jeudi 30 avril 2009

La grippe Sarkozy arrive.

Il ne faut plus parler de grippe porcine, ça fait de la peine aux éleveurs de cochons, parce que les ventes de viande de porc pourraient en souffrir, et par conséquent, les prix baisser.
Si, comme moi, vous vous réjouissez chaque fois que des prix baissent et que l'industrie agro-alimentaire, la distribution, prennent un mauvais coup, il faut oublier la terminologie commercialement correcte et continuer à parler de grippe porcine. Bien entendu, la grippe n'a rien voir avec la consommation de filet mignon, côtelettes, et autres rouelles, mais là n'est pas la question.
Les porchers voudraient qu'on parle de grippe mexicaine, les pays religieusement allergiques au cochon aussi, mais les Mexicains ne l'entendent pas de cette oreille. Ils trouvent blessant que leur pays soit associé à une maladie. Peut-être cela risquerait-il d'affecter longtemps la fréquentation touristique? L'influenza aurait-elle plus d'influence sur l'image de marque de leur pays que les records d'enlèvements et d'homicides battus ces dernières années?
En tout cas, comme j'ai de la famille au Mexique, et que je me réjouis chaque fois que les prix baissent, je partage le point de vue officiel de là-bas, et m'en tiens à la porcine —en espérant ne pas recevoir avant quelque temps une lettre mexicaine.
Les éleveurs de cochons font valoir que les anciennes pandémies étaient toujours baptisées du nom de leur région d'origine: grippe espagnole, asiatique, ou de Hong-Kong… À quoi rétorquent certains: les Chinois, qui ont enfanté la grippe aviaire, dont la menace plane toujours sur nos têtes, ont réussi à faire appeler celle-ci «grippe du poulet». Une sorte de principe de précaution en quelque sorte, leur permettant d'exorciser par avance le spectre d'une «grippe, ou d'une peste chinoise».
En fait, compte tenu des effets secondaires de cette dénomination, plus prompts à se répandre que la maladie elle même, chacun devrait lui attribuer le nom de son choix, en fonction de ses préoccupations. La grippe du chou-fleur, des asperges, des carottes…, s'il espère voir chuter enfin le prix des légumes. La grippe de la bière ou du whisky, s'il est soiffard… Il en résulterait une pagaille réjouissante favorable au pouvoir d'achat, sans compter que les plus militants et impertinents, pourraient désigner tous les futurs malades comme des victimes de la «grippe Sarkozy»

Illustration: virus CH9N2 de la grippe du chou-fleur.

mercredi 29 avril 2009

Vous reprendrez bien un petit coup d'Hadopi?

Dans l'ensemble, les parlementaires sont plutôt opposés à l'interdiction du cumul des mandats, qu'ils appellent le mandat unique… C'est une question de train de vie, sans doute —je veux dire qu'ils aiment bien passer en train une partie de leur vie de député ou de sénateur, entre la capitale et le lieu d'exercice d'un mandat local. Si vous aviez compris qu'ils se préoccupent avant tout de cumuler salaires, indemnités, et avantages divers, votre mauvais esprit vous égare… Plus sérieusement, l'origine de leur fonction principale se trouvant dans leur circonscription, la détention d'un second mandat conforte certainement leur pouvoir local et décourage les convoitises de rivaux potentiels.

Ce mode d'existence du parlementaire nomade, typiquement Français, ne doit pas arranger leur exposition à la pathologie principale du représentant européen: le mal aux fesses. S'il faut en croire, en effet, la confidence qu'un ministre Allemand vient de faire à un groupe d'écoliers, le travail politique et ses interminables stations assises rend le postérieur douloureux. De là à penser que cette affection est encore aggravée par les mœurs politiques prévalant chez nous, qui veulent qu'un député de la majorité se déculotte et se courbe devant le pouvoir exécutif…

Ainsi en sera-t-il par exemple avec la loi Hadopi que Nicolas Sarkozy, ulcéré du rejet précédent, exige de voir enfin adoptée aujourd'hui. Pourtant, nombreux sont les députés, dans les rangs même de la majorité, qui trouvent ce texte calamiteux, inapplicable et liberticide. Comme si les dispositions de la loi telle qu'elle avait été repoussée au début du mois ne suffisaient pas, selon certaines analyses, des aménagements du texte intervenus depuis pourraient étendre la surveillance de l'internaute jusqu'au contenu de ses mails!
En démocratie, on attend des représentants du peuple qu'ils adoptent ou repoussent souverainement les lois, sans être soumis aux intimidations de l'exécutif. Lorsque des tentatives d'intimidation surviennent tout de même, comme cela arrive dès qu'un régime bascule dans l'autoritarisme, on attend des parlementaires qu'ils se lèvent pour défendre la démocratie. Ils auraient moins mal au cul.



