires, et toute avancée de la démocratie en est bannie. Rien sur la limitation des cumuls de mandats qui pourrait contraindre nos élus les plus voraces à un minimum de respect envers leurs électeurs : assiduité aux séances du parlement, ou prise au sérieux de leurs fonctions locales ; disparition des pelotes d'indemnités, salaires, défraiements, pensions, qui donnent envie de vomir, en ces temps de vaches maigres pour le peuple français… Rien non plus d'acceptable en matière de participation directe des citoyens au fonctionnement de la république. Pourtant les gens de droite et de gauche qui nous gouvernent et nous représentent ne peuvent ignorer l'attente d'un nombre grandissant de français en ce domaine.

mercredi 21 mai 2008

Des OGM à la Chine

La droite de l'assemblée nationale a voté le projet de loi sur les OGM… La parole est maintenant au sénat, et l'on sait qu'il est rare de voir quelque chose de bon pour le peuple français sortir de la maison en question. Comme il ne faut jamais désespérer de rien, il est encore temps peut-être de signer la pétition contre les OGM : www.ogm-jedisnon.org

Les dirigeants chinois sont devenus tellement exemplaires, dans l'épreuve du tremblement de terre, qu'il en deviendrait presque difficile d'appeler à maintenir la pression internationale sur eux. Et pourtant ! Dans le passé, d'autres catastrophes survenues en Chine n'avaient pas donné lieu à autant de transparence et de mise en scène de la sollicitude gouvernementale. Force est donc de constater que le gouvernement chinois se soucie un peu de son image en matière de droits de l'homme, et qu'il n'est pas inutile de menacer de boycott l'ouverture des jeux.

Claviers ne dort que d'un œil

Il est difficile d'imaginer un moyen de tourner la page de l'élection clavésienne à la satisfaction de tous. D'autant que l'initiative devrait revenir à l'équipe aux commandes d'avoir à dénouer un conflit qu'elle a provoqué. Quelques voix, ici, ont souhaité un débat public, j'ai évoqué moi aussi cette éventualité en doutant de son intérêt : que pourrait-il sortir d'une réunion, à coup sûr houleuse, au cours de laquelle ne s'exprimeraient que les plus résolus partisans de chaque camp ? Je persiste à croire qu'une consultation publique sur un sujet symbolique, comme cette affaire de salle de réunion en mairie pour l'opposition, serait éclairante, parce qu'elle permettrait vraiment à la population de donner son avis, paisiblement. D'autres, comme la personne anonyme dont j'ai publié plusieurs commentaires depuis avant hier, proposent de nous fondre plutôt, tous, dans une belle union de façade pour le bien du village… C'est vouloir tourner obstinément le dos au mauvais coup porté au départ à la démocratie et en récompenser ses auteurs. D'autre part, à quoi servirait une union de façade si les rancœurs persistent ? Dans l'état actuel des choses, il n'y a vraiment pas de quoi nous réjouir en chœur, ou prendre en considération la réussite des manifestations festives à venir. Du reste, dans leur entreprise de conquête de la mairie, les "Alternatifs" ont si bien investi certaines associations organisatrices, qu'on en perd l'envie de participer à leurs réjouissances qui ressemblent à des démonstrations de force pour occuper le terrain de la fête comme ils ont occupé celui de la mairie. Enfin, s'il est évident que tout le monde aurait à gagner à la paix du village, ce ne peux être à n'importe quel prix. Le maire nouveau et son équipe paraissent plutôt enclins à multiplier les petites agressions à l'aide du pouvoir neuf dont ils disposent… Si cela se poursuivait, ne pourrions-nous envisager de nous tourner vers une autre forme de protestation qui s'appelle : désobéissance civile ? En d'autres termes, victimes d'une loi électorale injuste, nous pourrions aussi en décider les effets non avenus et nous considérer sans municipalité.

mardi 20 mai 2008

Pour un référendum à Claviers

Curieux comme les amis de la majorité clavésienne montrent soudain les dents, alors qu'il n'y a pas si longtemps encore l'un d'eux se félicitait d'une interruption passagère des commentaires sur ce blog, émanant du village. Quel trouble peuvent bien leur occasionner mes billets solitaires ? Je n'ai rien dit de très nouveau, sinon signalé le mépris inexcusable avec lequel ils traitent l'opposition… Et proposé que le maire nouveau organise un référendum local pour savoir si la population souhaite que les élus minoritaire disposent d'une salle de réunion à la mairie, ce qui présenterait aussi l'intérêt de nous éclairer sur la légitimité exacte de l'équipe en place. Laquelle de ces évocations dérange ? La dénonciation de leurs mauvaises manières ? Chacun sait pourtant depuis l'élection qu'ils ne sont guère adeptes des méthodes honorables, ce n'est pas une révélation. Le référendum ? Bah! Les deux choses ensemble ? Allez savoir…

Bricolage de la constitution

Étonnante nouvelle que celle dont je viens de prendre connaissance sur le site du "Monde" : le Premier ministre, M. Fillon, dans le cadre de sa tournée des popotes pour soutenir le projet présidentiel de révision constitutionnelle, aurait accepté le principe d'un référendum d'initiative populaire devant les parlementaires du Nouveau Centre. Vous voyez bien que l'idée n'est pas aussi farfelue que certains politiques se plaisent à le prétendre. Malheureusement, il y a un hic : l'amendement que le Nouveau Centre veut adjoindre à la réforme, propose d'instaurer des «référendums d'initiative parlementaire et populaire à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement soutenu par un dixième des électeurs»… Soit environ 181 parlementaires et 4.200000 électeurs, sauf erreur. Autrement dit : une pure escroquerie, bien dans le style de cette formation de faux culs de droite. Ce qu'il faut retenir de cette opération destinée à duper l'opinion publique, c'est que l'institution de véritables référendums d'initiative populaire est parfaitement envisageable, à condition de forcer nos élus de demain à l'inscrire dans leurs programmes. Encore un effort, Mmes et MM. les serviteurs du peuple français, et vous serez démocrates !
Source : Le Monde, 20/05/08

À mes adversaires anonymes

Il est facile de m'attaquer en vous abritant derrière un anonymat peu glorieux —lequel vous sert de surcroît de me reprocher, sans gêne, mon agressivité. Mais qui êtes-vous, donneurs de leçons que je côtoie certainement au village en ignorant que je salue des adversaires hostiles ?

OGM : un mail reçu

OGM : vote de la loi cette semaine
Plus de 40 000 personnes ont signé la pétition de la revue L'Ecologiste et de l'association OGM dangers pour demander l'interdiction des OGM, contribuant ainsi au rejet du projet de loi sur les OGM en seconde lecture à l'Assemblée nationale le 13 mai.

Le même projet de loi sera présenté mardi 20 mai devant les députés et jeudi 22 mai devant les sénateurs.

Rappelons que ce projet de loi autorise les plantes et les animaux transgéniques, contrairement à ce que souhaitent l'immense majorité des Français selon les sondages unanimes depuis dix ans.

La revue L'Ecologiste et l'association OGM dangers font donc appel à la conscience de tous les parlementaires afin qu'ils confirment le rejet de ce projet de loi.

Nous demandons au secrétaire général de l'UMP Patrick Devedjian de voter à l'Assemblée nationale l'interdiction des OGM dans les champs, en cohérence avec l'interdiction des OGM dans les assiettes des cantines qu'il vient de faire adopter en tant que président du Conseil général des Hauts de Seine.

Vous pouvez faire circuler ce mail pour faire signer la pétition en ligne www.ogm-jedisnon.org et écrire et faire écrire aux parlementaires très simplement depuis ce site. C'est urgent et c'est efficace !
L'association OGM dangers
www.ogmdangers.org
La revue L'Ecologiste
www.ecologiste.org

www.ogm-jedisnon.org

lundi 19 mai 2008

Conseils au maire débutant —12

Une erreur assez répandue chez les maires néophytes consiste à s'abandonner à l'ivresse du pouvoir avec son ban de féaux municipaux et l'arrière-ban du copinage électoral. On essaye les fauteuils, on s'admire en écharpe, on joue avec la sirène, on visite tous les placards et recoins de la mairie… Et dans le même temps, on traite par le mépris les élus de l'opposition, ou pire : on les ignore. L'élu qui voit plus loin que le bout de son nez, c'est à dire à six ans de distance, doit se soucier de sa réélection dès les premiers jours du mandat, et pour cela il faut d'emblée couper les jambes et le sifflet à l'opposition. Le meilleur moyen est de joindre l'utile au très utile, c'est à dire de respecter ce faisant quelque point du programme annoncé durant la campagne. Ainsi, à titre d'exemple, si l'on a fait miroiter à la population l'installation prochaine de réverbères solaires dans le village, et qu'un tel appareillage se révèle, en définitive, incommode à mettre en œuvre, le maire débutant pourrait se rabattre sur des luminaires à dynamo, équipés d'un dispositif à pédales au pied de chaque support. Un vote de la majorité municipale déléguera aisément aux conseillers de l'opposition le soin de se coller aux pédales de la nuit tombée jusqu'aux premières heures du jour. À ce régime, s'il leur reste assez d'ardeur pour critiquer la majorité, c'est à n'y rien comprendre !

Poil à gratter

La démocratie, comme on le sait, ou l'on devrait le savoir, c'est le gouvernement du peuple. Plus précisément le pouvoir du peuple —dêmos : peuple, et crate : puissance, nous apprend le dictionnaire. Nous sommes le peuple, c'est certain. Quant à utiliser notre puissance par nous-mêmes pour nous-mêmes, nous pouvons nous rhabiller ; il y a des crates pour ça. Au fil du temps, des républiques, nous avons eu pas mal de crates cracras qui ont laissé de mauvais souvenirs, deux ou trois crates crânes qui ont sauvé le pays de situations tragiques, des crates crapuleux parfois, et des crates sympathiques l'espace d'un mandat —mais le crade du crate c'est d'être crampon et de s'accrocher au pouvoir pire qu'un morpion où l'on sait. Nous avons eu, nous avons des aristocrates, des autocrates, des ploutocrates, des technocrates, et même des presque démocrates. En réalité, le plus souvent dans nos contrées, la démocratie est un mot à l'usage exclusif du peuple destiné à lui inculquer autant que possible la soumission à l'autorité des crates. Pour cela, ces derniers ont une justification parfaite : ils sortent tous du peuple, ils en sont, donc le peuple exerce le pouvoir à travers eux. Ils nous représentent. Et tant pis pour nous si nous trouvons qu'ils nous représentent mal, une fois qu'ils ont décroché la timbale du pouvoir, ils sont tous à peu près irresponsables devant nous. Aucun moyen de sanctionner leur gestion du pays avant les élections suivantes, où, de toute manière, nous n'aurons le choix qu'entre deux ou trois variétés de crates aussi peu disposées les unes que les autres à nous rendre des comptes au jour le jour.
On ne finit plus de nous baratiner à propos de la démocratie, de nous la promettre meilleure pour demain, de nous seriner combien nous avons de la chance, nous les européens, nous les français, de vivre à l'abri des dictatures. Pourtant, en matière de démocratie, nous sommes loin du compte, singulièrement en France. Passé les cérémonies électorales, les citoyens sont privés de tout moyen de participation directe aux affaires du pays, quand la moindre des choses serait d'avoir la possibilité de sanctionner après coup les manquements à la parole donnée dans les programmes de campagne. «Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent», disait je ne sais plus qui, M. Chirac peut-être… Eh bien, dans une démocratie digne de ce nom, à tous les niveaux de la vie publique, un candidat digne de la confiance de ses concitoyens commencerait par peser scrupuleusement ses engagements, de façon à ne pas se voir accuser de mensonge. D'autre part, un peuple devrait avoir le droit de s'opposer à une mesure qu'il estime mauvaise, une fois qu'il en découvre les effets réels. Des procédures référendaires pourraient être imaginées permettant aux citoyens d'annuler une loi dès lors que certaines conditions modératrices seraient remplies. Si nous avons besoin de représentants avisés pour travailler au bien de la communauté nationale —et non pas d'une France désincarnée vouée à flatter l'égo d'un monarque républicain—, nous voulons aussi avoir notre mot à dire lorsque le besoin s'en fait sentir.
Ce n'est pas en 2012 qu'il faudrait exiger cela, c'est tout de suite, alors que grouillent déjà les ambitions présidentielles dans le panier de crabes politique. Faisons leur savoir déjà qu'ils n'auront pas nos voix sans des engagements clairs et crédibles sur l'instauration de la seule démocratie qui vaille, celle où le peuple est durablement associé au gouvernement du pays.

dimanche 18 mai 2008

L'opposition à la porte de la mairie.

Il est choquant que les sept élus de l'opposition municipale ne puissent bénéficier d'un lieu de réunion à la mairie, choquant de constater que leur libre accès à celle-ci ne s'impose pas. Cette décision du maire nouveau et de sa majorité est pourtant légale, puisque l'obligation de mettre un local à la disposition de l'opposition, ne concerne que les communes de plus de 3500 habitants. On constate une fois de plus combien les règles du code général des collectivités territoriales qui nous sont applicables sont injustes et inacceptables. Il faut obtenir leur révision. En attendant, l'article LO1112-1 du même code stipule que : «L'assemblée délibérante d'une collectivité territoriale peut soumettre à référendum local tout projet de délibération tendant à régler une affaire de la compétence de cette collectivité.»
Voilà au moins un pouvoir dont la majorité en place pourrait faire bon usage ! Je leur suggère de soumettre à référendum la mise à disposition, ou non, de la salle des mariages à l'opposition municipale. Ce serait peut-être le moyen de tester la légitimité des uns et des autres auprès de la population. D'autant plus que figurait dans les priorités de la liste «Alternative» : «l'organisation de débats publics deux fois par an, avec la volonté de respecter toutes les opinions et toutes les sensibilités.» Quelle belle occasion de tenir ses promesses !

Ingérence humanitaire

J'écoutais ce matin, évoqué à la radio, le problème posé par la dictature birmane dans la crise humanitaire qui touche son pays. On pourrait presque le qualifier d'ubuesque, s'il était concevable de rire d'un tel drame. La junte au pouvoir ne veut donc pas que l'aide soit apportée à sa population en dehors de son contrôle —et l'on sait que contrôle signifie pour ce pouvoir corrompu : liberté de se remplir les poches au passage… Les démocraties pourraient passer outre et secourir la Birmanie de force, à condition de recevoir l'aval de l'ONU. Pourquoi ne le font-elles pas ? Parce que, semble-t-il, elles savent d'avance devoir se heurter au double veto de la Chine et de la Russie au Conseil de Sécurité. En ce cas, il est difficile de comprendre la frilosité des diplomates : qu'attendent-ils pour faire apparaître aux yeux du monde entier le rôle malfaisant de ces régimes autoritaires sur la scène internationale ? Tandis qu'ils tergiversent dans l'attente que leurs palabres secrètes accouchent d'une solution bâtarde, chaque heure perdue voit des milliers d'êtres humains mourir ou s'enfoncer davantage dans l'horreur. Et demandons-nous au passage s'il est vraiment acceptable de prendre des gants avec la Chine devant sa propre indignité quant aux droits de l'homme ?

samedi 17 mai 2008

Claviers vivant

Je trouve sympathique qu'un petit village comme le nôtre demeure vivant, enrichi d'habitants venus d'horizons différents. Le fait qu'il soit beau sur sa colline et jouisse d'un agréable climat compte beaucoup dans son attrait. On comprend le désir éprouvé par certaines personnes d'en préserver le cachet, voire d'en rétablir l'authenticité. Toutefois, un village est fait par ceux qui y vivent, pour eux. S'il est légitime de se soucier de son image au regard des touristes, car cela se répercute sur l'économie locale, gardons-nous d'en faire un musée, ou pire : une réserve d'esthètes fortunés. Parce que ça commence ainsi : les derniers venus, avec l'assurance de détenir la clef du bon goût, imposent leurs conceptions de la Provence. Se met à l'œuvre la volonté un tantinet dogmatique d'éliminer les maladresses, les petites mochetées éparpillées à travers les ruelles, au fil de longues années, par des personnes plus occupées à vivre qu'à se regarder vivre. Oubliant que ce que nous aimons dans ce village, ce qui nous attirait ici, a été justement fait par eux, on se prend à rêver de perfection. On corrige des erreurs, on restaure savamment avec des contraintes grandissantes, et, le raffinement attirant davantage de raffinés, un jour il n'y a plus de place pour les gens ordinaires. Habitations hors de prix, logements introuvables, ou loyers excessifs : le village est superbement mort. Claviers n'est pas un village provençal modèle, Dieu soit loué! Laissons-le vivre.

Boycott de la cérémonie d'ouverture des J.O.

Le site web du Nouvel Observateur publie un appel de sportifs français au gouvernement chinois, exigeant que celui-ci respecte les promesses souscrites au moment de sa candidature à l'organisation des jeux olympiques. Les internautes qui le souhaitent peuvent s'associer à cette pétition qui espère offrir ainsi une alternative au boycott de la cérémonie d'ouverture. On peut douter qu'elle remporte davantage de succès que d'autres démarches internationales allant dans le même sens, mais rien n'est à négliger dans la défense des droits de l'homme. Ainsi, continuons d'accentuer la pression de l'opinion publique pour que notre pays ne se trouve pas officiellement associé à la propagande d'un régime dominateur.

Franchises médicales

Bruno-Pascal Chevalier a mis fin le 16 Mai à la grève des soins qu'il menait depuis sept mois, appelant à la mobilisation contre les franchises médicales. Il souhaite désormais «consacrer toute son énergie dans la constitution d'un nouveau mouvement d'usagers, de professionnels de la santé, d'organismes et de travailleurs sociaux.» On se réjouit que son combat pour la vie de tous cesse de mettre la sienne en péril. D'ici quelques jours, nous pourrons le retrouver parmi ceux qui organisent la défense de notre système de santé, sur le site : WWW.ENSEMBLEPOURUNESANTESOLIDAIRE.FR

vendredi 16 mai 2008

Quelques évidences sur le droit de grève.

Un gouvernement ne peut pas plaire à tout le monde, mais comme il agit pour le bien de son peuple, en principe ses décisions sont respectées. Sinon, un gouvernement contesté dispose de la force publique pour imposer ses choix. Le patronat exerce aussi un pouvoir redouté, que chacun ou presque connaît bien, au sein de ses entreprises. Face à ces pouvoirs, le peuple des citoyens, l'immense foule des salariés sont faibles, tentés le plus souvent de s'incliner devant leur force. Que peuvent les faibles pour se défendre des abus des gens de pouvoir ? En période électorale, ils peuvent voter pour que cela change, ils deviennent provisoirement importants et souverains. Maintenant, s'ils ont été trompés dans leurs attentes, ou si une décision insupportable les frappe dans leurs moyens d'existence, il ne reste plus pour eux que la grève. La grève est l'ultime moyen de défense des plus faibles. Pour faire admettre notre liberté d'y recourir, d'âpres luttes ont été nécessaires, et c'est finalement devenu un droit inscrit dans la constitution. La grève est une arme parfois efficace parce qu'elle frappe l'adversaire visé à son point sensible : le porte-monnaie du patron, la popularité du gouvernement… Elle est d'autant plus efficace qu'elle perturbe profondément le train-train ordinaire du pays, de l'entreprise. Si la grève ne gêne personne, elle devient inutile, et les faibles sont condamnés à subir sans remède ce qui leur fait du tort. Dans l'affaire du service public minimum que le gouvernement veut imposer, c'est le dépérissement insidieux du droit de grève qui est recherché sans que cela soit annoncé. Et Sarkosy, avec l'opportunisme et l'impudeur qu'on lui connaît, saisissant la perche tendue par une majorité de français opposés aux perturbations de la grève, Sarkosy va débuter sans plus tarder ce travail de sape. Un mauvais coup supplémentaire porté à notre société lui permettra-t-il, en prime, de remonter dans l'estime des gogos ? C'est une autre histoire.

Claviers : le temps se gâte.

Une pluie aimable caresse à nouveau nos collines malmenées par plusieurs années de sécheresse. C'est peu, mais c'est bon. Par contre, le climat communal s'est encore dégradé, la "majorité" installée à la mairie ayant, semble-t-il, délibérément choisi de provoquer l'opposition. En effet, la demande de nos élus minoritaires de pouvoir organiser leurs réunions de travail dans la salle des mariages de la mairie, vient d'être rejetée. Il leur est proposé de se retrouver dans la salle de musique, comme une association ordinaire, loin de la maison communale. Alors qu'ils sont les élus d'une moitié du village, nos conseillers ne méritent-ils donc aucune considération ? La volonté d'humilier est manifeste, comme celle de vouloir étouffer la sourde opposition couvant dans le village, dont je me suis fait l'écho ici à plusieurs reprises. De la part du maire nouveau, qui avait eu le culot de se présenter au soir de son élection-surprise comme l'homme du dialogue et de l'apaisement, c'est une maladresse : désormais, les naïfs du village eux-mêmes devront convenir de sa duplicité. Et l'illégitimité morale de l'équipe en place n'en devient que plus évidente.

jeudi 15 mai 2008

Pour qui nous prend-on ?

Nos députés de tout bord font la fine bouche sur la réformette constitutionnelle proposée par le président. Beaucoup n'aiment pas l'idée que Sarkosy puisse venir se faire admirer par les parlementaires. J'ai essayé d'en comprendre la raison, imaginant qu'elle pouvait résider dans une atteinte symbolique au principe de la séparation des pouvoirs, ou bien dans le rappel de quelque fâcheux incident historique, mais on ne nous renseigne guère sur la question. La seule explication avancée, à ma connaissance, serait que le président prendrait ainsi le risque de se faire huer par l'opposition, sous le regard du pays entier par caméras interposées, et donc que son autorité pourrait en sortir diminuée. Soit, mais ce que nombre de citoyens du peuple souverain souhaiteraient, ce serait que, sans diminuer la capacité d'un président à mener les affaires du pays, il soit précisément brimé dans les excès de son autorité. En somme : qu'on en fasse le premier des citoyens, de façon à ce qu'il devienne impossible à l'avenir d'employer à son égard l'expression de monarque républicain. Un terme insultant pour le peuple français.
Enfin, on peut noter qu'il avait été proposé à un moment quelconque des travaux du Comité de réflexion sur la modernisation des institutions, d'instaurer un référendum d'initiative populaire. Une insanité insupportable pour notre gent politique ! La proposition est passée à la trappe, vite fait. M. Guy Carcassonne respecté professeur de droit public qui faisait partie du comité, a pu ainsi dire : «la disparition que je regrette le plus, par rapport à nos propositions, est celle du référendum d'initiative populaire ou minoritaire. C'est très dommage car cela donnerait un vrai moyen d'action aux Français eux-mêmes. Je crains que l'idée ait été évacuée, sans d'ailleurs que l'opposition semble s'en émouvoir, tout simplement parce que si un tel référendum existait, le premier qui serait convoqué porterait sûrement sur l'interdiction du cumul et réunirait une majorité écrasante d'électeurs, ce que droite et gauche, en fait, redoutent ensemble.»
Or, précisément, c'est la création d'un tel instrument de démocratie qui pourra seule nous réconcilier un jour avec nos politiques. Le temps presse.

Liens de références : M. Carcassonne. Comité de réflexion.

Cercle des citoyens clavésiens.

Il est vrai que plusieurs personnes ont réclamé ici un débat public sur la situation clavésienne. Il est vrai aussi que le débat est la marque de la démocratie. Toutefois, on voit mal en quoi il pourrait effacer le clivage entre ceux qui ont trouvé l'élection du maire satisfaisante, ou qui s'inclinent devant le fait accompli pour avoir la paix, et ceux qui la condamnent. D'autre part, en réponse à un commentateur attristé de "voir les gens se déchirer", j'aimerais faire remarquer que les clavésiens sont gens raisonnables : l'atmosphère du village n'est pas celle d'une guerre civile, loin de là ! Deux mois après l'élection, ou presque, nous avons une municipalité légalement constituée, il est temps d'en prendre acte. Deux mois après l'élection, la palinodie qui l'a entachée ne devrait en revanche pas être oubliée. C'est là-dessus, la morale, l'honnêteté républicaine, qu'il me semble personnellement urgent de nous rassembler.
La citoyenneté commence au village, ne la galvaudons pas.
Mis à part le lancement d'une pétition réclamant la révision de la loi électorale, à destination par exemple de notre sénateur, nous pourrions commencer par nous retrouver, sympathisants de l'opposition municipale, à l'occasion d'un pique-nique. J'en lance en tout cas l'idée…

mercredi 14 mai 2008

Bientôt le temps des cerises à Claviers

Que peux faire une opposition clavésienne ? Les élus de Claviers Ensemble me semblent devoir se limiter à l'exercice d'une certaine vigilance au sein du conseil municipal ; mais qu'en est-il des électeurs mécontents ? Que pourrions-nous espérer du débat public que certains réclament, sinon la vaine confirmation de notre division ? Personnellement, je préférerais me tourner vers l'avenir. On a proposé ici de lancer une pétition pour réclamer la révision de la loi électorale concernant les petites commune, pour que ce qui nous est arrivé ne se reproduise plus. Ce serait un bon début, à condition que les personnes approuvant l'idée de la démarche consentent à sortir de l'anonymat. Les commentaires sur le blog ne vont pas vraiment dans ce sens…

Séisme en Chine et jeux olympiques

Avec la Birmanie et la Chine, on voit les catastrophes naturelles frapper des peuples déjà accablés par la dictature ; dans le cas birman on découvre même qu'un pouvoir oppresseur est capable d'aggraver considérablement les ravages d'un ouragan. Sur l'horreur de ces drames, sur l'impérieuse nécessité d'une solidarité mondiale afin de venir en aide aux victimes, aucun média ne peut mieux secouer l'indifférence que la télévision. Je ne l'ai pas regardée, mais on peut lui faire confiance… Une voix de plus, perdue dans l'océan des blogs, n'ajouterait rien à la mobilisation des cœurs. En revanche, ces cataclysmes ne doivent pas nous détourner non plus d'un autre devoir dont on nous parle déjà moins : celui de dénoncer l'horreur politique de ces états.
On a pu voir le premier ministre chinois afficher aux yeux du monde une compassion inhabituelle envers les victimes ; les informations sur la puissance meurtrière du séisme sont pour une fois transparentes. Le peuple Chinois appréciera peut-être cet effet inattendu des jeux olympiques, car les choses se seraient sans doute passées autrement si les dirigeants du pays n'avaient pas essuyé ces temps derniers tant de virulentes critiques contre leurs atteintes aux droits de l'homme. En aucune façon, les souffrances actuelles du peuple chinois ne sont une raison d'exonérer ses gouvernants de la promesse d'amélioration des libertés publiques, jusqu'à ce jour non tenue, qui leur avait permis d'obtenir l'organisation des jeux.
L'actuelle mise en scène de la générosité des grandes entreprises françaises présentes en Chine, est un exemple de l'opportunisme auquel on peut s'attendre de la part de tout ceux qui privilégient les contrats, les affaires, à la liberté des peuples. Pour eux, le tremblement de terre est d'abord une occasion de restaurer leur image de marchands français, récemment mise à mal. Leur argent sera forcément bienvenu, mais leurs motivations hypocrites sont à mettre en lumière. Parce que dans la foulée d'une sentimentalité détournée de son objet —le malheur d'innombrables chinois—, on pourrait bientôt tenter de nous vendre la fête olympique comme un grand moment de solidarité mondiale que notre président ne devrait, décemment, pas bouder. La catastrophe est une chose, les compromissions politiques en sont une autre. Le boycott de la cérémonie d'ouverture est toujours d'actualité.

mardi 13 mai 2008

Mai 68

L'ai-je déjà dit ? Je ne commémore pas volontiers, à cause du caractère officiel des cérémonies peu compatible avec une émotion sincère… Il y a les commémorations des guerres passées qui me serrent le cœur, pourtant, comme à n'importe qui, si je me rappelle mes morts. Il y a ensuite la commémoration historique de notre liberté, le 14 Juillet ; fête Nationale qui m'énerve, parce que les municipalités ont de plus en plus tendance à l'organiser le 13 Juillet, la vidant un peu plus de son sens chaque année. Il y a ensuite celles qui sont plutôt empreintes de la légèreté des anniversaires, comme Mai 1968, cette année… Là, si j'étais fidèle à moi-même, je devrais m'en moquer complètement, parce que ce retour sur des émotions quarantenaires me concerne peu, j'ai vécu depuis lors d'autres instants qui m'ont également marqué. Oui, mais voilà : il y a la sottise de Sarkosy qui n'a jamais rien compris, qui ne comprendra jamais rien à cette révolution dans la joie. L'emballement de la jeunesse entraînant un moment le pays derrière elle. Et Sarkosy me donne envie de parler de ça. J'ai égaré mes archives de l'époque, je ne me souviens plus des dates exactes, mais il y a une chose que je voudrais faire, rendre un tout petit hommage, quarante ans après, à un vieux couple dont j'ignore le nom. C'était à Paris, au moment où les CRS venaient de faire tomber la barricade de la rue Gay-Lussac. On se repliait en courant vers le fond de la rue dans l'atmosphère irrespirable des gaz lacrymogènes, des rumeurs plus ou moins fondées couraient : les rues alentour étaient bouclées, les flics matraquaient… Bref, tout le monde cherchait refuge au plus près. J'entrai derrière d'autres dans un immeuble, et bientôt me retrouvai à l'abri d'un petit appartement douillet, dont les occupants nous avaient ouvert la porte. Nous étions bien une vingtaine, serrés sur le tapis d'un salon désuet, soulagés. Je me souviens d'un piano, de murs couverts de livres, de tableaux, et d'une vieille dame fragile, petite, un peu pâle, qui nous contemplait d'un air éberlué. Son mari était là aussi, taciturne, les cheveux blancs et rares, le regard distrait. Au bout d'un moment je me suis endormi sur le tapis, et il faisait grand jour lorsqu'on m'a éveillé en disant que c'était fini, que nous pouvions sortir. Nous avons remercié le couple avec effusion, et moi je suis parti. Je m'étais promis de revenir avec des fleurs quand tout serait vraiment terminé. La révolution. Et de temps en temps, de loin en loin, je me suis souvenu de cette promesse jamais tenue. Ils ont sans doute disparu depuis longtemps, il ne me reste plus que ces mots à leur offrir, où qu'ils soient.

Potins, encore.

Une rumeur déjà ancienne, issue de la majorité, continue à courir le village, au sujet de l'élection du maire en 2001. Afin de faciliter la compréhension des choses, je romps ici avec ma règle d'éviter de nommer les personnes en cause. Donc, selon cette rumeur, en 2001, M. Antona, notre ancien maire, aurait fait subir à son prédécesseur, M. Pellecuer, le même sort que celui dont il a été victime lors de la récente élection. On voit bien l'intérêt que peut trouver l'équipe actuellement aux commandes de la municipalité à faire courir ce bruit : de quoi nous plaignons-nous, puisque lors de ce précédent personne n'avait protesté. Cependant, les choses s'étaient alors déroulées d'une manière totalement différente.
Pour commencer, il n'y avait qu'une seule liste et quatre candidatures individuelles proposées au choix des électeurs. Ensuite, au lendemain du scrutin, tous les conseillers s'étaient mis d'accord, après discussion, sur la candidature de M. Antona. Enfin, ce dernier avait été élu à l'unanimité des conseillers —y compris donc, la voix de M. Pellecuer, le maire sortant…
On voit qu'il n'y avait rien de commun avec notre dernière campagne électorale opposant deux listes franchement antagonistes. Quelle que soit la manière de présenter les faits, ce qui s'est produit au lendemain du second tour clavésien s'appelle une trahison, et cela déconsidère les huit élus qui ont joué un rôle dans la farce.
Sur ce sujet, je vous rappelle que Mme Starck était déjà intervenue dans un commentaire à mon billet : Que font nos élus ?

lundi 12 mai 2008

Quelqu'un a dit quelque chose?

Pour ceux qui ne connaissent pas Claviers, le ciel est souvent plus lumineux qu'aujourd'hui, le village s'amarre à la roche sur des bois abrupts et des olivaies en terrasses. On ne passe pas par Claviers, ou si peu, on choisit d'y aller. Il faut quitter la route principale, plonger entre les collines dans les pins, les chênes verts, et encore se hisser jusque là-haut. On y habite nécessairement, comme ses aïeux, ou parce qu'on y est venu par curiosité et que l'envie d'y être heureux vous a retenu.
Un soir chaud d'une fin d'été, j'ai fait la connaissance d'un homme, sur la terrasse d'une maison où s'éternisait une fête. Le village était au-dessus de nous, au loin, décoratif comme une carte postale. L'homme venait de s'installer au pays, il était avenant, le regard vif, sympathique. Nous avons parlé quelques instants. Banalités sur notre chance commune de vivre ici… Et puis, je ne me souviens plus quel mot exact il prononça, mais à un moment, quelque chose m'arriva, comme une étincelle d'attention extrême. Je sus d'instinct qu'il était ambitieux autant qu'il paraissait sympathique. Plus tard, avant d'aller dormir, je dis à ma femme : j'ai rencontré un type qui voudra bientôt être maire. L'ambition, dont les personnages qui nous gouvernent et les observateurs complaisants du pouvoir voudraient nous persuader qu'elle est une vertu, l'ambition me dérange. Serait-elle un trait de caractère indispensable aux gens de pouvoir, qu'il faudrait inventer une laisse d'altruisme avec sa muselière d'humilité avant de leur donner accès à notre démocratie.
Ceci dit, je me trompais, un peu. L'homme n'est pas devenu maire, et s'il a été élu c'est dans les règles de la démocratie, mais son habileté supposée aidant, une majorité insolite est sortie du chapeau électoral : une minorité pourvue de deux rallonges amputées à la majorité issue de l'urne… On nous dit que c'est une chose permise par la loi électorale. Moi, je dis qu'une loi électorale qui autorise de tromper les citoyens est une mauvaise loi. Nous sommes quelques uns à souhaiter sa révision. Combien de personnes au village sont de cet avis ? Question intéressante, non ?

Vivement 2012 !

Bien sûr, nous français, ne vivons pas encore dans une société à la chinoise où le commun du peuple n'a qu'à fermer sa gueule et travailler dur pour des figues, aux conditions imposées par des employeurs tout puissants. Nous sommes au XXIe siècle, loin devant sur les rails d'un progrès social en marche… arrière ! Parce qu'on peut se demander si nous n'allons pas bientôt rejoindre les chinois. Du train où vont les choses, dans quelques années ces lignes auront l'air de contenir une grosse faute de frappe : XXIe siècle au lieu de XIXe ! Sarkosy et ses troupes nous y ramènent à marche forcée. Bon, ils ne sont pas à charger de tous nos maux, il y a belle lurette que notre pays va mal. Pour moi, le peuple français (pas ses nantis), baigne dans un climat de crise depuis 1973, l'année du premier choc pétrolier, sous Giscard. Et nos ennuis n'ont cessé de s'accumuler depuis cette époque, à l'exception près de la parenthèse socialiste du début des années 80. Aujourd'hui tout va plus vite cependant, car nous avons un agité installé à l'Élysée, impatient de mettre en application tous les fantasmes d'après-souper de ses amis milliardaires. Sarkosy aurait presque pu vivre au XIXe siècle, il a le cynisme et la brutalité d'un capitaliste de l'époque, il ne lui manque que la bienséance et la culture. Depuis sa prise de fonction, s'il a rapidement songé à gonfler démesurément son salaire et à octroyer des cadeaux fiscaux aux plus aisés, il n'a montré aucune disposition à gouverner pour le bien des français. Les atteintes à notre qualité de vie, à notre protection sociale, se multiplient : durée du travail, franchises médicales, persécution des chômeurs… Et n'oublions pas cette mesure perverse que le gouvernement a fait adopter avec la loi de financement de la sécurité sociale de l'automne dernier : en cas d'arrêt de travail prescrit par un médecin, le patron peut demander un contrôle exercé par un autre médecin, employé de son entreprise, et faire supprimer l'intégralité de l'indemnité d'arrêt de travail sur simple avis de ce dernier. Avec Sarkosy, il y a toujours un sale coup qui mijote à l'Élysée, plus quelques autres déjà cachés dans les placards de la république. Pour en savoir plus, voyez par là.

dimanche 11 mai 2008

Demain ? —3

Le 1er Juin prochain, nos voisins suisses se rendront aux urnes pour trois "votations". Deux projets d'initiative populaire, d'abord : le premier vise, semble-t-il, à empêcher les étrangers dont la naturalisation a été rejetée au niveau local, de contester la décision devant un tribunal fédéral, ce qui me paraît puer la xénophobie à plein nez, mais c'est leur problème. Le deuxième propose d'interdire au Conseil fédéral (le gouvernement) de donner son avis dans les campagnes électorales. Imaginez Sarkosy et Fillon tenus de la boucler pendant que le peuple discute…
La troisième votation, sur un projet constitutionnel du gouvernement et du parlement, concerne l'assurance maladie. D'après la Tribune de Genève le projet en question est contesté. Si l'organisation du système d'assurance maladie suisse paraît quelque peu mystérieuse au français que je suis, je constate néanmoins que là-bas, les citoyens vont décider eux-mêmes de l'évolution de leur système. Et s'ils se trompent, s'ils regrettent leur choix d'ici quelques années, ils pourront sans doute toujours revenir en arrière. À méditer.

Post-campagne électorale.

Le propre des ragots c'est de prospérer dans l'insaisissable ; on déblatère, on calomnie. Au village, j'ai l'impression toute personnelle —aucune garantie d'objectivité—, que nous vivons encore en campagne électorale. L'équipe de corsaires à la barre de la municipalité s'active quotidiennement, ou presque, à séduire tout ce qui passe à portée. J'utilise le mot corsaires dans son acception historique, pour qualifier les personnes qui se sont emparées de la mairie légalement, comme jadis certains hommes de mer arraisonnaient les navires marchands ennemis, exemptés de toute accusation de piraterie par la lettre de course royale qu'ils détenaient.
Donc, je trouve que cette petite majorité de fortune se comporte de fait comme si elle avait conscience du peu de poids de sa légitimité. Ses partisans et elle ne sont toujours pas sortis de leur campagne électorale, poursuivant de bouche à oreille leur quête d'influence. Les propos des unes et des autres finissent par revenir aux tenants de l'opposition dont je fais partie, et cela me remet en mémoire les derniers temps d'avant les élections, quand j'observais les choses de mon quartier éloigné, sans avoir véritablement arrêté mon choix. Des candidats de la liste d'opposition au maire sortant sont venus me parler, une amie du village de leur mouvance m'a téléphoné… Un de leurs arguments choc était que l'équipe précédente prévoyait l'élargissement d'un petit chemin courant au bas du village, juste en face de chez moi, afin de permettre la circulation d'une noria de camions charriant les boues de tout le canton vers notre future station de traitement. Il suffisait de songer un instant à la configuration du terrain et à la dégradation de l'environnement impliquée par une telle opération, pour deviner tout ce qu'il y avait de mensonger et de bassement racoleur dans cette manière de faire campagne. C'est à ce moment que mon opinion s'est formée, prenant en considération d'autres éléments comme la contamination manifeste de l'intérêt public par des querelles personnelles. On comprend bien l'inconfort qu'il peut y avoir à se sentir au fond de soi mal élu, mais il y a de meilleures façons d'obtenir le respect de ses concitoyens.

samedi 10 mai 2008

Abolition de l'esclavage.

Aujourd'hui, notre pays commémorait l'abolition de l'esclavage —date également anniversaire de la reconnaissance officielle par la France, le 10 Mai 2001, du crime contre l'humanité que constituait l'esclavage. Il est réconfortant que le pays adresse une fois dans l'année un signal fort de repentir à nos concitoyens descendants des victimes de la traite des noirs.

Digression à propos de l'esclavage…

Voyez, une fois encore, comme l'histoire est propice aux retrouvailles héroïques : l'homme qui a largement contribué à l'abolition définitive de l'esclavage en France, le 27 Avril 1848, Victor Schoelcher, s'opposera vainement trois ans plus tard au coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte ; il fera partie des rares députés présents aux côtés d'Alphonse Baudin, sur la barricade où celui-ci allait trouver la mort.
Il est intéressant de noter que l'opinion de Schoelcher sur l'esclavage ne s'est forgée que progressivement : au départ, il ne souhaitait pas une abolition immédiate, il ne voyait pas «la nécessité d’infecter la société active (déjà assez mauvaise) de plusieurs millions de brutes décorés du titre de citoyens qui ne seraient en définitive qu’une vaste pépinière de mendiants et de prolétaires. Quant à cela, laissons faire le grand maître, laissons faire le temps. La mort et les affranchissements successifs feront disparaître peu à peu les restes de l’esclavage…»
Schoelcher, par la suite, changea radicalement d'avis et se battit pour une abolition totale et rapide.
Et je ne peux m'empêcher de rapprocher cette citation, toute proportion gardée, des arguments que l'on entend régulièrement sur l'incapacité où seraient les citoyens ordinaires de faire un bon usage de la "démocratie directe". Allons, mesdames et messieurs les politiques, encore un effort, et la démocratie est pour demain !

Fête de l'Europe à Claviers

Je n'ai pas vraiment vu de près, mais j'ai entendu la musique, aperçu des réjouissances certainement sympathiques. C'était une animation du syndicat d'initiative et une occasion d'honorer les clavésiens d'adoption venus des pays de l'Union Européenne, dont on ne peut que saluer l'intégration réussie à notre communauté villageoise. Bonne fête à eux !

vendredi 9 mai 2008

Claviers

Il paraît que je n'ai pas que des amis à Claviers, contrairement à ce que je croyais. Voyez comme il est facile de s'illusionner ! Certains me reprochent d'entretenir un mauvais esprit d'opposition avec le blog… Sans mes petits billets de protestation, le village serait aujourd'hui euphorique, tout le monde s'embrassant dans tous les coins, fier d'avoir une belle municipalité, soudée derrière son maire nouveau. Bon, j'ignore combien de clavésiens, au juste, disposent d'internet, combien me lisent ; à vue de nez, ils sont loin de représenter l'ensemble des mécontents. À ceux que ma prise de parole solitaire agace, j'aimerais dire ceci : quand bien même je serais l'unique citoyen de ce village à estimer que mon vote aux élections municipales a été dévoyé d'une façon inadmissible, j'aurais encore le droit de le crier sur les toits. Parce que nous sommes tout de même un peu en démocratie.

le Tibet et nous

Les tibétains derrière leur faux-jeton de dalaï-lama, ne seraient que des terroristes en puissance, s'il fallait en croire les autorités chinoises. En fait, comme tous les peuples, les tibétains en exil sont partagés. Certains, surtout parmi les plus jeunes, ceux que la position pacifiste et mesurée du leader religieux, impatiente, rêvent d'une indépendance véritable —sans doute, hélas pour eux, inaccessible. D'autres placent leur espoir dans l'autonomie que réclame le dalaï-lama. Et l'on peut supposer que beaucoup aussi, exilés ou non, aimeraient simplement revivre en paix sur leur terre, dans la liberté de perpétuer leur culture. Il doit bien se trouver aussi des gens heureux de faire leur beurre avec les chinois, le contraire serait étonnant. Dans ce débat interne nous n'avons pas grand chose à dire, mais sur la liberté d'un peuple à vivre paisiblement comme il l'entend, par contre, nous sommes concernés. Parce que notre propre liberté se dévalorise à n'être qu'une faculté laissée en sommeil —comme si nous avions désappris ce que le mot veut dire pour ne plus y voir qu'un choix de consommateurs. Le mépris de la liberté des autres menacera la nôtre, à la fin.

La chandelle olympique clignote toujours.

L'un des moindres problèmes posés par les régimes autoritaires, c'est l'opacité de l'information. Tous les gens de pouvoir se méfient des médias comme de la peste. Au mieux, les plus convenables des politiques accusent la presse de partialité dès lors qu'ils ne parviennent plus à la séduire —voyez le culot de nôtre Sarkosy national en la matière.
Faire son métier de journaliste en Chine, en ce moment, doit relever de l'exploit olympique à chaque instant. Ceci-dit, le monde entier apprendra tout de même que, d'après un journal hongkongais, South China Morning Post, deux opposants au régime auraient éteint brièvement la flamme olympique à la faveur d'une bousculade. Bien entendu la télé chinoise a été au même instant victime d'un léger incident technique qui a opportunément gommé l'affront. Une vidéo de la scène est en ligne, mais elle n'est guère éloquente, sauf peut-être si l'on entend le chinois… Les deux opposants téméraires ont disparu, escamotés, ça va de soi.
Chaque jour qui nous rapproche du guignol olympique illustre un peu plus le cynisme, la suffisance, et l'inhumanité des gouvernants chinois. Sarkosy ne fera qu'accroître un peu plus le rejet qu'il inspire à ses concitoyens s'il ne se décide pas à boycotter la cérémonie d'ouverture.

jeudi 8 mai 2008

Pour d'autres.

Pas vraiment envie d'écrire aujourd'hui, un jour chargé de sens. J'ai assisté à la commémoration du 8 Mai 1945, comme tout le monde, et je pense à de très proches disparus qui n'aimaient guère les commémorations. Ils avaient pourtant vécu tout cela aux premières loges, dans la Résistance, la France Libre, ou le maquis… Ils n'étaient pas femme ou hommes à trouver anodin un manquement au respect du citoyen. Je crois qu'ils auraient compris notre colère devant la trahison clavésienne. Ils nous manquent.

mercredi 7 mai 2008

Conseils au maire débutant —11

Dans l'inconscient collectif d'une communauté villageoise sommeille généralement le désir d'être fière de son maire. Les occasions de briller en public, malheureusement sont rares, il faut bien le dire. Aussi notre conseil du jour concernera-t-il le soin que le nouveau coq municipal devrait apporter à ses divers discours. Il ne les fera ni trop courts —ce qui serait taxé de désinvolture—, ni trop longs —l'expérience prouve qu'une allocution-marathon engendre la mélancolie du public. La longueur idéale, telle que la souhaite secrètement toute assistance normalement constituée, se situe aux environs de deux pages d'écriture point trop serrée, aux lignes bien espacées, prononçables en quelques poignées de minutes dont le nombre exact dépendra du débit et du degré d'emphase de l'orateur. Dans l'absolu, le débutant devrait s'efforcer d'apprendre son discours par cœur, car rien ne plaît autant au public que la performance d'un élu s'exprimant sans notes. À moins de se préparer plusieurs jours à l'avance, il est difficile pourtant d'écarter le risque d'un trou de mémoire au pire moment. Si cela survenait, nous conseillons à l'orateur novice de faire preuve d'astuce et d'enchaîner très vite une fable de La Fontaine, de celles que nous n'avons jamais oubliées depuis la communale : "le Corbeau et le renard, la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf"… Personne ou presque ne s'en étonnera.

Demain ? —2

Une Landsgemeinde à Glaris. Author : Adrian Sulc

Un ami Suisse, lecteur du blog, m'a fait parvenir quelques éléments permettant de comparer notre système politique "confiscatoire" (réalité du pouvoir captée par la classe politique) avec une démocratie. Les cantons Suisses sont l'équivalent de petits états indépendants sur le plan local, et donc leurs institutions communales peuvent varier quelque peu de l'un à l'autre. Néanmoins, une forte proportion de petites communes sont administrées comme celle que je me propose de citer en exemple, un village du canton de Vaud d'environ 500 habitants. Le conseil municipal, dont les membres et le Syndic (le maire) sont élus tous les 4 ans, convoque au minimum une fois par an l'assemblée générale des citoyens. Le budget de la commune y est présenté et soumis au feu des questions de tous, étudié dans les moindres détails. Il peut être ainsi éventuellement amendé avant d'être accepté ou non par l'assemblée. Si cette dernière le rejette, la municipalité révise son projet de manière à le mettre en conformité avec les attentes des citoyens. L'ensemble des projets municipaux seront pareillement examinés et proposés à l'approbation de l'assemblée : rénovation d'un bien communal, achat de matériel, classement d'un terrain… Le Syndic et son conseil ne pourront ensuite qu'appliquer la politique votée par les citoyens.
Bien entendu, selon l'ordre du jour, cet exercice de la démocratie peut durer la moitié de la nuit, avant de s'achever autour d'un verre et d'une bonne collation…
Pour autant que je sache, les villages suisses ne sont ni en état de délabrement avancé, ni au bord de la faillite. Et je pose la question : pourquoi ce qui est bon pour nos voisins Suisses serait mauvais ou inapplicable pour nous ?


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On m'objectera que ces propositions sont utopiques, car l'origine de la démocratie Suisse remonterait à peu près au temps où Guillaume Tell poussait sa première dent —et par conséquent, à notre différence, les citoyens suisses auraient eu le temps d'en faire un apprentissage raisonnable… À ceci près que le système politique Suisse moderne date de 1848 seulement, soit l'époque de notre IIe république à la veille du coup d'état du dernier Napoléon. Le peuple français a simplement manqué de la vigilance qui lui aurait permis d'empêcher ses élus successifs de tromper ses aspirations à la démocratie. L'utopie, ce serait d'attendre que nos députés et sénateurs, nos ministres, notre président, nous donnent spontanément les moyens de contrôler nous mêmes l'usage qu'ils font du pouvoir. Si nous n'exigeons pas la démocratie avec force, nous ne l'aurons pas. De ce fait, le rejet actuel de la gent politique grandira encore et conduira à l'explosion.

mardi 6 mai 2008

Conseil au maire débutant —10

Dans l'affection toute paternelle qu'il porte généralement à ses concitoyens électeurs, le maire débutant est souvent porté à leur concocter de belles fêtes, tant son cœur déborde de gratitude. Cela est bien, mais s'il nous écoute, il en profitera pour glisser dans la liesse une petite touche de culture toujours bienvenue au pays de France… Nous lui conseillons ainsi de créer une troupe de majorettes municipales, avec le dessein d'en faire un symbole de l'idéal républicain. Il se trouvera bien quelque adjointe pour en prendre la tête en tutu et bonnet phrygien. Ce serait d'un bel effet, ainsi qu'un moyen sûr d'obtenir le ralliement des ultimes opposants.

Demain, vraie démocratie ?

Un sénateur représente qui et quoi, au juste ? Pour essayer d'y voir plus clair sur ce personnage un peu mystérieux dans la solennité compassée qu'on lui prête si aisément, j'ai mis le nez, ou plutôt l'œil dans le site du Sénat. Remarquable, soit dit en passant. Aussi clair et transparent que celui de l'Assemblée Nationale, et je ne fais pas de l'ironie. Donc, «Chaque sénateur représente la nation, mais il est aussi le représentant d'un département…» Du département, des collectivités locales, nous le savions déjà. La nation, c'est parfois moins clair dans l'esprit de beaucoup de gens, mais ce n'est qu'un synonyme un peu guindé de "peuple". La nation c'est nous tous. Ceci pour dire que notre sénateur, dont j'observe, de ma petite place de citoyen et depuis des années déjà, le bon travail d'élu, défenseur d'idées justes, est toutefois davantage enclin à se soucier du sort de ses pairs et électeurs directs que du nôtre. Je veux dire que l'on aimerait le voir vite proposer une réforme du code électoral qui rendrait dignité et justice aux citoyens des petites communes en empêchant les élus de disposer de leurs suffrages comme d'un vulgaire paquet de kleenex… C'est bien plus pressé que d'accroître le pouvoir et les revenus des maires dans le dos du peuple souverain.

Michaël Blanc, Salah Hamouri

À la suite du commentaire de JFK, j'ai visité les blogg qu'il me recommandait, et j'en reviens avec la conviction de devoir m'associer d'urgence à une double campagne de soutien à deux jeunes français en perdition.
Michaël Blanc, originaire des Hautes-Alpes est emprisonné en Indonésie depuis 1999. Accusé de trafic de drogue, il a été condamné à la détention à perpétuité. Michaël a toujours nié sa culpabilité. L'enquête expéditive menée par la police comportait des irrégularités, son procès a été qualifié de biaisé et inéquitable. Peut-être vous souvenez-vous de son cas, exposé à l'époque par la télévision ? Quoi qu'il en soit, Michaël crie encore son innocence, il est toujours détenu en Indonésie.
Salah Hamouri, un jeune franco-palestinien, est lui, emprisonné depuis trois ans en Israel, sans aucun jugement… Son crime est semble-t-il d'appartenir à un mouvement palestinien, le FPLP, et d'être passé en voiture, trois mois avant son arrestation, devant le domicile d'un rabbin extrémiste. Le rabbin se porte bien, Salah croupit en prison, son jugement est sans cesse reporté par le tribunal militaire, faute de preuve.
Sarkosy, Kouchner, et les médias officiels se mobilisent au secours d'Ingrid Bétancourt, icône de la bonne société. On les approuve, pourvu qu'ils se remuent enfin pour tirer ces deux jeunes français de leurs geôles ! Souvenez-vous : il n'y a pas si longtemps qu'un autre jeune français, coupable de meurtre, a été rapatrié de Lituanie. Un certain Bertrand Cantat pour lequel le tout-bling-bling cher à notre président a su se mobiliser. Aujourd'hui, il est libre. Je n'ai pas vraiment d'opinion sur son cas, mais je m'interroge : deux poids, deux mesures ?
Pour en savoir plus et mieux, reportez-vous aux liens suivants :
Michaël Blanc : http://www.michael-blanc.com/
Salah Hamouri :
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-03-19%2014:27:36&log=invites

lundi 5 mai 2008

Tocqueville à Claviers.

Alexis de Tocqueville est une mine d'admirables préceptes à placer en exergue aux discours de nos élus. J'ai pêché cette citation dans une intervention de notre sénateur, à laquelle je n'adhère pas vraiment, mais il s'en fiche et c'est une autre histoire. Voici donc une très belle définition de la commune : "C'est pourtant dans la commune que réside la force des peuples libres. Les institutions communales sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science, elles la mettent à la portée du peuple, elles lui en font goûter l'usage paisible et l'habituent à s'en servir. Sans institutions communales une nation peut se donner un gouvernement libre, mais elle n'a pas l'esprit de la liberté."
C'est beau, mais n'est-ce pas trop beau pour notre petit Claviers aux électeurs bafoués par un maire, une adjointe, et une majorité qui ont volé la mairie ?

Démocratie cache-sexe

Cela ne date pas d'aujourd'hui, mais la chose politique ne tourne pas rond chez nous. Ou plutôt si, elle tourne en rond aux mains de quelques milliers d'élus qui l'ont confisquée au peuple dès l'origine de la république, au prétexte que le citoyen ordinaire est trop fruste pour y toucher. À de longs intervalles, cinq, six ans, on nous la montre un peu : on enlève le bas, si je peux me permettre, et le peuple plus ou moins émoustillé fait l'amour à la république. Chacun met sa petite graine dans l'urne afin que la belle Marianne enfante des ribambelles d'élus —ou bien un seul, plus rose et affamé de tétée que tous les autres réunis. La chose est bientôt faite, la classe politique raccompagne madame dans ses appartements. Comme les temps changent et que pointe dans le peuple la velléité de mettre son nez dans les affaires qui le concernent, soudain on se préoccupe en haut lieu d'améliorer notre démocratie. Et par précaution, l'on entend de tous côtés chez les gens de pouvoir s'élever une condamnation de la démocratie participative. Au lieu de travailler à donner aux citoyens des outils efficaces et raisonnables d'intervention dans la vie publique, le gouvernement comme les partis politiques perdent leur temps à concocter de mauvaises réponses à une exigence de renouveau.

Chantecler de Coqueville (citation)

«C'est dans les institutions politiques que réside le miel du pouvoir, elles le mettent à la portée des ambitieux, elles leur en font goûter l'ivresse et corrompent leur perception de la vie réelle. Un peuple épris de liberté comme soucieux de son bien-être, ne peut s'abandonner à de tels serviteurs»…

dimanche 4 mai 2008

Du cercle à la sécu.

Je vais très rarement au Cercle de la Fraternité de Claviers. Ce n'est pas un choix délibéré qui découlerait d'une hostilité de ma part envers ses adhérents : on peut y rencontrer aussi bien des sympathisants de la mairie actuelle que des opposants à celle-ci. Non, c'est plutôt un manque d'intérêt pour un lieu qui me semble déserté par l'esprit républicain de ses origines. On pourra me reprocher de regretter une époque folklorique que je n'ai même pas connue, mais précisément, il me semble n'y subsister qu'une pelure associative réduite à son folklore : un lieu de rencontre et de détente autour d'une consommation à prix réduit. On a du mal à imaginer les aïeux de la clientèle actuelle, défiant les sbires d'un préfet du Second Empire par la lecture à voix haute de quelque journal démagogique. Il est vrai que beaucoup d'habitants sont venus d'ailleurs, comme moi, diluer l'importance en nombre des héritiers directs de l'histoire locale. Un peu plus loin dans le canton, sous les platanes du joli Cercle des Travailleurs de Montferrat, où mon épouse et moi avons eu le plaisir de partager "lou déjeuna" du 1er Mai avec des amis, perdure une atmosphère autrement citoyenne. À quoi cela peut-il tenir ? À l'influence d'un décor mieux conservé ? Je plaisante. Aux femmes et aux hommes qui le fréquentent ? Je plaisante, parce que mes concitoyens clavésiens, au fond, ne sont pas plus indifférents que les autres à la vie sociale et politique. Je n'ai pas de réponse.
À côté des cercles d'autrefois, parfois dans leur ombre, existaient des Sociétés de Secours Mutuel. Imaginez ces temps héroïques où le peuple des travailleurs essayait de se prémunir des mauvais coups de la vie, la maladie, la mort, en inventant les premiers mécanismes de la solidarité. Souvent, on cotisait à la SSM associée à son cercle, on entrait dans une fraternité qui vous rendait l'avenir moins redoutable. Suivant l'opinion que M. le Préfet se faisait de la petite association qui vous accueillait, votre SSM avait la bénédiction conditionnelle du pouvoir, ou bien elle devait se faire discrète pour subsister dans l'illégalité. Car M. le Préfet voyait d'un œil soupçonneux les cercles et les associations susceptibles de secourir les chômeurs, ou pire, les grévistes. Aussi, quand je vois de nos jours notre Sécurité Sociale mise à mal par nos gouvernants, je me dis que nous retournons à grands pas vers ces temps obscurs.
Au fait, avez-vous signé la pétition contre les franchises médicales ?