À passer en revue le bilan de Nicolas Sarkosy depuis qu'il est président, il y a un mot qui vient à l'esprit pour qualifier ce bilan : démystification. Il aura débuté son mandat par une énorme bévue : le cadeau fiscal fait dans l'euphorie de sa victoire électorale aux français les plus favorisés, et dont le pays paie à présent et paiera durablement les conséquences. Si le déficit de l'état augmente, alors que M. Sarkosy s'était fait fort de le diminuer, et si les caisses sont vides à un moment où le gouvernement aurait furieusement besoin d'argent pour ranimer l'économie, c'est à cela que nous le devons. Sous l'ensemble de ses décisions antisociales, au fil des mois, a fini par apparaître un dessein : réduire la population à merci devant ses employeurs et offrir aux groupes financiers de faire main basse sur la dépouille de la protection sociale. Car cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vu au pouvoir un homme affichant à ce point sa complicité avec les milieux d'argent. Quant à la superbe qu'il affichait au départ sur le terrain international, elle ne cesse chaque jour de s'effriter face aux réalités. Que ce soit à propos de la libération des infirmières bulgares, dont il nous a fait payer le prix fort à M. Kadhafi, ou de celle d'Ingrid Betancourt, dont il a récupéré l'émotion avec une finesse de bonimenteur, ou encore du Traité de Lisbonne rejeté par les irlandais, sa diplomatie est cafouilleuse. Le seul succès que l'on puisse lui reconnaître, la réconciliation avec les États Unis de Georges Bush, n'est pas une véritable source de satisfaction, puisque notre président donne davantage l'impression de faire allégeance à une Amérique réactionnaire que de normaliser des relations d'égal à égal. Il y a enfin et surtout la question des droits de l'homme en Chine et au Tibet qui confirme ses faiblesses en politique étrangère. Après avoir clamé dans toutes les enceintes publiques son attachement aux grands principes de ces droits, et fait mine de soumettre la Chine totalitaire au chantage de sa présence ou non à l'inauguration des jeux, M. Sarkosy s'est soumis de lui-même aux dirigeants de Pékin. Comme si cela ne suffisait pas, il en a rajouté une couche en renonçant à recevoir le dalaï-lama et en empêchant le Parlement de l'accueillir avec éclat. Il n'y a pourtant pas si longtemps que le président prétendait que ce n'était pas à l'ambassadeur de Chine de dicter son agenda… Il disait aussi : «on n’humilie pas un quart de l’humanité» pour défendre sa présence aux JO, mais au bout du compte c'est la France et son président que sa maladresse et ses tergiversations auront placés en situation humiliante. Bref, si l'on songe que pendant les JO, la répression chinoise au Tibet, loin de marquer une trêve comme certains avaient cru pouvoir l'annoncer, se poursuit de plus belle —selon le dalaï-lama, qui doit être bien informé—, si l'on songe aux promesses successives de M. Sarkosy, il y a dans la république comme une atmosphère d'échec qui s'installe.
Voir : Rue89
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