Jack Lang a été un brillant ministre de la culture, le seul successeur d'André Malraux de quelque envergure. Et puis il a vieilli comme tout le monde, il me fait à présent penser, en politique, à ces vieux terrifiés par l'approche de la mort qui s'accrochent à la vie au-delà du raisonnable. Il ne veut plus lâcher les affaires publiques comme beaucoup de ses pareils de gauche ou de droite, et, tout tremblotant, s'essaie encore à frétiller dans l'espoir de retrouver un strapontin au pouvoir. Jack Lang aimerait que la gauche vote la pseudo-réforme des institutions, mais pour l'instant, ses camarades parlementaires disent non. Alors, M. Lang a écrit au président une lettre ouverte publiée par Le Monde, sans lésiner sur la flagornerie, pour lui dire le bien qu'il pense de sa réforme et le prier d'accorder à l'opposition les quelques retouches cosmétiques qui lui permettraient de voter le texte. Certes, tout ce que demande M. Lang n'est pas anodin : il serait juste et important, ainsi qu'il le souhaite, que l'opposition participe aux opérations prévues de redécoupage des circonscriptions électorales, mais on devine que Jack Lang ne croit pas plus à cette éventualité qu'à celle de voir M. Sarkosy exaucer son voeu «d'entrouvrir » la porte du Sénat à la démocratie. En revanche, sans doute sous l'effet de la candeur de l'âge, M. Lang laisse échapper dans son poulet au président l'aveu que «ni la droite ni la gauche [il le déplore] ne souhaitent un vrai changement de régime politique qui réclamerait tout à la fois une suppression de la dyarchie de l'exécutif, la fin de l'irresponsabilité politique du chef de l'Etat, l'abolition du cumul des mandats, et l'instauration d'un scrutin proportionnel à l'allemande». On voit ainsi écrit noir sur blanc le peu de respect que la gent politique porte au peuple français, puisque aucun de ses partis ne souhaite réformer les vraies tares de notre république…
La lettre dans Le Monde.
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