vendredi 11 juillet 2008

Lèse-majesté : le retour.

La république clanique de M. Sarkosy remet en usage de vieilles pratiques d'intimidation que l'on croyait éteintes depuis les années 60, au siècle précédent. Je veux parler des poursuites pour outrage engagées par un sous-préfet, collaborateur du préfet de Paris contre une femme qui aurait crié «Sarko facho !» au cours d'un rassemblement protestataire. Ce qu'elle nie du reste, mais selon le journal Le Monde un seul témoin corrobore sa version, tandis que celle du sous-préfet est confirmée par le chauffeur de celui-ci. Au passage, on relèvera que Le Monde semble accorder plus de crédit au témoin du sous-préfet qu'à celui de la dame, puisque la valeur de ce dernier est dépréciée par le mot : seul. En quoi la parole d'un larbin est-elle plus fiable que celle d'une autre personne présente sur les lieux ? Toutefois, la question n'est pas là, mais dans le fait de savoir si l'offense au chef de l'état, variante moderne du crime de lèse-majesté, est un motif de poursuite admissible en démocratie. Les prédécesseurs de M. Sarkosy n'en avaient jamais fait usage, à commencer par M. Giscard d'Estaing, dont l'élection à la présidence avait inspiré à je ne sais plus quel dessinateur de Charlie une caricature légendée : «Tête de nœud président». Le journal n'avait pas été poursuivi. Dans le cas présent, l'avocat de la dame en mauvaise posture a eu beau jeu de rappeler le fameux «casse toi pauvre con !» de notre distingué président, ce qui devrait inciter, à mon avis, n'importe quel juge à prononcer un non lieu. Cela sera-t-il le cas ? Le jugement sera rendu à la rentrée de Septembre, une période où les rues devraient se remplir de manifestants pour répondre aux provocations de M. Sarkosy qui, désormais, ne voit plus les grévistes…
On avait fini par oublier qu'il existait chez un individu au pouvoir la tentation de museler les opposants, car si nos derniers présidents y ont tous plus ou moins succombé, cela n'avait jamais atteint le niveau actuel. La tendance à l'autoritarisme de M. Sarkosy n'est pas une découverte, elle était déjà perceptible chez le ministre de l'intérieur, mais après un an de règne présidentiel, cela ne s'arrange pas. Les têtes de journalistes qui lui déplaisent, tombent, et les abus de pouvoir se succèdent : cela va de l'interdiction de manifester contre lui lorsqu'il se déplace quelque part —on ne compte plus les histoires de banderoles protestataires confisquées, de manifestants refoulés brutalement—, à sa récente décision de briser l'audiovisuel de service public pour mieux le mettre au pas. En toute chose, son refus de prendre en considération les véritables attentes de la société tient du mépris et de l'arbitraire. Et comme toujours, ce besoin d'affirmer son autorité à la maison va de pair avec la faiblesse affichée au dehors, devant plus teigneux ou plus puissants que lui, ainsi que M. Sarkosy nous en a fait la démonstration sur la question des droits de l'homme.

Aucun commentaire: