mercredi 27 août 2008

Du mot guerre

«Je conteste le mot de guerre» a déclaré le ministre de la Défense, Hervé Morin, à propos de la présence de nos troupes en Afghanistan. Ah bon ? Que font les soldats français là-bas, du baby sitting, de l'assistanat en travaux public ? M. Morin et M. Kouchner ont en effet mis en valeur, devant les députés des commissions de la défense et des affaires étrangères, l'action des militaires en matière de scolarisation des enfants, de recontruction de routes. Nos soldats disparus ont dû être tués par des brigands, parce qu'ils n'avaient que des balais et des pelles à la main pour se défendre… Quel intérêt le ministre de la Défense trouve-t-il à bannir le mot guerre ? S'il s'agit de tranquilliser nos braves parlementaires et l'opinion publique, c'est prendre les gens pour des imbéciles et courir le risque d'agacer. Il y a certainement une meilleure explication, peut-être une histoire de sous ? Le fait de reconnaître un état de guerre a-t-il des conséquences pécuniaires ? Je ne sais, mais il doit bien y avoir une raison à la répugnance des gouvernants à admettre que nous faisons la guerre lorsque celle-ci se déroule loin de nos frontières. En tout cas, il suffit de relever le vocabulaire de nos hommes politiques, ces derniers jours, pour réfuter la contestation du ministre. M. Sarkosy a parlé de «combat» a plusieurs reprises, M. Morin «d'aguerrissement», «d'attaque massive»… Bref, la France fait la guerre en Afghanistan. Dans la modeste mesure de ce que je peux comprendre, je ne trouve pas cela inacceptable, à condition que ce soit pour d'autres motifs que ceux avancés par notre président : ne pas renoncer «au statut de grande puissance», ou à «l'exercice des responsabilités internationales que nous confère notre statut de membre permanent du Conseil de sécurité», ce qui revient au même. Plus convainquant, il parle aussi d'assurer d'une certaine façon la sécurité des français, et je suis pour une fois d'accord avec lui. Nous avons suivi nos alliés en Afghanistan où le régime des talibans au pouvoir donnait l'hospitalité à Ben Laden, et, depuis lors, les actes de terrorisme de grande envergure contre les démocraties ont cessé. Jusqu'à présent. Alors oui, cette «mission de paix avec des affrontements qui sont la même chose que la guerre», dont parle joliment M. Kouchner, et le dessein d'empêcher Al Quaïda de nous atteindre quelque jour en France, ne me choquent pas, non plus que le mot guerre.

Mes sources
Libération
Le Monde
Le Nouvel Obs

Aucun commentaire: