Dans la parution de Charlie Hebdo du mercredi 2 juillet, un petit billet du dessinateur Siné, passé d'abord inaperçu, a fini par provoquer un scandale. Siné, qui fait rarement dans la dentelle et parfois flirte avec la frontière du révoltant, voulant épingler l'opportunisme de Jean Sarkosy (le fils, dans la famille Moi-je), a écrit notamment à propos de celui-ci : «…il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit! » Personne à Charlie, Phlippe Val son directeur en tête, ne s'est ému de ces lignes avant la parution du journal. Il a fallu que quelqu'un d'extérieur à la rédaction soulève le lièvre de l'antisémitisme pour que la machine à scandale s'ébranle… À supposer que l'information de la conversion du jeune Sarkosy fût exacte, Siné aurait été mieux inspiré en s'interdisant le rapprochement : juifs = argent, digne de tout ce que la France compte de sales cons. Il avait de quoi faire avec le jeune arriviste, entre ses affaires de scooter et son entrée carnassière en politique. Ce qui est écrit est écrit, mais qui pourrait sérieusement taxer Siné de racisme ou d'antisémitisme ? C'est insane. Philippe Val a pourtant viré le vieux dessinateur, figure mythique du journal, sans se poser beaucoup de questions. J'ai parfois écouté les chroniques de Val à la radio, c'est toujours pertinent, cinglant, sympathique, mais aussi, au fil du temps —comment dire ?— de plus en plus empreint de responsabilité, comme si l'importance qu'il a prise dans les médias l'impressionnait et l'incitait à la prudence. En tout cas, officiellement, M. Val a eu peur d'une plainte déposée par la maison Sarkosy. Ce faisant, il a dénaturé un journal d'ordinaire moins pusillanime et davantage solidaire de ses dessinateurs. Il aurait été infiniment plus digne d'affronter un éventuel procès et d'offrir à Siné la possibilité de se laver du soupçon d'antisémitisme. Le procès pouvait être perdu ? Et alors ? Charlie Hebdo risquait-il la faillite pour autant ? Et quant à démontrer l'antiracisme quasi-vicéral du journal, cela n'est plus à faire, il n'est pas un seul numéro sorti depuis sa création qui n'en porte témoignage.
voir : rue89
voir : Libération
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire