jeudi 31 juillet 2008

Charlie, suite…

Aujourd'hui, juste quelques mots pour recommander la lecture d'une page de soutien à Philippe Val publiée dans Le Monde et signée par vingt personnalités.
Cette affaire est empoisonnée, dans chaque camp on trouve des partisans respectables et d'autres moins, des arguments solides et d'autres un peu légers… Seul le clan Sarkosy est gagnant ; ils doivent bien se marrer.
À chacun de choisir, ou de renvoyer les protagonistes dos à dos…

Source Le Monde

mercredi 30 juillet 2008

Drôle d'été !

Avant, pour secouer la léthargie estivale, les journaux nous servaient une réapparition du monstre du Loch Ness, un atterrissage de soucoupe volante, mais ils n'osent plus. Ils placent plutôt leurs espoirs de ventes dans les néo-feuilletons et les jeux vaguement culturels. Et là-dessus, voilà qu'en plein Juillet déboule l'affaire Siné ! En peu de temps, le scandaleux renvoi du caricaturiste aura pris une ampleur stupéfiante, suscitant articles vengeurs, éditos partisans, pétition, commentaires par centaines —ou par milliers !—, dans tous les coins d'internet… Chaque jour voit paraître un nouvel avis sur la question, et bizarrement, on ne parle plus guère de ce qui faisait l'objet de la chronique de Siné : l'arrivisme du fiston Sarkosy. C'était pourtant bien vu, quoique d'un intérêt un peu marginal, d'épingler ce petit jeune homme aussi ambitieux que son papa. Personnellement, à la place de Siné je me serais plutôt intéressé à l'irruption du rejeton présidentiel dans la vie politique plutôt qu'à son éventuel mariage. En effet, n'est-ce pas étonnant que dans la France républicaine des électeurs soient assez veules pour consacrer de leurs suffrages une perversion dynastique ? Il me semble que le réflexe d'un citoyen épris de démocratie devrait être d'empêcher la formation de clans familiaux en politique. Les Sarkosy ne sont certes pas les premiers, mais j'ai toujours trouvé cela choquant aussi bien à gauche qu'à droite. Avec Jean Sarkosy, l'abus me semble encore plus criant : voilà un tout jeune homme, qui n'avait à son palmarès que des histoires de scooter, parvenu en un temps record à des fonctions que d'autres mettent de longues années à obtenir. Élu au Conseil Général des Hauts-de-Seine, il y a pris la tête du groupe UMP, de même qu'il dirige la section de ce parti à Neuilly-sur-Seine. À qui fera-t-on croire qu'il doit ce parcours à son seul talent ? Il le doit bien sûr à l'influence de son père, mais aussi et surtout à la profonde bêtise de ses divers électeurs. Des gens qui ont si peu conscience de leur devoir de citoyen ne méritent aucun respect.
En ce drôle d'été, dans la mouvance socialiste, adhérents du parti et simples sympathisants s'agitent aussi dans la préparation du congrès de Reims, en Novembre prochain. Pourront-ils faire que le PS ne fonctionne plus en interne comme une caricature de démocratie, à l'image de la république actuelle ? Que voit-on du dehors ? Des courants qui feignent de représenter des nuances d'appréciation sur la politique à mettre en œuvre, en cas d'accession au pouvoir, mais qui sont en réalité de vulgaires écuries au service d'un ou d'une présidentiable. Qu'y murmure-t-on dedans ? Que la parole et les aspirations du militant de base ne valent pas un pet de lapin, qu'il faudrait réformer le fonctionnement même du PS aussi profondément que la république en a besoin. Pourquoi diable n'y mettraient-ils pas en œuvre la démocratie directe que le pays réel obtiendra de gré ou de force un jour ou l'autre ? Par exemple : soumettre les contributions du congrès au vote de l'ensemble des militants, et non pas des seuls délégués.

mardi 29 juillet 2008

Droits de l'homme en France

J'ai peut-être mal lu, mais je n'ai pas vu trace dans la presse française d'une déclaration du porte-parole du ministère des affaires étrangères qui affirmait : «Nous [français] avons une conception exigeante des droits de l'homme, y compris, bien sûr, pour nous-mêmes…»
En voilà une bonne nouvelle ! Cela signifie-t-il, qu'étant exigeants à la maison, nous le serons d'autant plus au dehors, et que par conséquent, notre Nicolas Sarkosi national s'abstiendra de figurer à l'inauguration des jeux olympiques de Pékin ? Il est à craindre que non, car il s'agissait là d'une réponse constipée aux "préoccupations" timides du comité des droits de l'homme de l'ONU, à propos de la surpopulation des prisons françaises et de la politique de détention des sans-papiers dans notre pays. En matière de droits de l'homme, «aucun pays ne peut se prévaloir d'une situation parfaite» a déclaré le porte-parole… C'est sûr, prenez la Chine : elle agit plus mal que nous sur ces questions ; par contre, il vaut mieux éviter de nous comparer aux pays européens les plus démocratiques, nous ferions plutôt figure de république bananière. Et cela ne va pas s'arranger, à moins que les français ne rentrent de vacances avec une envie de grand nettoyage d'automne. Au karcher.

Matinternet quotidien québecquois

lundi 28 juillet 2008

Encore lui !

Il y a quelques jours, Edwy Plenel, sur Mediapart, se livrait à une démonstration lumineuse du coup d'état pacifique perpétré par Nicolas Sarkosy au lendemain de son élection. M. Plenel établit à son tour le rapprochement avec Napoléon III que m'avait inspiré M. Sarkosy lui-même lorsqu'il avait déclaré en substance, avec sa navrante inculture, qu'étant élu, il ne pouvait être accusé de despotisme. Louis Napoléon, premier président de la république de notre Histoire, avait été élu avec 74% des voix au suffrage universel, puis confirmé dans sa fonction par une écrasante majorité, lors du plébiscite organisé au lendemain du coup d'état de décembre 1851. Bon, M. Sarkosy n'a emprisonné personne, il n'ambitionne pas non plus un titre impérial, mais il sait jouer à merveille des licences permises par la constitution de la Ve République, d'essence bonapartiste, pour accaparer tous les pouvoirs. Le fait est que M.Sarkosy exerce de plus en plus ouvertement sa présidence en autocrate, il ne sert à rien de tourner autour des mots pour chercher à le définir d'une façon édulcorée. Tous les dangers que notre constitution recelait en germes se trouvent brusquement illustrés par l'arrivée de cet homme pétri d'ambition et guère encombré de scrupules à la tête de l'état. Progrès des temps, tout de même, nous pouvons espérer qu'il n'y restera pas au-delà de son premier mandat ; nous pouvons aussi espérer qu'à la lumière de cette fâcheuse expérience, l'opposition, de la gauche au centre, si elle parvient au pouvoir, s'attellera d'urgence à élaborer la constitution d'une VIe République.

Mediapart

dimanche 27 juillet 2008

Vive le Service Public

Oui, vive le Service Public, mais lequel ? C'est la peau de chagrin. Alors que nous allons bientôt perdre la Poste que le gouvernement s'apprête à privatiser, l'été aidant, je me suis intéressé au service de la météorologie nationale, Météo-France… Quel service nous fournit-il directement, cet organisme public entretenu avec l'argent des contribuables, et qui est donc notre propriété ? Eh bien, un service réduit à sa plus simple expression. Le citoyen lambda que je suis peut ouvrir sa fenêtre et vérifier que sur internet, le site de Météo-France est en adéquation avec le temps qu'il fait, et obtenir des prévisions pour la journée du lendemain, point. Nous sommes Dimanche, je veux savoir s'il fera beau mardi : je dois payer —soit au coup par coup, en appelant un numéro surtaxé pour obtenir un code, soit en prenant un abonnement… Vous trouvez normal, vous, qu'un service public soit si pingre avec ses usagers et propriétaires ? Moi non. Par curiosité, je me suis intéressé aux services publics météorologiques de quelques uns de nos voisins… En Suisse, l'organisme météo de la Confédération, offre de nombreux services gratuits très utiles et, aujourd'hui par exemple, des prévisions jusqu'à Vendredi. La Suède présente apparemment un bulletin prévisionnel jusqu'à Mercredi. En Italie, la pluie et le beau temps sont affichés d'aujourd'hui Dimanche à Vendredi. En Grande Bretagne, si la Royal Meteorological Society s'adresse peu aux particuliers, elle renvoie en revanche au Met Office qui permet d'obtenir des prévisions régionales sur cinq jours. Le site officiel de l'Allemagne fournit quant à lui des bulletins d'informations couvrant semble-t-il quatre jours. Il n'y a que l'Espagne pour pratiquer la même pingrerie que notre service national : deux jours.
Allemagne
Met office
Suède
Suisse
Espagne

samedi 26 juillet 2008

Les amis du pouvoir ne sont pas nos amis

L'ex-juge Eva Joly, dont on n'oubliera pas de sitôt le passage au pôle financier du tribunal de Paris où elle instruisit notamment l'affaire Elf, vient d'accorder un entretien au journal Mediapart, dans lequel elle critique sévèrement le rôle de Nicolas Sarkosy dans l'affaire Tapie. Pour elle, en substance, en choisissant de porter l'affaire devant un tribunal arbitral, dont les débats manquent de transparence, on a choisi de faire passer l'intérêt des amis avant l'intérêt de l'état. C'est un manque de respect envers l'argent public. Dans le même entretien, Eva Joly, qui est aujourd'hui conseillère en Norvège en matière de lutte contre la corruption, revient également sur la pratique abusive du pouvoir en France, où le président, une fois élu, n'est responsable devant personne, au point de jouir de l'immunité judiciaire jusqu'à la fin de son mandat…Voilà qui conforte l'opinion de ceux qui, comme moi, trouvent la réforme constitutionnelle trompeuse et vaine. Son vote aboutit à renforcer un peu plus l'autorité arrogante de M. Sarkosy, alors que le rejet du projet eût représenté pour lui un échec à valeur d'avertissement. Mais nous devons être minoritaires, si l'on rapproche ce succès de la droite des 53% de français qui estiment dans un sondage que Jack Lang a bien fait de voter la réforme. Ils sont même 74 % parmi les sympathisants socialistes à juger qu'il ne devrait pas être exclu du PS. Autrefois, je pensais que les citoyens n'étaient pas vraiment responsables des erreurs qu'il leur arrivait régulièrement de commettre, mais aujourd'hui, je crois qu'un peuple instruit et familiarisé de longue date avec un semblant de démocratie a le gouvernement qu'il mérite.

Sources :
Mediapart, journal en ligne fondé par quatre journalistes : François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit et Edwy Plenel.
Libération

vendredi 25 juillet 2008

Charlie

Après Bernard-Henri Lévy, c'est au tour de Laurent Joffrin de monter tardivement au créneau, aujourd'hui, dans l'éditorial de Libération. Cette affaire ressemble de plus en plus à un échange de bons procédés entre compères. Fabriquée par un journaliste du Nouvel-Obs, l'affaire retourne presque à son point de départ avec M. Joffrin, ancien du même hebdomadaire … Je remarque que le Nouvel-Obs avait été pris à deux reprises en flagrant-délit de bassesse vis à vis de M. Sarkosy, lui attribuant des propos qu'il n'avait jamais tenus, et dévoilant un échange privé de sms entre Nicolas Sarkosy et sa précédente épouse. Doit-on s'interdire de penser que le désir de rechercher l'apaisement avec le clan Sarkosy a joué un rôle ? De même, la réaction de Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, aurait-elle été la même si Nicolas Sarkosy, alors ministre de l'intérieur, n'avait pas témoigné en faveur de son journal dans le procès des caricatures de Mahomet ? Sur ce dernier point, on pourrait me répondre que Charlie n'épargne guère le président, chaque semaine, depuis son arrivée au pouvoir… Enfin, il est aussi à remarquer que Charlie s'est souvent montré complaisant pour Libération, au point d'agacer ses lecteurs parfois. M. Joffrin vole-t-il au secours de M. Val par reconnaissance ? Ceux qui ont mis le feu aux poudres ne sont pas vraiment clairs sur leurs motivations, c'est un fait. Maintenant, il reste que la petite tempête a soulevé de la boue, et dans cette boue se cache vraiment de l'antisémitisme à présent, c'est perceptible dans pas mal de commentaires qui ont fleuri sur internet autour des articles de presse. Je n'aime pas l'idée de copiner avec des gens qui tiennent des propos tels que : «quand il s'agit de caricaturer les musulmans il n'y a aucun interdit par contre quand il s'agit de critiquer les juifs (…) on devient antisémites» (extrait d'un commentaire publié sur le site de Libération). Voilà un commentateur qui donne raison aux détracteurs de Siné, puisqu'il conclue que sa chronique visait les juifs, au lieu de l'arrivisme du fils Sarkosy épousant une riche héritière. On voit ici à l'œuvre un de ces amalgames scandaleux remontant de l'inconscient malpropre de la France profonde. Je ne peux m'empêcher de rapprocher aussi cela des quelques visiteurs de ce blog qui débarquent en ayant cherché sur internet les mots "culs de juive" que j'ai cités… Cela me fait regretter d'avoir pris parti sur la seule foi des idées généreuses de Siné, car c'est là qu'il est confirmé que l'on ne peut pas rire de n'importe quoi avec n'importe qui. J'espère que Siné se mord les doigts de cette phrase aujourd'hui.
voir Libération

jeudi 24 juillet 2008

Charlie nous apprend la politesse

Dans son éditorial du dernier n° de Charlie, Philippe Val revient par la bande sur l'exclusion de Siné du journal. Non pas sur la chronique du dessinateur elle-même, mais plutôt sur la tempête de réactions qui a suivi. Manifestement choqué par la volée de bois vert qu'il a reçue à travers internet, il livre quelques remarques intéressantes sur ce qui sauve la polémique la plus virulente du vulgaire pamphlet —le pamphlet, selon lui, cher à l'extrême droite, visant les personnes et non pas les idées. Cette clef du débat profitable, telle que la voit Val, c'est la politesse. Internet (ses utilisateurs), a désappris une politesse péniblement acquise des siècles précédents. Il est difficile de lui donner tort là-dessus, ce que l'on appelle la blogosphère d'internet, souvent n'y va pas de main morte, en particulier dans les commentaires de lecteurs parfois déchaînés. Je ne partage pas son jugement sur la chronique de Siné, et surtout, comme lecteur je réprouve la mise à la porte du dessinateur, mais sur ce point d'une forme de politesse à maintenir dans les controverses, je suis assez de son avis —tant que la politesse ne se confond pas avec de la complaisance. Il suffit de voir de temps à autre le peu de soin que certains mettent dans leurs interventions, avec notamment une régression spectaculaire de l'orthographe, pour comprendre la nécessité de ne pas confondre débattre et «se lâcher». Les injures que Val et Charlie privé de Siné ont reçues étaient de trop.

Source Charlie Hebdo en kiosque

mercredi 23 juillet 2008

Billet paresseux

Envie de vacances, comme tout le monde, et peu à dire aujourd'hui…
Selon Libération, Jack Lang a déclaré qu'il n'est au pouvoir de personne de le rayer de la carte politique… Il est vrai que, comme Sarkosy, il peut tenir sa sinécure encore un moment. On verra bien, le jour venu, si les électeurs reconduisent le vieux traître dans ses fonctions… Mais d'ici là, il fait partie de ces gens que le PS s'honorerait de chasser de ses rangs.
Les cadres se sont réveillés dans un cauchemar de nuit d'été : ils viennent de découvrir un peu tard que les lois anti-35 heures de MM. Sarkosy et Fillon les concernent aussi : fini les RTT, adieu les jours de congés pour se refaire une santé en cours d'année. Il ne fallait pas voter Sarkosy, ou alors, il fallait se rattraper en manifestant avec les travailleurs de base ! Enfin, on dit que la rentrée sera très chaude : ils auront d'autres occasions de donner à réfléchir au petit autocrate de l'Élysée.

mardi 22 juillet 2008

Jack le voteur

Ce n'est pas Jack Lang à lui tout seul qui a fait adopter la réforme des institutions, puisque celle-ci est passée en réalité avec deux voix de majorité, mais sa piètre réputation y perdra encore quelques plumes de plus. À la sympathie admirative suscitée par ses débuts en politique, avait succédé l'apitoiement de le voir bientôt atteint du prurit carrieriste, en particulier lorsqu'il tenta de s'imposer comme candidat socialiste à la mairie de Paris au détriment de Delanoé. Aujourd'hui, le voilà traître, peut-il descendre plus bas ? Il est probable qu'il s'en fiche ; à son âge, les âmes mal nées s'intéressent davantage aux ultimes gâteries qu'elles obtiendront du pouvoir qu'à leur réputation : une mission juteuse de plus, quelques honneurs qui manquent peut-être encore à la collection de Jack Lang, ou bien, sait-on jamais, une place dans le prochain gouvernement Sarkosy… Le cavalier seul de M. Lang, à vrai dire, n'a d'importance que par le coup porté au parti socialiste. Était-ce le but discrètement recherché, ou bien faut-il n'y voir que la reconnaissance du ventre envers le président qui l'avait nommé à la vice-présidence du comité de réflexion sur la modernisation des institutions ?
Nous voici en tout cas avec une constitution tripotée qui ne changera pas grand-chose au manque de démocratie de notre république. Aux parlementaires de se débrouiller avec, et à nous citoyens ordinaires la nécessité inchangée d'imposer à nos élus de demain une nouvelle morale politique.

P. S. Ce n'est pas d'aujourd'hui que M. Jack Lang est peu regardant sur ses amis, pourvu qu'il y ait du plaisir, le voici festoyant avec M. Laurent Gbagbo, aimable président de Côte d'Ivoire, en mars 2008.

lundi 21 juillet 2008

BHL condamne Siné

Avec l'irruption aujourd'hui de Bernard-Henri Lévy dans l'affaire Siné, la polémique va encore monter d'un cran et probablement se fourvoyer, car déjà envenimée par les arrière-pensées des adversaires acharnés ou des inconditionnels de Philippe Val, le directeur de Charlie, d'autres protagonistes vont se révéler. Une bonne partie d'entre eux se laisseront malheureusement entraîner par l'antipathie ou la sympathie qu'ils éprouvent pour le philosophe. Bref le débat sera bientôt complètement perverti. Les arguments de BHL pour accabler Siné ne sont pas faux, notamment lorsqu'il conclut son article dans Le Monde en suggérant que l'époque où l'on pouvait rire de tout et n'importe quoi est terminée. Cela me choque un peu, parce que le politiquement correct n'est que le travestissement d'une hypocrisie conquérante, mais peut-être est-ce une évolution souhaitable pour une société civilisée ? Après tout, nous ne pratiquons certainement plus le même humour que nos ancêtres les gaulois… Je pense que la phrase commise par Siné n'était pas antisémite, même en sollicitant sans vergogne son contenu, car elle aurait conservé la même valeur en mettant n'importe qu'elle autre religion à la place de la religion juive. Siné raillait simplement l'arrivisme du jeune Sarkosy épousant une riche héritière. Vouloir transporter le débat sur l'image fantasmatique de la «richesse» juive, chère au crétinisme antisémite, est une pure dérive. Cela dit, il me semble que le débat pour ou contre Siné ne se justifie plus à partir du moment ou le dessinateur a choisi la meilleure réplique : porter plainte pour diffamation. La réponse de la justice sera, sinon pleinement satisfaisante, du moins le moyen de tourner cette sale page de l'histoire d'un journal qui méritait mieux. En attendant, il ne faudrait pas que les emportements des uns et des autres n'ouvrent un espace où pourraient s'insinuer les véritables antisémites. Jusqu'à présent, les défenseurs de Siné ont évité cet écueil. Alors refermons provisoirement la porte au nez de la bête.

dimanche 20 juillet 2008

Réforme des institutions

70 % des français sondés à propos de la réforme des institutions l'approuvent donc. Comme ils n'étaient pas loin d'être aussi nombreux à désapprouver Nicolas Sarkosy, dans les précédents sondages de popularité, il y a là une contradiction. Ou bien les questions posées aux personnes sondées étaient biaisées, ou bien les gens ne se rendent pas compte que cette réforme conduira à rendre encore plus insupportable ce qu'ils reprochent implicitement au président. En effet, si la modification de la constitution est adoptée demain, M. Sarkosy, déjà omnipotent le sera davantage. Loin d'être une sympathique familiarité accordée au président, le fait qu'il ait le droit désormais de s'adresser directement à l'Assemblée lui permettra de s'exposer complaisamment au pays, soutenu inévitablement par sa majorité. Il ne viendra pas en effet rendre compte de sa gestion aux parlementaires, puisque dans un tel cas ceux-ci devraient avoir la capacité de le démettre de ses fonctions en cas de désaccord avec lui. Le président demeurera comme à présent intouchable, irresponsable jusqu'à la fin de son mandat, en quelque sorte, avec une formidable tribune en plus. D'autres part, il faut le dire et le redire, les quelques mesures de contrôle supplémentaires du gouvernement par les parlementaires, seront de fait accordées à la seule majorité présidentielle. Autant dire qu'elles seront inutiles.
La seule mesure qui puisse apparaître comme un progrès est la limitation de la présidence à deux mandats, encore qu'il s'agisse en réalité d'une concession presque symbolique. Du train ou vont les choses, on peut espérer que le bail du locataire actuel de l'Élysée ne sera pas renouvelé en 2012.

Sources

samedi 19 juillet 2008

Deux kilos de chêne aux cent kilomètres ?

Aimeriez-vous faire 500 Kms avec votre voiture pour environ 11 euros, plutôt que d'en dépenser 74 en carburant ?
Moi oui, mais je ne suis pas mécano pour un rond, alors, la belle astuce n'est pas pour moi… Imaginez-vous qu'un suédois de 78 ans, mécanicien à la retraite, s'est souvenu des gazogènes de sa jeunesse, durant la seconde guerre mondiale. Il a bricolé sa voiture, désormais pourvue d'une espèce de container-poêle à bois à l'arrière, dont il récupère les gaz de combustion pour alimenter le moteur de son véhicule. Le démarrage est, paraît-il, un peu lent, il faut en tenir compte pour ne pas louper ses rendez-vous, mais une fois parti ça roule. Ce monsieur a fait les 500 kilomètres dont je parlais pour le prix de quatre sacs de bois… Etait-ce du pin, du chêne ? L'histoire ne le dit pas, mais vous trouverez aisément quelques détails supplémentaires, dans toutes les langues, sur l'idée de Tore Blomqvist, en effectuant une recherche de son nom sur internet.
D'autre part, dans le même registre des économies de carburant, si vous avez un véhicule Diesel et qu'un peu de mécanique ne vous rebute pas, songez à cette autre technique mise au point à l'origine par des écologistes convaincus : le moteur légèrement modifié pour fonctionner à l'huile de friture purifiée… On raconte que du côté de Marseille, la récupération des huiles de restaurant fait fureur…

Tout ou presque sur le gazogène.

vendredi 18 juillet 2008

Charlie bientôt racheté par le Vatican?

À la réflexion, impossible de ne pas revenir sur l'éviction du dessinateur de presse Siné de son journal Charlie-Hebdo. D'abord parce que cela illustre bien les craintes larvées que le clan Sarkosy fait naître de plus en plus dans les médias. Ensuite, parce que Siné a décidé de porter plainte en diffamation contre ceux qui l'ont accusé d'antisémitisme, en l'occurrence Claude Askolowitch, journaliste du Nouvel Obs qui a artificiellement lancé l'affaire sur RTL, et Philippe Val le directeur-propriétaire de Charlie. C'est une réplique parfaite à ces deux faux-jetons. Nul ne peut prédire qu'elle appréciation le juge tirera de la phrase de Siné incriminée, mais sachant que ce dessinateur est tout ce que l'on voudra sauf raciste et antisémite, il y a de bonnes chances pour que justice lui soit rendue. Et qu'adviendra-t-il ce jour là ? Quelle attitude adopteront les copains dessinateurs du journal, jeunes et vieux, qui l'ont si lâchement laissé tomber face au patron ? Se sentiront-ils honteux ? On l'espère. Et que fera l'autocrate lénifiant, M. Val soi-même, copropriétaire de la boutique qui voudrait mener un journal de tradition libertaire comme une crémerie pour bobos ? Il est à craindre qu'il ne fasse rien et se tire d'embarras d'une déclaration cauteleuse, uniquement préoccupé de l'impact du procès sur le chiffre des ventes de son faire-valoir de canard. Il est à craindre aussi que cette affaire, tout en écoeurant nombre d'anciens lecteurs qui n'achèteront plus le journal, n'en attire des nouveaux et ne profite à l'escarcelle des proprios. C'est à craindre parce que cela constituera un écho misérable au dessin de "Une" d'un Charlie de l'ancienne époque —avant Philippe Val—, qui représentait un superbe postérieur de nana, assorti de deux légendes : «cul de juive», pour l'une, et «le racisme fait-il vendre?» pour la seconde. Je n'ai pas la possibilité de publier ce dessin ici, vous le trouverez avec d'autres exemples de la virulence passée de Charlie dans les commentaires de Rue89. Cette description sommaire pour tenter de démontrer que l'on peut être un journal libertaire, insoupçonnable d'antisémitisme et de racisme, et cependant publier des images violentes dont l'ambiguïté n'atteint que les tartuffes et les imbéciles. M. Val aura peut-être réussi en définitive à faire vendre avec de l'antisémitisme.

jeudi 17 juillet 2008

Charlie met de l'eau dans son sarko

Dans la parution de Charlie Hebdo du mercredi 2 juillet, un petit billet du dessinateur Siné, passé d'abord inaperçu, a fini par provoquer un scandale. Siné, qui fait rarement dans la dentelle et parfois flirte avec la frontière du révoltant, voulant épingler l'opportunisme de Jean Sarkosy (le fils, dans la famille Moi-je), a écrit notamment à propos de celui-ci : «…il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit! » Personne à Charlie, Phlippe Val son directeur en tête, ne s'est ému de ces lignes avant la parution du journal. Il a fallu que quelqu'un d'extérieur à la rédaction soulève le lièvre de l'antisémitisme pour que la machine à scandale s'ébranle… À supposer que l'information de la conversion du jeune Sarkosy fût exacte, Siné aurait été mieux inspiré en s'interdisant le rapprochement : juifs = argent, digne de tout ce que la France compte de sales cons. Il avait de quoi faire avec le jeune arriviste, entre ses affaires de scooter et son entrée carnassière en politique. Ce qui est écrit est écrit, mais qui pourrait sérieusement taxer Siné de racisme ou d'antisémitisme ? C'est insane. Philippe Val a pourtant viré le vieux dessinateur, figure mythique du journal, sans se poser beaucoup de questions. J'ai parfois écouté les chroniques de Val à la radio, c'est toujours pertinent, cinglant, sympathique, mais aussi, au fil du temps —comment dire ?— de plus en plus empreint de responsabilité, comme si l'importance qu'il a prise dans les médias l'impressionnait et l'incitait à la prudence. En tout cas, officiellement, M. Val a eu peur d'une plainte déposée par la maison Sarkosy. Ce faisant, il a dénaturé un journal d'ordinaire moins pusillanime et davantage solidaire de ses dessinateurs. Il aurait été infiniment plus digne d'affronter un éventuel procès et d'offrir à Siné la possibilité de se laver du soupçon d'antisémitisme. Le procès pouvait être perdu ? Et alors ? Charlie Hebdo risquait-il la faillite pour autant ? Et quant à démontrer l'antiracisme quasi-vicéral du journal, cela n'est plus à faire, il n'est pas un seul numéro sorti depuis sa création qui n'en porte témoignage.

voir : rue89

voir : Libération

mercredi 16 juillet 2008

Le bonheur en Chine

En France, outre Son Excellence l'Ambassadeur de Chine, MM. Sarkosi, Raffarin, et Poncelet, il se trouve des gens pour estimer que les choses ne vont pas si mal en Chine. Toutefois, d'après Le Monde du 15 Juillet, plus de mille travailleurs ont attaqué pendant trois jour le poste de police de la ville de Kanmen, dans l'est de la Chine… Comme souvent, cela a commencé par le passage à tabac d'un ancien paysan devenu ouvrier à la ville, et dépourvu du permis de résidence —car là-bas, il faut avoir une autorisation pour habiter quelque part. Sans ce fichu permis, un homme n'est pas un citoyen, il n'a aucun droit, dans aucun domaine, sauf celui de travailler et de se faire exploiter à merci. Ils seraient 200 millions dans ce cas…
Vous trouvez vraiment que la Chine est un pays normal ?
Le mois dernier déjà, dans la province du Guizhou, des émeutes avaient secoué une autre ville, que les autorités chinoises qualifièrent de village pour minorer les faits. Plusieurs dizaines de milliers de personnes s'en étaient pris pareillement à la police et aux bâtiments publics…
Vous trouvez ça anodin ?
Si j'en crois toujours Le Monde, qui cite des statistiques chinoises officielles, 87000 troubles de ce genre, plus ou moins graves, se seraient produits au cours de la seule année 2006.
Ces désordres doivent provenir d'un excès de liberté, ne croyez-vous pas?
Depuis 2006, en tout cas, plus de chiffres ! À l'approche des jeux olympiques, Pekin a cessé de divulguer les statistiques du désordre intérieur…

Nicolas Sarkosy aux fourneaux

À ce jour, personne ne semble capable de prévoir si la réforme des institutions verra ou non le jour. M. Sarkosy, inquiet d'un échec possible, tente de sauver son soufflé constitutionnel loupé en défendant sa cuisine dans un entretien avec des journalistes du Monde. Cherche-t-il à influencer les parlementaires de gauche toujours opposés au projet, ou bien à prendre les français à témoin de ses bonnes intentions ? Peu importe, cette réforme ne vaut pas tripette. Qu'y gagnerons-nous réellement ? La seule chose concrète, c'est la limitation de la présidence à deux mandats. Aucun président n'avait jusqu'à présent réussi à en faire trois, mais il est vrai que le quinquennat pourrait faciliter ce genre d'exploit… Pour le reste, il n'y a rien dont un citoyen puisse se satisfaire. Le prétendu renforcement du contrôle parlementaire n'est que de la poudre aux yeux, puisque les concessions accordées aux deux chambres le seront au seul usage de la majorité présidentielle. Et sous la Ve république, nous n'avons jamais eu que des majorités de godillots, se couchant devant le pouvoir au moindre claquement de doigt. Le gouvernement gardera ainsi la possibilité d'imposer toutes ses mesures importantes par la force de l'article 49-3, qui demeure, ou par la menace d'une dissolution de la chambre, pouvoir que le président conservera. M. Sarkosy peut toujours se défendre d'avoir des tendances despotiques : au fil des mois sa façon de gouverner accrédite de plus en plus un tel jugement. «Je rappelle qu'à la différence d'un despote, je suis élu.», dit-il au Monde. Apprenons-lui, puisqu'il l'ignore, que Louis Napoléon-Bonaparte, notre dernier despote, avait été élu triomphalement. Il est élu et légitime, soit, mais la chambre des députés est également élue et légitime. Or, si le président peut dissoudre l'assemblée nationale, nos représentant, eux, ne peuvent pas le destituer. Le président a bel et bien tous les pouvoirs ; jusqu'à présent, seules la mesure et une certaine forme d'intégrité républicaine du locataire de l'Élysée nous préservaient de l'arbitraire. C'est en grande partie cela qui rend notre république si potentiellement bananière, le fait que son fonctionnement à peu près démocratique repose sur la pondération d'un seul homme. Et pas de chance : nous avons un président qui ne s'encombre pas de scrupules.

mardi 15 juillet 2008

La vérité sort de la bouche des vieux enfants

Jack Lang a été un brillant ministre de la culture, le seul successeur d'André Malraux de quelque envergure. Et puis il a vieilli comme tout le monde, il me fait à présent penser, en politique, à ces vieux terrifiés par l'approche de la mort qui s'accrochent à la vie au-delà du raisonnable. Il ne veut plus lâcher les affaires publiques comme beaucoup de ses pareils de gauche ou de droite, et, tout tremblotant, s'essaie encore à frétiller dans l'espoir de retrouver un strapontin au pouvoir. Jack Lang aimerait que la gauche vote la pseudo-réforme des institutions, mais pour l'instant, ses camarades parlementaires disent non. Alors, M. Lang a écrit au président une lettre ouverte publiée par Le Monde, sans lésiner sur la flagornerie, pour lui dire le bien qu'il pense de sa réforme et le prier d'accorder à l'opposition les quelques retouches cosmétiques qui lui permettraient de voter le texte. Certes, tout ce que demande M. Lang n'est pas anodin : il serait juste et important, ainsi qu'il le souhaite, que l'opposition participe aux opérations prévues de redécoupage des circonscriptions électorales, mais on devine que Jack Lang ne croit pas plus à cette éventualité qu'à celle de voir M. Sarkosy exaucer son voeu «d'entrouvrir » la porte du Sénat à la démocratie. En revanche, sans doute sous l'effet de la candeur de l'âge, M. Lang laisse échapper dans son poulet au président l'aveu que «ni la droite ni la gauche [il le déplore] ne souhaitent un vrai changement de régime politique qui réclamerait tout à la fois une suppression de la dyarchie de l'exécutif, la fin de l'irresponsabilité politique du chef de l'Etat, l'abolition du cumul des mandats, et l'instauration d'un scrutin proportionnel à l'allemande». On voit ainsi écrit noir sur blanc le peu de respect que la gent politique porte au peuple français, puisque aucun de ses partis ne souhaite réformer les vraies tares de notre république…
La lettre dans Le Monde.

lundi 14 juillet 2008

Fête Nationale


Une journaliste de radio annonçait pour la soirée d'hier, 13 Juillet, l'organisation de nombreuses festivités en l'honneur de notre fête nationale, conformément aux «traditions». Comme quoi, les traditions ça va ça vient, amis du clocher clavésien… Il est vrai que l'on ne compte plus les municipalités iconoclastes qui programment feux d'artifices et bals populaires le 13 juillet, et laissent les places publiques de leurs villes ou villages désespérément vides, le 14 juillet. Je n'ai jamais compris la raison d'être de ce glissement vers la perte de sens de cet événement, glissement survenu au cours des dernières années. Car enfin, le 13 Juillet 1789, il ne s'est pas passé grand chose de symbolique, à part le pillage des armes du Garde-Meuble Royal, qui allait justement permettre le lendemain la prise de la Bastille ! Enfin, bon…



Deux images pour saluer la présence de M. Bachar el-Assad aux côtés de notre président à l'occasion de la fête nationale : des vues de l'immeuble "le Drakkar", où furent tués 58 soldats français dans un attentat attribué à la Syrie. Avant et après.


dimanche 13 juillet 2008

Jeu d'été

«La France qui prend des risques est fidèle à elle-même, la France qui ne fait rien trahit son idéal»

Devinez d'où sort cette citation ?
A —Les Contes des Mille et une nuits
B —la radio
C —Les Trois mousquetaires
D—Les Mémoires de guerre
E —l'Album zutique
Réponse : B ( infos de France Inter, le 13 Juillet 2008).

Qui a prononcé cette phrase ?
A — Winston Churchill
B —L'Abbé Pierre
C —Charles de Gaulle
D —Nicolas Sarkosy
E —Artur Rimbaud
F —Hugo Chavez
Réponse : D.

Eh oui ! c'est M. Sarkosy soi-même qui a dit ça aujourd'hui, à l'issue de la rencontre israelo-palestienne qu'il a favorisée.
C'est le bon côté de notre président, ce volontarisme diplomatique parfois couronné d'une apparence de succès. Apparence, parce qu'il faudra voir à l'avenir s'il s'agissait d'une réelle avancée ou bien d'un moment d'esbrouffe réussie à la faveur de circonstances particulières : effacement provisoire des États-Unis de M. Bush, en raison du prochain départ de ce dernier ; besoin désespéré du premier ministre israélien de faire oublier les accusations de corruption qui l'accablent… Quoi qu'il en soit, je n'ai pas apprécié la servilité de la journaliste de France-Inter, sortie d'un placard pour l'été, qui n'avait que le mot "succès" à la bouche… Le succès reste à prouver, par contre, si elle avait eu un minimum d'honnêteté intellectuelle elle aurait souligné l'incroyable culot du président qui ose aujourd'hui parler de fidélité de la France à son idéal, alors qu'il vient tout juste de piétiner cette fidélité avec sa piteuse trahison des droits de l'homme !
Sur ce chapitre du reniement sarkosien, qui est loin d'être clos, je ne résiste pas à l'envie d'ajouter encore une citation, tirée d'un discours de M. Sarkosy devant le parlement européen, le 13 Novembre 2007 : «…tous ceux qui ont fait l'expérience de renoncer à la défense des droits de l'homme au bénéfice de contrats n'ont pas eu les contrats, et ont perdu sur le terrain des valeurs…» Si j'osais, je qualifierais ça de rigolo. Ah, tiens, c'est fait !

Pour entendre la phrase dans son jus, suivie de l'émouvant coup de gueule de Daniel Cohn-Bendit, voyez cette vidéo de Marcusgarvey.

samedi 12 juillet 2008

Robert Mugabe invité d'honneur aux J.O. ?

La gestion des affaires du monde obéit à une logique impénétrable. Ainsi, tout démontre que les dirigeants chinois n'ont eu a aucun moment l'intention d'assouplir leur politique intérieure dans un autre domaine que celui des affaires, où prévaut une loi de la jungle qui convient à leur régime. Ayant compris que les jeux olympiques sont une machine à brasser l'argent, en même temps qu'un puissant instrument de propagande, grâce au torrent d'images déversé à cette occasion dans les cerveaux passifs d'innombrables téléspectateurs, il voulaient les J.O. Ils les ont eu, dans les conditions que l'on sait, et en définitive bien peu de gouvernants à travers le monde auront la fermeté de les traiter comme ils le méritent, en boudant leur triomphe. Bah ! les J.O., ce n'est que du sport, disent ceux qu'aucune injustice n'empêchera jamais de digérer, tant qu'ils ne seront pas directement concernés. Sauf que sous la foulée des vaillants athlètes ce sont des femmes et des hommes, prisonniers politiques, qui seront piétinés. Fallait-il vraiment courtiser la Chine alors que son manque de scrupules en matière de droits de l'homme est un fardeau pour le monde ? Un fardeau, car elle fait régulièrement obstacle à la condamnation des régimes dictatoriaux. Cela vient d'être encore le cas à propos du Zimbabwe, au Conseil de sécurité de l'ONU, où associée à la Russie, autre grande patrie de l'arbitraire, elle vient d'opposer son veto à toute sanction contre le sanguinaire Robert Mugabe. Il y a peu, c'était la junte birmane, coupable de laisser crever son peuple après le typhon catastrophique encore présent dans les mémoires, qui bénéficiait de sa protection. Au Conseil de sécurité, la France a voté les sanctions, comme les autres pays démocratiques. Elle s'est donc opposée à la Chine. Comment expliquer la fermeté dont notre président semble capable, par ambassadeur interposé, dans le huis-clos d'une instance internationale, et la complaisance dont il fait preuve au grand jour ? Si l'on veut réellement faire avancer la démocratie, gage de paix, à travers le monde, il est urgent pour nos gouvernants d'accorder partout, ici et ailleurs, aujourd'hui et demain, leurs paroles et leurs actes. En attendant, s'il y a un peu de logique dans tout ça, les dirigeants chinois devraient inviter à la cérémonie d'ouverture leur nouveau protégé, Robert Mugabe, et le faire asseoir à côté de M. Sarkosy, à la tribune d'honneur. Belle photo en perspective, non?

vendredi 11 juillet 2008

Lèse-majesté : le retour.

La république clanique de M. Sarkosy remet en usage de vieilles pratiques d'intimidation que l'on croyait éteintes depuis les années 60, au siècle précédent. Je veux parler des poursuites pour outrage engagées par un sous-préfet, collaborateur du préfet de Paris contre une femme qui aurait crié «Sarko facho !» au cours d'un rassemblement protestataire. Ce qu'elle nie du reste, mais selon le journal Le Monde un seul témoin corrobore sa version, tandis que celle du sous-préfet est confirmée par le chauffeur de celui-ci. Au passage, on relèvera que Le Monde semble accorder plus de crédit au témoin du sous-préfet qu'à celui de la dame, puisque la valeur de ce dernier est dépréciée par le mot : seul. En quoi la parole d'un larbin est-elle plus fiable que celle d'une autre personne présente sur les lieux ? Toutefois, la question n'est pas là, mais dans le fait de savoir si l'offense au chef de l'état, variante moderne du crime de lèse-majesté, est un motif de poursuite admissible en démocratie. Les prédécesseurs de M. Sarkosy n'en avaient jamais fait usage, à commencer par M. Giscard d'Estaing, dont l'élection à la présidence avait inspiré à je ne sais plus quel dessinateur de Charlie une caricature légendée : «Tête de nœud président». Le journal n'avait pas été poursuivi. Dans le cas présent, l'avocat de la dame en mauvaise posture a eu beau jeu de rappeler le fameux «casse toi pauvre con !» de notre distingué président, ce qui devrait inciter, à mon avis, n'importe quel juge à prononcer un non lieu. Cela sera-t-il le cas ? Le jugement sera rendu à la rentrée de Septembre, une période où les rues devraient se remplir de manifestants pour répondre aux provocations de M. Sarkosy qui, désormais, ne voit plus les grévistes…
On avait fini par oublier qu'il existait chez un individu au pouvoir la tentation de museler les opposants, car si nos derniers présidents y ont tous plus ou moins succombé, cela n'avait jamais atteint le niveau actuel. La tendance à l'autoritarisme de M. Sarkosy n'est pas une découverte, elle était déjà perceptible chez le ministre de l'intérieur, mais après un an de règne présidentiel, cela ne s'arrange pas. Les têtes de journalistes qui lui déplaisent, tombent, et les abus de pouvoir se succèdent : cela va de l'interdiction de manifester contre lui lorsqu'il se déplace quelque part —on ne compte plus les histoires de banderoles protestataires confisquées, de manifestants refoulés brutalement—, à sa récente décision de briser l'audiovisuel de service public pour mieux le mettre au pas. En toute chose, son refus de prendre en considération les véritables attentes de la société tient du mépris et de l'arbitraire. Et comme toujours, ce besoin d'affirmer son autorité à la maison va de pair avec la faiblesse affichée au dehors, devant plus teigneux ou plus puissants que lui, ainsi que M. Sarkosy nous en a fait la démonstration sur la question des droits de l'homme.

À propos de la mise à sac de l'appartement de Ségolène Royal

Un texte de l’équipe de Ségolène Royal, repris de son site : Désir d'avenir.

Quelques éléments factuels pour vous aider à mieux comprendre la récente « visite » de l’appartement de Ségolène Royal.

- La fouille de l'appartement de Ségolène Royal, situé à Boulogne, dans les Hauts-de-Seine, a eu lieu vendredi 27 juin, vers 22 heures. La veille précisément du jour où elle devait faire la présentation de sa contribution au congrès du Parti socialiste et alors que, dans l'après midi, une dépêche AFP avait donné les grandes lignes de cette contribution, en titrant sur la dénonciation de la « mainmise du clan Sarkozy sur la France ».

