lundi 30 juin 2008

Une chance pour la planète.

Le baril de pétrole dépasse 143$ . Les routiers bloquent les routes, les pêcheurs disent qu'ils vont couler, les taxis, les ambulanciers s'affolent, et l'automobiliste ordinaire ne sait plus à quel saint se vouer. Pour ce dernier, hébété déjà d'inflation, de baisse du pouvoir d'achat, d'inquiétudes multiples sur l'avenir, il n'y a guère de soulagement à espérer d'une quelconque autorité quant au prix du carburant. Mais il n'est pas interdit de croire au Père Noël en été, et l'on pourrait imaginer une action revendicative nationale pour crier sa colère contre Esso, Total, et les autres qui, eux, continuent de faire des bénéfices monstrueux avec le pétrole et se foutent bien des routiers, des taxis, des ambulanciers et des automobilistes. L'action consisterait, chacun dans sa voiture, à rejoindre les routiers afin de bloquer toutes les routes du pays. Les pêcheurs, qui doivent bien avoir une bagnole, eux aussi, arriveraient à la rescousse avec les agriculteurs en tracteurs, les taxis bien sûr, et les terrassiers, les tondeurs de pelouse, les motards : tout le monde motorisé, quoi ! Pas une route de France sans protestataire, dans le plus fantastique bouchon de tous les temps. Et attention ! N'imaginez pas un mouvement de ras-le-bol d'une journée, non. On aurait des provisions de bouche en suffisance pour tenir, car il s'agirait d'un bouchon illimité dans la durée. Ce serait une nouvelle révolution de Juillet. Dès la nuit du premier jour, la nouvelle a fait le tour du monde, le baril est à 200$ —au lieu d'atteindre ce niveau l'an prochain—, le lendemain tous les pays européens nous imitent et les gouvernements démissionnent les uns après les autres. Ce qui fait grimper le baril encore plus haut, plus vite… Parce que, plaisanterie mise à part, nous sommes pris dans une logique folle : la fin du pétrole se rapproche, le pétrole bon marché n'existe plus, des milliards de gens ont une bagnole et veulent l'utiliser. Tout et son contraire devient de nature à emballer les cours. Et simultanément, nous sommes placés devant l'obligation de réduire considérablement notre utilisation du pétrole si nous voulons laisser à nos proches, très proches descendants, une Terre encore habitable. Ce choc pétrolier nous prend de court, gens ordinaires, parce que nos gouvernements n'ont pas su l'anticiper, promouvoir quant il en était temps des modes de locomotion moins polluants et alternatifs au pétrole. Ils auraient dû le faire, car ils savaient, mais la même logique folle à l'œuvre depuis longtemps faisait que l'industrie pétrolière s'y opposait. Nous payons leur manque de clairvoyance ou de courage. Il reste qu'un prix du carburant élevé est une nécessité, indépendamment de la crise actuelle. Il va contraindre le monde entier à lutter contre le changement climatique plus fort et plus vite. Et ça c'est une chance.

dimanche 29 juin 2008

Patrimoine clavésien

J'avais omis d'en parler : le patrimoine de Claviers vient de s'enrichir d'une fresque. Enfin, il s'agit plutôt d'une simple peinture murale décorative qui orne désormais l'extérieur du Cercle de la Fraternité. La scène représente une partie de pétanque : inspiration logique puisque le mur donne sur le terrain de boule. Il y a un spectateur dans lequel un œil autochtone peut reconnaître le doyen du village, des joueurs, des boules, et les fesses d'une jeune femme. J'aurais dû faire une photo, mais je n'ai pas osé —il y a peut-être des droits, et puis au Louvres, c'est interdit. Alors dans le doute…
J'inscris sur le livre d'or : c'est moche, mais ça se voit bien.

Fait divers en Chine

Des émeutes viennent de secouer une petite ville chinoise du Guizhou ; ont-elles quelque chose a voir avec le respect des droits de l'homme ? Elles ont éclaté, nous dit-on, à la suite de la mort d'une adolescente qui aurait été violée par le fils d'un notable. Le conditionnel recommandé dans ces affaires s'impose d'autant plus que cela s'est passé au bout du monde. On sait que partout les déshérités, ou ceux qui se jugent tels, sont prompts à laisser libre cours à la haine quand le mépris à leur égard devient intolérable. Que les jeunes chinois acteurs de ces émeutes aient eu tort ou raison sur les faits importe peu. Partout ailleurs, lorsque les gens sont confiants dans les autorités de leur pays —gouvernement, justice, police—, ils n'éprouvent ni suspicion à priori ni tentation de la violence. Ils attendent que justice passe, assurés qu'elle surviendra en temps voulu. Dès lors que l'on croit être tous égaux devant la justice, les pulsions de révolte faiblissent. En Chine, ce sont les abus d'un pouvoir oppresseur qui ont nécessairement engendré ces troubles, parce que l'élémentaire justice a failli à son devoir. Les maîtres de la Chine, au fond, étaient bien naïfs quand ils ont voulu faire des jeux olympiques le sacre laïque de leur régime. Ils nous donnent chaque jour ou presque le spectacle de leur brutalité. Et nous fournissent une occasion de leur administrer la gifle qu'ils méritent. Ce n'est pas si souvent que les peuples libres peuvent embarrasser une dictature. Nos hommes politiques sont toujours prêts à condamner les despotes à la maison, et pressés de les féliciter à l'extérieur. Mais cette fois, la réprobation est si universelle que nous devrions pouvoir empêcher les hommes et les femmes qui parlent en notre nom de s'asseoir à la tribune officielle des jeux olympiques avec les droits de l'homme pour coussin.

samedi 28 juin 2008

Les droits de l'homme côté cuisine

J'ai appris récemment que la Déclaration universelle des droits de l'homme, sans doute jugée trop simple, marche en quelque sorte de concert avec un Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et un Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Des sortes d'annexes pragmatiques au Cantique des droits…
Les textes du Haut-Commissariat aux droits de l'homme qui énoncent les articles de ces pactes, sont eux-mêmes assortis d'appendices instructifs, en particulier ceux intitulés "déclarations et réserves".
Et là, on tombe de haut ; du haut d'une liste qui va de A comme Afghanistan à Z comme Zambie. On y découvre l'énumération des restrictions et des intentions interprétatives des états signataires. Il va sans dire que la totalité des observations formulées par divers pays, notamment occidentaux, n'est pas de nature à limiter les droits de l'homme, mais il y a de quoi s'indigner dans bien des cas. La Chine, ainsi, ne s'engage pas à grand chose si ce n'est sur les droits économiques et sociaux —et encore passés au crible de sa propre législation—, les États Unis pour leur part font la fine bouche sur les droits civils et politiques… Les droits de l'homme cachent une sacrée cuisine !

Déclaration universelle des droits de l'homme


Pacte international relatif aux droits civils et politiques (voir le lien «déclarations et réserves»)

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
(voir le lien «déclarations et réserves»)

Coucou !

Claviers ruisselle de bonheur sous un soleil de plomb. Pourtant, ce matin, il manquait quelque chose au mien en allant chercher mon pain au village : je n'ai pas eu droit aux sourires bons enfants de la majorité municipale. Aucun de ses élus en vue aux abords de la place du marché. Auraient-ils renoncé à prodiguer généreusement des risettes aux administrés ? À moins que, convaincus d'avoir gagné la bataille des cœurs, ils n'aient décidé d'arrêter les frais du samedi. Cette victoire, pourtant, reste largement à démontrer. On peut même supposer le contraire. La dite majorité avait une occasion en or de tester l'opinion des clavésiens : il suffisait de les consulter à propos de cette salle de réunion à la mairie refusée aux élus de l'opposition. Était-ce juste ou injuste ? Cette crainte de vérifier si l'on bénéficie du soutien de la population, au delà de sa petite clientèle d'inconditionnels, constitue déjà en soi une réponse. Lors de la dernière réunion publique, j'avais cru comprendre qu'un arrangement satisfaisant avait été trouvé entre les deux équipes, mais il n'en est rien. La situation demeure inchangée à la veille du prochain conseil municipal. La seule chose qui ait progressé sur cette question symbolique, c'est que nous connaissons la raison du refus du maire nouveau : il n'a pas confiance dans l'opposition. Craint-il que les élus de celle-ci piquent la tirelire municipale, qu'ils déménagent nuitamment le mobilier pour aller le fourguer aux greniers dans la rue de Bargemon, ou Callas ? Ou bien qu'ils aillent saupoudrer son bureau et celui des adjoints de poudre à éternuer ? On se demande ce qu'il peut bien avoir à cacher, à peine mal élu, le maire nouveau ! Pourquoi s'obstiner à camper sur une position aussi choquante pour beaucoup plus de gens qu'il ne le croit ? Il ne suffit pas de poser à l'homme affable pour panser toutes les blessures, éloigner tous les orages qui couvent. Il faut aussi vouloir réparer les dégâts, ce qui commence par un réel respect de ses adversaires.

vendredi 27 juin 2008

l'Europe pour nous

Après le non Irlandais au traité de Lisbonne, un flottement est perceptible parmi les gouvernements européens qui ont du mal à dissimuler leur amertume, mais ils se reprendront et repartiront tôt ou tard de l'avant dans la confection de quelque traité-usine à gaz à imposer aux peuples. Sont-ils bornés ces dirigeants incapables de tirer les leçons de ce rejet envers des textes illisibles. Le premier ministre irlandais lui-même aurait déclaré ne pas l'avoir lu, le jugeant incompréhensible. Il ne fait guère de doute que si tous les pays avaient organisé un référendum sur le traité, bien peu l'auraient accepté. Daniel Cohn-Bendit juge pour sa part que constitution ou traité auraient dû être ratifiés exclusivement par la voie parlementaire, et qu'une consultation directe des populations ne se justifierait que dans le cadre d'un vaste référendum se déroulant dans tous les pays le même jour. Possible, mais cela n'explique pas pourquoi il est si difficile d'accoucher d'un texte constitutionnel clair, limité à l'organisation du gouvernement de l'Europe, en laissant de côté tout le fatras économique dont les citoyens peuvent à bon droit se méfier et qui, lui, pourrait relever de simples traités. Les citoyens ne sont pas ennemis de l'Europe à priori, ils veulent comprendre où on les emmène. Et il faut bien constater que nos dirigeants politiques sont nuls lorsqu'il s'agit de nous expliquer l'Europe. Ce que nous voyons de son fonctionnement est abscons, fort peu démocratique avec un parlement à Strasbourg qui dispose de peu de pouvoir, une Commission d'hyper-fonctionnaires qui en a trop… S'il faut une constitution, pourquoi ne pas avoir organisé l'élection directe, par les peuples, d'une assemblée chargée dans un second temps de la rédiger ? Les constitutions naissent parfois ainsi, et il semble impensable de tenir les citoyens à l'écart de leur naissance sans leur ôter toute valeur. Ce qu'il manque peut-être encore pour faire de l'Union davantage qu'une administration rébarbative, c'est que nous vienne la conscience d'appartenir à une même communauté pour nous exprimer aussi en citoyens européens.
Ce qui rejoint un peu la démarche qu'avaient en tête un groupe d'étudiants de diverses nationalités lorsqu'ils lancèrent, en 2001, un magazine européen sur internet : cafebabel.com. Si l'envie de participer à la croissance d'une opinion publique européenne vous démange, plongez-vous dans les pages de ces jeunes gens enthousiastes et créatifs !

jeudi 26 juin 2008

Président ou caporal ?

Quel drôle de type, notre président ! Durant sa campagne électorale, il avait prononcé un ou deux beaux discours imprégnés d'humanisme, avec de réels accents de sincérité. Bon, il s'agissait de discours sur mesures, nés d'une autre plume que la sienne, mais il se les était appropriés en les disant publiquement : on doit donc les mettre à son crédit. Une fois en fonction, M. Sarkosy a réalisé au pas de charge une partie de ce qu'il avait promis de faire, et là, beaucoup de français qui avaient, selon toute vraisemblance, pourtant voté pour lui, ont commencé à déchanter, sans apprécier ce que cette façon de mettre en accord paroles et actes avait de novateur chez un président. Il a aussi débuté son mandat en envoyant promener de solides tabous : une manière jubilatoire et clanique de s'installer à l'Élysée, son divorce, son remariage avec Carla Bruni… C'était plutôt marrant, cet homme heureux de vivre, là où l'on attendait un commandeur compassé. Malheureusement, il y avait aussi ses mauvaises manières de parvenu : l'affichage complaisant de sa vie privée, les vacances ou escapades choquantes, les relations trop évidentes avec les milliardaires tributaires de l'état… Cela lui a coûté cher en popularité, apparemment, sans que l'on puisse clairement démêler, chez les mécontents, la part des citoyens offensés de celle des petits-bourgeois pudibonds. Passons. M. Sarkosy n'a pas hésité à mouiller sa chemise pour des causes humanitaires, comme le cas d'Ingrid Betancourt, et il importe peu de savoir si ses intentions étaient totalement désintéressées. Récemment encore, au Liban, en Israel et auprès des palestiniens, il a tenu des propos courageux et forts, tandis que parallèlement il avait initié une réforme des institutions témoignant de sa volonté de tenir encore d'autres promesses. Un poil de contrôle parlementaire en plus, une présidence limitée à deux mandats, le germe d'une moralisation du sénat… Sans oublier bien entendu sa diabolique ouverture à gauche avec la présence de Mme Amara ou de M. Kouchner au gouvernement et les approches de séduction auprès de quelques autres. On peut y voir des gadgets destinés à semer la discorde à gauche, le désir d'imposer au gouvernement une vision moins exclusive de la société, l'un n'excluant pas l'autre. Bref, M. Sarkosy est un président étrange. On trouve autant chez lui de propos sympathiques que franchement odieux, et sa volonté de moderniser la vie publique est réelle (dans les limites de ce que l'on peut attendre d'un professionnel de la politique en France). Néanmoins, il apparaît au bout du compte que certaines de ses décisions sont lourdes de mauvaises conséquences, tandis que ses bonnes paroles restent des paroles. Ainsi, lorsqu'il annonce la disparition de la publicité dans l'audiovisuel public —un pur fait du prince imposé au pays sans véritable consultation—, il torpille purement et simplement les médias de service public tout en faisant un beau cadeau à ses amis personnels du privé. Plus grave encore, lorsqu'il prétend désigner à l'avenir lui-même le président de France-Télévision, en fait de modernité, il nous renvoie des décennies en arrière et se propose de créer une télévision à ses ordres. On voit d'ici ce que deviendra le paysage audiovisuel à l'approche de prochaines élections : un service public domestiqué, avec en face les télés commerciales tenues par des copains pleins de gratitude… M. Sarkosy semble, en fait, balancer en permanence entre un verbe généreux et des actes empreints d'un bonapartisme franchement inquiétant.

mercredi 25 juin 2008

Liberté, liberté chérie…

Le gouvernement est admirable, il prépare déjà certains de nos cadeaux de Noël pour l'hiver prochain, en l'occurrence une nouvelle Lopsi que le conseil des ministres finira de pomponner à l'automne. Lopsi ? C'est une loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure dont le Monde a révélé hier deux ou trois détails significatifs. Si cette loi est adoptée sans modification, les informaticiens de la police auront le droit, avec l'autorisation d'un juge, de pirater les ordinateurs des citoyens et de s'y installer comme chez eux à l'aide de logiciels espions, durant quatre mois renouvelables. Sans que la personne concernée soit informée, bien entendu, ces mouchards du XXIe siècle fouineront à leur aise dans les dossiers, le courrier, l'ensemble des données stockées sur un ordinateur ; ils les copieront, surveilleront ce que l'utilisateur sera en train d'écrire, écouteront ce qui se dira par le biais de l'appareil… C'est tout simplement une perspective effrayante, car les pratiques du passé avec les écoutes téléphoniques nous ont suffisamment montré à quels abus pouvaient mener le viol légal de la vie privée. Dès qu'une telle possibilité est offerte à un pouvoir, quel qu'il soit, les mesures destinées à l'encadrer sont tôt ou tard contournées. Ceux qui cogitent sur ces coups tordus contre notre liberté auront, le moment venu, de brillants arguments à opposer aux critiques, n'en doutons pas, et notamment qu'il s'agira de lutter plus efficacement contre le terrorisme. La bonne blague ! Comme si nos services de renseignements et de contre-espionnage attendaient jusqu'à présent humblement de disposer d'une loi pour travailler ! On peut aussi sans grand risque d'erreur supposer qu'ils se passeront demain comme hier de la tutelle d'un juge pour faire leur boulot.
Une autre proposition choquante figure dans le projet, qui viserait, elle, à empêcher un juge d'instruction de perquisitionner par surprise dans un lieu de pouvoir. Il s'agira d'astreindre le juge à des obligations telles, que les personnes visées par son enquête en seront fatalement informées par avance et auront tout loisir de s'y préparer. Encore ne sera-t-il autorisé à prendre connaissance que de certains documents !
Cette Lopsi liberticide n'est pour l'heure qu'un projet, semble-t-il, mais une fois de plus celui-ci nous démontre l'urgence d'un réveil citoyen. L'égalité est malade, la fraternité, dans son acception moderne de solidarité, est aux abois, il nous reste encore la liberté, un luxe ?

Sources ici et

mardi 24 juin 2008

Coupables d'être malades

Encore un mauvais coup contre la sécu. Passera, passera pas ? Le directeur des caisses d'assurance-maladie, confronté au creusement sans fin du déficit, propose de nouvelles mesures punitives contre tous ces malades qui ne savent pas se retenir : qu'ils prennent donc une mutuelle et laissent l'assurance-maladie aux bien-portants, pas coûteux, ceux-là ! Ce directeur propose donc : déremboursement de certains médicaments, révision de la liste des maladies de longue durée prises en charge à 100%… C'est sûr qu'on doit pouvoir trouver quelques maladies dont la gravité devient très relative, à bien observer cette liste du fond de l'abîme déficitaire. Des malades abusifs, comme il y a des chômeurs abusifs, à stigmatiser pour que tous ferment leur gueule… Au train ou nous allons, ce n'est qu'une question de quelques années et d'approfondissement du trou de la sécu, on expliquera un jour aux amputés des deux jambes que leur handicap est peu de chose, à côté de ceux qui n'ont ni jambes ni bras. On admettrait mieux toutes ces mesures injustes, les franchises, les déremboursements, etc., si les pouvoirs publics avaient auparavant restitué à l'assurance-maladie les sommes énormes dont elle a été délestée au fil des ans. Ainsi en est-il par exemple des exonérations de charges sociales accordées au patronat (selon certaines estimations dont j'ignore la fiabilité, cela avoisinerait 60 milliards, depuis 1993). Et s'il faut faire des économies sur les dépenses de "confort", pourquoi ne pas en finir auparavant avec le remboursement de l'homéopathie et des cures thermales ? La sécu doit-elle vraiment prendre en charge la médecine de la foi ?

lundi 23 juin 2008

l'Élysée lave plus blanc

Vous aimez la télévision et sa pub, alors vous allez adorer la campagne que le gouvernement lance pour nous vendre son échec dans l'amélioration du pouvoir d'achat. Elle me fait penser à ces montées au créneau précipitées des grandes entreprises nationales ou multinationales, au lendemain de couacs retentissants ayant terni leur image de marque. Comme une compagnie pétrolière qui vente ses mérites après une énorme marée noire… Vous voyez le genre ? Eh bien, M. Fillon et ses conseillers reprennent la recette à leur compte. Enfin, plutôt à notre compte, puisque l'argent de l'état sort forcément de nos poches, mais à vrai dire, ça ne me choque pas autant que cela choque M. Jack Lang. Je trouve compréhensible qu'un gouvernement essaie de remonter le moral des ménages dans une sale période, et comme une campagne publicitaire a un coût, il faut bien prendre l'argent quelque part. Si elle était survenue à l'approche d'élections, la démarche eut été condamnable, mais ce n'est pas encore le cas. Ceci dit, continuer à prêcher, entre autres, la conversion des français aux heures supplémentaires démontre un sacré aveuglement politique. Comment font-ils à l'Élysée et à Matignon pour ne pas voir que les salariés français ne veulent pas entendre parler d'heures supplémentaires ? Ils attendent que leur travail soit rémunéré convenablement, ce qui n'est plus le cas depuis des années, et non pas qu'on cherche à les exploiter davantage. Contrairement à une affirmation un peu trop répandue, les travailleurs de notre pays ne sont pas moins actifs que leurs voisins européens, loin de là, puisque selon certaines comparaisons, la durée hebdomadaire globale du temps de travail effectif est supérieure chez nous.

Durée moyenne du travail (tous emplois confondus) en France : 36,1 heures
Grande-Bretagne : 31,9 h
Pays-Bas : 29,9 h
Allemagne (en 2006) : 33,6 h
Danemark : 35,1 h
USA : 33,8 h

dimanche 22 juin 2008

On vit des temps irréels

Mes rêves de chèvre s'étant brisés sur l'éventualité (tout aussi hypothétique, il faut dire), d'un contrôle sourcilleux de la qualité de mes fromages par M. le maire nouveau, j'ai acheté en définitive une bougie neuve plutôt que de faire changer la membrane de mon carburateur. Le croiriez-vous ? Ma débroussailleuse a soudain retrouvé l'ardeur de son premier printemps. Elle démarre et redémarre sans se faire prier ! Bien entendu j'en suis resté perplexe… J'espère que ma brave machine vivra aussi longtemps que j'aurai les moyens de l'entretenir au Super 95, dont le prix se rapproche doucement, mais sûrement, de celui du champagne. Il y a des économistes qui envisagent un baril de pétrole à 300 $ un jour ou l'autre… 300 $ ! Vous imaginez ? On aura tous une carriole à mulet avant ça. Et pour le coup, on redécouvrira les charmes de la simplicité et de l'entraide —comme le G.O.C. en aura été précurseur.
Et puis tiens : les sombres perspectives du coût de l'énergie m'ont rappelé soudain l'une de ces astuces d'autrefois, redécouverte voici plus de 30 ans, avant que l'emballement de la société de consommation ne la renvoie aux oubliettes : le bélier hydraulique. Si vous utilisez une pompe pour remplir un réservoir important, pensez-y : cette invention de l'un des frères Montgolfier, au XVIIIe siècle, fonctionne sans essence, sans électricité, et semble à peu près increvable !

L'opinion a bon dos

La démocratie participative a mauvaise presse auprès du monde politique et d'une partie des intellectuels proches de celui-ci. Ils y voient même un mal dont souffrirait l'Europe, non seulement l'Union en elle-même, mais aussi les pays qui la composent. Pour eux, en simplifiant, l'on pourrait dire qu'une sorte de lobby démagogique est à l'œuvre qui pourrirait le fonctionnement normal de la démocratie dans nos pays. Le rejet du Traité de Lisbonne par les irlandais, après celui de la constitution par les Pays Bas et la France, serait un symptôme révélateur de l'individualisme égoïste à l'affût sous la démocratie populaire. Pour ce qui est de la France, dans le cas de l'échec du référendum européen, ce jugement fait bon marché, me semble-t-il, du grand débat national qui précéda cet échec. Et singulièrement, il oublie que le bal des NON au référendum fut mené par des représentants élus des français. Leurs motivations furent pour certains, basses et individualistes, comme la prise de position de M. Fabius qui sacrifia délibérément la construction européenne à la poursuite de sa carrière politique. Si quelque chose est malade dans la démocratie, c'est d'abord du côté des représentants du peuple qu'il faut le chercher. D'ailleurs, où sont les instruments de ce populisme plébiscitaire qui minerait aujourd'hui la vie publique ? Le peuple français, une fois passé son jour de gloire électorale, est désarmé face au pouvoir. Il ne peut que subir. Enfin, il est difficile de voir par quel moyen s'exercerait cet excès de démocratie que dénoncent les gens dont je parle ; s'agit-il des sondages d'opinion ? Ceux-ci n'ont rien de démocratique, précisément : ils ne sanctionnent aucun débat, ne font suite à aucune réflexion de la population, mais au mieux, constatent une impression globale ressentie par elle sur un sujet donné. Rien ne prouve qu'à propos de ce même sujet, l'Opinion Publique mise devant ses responsabilités, avec des éléments d'appréciation solides, ne se déjugerait pas dans un vote. Il n'existe pas de démocratie directe chez nous. Il existe par contre une aspiration profonde à celle-ci, un désir d'avoir son mot à dire dans certaines prises de décisions, comme par exemple la naissance des lois, car une loi dont le bien-fondé n'est pas reconnu par la majorité des citoyens est une mauvaise loi.

Un texte critique contre la démocratie d'opinion : L'Europe malade de la démocratie, par Philippe Riès —Éditions Grasset

samedi 21 juin 2008

Jeux olympiques mémorables

Quand le C.I.O. tirera le rideau sur les 29e olympiades à Pékin, il pourra les graver dans ses annales comme exemple d'une faute impardonnable commise dans le choix du pays organisateur. Les membres à venir d'un C.I.O. éventuellement plus honorable en tireront de précieux enseignements. A-t-on jamais vu une flamme olympique voyager sous la protection d'une police spéciale, parcourir les rues devant un public préalablement filtré, ou passer dans l'ombre des chars d'assaut ? A-t-on déjà vu un gouvernement emprisonner par précaution ses opposants à l'approche de cet événement, et se livrer à une censure de grande ampleur à l'encontre de la presse comme des internautes ? Tout cela, sans que le contrat moral initial d'un meilleur respect des droits de l'homme, passé entre le C.I.O. et les autorités chinoises, ait été rempli. Le pire sans doute aura résidé dans la complicité active du C.I.O avec ses hôtes : l'interdiction faite aux sportifs d'émettre la moindre réprobation, l'affirmation éhontée que des progrès ont été réalisés en Chine dans le domaine des libertés.
On peut espérer que le dégoût du monde entier ternira la fête, comme on peut espérer encore que M. Sarkosy se rendra compte du risque qu'il prendrait à associer son image à ces jeux. Parce que ce ne sont que des jeux, tandis que les droits de l'homme font partie des aspirations profondes de l'humanité. Les faire progresser partout est une lutte pacifique immense et indispensable, pour nous éloigner davantage de la barbarie dont nous ne sommes jamais totalement sortis.

Fausse note

Les clavésiens se feront sans doute plaisir ce soir, musique en tête, sans se regarder en chiens de faïence entre électeurs heureux et électeurs grugés. Musique à part, une chose m'amuse dans la situation du village, c'est la pensée qu'il doit y avoir dans les deux camps de la municipalité des élus de droite et de gauche. Majorité et opposition s'affrontent parfois sur le fonctionnement de la commune, demain peut-être sur le programme futur de la nouvelle équipe —encore à naître, le programme—, mais s'unissent dans la même façon de considérer la population par le biais de son plus petit dénominateur commun. On ne se préoccupe de rien qui puisse rappeler aux gens leur citoyenneté. On m'a dit : on ne fait pas de politique dans un village. S'il s'agit de reproduire à Claviers l'affrontement droite-gauche national, il est vrai que cela ne semble pas de saison. Par contre, durant la campagne électorale, certains ont promis des consultations régulières de la population, et ça c'est de la politique pure. Par contre, évoquer dans un conseil municipal des questions relevant d'un humanisme généralement consensuel, peut être une façon de stimuler le civisme de tout le monde (à supposer qu'il soit assoupi, bien entendu), et ce serait de la politique encore. Les élus ne sont-ils pas à la base de la démocratie et ne peuvent-ils nous donner l'exemple ?

vendredi 20 juin 2008

Maison de retraite insurgée

Avec le vieillissement de la population, les maisons de retraite poussent un peu partout, modestes, confortables, ou luxueuses, toujours chères. La plus belle de France, la plus ancienne et la plus coûteuse aussi, c'est incontestablement le Sénat. N'y rentre pas qui veut, il faut avoir mérité de la république, comme on dit, et généralement avoir une tête politique bien faite. Cette vénérable assemblée, on le sait, a la particularité d'être indéracinablement de droite, grâce à un système électoral déséquilibré. C'est dire que nos sénateurs, tout détenteurs de la sagesse politique qu'ils soient, ont dans leur ensemble des réflexes conservateurs. On les voit à l'œuvre en ce moment, avec l'examen de la réforme des institutions. Par exemple, sur cette promesse de M. Sarkosy (il en avait fait deux ou trois d'estimables) de supprimer le droit de grâce présidentiel. Eh bien, alors que les députés avaient soumis l'exercice de ce droit de grâce au contrôle d'une commission, le sénat a rétabli l'ancienne disposition qui fait de la grâce une espèce de bon plaisir royal. Et quant au référendum d'initiative populaire, même réduit à peu de choses, tel qu'il était prévu, c'est encore trop pour les pensionnaires de la maison du Luxembourg qui le voient d'un très mauvais œil. En fait, la mauvaise humeur de ces messieurs vient de la menace de transformation de leur système d'élection qu'ils soupçonnent dans le projet de réforme. La droite sénatoriale, non contente d'être pensionnaire de la république, veut à n'importe quel prix conserver sa rente électorale. Sur l'éventualité d'une participation directe des citoyens à la vie politique, par le moyen du référendum d'initiative populaire, ils nous chantent la vieille chanson d'une démarche inapplicable à l'échelle d'un grand pays (à la différence de la Suisse, pardi), et que si l'on veut d'une démocratie participative, il faudrait supprimer la démocratie représentative… Mais non ! Les français auront toujours besoin d'élus avertis, de députés par exemple. Pour les sénateurs, c'est moins évident. Supprimer le sénat, ce serait une belle économie, et une vraie libération.
Que valent ces gens désignés des combinaisons d'élus locaux ? Quand je pense qu'un jour viendra où M. le Maire nouveau de Claviers et quelques autres, voteront pour des élections sénatoriales…

Contre les franchises médicales, suite.

La pétition nationale contre les franchises médicales a recueilli 600000 signatures. Le but du million à atteindre se rapproche… M. Sarkosy, il y a peu, prétendait pour défendre son système injuste —faire payer les malades pour les malades—, qu'il n'existe pas une assurance sans franchise… Votre mutuelle santé vous applique une franchise, à vous ? En principe non. Une mutuelle, c'est pourtant une assurance. Certes, un peu différente des sociétés purement commerciales qui font du fric avec la santé, mais une assurance. M. Sarkosy parle toujours avec la franchise d'un marchand de voiture d'occasion. Pour rapprocher plus vite la pétition du million, vous pouvez toujours la signer en ligne, si vous avez un remords. Par là.

jeudi 19 juin 2008

Dormons

Pour quelle raison les français, tout au moins la plupart, ne se sont pas mobilisés lors de la journée d'action pour la défense des retraites et des 35 heures ? Parce que la majorité des français est satisfaite des mesures énergiques que compte prendre le gouvernement, pardi ! La pédagogie d'adjudant mise en œuvre par MM. Fillon et Bertrand sur des esprits préparés au karcher, a parfaitement démontré aux gens qu'il n'y aurait aucun salut pour les retraites en dehors d'un remède de cheval. Et si le cheval meurt du remède, eh bien, on aura fait de son mieux ! Quant aux 35 heures, les syndicats étaient bien naïfs d'imaginer que les français n'avaient pas envie de travailler plus : ils en rêvent tous la nuit, de pouvoir faire des heures de boulot supplémentaires. Sans cela, on imagine bien que les rues de toutes les villes du pays auraient été noires de monde, des millions et des millions de manifestants, ce que pas un gouvernement démocratique au monde ne pourrait se permettre de regarder sans trembler et reconsidérer d'urgence ses projets. On ne peut pas râler contre des mesures injustes dans le huis-clos de la famille, et puis rester posé sur son cul au lieu de donner un coup de main à ceux qui tentent de les contrecarrer, sans mériter ce qui vous arrive ensuite. Ceux que l'évolution à reculons de la société ne dérange pas peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Toute proportion gardée —si l'on veut bien me passer ce qu'un tel rapprochement contient de choquant—, c'est un peu la même chose pour nos malheureux amis chinois, lesquels, dans l'ensemble, demeurent silencieux sous la dictature et se détournent de la minorité d'opposants. Mais il est vrai que chez eux, c'est une autre histoire : la liberté de parole ou de manifester n'existe pas. Ce qui me fait penser à une information honteuse que je viens de découvrir : des entreprises occidentales collaborent avec les autorités chinoises afin de les aider à fliquer leur population, autant par la fourniture de technologies de pointe que par des conseils. Cela aussi nous regarde. Lorsque suffisamment de voix se font entendre pour dénoncer l'inacceptable, le plus cynique des chiens d'affaires retourne à sa niche la queue entre les jambes.

mercredi 18 juin 2008

Bulletin météo

Quelques cumulus encore, mais le soleil est de retour, la fête de la musique approche et avec elle, l'avènement de l'été… Donc, l'été arrive, vive lui ! Il nous permettra de penser à autre chose qu'aux petites trahisons clavésiennes en cours de digestion. Je suis fatigué de ces masques venimeux qui grimacent parfois à la porte du blog. Ils n'ont jamais été capables de nous expliquer pourquoi et comment ils voyaient droit ce que d'autres voyaient fourbe, mais en revanche ils savent trop bien dispenser le fiel et la hargne à travers leurs écrits les plus amphigouriques comme les plus primaires. Je suis pareillement fatigué de ces autres masques, certes amicaux, mais si rarement disposés à lever l'œil de leur nombril, si peu enclins à revendiquer une opinion dans la clarté. Alors, juste quelques lignes pour voir venir avec un certain soulagement les beaux jours, la douceur des nuits d'été, les flonflons qui descendront du village.…

mardi 17 juin 2008

Max

La Chine médaille d'or

Finalement, les dirigeants chinois ont trouvé la solution idéale pour que la flamme olympique voyage sans incident fâcheux en ce qui concerne la réputation du régime : le parcours se fait par des rues interdites aux personnes non autorisées. Les journalistes ne peuvent poser de questions aux figurants qu'il faut bien accueillir pour le spectacle, et les riverains se voient interdire de paraître aux fenêtres et balcons… Si les autorités chinoises se risquent à montrer les godillots à clous de leur état policier, c'est bien que la colère couve sous la liesse de commande. Pour récompenser leur impudence comme elle le mérite, il faudrait décerner à l'équipe chinoise au pouvoir la médaille d'or de la dictature, médaille d'argent aux birmans, médaille de bronze… À qui, au fait ? Ils sont tellement nombreux à mériter le podium !

lundi 16 juin 2008

Aux rires, citoyens!

Il y a quelque jours avait lieu la réunion publique du conseil municipal de mon village délicieusement républicain. Oh, n'allez pas croire que les rues y sont pavoisées en permanence de fanions aux couleurs de la France, ou que toutes les maisons s'y parent de crépi tricolore et recèlent des bustes de Marianne ornant leurs dessus de cheminée, ni même que le taux de participation aux élections y est toujours de 100% ! Non, non. Comme partout, les agonisants, les absents, les mal lunés, s'abstiennent de voter. Alors, me direz-vous, qu'a-t-il de si délicieusement républicain, votre patelin ? Eh bien, c'est une vraie commune de citoyens, avec une majorité majoritaire à sa tête, et une petite opposition opposante. La majorité est très méchante, à commencer par le maire et ses adjoints qui ont à cœur de ne pas brouiller les cartes : ils ne se rasent plus depuis l'élection, regardent les administrés de travers, rotent et pètent pendant les conseils, de vrais butors. Le public qui se presse aux séances est ravi, car cette équipe applique scrupuleusement le programme qu'elle avait annoncé : râler plus fort que les autres, mordre quand on nous embête, faire la gueule aux touristes, priver les enfants de dessert à l'école, etc. Il faut vous dire que ce printemps, la majeure partie de la population en avait ras-le-bol du ciel bleu au-dessus du village, des sourires convenus, et des efforts qu'elle avait fait l'année précédente pour remporter le prix du Village le plus accueillant de France. Les gens avaient envie de sensations nouvelles…

Pour vivre heureux, vivons muets.

Il n'y a pas de vérité parfaite, ou si peu, nous le savons tous au fond de nous. Rien qui puisse garantir que nos espérances valent d'exister et qu'elles ne portent pas en germe pires travers que ceux qui nous ont révoltés. Il y a juste une sorte d'hygiène de la conscience, tant bien que mal à l'œuvre en chacun, qui prétend nous éclairer sur le juste et l'injuste, le droit et le déloyal, tous ces choix inconfortables à faire parce que nous sommes d'instinct rétifs à la vertu, si peu folichonne compagne. La vie publique est le lieu privilégié où se manifeste cet état d'esprit embarrassant, parce que des vérités contradictoires y sont à l'œuvre, qui toutes recouvrent de fortes réalités : celles de l'économie, de la démographie, de l'immigration, du chômage, du pouvoir d'achat, de la croissance, de la concurrence des entreprises, de la concurrence entre salariés, de la misère galopante… Les chiffres y règnent en maîtres dans tous les cas, mais tous n'ont pas la même valeur. 100 000 sans logis valent beaucoup moins que 10 points du CAC 40 ; 3 861 400 chômeurs impressionnent davantage que 23 millions de salariés ; 1,97 nouveau né par femme, c'est peu pour 1427 milliards d'euros de dette publique ; un homme ou une femme à la rue, ça se remarque moins que l'augmentation du litre d'essence… En résumé, il y a des vérités qui nous intimident et d'autres qui nous emmerdent. La plus fâcheuse de toutes est qu'une personne dans la misère contient à peu près la même quantité de sang que nous pour survivre, le même kilométrage de nerfs pour souffrir, un estomac semblable au nôtre pour avoir faim. Mettre la main à la poche nous demande un effort que nous ne sommes pas prêts à faire chaque jour, pas plus que nous ne sommes disposés à nous reconnaître une part de responsabilité dans leur déchéance. Nous avons choisi les gens qui gouvernent le pays en notre nom, et si la valeur abstraite des choses pèse à leurs yeux invariablement plus que l'humain, c'est que nous les y encourageons par nos silences. Nous n'aimons pas regarder les vérités en face.

dimanche 15 juin 2008

Rêver d'Europe

Les irlandais ont dit non, le traité de Lisbonne a du plomb dans l'aile. M. Sarkosy a pris une belle baffe, et quelques autres avec lui. Une sacrée occasion de se réjouir, comme chaque fois qu'un peuple botte le cul des politiques, mais est-ce la bonne ? M. de Villiers est un bien mauvais compagnon de rigolade… Et lui est plus content que moi, encore. C'est justement le problème. Il y a quand même quelque chose qui cloche dans ce rejet du traité. De Villiers veut voir dans les trois rejets de la constitution européenne par trois peuples —le traité étant le dernier avatar de celle-ci—, trois patriotismes à l'œuvre. Un succès du chauvinisme politique. Il veut une Europe des nations, chaque petit chef bien maître chez lui, et pour le reste la liberté donnée aux échanges économiques dans les frontières de l'Union. Le bien-être des peuples, ce n'est pas le problème de M. de Villiers. La gestion raisonnée de nos ressources, de notre alimentation, de nos activités, à l'échelle européenne, doit le hérisser. Je ne sais pas s'il mêle en ce moment sa voix aux clameurs des pêcheurs de thons rouges à qui la Commission Européenne vient de signifier qu'ils ont atteint les quotas autorisés, mais cela ne m'étonnerait pas. Heureusement pourtant qu'une autorité sereine existe, endiguant le laxisme démagogique des gouvernements nationaux (ou leur fournissant du moins un parapluie commode), afin de protéger la ressource des pêcheurs de demain et la nourriture de nos petits-enfants !
Au moment où l'on constate que tout fout le camp, du climat au pétrole, de la pêche à la qualité de l'agriculture, j'hésite personnellement à me féliciter totalement du choix des irlandais. Parce que c'est un égoïsme frileux qui s'est manifesté, et non le rejet du manque d'humanité d'une organisation hyper-bureaucratique, pas plus que l'exigence d'une union plus démocratique, protectrice des progrès sociaux de la vieille Europe. On peut parier que pas un peuple d'Europe, directement consulté, n'aurait accepté la constitution ou le traité. Si l'Europe renvoyait à ses habitants l'image d'un gouvernement supranational démocratique dans lequel ils pourraient se reconnaître, et non celle d'un conseil d'administration antipathique, obsédé par l'économie, les choses changeraient peut-être. Parce que l'idée européenne est un rêve, et sa réalité actuelle plutôt perçue comme une mécanique à pondre des normes. Les hommes ont aussi besoin de voir grandir des choses qui ressemblent à leurs rêves pour les respecter.

Un absent à l'assemblée générale du G.O.C.

Ambiance morose, hier soir, à l'assemblée générale du G.O.C. —le groupement des oléiculteurs clavésiens. L'heure de répondre à l'offensive revancharde venue de la nouvelle majorité municipale était arrivée. Je vous fais grâce des détails, ceci n'étant pas le bulletin du GOC, et m'en tiendrai à l'essentiel de la réunion, pour ceux que les suites de cette querelle intéressent. Le maire nouveau était présent, ce qui fut jugé par certains méritoire, vu le contexte hostile qui l'attendait —la moindre des choses pour d'autres, dont je suis, puisqu'il portait la responsabilité officielle des mauvaises manières faites à notre président.
On entra d'emblée dans le vif du sujet par l'adoption à l'unanimité d'un article du règlement intérieur autorisant les bénévoles de l'association à demander le remboursement des frais occasionnés par les activités du G.O.C. Robert, le président, donna ensuite lecture d'un rapport minutieux sur les déplacements des deux ou trois membres du bureau qui, tout au long de l'année 2007, œuvrèrent à la préparation de Clavolive, la seule manifestation d'envergure de la commune. Il apparut clairement que sur beaucoup plus de 1000 kilomètres parcourus à travers le Var et les départements voisins, Robert et Pierre, les chevilles ouvrières de l'association, n'avaient même pas songé à se faire rembourser systématiquement leurs dépenses de carburant ou de casse-croûte, et donc, en avaient été à plusieurs reprises de leur poche. Il fut aussi question de la promesse de l'ancienne municipalité de prendre à sa charge le vin d'honneur offert lors de l'inauguration de Clavolive, qui représenterait sans cela une lourde charge pour l'association, étant donné l'affluence croissante de personnalités et de visiteurs, au fil des ans. M. le maire nouveau parut convenir de bonne foi qu'il ignorait à peu près tout des servitudes pesant sur les organisateurs de cette fête, et, manifestement désireux d'apaiser les relations entre la mairie et le G.O.C., se dit prêt à poursuivre une collaboration constructive.
De la naissance du conflit, nous eûmes confirmation de ce que tout monde devinait : c'est une question posée par Robert au président du syndicat d'initiative, aujourd'hui troisième adjoint, à propos de ses remboursements de frais, qui alluma chez ce dernier le désir de prendre une revanche. Car tout se tient, dans cette petite guérilla clavésienne : M. le troisième adjoint est tenu pour l'un des principaux artisans du mauvais coup porté à la démocratie locale aux élections. À ce titre, il est plus que d'autres la cible des critiques. Le fait d'avoir voulu rendre les coups et d'avoir partiellement réussi, avec des arguments spécieux, confirme son rôle d'éminence grise de la mairie.
Comme les autres membres du G.O.C., j'ai regretté son absence lors de cette assemblée générale. En sa qualité d'adjoint délégué aux relations avec les associations —en plus de son implication directe dans le conflit—, il aurait pu nous faire la politesse d'un peu de courage.
En résumé, l'assemblée générale du G.O.C. n'a pas accédé à la demande du maire nouveau de modifier ses statuts afin de prévoir le remboursement des frais, ce qu'aucune loi n'exige, mais elle a adopté un règlement intérieur qui l'autorise, dans un geste de bonne volonté. Le bureau, qui souhaitait démissionner collectivement, écœuré par ces intrigues, a d'autre part décidé de reporter sa décision au mois d'Octobre, où se tiendra une nouvelle assemblée. L'avenir de Clavolive est en suspens.

samedi 14 juin 2008

Conseils au maire débutant —15

Le maire d'aujourd'hui, particulièrement s'il est en cours de débourrage et se découvre rétif aux lourdeurs de sa charge, plus assommantes qu'il ne croyait, le maire moderne, peut ressentir un légitime désir d'envoyer promener des pratiques qui ont fait leur temps. Comprenant un peu tard qu'il en a pris pour six ans, il arrive qu'il s'abandonne à la mélancolie, voire même, le front méditatif contre la vitre, qu'il songe à la démission. Ce chapitre lui est particulièrement destiné, car un maire déprimé rend bientôt son village malheureux. Pour retrouver le goût d'administrer, rien ne vaut la décision de réformer, l'ivresse de la création. Et de nos jours, le champ est vaste qui s'offre à l'élu imaginatif, pour peu qu'il soit disposé à jeter à bas les vieilles lunes d'une gestion municipale compassée. L'un des plus redoutables facteurs d'ennui réside dans les demandes ou plaintes d'administrés pinailleurs, sources de discussions oiseuses, et qu'on ne sait par quel bout prendre. Eh bien, par le petit bout, justement ! Une fois exposée rapidement la requête, faites donc tirer la délibération du conseil à la courte paille, par deux conseillers de chaque camp représenté dans la municipalité. En faisant successivement appel à tous les élus présents pour la suite des questions prévues par l'ordre du jour, chacun aura le sentiment gratifiant d'avoir rempli son rôle, et l'efficacité du conseil en sera grandement améliorée. La procédure rodée, le maire devrait être en mesure de lever la séance au bout de dix minutes au maximum, ce qui permettrait de rentrer chez soi avant le début du journal télévisé, ce dont tout le monde lui saura gré.
Un autre moyen de faire de la gestion municipale un pur plaisir et de contribuer simultanément à l'attractivité de la commune, consistera à tenir, aux beaux jours, les séances publiques du conseil en plein air. Pour ce faire, on choisira de préférence le dimanche après-midi et l'on se réunira au terrain de boules. Dans ce dernier cas, le débat se tiendra autour du cochonnet, et la solution des problèmes en suspens découlera du score final d'une partie de pétanque, majorité contre opposition. La dite opposition, défavorisée par le nombre, ne devrait pas l'emporter : le rapport des forces issu du scrutin municipal se trouvant préservé, la démocratie sera sauve.
On voit tout le bénéfice qu'une telle modernisation de la vie locale apporterait à un village, par l'afflux de visiteurs qui s'en suivrait, la vente de cartes postales, l'essor du commerce local… Un maire et des conseillers bronzés, détendus, l'image du bonheur municipal.

vendredi 13 juin 2008

Un appel reçu

Mercredi 25 juin - APPEL À MOBILISATION POUR LE LANCEUR D'ALERTE CHRISTIAN VÉLOT
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A diffuser très largement !
Christian Vélot est enseignant-chercheur en génétique moléculaire à l’Université Paris-Sud.

Depuis 2002, il est responsable d’une équipe de recherche à l’Institut de Génétique et Microbiologie (Institut mixte CNRS – Université) sur
le Centre Scientifique d’Orsay.

Parallèlement à son activité d’enseignement et de recherche, il anime sur son temps personnel de nombreuses conférences à destination du grand public sur le thème des OGM. Ses conférences didactiques, dont l’une a notamment servi de document de travail à l’intergroupe OGM du Grenelle de l’Environnement, ont permis à de nombreux citoyens d’avoir accès à une connaissance de la réalité des OGM et ont contribué à la prise de conscience raisonnée des risques qu’ils portent. Il est souvent intervenu en tant que témoin dans les procès de faucheurs volontaires.

Christian Vélot fait partie de ces lanceurs d’alerte qui oeuvrent pour faire valoir la réalité de certains risques et engager des débats
démocratiques, là où l’obscurité et l’opacité sont de règle.

Cet engagement lui vaut aujourd’hui, de la part de la direction de son Institut, de nombreuses pressions morales et matérielles, depuis l’accusation infondée d’impliquer son institution dans ses prises de position publiques, la confiscation de la totalité de ses reliquats de crédits pour 2008 et 2009, la privation d’un étudiant stagiaire, jusqu’à l’annonce de l’exclusion arbitraire de son équipe de l’Institut à partir de fin 2009. De plus, Christian Vélot et son équipe ont fait l’objet pendant plus d’un an d’un harcèlement pour qu’ils quittent leurs locaux (allant jusqu’à la menace d’un déménagement manu militari) au prétexte de la mise en place d’un prétendu pôle de biotechnologie qui s’est avéré être un projet fantôme pas même budgétisé.

Nous demandons que toutes les conditions soient rassemblées pour que Christian Vélot, avec son équipe, puisse poursuivre ses activités de
recherche indépendante, ce qui implique notamment que la totalité de ses crédits lui soient restitués et que sa direction revienne sur la décision arbitraire de l’évincer au delà de 2009.

Au-delà du cas de Christian Vélot, nous appelons également à une très grande vigilance face aux atteintes à la liberté d’expression des
chercheurs, et demandons un véritable statut juridique des lanceurs d’alerte, dans le cadre d’une loi de protection de l’alerte et de
l’expertise, dont le principe a été acté par le Grenelle de l’Environnement.

Aussi nous invitons celles et ceux d’entre vous qui se sentent concernés par la situation de Christian Vélot, et plus généralement par
la question des lanceurs d’alerte, à une journée de mobilisation :

Le 25 juin 2008 à 10h30 à Orsay devant l’entrée principale du campus (rue Elisa Desjobert)* et à 15h pour un défilé parisien festif du Luxembourg (place Edmond Rostand) au ministère de la Recherche où une délégation demandera à être reçue.

Organisations associées : Action Consommation, les Amis de la Terre, Attac, Bio Consom'acteurs, la Confédération paysanne, les Faucheurs volontaires, FNAB, Fondation Sciences Citoyennes, France Nature Environnement, Greenpeace, MDRGF, Nature et Progrès, Réseau Cohérence, WWF...


Contact : Fabien Piasecki – fabien.piasecki@sciencescitoyennes.org

Conseils au maire débutant —14

Il arrive à certains élus de connaître une transformation radicale de leur personnalité à leur entrée en fonction, tel le célèbre Eugène Duffiguier, maquignon de son état et d'un naturel jovial, mais tragiquement porté sur la bouteille, qui devint un modèle de vertu municipale à la suite d'une apparition de la République dans sa chambre, la nuit de son élection. Ce n'est cependant pas un exemple souhaitable pour un maire débutant, car l'éclosion imprévue d'un saint laïc peut causer plus de trouble que de satisfaction dans une communauté. Nous conseillerons donc au maire en rodage d'entrer dans son mandat sans contraindre son tempérament plus que nécessaire. S'il est accoutumé à débuter ses journées par la lecture de l'horoscope au petit déjeuner, qu'il le fasse sans gêne. Il n'y a aucun mal à cela, et les recommandations tombées des astres valent bien celles du meilleur adjoint. «Fuyez les personnes négatives» vous dira par exemple Mme Rose, et vous saurez que ce n'est pas un jour à rencontrer le leader de l'opposition. «Votre audace sera remarquée», insinuera-t-elle, ce qui peut vous encourager à faire voter par le Conseil la création d'une piscine olympique à la place de l'ancien lavoir. Mais si Mme Rose ajoute : «Il serait dommage de tout gâcher…», proposez plutôt l'acquisition d'un bocal de poissons rouges pour égayer la réception de la maison communale. Non seulement un maire nouveau n'aurait pas à rougir de son inclination pour Mme Rose, mais il pourrait, en le faisant savoir, gagner un surcroît de sympathie auprès de ses administrés des deux sexes, plus nombreux qu'on ne croit à priser les sciences ancestrales.

jeudi 12 juin 2008

Réalisme

L'essence sans plomb est un peu plus respectueuse pour la nature que l'essence avec plomb, mais elle n'a pas que des avantages. D'après mon réparateur d'outils à moteurs, elle durcit peu à peu les membranes de carburateur, si bien que ma débroussailleuse devient muette après avoir donné de la voix un certain temps. Une fois chaude, elle ne démarre plus. Je pourrais prendre une faux à bras, comme les gens d'autrefois, mais ce serait lent, et une lame de faux n'aime pas les cailloux des talus. Je pourrais prendre une chèvre… Plus besoin d'essence sans plomb, ni d'apprendre à me servir d'une faux. Ce serait sympa, une chèvre dans le pré, barbichette au vent. En plus, elle donnerait du lait. Je me suis laissé dire qu'une bonne biquette pouvait vous offrir cinq ou six cents litres dans l'année… Imaginez ! À condition qu'elle ait mis bas des chevreaux auparavant, je suppose. Ce qui doit impliquer d'épier le moment où elle dressera son petit bout de queue, l'œil jaune perdu dans la contemplation du village, là-haut, pleine de vague à l'âme. Et cet état ne pouvant suffire seul à la rendre mère, il sera indispensable de compter quelque bouc bien de sa personne dans nos relations, afin de courir lui présenter mademoiselle. Dare dare, car m'a-t-on dit, sur cette question du vague à l'âme, les chèvres sont capricieuses. Donc, une fois surmontée la difficulté de l'état, puis celle d'un bouc à trouver dans nos parages, j'aurai du lait. Beaucoup de lait. Je ferai des fromages que j'irai vendre au marché de Claviers. Aïe ! Je vois déjà M. le maire nouveau rappliquer avec son écharpe tricolore en bandoulière, ou sa médaille, et me demander d'un air paterne si mes fromages, mon lait, ma chèvre, mon pré, mon herbe, satisfont aux normes européennes. Je crois que je vais faire changer la membrane du carburateur.

France & associés

Pour moi, la présence d'un homme comme M. Sarkosy à l'Élysée nous invite à une sérieuse réflexion. Par son élection quasi triomphale, sa légitimité est incontestable, et l'on peut lui reconnaître des qualités appréciables chez un homme politique : énergie, intelligence, audace, pugnacité. Il reste qu'avec lui, la fonction présidentielle s'est brutalement dégradée. A mon avis, M. Sarkosy n'en porte pas seul la responsabilité. Après De Gaulle, incarnation mâle d'une république intègre, mais glaciale, chacun des présidents parvenus au pouvoir n'a eu de cesse de prendre ses distances avec les contraintes morales de sa fonction, au point que leurs arbitrages ou décisions ressemblèrent de plus en plus souvent à une sorte de bon plaisir royal. Et leurs écarts avec le sens rigoureux du devoir qu'un peuple est en droit d'attendre de ses plus éminents représentants, se sont multipliés, sans que jamais nos parlementaires ne se dressent, unanimes, pour y mettre un terme. Avec M. Sarkosy, on a l'impression d'avoir atteint un sommet dans le cynisme, parce qu'il se comporte depuis les premiers instants de sa prise de fonction comme un être grossier, impérieux, aux carences voyantes. Il a l'air d'un sale gamin lâché dans la république pour en profiter avec ses copains. Il vous regarde l'œil mouillé et dit : je m'excuse, plutôt que veuillez m'excuser, quand vous montrez de la colère, mais il se fendra la pêche dès que vous aurez tourné le dos. Il aime l'argent, on l'a compris, il lui en faut toujours plus, et l'on devrait savoir qu'il ne faut pas compter sur les parlementaires pour le rappeler à la pudeur : ils se sont, avant lui, octroyé à notre nez et notre barbe les revenus qu'ils désiraient. Nous n'avons aucun moyen de les empêcher de nous faire les poches. Cependant, cette manière de considérer la France comme une entreprise dont M. Sarkosy serait PDG, qui justifierait à ce titre toutes ses fantaisies, pourvu qu'en fin de mandat les bénéfices d'actionnaires fussent au rendez-vous, est plus que choquante : elle est dangereuse. Parce que, la bonne fortune d'un retour de la croissance aidant, si M. Sarkosy termine son quinquennat autrement que couvert d'opprobre, les français enverront un signal désastreux a leur personnel politique. Le président suivant, M. Sarkosy ou un autre, verra dans l'indifférence ou le satisfecit accordé par le peuple son assentiment à la poursuite de telles mœurs politiques. Et comme jusqu'à ce jour chaque président a fait pire que son prédécesseur dans l'abusif, notre démocratie s'avilira un peu plus. Nous en serons responsables, il sera trop tard pour râler.

mercredi 11 juin 2008

Tu gagneras ton caviar à la sueur de leurs fronts.

J'ai lu hier dans Le Figaro, cette feuille gauchiste à ne pas mettre entre des mains innocentes, que selon un sondage récent, 8 salariés sur 10 tiennent à leur semaine de 35 heures. Comme quoi, l'influence de la religion reste plus forte qu'on ne le croit, puisque une majorité écrasante de gens se souvient que le travail est une malédiction. Pauvre Sarko ! J'ai lu aussi, cité dans un texte socialiste, qu'un certain M. Artus, directeur d'études à la Caisse des Dépôts —qui n'est pas une cantine pour petits marrants—, attribue l'appauvrissement des salariés à une «perte de pouvoir de négociation»… En clair : quand il y a en France beaucoup plus que les 3, 8 millions de chômeurs comptabilisés au total, toutes catégories confondues, les salariés serrent les fesses et n'osent plus revendiquer une augmentation, de peur d'être mis à la porte. On s'en doutait un peu, mais quand on songe aussi que la montée de cette trouille du chômage a commencé, en fait, au premier choc pétrolier de 1974, on est en droit de se demander si la dégradation des revenus salariaux n'a pas débutée à la même époque. C'est ma façon de voir. De doctes personnes, par des voies plus savantes, estiment quant à elles que le début de la fin des haricots pour les salariés a démarré il y a 25 ans seulement, ce qui n'est tout de même pas hier… Et du coup, je reviens aux 35 heures pour constater que Sarkosy nous ment en faisant porter la responsabilité de la perte de pouvoir d'achat sur une réduction du temps de travail qui n'existait pas encore au départ de cet appauvrissement. Partager le temps de travail afin de diminuer le chômage et de profiter davantage de la vie, était un progrès. Et pendant que des peurs sans âge font courber l'échine au monde du travail, que de plus en plus de gens découvrent ou redécouvrent l'existence dans notre vocabulaire de mots comme privation, misère, M. Sarkosy fait exploser le budget de la présidence, qui a pourtant été augmenté à deux reprise. Encore quatre ans à supporter ça.

Vous avez dit pantin* ?

Par les temps d'eau tièdasse dans lesquels nous baignons, il serait illusoire d'attendre des candidats à l'exercice de fonctions électives d'un petit village, qu'ils se présentent à leurs concitoyens non seulement avec un programme crédible d'ambitions communales, mais aussi avec des objectifs politiques clairement annoncés. Par exemple, l'affichage d'une volonté de se soucier des droits de l'homme dans le pays et au-delà, ou de soutenir au niveau régional les mouvements de lutte contre les discriminations, voire pour les plus audacieux, d'annoncer une intention de faire œuvre sociale au niveau communal. On reconnaîtra là des préoccupations plutôt de gauche, à première vue, mais les femmes et les hommes de droite qui les partagent ne sont pas si rares. Chez nous, comme dans quantité d'autres villages, nous avons voté sans savoir vraiment quelle sorte d'hommes et de femmes nous choisissions. La moindre des choses aurait pourtant été de nous faire une petite idée sur la proximité de pensée que nous pouvions ou non avoir avec les gens qui sollicitaient nos suffrages. C'est une mauvaise habitude que la nôtre, de les encourager à dissimuler leurs opinions. La faute nous revient partiellement. Et le résultat, c'est que nous avons une majorité municipale invertébrée, constituée de bric et de broc, avec un maire qui a piqué le programme de ses anciens compagnons pour suppléer au vide consternant des propositions de ses nouveaux alliés. Nous ne savons pas qui nous conduit ni où, ni quelles sont les qualités humaines ou les travers de ces gens, sinon que leur passivité citoyenne touche à pleutrerie. Un élu est non seulement là pour veiller au balayage des trottoirs, mais aussi pour faire marcher la démocratie, parce qu'il représente des êtres pensants et non des veaux.

(*Le maire nouveau a qualifié de rôle de pantin celui de simple conseiller… Il n'est pas encore prouvé qu'il fera mieux lui-même)

mardi 10 juin 2008

Cercle des Clavésiens joyeux, mais pas contents

On prête à Pierre Desproges la boutade : On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. La reprenant à mon compte, j'ai envie de la pousser plus loin, parce que je trouve que l'on peut rire de tout et aussi parler de tout, mais pas avec n'importe qui. Prenons le cas de Claviers… Ce qui s'est passé ici, et qui dure, est navrant au premier degré. Pris au second degré, par contre, c'est plutôt hilarant : un côté Clochemerle avec ses mesquineries, sauf qu'il n'y est pas question de latrines publiques —mais on peut aussi bien rire que s'affliger de ce drame villageois, né de fourberies de village. L'opposition privée de mairie, les cloches, tout ça…Toutefois, il y a des limites avec ce que je peux partager avec mes lecteurs. Par exemple je n'aime pas rire avec quelqu'un et m'apercevoir un instant plus tard qu'il est raciste, ou antisémite. Alors, par méfiance, je préfère rester sérieux, et c'est dans cet état d'esprit qu'en quelques mots je dois vous parler du C.C.C.
Le Cercle des Citoyens Clavésiens est une toute nouvelle association, dont la date de naissance officielle coïncide avec celle de la publication de ce billet. Elle est si récente qu'elle n'a pour l'instant que le minimum requis de membres pour se prévaloir du nom d'association, en l'occurrence : moi, et puis moi. Ses statuts, en cours de gestation, envisagent le développement de l'ardeur municipale par tous moyens appropriés, tels que la chatouille pétitionnaire, la constitution d'une chorale cacophonique interprétant des articles du code électoral égayés de musique, l'organisation de séminaires de prospective communale autour d'un pique-nique, et autres activités… Les personnes intéressées par le programme seront les bienvenues.

Potage olympique à la chinoise.

La fiction de l'humanisation accélérée des dirigeants chinois sous les effets conjoints du tremblement de terre dans le Sichuan et de la présence des médias internationaux, n'aura pas résisté longtemps. De tous côtés on signale déjà le retour aux vieilles méthodes totalitaires. Ainsi, les manifestations indignées des parents d'enfants morts sous les décombres de leurs écoles mal construites sont réprimées, et les journalistes étrangers expulsés des villes où gronde la colère. Pendant ce temps, le CIO rappelle imperturbablement aux sportifs que toute allusion aux droits de l'homme leur est interdite. Cette obscène nichée du C.I.O. survivra-t-elle aux jeux olympiques chinois enfantés par son affairisme ? L'idéal viril d'un sportif est-il totalement incompatible avec ce minimum de respect de soi qu'il y aurait à refuser d'être considéré seulement pour sa belle musculature et privé du droit de se servir de sa cervelle, siège de la conscience comme chacun sait ? Ils ont travaillé dur pour parvenir à leur niveau sportif, et il se peut que ce soit la seule fois de leur vie où l'occasion de briller devant le monde entier leur sera offerte. Cela on peut le comprendre, et il serait injuste d'attendre d'eux le sacrifice de la meilleure part de leur vie. Ils ont toutefois la possibilité de se tourner avec nous du côté de M. Sarkosy qui dispose, lui, du réel pouvoir de faire quelque chose, afin de lui dire : monsieur, boycottez la cérémonie d'ouverture !
Ce voyage éventuel du président en Chine, me fait penser à la rumeur qui commence à courir du prochain achat, par le ministère de la Défense, d'un Airbus A-330 d'occasion destiné à compléter la flotte présidentielle (deux Airbus plus petits). Alors qu'il est chaque jour question de réduire le train de vie de l'état, c'est à dire principalement de diminuer le nombre des profs dans les établissements scolaires, Sarkosy donc, augmente non seulement son salaire, mais songe à s'offrir sur le dos du pays une suite volante. Il y pourra jouer au nabab, comme s'il avait du pétrole, avec sa cour habituelle. Espérons que les journalistes français accrédités auprès du personnage apprendront un jour la décence, et se mettront à payer de leur poche un billet sur des lignes régulières pour nous informer sans complaisance des gesticulations du nabab en question. Espérons aussi que le temps manquera pour acheter l'avion, le ravaler, refaire les papiers peints, changer la moquette, les sanitaires, enfin toutes ces bricoles qui passionnent les jeunes couples, avant la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques. Sarkosy serait foutu d'y aller, rien que pour le plaisir d'étrenner son dernier jouet.
Sichuant. Airbus.

lundi 9 juin 2008

Euro 2008

M. Fillon l'avait fait savoir : il allait suivre le match France-Roumanie, tout palpitant et gonflé d'espérance pour l'avenir de notre superbe équipe dans la compétition. Madame avait fait ses courses en prévision de la chose, hier, chez Auchan ou Carrefour, je ne sais pas trop, ils ont oublié de le préciser. En tout cas, le stock d'arachides grillées, de chips, de saucisses cocktails, était prêt largement avant le début du match, et le frigo de Matignon bourré de bière en boite… Dommage pour le cocorico que M. le premier ministre s'entraînait à pousser devant sa glace chaque matin, en prévision de la victoire ; il semblerait que la partie ait débouché sur un match nul assez terne (à moins que j'ai suivi la finale de patins à glace Suède—Gabon, sans le savoir). Qu'il se console, pourtant, M. Fillon, car demain, il pourra annoncer tout de même à la télévision : la France a idéologiquement gagné contre la Roumanie.

On est prié de se nommer à la porte.

Je n'ai écrit nulle part que j'ouvrais ce blog pour accueillir n'importe quoi, n'importe qui, et servir à mon corps défendant les intérêts d'une majorité municipale que je trouve illégitime. Si j'ai fait place à toutes les critiques qui s'adressaient à moi ou visaient l'opposition clavésienne, du moment qu'elles ne dépassaient pas certaines limites d'agressivité et participaient du débat normal dans une situation comme la nôtre, je ne vois aucune raison de servir de support publicitaire au premier propagandiste venu soutenant le maire nouveau et les siens. N'étant l'instrument de personne —l'opposition, que je soutiens, ne partage pas toutes mes idées, loin s'en faut—, je tiens comme il me plaît mon espace de liberté d'expression. Ainsi que j'en avais averti mes lecteurs éventuels dès le départ, je ne suis pas neutre : ce qui a motivé mon indignation et qui divise les clavésiens se résume à une question d'honnêteté intellectuelle, ou de pure morale si l'on préfère. La majorité municipale a la loi électorale des petites communes pour elle, mais elle est née d'une tricherie dans les faits. Et notre communauté se partage entre ceux qui refusent de reconnaître ceci, ou s'en accommodent, et ceux qui ne peuvent l'accepter. C'est dans ce contexte —il était utile de le rappeler—, que j'ai décidé de faire appel désormais à la loyauté des intervenants : à partir de demain, Mardi 10 Juin, je ne publierai que les commentaires non-anonymes, signés d'un nom et d'un prénom, sans pour autant m'interdire de les refuser lorsqu'ils me déplairont. Pourquoi devrais-je accueillir dans ma maison des messages injurieux ou manipulateurs ? Nombre de lecteurs du Coucou ne sont pas clavésiens : rendre compréhensibles les propos qui s'y tiennent est une politesse que je leur devais.

dimanche 8 juin 2008

Cauchemar

Si j'ai bien compris, une fois notre constitution tripotée selon les désirs de M. Sarkosy (il s'agit du président de la république et non d'un animateur de télévision, pour ceux qui l'ignoreraient), notre constitution, sous couvert d'accorder aux représentants du peuple français quelques moyens supplémentaires de contrôle du gouvernement, accroîtra en réalité un peu plus le pouvoir déjà démesuré du président. En particulier dans le domaine militaire. Après la révision constitutionnelle, en cas de conflit quelque part dans le monde, nos braves députés et sénateurs seront appelés à donner l'autorisation de faire la guerre… six mois après le début de celle-ci. Six mois après que notre armée ait commencé les combats ! Cela signifie que le président aura décidé seul d'engager notre pays dans une guerre. Cauchemardons un peu : M. Sarkosy, depuis son installation à la tête du pays, nous a révélé son amitié empressée, et même admirative pour M.Bush. Des États Unis de Georges Bush II, il aime tout, particulièrement les mœurs antisociales qu'il voudrait importer chez nous au plus vite, car c'est un type pressé. Mais là n'est pas la question, aujourd'hui. Il saute à l'esprit comme une évidence que, si nous avions eu M. Sarkosy à la tête du pays lors du déclenchement de la guerre d'Irak, il n'aurait pas hésité un instant à envoyer des troupes là-bas, en homme qui n'aurait rien eu à refuser à son ami Georges Bush. Cela aurait peut-être contribué au développement des petits boulots pour ajouter des noms aux monuments aux morts, mais nous serions bel et bien englués à présent dans une catastrophe sans issue. Car on voit mal ce que nos parlementaires, mis devant le fait accompli, auraient pu faire, lorsqu'au bout de six mois, M. Sarkosy leur aurait benoîtement demandé leur avis. Accroître les pouvoirs d'un seul homme, d'une manière générale, et de notre actuel président en particulier, serait une faute dont nos élus seront un jour ou l'autre tenus pour responsables. Parce que pour le moment, le pouvoir de changer les choses leur appartient.

Conseil au maire débutant —13

Si tu peux, ton passé révéler sans malaise,
si tu sais être affable sans paraître un peu mou,
si tu sais t'esquiver quand il faut être ferme,
si tu sais ne rien faire en promettant beaucoup,
bien souvent penser non en disant oui à tous,
si tu sais l'ambition travestir en bonté,
si ta parole est douce quand tes actes sont aigres,
si tu sais rester lion en passant pour souris,
l'œil sur le chat qui dort au milieu des amis,
six années durant plaire à Paul comme à Pierre,
faire intérêt commun de cinquante égoïsmes,
alors, tu seras un maire chanceux, poil au nez.

(mes excuses aux mânes de Kipling, qui en ont vu d'autres…)

samedi 7 juin 2008

Aimer Claviers

Au fond, lorsque les uns et les autres clament leur amour pour Claviers, de quoi s'agit-il ? Aimer Claviers, c'est quoi ? La photogénie du village posé sur sa colline ? Le charme de ses maisons de pierre, de ses ruelles ? Ou bien, est-ce aimer les gens qui y vivent, les descendants de ceux qui ont modelé son apparence et ses paysages environnants, comme les autres venus d'ailleurs, et qui continuent aujourd'hui ce travail, sans même y penser souvent ? Ça ne signifie pas grand chose, en fait, parce que nous ne pouvons aimer tout le monde, nous avons nos atomes crochus… Aimer l'atmosphère du village quand tout va bien, plutôt. Celle qui marie à la fois le ciel lumineux, les murs, et la bonne entente des clavésiens —têtes de cochon et heureux tempéraments, mêlés au fil des jours, dans une succession d'occasions de se réjouir ensemble. Il reste que chacun, à Claviers, mène sa vie comme il l'entend ou comme il le peut, avec ses valeurs. On aime tous Claviers donc, mais est-ce que chaque clavésien aime tous les clavésiens ?

La France au Liban

Comme personne ne peut l'ignorer, les dirigeants de nos principaux partis politiques sont ou seront du voyage au Liban de M. Sarkosy. Il s'agit d'une visite trop dénuée de frivolité et d'un contexte trop grave, pour que cette image d'une France unie dans son soutien à un pays, hier encore, au bord de l'abîme, me donne envie d'ironiser. Tant pis si les chefs de partis en question servent au bout du compte de faire valoir, de ce côté-ci de la Méditerranée, à un président décrié. Moi qui ai grandi dans un pays en paix et n'ai pas connu la seconde guerre mondiale, pour avoir vu Beyrouth au lendemain de la guerre civile, je frémis à la pensée que cela pourrait recommencer. Ces rues bordées d'immeubles criblés d'impacts de balles, éventrés, ces appartements suspendus entre ciel et bitume, à l'intérieur desquels des familles essayaient de reprendre une existence normale, leur intimité et leur misère mal dissimulées au regard des passants par de grands voiles de plastique… Et tout ces enfants graves qui renaissaient à la vie une seconde fois, sans vraiment le savoir —mais peut-êre le savaient-ils mieux que moi. Ils doivent être des jeunes gens aujourd'hui, ces enfants ; des hommes et des femmes que des intérêts trop forts, des conflits qui les dépassent, pourraient à nouveau dresser les uns contre les autres. Alors, si la présence autour de Sarkosy de MM. Hollande, Bayrou, Mme Buffet, et quelques autres, peut en quoi que ce soit aider le Liban à surmonter ses divisions et à rétablir une vie paisible, bravo. Pour me moquer des charters de luxe offerts à la cour de Sarkosy et sa suite de laudateurs accrédités, les occasions ne manqueront pas.

vendredi 6 juin 2008

Pied de nez irlandais à Sarkosy?

M. Sarkosy, dans l'ivresse impudente de sa belle élection, n'a pas craint de gonfler son salaire présidentiel, déjà indécent pourtant, et, plus grave encore, de retirer aux français la liberté d'approuver ou non par référendum le traité de Lisbonne. Comme le dit traité n'a presque rien changé au projet de Constitution Européenne que la majorité du peuple avait refusé de ratifier précédemment, on devine que le président redoutait un nouvel échec. Ce n'était pas une raison pour commettre un tel déni de démocratie. Personnellement, j'avais dit oui à la constitution, sans conviction, par désir de voir progresser la construction européenne d'une façon décisive. Les arguments des opposants ne manquaient pas de poids : la seule Europe du commerce allait-elle imposer indéfiniment ses vues, au détriment du social ? Pourquoi nos sociétés n'adopteraient-elles pas obligatoirement les règles des pays les plus protecteurs pour leurs populations, au lieu de donner l'impression de rechercher sans cesse un nivellement par le bas ? Ce ras-le-bol d'un libéralisme destructeur aurait sans doute conduit les français à un non plus massif encore que la première fois. En bon serviteur des intérêts de la France du fric, Sarkosy, nous traitant par le mépris, a supprimé le référendum pendant que la majorité des Français pensait à autre chose, béate encore d'admiration devant ses numéros d'esbroufe. Oui, mais voilà ! chassez la volonté des peuples par la porte, elle revient par la fenêtre… Les irlandais, paraît-il, penchent vers le non —car, chez eux, c'est encore au peuple qu'on demande son avis avant de l'engager sur des voies incertaines. Faut-il y voir une menace pour l'Union Européenne, ou au contraire une chance qui nous serait donnée de la reconstruire sur de meilleures bases ? Moi, j'aime l'idée d'une véritable Europe fédérale, avec un parlement bénéficiant d'un réel pouvoir, et un gouvernement représentatif des peuples plutôt que des milieux économiques, mais ce n'est pas dans l'air du temps. Alors, je balance entre la satisfaction de voir le traité revenir dans la gueule des truqueurs, et l'inquiétude de voir les souverainistes reprendre du poil de la bête dans une Europe figée. Pas meilleure pour autant.

Questions

Tout va bien à Claviers, le maire la joue bonhomme, la majorité se plaît en son miroir, la population regarde tomber la pluie avec philosophie…
Mais d'où peut bien venir la propension de ces élus heureux à quêter sans cesse la reconnaissance de leurs concitoyens ?
D'où leur vient cet agacement envers mon petit blog aux idées si peu partagées qu'il devrait en paraître inoffensif ?
À quoi bon distribuer dans certaines boites aux lettres des témoignages de satisfaction, puisque l'opinion générale serait à la joie, et convaincue d'un avenir clavésien radieux ?
Quelle utilité peuvent bien avoir les menues tracasseries infligées aux associations et aux commerçants rétifs à s'incliner devant le nouveau pouvoir municipal ?
Quelle jouissance trouvent ces élus de justesse à mettre à la porte de la maison commune les élus de l'opposition et, symboliquement, leurs électeurs ?
S'agit-il d'exercices destinés à renforcer leur confiance en eux-même et dans l'avenir ?
Craignent-ils, en somme, de ne pas durer six années s'ils n'imposent silence à tout le monde ?

jeudi 5 juin 2008

Le canon européen dans la tourmente

L'Europe est en dessous de tout ! Non seulement sa monnaie trop forte pénalise nos pauvres exportateurs qui n'arrivent plus à caser nulle part une boite d'air pur français à 500 € —haut de gamme, sans conservateur ni parfum artificiel—, devant la concurrence des pays en développement qui vous commercialisent leur atmosphère exotique pleine de miasmes délétères pour quelques centimes, mais en plus l'Europe se laisse aller à des ramollissements autodestructeurs. Voyez le marché de l'armement, par exemple… Dans le monde entier, il est en progression. Pas une junte, même à la tête d'un pays plus fauché que les blés, pas une dictature, ni un état démocratique lointain, qui ne s'inquiète de rester à la dernière mode en matière d'avions de chasse, de missiles, de chars, de canons. Dans le monde entier les budgets militaires sont en hausse, sauf en Europe ! Du coup, nos industriels de la tuerie sont à la peine. Comment voulez-vous qu'on les prenne au sérieux à l'étranger quand leur chiffre d'affaire pâtit du laisser-aller de la mère patrie ? D'autant que pour achever de les mettre en mauvaise posture, beaucoup de ces étrangers du dehors se sont mis à fabriquer des armes eux-mêmes. Et non seulement ils en fabriquent, mais ils se sont mis à les vendre, ces goujats. Le pire encore, n'est pas là, non, il découle du déséquilibre que les mœurs de l'Europe nouvelle ont instauré dans la négociation : tandis que nos braves marchands sont obligés de respecter un minimum de règles morales par une «convention contre la corruption», les autres sont libres de soudoyer les décideurs à leur guise. Et ils ne se privent pas de pourrir le marché. Alors, ayons une pensée compatissante pour ces malheureuses victimes d'une morale injuste.

À chacun sa morale

Rien de neuf à signaler du côté de Claviers. La chasse aux suffrages de Mars dernier, nous a donné une mairie faisandée qui enchante encore fusils et rabatteurs, comme elle soulève durablement les estomacs sensibles. La morale politique a ceci de particulier qu'on en parle beaucoup, comme l'Arlésienne, sans jamais la rencontrer. Sa proche parenté avec la morale ordinaire ne saute pas aux yeux de tous —ce qui permet aux esprits habitués à ne considérer que leurs intérêts particuliers de lui faire dire n'importe quoi. Élastique et pas regardante, la morale politique leur devient sympathique.
Au village, il est sidérant de constater avec quel aplomb certains essaient de faire passer déloyauté pour adresse, et magouillage pour vertu.

mercredi 4 juin 2008

Claviers sourire


représentation théâtrale dans la cour de l'école le 15 Août 2003

Le chat et la souris

Pour l'information des lecteurs du blog ignorants des affaires clavésiennes, il me faut peut-être dire quelques mots de plus des associations du village, au nombre de 10, si je n'en oublie pas… Le Comité Communal Feux de Forêts, la Société de Chasse, la Restauration des Eglises et Chapelles, dont les dénominations dispensent de préciser le rôle ; Lou Pantai, de création très récente. On trouve ensuite Claviers-mini, à destination des jeunes enfants, et Claviers-souris pour initier les débutants à l'informatique : deux associations consensuelles.
Le Foyer Rural, quant à lui, propose depuis des années des activités de loisirs aux adultes de tous âges. Le Cercle, accessoirement Républicain, est une sorte de bistrot associatif qui organise d'autres distractions généralement appréciées : concours de boules, soirées musicales, etc. Le GOC, dont j'ai déjà parlé, dédié à l'oléiculture amateur, et créateur de la foire "Clavolive". Le Syndicat d'initiative, enfin.
Avant les dernières élections, ce dernier était présidé par l'actuel troisième adjoint, délégué du maire nouveau aux associations.
Au GOC, et dans une moindre mesure au Foyer Rural, se trouvent quelques adhérents choqués par le renversement de majorité municipale.
Lors de l'assemblée générale du Syndicat d'Initiative, son président sortant dut répondre à des questions inamicales concernant ses notes de frais, posées par… le président du GOC. Actuellement, cette dernière association fait l'objet de la sollicitude paternelle du maire nouveau pour l'aider à imiter le prévoyant troisième adjoint dans la modernisation de ses statuts.

mardi 3 juin 2008

Une action pour le Référendum d'Initiative Populaire.

"Ensemble pour une santé solidaire" et "Samaritains Handicap France" se sont unis pour saisir au vol l'occasion offerte par l'ajout d'un référendum d'initiative populaire dans le projet de réforme des institutions. Tel qu'on nous l'a présenté dans les médias, ce référendum est en effet un simulacre de démocratie : 1/5 des parlementaires devrait en prendre l'initiative, soutenu par 4 millions de citoyens français… Autant dire qu'on nous offre un outil d'expression totalement inutilisable ! "Ensemble pour une santé solidaire" et "Samaritains Handicap France", ont décidé d'agir et adressé une lettre aux parlementaires leur demandant d'amender le texte, de façon que 68% des français prennent l'initiative décisive, avec 500000 signatures. On voit immédiatement la différence ! Cet amendement, ainsi que la possibilité de réclamer par référendum l'abrogation d'une loi, quelle que soit son ancienneté, permettrait aux citoyens français de reprendre le contrôle de leur Sécurité Sociale en supprimant les franchises.
Plus de détails ici, ainsi que la pétition contre les franchises, si vous ne l'avez pas encore signée…

Compte rendu non officiel du conseil municipal

La majeure partie de la réunion s'est déroulée sans heurt, jusqu'au moment d'évoquer les questions diverses qui, elles, ne se prêtaient guère au consensus. Les conseillers débattirent d'abord assez longuement du refus opposé par le maire nouveau et sa majorité de mettre une salle de la mairie à la disposition de l'opposition. On apprit que le principal motif de ce refus était le manque de confiance du maire nouveau envers l'opposition. Il semblerait que de cette discussion parfois tendue, soit sorti je ne sais quel accord accepté de tous. Personnellement, je n'ai remarqué qu'une chose, c'est le refus obstiné de tous les conseillers de prendre conscience qu'ils ne représentent pas qu'eux mêmes et je déplore qu'il n'ait jamais été dit qu'en fermant la porte de la mairie à l'opposition (hors des heures de réception du public), c'est une grande partie des Citoyens du village qu'on chasse de chez eux. Car avant d'être le siège d'une équipe occupant provisoirement les lieux, la mairie est la propriété de tous les clavésiens sans exception.
La création d'un pôle de services pour les villageois a été annoncée, à l'essai : pédicure, coiffeur, ostéopathe, devraient s'y succéder au long de la semaine, mais il ne semble pas qu'il y soit prévu encore une consultation de voyante.
Fut abordé ensuite le délicat problème des cloches sonnant les heures durant la nuit. Fallait-il ou non, supprimer la répétition des sonneries, à la demande d'un particulier proche de l'église ? Une gêne évidente pour les personnes de passage qui ne sont pas accoutumées de longue date à ce qu'un clocher voisin leur balance deux fois 12 coups de bronze à minuit… Néanmoins, les villageois s'en étaient assez émus pour qu'une pétition recueille une bonne centaine de signatures contre toute velléité de toucher à une tradition plusieurs fois séculaire. Point de vue estimable. Toutefois, 10% de la population ne font pas une majorité et le conseil aurait été mieux inspiré en décidant de recourir à un vrai référendum auprès de la population.
On passa donc au vote sur le point de savoir si, oui ou non, il serait mis fin pour six ans à la réplique des heures sonnées durant la nuit. Quelques instants de brouhaha un peu confus, puis le maire nouveau décida d'en finir :
« Bon, pour les cloches…, qui est contre ? »
Des bras se lèvent, le maire commence à compter.
« Un, deux, trois…
—Attendez ! demande quelqu'un. On vote pour contre quoi ?
— Contre les cloches…, alors on est pour.
— Si c'est contre, alors c'est non.
— Pour les cloches contre la réplique !
— Contre la réplique, on arrête les cloches.
— Alors c'est le contraire, je suis pour la réplique.
— Pas contre les cloches.
— On va y arriver ! Il s'agit de savoir si on est pour l'arrêt des cloches ou contre.
— Une sonnerie sur deux seulement.
— Ou si on garde tout. »
Bien entendu, je ne peux garantir que ce dialogue soit fidèle à la délibération, mais la musique y est, sinon les paroles.
L'opposition ainsi que certains conseillers majoritaires soucieux de prouver qu'ils tiennent compte du jugement des voisins, votèrent contre le demi-silence du clocher, pour le respect de la tradition. Trois conseillers majoritaires, parmi lesquels ce troisième adjoint que, par ailleurs, je ne porte pas spécialement dans mon cœur, eurent tout de même le cran de voter pour une mesure à l'impopularité incertaine.
Ensuite, monsieur le maire nouveau se livra à un insupportable numéro d'hypocrisie pour tenter de justifier les tracasseries dont il accable l'association du GOC et le salon de thé du village —dont le propriétaire figurait comme candidat non élu sur la liste de l'ancien maire. Tout ce que fait le maire nouveau est pour le bien de ses enfants clavésiens, qu'on se le dise.

lundi 2 juin 2008

La démocratie suisse et nous

Dimanche 1e Juin, les suisses ont rejeté par voie référendaire un projet de loi d'extrême droite visant à durcir considérablement les conditions d'octroi de la nationalité suisse aux résidents étrangers. Nos voisins ont donc été capables, tout citoyens ordinaires qu'ils étaient, de condamner la mentalité xénophobe et rétrograde qui se cachait sous cette proposition. Non seulement nous pouvons les en féliciter, mais aussi les remercier de la superbe leçon qu'ils viennent d'administrer à ceux qui se font chez nous les contempteurs apeurés de la démocratie directe, au prétexte qu'elle ouvrirait la porte à toutes les revendications démagogiques du peuple. Qui sont-ils, ces chiens de garde de l'idéal démocratique, idéal confisqué au peuple français dès la Révolution ? En premier lieu on trouve ce qu'il faut bien appeler la classe politique, cette infime fraction des français qui s'est fait une spécialité de la politique, c'est à dire un métier, en lieu et place d'un dévouement au service du bien public —dans le cadre de fonctions étroitement limitées dans le temps. Ces élus, petits ou grands, et les membres des gouvernements issus de leurs rangs, arc-boutés au privilège de porter seuls la parole et les espoirs supposés du peuple, sont le principal obstacle, mais non le seul. À leurs côtés se rangent une bonne partie des commentateurs de la vie publique, inquiets d'un supposé affaiblissement de leur parole dans la cacophonie d'un débat généralisé, et surtout trop étroitement liés aux gens de pouvoir pour ne pas épouser leurs intérêts. Enfin, parmi ceux que l'idée d'un accès des citoyens à une véritable participation à la vie du pays, empêche de dormir, on relève la présence d'intellectuels de renom, dont l'influence est loin d'être négligeable, même en ces temps où l'inculture et la rustauderie président au destin de notre république.
Est-ce à dire que nous ne pouvons rien espérer ? D'eux-mêmes, pas grand chose dans l'immédiat, sinon l'ajout d'un prétendu référendum d'initiative populaire à la prochaine révision de la constitution, qui n'est qu'une façon courtoise de nous prendre pour des cons (voir mon billet : «Bricolage de la constitution»). Par contre, que nous soyons ou non membres de partis politiques, rien ne nous empêche de manifester dès à présent notre exigence de voir l'instauration d'une vraie démocratie figurer aux premières places des programmes de ceux-ci. Et nous saurons en apprécier la valeur, le moment venu.

Représentativité : la lettre et l'esprit

Un conseiller municipal peut-il se faire l'interprète des interrogations d'un citoyen, quant aux assertions d'un ancien candidat devenu maire de son village ?
La logique du fonctionnement de notre démocratie représentative, qui prend racine au niveau de la commune, suppose une réponse positive : oui, un conseiller municipal peut questionner le maire, en nom et place d'un citoyen —si l'envie lui manque de la reprendre à son compte. Mais il ne semble pas que les règles de notre démocratie approximative fassent de cette possibilité un devoir, si bien que rien n'oblige en définitive un conseiller municipal de tenir au maire le langage suivant :
«Monsieur, lors de la campagne électorale, vous avez fait valoir votre expérience passée en qualité d'élu d'une ville importante dont vous avez oublié de nous indiquer le nom. Ce qui apparaissait comme anodin lorsque vous n'étiez qu'un candidat sans ambition particulière avouée, au point que personne ne songea alors à vous demander de préciser ce propos, prend davantage de relief aujourd'hui, puisque vous voici à la tête du village. Monsieur, on se demande quelle sorte d'élu vous avez été naguère : actif, dévoué, apprécié, compétent, ou le contraire ? Pouvez-vous nous indiquer de quelle ville il s'agissait ? Et nous en jugerons par nous-mêmes. »
Il est probable que tout élu lisant les lignes ci-dessus éprouvera une dose variable d'irritation, estimant que je peux exprimer moi-même ce genre de curiosité par courrier privé adressé au maire. C'est exact, mais outre le fait que rien n'obligerait ce dernier à me répondre, j'attache personnellement de la valeur à ce que le peu de démocratie qui nous est consenti fonctionne normalement. Le droit de parole n'étant pas reconnu au citoyen ordinaire lors d'un conseil municipal, il est permis de rêver qu'un élu sortira sa langue de la poche à ma place.

dimanche 1 juin 2008

Nettoyer devant sa porte

Quand des généraux birmans choisissent de laisser crever à petit feu, faute de secours, une grande partie de la population dont ils ont la charge, vu de France, on admet que la question des droits de l'homme puisse se poser.
De même, quand les dirigeants chinois écrasent d'une main de fer et leur peuple, et les tibétains, on s'indigne chez nous.
Mais en France, monsieur ! me dit-on. Les droits de l'homme ne sont plus qu'un ornement de notre constitution, une coquetterie superflue héritée de la Révolution. D'ailleurs, que vaut une proclamation de droits qui oublie d'énoncer des devoirs en contrepartie, monsieur ?
Alors, je réponds : en France, chaque jour de l'année 2008, le Secours Populaire sert 1 600 000 repas à autant de personnes qui n'ont plus les moyens de se nourrir, (ce matin sur France Inter, le Sept neuf du dimanche par Stéphane Paoli et Sandra Freeman).

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1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »

Chasse aux sorcières

Le croiriez-vous ? Le maire nouveau de Claviers se prend pour un vainqueur, ou il fait semblant de le croire… S'imagine-t-il, avec sa majorité d'occasion, être en position de mairoyer au village, et que leurs décisions s'imposeront aisément ? On pourrait le croire au ton de la bafouille adressée au président de l'association du Groupement des Oléiculteurs Clavésiens. Le G.O.C, c'est une petite bande d'amis amoureux des quelques oliviers poussant aux abords de leurs maisons, les vrais oléiculteurs du village, professionnels ou presque, propriétaires des plus belles oliveraies, n'en font pas partie. Trop amateur, le GOC. Et de fait, la plupart de ses membres ne pourraient récolter assez d'olives pour justifier un voyage individuel au moulin. Alors, se regroupant, ils unissent leurs bras au moment de la cueillette par les jours froids de l'hiver et mettent son produit en commun —du moins, lorsqu'au bout d'un cycle de saisons, les attaques parasitaires et la sécheresse ont laissé suffisamment de fruits sur les arbres. Il en résulte la fierté et le plaisir de consommer son huile. La récolte terminée, l'entraide joue encore pour la taille des arbres, l'échange de conseils. À divers moments de l'année, Robert, le président de l'association, communique des informations sur l'état sanitaire des oliveraies varoises, qu'il tient d'organismes professionnels. Mais dès le printemps, commence la lente maturation du prochain Clavolive, la foire de l'olivier que j'ai déjà brièvement évoquée ici. C'est une fête qui, en très peu d'année, est devenue la principale animation du village. On goûte les huiles d'olive de divers moulins, les vins du pays, on découvre des produits artisanaux, on assiste à des démonstrations de taille… Tout cela fonctionnait jusqu'à présent à merveille, un parfait exemple d'activité solidaire, grâce à l'enthousiasme du minuscule bureau de l'association, trois ou quatre personnes à peine qui œuvrent à maintenir les liens, courent les routes du département en quête de futurs exposants pour la foire. Bref, ils effectuent paisiblement un patient travail de fond, sans doute ingrat parfois, en tout cas couronné finalement d'un succès jusqu'à présent jamais démenti.
Un mauvais hasard a voulu cette année que Clavolive fût inauguré par l'apprenti maire contesté du village, dont c'était la première sortie officielle. Il recueillit les compliments immérités du sénateur et de notabilités cantonales peu regardantes sur la moralité publique. C'est cet homme et son maire du palais délégué aux relations avec les associations, qui, ouvrant une chasse aux sorcières larvée, viennent de pondre une lettre menaçante enjoignant au Président du GOC de rembourser personnellement des frais de carburant et de repas facturés à l'association —à moins d'obtenir quitus de son assemblée générale et de procéder à une modification des statuts. Car le fait est que les membres de cette petite association, au fonctionnement plus bonhomme que sourcilleux, n'avaient jamais prévu, au départ, qu'ils pourraient donner naissance à une manifestation de l'importance de Clavolive, nécessitant autant de déplacements, loin du village. Les statuts du GOC n'envisageaient pas la question des frais, soit, mais de toute façon, dans le fatras législatif, à priori aucun texte n'oblige une association à prévoir statutairement une telle éventualité… L'aspect règlement de compte mis à part, on voit clairement poindre l'intention d'une équipe en quête de légitimité de mettre la main sur l'unique événement local de quelque ampleur. Comme membre du GOC, je regrette que cette lettre ne soit pas partie à la poubelle, mais bon… Dispensons-nous de donner à ces gens de peu la réponse qu'ils exigent. Ils n'existent pas.