dimanche 31 août 2008

Touche pas à ma poste

Le 12 Août 1871, Paul Verlaine écrivait à Émile Blémont : «Mon cher ami, je profite du retour de ma mère à Paris pour lui confier cette lettre qu'elle mettra dans les boîtes dès son arrivée et qui par ce moyen sera probablement remise ce soir même, ou demain dès l'aurore»… J'arrête là ma citation, mon propos n'étant pas de vous parler poésie, mais plus prosaïquement de la poste. Avez-vous remarqué l'admirable confiance du poète envers cette administration ? Notez que si la France disposait en 1871 de ses premières compagnies de chemins de fer, déjà, au XVIIe siècle, au début de l'administration des postes, il n'était pas impossible qu'une lettre partie à cheval de la capitale, fut délivrée le lendemain en province. J'ai souvenir d'avoir lu ça quelque part… Aucune idée du tarif appliqué alors au destinataire (c'est lui qui payait), mais ça ne devait pas être donné, cet hippogramme aussi véloce qu'un chronopost d'aujourd'hui, et peut-être pas plus aléatoire. Qui, de nos jours, serait assez naïf pour attendre qu'une lettre postée en ville soit distribuée le jour même ? Nos postiers croulent sous la pub, le courrier commercial, dans le flot desquels nos épanchements épistolaires font de plus en plus figure d'anomalies. Il est vrai aussi que nous écrivons de moins en moins de lettres, mais ce n'est pas une raison pour que ma bafouille trimestrielle à la tante Berthe traîne quatre ou cinq jours en chemin. Et cela ne va pas s'arranger, puisqu'on nous mijote une privatisation de la poste… Les dirigeants concernés ont beau nous promettre, la main sur le cœur, qu'il n'en est rien, on ne comprend pas la nécessité de contaminer un service public par des capitaux privés si la privatisation n'est pas le but final. D'ailleurs, les mœurs du privé sont déjà en place : la postière essaie régulièrement de me fourguer des enveloppes pré-timbrées et illustrées d'une vue du village, hors de prix, et les murs du bureau sont davantage couverts d'incitations à des placements financiers mirobolants que d'informations utiles. On ne voit pas pourquoi, si la commission européenne exige l'ouverture de la poste à la concurrence —ce qui est du reste fait depuis longtemps, les entreprises de messagerie rapide sont partout—, pourquoi il faudrait renoncer à notre service public ? C'est à dire à une administration qui n'est pas là pour faire des bénéfices à priori, mais pour rendre des services indispensables aux usagers. Être présente dans le moindre village, remplir patiemment sa fonction de tirelire des vieux privés de moyen de transport, des gens modestes qui passent voir avec inquiétude s'ils peuvent tirer encore vingt euros pour tenir… Avoir encore des préposées qui s'aventurent au bout des chemins de campagne, en prenant le temps, non seulement de distribuer convenablement le courrier, mais aussi de relever celui que les gens ont glissé dans la boite jaune, parfois avec des pièces de monnaie pour que la factrice y colle le timbre qui leur manquait… Ces choses là, et beaucoup d'autres encore, tout aussi essentielles, disparaîtront inéluctablement lorsque la poste sera devenue un commerce comme les autres. Les commerciaux des guichets, les techniciens de la distribution, n'auront plus de temps à perdre. Seulement du fric à récolter.

Rue89

samedi 30 août 2008

De l'usage du Kamasutra en politique

L'art du blog est difficile, dès lors qu'en plus d'émettre sur la vie publique, coram populo, des avis d'un intérêt précaire, vous vous piquez d'en approfondir les subtilités, à commencer par la façon d'élargir son audience. Parce que, parler de prise de parole coram populo, c'est vite dit, alors qu'en réalité l'écho de vos premiers billets porte à peu près autant que celui de votre voix braillant dans la salle de bain. C'est déjà pas mal, mais puisque billets il y a, on leur voudrait davantage de lecteurs. C'est ainsi qu'en étudiant les rouages virtuels d'un blog, dont le bon fonctionnement requiert quelques gouttes d'huile, j'ai appris l'existence des mots clefs. Non que mes billets fussent dépourvus de ces termes phares, précieux pour qu'un moteur de recherche m'aperçoive à la dérive sur l'océan du web, mais ils s'y trouvaient semés par la nécessité, sans que j'eusse conscience de leur importance. J'usais en somme des mots clefs comme monsieur Jourdain faisait de la prose. Depuis peu, me voici déniaisé et je franchis sans tarder le passage de la théorie à l'application. Un blogueur d'expérience, dont j'apprécie les écrits régulièrement, et chez qui j'ai puisé le miel de mon nouveau savoir, a remarqué le fumet puissant que dégagent certains mots pour appâter les lecteurs, en partant du constat que les internautes plébiscitent le cul par leurs recherches. Remarquez que ce verbe ne signifie nullement que tous les internautes sont en quête de sexe, de même que les électeurs ayant quasiment plébiscité M. Sarkosy sont loin de rassembler la totalité des français. Heureusement. Pour illustrer son propos, Nicolas, c'est son prénom, citait le mot «kamasutra» en exemple, ayant constaté que son emploi fortuit dans le corps d'un billet —sur le corps serait tentant, mais inapproprié—, valait un surcroît de visites à son blog. Ce qui m'a fourni le thème de ce premier exercice appliqué. Toutefois, la complexion politique de mon blog ne laisse pas de me poser un problème au moment de retomber sur mes pattes : laquelle de mes cibles favorites se prêterait-elle à un accouplement avec le titre de cet ouvrage, certes philosophique, mais aussi fortement connoté de fesse débridée ? Le maire de mon village ? Ce ne serait pas crédible. M. Sarkosy, Jack Lang, l'éditorialiste du Figaro dont je parlais hier ? Pas évident. Il y aurait bien Claude Allègre, qui s'est vendu récemment à M. Sarkosy. Il y a de quoi les égratigner, ces deux là : aller confier l'organisation des Assises européennes de l'innovation à un type qui nie la réalité du réchauffement climatique ! Les énergies renouvelables sont bien parties. J'imagine déjà M. Allègre qui s'entraîne :
Assis face à elle, [l'innovation]
Saisissez ses chevilles et fixez-les, ainsi qu'une chaîne, derrière
votre cou…
Elle mêle ses orteils tandis que vous lui faites [un discours],
c'est le délicieux Lotus.
(adaptation d'un extrait du Kamasutra)




(le connaisseur remarquera, j'espère, que ce billet est parsemé d'appâts robustes : kamasutra, cul, fesse, débridée, chaîne…)

vendredi 29 août 2008

Rendre l'AME pour le RSA

Dans un éditorial du Figaro, un certain Yves de Kerdrel dénonce la perversité du futur Revenu de Solidarité Active de Martin Hirsch et Nicolas Sarkosy, qui va tripoter honteusement l'intimité du capital, en instituant une taxe de 1,1% sur ses revenus. Oh, bien entendu, l'éditorialiste convient qu'il y a du bon dans le RSA —non pas sur le plan de la solidarité, d'une main tendue aux très pauvres par les français à l'aise, mais plutôt du point de vue moralisateur cher à la France profonde : un outil judicieux pour remettre au travail les hordes d'assistés.
Ceci admis, ce monsieur lance une longue plainte à la pensée du capital prochainement martyrisé. Seront frappés «une fois de plus ceux qui créent des richesses», écrit-il, «ces français ordinaires qui détiennent quelques actions souvent au nom d'un patriotisme économique…» Alors là, j'en reste baba. Au lieu de décorer de la légion d'honneur tous ces braves patriotes actionnaires qui tirent de la richesse du néant —selon la définition du verbe créer—, va-t-on les pressurer, les taxer à mort ? Assez plaisanté. M. Kerdrel remarque aussi, que «taxer le capital, ce n'est pas taxer les capitalistes, ce n'est pas étêter les plus grosses fortunes françaises qui s'organisent avec soin pour sanctuariser leur capital», ce qui n'est pas entièrement faux, mais il se garde bien de relever que les gros capitaux en question ont été «sanctuarisés» en partie par le paquet-fiscal de M. Sarkosy. C'est d'ailleurs le seul véritable défaut de cette initiative du président, de ne pas mettre à contribution les vrais riches. Les syndicats demandent qu'à l'entrée en vigueur de la nouvelle taxe, celle-ci soit appliquée aux revenus avant le calcul du paquet-fiscal. M. Sarkosy les entendra-t-il ? Cela effacerait l'iniquité du projet actuel et simplifierait le financement final du RSA.
Pour finir en beauté, M. Kerdrel, que j'ai cité ici quelque peu en désordre, mais il sera facile de retrouver sa prose intégrale en son gîte, M. Kerdrel ose une proposition révoltante : Nicolas Sarkosy, dit-il, «aurait pu penser aussi à faire contribuer les travailleurs clandestins en tirant un trait sur l'aide médicale d'État, qui coûte 800 millions d'euros par an». Là, on atteint l'abject, car cela signifie en clair : laissez donc crever les travailleurs sans papiers lorsqu'ils sont malades. Après tout, du point de vu des patrons qui les font bosser à créer de la richesse, ces gens deviennent inutiles en tombant malades, alors pourquoi dépenser du bon argent à les soigner ! Pourquoi M. Kerdrel ? Mais déjà, parce que ça ne serait pas propre, des hommes et des femmes qui se mettraient à mourir dans tous les coins, faute de soins. Ensuite, peut-être aussi, un peu, parce que nous sommes une nation civilisée, non ?

AME* : aide médicale d'état.

Voir aussi le Nouvel Obs

jeudi 28 août 2008

Nicolas Sarkozy revu solidairement actif

M. Sarkozy a donc annoncé la création du Revenu de solidarité active, cher à Martin Hirsch. Vous voyez bien que notre président a un cœur, mais si, mais si ! Regardons de plus près sa déclaration…
«Dans un contexte où depuis plusieurs années les salaires progressent beaucoup moins vite que les revenus du capital…»
Exact, exception faite du salaire de M. Sarkozy, qui s'est octroyé une augmentation de 172%, et des gros revenus, protégés par le cadeau présidentiel du «paquet fiscal». Avant l'arrivée de leur président —car, il ne faut pas se leurrer : Nicolas Sarkozy gouverne au bénéfice exclusif des français les plus riches, grands patrons, cadres supérieurs, blingos non réfugiés en Suisse—, l'impôt de ces contribuables ne pouvait dépasser 60% de leurs revenus. Désormais, il s'agit que l'impôt direct, plus l'impôt sur la fortune, plus la taxe foncière et la taxe d'habitation de la résidence principale, plus la CSG et la CRDS ne dépassent pas 50% des revenus. Prenons le cas, au hasard, d'un grand patron d'entreprise du CAC 40 qui accumulerait 161 millions d'euros dans l'année… Quand l'état lui prend 50% de revenus, il lui reste 80,5 millions d'euros, soit 527 millions de francs et de grosses poussières, si je ne me trompe pas. Eh bien, ce français là ne paiera pas 1 cent de plus au titre du tout nouveau tout beau RSA qui lui aurait coûté 0,8855 million d'euros.
«…au même moment, on augmente la distribution des actions et les dividendes en haut, il n'est quand même pas anormal que les revenus du capital soient mis à contribution pour revaloriser le travail des plus démunis et des plus exclus…»
Exact encore, cette mesure a l'apparence de la justice, à ceci près que les plus riches en seront exemptés, tandis qu'un bon nombre de français moyens, de condition modeste, y seront assujettis.
«S'il y a de l'argent pour le haut, il doit aussi y avoir de l'argent pour le bas, pour soutenir le revenu de ceux qui font l'effort de se lever chaque matin. J'assume»
Il faut donc comprendre : s'il y a de l'argent pour le haut, il doit aussi y avoir de l'argent au milieu pour le bas
Certes, les futurs contributeurs au RSA ne sont, à première vue, guère à plaindre en regard des vrais pauvres, bénéficiaires du nouvel impôt, mais M. Sarkozy ne manque pas de culot lorsqu'il décrète un effort de solidarité nationale dont il a exempté par avance ses amis. Une fois encore, on peut constater que le verbe généreux de cet homme cache des comportements de chef de clan, une démagogie sans pudeur.
Ce n'est pas la création d'un prélèvement supplémentaire qui est critiquable : il faut bien d'une manière ou d'une autre tendre la main à la France qui coule ! Par contre l'accumulation des choix inéquitables, comme cette taxe sélective ou l'aggravation des franchises médicales, qui est une punition infligée aux malades, viennent s'ajouter au passif déjà lourd de M. Sarkozy. Chaque jour est ainsi un peu plus démontré que les français ont fait le mauvais choix lors de l'élection présidentielle.

Rue89
LibéRennes
le Guide indépendant de l'épargne

mercredi 27 août 2008

Du mot guerre

«Je conteste le mot de guerre» a déclaré le ministre de la Défense, Hervé Morin, à propos de la présence de nos troupes en Afghanistan. Ah bon ? Que font les soldats français là-bas, du baby sitting, de l'assistanat en travaux public ? M. Morin et M. Kouchner ont en effet mis en valeur, devant les députés des commissions de la défense et des affaires étrangères, l'action des militaires en matière de scolarisation des enfants, de recontruction de routes. Nos soldats disparus ont dû être tués par des brigands, parce qu'ils n'avaient que des balais et des pelles à la main pour se défendre… Quel intérêt le ministre de la Défense trouve-t-il à bannir le mot guerre ? S'il s'agit de tranquilliser nos braves parlementaires et l'opinion publique, c'est prendre les gens pour des imbéciles et courir le risque d'agacer. Il y a certainement une meilleure explication, peut-être une histoire de sous ? Le fait de reconnaître un état de guerre a-t-il des conséquences pécuniaires ? Je ne sais, mais il doit bien y avoir une raison à la répugnance des gouvernants à admettre que nous faisons la guerre lorsque celle-ci se déroule loin de nos frontières. En tout cas, il suffit de relever le vocabulaire de nos hommes politiques, ces derniers jours, pour réfuter la contestation du ministre. M. Sarkosy a parlé de «combat» a plusieurs reprises, M. Morin «d'aguerrissement», «d'attaque massive»… Bref, la France fait la guerre en Afghanistan. Dans la modeste mesure de ce que je peux comprendre, je ne trouve pas cela inacceptable, à condition que ce soit pour d'autres motifs que ceux avancés par notre président : ne pas renoncer «au statut de grande puissance», ou à «l'exercice des responsabilités internationales que nous confère notre statut de membre permanent du Conseil de sécurité», ce qui revient au même. Plus convainquant, il parle aussi d'assurer d'une certaine façon la sécurité des français, et je suis pour une fois d'accord avec lui. Nous avons suivi nos alliés en Afghanistan où le régime des talibans au pouvoir donnait l'hospitalité à Ben Laden, et, depuis lors, les actes de terrorisme de grande envergure contre les démocraties ont cessé. Jusqu'à présent. Alors oui, cette «mission de paix avec des affrontements qui sont la même chose que la guerre», dont parle joliment M. Kouchner, et le dessein d'empêcher Al Quaïda de nous atteindre quelque jour en France, ne me choquent pas, non plus que le mot guerre.

Mes sources
Libération
Le Monde
Le Nouvel Obs

mardi 26 août 2008

Un troisieme Premier secretaire

Bertrand Delanoë annonce officiellement sa candidature comme Premier secrétaire du PS. Ce n'est pas une surprise. Le bonhomme est sympathique et son ascension au sein du parti fut un régal, notamment lorsqu'il s'imposa face à Jack Lang dans la course à la mairie de Paris. Pour mémoire, l'ancien ministre de la culture n'avait pas hésité à plaquer ses électeurs de Blois, ville dont il était maire, pour convoiter l'hôtel de ville parisien. Les militants de base de la capitale sauvèrent la morale, une fois n'est pas coutume. Depuis, la marginalisation de L. Jospin aidant, l'éléphanteau a pris du poids.
Cela est bien, mais que proposera le PS avec lui à sa tête ? Quelle perspective nous offrira-t-il, à nous, sympathisants de gauche et plus largement citoyens français ? Sa contribution est riche en généralités prometteuses, comme toutes les autres à première vue. Avec lui, le PS s'engagera sur une stricte limitation des mandats, parfait. Assortie de la mise en place d'un «vértiable statut de l'élu de façon à lui donner les moyens d'être pleinement ce qu'il doit être : un représentant du peuple, efficace»… Ça, on s'en fout, ou plutôt, on s'en méfie énormément, parce que cela signifie en clair : payer encore plus cher des élus devenant professionnels. Or, la majorité des français voudrait réduire les salaires de ses élus divers, non les augmenter. Qu'un représentant du peuple soit efficace, c'est bien le moins que l'on est en droit d'attendre de quelqu'un qui a sollicité nos suffrages pour exercer des responsabilités. Maintenant, que l'on choisisse de faire de la politique un métier comme on devient plombier ou pharmacien, est choquant, même si pour une grande partie des parlementaires c'est déjà le cas. On sèmerait alors réellement la graine d'une classe politique. La vie publique doit être organisée par des citoyens qui délaissent pour un temps plus ou moins long leurs activités professionnelles, et non par des gens que l'on finirait par éduquer à cette fin au sérail jusqu'à former une caste. Sur le plan de la démocratie, la contribution de M. Delanoë, est pingre. Son paragraphe : «refonder le pacte républicain», dans lequel prend place le statut de l'élu, se borne à vouloir revigorer la démocratie représentative, sans amender le moins du monde son caractère confiscatoire. Aucune allusion à un éventuel contrôle citoyen. Conclusion, chers militants socialistes qui allez décider d'un petit bout de notre avenir au congrès de Reims : on serait déçus et frustrés d'avoir à voter un jour à la présidentielle pour Bertrand Delanoë, si méritant soit-il. Pour l'heure, je n'ai vu ébaucher une possible démocratisation de notre république que dans la contribution de Ségolène Royal, «Combattre et proposer».

Contribution B. Delanoë
Contribution Segolène Royal

lundi 25 août 2008

Le "rire" de N. Sarkosy


Hier, j'ai eu un moment l'intention d'insérer à la suite de mon billet une vidéo illustrant «le rire déplacé de Nicolas Sarkosy» lors de son discours aux troupes d'Afghanistan. Et puis, j'y ai renoncé parce que je ressentais un indéfinissable malaise devant ce document. Je n'étais pas convaincu qu'il y eût là matière à épingler une fois de plus le président. Mais le site où j'avais regardé tout d'abord ces images, Le Post, recensait d'autres circonstances où M. Sarkosy aurait fait preuve d'un manque de savoir vivre indigne d'un chef d'état. J'ai donc renvoyé tout de même le lecteur éventuellement intéressé vers cette page —libre à chacun d'accorder ou non de l'intérêt à ces anecdotes. Le rictus présidentiel de Kaboul, quant à lui, ne me semblait guère mériter d'attirer l'attention au delà de la journée d'hier. Or, voilà qu'aujourd'hui, Le Monde soi-même le reprend à son compte dans ses pages en ligne. Diable, je n'ai rien compris au scandale, alors. Le titre est presque inchangé, mais pas une phrase n'accompagne la vidéo, qui est d'ailleurs fermée aux commentaires. D'un point de vue commercial, Le Post appartient au Monde interactif, et donc cousine de près avec le site du quotidien fameux ; cependant alors que ce dernier s'adresse à un public plutôt mûr, le premier vise essentiellement les jeunes. À quoi peut bien servir d'emboîter le pas d'un petit cousin culotté, si l'on a scrupule à commenter le sujet ? À placer de la pub sur un truc croustillant apte à attirer l'internaute ? Parce qu'enfin, il n'y a pas de quoi fouetter un chat dans cette mini-gaffe de M. Sarkosy. L'image ci-dessus est copiée au point culminant du film. On voit que le rire n'est pas un rire, mais l'ébauche d'un sourire et même d'un sourire embarrassé, que suivra un bref pouffement. Comme si M. Sarkosy, improvisant une digression au sujet de la patrouille tragique des soldats français, se rendait compte qu'il s'égarait. Du reste, la fin du bref épisode le montre presque gêné. Alors, oui, M. Sarkosy n'a pas fourni une prestation impeccable de chef des armées, il aurait mieux fait de lire un texte préparé, compassé. Il a voulu assumer sa décision de rester en Afghanistan, dire que si c'était à refaire il le referait, et là-dessus l'idée biscornue l'a pris de préciser qu'il ne renverrait pas pour autant la patrouille au casse-pipe… Bref, il n'est pas doué pour l'improvisation, finalement. Pas doué non plus pour se pénétrer d'instinct de la souffrance des autres et savoir la ménager. C'est un égoïste, sans doute, mais dans ce qui nous occupe ici, il est évident qu'il n'a jamais eu l'intention de railler qui que ce soit. Ce n'est pas là-dessus que l'on doit le juger, il y a suffisamment de choses graves à lui reprocher en bien d'autres domaines.
Ah, bien sûr, par contre, si Mme de Fontenay se lance un jour dans l'organisation d'un concours de beauté pour chefs d'état, avec épreuve de bonne tenue au programme, alors M. Sarkosy aura du souci à se faire!
Le Monde
L'illustration est extraite d'une vidéo de LocoWorld sur YouTube

dimanche 24 août 2008

Une république consulaire ?

Le sénateur de ma circonscription, Pierre-Yves Collombat, revenant sur les retouches apportées à la constitution, à l'initiative de M. Sarkosy, constatait au début de l'été que cette révision, loin de renforcer le rôle du parlement, aboutissait dans les faits à abandonner tous les pouvoirs au président. On ne peut que partager son avis. Le scrutin majoritaire aux législatives produit inévitablement une majorité de godillots asservie au président, et le mode de désignation des sénateurs risque fort de perpétuer la domination de la droite parmi ceux-ci jusqu'à ce qu'un salubre, mais hypothétique, coup de balai citoyen décrasse notre république. Donc, les maigres concessions accordées au parlement ne pourront jamais aller à l'encontre de la volonté présidentielle. Le président demeure intouchable, irresponsable et quasi-souverain durant tout son mandat, alors qu'il garde la possibilité de braquer sur l'assemblée l'arme de la dissolution. Un député n'est jamais pressé de retourner devant les électeurs. La dernière fois que cela s'est produit, sous M. Chirac, on les imaginait malades de rage à l'idée de la bonne tranche de mandature qu'on leur retirait prématurément de l'assiette. Alors, faire croire que l'Assemblée Nationale pourrait discuter sérieusement les vues du président est de la pure arnaque. Ainsi, le débat annoncé sur l'Afghanistan nous apprendra peut-être quelque chose, mais M. Sarkosy décidera seul de la conclusion. Il s'agit là de propos personnels, évidemment, et non des paroles du sénateur…
Pour sa part M. Collombat conclut, après avoir énoncé tout ce qui est techniquement vicié dans la nouvelle version constitutionnelle, que nous vivons désormais sous un régime consulaire. Je ne sais quelle définition il donnerait de ce mot ; pour moi, il évoque irrésistiblement le citoyen Bonaparte, Premier Consul, avant qu'il ne vire au Napoléon 1er. Un régime consulaire, c'est un régime autoritaire. Aujourd'hui, tous les éléments, ou presque —il manque encore un contrôle efficace des médias, mais c'est en marche—, sont disponibles pour mener le pays avec la brusquerie caractérielle de M. Sarkosy. Seules les qualités humaines et les qualités d'homme d'état du consul pourraient rendre cette évolution tolérable quelque temps, par le respect relatif qu'elles inspireraient au citoyen. Est-ce bien le cas ?

Source
P.Y. Collombat

À voir aussi

samedi 23 août 2008

Soutenir Sine

Siné a de vrais amis, dont quelques défenseurs capables de dépasser les prises de position épidermiques pour argumenter en sa faveur. En tête de ceux-ci, on voit Delfeil de Ton qui, dans son dernier «Lundi» du Nouvel Obs, se livre à une analyse décapante de cette affaire truquée. Décapante, parce que débarrassée de toutes les adjonctions polémiques sur la nature de l'antisémitisme et les limites de l'humour, pour revenir aux faits. Affaire truquée parce que née de l'indignation suspecte d'un journaliste en exhibition à la télé, et rapidement accaparée par des gens à l'affût de chaque occasion de se faire mousser, tel BHL. Truquée encore, parce que les semaines passant, la renommée des soutiens déclarés de chaque camp semblait devoir se substituer à l'affaire elle-même. Delfeil de Ton revient aux sources d'inspiration de Siné, rappelant que pour faire son travail, celui-ci devait s'informer de ce dont on parle à travers la presse. Et cela commence le 21 Juin par une confidence du président de la Licra, Ligue contre le racisme et l'antisémitisme, rapportée par Libération. Il y est dit que Jean Sarkosy s'est fiancé «avec une juive, héritière des fondateurs de Darty», etc. D'autres sources donnent à Siné le reste des éléments de la chronique en question sur le brillant jeune homme, déjà diffusés dans la presse. Tout cela débouche sur la plainte de la Licra contre Siné. Jugement le 9 septembre à Lyon… Il faut lire l'article de D.D.T. pour en saisir la gratuité. Il faut lire aussi la lettre ouverte que Siné adressait à Val au début du mois d'Août. J'en cite ici un extrait qui souligne le lâchage incompréhensible de la rédaction : «Cette peu glorieuse attitude ne m’étonne pas de toi [Val], mais celle de l’équipe à la fois pute et soumise, me bouleverse, sauf quelques rares exceptions qui ont réussi à résister à ta pression et ont accepté de signer la pétition en ma faveur…» Comment comprendre en effet la dérobade de ces journalistes et collaborateurs de Charlie qui, tout en sachant Siné étranger à l'antisémitisme, se défilent ? À mes yeux, ils mettent à mal leur crédibilité et celle du journal. Quelle considération accorder, à l'avenir, aux dessins ou écrits de gens faisant gagne-pain de la critique insolente, au nom d'idées généreuses, après qu'on les ait vus choisir de taire une injustice ? On eût encore préféré les entendre tonner à l'unisson de Val : au moins auraient-ils donné l'impression d'avoir peut-être quelque chose à défendre, en plus de leur place. Il leur restera le talent, pour certains, dira-t-on. Oui, mais qu'il leur faudra mettre au service d'un «satiriquement correct» en rapport avec les goûts de leurs nouveaux lecteurs. On ne leur en souhaite pas beaucoup.

L'article de Delfeil de ton
Le blog de Siné

vendredi 22 août 2008

Pour un débat sur l'Afghanistan

Selon un sondage du Parisien, 55% des français souhaitent le retrait de nos troupes d'Afghanistan, 36% sont pour leur maintien, 9% ne savent pas ce qu'ils veulent. Il y a 48% des sondés qui font confiance au président sur l'Afghanistan, 46% qui se méfient de lui, 6% se tâtent.
Sachant qu'un sondage est une espèce de photo de groupe de l'opinion publique, cherchez vôtre tête dans les rangs… Moi, j'ai beau scruter à la loupe, je ne me reconnais pas. Je ne souhaite pas le retrait des troupes à priori, mais s'il se révélait que cette guerre est inutile, comme le soutiennent certains, alors j'admets qu'il serait urgent d'arrêter les frais. Il me semble cependant qu'une défaite du couple talibans-al quaïda diminuerait fortement le danger terroriste. Sinon, quelle serait la solution de rechange à la guerre, une négociation avec eux ? Cela reviendrait à faciliter l'expansion d'un pouvoir obscurantiste que nous retrouverions tôt ou tard, dressé contre les sociétés démocratiques —et ayant sans doute fait main-basse dans l'intervalle sur les capacités nucléaires du Pakistan. Vous souriez de ces propos dignes du Café du commerce ? Moi aussi. D'où apparaît l'utilité d'un vrai débat au parlement, tel que le réclame notamment Noël Mamère, qui permettrait au simple citoyen de dresser l'inventaire des arguments avancés par des gens qualifiés —on l'espère, mais cela reste à prouver.
J'écris le mot qualifié comme un acte de foi démocratique, parce qu'au même moment me viennent en mémoire des lignes de Romain Gary dans «La nuit sera calme». Il travaillait alors (les années d'après guerre), pour le Quai d'Orsay, et se trouvait à New York, remplissant la fonction de porte-parole de la Délégation française à l'ONU. Voici un extrait : «il n'était pas possible, je répète, pas possible, de laisser un parlementaire français siégeant à la Commission de tutelle, venu pour une mission spécifique ou en observateur, expliquer, par exemple, aux représentants de la presse mondiale et à l'opinion publique américaine (…) qu'il fallait utiliser la bombe atomique américaine en Indochine…» N'étaient en cause ici que des députés au bellicisme vitrificateur, et le recul aidant, on peut se faire une idée de leur dangereuse nullité. Les pacifistes d'alors avaient raison, mais étaient-ils plus compétents ? Aujourd'hui, les parlementaires sont certainement davantage avertis, nous pouvons espérer qu'ils sauraient faire sortir d'un débat des éléments de vérité propres à éclairer la nécessité ou non de notre engagement en Afghanistan… Si le gouvernement autorise le débat, bien entendu, ce qui est rien moins que certain.
Dans cet espoir, sans réclamer le retrait de nos soldats, je ne suis pas pour autant de ceux qui font confiance à M. Sarkosy. Je devrait donc être mêlé sur la photo aux 46% de soupçonneux à son égard, mais je ne m'y vois pas, car susceptible aussi de figurer parmi les 36% favorables au statu quo… Vous voulez que je vous dise ? La photo est floue, le sondeur a encore bougé au dernier moment !
Sources:
Le Parisien
Le Monde

jeudi 21 août 2008

L'Afghanistan n'est pas l'Irak

Lorsqu'un quelconque pékin se mêle de parler de guerre, il lui faut se méfier des postures gratuites. Non qu'il soit mal venu au civil d'exprimer ses opinions sur un conflit : citoyen, il a le droit d'avoir un avis et d'en faire part à qui veut l'écouter, mais s'il a de l'émotion à revendre, il dispose de bien peu de repères pour apprécier ce dont il parle… Il n'empêche ! Je ne comprends pas comment un président peut avoir l'impudence de décider seul de faire la guerre. Selon ma conception de la démocratie, ce devrait être au parlement, dans l'urgence, de la voter, et au peuple de l'arrêter ou de la prolonger, au delà d'un certain délai. Parce que ce sont ses enfants qui risquent leur peau, et parce que c'est lui qui paie la guerre. Dans un monde idéal, en lieu et place des jeux olympiques, on mettrait MM Bush, Sarkosy, Ben Laden, Omar, et toute la bande, dans un stade ; on les regarderait se battre et mourir à la place de tant de soldats, de tant de civils innocents, et puis l'on recommencerait quelques années plus tard avec de nouveaux amateurs de pouvoir. Malheureusement, ce n'est pas de saison, et même si l'on se réfère aux broutilles rajoutées récemment à la constitution, dans le cas des événements en Afghanistan qui font l'actualité, le parlement n'aura rien à redire, ou si peu : les lois qui lui donneraient ce pouvoir ne sont pas encore effectives. Le seraient-elle, qu'elles ne pourraient s'appliquer rétroactivement à ce conflit. Ceci dit, contrairement à ce que je lis de beaucoup d'opinions de gauche, je ne suis pas totalement hostile à notre présence en Afghanistan aux côté des alliés. Rappelons-nous les motifs du déclenchement de ce conflit : les attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis, revendiqués par Al Quaïda, et la «guerre sainte» proclamée par Ben Laden contre les occidentaux, bientôt suivie d'attentats à Londres, Madrid… Le régime des talibans afghans soutenait Ben Laden et avait refusé de condamner les attentats. Il était logique que les États-Unis veuillent abattre ce régime, logique que la France s'engage à leurs côtés. Non seulement parce que nous étions visés à plus ou moins longue échéance par Al Quaïda, mais aussi parce que les Américains sont nos alliés et que des dizaines de milliers de leurs soldats sont morts pour notre délivrance lors de la seconde guerre mondiale. Cela étant, l'augmentation de nos effectifs militaires là-bas a été décidée souverainement par le président, sans que nos représentants aient eu la possibilité de débattre de son opportunité, et nous ignorons si cela était justifié autrement que par le désir de M. Sarkosy de coller à son «rêve américain» personnel. Il est permis d'en douter, même si cet engagement apparaît défendable. Il est aussi permis de s'inquiéter du volontarisme de M. Sarkosy, parce que la dette contractée vis à vis de nos amis américains ne nous oblige pas à les suivre dans n'importe quelle aventure. L'une des rares bonnes choses que nous devons à M. Chirac fut d'avoir refusé notre participation à la guerre d'Irak, qui est une sale guerre —s'il en est de propres !

mercredi 20 août 2008

Président amateur ?

Dès qu'il y a une émotion nationale à récupérer, Nicolas Sarkosy fonce. On l'a vu à l'œuvre d'innombrables fois depuis le début de sa carrière politique. L'une des dernières occasions, c'était lors de la libération d'Ingrid Bétancour à laquelle il n'avait pris aucune part, mais dont il sut tirer profit médiatique à l'heure où les cœurs battaient dans les chaumières. Aujourd'hui le voilà en Afghanistan pour soutenir le moral des soldats français survivants du piège des talibans —et rescapés également, si j'ai bien compris, de quelques ratés d'importance du point de vue militaire. Comme je ne connais rien à l'art de la guerre, non plus qu'à la diplomatie des extrêmes qui se déploie en ces occasions, je ne m'arrêterai guère sur cette embuscade ainsi que sur l'opportunité du voyage présidentiel, dans lequel certains voient une preuve de faiblesse affichée aux yeux de l'ennemi. Une de plus, en somme, de la part de M. Sarkosy, plus soucieux de popularité facile que de sang-froid politique… Il y a toutefois deux choses qui m'ont choqué dans cet événement ou en marge de celui-ci : la première fut d'apprendre que les combats avaient duré du début de l'après-midi jusqu'à la nuit. Comment se fait-il qu'une patrouille de faible importance numérique soit abandonnée au feu ennemi, sans renfort, aussi longtemps ? Les armées de la coalition, que l'on croyait modernes, sont-elles réduites à communiquer par signaux de fumée ? Et puis, écoutant sur France-Inter les propos de journalistes spécialisés, au sujet de cette affaire et de notre armée, j'ai appris une chose qui me sidère : nos soldats sont paraît-il obligés d'acheter et de payer de leur poche certaines pièces de leur fourniment s'ils veulent être correctement équipés : un bon duvet pour ne pas avoir froid, des croquenots de bonne qualité s'il ne veulent pas avoir mal aux pieds, un sac à dos bien conçu… On croit rêver ! Quelle fraction du budget de la défense représenterait la fourniture d'un équipement convenable aux soldats d'une armée professionnelle, donc réduite ? À supposer que le ministère n'arrive pas à trouver une ligne de crédit pour ce faire, je parierais qu'une ponction annuelle sur les revenus de la présidence, la danseuse de la république, suffirait à y pourvoir.
Voir :
Blog Libé Secret-défense
Le Monde

mardi 19 août 2008

Afférent à un billet

Je viens de lire des extraits de rapports d'un brigadier de police épris de style, fleuris et guindés en même temps, touchants de volonté appliquée à garder sa dignité en toutes situations. Et l'on sait que la vie de flic n'est pas vouée aux conjonctures pénardes. Le billet qui accompagne les extraits est souriant, dans un blog que j'ai découvert hier, intimidé comme d'une visite au commissariat. J'ai trouvé cet endroit sympa, je vous donne l'adresse : Police

Tartuferie sans frontière

Bernard Kouchner rencontrera le dalaï lama, allez hop, adjugé ! Il ne faut pas critiquer trop sévèrement les errements du ministre des Affaires étrangères ; il ne doit pas pouvoir faire souvent ce qu'il veut, accordons-lui le crédit d'avoir lutté âprement afin d'imposer cette entrevue à son maître de l'Élysée. Imagine-t-on M. Kouchner renoncer de gaieté de cœur à une belle photo de presse avec Océan de Sagesse —traduction de dalaï lama—, alors que cette peste de Ségolène avait eu la sienne ? Et puis, n'oublions pas que le Prix Nobel de la paix et lui sont amis, paraît-il, et cela doit être rageant d'être empêché de saluer un ami de passage. On objectera que, par amitié, le ministre aurait pu se fendre d'une visite nocturne à Nantes, sans tambour ni trompette, quitte à faire savoir plus tard qu'il avait bel et bien déjà vu le cher Tenzin Gyatzo —c'est le nom du dalaï—, pour confondre les mauvais esprits. À quoi il est aisé d'opposer la fatigue probable du dalaï lama après son long voyage, et la discipline rigoureuse qu'un tel homme doit s'imposer : couché tôt, levé à l'aube… L'essentiel enfin, n'est-il pas qu'un membre du gouvernement français témoigne de l'estime du pays, même de façon ambiguë, à cette grande figure du pacifisme ? On se console comme on peut, puisqu'il n'est pas question de froisser l'ombrageux nationalisme chinois en reconnaissant dans le dalaï lama un représentant en exil du peuple tibétain. À ce propos, il me semble intéressant de citer, comme une réponse à ceux qui voient dans le dalaï lama la survivance antipathique d'un régime obscurantiste, deux courts extraits d'une biographie (laudative) de cet homme : «En 1963, le Dalaï Lama a préparé un projet de constitution, et depuis cette époque, il s'est montré un fervent promoteur de la démocratisation de la société tibétaine»… «En juillet 2001, Sa Sainteté le Dalaï Lama, a fait en sorte que ses propres pouvoirs soient réduits, et, à son initiative, les tibétains ont élu leur premier Premier Ministre en la personne du Professeur Samdhong Rinpotché». Il semble que le professeur en question soit un moine et non un laïque, mais il doit sa désignation à une élection directe par la diaspora tibétaine.
La défense des droits de l'homme, à travers les jeux olympiques et la visite du dalaï lama, aura démontré les faiblesses de M. Sarkosy comme homme d'état. Peut-être a-t-il hérité d'une situation pourrie depuis le départ : c'est à dire le choix de la Chine comme nation organisatrice des jeux. On n'ose imaginer quels arrangements douteux ont pu conduire à cette désignation, mais en élisant un pays totalitaire le CIO ne pouvait que soulever une tempête. Pour tenter de la maîtriser, cet organisme en est venu à prendre des mesures dignes de l'hôte des jeux, interdisant aux athlètes tout soutien aux droits de l'homme, si bien qu'il ne restera sans doute de l'événement que le souvenir d'une compétition internationale de bassesse. Et sur ce point, il n'est pas certain que les autorités chinoise aient mérité la médaille d'or.

Le Monde

lundi 18 août 2008

Quelqu'un a vu la croissance ?

Le mois d'Août est une période frustrante pour le lecteur de la presse, surtout lorsqu'il est abonné à un quotidien ou un hebdomadaire. C'est l'époque du régime minceur, moins de pages, moindre intérêt, recours aux marronniers d'été : vacances du président, des ministres, des français, jeux divers, monstres et soucoupes volantes… Sous prétexte qu'il ne se passerait plus grand -chose, les plumes font la sieste, alors que c'est le moment où beaucoup de gens auraient enfin le temps de lire plusieurs canards de A à Z. Cette année pourtant, on a dû râler dans les rédactions, vu l'importance des événements survenus pendant ce mois d'Août, des spasmes olympiques à la guerre russo-géorgienne, de l'attitude foireuse de M. Sarkosy sur les droits de l'homme à l'approche de la récession. Il a bien fallu traiter tous ces sujets. Le dernier venu, les sombres perspectives économiques, va mettre du pain sur la planche des traducteurs de langue de bois. Déjà, M. Fillon explique que nous n'avons «pas besoin d'un plan de relance, qui serait artificiel»… Ceux qui comprennent le patois politique auront reconnu un vers de La Fontaine : «ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats», tiré du Renard et les raisins. Cela signifie en définitive que nous sommes fauchés et que pour relancer, il faudrait inventer un argent que nous n'avons plus, le président ayant fait des cadeaux somptuaires à certains contribuables. M. Fillon a parlé aussi de «réformes de structures» et de sa foi dans la croissance positive de la France pour l'année 2008. Là, je dois avouer que je ne connais pas suffisamment la langue de bois pour risquer une interprétation, il faut attendre la version de la presse compétente. Celle que je goûte se situe à gauche, mais on peut aussi se reporter à celle de droite, qui livrera certainement une adaptation bien-pensante du parler gouvernemental, à l'ombre d'un marronnier, comme Le Figaro qui accompagne M. Fillon d'un long article sur les OVNI.
Sources :
Libération
Le Monde
Le Figaro

dimanche 17 août 2008

Choses glauques

M. Kouchner ne rencontrera pas le dalaï-lama, son agenda, qu'il avait sans doute mal lu en demandant une entrevue, ne le permettra pas… Comme dans la Ve République d'une manière générale et sous M. Sarkosy en particulier, le ministre des Affaires étrangères n'est rien de plus qu'un exécutant du président, on voit d'où est venu l'ordre de battre en retraite. Décidément, cette affaire conduite depuis le départ avec une maladresse de gribouille par l'occupant de l'Élysée, s'achèvera dans le ridicule absolu. Pour tenter de sauver ce qui peut l'être de la dignité du pouvoir, il ne reste que Rama Yade. Sera-t-elle autorisée à le faire ?
Voir Libération


M. Raffarin n'a jamais digéré que Ségolène Royal l'ait privé de son fief, à la tête de la région Poitou-Charentes. Depuis, il ne loupe aucune occasion d'essayer de lui nuire. Sa dernière trouvaille, c'est d'avoir déclaré je ne sais où qu'il trouvait Martine Aubry meilleure candidate que Ségolène Royal pour le PS. Comme si ses avis revêtaient quelque importance. Il serait mieux inspiré d'utiliser son troisième âge politique à la promotion des pantoufles charentaises.

Le sac de nœuds provoqué par le renvoi de Siné n'en finit plus de s'épaissir. Chaque semaine l'affaire s'envenime et les positions se durcissent dans chaque camp, opposant des personnes qui, à l'origine, n'étaient pas loin de partager les mêmes valeurs. Ainsi va la vie. Une chose me trouble toujours là-dedans : c'est qu'entre les deux pôles du conflit, Siné et ses défenseurs, Val et ses soutiens, il y a la rédaction de Charlie Hebdo dont la majorité des membres fait preuve d'une apathie sidérante. Que va-t-il rester du journal si les champions de l'insolence rejoignent le marais ? En tout cas, cette semaine écoulée aura vu Delfeil de Ton, qui défend Siné, porter le fer du côté des gros sous et des arrangements d'affaire entre amis… Ça devrait faire mal dans un petit monde voué à la générosité de principe. De la naissance du nouveau Charlie, on savait plus ou moins par la rumeur que tout n'était pas d'une parfaite clarté, mais l'on voulait croire que cela se résumait à de banales rivalités . La mise au point de Delfeil de Ton dans le Nouvel Obs malmène cette idée naïve et n'épargne personne, même la statue du commandeur en paraît ébranlée. À lire.

samedi 16 août 2008

Droits de l'homme, un coup de chapeau !

Les personnalités politiques se succèdent auprès du dalaï-lama qui, de chef religieux, se trouve par la force des choses incarner les droits de l'homme bafoués. Il est douteux que cela suffise à sauver l'honneur de la France officielle, même avec la rencontre annoncée entre Bernard Kouchner et le dalaï. Il sera tout de même intéressant de voir si Mme Rama Yade sera autorisée à lui rendre également visite, ou si l'Élysée jugera que point trop n'en faut. Au point où nous en sommes, deux gestes symboliques venant de membres du gouvernement valent mieux qu'un. Mais ces minces amabilités n'apporteront pas grand-chose aux droits de l'homme ; moins sans doute que les actions des militants anglo-saxons anonymes de ces derniers jours, à Pékin. Voici une vidéo de NTDTV importée de YouTube pour saluer ces militants des droits de l'homme partis au bout du monde lutter pacifiquement pour leur idéal. Les esprits forts, les inconditionnels de la farce olympique, trouveront sans doute à ces manifestations un côté boyscout dérisoire. Moi pas. Le visage tendu et presque inquiet d'un tout jeune policier révèle combien ces audaces d'idéalistes sont prises au sérieux par les autorités. Peut-être craint-il pour son avenir, si l'affaire fait trop de bruit ? Et les regards des manifestants rappellent qu'il y a une part d'inconnu dans leur sort, à protester sur la voie publique d'un état totalitaire. Alors chapeau !

vendredi 15 août 2008

Un président bénévole au Paraguay

Le Paraguay est un petit pays à côté de la France qui, elle-même, n'est pas bien grande ; superficies, populations, PIB surtout, les rendent difficilement comparables. Ah ! ces petits pays ! Il n'y a qu'eux pour inventer des singularités politiques comme celle dont je m'inspire aujourd'hui : l'annonce par Fernando Lugo, investi président du Paraguay, qu'il renonce à son salaire de 4000 $… Les pays ont beau être différents, cette information fait irrésistiblement penser à Nicolas Sarkosy, qui à peine installé dans le fauteuil de M. Chirac, s'est augmenté de 172 %, en portant son salaire mensuel à 19331€ —soit 28 481$.
Bon, M. Lugo était évêque avant de faire de la politique, M. Sarkosy y verra sans doute une explication, sinon une excuse au fait de gâcher le métier. M. Sarkosy, lui, était déjà dans la politique avant de faire président, et avocat tout au début : des états qui ne prédisposent pas à l'abnégation. Mais tout de même, ça me laisse songeur… On n'attend pas nécessairement du chef de l'état qu'il vive dans l'austérité, et même si le salaire présidentiel représente peu de chose, au bout du compte, dans le budget de l'état, il y a pourtant des symboles qui dérangent. M. Sarkosy aurait été mieux inspiré en laissant inchangé un montant que la majorité des français voudrait plutôt voir diminuer. D'autant plus qu'au fil des présidences, ce salaire est devenu ni plus ni moins que de l'argent de poche !
Si le général de Gaulle payait en effet lui-même ses dépenses à l'Élysée, comme ses repas non officiels, ou l'électricité de son appartement privé (vous voyez M. Sarkosy y faire installer un compteur, ainsi que le général le fit, parait-il ?), tous ceux qui lui succédèrent se dispensèrent de suivre son exemple. Je ne garde pas un souvenir ému de la république gaullienne constipée et glaciale, mais la sarkosienne gagnerait à un peu plus de pudeur et beaucoup moins d'arrogance. Vous me direz : renoncer à son salaire présidentiel, c'est possible dans un petit pays, parce que le président, surtout un ancien curé, a de petits besoins, mais un grand comme le nôtre !

Sources :
RFI
Libération
Nouvel Obs

jeudi 14 août 2008

闹运 : jeux pénibles

Après son ambassadeur à Paris, c'est aujourd'hui par le canal de son ministère des Affaires étrangères que la Chine met en garde la France à propos du Tibet. Enfin, plutôt qu'à la France, c'est évidemment à M. Sarkosy que Pékin s'adresse, l'invitant à la prudence pour aborder une «question importante et sensible». Non seulement c'est dans l'ordre logique des choses de s'adresser au chef de l'état plutôt qu'à son peuple, mais en outre, dans ce cas particulier, il s'agit de la poursuite d'un dialogue par déclarations publiques interposées, entamé lors du soulèvement tibétain… On a suivi leurs échanges avec une curiosité navrée , et l'on comprend que Pékin opte pour faire la leçon à l'élève Sarkosy, cancre agité, certes, mais vite contrit. Il faut donc s'attendre à ce que notre président fasse le sourd plutôt que de lancer une nouvelle riposte cinglante qui ferait rire la moitié de la planète, mais qu'en revanche, il invente un moyen pour recevoir tout de même le dalaï-lama à l'Élysée en Décembre sans encourir les foudres du dragon chinois. Un grand raout de Prix Nobel de la Paix sera organisé, dit-on déjà, réception où la vénérable icone tibétaine passera presque inaperçue parmi les autres anciens lauréats, malgré sa robe safran, d'autant qu'on l'aura fait entrer par l'entrée de service et que la mise au pas des médias audiovisuels sera en bonne voie.
Il se raconte cependant que Mme Rama Yade, la Secrétaire d'état aux droits de l'homme, qui a plus d'une fois manifesté son trouble lors des événements du Tibet, désire pour sa part rencontrer le dalaï-Lama avant son départ. Souhaitons qu'elle puisse le faire avant que Pékin n'intime à M. Sarkosy l'ordre d'interdire un projet aussi offensant…

PS. Le faux-fuyant de recevoir le dalaï-lama avec les Prix Nobel de la Paix pourrait bien être une mauvaise idée pour M. Sarkosy : en effet, comment s'y prendra-t-il pour faire venir à Paris Mme Aung San Suu Kyi, tenue en résidence surveillée par la junte birmane ? Va-t-il lancer des promesses inconsidérées, rouler des mécaniques en exigeant sa libération ? Pour le coup, la Chine, principal soutien des dictateurs birmans, pourrait bien y trouver un motif supplémentaire d'agacement.

Sources :
J'ai copié le titre 闹运 sur Rue89, qui révèle aujourd'hui quelques mots inventés par les chinois pour railler les jeux olympiques. Quel plaisir de découvrir leurs jeux de mots destinés à berner la censure!
Sur la mise en garde chinoise : journal d'information de France-inter, et le Nouvel-Obs
Rama Yade : Libération

mercredi 13 août 2008

JO : Nicolas Sarkosy médaille de plomb

À passer en revue le bilan de Nicolas Sarkosy depuis qu'il est président, il y a un mot qui vient à l'esprit pour qualifier ce bilan : démystification. Il aura débuté son mandat par une énorme bévue : le cadeau fiscal fait dans l'euphorie de sa victoire électorale aux français les plus favorisés, et dont le pays paie à présent et paiera durablement les conséquences. Si le déficit de l'état augmente, alors que M. Sarkosy s'était fait fort de le diminuer, et si les caisses sont vides à un moment où le gouvernement aurait furieusement besoin d'argent pour ranimer l'économie, c'est à cela que nous le devons. Sous l'ensemble de ses décisions antisociales, au fil des mois, a fini par apparaître un dessein : réduire la population à merci devant ses employeurs et offrir aux groupes financiers de faire main basse sur la dépouille de la protection sociale. Car cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vu au pouvoir un homme affichant à ce point sa complicité avec les milieux d'argent. Quant à la superbe qu'il affichait au départ sur le terrain international, elle ne cesse chaque jour de s'effriter face aux réalités. Que ce soit à propos de la libération des infirmières bulgares, dont il nous a fait payer le prix fort à M. Kadhafi, ou de celle d'Ingrid Betancourt, dont il a récupéré l'émotion avec une finesse de bonimenteur, ou encore du Traité de Lisbonne rejeté par les irlandais, sa diplomatie est cafouilleuse. Le seul succès que l'on puisse lui reconnaître, la réconciliation avec les États Unis de Georges Bush, n'est pas une véritable source de satisfaction, puisque notre président donne davantage l'impression de faire allégeance à une Amérique réactionnaire que de normaliser des relations d'égal à égal. Il y a enfin et surtout la question des droits de l'homme en Chine et au Tibet qui confirme ses faiblesses en politique étrangère. Après avoir clamé dans toutes les enceintes publiques son attachement aux grands principes de ces droits, et fait mine de soumettre la Chine totalitaire au chantage de sa présence ou non à l'inauguration des jeux, M. Sarkosy s'est soumis de lui-même aux dirigeants de Pékin. Comme si cela ne suffisait pas, il en a rajouté une couche en renonçant à recevoir le dalaï-lama et en empêchant le Parlement de l'accueillir avec éclat. Il n'y a pourtant pas si longtemps que le président prétendait que ce n'était pas à l'ambassadeur de Chine de dicter son agenda… Il disait aussi : «on n’humilie pas un quart de l’humanité» pour défendre sa présence aux JO, mais au bout du compte c'est la France et son président que sa maladresse et ses tergiversations auront placés en situation humiliante. Bref, si l'on songe que pendant les JO, la répression chinoise au Tibet, loin de marquer une trêve comme certains avaient cru pouvoir l'annoncer, se poursuit de plus belle —selon le dalaï-lama, qui doit être bien informé—, si l'on songe aux promesses successives de M. Sarkosy, il y a dans la république comme une atmosphère d'échec qui s'installe.

Voir : Rue89

mardi 12 août 2008

Travailler moins pour vivre mieux, vivre pour travailler plus

Cachez ces 35 heures que je ne saurais voir ! bleuglent tous les tartuffes, les sarkosystes en tête. Avec la bénédiction du Conseil constitutionnel, ils vont pouvoir ajouter des grappes d'heures supplémentaires pour arranger ça, la morale patronale sera enfin sauve dans notre pays. Quand il est question des 35 heures, de leur impact sur l'économie, et de la maxime à la mode inventée par notre président, «travailler plus pour gagner plus», il est stupéfiant de voir à quel point peut s'emballer l'imaginaire ratiocinant de certains français. Comment nous débrouillons-nous pour ne pas briller davantage au palmarès mondial avec autant de grosses têtes capables de déchiffrer l'horoscope économique et ses rapports avec les réalités de la vie ? Je viens de lire un billet qui me semble bien fait sur «La mystification des heures supplémentaires», et l'avalanche de réactions qu'il a suscitée. On devine des patrons, des cadres, des salariés ordinaires sous les propos tenus, et l'on sort de la lecture d'un flot de savantasseries, de partis-pris sans doute estimables, et d'avis tombant de tous bords, avec un sentiment d'extrême confusion. Qu'en retenir, qu'en penser ? Peut-être humblement en revenir à ce qu'il y a sous les théories économiques, les statistiques, les PIB, les mesures de productivité : des femmes et des hommes qui travaillent pour vivre. Dans certains pays, comme la Chine ou l'Inde, les gens travaillent beaucoup, beaucoup plus longtemps qu'on ne le fait dans nos entreprises. Ils produisent de la richesse, c'est certain, il suffit de voir le niveau de vie de leurs employeurs. Eux mêmes sont payés misérablement, s'épuisent pour des conditions de vie médiocre… Ils travaillent plus pour gagner des clopinettes, l'idéal de tout patron. Faut-il faire de cela un modèle, ou défendre bec et ongles les progrès de notre société jusqu'à l'avènement de M. Sarkosy ? Plus simplement, en un siècle où il devient évident que l'exploitation effrénée de notre planète nous conduit dans le mur, est-il encore rationnel de nous soumettre aux prescriptions des docteurs Folamour de l'économie ? Patrons ou salariés, les hommes n'ont qu'une vie, mais en ce moment, dans le camp des premiers, les actionnaires et leurs PDG s'enrichissent de façon éhontée, tandis que les seconds s'appauvrissent. Une seule vie, brève.

Source : DéCHIFFRAGES

lundi 11 août 2008

JO : Nos relayeurs en sac prennent une gamelle.


Cher Coucou, comme tu peux en juger par la photo que j'ai prise avec mon mobile pendant la séance d'échauffement, une heure avant le départ, notre équipe nationale de relais de course en sac était gonflée à bloc ce matin. Regarde leurs sourires conquérants sous les gradins de la tribune officielle encore vides… Ils riaient moins lorsqu'au passage du dernier relais, notre leader, Jean-René Ksorzy s'est cassé la figure à cinq mètres de la ligne d'arrivée ! Il y avait une peau de banane sur la piste, soi-disant. Ils vont déposer un recours auprès du Comité Olympique, mais c'est une démarche sans espoir, à mon avis. Encore une médaille de plomb, quelle poisse Coucou ! Bisous, Adèle.

dimanche 10 août 2008

Révélations d'Adèle sur les JO

Il y a quelque chose de pourri au royaume du sport olympique, Coucou ! Après la déconvenue d'hier dans les épreuves de marelle, ce matin, en me rendant sur les lieux du concours de tir à la fronde, mon petit coeur vibrait d'espérance. Notre pays alignait le vice-champion du monde au tir d'instinct, et le prodige du casse-vitre, Loan Fordemange, champion d'Europe à tout juste 16 ans. J'avais lu dans L'Épique, avant mon départ pour Pékin, que les spécialistes de la discipline pronostiquaient une médaille d'or pour la France, ou d'argent tout au moins. Hélas ! La Fédération française de tir à la fronde était bien naïve de croire qu'il suffisait de sélectionner des athlètes au summum de leur forme pour l'emporter. Notre Loan national a dû se contenter du bronze, c'est la République de Niche qui a raflé l'or et l'argent. Et tu sais comment ? Je te le donne en mille… Ce n'est pas grâce au dopage, non, bien que ce pays d'éleveurs de chevaux en connaisse un rayon, paraît-il, sur l'art d'épicer l'avoine. Ils ont utilisé une méthode infiniment plus subtile et, de mon point de vue, parfaitement scandaleuse, digne du "Meilleur des mondes" d'Huxley : la sélection naturelle, mon ami ! Comme chez eux l'habileté au lance-pierre est un talent si prisé que toute la jeunesse s'y adonne, peu ou prou, les filles autant que les garçons, leurs dirigeants sportifs ont eu l'idée diabolique de trier les meilleurs tireurs de chaque sexe. Ils ont retenu trois ou quatre couples qui, outre de remarquables dispositions à ce jeu, présentaient la particularité d'avoir le bras droit plus long que le gauche… Tu ne vois pas l'astuce ? Eh bien, cette allonge supérieure à la normale leur permettait de tendre davantage les élastiques du flingot et de lancer les pierres plus loin, avec plus de force et de précision qu'un tireur ordinaire. Et ceci fait, on a marié les couples d'autorité, puis attendu les bébés avec sérénité… Bam Ri Hon, le médaillé d'or de ce jour a été engendré de cette manière. On raconte qu'il avait envie de devenir vétérinaire par amour des chevaux, mais pas question : toute son enfance jusqu'à aujourd'hui s'est passée dans la préparation des jeux olympiques. Tu l'aurais vu tenir sa fronde au bout d'un bras long comme ça, Coucou, tu en aurais frémi d'horreur et de compassion. Pauvre gosse ! Enfin, il aura une belle médaille… Comme tu le sais, mon tempérament me porte à l'optimisme, mais là, j'ai comme un mauvais pressentiment. Et si nos relayeurs de course en sac, nos lanceurs de crêpes, nos polochons-ka, faisaient chou-blanc ? Dire que notre duo de ministres des sports, Mme Bachelot et M. Laporte, voyaient nos athlètes rapporter entre 40 et 37 médailles dans leurs bagages ! À mon avis, c'est mal parti parce que le président Sarkosy est venu les encourager à Pékin, ce gars a la scoumoune. Cela dit, j'ai bien envie de rentrer, plutôt que d'assister au désastre.

samedi 9 août 2008

Ma correspondante Adèle aux JO vous informe

Cher Coucou, je dois te faire un aveu : le reportage commence mal ! Hier soir, une fois avalé mon potage aux nids d'hirondelles, j'ai eu un mal fou à retrouver le chemin de l'hôtel. Les Pékinois sont charmants, comme je te l'ai déjà dit, mais dans l'ensemble, sur 1 milliard et quelques millions de Chinois, ils sont en définitive assez peu nombreux à parler le français. J'ai dû me rabattre sur mon reliquat d'anglais scolaire ; malheureusement, il semblerait que mon accent khostrowsien trouble les oreilles pékinoise : les anglophones du coin n'entendaient rien à mon langage. Note bien qu'il y avait aussi beaucoup de touristes étrangers, français y compris, mais comme nous n'étions pas dans le même hôtel… Bref, je me suis couchée tard, très tard, et résultat : ce matin j'avais la tête dans le c… (tu supprimeras ça avant de publier, c'est juste une image pour te donner une idée de mon état). En tout cas, lorsque je suis arrivée au stade où devaient se dérouler les épreuves de marelle, j'étais en retard. Mais le pire n'est pas là, cher Coucou, le pire c'est que mon billet d'entrée était un faux billet —aussi faux que le site internet sur lequel nous l'avons acheté à prix d'or ! J'ai eu beau protester, trépigner, verser des larmes, impossible d'entrer. On m'a proposé une place au marché noir… 700 € pour voir la fin d'une compétition de marelle, ça fait cher. Alors je suis restée à rôder comme une âme en peine aux abords du petit stade, entre l'Étang du Lotus et la gare de Beijing-Ouest. J'entendais passer les trains et les clameurs du public s'échappant de l'arène où ma petite cousine Jocelyne devait pousser son palet avec la grâce que je lui connais. Pauvre Jocelyne ! J'ai eu le temps d'échanger quelques mots avec elle à sa sortie du stade, en marchant vers le mini-bus qui allait ramener son équipe au village olympique. Elle a perdu en quart de finale, son palet ayant légèrement mordu sur la ligne de l'Enfer, ce qui constitue une faute éliminatoire, comme tu sais. Les autres athlètes de l'équipe n'ont pas fait mieux en marelle-yeux-bandés, marelle à l'envers, et tri-marelle, si bien que la France peut faire son deuil de médaille dans cette discipline. De l'avis de Jocelyne, leurs adversaires étaient manifestement dopées jusqu'à la moelle, mais je ne citerai pas de pays, n'ayant aucune preuve. Ce sera tout pour aujourd'hui, car je compte aller de ce pas vérifier la validité de mon ticket pour la compétition de tir à la fronde —ou flingow, comme disaient les gamins de ma Khostrowsie natale. Il paraît que nos chances d'y récolter de l'or sont importantes. À suivre !

vendredi 8 août 2008

En direct des JO : un billet de ma correspondante Adèle.