- C'est la troisième fois que l'appartement de Ségolène Royal est ainsi « visité ». La première fouille a eu lieu en août 2006, la veille de sa rentrée politique pendant la campagne interne de désignation du candidat socialiste à la présidentielle. La deuxième s’est produite en juillet 2007. Plusieurs membres de son équipe de campagne avaient également été victimes de cambriolages, pendant l’hiver 2007, et se sont faits notamment volé leurs ordinateurs.

- Le 27 juin dernier, les « visiteurs » ont mis à sac l'appartement. Il ne s’agit pas d'un cambriolage, car aucun objet n’a été dérobé. En revanche, toutes les pièces ont été minutieusement fouillées. Les « visiteurs » ont tenu à laisser des traces particulièrement symboliques. Des effets personnels des enfants ont été mis en évidence sur leurs lits. Encore plus clair : la main courante déposée lors de la précédente « visite » de son appartement a été extraite de ses dossiers et déchirée pour être déposée en évidence sur un meuble.

- Cette entrée par effraction dans son appartement supposait une surveillance étroite des allers et retours de Ségolène Royal et de sa famille. Il fallait à la fois savoir à quel moment précis ses enfants avaient quitté l'appartement pour le laisser vide et à quelle heure exacte elle quittait ses bureaux parisiens pour regagner son domicile.

- C'est en rentrant vers 23 heures avec ses fils qu’elle a constaté que sa porte avait été fracturée. Elle a immédiatement appelé la police et a attendu la présence des agents pour pénétrer dans son appartement.

- Tous ces faits ont été constatés dès le vendredi 27 juin au soir par la police et le Procureur de la République de Nanterre, qui s'est rendu sur place personnellement dans la nuit.

- Il va de soi que compte tenu de tous ces éléments, cette fouille de l'appartement de Ségolène Royal ne peut être comparée à un simple fait divers ou à un acte délictueux dont nous pouvons malheureusement tous être victimes. C’était bien le domicile de Ségolène Royal qui était visé. L'organisation de cette « visite » est professionnelle. La volonté d'intimidation est parfaitement transparente. Ségolène Royal n'est d'ailleurs pas la seule concernée par des faits de cette nature. Olivier Besancenot a porté plainte pour atteintes à sa vie privée ; il avait été surveillé par une officine de renseignement.

jeudi 10 juillet 2008

Parole de président !

Merci à Daniel Cohn-Bendit pour son intervention au Parlement européen, pleine de colère contenue et d'émotion, adressée au président Sarkosy au lendemain de sa capitulation devant la Chine. Aux paroles trompeuses, aux discours vides auxquels M.Sarkosy nous a habitués depuis sa campagne électorale, le député des Verts a opposé la sincérité et la vérité du langage. Il a rappelé l'existence de ces milliers de prisonniers politiques chinois dont le sort a pesé si peu dans la prise de décision du président français. Je ne crois pas qu'il ait dit que la comédie des hésitations à laquelle M. Sarkosy se livrait depuis plusieurs mois, s'achevait en mauvaise farce dont il sortait déconsidéré, mais il aurait pu… Il fut un temps où le candidat Sarkosy nous assurait que le temps de la "realpolitik", le cynisme politique, serait bientôt terminé grâce à son élection. Il fut un temps où il affirmait que les intérêts commerciaux ne pouvaient éclipser les droits de l'homme ; et un temps encore où il faisait dépendre sa présence à Pékin, pour les J.O., des progrès enregistrés dans un dialogue sino-tibétain… Tout cela était mensonger, comme tant de choses que M. Sarkosy affirme. Il devait changer la politique : il en a simplement rendu la brutalité plus voyante. Il se targuait de courage : il se couche devant les dictateurs chinois. Et ce faisant, non seulement il déçoit l'attente de tous ceux qui espéraient un geste fort des européens en faveur des droits de l'homme, mais il commet une faute politique en contribuant à conforter chez les dirigeants chinois le sentiment de leur nouvelle puissance. Aujourd'hui, la force de leur économie est réelle, au point que même les États Unis doivent compter avec eux. Tout comme leur pouvoir de nuisance est manifeste lorsqu'on les voit soutenir tous les régimes oppresseurs à travers le monde et faire régulièrement obstacle aux résolutions du Conseil de sécurité à l'ONU. On peut se demander pour quelle raison Mme Merkel en Allemagne, M. Brown en Grande-Bretagne, M. Harper au Canada, qui boycotteront la cérémonie d'ouverture, ne font pas l'objet des mêmes démarches d'intimidation de la part de la Chine ? Ils sont plus discrets dans leurs méthodes de gouvernement, plus clairs, et moins portés à vouloir le beurre, l'argent du beurre, et la laitière, peut-être ?

mercredi 9 juillet 2008

Pot-pourri…

C'est dit : Nicolas Sarkosy assistera à la cérémonie d'ouverture des J.O. Voilà donc rendu officiel le soutien personnel du petit président aux grands despotes chinois. C'est un scandale à beaucoup d'égards… Nous voilà avec un supposé représentant de la patrie des droits de l'homme qui, par faiblesse et pour satisfaire une poignée de rapaces d'affaires, va tenir un rôle servile, exhibé comme un vaincu sur son estrade officielle, dans le triomphe du régime communiste chinois. Sa désinvolture vis à vis de l'opinion française, favorable majoritairement à un boycott, est stupéfiante, notamment lorsqu'il va annoncer sa reddition loin du pays, devant ses compères du G8, et qu'il nous démontre sans gêne à quel point il estime n'avoir aucun compte à nous rendre. C'est une confirmation de plus, s'il en était besoin, que nous manquons de démocratie chez nous.
Il est intéressant de remarquer qu'en faisant moins d'esbroufe inutile que M. Sarkosy, la chancelière allemande, Mme Merkel, et le premier ministre britannique, M. Brown, ont choisi de ne pas assister à la cérémonie d'ouverture.


Après la déclaration de l'ambassadeur de Chine à Paris, intimant à la France de ne pas recevoir le dalaï-lama officiellement sous peine de représailles, on aimerait que le chef religieux tibétain fût reçu à l'Élysée avec les honneurs d'un chef d'état. Non pas afin de valoriser son rôle de théocrate potentiel, mais pour sauver ce qui peut l'être de notre dignité par un pied de nez à Pékin. Malheureusement, le seul courage que l'on puisse attendre de notre président, c'est celui de nuire aux plus faibles.

J'apprécie que Ségolène Royal, dont on a mis à deux reprises l'appartement à sac, ne se laisse pas intimider par le clan Sarkosy, comme elle dit. Ils sont peu nombreux, parmi les têtes de l'opposition, ceux et celles qui osent clairement dénoncer le copinage impudent du chef de l'état avec la petite bande de milliardaires qui va se remplir un peu plus les poches grâce aux "réformes". Quant à appeler un chat un chat, une récupération une récupération, devant la mise en scène organisée autour de la famille Betancourt, Ségolène a été la seule à le faire, à ma connaissance. Par ailleurs, elle me reste sympathique malgré ses défauts par une autre singularité encore : elle est contre le cumul des mandats et pour l'instauration d'une démocratie participative.


Tandis que le gouvernement met la sécu, l'éducation, la culture, les armées, etc., au régime maigre, le directeur de son service de propagande, Thierry Saussez, a demandé une augmentation de 292% du budget dont il dispose. Il pourra nous en faire des campagnes sur le lessivage du pouvoir d'achat, avec tout cet argent ! (source en kiosque dans «Le Canard enchaîné» du 09 Juillet 1,20€)

Post-scriptum

Outre Angela Merkel et Gordon Brown, n'assisteront pas, également, à la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques : le premier ministre canadien, Stephen Harper, le président du Parlement européen, Hans-Gert Pottering …
A lire, un article de la presse canadienne sur le sujet.

mardi 8 juillet 2008

Le cornac des éléphants à terre.

La tentative d'Arnaud Montebourg de prendre la tête du groupe PS de l'Assemblée nationale s'est soldée par un échec. Bonne nouvelle, car indépendamment de l'envie que j'ai, simple sympathisant du PS, de voir arriver du sang neuf à la tête de ce parti —et M. Montebourg est encore jeune pour un député—, son carriérisme voyant me gêne. Au cours des dernières années on a pu le voir effectuer quelques belles pirouettes inattendues, prenant appui sur tel ou tel courant du parti pour mieux bondir vers la notoriété. Et s'il a souvent tenu des propos dont la vigueur anti-chiraquienne faisait plaisir à entendre, il n'en apparaissait pas moins suspect d'une ambition débridée. Le jour où, tournant le dos aux principes démocratiques qu'il prônait jusqu'alors, il est devenu un ordinaire cumulard de mandats, ajoutant à son siège de député la présidence du conseil général de Saône-et-Loire, il a perdu toute crédibilité. M. Montebourg se veut un professionnel de la politique comme les autres, un homme de fief et de revenus, sur qui il ne faut plus compter pour instaurer davantage de démocratie dans ce pays. Le fait que le «jeune lion» se soit ces derniers temps acoquiné avec des «éléphants» qu'il raillait naguère, Aubry, Fabius, est un motif de rejet encore plus impérieux —Fabius notamment, étant jusqu'à la caricature l'exemple de gauche de ces morpions politiques accrochés au cul du pouvoir. J'ignore qui sortira renforcé du prochain congrès du PS, mais mon voeu personnel c'est qu'il s'agisse de quelqu'un disposé à faire figurer en tête de son programme une promesse de démocratie directe satisfaisante. Et ils ne sont pas nombreux.

lundi 7 juillet 2008

Ouverture des J.O. : le boycott s'impose !

Les dernières discussions entre les représentants du dalaï-lama et les dirigeants chinois n'ont pas permis d'avancer d'un seul pas en direction d'un accord. Les envoyés tibétains à leur retour se sont dit déçus, mais pouvait-il en être autrement ? Dès le départ, il semblait clair que Pékin n'avait consenti à ces rencontres que pour duper l'opinion publique internationale, et fournir un prétexte aux dirigeants des pays démocratiques afin qu'ils renoncent au boycott de la cérémonie d'ouverture. Il est tout aussi clair que la plupart des gouvernants, tel M. Sarkosy, se sont aventurés à brandir la menace du boycott, non par sincère attachement aux droits de l'homme, ni simple étourderie, mais bien par démagogie. M. Sarkosy, toujours prêt à feindre d'épouser les émotions des français qui ne dérangent pas ses projets, avec l'espoir de regagner le moindre demi-point d'estime dans les sondages d'opinion, M. Sarkosy est peut-être celui qui a poussé le cynisme le plus loin. Il n'y a qu'une poignée de jours encore, il feignait d'attendre l'issue des pourparlers sino-tibétains avant de prendre sa décision d'assister ou non aux jeux olympiques de Pékin. Puis sa domesticité, s'attelant illico en coulisses à la préparation des esprits, a presque simultanément annoncé que le président assisterait à la cérémonie d'ouverture. Au Japon, M. Sarkosy devrait sous peu avouer publiquement son manque de parole… Quelles sont les modifications intervenues en Chine dans le domaine des libertés depuis ces derniers mois ? Le seul changement visible a été une régression spectaculaire des droits de l'homme, partout où s'étend la domination du parti au pouvoir. La négociation avec les tibétains n'a servi strictement à rien. Mais Pékin a fait les gros yeux au petit monsieur Sarkosy lorsque le passage de la flamme olympique à Paris a été perturbé ; Pékin a menacé des intérêts financiers marginaux de quelques sociétés françaises en Chine, au demeurant fort antipathiques… Et M. Sarkosy se couche. S'il a l'audace de renier une parole inspirée par la majorité de ses concitoyens, il faudra jusqu'au dernier jour de son mandat lui rappeler cette tromperie. Mais tant que cette cérémonie d'ouverture reste à venir, faisons lui savoir que nous ne voulons pas qu'il y assiste.

Pétition pour le boycott de la cérémonie d'ouverture

Derniers pourparlers Tibet-Pékin

dimanche 6 juillet 2008

France & Cie, suite.

Avec sa façon éhontée de renvoyer l'ascenseur aux copains mercantis de l'audiovisuel privé, et d'annoncer son désir de mettre le service public à ses ordres, arguant sans vergogne qu'il est normal que «l'actionnaire nomme le président», ceux qui en doutaient encore auront compris que M. Sarkosy considère la France comme une entreprise. Corollaire : il se prend pour son P.D.G., ce qui colle bien mieux, il est vrai, à son personnage despotique, imbu de lui-même, que le titre de président de la république. Sa manière de gérer le pays en détruisant ses assises sociales sous prétexte d'alléger les charges de l'entreprise France, et de refiler aux collectivités locales des responsabilités empoisonnées, comme à de vulgaires sous-traitants, en est encore l'illustration. Dernier exemple en date : par économie, on va trancher dans les armées, fermer des casernes, et donc handicaper des villes demain privées d'écoles, de services public, sans que le Conseil d'Administration du Siège Social français se sente la moindre obligation envers elles. Au contraire : on se frottera les mains de leur déclin, si ces villes sont tenues par la gauche. Bien entendu, et il ne faut surtout pas l'oublier, ces agissements vont de pair avec une conception maquignonnesque de la république, la frugalité imposée aux autres ne concerne pas le P.D.G. Il s'octroie un salaire qui est une véritable provocation, se fait offrir par l'entreprise France la réalisation de tous ses caprices, tel cet avion de ligne privé dont l'acquisition est annoncée. Soyons assurés qu'il ne lui arrivera pas souvent de débourser un centime de dépense personnelle. Ceci est tout sauf anodin de la part d'un homme qui exige des autres effort et volonté, et qui ne cesse de leur imposer des mesures qui les appauvrissent. Un pays n'est pas une quelconque chaîne de production industrielle, n'en déplaise à M. Sarkosy. Bien loin de se constituer afin de produire des richesses, une nation s'assemble pour vivre mieux et en sécurité. Un pays, ce sont des êtres humains, de toutes opinions politiques, qui confient momentanément l'organisation de leur existence à un gouvernement. Les services publics, qui appartiennent exclusivement au peuple, ne doivent pas être placés sous le contrôle étroit de ceux qui détiennent déjà le pouvoir. L'exigence démocratique devrait nous protéger d'un tel abus. Sinon, que deviendrons-nous, lorsqu'un homme tel que M. Sarkosy, autoritaire, brutal, rancunier, et peu regardant sur les méthodes, détiendra la totalité des pouvoirs dans notre république, y compris celui de bâillonner toute critique ?

samedi 5 juillet 2008

LE CLAVESIEN

Le n°1 du Clavésien, bulletin municipal de la nouvelle équipe à la tête de la commune, vient de paraître. Numéro de seize pages, plus deux encarts : ses concepteurs ont dû mettre les bouchées doubles, car cette arrivée met fin à la longue période de silence qui succéda aux élections. Silence relatif, bien entendu, puisque l'expression des réalités du village trouva d'autres canaux pour se faire entendre. On aurait du mal à relever davantage qu'une simple trace de la division passée et présente des clavésiens dans ce bulletin, ce qui ne doit pas étonner à plus d'un titre : d'abord parce que le bulletin d'un petit village se nourrit naturellement des activités associatives, ensuite parce que l'opposition, pour une raison que j'ignore, ne s'y est pas manifestée dans l'espace qui lui était proposé, enfin, parce ce que la tâche d'évoquer la fracture du village n'était pas aisée, je le comprends. Il restait néanmoins l'éditorial pour relever ce dernier défi. M. le maire nouveau aurait pu, montant au front en bon commandant en chef, à la place de ses maigres troupes qui n'en ont jamais été capables, tenter de démontrer que son élection fut parfaitement démocratique. Au lieu de cela, il nous livre un simple poème en prose d'une page, d'inspiration municipale, où flotte la grande ombre de Gilbert Bécaud. En voici deux courtes citations tirées des extrémités : «Depuis quelques semaines, une nouvelle équipe d'élus s'est mise au travail avec enthousiasme et entrain. Vous les voyez tous les jours sur le terrain…» , «Le marché ne continuera à vivre que si vous l'encouragez par vos achats.» Tout est vrai, la saveur authentique. Chapeau. Et bienvenue au nouveau bulletin, sans ironie aucune !

vendredi 4 juillet 2008

Scoop

M. Sarkosy pourrait assister à la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Pékin en compagnie d'Ingrid Betancourt et du dalaï-lama. Selon les stratèges de l'Élysée, ce serait en effet la formule idéale pour amadouer les français, fortement opposés à cette participation, tout en réalisant un fameux coup diplomatique, bien dans la manière du président. Pourrait-on faire mieux en faveur des droits de l'homme que de faire débarquer en Chine, du même avion français, notre président épanoui, flanqué de la célèbre otage et du symbole vivant du Tibet ?

