vendredi 30 janvier 2009

La juste colère de Nicolas 1er

Ce matin, Nicolas 1er a fait couper les têtes du bailli de La Jambe et de son maître du Guet. Si grande était la colère du Bien-aimé qu'il a commandé au bourreau de prendre sa plus vieille hache pour la décapitation. Ce qui fut donc fait, d'une lame rouillée et toute ébréchée. La double décollation achevée, après quelques essais infructueux, les conseillers et proches sapirs présents au palais réconfortèrent de leur mieux notre Bien-aimé dont la noble face tressaillait encore d'un impérial courroux.
On se félicita ensuite, autour de cafés-croissants, de l'effet dissuasif de cet exemple. Avis à la haute administration nicosienne: ses coupables faiblesses à l'égard des pires fauteurs de troubles seront sanctionnées.
Que les esprits chétifs, s'il s'en trouve, à éprouver quelque commisération envers ces mauvais serviteurs raccourcis, songent à la gravité de l'offense faite à Sa Majesté! Auraient-ils oublié les huées et sifflets criminels d'une poignée d'anarchistes, entendus lors de la visite paternelle rendue par le Bien-aimé dans une école de La Jambe?
Selon une source proche du palais, il fut arrêté, au cours de ce même petit-déjeuner décapitatoire, qu'à l'avenir, à l'occasion d'un déplacement officiel de Nicolas 1er, le régiment de la garde nicosienne sera logé chez l'habitant à la veille de l'événement. Chaque soldat, son paquetage, son fusil, ses préservatifs, prendra ses quartiers au sein d'une famille: il lui reviendra d'en former les membres aux élans spontanés du cœur et de l'âme à l'endroit de notre bien-aimé Nicolas 1er. Que son nom soit acclamé, la grandeur de son génie reconnue du monde entier!

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PS. Un nouvel épisode à lire des «Jolies colonies», chez Marie-Georges. Si vous avez loupé le 1er, c'était là…

jeudi 29 janvier 2009

Jeudi 29 Janvier 2009

logo créé par bahby CC

Draguignan dans le Var 32000 habitants. Ce matin à partir de 10 heures, les manifestants ont commencé à se rassembler devant la sous-préfecture, à l'appel des organisations syndicales du département. Des gens de tous âges réunis dans le même rejet du programme de dégradation sociale imposé par Nicolas Sarkozy. Des retraités jusqu'aux lycéens, dont l'arrivée en cortège, tambours battant, vint stimuler la contestation d'un air de fête. Ce sont près de 4000 personnes qui ont défilé, entre onze heures et 13h, sur les avenues Lazare Carnot et du Général de Gaulle qui n'avaient pas vu pareille foule depuis bien longtemps…








mercredi 28 janvier 2009

Quand Nicolas Sarkozy se prend pour le roi

Le Monde, encore lui, nous offre sous la plume de Françoise Fressoz quelques aveux frileux de Nicolas Sarkozy. Avec le déferlement de la crise, le voici troublé par de mauvaises ondes. Lui, si bravache lorsqu'il est en représentation, se serait avisé que ces «Français [qui] ont guillotiné le roi» , «au nom d'une mesure symbolique, ils peuvent renverser le pays».
On retrouve dans cette inquiétude l'outrecuidance du personnage, qui s'assimile au «pays». Si un tel renversement se produisait d'aventure, ce ne serait que celui d'une poignée de gens de pouvoir détestés. Le pays, le souverain, c'est le peuple lui-même.
À plusieurs reprises, avant que la crise ne se révèle, certains billets de ce blog ont évoqué les salubres colères passées de notre nation, lorsqu'elle avait trop enduré et sortait d'un sommeil trompeur. La crise, qui a surpris les citoyens ordinaires, alors que nos gouvernants pouvaient la prévoir, la crise ne suffit pas à expliquer le ressentiment qui couve actuellement dans la population. C'est le retour d'un favoritisme de classe, d'une complicité clanique autour d'un chef malappris, et la prise de décisions iniques, comme l'aggravation des franchises médicales, qui sont à l'origine du désamour des Français à l'égard de Nicolas Sarkozy.
Ceux qui croyaient avoir élu un président dynamique, capable de moderniser le pays, se sont bientôt aperçu qu'ils avaient donné les clefs de la maison France à un vandale. En deux ans à peine, notre société protectrice et relativement (très relativement) équitable a été mise à mal: santé, conditions de travail, chômage, retraites, droit de grève… Tandis que Nicolas Sarkozy dépensait pour lui-même notre argent sans lésiner, nous devenions plus pauvres et sans défense.
L'incapacité du président à tenir sa promesse d'améliorer le pouvoir d'achat, n'aurait en soi indignée personne, la crise venue, s'il n'y avait eu auparavant les cadeaux aux classes aisées ou riches, au patronat, au monde des affaires et de la finance. Le contraste indigne à bon droit.
M. Sarkozy s'est mis à voir dans la France un «pays régicide», nous dit-on. Que ne s'est-il avisé de cela plus tôt? Il aurait peut-être réfréné ses pulsions despotiques et donné un autre spectacle que celui d'un jouisseur au pouvoir.
Demain, la grève générale n'entamera certes pas la révolution, mais elle pourrait bien sonner comme un dernier avertissement.


mardi 27 janvier 2009

Tarnac, le juge, le député, et la séparation des pouvoirs.

Un juge d'instruction du pôle antiterroriste, M. Thierry Fragnoli, envoie dans Le Monde une volée de bois vert au député PS André Vallini, à propos de l'affaire de Tarnac. On n'aura pas la prétention, ni l'imprudence d'émettre le moindre avis sur le fond de cette histoire de sabotage contre la SNCF. Un peu comme dans le cas de Julien Dray, il sera impossible au commun des mortels d'en deviner les arcanes avant longtemps.
Il y a cependant un point sur lequel la riposte cinglante de M. Fragnoli peut sembler discutable, sinon à la lettre, du moins face aux réalités de notre société.
Il conclue en effet [qu'] «il est (…) surprenant de voir les élus de la nation prendre position sur un dossier en cours, en dehors de tout cadre légal, la séparation des pouvoirs invitant, me semble-t-il, à plus de retenue…» tout en évoquant «ce principe républicain fondateur ».
Il est bien vrai qu'en théorie, ni l'exécutif, ni le législatif —auquel appartient M. Vallini—, ne doivent s'immiscer dans la justice.
Mais qu'en est-il de la sacro-sainte séparation des pouvoirs sous la Cinquième république, et singulièrement sous la présidence de Nicolas Sarkozy? Dans une approche de démocratie respectable, le parlement aurait seul l'initiative des lois et les voterait. Le président et son gouvernement les mettraient à exécution. La justice veillerait à leur respect, et chacun des pouvoirs se garderait d'empiéter sur les prérogatives des autres. Il en résulterait, toujours théoriquement, que les citoyens seraient à l'abri des abus de l'exécutif, car c'est toujours vers l'exécutif que se porte la méfiance d'un peuple.
Or, qu'en est-il chez nous? Le gouvernement décide de la loi. Il la concocte dans ses cabinets, puis la fait voter par le parlement. La fait voter, et non pas: la soumet, puisqu'il est rarissime qu'une loi soit rejetée par les élus de la nation. Le droit d'amendement, invariablement contrôlé par le gouvernement, devient un leurre dès lors qu'il s'agit de celui de l'opposition.
Notre régime politique est tel que la majorité de l'Assemblée nationale est soumise à l'exécutif, principalement au président de la république. De ce dernier dépendent les carrières des leaders de cette majorité et jusqu'au moindre siège de l'ensemble des députés, puisque le président peut dissoudre l'assemblée, alors qu'elle ne peut rien contre lui. Le président est le maître absolu de notre société, dictant la loi, imposant sa politique au parlement, et enfin surveillant de très près la justice puisqu'une partie des magistrats, et non la moindre, est sous la dépendance du Garde des sceaux.
Dans ce pays, la séparation des pouvoirs est une fiction. Il n'est donc pas aberrant de soupçonner, y compris à tort, qu'une affaire puisse être abusivement amplifiée afin de servir un dessein obscur. Et qui peut élever la voix pour défendre les droits des plus faibles d'entre-nous, sinon les tribuns que nous nous sommes choisis? Qui peut courir le risque de dénoncer d'éventuels excès, dans ce système perverti par l'autoritarisme, la confusion des pouvoirs, et l'abaissement des valeurs, sinon un député de l'opposition par l'usage de sa liberté de parole?
Faites-nous une république irréprochable et nous serons un peuple respectueux.

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PS. À lire: colère chez Nefisa, la fin des «kékés» grinçants chez Didier Goux

lundi 26 janvier 2009

De la crise prévisible, à la grève prévue

Dans Le Monde de ce week-end, deux articles étaient particulièrement intéressants. La chronique de Pierre-Antoine Delhommais en dernière page, d'abord. Il y rend hommage à la lucidité d'un Français prix Nobel d'économie, Maurice Allais, qui, bien avant tout le monde avait vu poindre dès 1998 la crise financière mondiale. M. Allais pointait déjà du doigt les aberrations qui, aujourd'hui, nous explosent à la figure. Les économistes partagent avec les météorologues l'art de savoir commenter savamment le mauvais temps de la veille et de se tromper sur celui du lendemain. Pas toujours cependant: la tempête dans le sud-ouest était bel et bien prévue par Météofrance et M. Allais avait annoncé celle qui ravage l'économie.

C'est la leçon qui m'intéresse, car si «gouverner c'est prévoir», ceux qui nous gouvernent n'ont rien prévu. Et de longue date, ceux qui nous gouvernent se sont octroyés des privilèges exorbitants au motif qu'ils assurent de lourdes responsabilités. Un peu à la manière dont les pilotes de lignes reçoivent un salaire important eu égard, notamment, à ces quelques secondes cruciales du décollage et de l'atterrissage, où la vie des passagers dépend de leur maîtrise. Généralement, ils font bien leur boulot, sinon ils meurent avec les autres.
En politique, on meurt le plus souvent dans son lit, accompagné d'éloges funèbres longs comme ça, rarement mérités, après avoir bénéficié des faveurs de la république aussi longtemps que l'on a pu s'accrocher.

M. Sarkozy ne peut pas dire que la crise était imprévisible: s'il n'avait aucun soupçon de sa latence c'est que son incompétence le rendait inapte à gouverner. Ce président qui exige aujourd'hui du patronat et de ses actionnaires qu'ils fassent preuve de pudeur dans leurs appétits d'argent —avec raison—, devrait commencer par montrer le chemin. À l'imitation de Barack Obama annonçant le gel des salaires de ses collaborateurs à la Maison Blanche, il pourrait restituer à la nation française les augmentations de budget qu'il n'a cessé de s'octroyer, et diminuer largement, très largement, son train de vie.

Dans un autre article du Monde, Patrick Roger s'arrête pour sa part sur la révolte de l'opposition, à l'Assemblée nationale, et souligne que, si Nicolas Sarkozy «se flatte d'être celui qui a le plus renforcé les pouvoirs du Parlement», il est aussi celui qui a «écarté d'autorité toute discussion sur les modes de scrutin, le cumul des mandats, l'irresponsabilité du chef de l'Etat et son droit de dissolution de l'Assemblée nationale».

Depuis le début du «règne» de M. Sarkozy, c'est bien là ce contre quoi s'insurge une part grandissante des Français: l'autoritarisme d'un président irresponsable. En plus d'avoir ignoré l'éclatement inévitable de la crise, il n'a cessé de multiplier des dispositions qui ne pourront qu'aggraver ses effets sur la population. Les ressentiments s'accumulent, sans que l'on puisse observer chez ce président un souci plus profond que celui d'étouffer toute contradiction afin d'augmenter son emprise sur notre société.
Il y a fort à parier que les rangs des manifestants, le Jeudi 29 Janvier, jour de la grève générale, seront serrés! Moi, j'irai pour crier: démocratie!

Image: Rimbus le blog

PS. À lire chez Gaël, un feuilleton plein de suspense…

dimanche 25 janvier 2009

Crier stop à N. Sarkozy

Une semaine s'achève, ce matin j'ai demandé à Anne, ma soeur Anne, si elle voyait venir quelque chose de neuf à l'horizon?
«Je ne vois rien, que la crise qui merdoie, et le sarkozy qui sarkozoie.
—Quoi, pas même la grève générale du 29?
—Si tu insistes, je vois un peu de poussière tout là-bas, mais c'est loin! Ce sont peut-être des manifestants qui manifestoient, ou un troupeau de moutons qui moutonnoie…»

J'ai laissé ma soeur Anne à sa contemplation du monde, et je suis monté au village acheter le journal. C'est plus sûr, en définitive. Difficile de prévoir de quoi la semaine à venir sera faite, et si les 69% de Français qui approuvent l'appel à la grève pour Jeudi prochain, descendront tous manifester dans la rue. Logiquement, cela devrait se traduire par quelques dizaines de millions de mécontents qui défilent. Un truc aussi énorme que la tempête dans le sud-ouest.
(Entre parenthèse, je souhaite aux malheureux habitants des lieux dévastés un retour à la normale plus rapide que dans ma région. Nous avons eu, nous aussi, un gros coup de chien, quoique plus localisé, avec des vents dépassant 150 km/h. Et des semaines plus tard, des câbles téléphoniques traînent toujours à terre, les arbres gisent en partie tronçonnés au bord des routes, le câble d'alimentation électrique de notre maison reste provisoire —mais nous ne sommes sans doute pas les seuls!)
Donc, la semaine française à venir sera vraisemblablement marquée par la réussite ou l'échec du mouvement de protestation contre la politique de M. Sarkozy. Le signal qu'il est temps de mettre un terme à la destruction de notre société aura-t-il la force espérée? Si tel est bien le cas, le signal sera-t-il compris du pouvoir, ou celui-ci continuera-t-il à jouer avec le feu, imperturbable?

Notre république est ainsi faite que la légitimité d'un Nicolas Sarkozy lui est acquise, à la manière d'un cadeau tiré d'une pochette surprise électorale, jusqu'au terme de son mandat. Cette légitimité repose sur un simple souvenir de majorité sortie des urnes, une pure fiction aujourd'hui. De Gaulle était capable, dans le doute, de mettre sa légitimité à l'épreuve d'élections provoquées, ou d'un référendum —c'est comme ça que nous l'avons congédié. Oui, mais, c'était de Gaulle, passons…
En attendant, nous avons un président qui met en place une république autoritaire, bien décidé à modeler un avenir selon son goût. Nous ne pouvons que lui manifester notre désapprobation, suffisamment massive pour le faire hésiter. Le dernier mot lui appartiendra encore, malheureusement. Que l'on réprouve ses méthodes autocratiques et les allures consulaires qu'il donne à nos institutions, il n'a cependant jamais prétendu vouloir s'affranchir d'un jugement électoral au bout du quinquennat. C'est donc encore à un président républicain que nous avons à faire; un président républicain qui devrait s'abstenir d'acculer son peuple au désespoir.

PS. Ne manquez pas, chez Didier Goux , son billet : «À tous les kékés II»

vendredi 23 janvier 2009

Nicolas 1er réforme l'hôpital

Ne l'oublions jamais: notre Bien-aimé Nicolas 1er veille aux affaires de la Nicosie nuit et jour. Lourde est sa charge, grand son mérite d'en avoir accepté le faix. Aussi, est-ce avec ferveur que chacun dans le pays se livre soir et matin à la récitation obligatoire des trois «Notre Nicolas…» implorant pour lui la protection céleste. Car, reconnaissons-le, même le Bien-aimé, un génie tel qu'il n'en vient au monde qu'une fois par millénaire, a besoin quelques fois d'un divin soutien, ou simplement de recevoir un banal coup de main de son entourage dévoué. Nicolas 1er, sur ce dernier plan, est fort heureusement bien loti. Outre les sapirs bien connus, nombreux sont en effet ceux qui œuvrent dans son ombre, sous la double houlette du Premier valet de la garde-robe, et du Bon Saint Henri. Ainsi, Le Journaliste a-t-il relevé récemment la finesse et l'astuce d'un petit valet, préposé à souffler les conseils de santé à l'Oreille impériale, un certain Rantanplan.
Selon une indiscrétion ébruitée par l'article du Journal, M. Rantanplan mettrait ces jours-ci le dernier coup de pinceau à la réforme hospitalière, intitulée: «santé, clientèle, créneau». Certains aspects révolutionnaires de la réforme auraient déjà été testés avec succès en Gaule Atlantique. Il s'agira d'en terminer avec l'idée absurde qu'un hôpital serait un établissement particulier, échappant au devoir de rentabilité le plus élémentaire.
Pour cela le remède retenu est d'une lumineuse simplicité, comme le sont toujours les idées géniales: les hôpitaux deviendront officiellement des «Ateliers de soins». Un changement de nom, c'est bien, mais cela ne suffit pas à chasser les mauvaises habitudes, direz-vous. Et vous aurez raison!
C'est pourquoi la réforme va plus loin: dorénavant le personnel de l'industrie aéronautique sera affecté aux nouveaux ateliers de soins. Des unités de production prendront en charge les patients à la chaîne, afin que chacun d'eux soit traité sans retard par des ouvriers qualifiés. Ainsi aurons-nous par exemple une chaîne d'appendicectomie où, sur le tapis roulant, vingt malades ou davantage, défileront successivement devant un (une) agent anesthésiste, pour une intraveineuse en 5 secondes, puis le badigeonneur de désinfectant, l'ouvreuse (ou l'ouvreur), l'écarteur, l'attrapeur, le pinceur, le coupeur, etc. Voilà de l'efficacité! Au même moment, l'ancien personnel hospitalier se lancera dans l'assemblage de nos célèbres aéronefs Nicolair, où n'en doutons pas, il fera merveille. Vive la Nicosie, vive Nicolas 1er!

source image Flickr :
Palmer, Alfred T., photographer.

librement inspiré du journal de 13h sur France Inter.

PS. Crise dans les médias se lance dans une enquête sur le Pouvoir d'achat…, et Mitslav plonge savoureusement dans les pages de ELLE.

jeudi 22 janvier 2009

Soutenons nos députés, défendons nos droits!

Mon billet d'hier évoquait l'atteinte inadmissible aux droits de l'opposition que le président Sarkozy et son gouvernement veulent infliger à celle-ci, en restreignant la durée des débats et la liberté d'amendement. Si le projet de «loi organique n°1314» entre un jour prochain en application, la démocratie de notre pays déjà mise à mal sous le régime autoritariste de M. Sarkozy, subira un recul plus grave encore. C'est pourquoi les députés du groupe socialiste, radical et citoyen lancent un appel aux citoyens pour la défense des droits du parlement. Le texte de cet appel, ainsi qu'une pétition de soutien sont publiés en ligne sur le site du groupe SRC.

mercredi 21 janvier 2009

Une tatane pour François Fillon ?

Le tapage sans précédent à l'Assemblée, où l'opposition a été jusqu'à demander la démission du président, M. Accoyer, mériterait de ne pas quitter trop vite les feux de l'actualité. Sous la république de plus en plus ouvertement autoritaire que nous subissons, la parcelle de démocratie qu'il est possible de repérer à la loupe dans la constitution, réside dans la seule représentation nationale. La souveraineté du peuple, confisquée de longue date, est confiée pour sa plus noble partie à ces députés qui le représentent tant bien que mal. Ce sont eux qui contrôlent le gouvernement et débattent du bien fondé de lois qui, dans un régime politique honnête, devraient être de leur seul ressort —mais ce n'est pas le cas, nos lois émanent du gouvernement, comme nous le savons… La voix du peuple, ses yeux, sa pensée, ce sont les députés, et eux seuls. On peut regretter comme moi que la rapacité politique se soit appropriée la parole du peuple, et que nous n'ayons pas la possibilité d'intervenir directement dans nos propres affaires, mais c'est ainsi pour un certain temps encore. C'est pourquoi le respect de notre haut personnel politique envers nos représentants devrait être absolu. Il en résulterait notamment que le pouvoir ne puisse légiférer pour entraver les droits de l'opposition parlementaire. Par définition, l'opposition est minoritaire, donc théoriquement faible, obligée d'utiliser les rares armes à sa disposition pour se faire entendre de l'opinion publique et embarrasser quelque peu la majorité. Par exemple en prolongeant la durée d'un débat aussi longuement qu'il lui est possible de le faire. C'était son droit absolu, cela doit le rester.
Quand M. Fillon prétend que l'opposition a «insulté» M. Accoyer en demandant sa démission, c'est une partie du peuple français qu'il insulte lui-même, car il est légitime d'inviter à tout moment au départ un personnage déconsidéré. Il se pourrait bien que la démission de François Fillon lui-même soit réclamée à l'occasion de la grève générale du 29 janvier —et pourquoi pas l'abdication de l'autocrate qui tire les ficelles en coulisses?

sources image (retouchée), billet : Le Monde, Le Nouvel Obs


PS. À lire d'urgence: «10 moyens de vaincre l'overdose d'information», sur «Crise dans les médias!», et une pétition pour réclamer un nouveau Premier ministre, chez Ruminances

mardi 20 janvier 2009

Prends garde, le monde, me voilà!

Nicolas Sarkozy va changer le monde avec Barack Obama, il l'a dit aujourd'hui à Provins. Il y a du boulot! Parce que, même si nous sommes tous gonflés d'obama en ce moment, on sent bien que le monde va faire de la résistance au changement. Oh, évidement, ce ne sont pas tellement les 6,7 milliards et quelques d'hommes et de femmes du commun qui posent problème: ils aimeraient bien que le monde change. La difficulté viendra plutôt des personnes hors du commun, ces quelques dizaines de milliers qui font leur miel du pollen accumulé par tous les autres.
Pour changer le monde, il faudrait que M. Sarkozy balaye déjà devant sa porte. Ainsi, avait-il menacé les milieux d'affaires de pondre une loi pour encadrer les revenus des hauts dirigeants, mais en fait de contrainte, il se borne à gourmander de loin en loin le patronat, histoire de donner un os à ronger à l'opinion. En revanche, sur la répression de la grève, unique moyen de protestation des salariés, il se montre inflexible, et l'on peut s'attendre à ce que la loi scélérate qu'il nous promet arrive. En quoi l'ivresse du pouvoir l'égare, car aucune loi ne saura jamais empêcher un homme ou une femme de défendre ses conditions d'existence. S'il sème l'injustice, il récoltera la désobéissance civile.
Mais nous n'en sommes pas là, puisque le hasard va faire que, comme un pied de nez adressé à l'autocrate, une grève générale est prévue le 29 Janvier…
Quoi qu'il en soit, il serait dommage d'attrister ce billet avec la dernière fanfaronnade de M. Sarkozy, car cette journée avait bien commencé. Tenez, ce matin au réveil, j'étais gai comme un obama sur le toit du Capitole. Pour changer un peu, à la maison, nous avons pris un grand bol d'obama avec seulement une petite tranche de sarkozy au beurre. Et ce soir, je crois qu'on va manger aux chandelles, un obama à la crème.

PS. à lire chez Martine : L'autre vie des théâtres

lundi 19 janvier 2009

Et Nicolas 1er fonda un musée

Il arriva une fois que Nicolas 1er le Bien-aimé fasse un mauvais rêve.
«Ecoute ça, Lala, dit-il à son épouse: Y avait grève générale et ces connards du populo envahissent le palais, alors je me casse par derrière…
—T'as bien fait mon Nicou…
—Laisse-moi parler! Au fond du jardin, je veux me planquer dans la cabane du jardinier, je tire la porte, et boum!
—Oh Nicou! Ça explose?
—Non, laisse-moi parler. Je me retrouve au même endroit dans trois cents ans! Un jardin public et plus de palais… Oui, oui, plus une pierre, j'te dis! J'vois un type avec un rateau, j'y demande quelle année on est. 2310 qu'il me répond. Hou! que je dis, c'est plus comme au bon temps de Nicolas le Bien-aimé, alors!
—Qui c'est çuila? qu'il fait.
—Mon pauvre chéri, le cauchemar, quoi…
—Pire: la mère des cauchemars, Lala. Écoute ça: y connaissait Louis XIV, y connaissait Napoléon, y connaissait de Gaulle, y connaissait même Mitterrand…»
SA Gracieuse impératrice-consort poussa un cri d'effroi.
«Et pas toi, quelle horreur!
—Ouais, j'ai eu beau insister, y voyait pas qui j'étais.»
Notre couple régnant resta quelques instants muet, abasourdi, puis Nicolas 1er sonna le bon Saint Henri qui accourut à l'impérial chevet. Le Bien-aimé lui narra son rêve et le dévoué conseiller en versa des larmes de compassion.
«Il faut faire quelque chose, Riton, tu vois pas qu'on m'oublie quand j'y serai plus?
—Vous ne mourrez jamais, sire!
—Ouais, mais t'aurais pas une idée, au cas où?
—Si, majesté: fondez un musée… Les anciens dirigeants de la Nicolie l'ont tous fait, même en France les présidents ont toujours pris soin de marquer leur territoire dans l'histoire…
—Tiens j'aime bien cette idée! On renifle pour trouver le coin qui appartient à personne, et hop, on lève la patte et on pisse un coup sur l'histoire, eh, eh!
—Voilà, sire!
—Bon, aide-moi encore un peu Riton: je vais pisser où?
—Mmm… Pas évident, il y a déjà des musées pour la plupart des arts.
—Ouais, puis l'art, moi, tu vois… Ah, tiens! Si je créais un musée de la chanson, avec les tubes, les posters des interprêtes, tout ça…
—Pas évident que ça tienne trois cents ans, sire.
—J'ai trouvé: un musée de l'Histoire avec un grand H! Là, je baise tout le monde c'est sûr, impossible de passer à côté de Moi!
—Magnifique majesté… Nous avons déjà une poignée de musées sur le même thème, mais il suffira de leur piquer les meilleures pièces pour le vôtre. Je mets immédiatement le projet en chantier.
—Merci, mon brave Riton! Et pendant que tu y seras, tu vas me mitonner une loi anti-grève féroce… Faut que ça saigne, hein! Tous ces salopards qui me fichent des cauchemars, qu'on me les pende à des crocs de boucher!»
PS. source image, sources d'inspiration: Le Monde , La croix
Je vous recommande «Les jolies colonies», à lire chez Marie-Georges!

samedi 17 janvier 2009

L'Amérique plus forte que le Roquefort?

L'Amérique, celle des USA, m'épatera toujours par ses contradictions, son mélange de vilains défauts et de qualités enviables, oh combien! Nous ne voulons pas de leur saloperie de bœuf aux hormones, de poulets à l'eau de javel… Ils auraient pu se dire: «bon, prenons les européens dans le sens du poil, et produisons de la bidoche comme ils l'aiment!» Mais non, ils ne veulent même pas imaginer que leurs méthodes d'élevage ou d'abattage pourraient être reconsidérées.
Alors, ils passent à l'attaque et nous écrabouillent le Roquefort ® sous les taxes. Mon sang d'aveyronnais, qui plus est d'une famille en partie nourrie par le roi des fromages, mon sang n'a fait qu'un tour. Pourquoi lui, et non le Parmesan, ou le Gouda, par exemple? Hélas, ça tombe sous le sens… Parce que, comme aux yeux des chinois vis à vis du soutien européen au dalaï-lama, la France est un point faible, elle est aussi un point faible au regard des américains. C'est la France qui la ramène sur le plan intérieur —par la bouche de son président matamore—, et qui n'est jamais bien longue à se coucher quand on montre les dents. L'Amérique a quelques raisons d'espérer que N. Sarkozy fera en coulisses des pieds et des mains pour que la Commission européenne trouve le moyen de signer l'armistice sans qu'il y paraisse. À l'image des dirigeants chinois, ils sont cyniques, les américains.
Et comme aucun autre peuple sur la terre, ils sont libres et incorruptibles sur certains points… Imaginez: chez eux, un procureur de Los Angeles (et il n'est pas le seul), envisage très sérieusement d'inculper Georges W. Bush pour meurtres, complot et autres accusations, pour avoir engagé la guerre d'Irak en mentant…
Bien sûr, il est à craindre que cette étonnante volonté de justice ne se brise sur une mesure de grâce d'Obama en faveur de son prédécesseur —ainsi que cela avait été le cas au bénéfice de Nixon. Devoir en venir là équivaudrait néanmoins à une condamnation publique.
Croyez-vous que cela pourrait arriver chez nous?

PS. Côté politique, j'ai apprécié ce billet de PMA bis, celui-ci de M. Vasseur, et, côté inclassable, un joli texte de Nefisa : L'échappée belle.

vendredi 16 janvier 2009

La république en uniforme?


M. Darco présentant la réforme de l'enseignement au président, d'après une illustration des uniformes d'ingénieurs des mines, sous le Second empire.

Xavier Darcos, en visite à Londres, s'est déclaré tenté par l'expérimentation de l'uniforme à l'école : «je pense que ça a beaucoup d’avantages, ne serait-ce que parce que ça supprime les différences visibles de niveau social ou de fortune, et que ça met tous les élèves dans une situation d’égalité»…
Il paraît peu probable que cette proposition connaisse le succès auprès des élèves et de leurs familles, on peut douter qu'elle soit tout simplement applicable auprès de la jeunesse d'aujourd'hui, mais il y a pourtant de l'idée là-dedans!
En effet, je suggère qu'elle soit réservée, cette idée, à tout le personnel politique, en commençant par le président et le gouvernement, auquel l'état fournirait des tenues en rapport avec leurs hautes fonctions. Il en irait de même avec les députés, sénateurs, et ainsi de suite jusqu'à l'échelon du maire… De cette façon nous aurions un personnel politique dont tous les membres, placés sur ce fameux pied d'égalité, seraient enfin à l'abri des tentations que la jalousie peut inspirer.
De plus, cette innovation aurait le grand mérite de mettre l'apparence de notre régime en accord avec l'évolution de notre république.


À lire: le deuxième épisode de «la Tête à l'envers», chez Balmeyer !

jeudi 15 janvier 2009

Travailler le dimanche, soutenir le jeudi…

À lire sur Le Post, la contre-enquête d'un blogueur, sur une manifestation de salariés favorables au travail du dimanche. C'était le 13 Janvier à Paris, des centaines d'employés de grandes enseignes de bricolage et d'articles de sport clamaient leur désir de bosser le dimanche… Surprise: ils étaient payés par les patrons! Coup de chapeau à l'auteur de l'enquête, Apollodore.
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Le dromadaire

Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d'Alfaroubeira,
Courut le monde et l'admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j'avais quatre dromadaires.
(Guillaume Apollinaire)

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UN COMMUNIQUE DE PRESSE

A l’initiative du Mouvement Solidaire pour le Logement, la section du P C de Levallois-Perret, la section MoDem de Levallois-Perret, le NPA de Levallois-Perret, la section du PS de Levallois-Perret, le groupe VERTS de Levallois-Perret, de la section Ligue des Droits de l’Homme de Levallois-Perret, la CNL de Levallois-Perret et des élus au Conseil Municipal de Levallois-Perret : Thierry David, Anne-Eugénie Faure, Catherine Le Guernec, Gilles Auchère, élus socialistes ; Annie Mandois, élue communiste; Dominique Cloarec, élue Verts.
LEVALLOIS-PERRET
Les deux mineurs opposants à Patrick Balkany vont être jugés : ils sont convoqués au Tribunal de Nanterre le 22 janvier
Le comité de soutien appelle à un rassemblement devant le Palais de Justice le jeudi 22 janvier à partir de 8h30

Rappel des faits :
Le lundi 17 novembre 2008, des membres du Mouvement Solidaire pour le Logement (créé il y a deux ans en faveur du logement social à Levallois-Perret) vont à la mairie pour assister au conseil municipal où seront discutées les orientations budgétaires 2009.
Un nombre très important et inhabituel de policiers nationaux et municipaux est présent. Les jeunes se plient à une fouille insistante et s’installent dans les tribunes.
Lorsqu’ils font entendre quelques réactions nettement moins fortes que les cris, applaudissements et huées des partisans du Maire qui rythment habituellement les conseils municipaux, Patrick Balkany déclare que la sérénité des débats est troublée, suspend la séance et ordonne au groupe de policiers d’évacuer les jeunes de la salle.
Dix-sept jeunes sont amenés au commissariat, puis relâchés, à l’exception de deux mineurs qui sont placés en garde à vue pendant deux jours, puis déférés devant le Juge des Enfants du Tribunal de Grande Instance de Nanterre qui les met en examen, l’un pour « résistance avec violence », l’autre pour « résistance et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
La garde à vue a été éprouvante par sa longueur et ses conditions inacceptables pour les deux militants pour le logement, âgés de 17 ans.
Les deux mineurs maintiennent qu’ils ont « résisté » à leur interpellation sans violence.
C’est de la propagande lorsque M. Cavalini, élu municipal de la majorité, déclare dans le journal Info-Levallois de décembre 2008 que les deux mineurs ont « frappé violemment » les policiers ; d’autres élus, ainsi que de nombreux témoins, sont en mesure de confirmer que les jeunes gens ont été évacués sans porter le moindre coup.
Maître Noguères, par ailleurs vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, a accepté de défendre les deux mineurs.
Un comité de soutien est constitué, une pétition qui compte aujourd’hui plus de 2700 signatures est mise en ligne, (http://baptistevincent.org/), tout ceci à l'initiative d'organisations, d'associations et d'élus municipaux de l'opposition.

Une convocation au Tribunal très rapide :
Contre toute attente, la convocation au Tribunal "pour y être jugés" est très hâtive : ce sera le jeudi 22 janvier.
Le Comité de soutien appelle à un large rassemblement le jeudi 22 janvier à partir de 8h30 devant le Palais de Justice de Nanterre.

Signataires :
le Mouvement Solidaire pour le Logement, la section de P C de Levallois-Perret, la section MoDem de Levallois-Perret, le NPA de Levallois-Perret, la section du P S de Levallois-Perret, le groupe VERTS de Levallois-Perret, de la section Ligue des Droits de l’Homme de Levallois-Perret, la CNL de Levallois-Perret et des élus au Conseil Municipal de Levallois-Perret : Thierry David, Anne-Eugénie Faure, Catherine Le Guernec, Gilles Auchère, élus socialistes ; Annie Mandois, élue communiste; Dominique Cloarec, élue Verts.
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PS. à voir et à lire aussi: le cinéma de Gaël, le bilan de Sarkozy, le soutien de Mathieu à Rachida Dati…

mercredi 14 janvier 2009

«Dieu n'existe probablement pas»…

Il y a un procès à venir dont j'attends l'ouverture avec impatience, et, je ne le cache pas, une certaine jubilation anticipée. En Grande-Bretagne, un groupe chrétien, Christian Voice, vient de porter plainte contre une campagne de publicité lancée par des athées… Ils reprochent à ces derniers d'avoir fait circuler dans les rues de Londres des bus porteurs d'affiches proclamant : «Dieu n'existe probablement pas. Alors arrêtez de vous faire du souci et profitez de la vie».
On peut résumer l'affaire en disant que les croyants estiment qu'il s'agit d'une publicité mensongère, ils demandent aux athées de démontrer la non-existence de Dieu. Eux, bien entendu, trouvent qu'il y a «de nombreuses preuves» du contraire. Nos amis anglais (nous autres aussi, par ricochet), vont sans doute philosopher en s'amusant, comme ils savent si bien le faire… Ah, les belles joutes d'avocats et d'experts en perspective!
En attendant, relevons que ce mouvement athée initié par Ariane Sherine, jeune écrivain et journaliste britannique, a déjà essaimé dans d'autres pays d'Europe, l'Espagne, l'Italie, mais pas encore en France.
Ce serait pourtant salutaire en ces temps d'intolérance et de morosité; plein d'enseignement aussi, sur le niveau de liberté que nous concède notre étrange régime politique.

Source : Le Monde


PS. Sur des sujets plus sérieux, j'ai lu les billets de Sarkofrance , Blogspleen, PMA , Les privilégiés

mardi 13 janvier 2009

Nicolas 1er et les droits de l'opposition

Ce matin, 12 bis de Janvier, notre Bien-aimé Nicolas 1er recevait au palais son opposition officielle venue lui présenter ses vœux. Ce fut un moment vrai, de pure satisfaction que d'assister à l'arrivée de ces trois gueux, rebuts de la feue république. Pour mémoire, rappelons qu'il s'agissait d'un sénateur de Gaule-Atlantique et de deux députés issus des chomvilles d'ici et de là-bas. Vêtus de leurs meilleures guenilles, chaussés de baskets, la poitrine ceinte de l'écharpe aux couleurs de la Nicosie, pourpre, blanc, azur, ils empestaient l'eau de lavande à dix mètres. Dans le grand salon bien rempli par la fine fleur du régime: le premier sapir, son gouvernement , y compris le nouveau commis aux tendrons, l'Auguste Famille, les cousins du sang, les cousins demi-sang, la banque, l'industrie, et le journaliste du Journal, on eut bien du mal à contenir les moqueries.
Du haut de son trône, le Bien-aimé, appela avec indulgence l'assistance à davantage de charité : «Mes amis, moi, je vous le dis, il faut respecter les élus du peuple!» L'opposition lui dédia trois regards de gratitude famélique, mais néanmoins sans arêtes, et vint s'incliner humblement.
C'est le sénateur qui eut l'honneur de réciter le compliment de bonne année, ce dont il s'acquitta en bégayant d'émotion. On peut résumer son discours en un bout de phrase: «surtout portez-vous bien, sire, parce que tant que vous avez la santé, ça ira! » Après quoi, le Bien-aimé lui dit:
«Merci Toto! Mon opposition parlementaire a-t-elle, à présent, quelque protestation à émettre?
— Nous en avons deux, sire, dit le sénateur en regardant la pointe de ses baskets.
Eh bien, j'écoute! répondit le Bien-aimé avec un soupir.
Nous voulons disposer d'un temps de parole plus long pour critiquer les lois, dit le député de là-bas.
Vous avez droit à combien, déjà?
Une minute, sire.
Vous avez raison, ce n'est pas assez! Moi je veux que toutes les voix de mon peuple s'expriment, même celles des connards. Désormais vous aurez une minute et demi… Quoi d'autre?
— Nous réclamons le rétablissement du 13 dans le quantième des mois.»
Une rumeur de protestation indignée parcourut l'assistance tandis que le Grand Nicolas perdait brusquement patience.
« Vous n'y pensez pas sérieusement? Ça porte malheur ! lança-t-il.
Le peuple des chomvilles s'en fiche, majesté: le malheur, il vit dedans trente jours par mois, douze mois par ans… Et il croit que le chiffre treize porte chance!» proféra le député de là-bas avec l'arrogance d'un tribun aviné.
Le Bien-aimé médita quelques instants avant de répondre. «Je vais nommer une commission d'étude pour la réforme du 12 bis… Mais je ne promets rien. Quand on gouverne, il faut savoir prendre des responsabilités, bousculer le conformisme, même au risque de l'impopularité. Cassez-vous maintenant.»
source image

PS: un nouveau texte à lire sur le blog de Balmeyer, qui vaut toujours le détour…

lundi 12 janvier 2009

La diffamation dépénalisée : un bien?

On prête avec de plus en plus d'insistance à Nicolas Sarkozy, l'intention de dépénaliser prochainement la diffamation. Il l'aurait même confirmé mercredi dernier devant la Cour de cassation. Bien qu'il n'y ait à priori aucun rapport, cela fait penser à sa décision de supprimer la publicité à la télévision. Même façon de lâcher une information d'importance sur ses intentions, sans la moindre consultation préalable des milieux intéressés, même sentiment de se trouver devant une foucade d'autocrate. À ceci près que M. Sarkozy n'agit pas forcément par caprice, ses coups de force ont généralement un but.
Quel peut bien être son intérêt dans le cas de la suppression du délit de diffamation? Nous y verrons plus clair lorsque des avocats et des spécialistes du droit auront débattu de la question. Déjà pourtant, on peut relever que les poursuites en diffamation concernent essentiellement la presse. C'est donc elle qui est concernée. Que retenir de ce qui se raconte actuellement? Le droit de la presse est relativement favorable à celle-ci, il n'est pas aisé d'obtenir contre elle en justice une condamnation dans le respect des règles de procédure.
Aujourd'hui, si vous vous estimez diffamé, vous avez trois mois pour porter plainte, pas un jour de plus. Demain, si la diffamation n'est plus pénalisée, ce délais de prescription disparaîtra: la principale mesure de protection de la presse en ce domaine aura vécu.
D'autre part, des poursuites demeureront possibles, bien entendu, mais dans le cadre d'un procès non plus pénal, mais civil, sans juge d'instruction. C'est à dire grosso-modo, que les éventuelles victimes devront se débrouiller pour apporter la preuve de la diffamation, et l'identification de son auteur (sur internet, bonjour la difficulté!). Les frais engagés par le plaignant monteront en flèche, à la différence d'une enquête menée par le juge d'instruction: il faudra déjà pouvoir les assumer.
À l'arrivée, dans le cas d'un procès perdu, au lieu d'amendes bien encadrées, le journal ou la personne condamnée se retrouveront avec des dommages et intérêts à payer qui pourront être accablants!
Bref, critiquer vertement les politiques ou les milieux d'affaires deviendra périlleux. M. Sarkozy poursuit tranquillement son dessein inavoué d'étouffement des contre-pouvoirs sans lesquels il ne peut y avoir de démocratie.
image: stock.xchng Image License Agreement.

À lire sur Le Monde

dimanche 11 janvier 2009

2009: l'année de l'astronomie, pour broyer du noir

L'UNESCO et les Nations Unies ont décidé que 2009 serait l'année de l'Astronomie. Ça tombe bien, puisque les principaux chantiers ouverts par les physiciens, dont on attend beaucoup, visent à comprendre le rôle de l'humour noir dans l'univers. Bon, ce n'est pas exactement le terme adéquat, je l'admets, mais n'étant pas scientifique, on me pardonnera cette licence. Parce qu'enfin, il s'agit bel et bien d'étudier un grand innommable invisible, si facétieux qu'il perturbe depuis la nuit des temps les mesures et les règles les mieux admises, au nez et à la barbe des astronomes. Étrangement, c'est à un littéraire que l'on doit, me semble-t-il l'intuition du rôle primordial joué dans l'univers par l'obscurité taquine. Quoiqu'il n'ait jamais approché un télescope, ni été particulièrement sensible à l'humour, H. P. Lovecraft consacra en effet un nombre de pages effarant au «grand chaos rampant». Les physiciens d'aujourd'hui seraient bien inspirés de lui rendre un hommage posthume, ne serait-ce qu'en donnant au trou noir géant tapi au centre de notre Voie Lactée le nom de son héros fameux: Nyarlathotep.
Donc, 2009 sera astronomique, comme le fut déjà à sa manière 2008, du reste, qui à bien des égards semble avoir préparé le terrain de la recherche. Trois défis principaux sont posés par l'humour noir cosmologique:
le trou noir d'abord, que l'on a coutume d'expliquer par l'effondrement d'un corps céleste sous sa propre masse, notre soleil par exemple, ratatiné à la dimension d'une perle, mais pesant toujours autant, si bien que la lumière ne pourrait plus s'en dégager. On ne le verrait plus.
Autre exemple du trou noir: quand tout allait bien avant l'arrivée de M. Sarkozy, la capitalisation boursière mondiale approchait les 40 milliards de milliards. Il est élu, et les bourses s'effondrent : 20 milliards de milliards deviennent invisibles! Où sont-ils passés?
La matière noire ensuite… Là c'est plus compliqué, on suppose qu'elle existe, parce que l'on peut observer qu'elle attire ou perturbe la matière visible, mais si l'on voit ses effets on sait pas à quoi elle ressemble. Un peu comme en matière de paradis fiscaux: on devine bien la thune qui se déplace, certains marchés, improbables, qui se font comme par miracle, on sent bien que ça pèse, mais on ne sait pas vraiment combien.
Enfin, l'énergie noire: on croyait l'expansion de l'univers condamnée à ralentir son mouvement, comme n'importe quel marathonien honnêtement essoufflé, eh bien non! L'univers se dope à l'énergie noire, son expansion s'accélère de plus en plus. Et c'est pareil partout, même chez nous: on aurait pu croire que la crise avait scié les jambes du capitalisme, mais pas du tout. M. Sarkozy et ses pareils lui donnent un nouvel élan. Du trou noir et de la matière noire, sans doute, ils tirent des milliards qui vont nous faire foncer tête basse en avant, plus fort qu'avant.
2009 pourrait bien être aussi l'année des sottises astronomiques.

Photo: Nasa

samedi 10 janvier 2009

3 —Sagesse de Nicolas 1er

Nul n'a oublié ni n'oubliera de sitôt, je suppose, le jour de liesse populaire qui suivit la formation du gouvernement, au lendemain de l'érection de Nicolas 1er (le Bien-aimé) à la nicotée suprême, l'an deux mille septre. Le choix de figures adulées du public, assignées à des postes ministériels d'une modernité volontariste, annonçait clairement la rupture promise à la veille du plébiscite. Le peuple franchois en ressentit une commotion voluptueuse qui emplit chacun d'étonnement —étonnement qui tenait moins à la jouissance éprouvée qu'à son siège, présenté jusque là comme inconvenant par la tradition.
Le Bien-aimé qui, de son propre aveu, ne craint rien davantage que de passer pour «un roi fainéant», se fit un devoir de se mettre aussitôt à l'ouvrage. Escorté du Premier sapir mange-couleuvre, en charge du tout dans le rien, et de la sémillante Mangeline Rachalot, sapir de la bien-portance, il se rendit, comme il l'avait annoncé, pour une visite surprise dans un hôpital éloigné au fin fond de ses états.
Le comité d'accueil, on ne peut le cacher, lui fit tout d'abord la gueule.
«Voyez, sire: nous manquons si cruellement de lits, qu'il y a dans le couloir, sur cette civière, une patiente à la jambe brisée dont on ne sait que faire!
—Voyons, un peu de jugeote! répartit Nicolas 1er. Quelle intervention réservez-vous à ce jeune homme, que je vois mollement couché sur la table d'opération?
—Une trépanation, sire…
—Alors, opérez-le assis, vous n'avez nul besoin d'admirer son ventre!»
Les infirmières et chirurgiens s'empressèrent d'obéir au monarque; le jeune homme bientôt arrimé dans un fauteuil, le Bien-aimé reprit:
«Maintenant, installez-moi cette dame sur le billard, et le couloir sera libéré.»
On s'exécuta, tandis que le grand Nicolas disait d'un ton magnanime:
«Vous voyez bien: les moyens sont là, ce n'est qu'une question d'organisation!»

vendredi 9 janvier 2009

Une bouche de vérité pour internet

Il y a parfois des informations qui troublent, mais dont on ne sait que penser. Cela arrive à tout le monde, je suppose. Dans ce cas, n'ayant rien à dire de personnel sur le sujet, on se tait. C'est mon cas aujourd'hui, mais l'envie me démange d'écrire tout de même quelques lignes à propos du site «Internet-signalement.gouv.fr» mis à la disposition des citoyens par le ministère de l'intérieur. C'est un outil qui peut sembler à la fois utile et inquiétant —d'où mon embarras pour me forger une opinion. Son utilité s'impose d'emblée à l'esprit si l'on songe au large éventail de contenus illicites que l'on peut trouver sur le web: de la pédophilie à l'escroquerie pure. Sur la multitude effarante de pages qu'internet accueille, ces affichages mal famés ont beau être minoritaires, ils n'en sont pas moins nuisibles et c'est une bonne chose de les combattre efficacement. La gêne vient d'ailleurs, plus précisément de l'anonymat accordé aux personnes qui vont cliquer sur le gros bouton rouge «signaler» —lorsqu'elles choisiront de cacher leur identité. Je ne suis pas loin de voir dans l'anonymat une plaie d'internet, mais c'est une autre histoire. Dans le cas en question, cette liberté d'incognito paraît transformer un acte citoyen parfaitement honorable en vulgaire délation. Il y a là quelque chose de malsain. C'est bien dommage!
Une autre nouvelle, plus récente celle-ci, m'a presque laissé bouche-bée devant mon écran. C'est celle d'un médecin américain, en instance de divorce, exigeant de son ex-femme qu'elle lui rende un rein offert pour la sauver à l'époque du grand amour… La dame était infidèle et le mari très malheureux. Je ne sais pas comment se passent les choses là-bas, mais chez nous, tout dépendrait du régime matrimonial: dans le cas de la communauté réduite aux acquêts, le mari devrait se contenter de récupérer la moitié du rein, alors que dans la séparation des biens, eh bien, il faudrait regreffer son rognon complet au pauvre cocu!

À propos d'Internet-signalement: un point de vue d'avocat

PS: Aujourd'hui, j'ai lu Marc Vasseur, Farid, Crise dans les médias, et ce texte d'Emeline Bravo

jeudi 8 janvier 2009

Sarkozy, c'est magique!

Nicolas Sarkozy vient de l'affirmer: un «monde nouveau» est à sa toilette. S'en sera bientôt fini des ulcères financiers, des poches de misère, et de la gueule de chômage. D'un lifting planétaire va sortir prochainement «l'état entrepreneur» dont nous rêvions et qu'il pomponne pour nous. Bientôt, nous ne serons plus citoyens, mais actionnaires de la Société Anonyme France, dont il présidera le directoire.
Cela se fera, je suppose, dans le cadre de la vaste réorganisation mondiale que M. Sarkozy compte impulser dès la prochaine réunion du G20. Sans doute entre-t-il dans son projet que l'ONU soit transformée en holding, et que soit proclamé une Déclaration universelle des droits du Petit porteur?
Au niveau modeste de notre usine hexagonale, il sera nécessaire de nous habituer aux nouveaux titres de nos dirigeants: M. Fillon devenant directeur général, Mme Aliot-Marie, DRH, M. Kouchner directeur-adjoint du service commercial, par exemple… Pour une partie d'entre nous qui s'en fiche et fait confiance à l'actuel chef de l'état, cela devrait être aussi facile que le passage à l'Euro. Les autres s'apprivoiseront peu à peu.
D'autant que des jours de pure félicité nous attendent: nous ne paierons plus d'impôt, mais percevrons au contraire des dividendes annuels!

Source innocente: Le Monde
source image

PS. Un bon moment à passer, chez Nefisa

mercredi 7 janvier 2009

Exit l'indépendance de la justice?

On peut dire qu'avec la disparition annoncée du juge d'instruction, Nicolas Sarkozy aura franchi un pas de plus vers une autocratie tellement flagrante que sa légitimité même deviendra contestable. Avoir été élu confortablement lui donnait le droit d'appliquer sa politique de droite, dans la mesure où la majorité des citoyens de ce pays continuait à lui accorder sa confiance. Appliquer une politique, mais non pas défaire pièce à pièce le peu de démocratie que nous concède cette république. Après s'être arrogé une autorité sans partage, et s'apprêtant à mettre les médias publics à ses ordres, il se propose aujourd'hui de liquider la séparation des pouvoirs, exécutif et judiciaire. Le peu, du moins, qu'il en existe chez nous. Le prétexte des quelques ratés retentissants de l'instruction encore dans les mémoires ne doit pas nous dissimuler le but de ce nouveau caprice de despote: mettre définitivement les politiques et le monde des affaires à l'abri des poursuites pénales. C'est une sorte de restauration des privilèges en faveur d'une caste. À moins que le débat à venir n'impose à ce président trop vaniteux pour se dédire, de garantir l'indépendance du parquet, comme il en va dans les démocraties véritables —ce qu'aucun gouvernement français n'a eu l'honnêteté d'envisager sérieusement—, à moins de cela, sera porté à nos droits une atteinte inacceptable. On peut déjà se demander quelle légitimité mérite le respect, de celle issue d'une élection, ou de celle d'un peuple qui rejette majoritairement une politique. Porter atteinte à l'un des fondements de notre société trancherait la question: M. Sarkozy en deviendrait illégitime et c'est sa démission qu'il faudrait exiger.

Lire plus et mieux sur le sujet :
Le Monde, le Nouvel Obs

Trois textes à recommander: Le collier d'ambre, Rentrée: c'est quand qu'on sort? , Perdre la tête.

PS: demain sit-in de La Charte, voir mon billet d'hier!

mardi 6 janvier 2009

Edition jeunesse: La Charte montre les dents!

Les écrivains ne se fâchent pas souvent pour la défense de leurs droits, les illustrateurs non plus —du moins publiquement. Trop individualistes, trop fragiles aussi, lorsqu'ils font gagne-pain de leur travail. Cette observation me semble surtout valable dans le domaine de la littérature générale, où les auteurs sont plus enclins à se surveiller confraternellement qu'à s'épauler. Elle est moins vraie en ce qui concerne la littérature pour la jeunesse, dont les acteurs se sont révélés au fil des ans beaucoup plus indociles que l'on aurait pu l'attendre d'eux.
Ainsi, l'association de La Charte des auteurs et illustrateurs pour la jeunesse existe depuis bientôt 34 ans. Forte aujourd'hui de 850 membres, elle peut se flatter d'avoir brisé leur isolement et souvent amélioré leur sort.
Si je parle de cette association aujourd'hui, c'est que la Charte est en colère contre deux maisons d'édition et a décidé de le faire savoir. Les cibles: les éditions du Baron Perché et Vilo Jeunesse, appartenant toutes deux au groupe Vilo (1). La raison? Ce sont des droits d'auteurs non versés, des droits de prêt en bibliothèque non redistribués, alors qu'ils ont pourtant été encaissés. Malgré les réclamations des auteurs concernés et l'intervention d'avocats, Le Baron Perché et Vilo Jeunesse ne respectent pas leurs obligations contractuelles.
Des créateurs ont travaillé des semaines durant, leurs éditeurs en ont tiré profit. Alors que l'on paie au boulanger son pain, on ne rétribuerait pas l'ouvrage de l'écrivain, du dessinateur? Croit-on que ceux-ci se nourrissent du plaisir de la création, laquelle serait exempte d'effort et d'épreuves?

«La Charte organise un sit-in, le jeudi 8 janvier 2009, à 15 heures, siège social de Vilo éditions, 91 bis rue du Cherche-midi, 75006 Paris.
Les auteurs liront des extraits de leurs ouvrages publiés au Baron Perché et chez Vilo Jeunesse.»

Il fera froid, c'est à prévoir… Ils ne seront peut-être pas nombreux… Alors, que vous soyez auteurs, artistes, journalistes, libraires, bibliothécaires, ou parents attentifs aux lectures de vos enfants: si vous êtes libres ce jour là, venez les soutenir de votre présence!

(1) Le groupe Vilo, c'est : Les éditions de l’Amateur, Le Baron Perché, les éditions du Collectionneur, la Côte de l’Armateur, les Créations du Pélican, Hervas, les éditions Complexe, l’Insolite, Marval, Pouchet-plan net, Ramsay, Terrail, Vade Retro, Vilo éditions, Vilo jeunesse.

lundi 5 janvier 2009

Guerre, douleur, et amusettes


Voilà maintenant plusieurs jours que je suis mal à l'aise en ouvrant ce blog, parce que je ne dis rien d'un sujet qui me préoccupe pourtant, comme tant de gens… La guerre entre les israéliens et les palestiniens de Gaza. Si ce conflit n'impliquait pas le Hamas, nul doute que j'écrirais ici mon indignation devant les victimes civiles, le paroxysme de calamité infligé à un peuple abandonné de tous. Il y a le Hamas, un parti politique religieux, qui comme tel m'inspire de l'antipathie, intégriste, source chez moi d'aversion. Son obstination à vouer Israël à la disparition, avec pour corollaire chez ce dernier pays la volonté de fer d'exister, condamne les deux peuples à une guerre sans fin. En cela, le Hamas me semble porter une responsabilité dans la guerre, autant que l'autre camp, poussé par des calculs électoralistes. Qu'on le veuille ou non, l'Histoire est passée sur cette terre et ces peuples, érodant les causes premières de l'affrontement. Ils n'ont d'autre alternative que d'accumuler indéfiniment les morts —toujours plus nombreux, ce qui n'exonère pas leurs dirigeants pour autant—, ou de faire la paix. C'est pour cela, une fois n'est pas coutume, que je me sens presque soulagé du remue-ménage diplomatique entamé par Nicolas Sarkozy. Puisse-t-il servir à quelque chose!


Le Monde m'a appris l'existence d'un appel à la générosité lancé sur Facebook par une jeune femme, Fanny Gamelin. Son père, chef d'entreprise à La Rochelle, s'est suicidé la veille de Noël, parce que son entreprise était en redressement judiciaire et qu'il n'avait plus les moyens de payer les salaires de ses 120 employés. 200 000 euros, ce n'est pas une petite somme, mais ce n'est qu'une goutte dans le montant des aides octroyées aux banques ces derniers temps. Les banques qui ont refusé cependant d'accorder le prêt nécessaire à Joël Gamelin pour s'acquitter de sa dette envers son personnel. On est en droit de se demander ce qu'attendent MM. Sarkozy, Fillon, et compagnie avant d'agir, mais pendant ce temps, 120 personnes sont sans le sous
Je trouve que Mlle Fanny Gamelin mérite d'être soutenue. Elle a écrit en plusieurs langues : «Si 200 000 personnes font un don d’1€ symbolique, les salaires pourront être versés à 120 familles, pour vivre pour le mois prochain.»


Dans un tout autre domaine, histoire de me faire plaisir, j'informe mes lecteurs que ce blog est classé ce mois-ci au 27e rang des blogs politiques par Wikio, et 171e au classement général, toutes catégories confondues.
De l'analyse du mois, j'ai retiré les principales indications suivantes :
1557 visites, par 884 «visiteurs uniques absolus», pour 3000 pages vues.
Provenance des visiteurs et lecteurs (j'espère) :
(direct) ((none)) 198
blogger.com (referral) 188
google (organic) 176 —j'ignore ce que signifient ces trois premières adresses…
quicoulol.blogspot.com 98
jegpol.blogspot.com 95
macao-levilainpetitcanard.blogspot.com 95
khalifatdekhanay.blogspot.com 63
serge-servais.blogspot.com 60
netvibes.com 58
wikio.fr 57
jegper.blogspot.com 47
lestroisgrobills.blogspot.com 34
netreader.vendredi.info 32
twitter.com 27
google.com 19
bouchedela.blogspot.com 18
daudavendauth.wordpress.com 18
lespriviliegiesparlent.blogspot.com 18
marsupilamima.blogspot.com 18
claviersensemble.jimdo.com 11

Merci à eux et à tous les autres —il faut bien s'arrêter quelque part!

boussole: Techno-science, Almanach Hachette 1922

samedi 3 janvier 2009

Qui a regardé les vœux de Nicolas Sarkozy?

Le site du Figaro titrait hier, avec un beau culot : «Pour les Français, Sarkozy est plus rassurant et rassembleur». Cette affirmation s'appuyait sur un sondage effectué au lendemain des vœux du président à la télévision, annonçant que 52% des personnes ayant regardé le chef de l'État à cette occasion, l'avaient jugé «convaincant».
À la lecture de ce titre, je me suis d'abord demandé: plus rassembleur par rapport à qui, ou quoi? Et je dois dire que la lecture de l'article commentant le sondage m'a presque laissé sur ma faim à ce sujet. Il s'agit en fait d'une comparaison avec les résultat d'un autre sondage effectué en septembre, jouant sur des valeurs sans signification, ou presque… Mais bon, c'est le choix de ce journal. L'article tire tous les enseignements habituels à ce genre d'opération, analysant les résultats selon les sympathies déclarées des personnes contactées.
Et je me suis pris moi-même au jeu d'essayer de reconstituer le négatif de ce cliché de l'opinion publique, puisque le site fournissait honnêtement les éléments nécessaires.

Sur l'échantillon de 1004 Français contactés, seuls 456 ont regardé les vœux de Nicolas Sarkozy. Cela laisse donc de côté 548 personnes ayant fait autre chose ce soir là. Soit 54% «d'abstentionnistes».
D'autre part, parmi la minorité d'auditeurs du président, 237 personnes l'ont trouvé «convaincant» (52% de 456 téléspectateurs), et 218 ont estimé qu'il ne l'était pas…

La conclusion principale me semble être que 54 % de Françaises et Français se foutaient du spectacle d'autosatisfaction sarkozienne comme de leur premier corsage ou chemise, tandis que 48% des citoyens vertueux n'ont pas apprécié le show.

D'autres que moi se sont étonnés plus en détails de la présentation de ce sondage, voir: Soubrouillard, Birenbaum et Rominet33

vendredi 2 janvier 2009

Bonne année!

Les premiers jours de Janvier, les vœux éclosent de tous côtés. Je n'ai pas voulu faire au président Sarkozy l'affront d'offrir les miens avant lui, et j'ai donc laissé passer son discours. Bien que ne l'ayant pas écouté, j'ai tout de même une vague idée de sa teneur par la rumeur radiophonique et un survol de la blogosphère. En gros, nous avons de la chance de l'avoir: ce sera dur, mais il se battra jusqu'au dernier français.
Dans les jours qui viennent, si ce n'est déjà commencé, il devrait recevoir les vœux des corps constitués. Nul doute que dans son désir de renouveler les genres et de frapper les esprits, il aura, là aussi, à cœur d'innover par rapport à ses prédécesseurs, comme l'autre soir lorsqu'il a parlé debout à la nation. Déjà, il a fait, dit-on un discours devant un important échantillon de personnes ayant travaillé au lieu de réveillonner. C'était une bonne idée, d'honorer la France qui se lève tard par force.
Le premier corps qui mériterait à présent de lui rendre une visite émue, devrait-être à mon avis celui des banquiers. Je me demande si je ne serais pas tenté de rallumer la télévision pour voir les visages éperdus de ces derniers, ruisselants de larmes, lui présentant une carte de crédit illimité sur un coussin de velours —il est d'usage, semble-t-il, qu'un produit soit offert à cette occasion. Les pompes funèbres, ensuite: un corps de métier trop souvent tenu à l'écart des réceptions officielles, et cependant d'une importance économique non négligeable, surtout en période de crise.
Une difficulté d'ordre protocolaire pourrait se présenter, toutefois, si l'offrande d'un cadeau est indispensable. Il ne serait guère convenable qu'un cercueil en soit l'objet, même luxueusement capitonné et pourvu de poignées d'or… Peut-être un compte de prévoyance-obsèques, présenté dans une simple enveloppe de deuil, ferait-il l'affaire?
Je ne doute pas qu'en réfléchissant quelques minutes, notre président et ses conseillers ne dégotent une bonne vingtaine de corporations injustement oubliées de l'Élysée par le passé.

Quoi qu'il en soit, je me suis écarté par mégarde de mon premier dessein, qui était de souhaiter une bonne année: à mes lecteurs clavésiens, s'il en est encore, et puis à tous les autres bien sûr, sans oublier mes amis des Leftblogs, et d'ailleurs !

source image: La beuglante



PS: Que vous soyez enseignants ou simplement parents d'élèves, ne laissez pas tomber les gens du collège Alain-Fournier, qui luttent contre la fermeture de leur établissement!