Mon cher Coucou, ça y est, les Jeux des Droits de l'homme sont lancés ! Tu n'imagineras jamais la force d'évocation, la magie de cet instant où le nid de rapaces s'est embrasé sur fond de Chine câline ! Moi, je n'étais pas à l'intérieur de l'aire, mais j'ai tout vu de loin, mêlée aux innombrables badauds tenus à distance par la police. Tu vas rire, pendant un moment j'ai imaginé que ça flambait vraiment là-bas ! Aussi, est-ce avec un étrange sentiment de culpabilité, mâtiné d'une pointe de déception, que je dois t'annoncer une chose étonnante : personne n'a grillé là-dedans, les despotes, les autocrates, les politiciens corrompus, les faux démocrates, et tout le ramassis d'affairistes sont ressortis indemnes de la fournaise festive. Les chinois sont charmants, ils ont l'air unanimement contents et fiers de ces jeux des droits de l'homme organisés par leur patrie. Il est vrai que dans la ville, en ce moment, se trouvent rassemblés surtout ceux qui se félicitent de l'événement. Je me demande quelle proportion de la population ils représentent, sâchant qu'il y a 1 milliard, 330 millions de chinois ? Bon, je dois me lever tôt demain pour assister aux épreuves de marelle artistique —ma petite cousine Jocelyne fait partie de l'équipe française, souviens-toi—, alors, je file manger une bonne soupe aux nids d'hirondelles et je me couche. Je te tiendrai au courant du score de Jocelyne.

Une vidéo de whynotmoi sur YouTube

jeudi 7 août 2008

Nicolas bouche-d'or

Si faire le matamore pour le peuple à la télévision et ramper devant les puissants, était une discipline olympique, alors Nicolas Sarkosy décrocherait la médaille d'or. On aura rarement vu un bonhomme parvenir à la fonction présidentielle en roulant à ce point les mécaniques, puis promettre de défendre les droits de l'homme avec autant de conviction, pour en définitive se déjuger sans honte face à plus teigneux que lui. Il n'y a qu'avec les faibles que M. Sarkosy et son petit personnel du gouvernement savent se montrer fermes : régression des conditions de travail, appauvrissement de la population, démolition de la protection sociale… Là, ne risquant pas grand chose à première vue, arrogance native et culot de malappris seront toujours au rendez-vous. Et le rendez-vous est en automne. Pour l'heure, ce sont la démocratie et quelques principes essentiels à l'humanité que M. Sarkosy met à mal, en participant demain à la cérémonie d'ouverture des JO. La démocratie d'abord, parce qu'il ignore la volonté de la majorité de ses concitoyens, sous prétexte qu'il aurait été élu pour gouverner à sa guise —mais dans l'esprit de la plupart des français aucun président n'a jamais été élu pour gouverner en monarque. Seules, l'absence d'un instrument d'expression de l'exigence citoyenne et la capacité du président d'imposer ses vues par la force, empêchent la population de s'opposer sereinement à l'abus de pouvoir, ce qui est la marque d'une fausse démocratie. Ensuite, M. Sarkosy se rendant à Pékin ne fait aucun cas des droits de l'homme, un principe que les peuples du monde ont mis des millénaires à établir, sinon à concevoir. Si nos sociétés sont souvent devenues meilleures, si elles s'efforcent d'offrir la même protection au faible qu'au puissant, elles le doivent à la proclamation des droits de l'homme. Et puis, on se prend à penser que favoriser le développement des droits de l'homme en Chine, ce serait permettre à la population chinoise d'obtenir de meilleurs salaires, de bonnes conditions de travail, et donc accélérer la moralisation des échanges mondiaux, rendre inutiles les délocalisations, éradiquer le dumping social… C'est peut-être ce que les gens d'affaire, les chers amis de M. Sarkosy, ne sont pas pressés de voir advenir. Pour clore provisoirement ce chapitre des renoncements sarkosiens qui ressemblent de plus en plus à une succession de farces, il ne faut pas oublier l'épisode de ce jour à propos du dalaï-lama qu'il ne recevra pas. Quand on se souvient de son discours du 10 juillet au Parlement européen, dans lequel il avait lancé, comme un petit coq dressé sur ses ergots, que ce n'était pas à la Chine de fixer son agenda, ni de dicter ses rendez-vous, on préfère se marrer pour cacher sa honte d'avoir un tel président. Ce jour là, évoquant le dalaï-lama prix Nobel de la paix, Nicolas Sarkosy avait également déclaré : «est-ce qu'il serait interdit de rencontrer un prix Nobel? Je me demande bien qui pourrait interdire une chose pareille». J'ai commencé en paraphrasant M. Sarkosy parlant de la Chine, je terminerai de même : si l'impudence politique faisait l'objet d'un prix Nobel, notre président serait couronné avant même la fin de son mandat.

sources

mercredi 6 août 2008

La Chine nous comble

La Chine n'est pas rancunière : la voici qui traite notre pays avec une mansuétude inattendue. Tout sportif, que dis-je, tout patriote français, déjà fin prêt pour les JO avec ses canettes de bières, son marcel, ses tongs, ses cacahuètes, sa télé, sera touché de l'apprendre, s'il ne le sait déjà. La France, à travers l'un des plus éminents ambassadeurs de son génie, le directeur de Carrefour en Chine, a été conviée aujourd'hui à tenir un moment la flamme olympique ! Mêlé à une élite venue de tous les points du globe, notre compatriote a ainsi pu déclarer ce matin : «J'ai eu l'insigne honneur de porter la torche…»
Voilà qui contribuera beaucoup à faire battre les cœurs gaulois à l'approche de l'ouverture des JO et de son insoutenable suspense : notre valeureux président Sarkosy aura-t-il le courage de paraître sur la tribune officielle ? Restons serein, nous connaissons tous la réponse au fond de nous, car le peuple français n'aurait jamais pu élire un lâche à la tête de la république !

mardi 5 août 2008

Hautmont : aider les sinistrés

Nous connaissons tous la nouvelle de cette tornade qui a ravagé une partie du village de Hautmont. Peut-être les anciens clavésiens se souviennent-ils encore de la mini-tornade qui avait frappé, notamment, le quartier du Devant-ville ? Imaginez que le phénomène se soit produit sur le village même…
Le Toupin, blog de l'une de nos voisines d'Ampus, propose aux ampusiens et ampusiennes d'organiser une collecte en faveur des sinistrés. Nous pourrions faire de même à Claviers, qu'en pensez-vous ?

Voir le blog Le Toupin

JO de Pékin : un appel de RSF

Reporters sans frontières

5 août 2008

JO PEKIN 2008
Venez manifester le 8 août devant les ambassades de Chine et sur Internet

Reporters sans frontières appelle à manifester devant les ambassades de la Chine populaire à Londres, Madrid, Berlin, Paris, Washington et Stockholm le 8 août 2008, jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. La veille, deux manifestations sont prévues à Rome et Ottawa. Enfin, un rassemblement est prévu devant le musée olympique à Lausanne, le 8 août.

Une cybermanifestation devant le stade olympique de Pékin est également prévue sur le site de Reporters sans frontières.

A Paris, rendez-vous à 13 heures, le 8 août, à l'angle de l'avenue George V et de la rue de la Trémoille dans le 8e arrondissement de Paris. Des membres de l'organisation distribueront aux participants des tee-shirts de la campagne "Pékin 2008" et du matériel pour manifester pacifiquement.

Reporters sans frontières organise plusieurs autres rassemblements dans le monde :

- A Berlin, en face de l'ambassade de Chine (Jannowitzbrücke) à partir de 13 heures, le 8 août.
- A Washington, près de l'ambassade de Chine (2300 Connecticut Ave. Washington) à partir de 8 heures, le 8 août.
- A Stockholm, en face de l'ambassade de Chine (Lidovägen 8) à 13 heures, le 8 août.
- A Lausanne, devant le Musée olympique (quai d'Ouchy 1), à partir de 17 heures, le 8 août.
- A Rome, devant la mairie du 4e arrondissement à midi, le 7 août.
- A Ottawa, devant l'ambassade de Chine (515 St. Patrick Street), à partir de midi, le 7 août.
- A Londres, devant l'ambassade de Chine (49-51 Portland Place), à partir de 13 heures, le 8 août.
- A Madrid, devant l'ambassade de Chine (C/Arturo Soria, 113), à partir de 13 heures, le 8 août.

Ces manifestations ont pour but de demander la libération des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme chinois détenus, harcelés ou contraints de quitter Pékin. Les autorités de Pékin n'ont pas respecté les promesses qu'elles avaient faites en 2001, concernant la liberté d'expression, lorsque la ville avait été choisie pour organiser les olympiades de 2008.

Reporters sans frontières organise le même jour une cybermanifestation sur le site http://www.rsfbeijing2008.org. Les internautes du monde entier pourront manifester virtuellement devant le stade olympique de Pékin avec le slogan de leur choix.

Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu. Soutenez Reporters sans frontières.

vendredi 1 août 2008

1er Août : relâche… À bientôt !