Communication sur la vague

Ingrid Betancourt à peine libérée et rendue aux siens, à peine passée la première vague d'émotion soulevée par le bonheur de cette famille trop longtemps éprouvée, on se prend déjà à secouer la tête, incrédule, devant l'écume qui accompagne cet événement. Tout le monde veut sa part de la sympathie suscitée par le spectacle de gens heureux. M. Sarkosy en tête, qui, au lieu de se fendre d'une modeste déclaration de satisfaction, a tenu à s'insérer en catastrophe dans la liesse médiatique dont il risquait d'être absent. Pourquoi pas : depuis cinq ans, la France en général, et son dernier président en particulier, n'ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de la faire libérer. M. Sarkosy pouvait légitimement s'associer à la bonne surprise. Surprise tout de même, puisqu'il n'y est pour rien, et donc forcément suspect de récupération. Compte tenu de son personnage, on peut le créditer d'un sincère contentement, et aussi de la préoccupation politique de saisir au vol une occasion de figurer dans cet épilogue positif, alors que les sondages lui accordent un pet de chèvre de crédibilité. D'autre part, il y a ces tentatives d'argumentation de l'entourage du pouvoir, visant à faire avaler aux français que l'action officielle de notre pays (totalement opposée à celle de la Colombie), a pu préparer le dénouement. Quelle importance ? C'était une cause humanitaire, et non un enjeu politique. Et puis, il y a encore la prestation de M. Kouchner à Bogota, qui rappelle irrésistiblement son numéro d'antan, lorsqu'il coltinait un sac de riz sous l'objectif des caméras. Là aussi, des dents grincent, mais c'est oublier que Bernard Kouchner est un soutien de longue date d'Ingrid Betancourt. Il n'y avait certainement personne au gouvernement dont la présence auprès d'elle à ce moment aurait été plus justifiée que la sienne. Il y a eu enfin de multiples déclarations d'hommes politiques, plus vertueuses les unes que les autres, de Jack Lang à Raffarin —sauf celle du vilain petit canard Ségolène qui a prononcé tout haut le mot que d'autres, plus prudents, se contentaient de murmurer : récupération. Et bien entendu, ce sont des ennemis mortels de son propre camp qui ont récupéré cette franchise contre elle. Si bien que pour le moment, la libération de Mme Betancourt est utile à tout le monde sauf à Mme Royal. Il reste tout de même la joie authentique de cette famille réunie pour faire de ce coup de théâtre une petite page d'Histoire heureuse.

jeudi 3 juillet 2008

Tu seras optimiste, mon fils.

L'économie, c'est tout ce qui sépare les mains qui produisent un bien quelconque des mains qui l'utilisent à l'arrivée —ou de la bouche qui le mange… C'est aussi tout ce qui organise et contrôle ce parcours, du travail jusqu'à la consommation, et la manière de tirer profit de ce travail, du début à la fin. C'est un savoir à la fois concret et abscons pour le commun des mortels, comme moi, qui éprouve une méfiance instinctive envers ça ; un savoir aux prétentions de science dont les théories sont presque toujours mises à mal par les réalités. Un peu à la manière de la météorologie, nettement plus à l'aise pour rendre compte du temps qu'il a fait que pour le voir venir… De nos jours on enseigne des rudiments d'économie aux lycéens et c'est certainement profitable, leur culture ne pourra qu'y gagner, même s'il n'y aura que peu d'entre eux pour approfondir cette matière avant d'entrer dans la vie active. Un rapport remis au ministre de l'éducation, rédigé sous la direction d'un éminent professeur au Collège de France, M. Guesnerie, vient pourtant d'entrer en guerre contre la nature présente de cet enseignement. Il critique, entre autres, la place qu'il juge excessive accordée dans les manuels au chômage et à la précarité, au détriment notamment de l'élévation du niveau de vie. J'ignore tout des matières insuffisamment traitées qui seraient plus aptes à faire le miel du lycéen d'aujourd'hui, comme le "compte de résultat" ou les "contraintes de l'entreprise", mais je devine que pour le jeune en question, le chômage et la précarité sont des éléments d'économie plus crédibles que l'élévation du niveau de vie. Nous assistons même depuis pas mal de temps au déclin de ce dernier. Je saisis mal en quoi on formerait de meilleurs citoyens par l'enseignement d'une sélection optimiste des règles économiques, lesquelles s'appliquent à un jeu de tricheurs. Qui plus est, toutes sont fondées sur une logique folle, la croissance à tout prix, qui conduit l'humanité à une impasse. Les ressources de la Terre ne sont pas inépuisables, ni même suffisantes à moyen terme, on le voit bien avec la crise pétrolière actuelle et la flambée des cours des métaux, pour ne s'en tenir qu'à eux. Il faudrait sans doute enseigner autrement l'économie pour former d'urgence des générations capables de gérer notre monde avec plus de bons sens, mais les économistes actuels en sont-ils capables ?

Le Monde
Le Point
Var matin

mercredi 2 juillet 2008

M. Sarkosy et le Sarko

Il ne se passe pas un jour, ni même une demi-journée sans que du Sarko vous accroche l'œil ou l'oreille. Le Sarko est un produit politique de grande diffusion dont il est impossible de s'affranchir, une fois que vous l'avez adopté. C'est comme un forfait de téléphonie, en plus roublard : on nous l'a collé pour cinq ans, avec tacite reconduction si nous laissons passer la limite d'annulation du contrat… Ainsi donc, que cela plaise ou non, nous sommes obligés de supporter le Sarko du matin au soir et même la nuit, s'il nous arrive d'en rêver. Mais qu'est-ce que c'est, au juste, ce Sarko ? Difficile à définir, car il s'agit d'un langage, mais aussi d'une mentalité, et encore de méthodes, plus d'un sombre avatar : celui de notre président, M. Sarkosy. Ce dernier a les qualités de la jeunesse et une belle intelligence au service d'une fonction particulièrement difficile, eu égard aux temps que nous vivons —endettement du pays, économie patraque, crise agricole mondiale, choc pétrolier, bouleversement climatique, inflation, Europe en panne, etc, etc. Il fait pour le mieux et parfois bien, presque toujours en accord avec ses valeurs d'homme de droite. Après tout, il serait mal venu de lui reprocher de ne pas appliquer une politique de gauche, d'autant qu'il a mis en couveuse quelques mesures sociales qui finiront bien un jour par éclore. M. Sarkosy est un président de droite comme un autre, dont il est encore trop tôt pour juger l'action. Cela dit, quand M. Sarkosy est quelque part, Sarko n'est jamais très loin, et avec cet énergumène, les choses s'enveniment. Le Sarko se tient mal, on le sait, inutile d'insister, mais le Sarko est aussi un mauvais garçon vindicatif, rancunier, peut-être même dangereux. Quand M. Sarkosy est arrivé au pouvoir avec de belles intentions démocratiques et a entamé une timide modernisation des institutions pour câliner le parlement, ravaler le sénat, tout ça…, le Sarko, lui, ruminait des mauvais coups. Ainsi, le Sarko a-t-il lancé des opérations pour intimider la presse, faire virer des mals aimés, et il s'est attaqué au service public de l'information. Il a décidé tout seul, comme ça, de priver l'audiovisuel de ressources financières suffisantes et annoncé qu'il désignera à l'avenir lui-même le président de France-télévision…
Là-dessus, pas plus tard qu'hier, dans les locaux de France 3, Sarko s'est abandonné à une rage froide parce qu'un technicien aurait négligé de le saluer et qu'on lui aurait réservé, ça et là, un accueil hostile. «Ça va changer», a-t-il dit, menaçant. Que pouvait-il espérer d'autre, pourtant ? Croyait-il que des gens dont il met l'avenir en péril allaient lui ouvrir les bras ? Et que signifient ces menaces de la part d'un homme qui a été élu pour être l'arbitre de la nation, non son maître ? M.Sarkosy devrait se défier de son pitbull Sarko, le renvoyer une bonne fois à la niche, et se faire à l'idée qu'il est illusoire de vouloir mettre au pas un pays comme le nôtre. Qu'il se souvienne de son histoire et de la soudaineté de ses colères.

mardi 1 juillet 2008

Cérémonie d'ouverture des jeux olympiques

M. Sarkosy annonce qu'il donnera la semaine prochaine sa réponse au sujet de la cérémonie d'ouverture des jeux … Il ne veut pas risquer de vexer 1,3 milliards de chinois, et espère beaucoup de la reprise du dialogue entre le dalaï-lama et Pékin, dit-il en substance, ce qui est déjà une indication. Fort bien, mais à quelle aune appréciera-t-il les progrès ou les blocages de cette rencontre ? Et même si les deux parties se disaient par miracle pleinement satisfaites, cela changerait-il quelque chose au non-respect par le gouvernement chinois des engagements pris lorsqu'il a posé sa candidature à l'organisation des jeux ? Qu'en est-il de sa promesse d'améliorer les libertés dans son pays ? La crise tibétaine n'est que l'exemple le plus criant d'une tromperie évidente, et depuis que l'attention des médias est braquée sur la Chine, nous avons pu constater à quel point le peuple chinois vit sous un régime dictatorial. D'ores et déjà, on peut dire qu'assister à la cérémonie d'ouverture devrait-être impensable pour M. Sarkosy, à moins de se moquer de l'opinion majoritaire du pays et de choisir la satisfaction des intérêts de quelques hommes d'affaires. Les dessous des relations internationales sont rarement ragoûtants, mais il n'y a aucune de raison de croire que cela soit une fatalité immuable.