mardi 12 août 2008

Travailler moins pour vivre mieux, vivre pour travailler plus

Cachez ces 35 heures que je ne saurais voir ! bleuglent tous les tartuffes, les sarkosystes en tête. Avec la bénédiction du Conseil constitutionnel, ils vont pouvoir ajouter des grappes d'heures supplémentaires pour arranger ça, la morale patronale sera enfin sauve dans notre pays. Quand il est question des 35 heures, de leur impact sur l'économie, et de la maxime à la mode inventée par notre président, «travailler plus pour gagner plus», il est stupéfiant de voir à quel point peut s'emballer l'imaginaire ratiocinant de certains français. Comment nous débrouillons-nous pour ne pas briller davantage au palmarès mondial avec autant de grosses têtes capables de déchiffrer l'horoscope économique et ses rapports avec les réalités de la vie ? Je viens de lire un billet qui me semble bien fait sur «La mystification des heures supplémentaires», et l'avalanche de réactions qu'il a suscitée. On devine des patrons, des cadres, des salariés ordinaires sous les propos tenus, et l'on sort de la lecture d'un flot de savantasseries, de partis-pris sans doute estimables, et d'avis tombant de tous bords, avec un sentiment d'extrême confusion. Qu'en retenir, qu'en penser ? Peut-être humblement en revenir à ce qu'il y a sous les théories économiques, les statistiques, les PIB, les mesures de productivité : des femmes et des hommes qui travaillent pour vivre. Dans certains pays, comme la Chine ou l'Inde, les gens travaillent beaucoup, beaucoup plus longtemps qu'on ne le fait dans nos entreprises. Ils produisent de la richesse, c'est certain, il suffit de voir le niveau de vie de leurs employeurs. Eux mêmes sont payés misérablement, s'épuisent pour des conditions de vie médiocre… Ils travaillent plus pour gagner des clopinettes, l'idéal de tout patron. Faut-il faire de cela un modèle, ou défendre bec et ongles les progrès de notre société jusqu'à l'avènement de M. Sarkosy ? Plus simplement, en un siècle où il devient évident que l'exploitation effrénée de notre planète nous conduit dans le mur, est-il encore rationnel de nous soumettre aux prescriptions des docteurs Folamour de l'économie ? Patrons ou salariés, les hommes n'ont qu'une vie, mais en ce moment, dans le camp des premiers, les actionnaires et leurs PDG s'enrichissent de façon éhontée, tandis que les seconds s'appauvrissent. Une seule vie, brève.

Source : DéCHIFFRAGES

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