PS. Allez donc sourire avec le dernier billet de M. Poireau, grincer des dents chez Nicolas, et Ruminances

mardi 28 avril 2009

M. Rocard : pas encore sorti du métier !

L'entretien que Michel Rocard a accordé hier à lyoncapitale.fr a retenu à juste raison l'attention de Rue89. Le bonhomme a mal vieilli, ses petites trahisons et son flirt poussé avec Nicolas Sarkozy, inspirent colère et dégoût. Il n'en reste pas moins vrai que sa mécanique intellectuelle fonctionne toujours admirablement. Les constatations désabusées qu'il tire de la crise actuelle et de ce qu'il appelle la démocratie, mise à mal par l'influence de la télévision, sont pleines d'intérêt. On peut simplement regretter qu'il soit devenu inapte à proposer de brillantes solutions, et se borne à souligner le besoin généralisé de plus d'état. Personnellement, c'est sa conception technocratique de la politique, sa vision de la démocratie qui me dérangent et que j'ai surtout retenues.
«Tout le système est répulsif à l'idée d'examiner et de présenter les compétences, les choses faites. C'est un drame absolu. Il est mondial. Il concerne maintenant la totalité des démocraties, et commence à toucher même les dictatures qui voudraient paraître un peu moins brutales. Le professionnalisme est disqualifié, c'est terrible !» dit-il, par exemple. Et un peu plus loin, j'ai encore noté ceci: «le message de désintellectualisation de la télévision […] casse l'idée que le métier d'homme politique puisse être un métier sérieux.»
Certes, le propos de M. Rocard était de dénoncer l'espèce de «peoplelisation» de la politique nationale —en quoi on remarquera que les contradictions le gênent peu, étant donné les liens complaisants qu'il entretient avec M. Sarkozy, pétri et nourri de sous-culture people… C'est toutefois ce professionnalisme allant de soi dans le discours rocardien qui m'agace.
La politique, pour être estimable et rapprocher notre république de la démocratie, ne saurait être un métier. Un élu respectable, ouvrant dans son existence une parenthèse au service de ses concitoyens, se devrait de refermer celle-ci à l'issue de son second mandat au plus tard. Dans le cadre de la députation ou de la présidence, son activité ne dépasserait donc pas une dizaine d'année, ce qui ne suffit pas à qualifier cette activité de métier. Les médias et la télévision en particulier ont sans doute une grosse responsabilité dans la légèreté et versatilité de l'opinion publique (celle-ci n'était pas forcément plus mûre autrefois), mais le carriérisme des élus n'arrange rien.

PS. À lire: le billet du jour de Ruminances, et la critique littéraire de Mtislav

lundi 27 avril 2009

Quand Nicolas 1er retourne au lycée


Le Bien-Aimé, notre très cher Nicolas 1er était ces jours-ci de passage dans une classe du Lycée Nicolas 1er. Une de ces visites improvisées comme il les aime, qui lui permettent de regarder le peuple dans le blanc des yeux, avec une confiance réciproque. Nous profitons d'ailleurs de l'occasion offerte par cet événement pour démentir catégoriquement une rumeur malveillante. Des terroristes anarchistes font en effet courir le bruit que l'Empereur préférerait désormais les déplacements surprise, par crainte d'être la cible d'un lancer de chaussure ou d'œuf pourri, et aussi afin d'éviter le déploiement de troupe sur son passage, toujours inquiétant. Cela est faux, évidemment, comme le démontrent tous les sondages de mon opinion. J'aime l'Empereur, je suis Franchois, donc tous les Franchois aiment l'Empereur!
Ainsi, le Bien-Aimé, escorté du plus simple appareil de son service: le sapir de la Bonne éducation impériale, le coiffeur, le porte-trône pliant, vingt gardes du corps, le médecin, l'infirmière, et le chihuaha de cette dernière, fit irruption dans une classe.
Le hasard voulut qu'il débarquât pendant un cours d'éducation sexuelle, alors que l'enseignante commentait une diapositive projetée sur un écran. L'image représentait un couple juvénile de ces coléoptères cryptotétrames, mieux connus sous le nom de coccinelles, tendrement chevauché. Une fois apaisée l'émotion suscitée par sa présence, le Bien-Aimé prit place sur son trône de voyage, et pria la professeur de continuer comme s'il n'était pas là. Le visage de la brave femme afficha soudain un teint de coccinellidé, et bredouillante, elle informa le monarque de la nature particulière de la leçon. Nicolas 1er l'invita tout de même à pousuivre, en l'assurant qu'il n'y avait pas offense…
On apprit donc toute la difficulté qu'il peut y avoir, dans le monde animal en général et les coléoptères en particulier, à enfiler un préservatif sur une phallobase parfois compliquée de paramères. Un inconvénient dont le genre humain n'a pas à souffrir les effets réfrigérants.
À la fin du cours s'engagea un intéressant débat à portée philosophique, entre Nicolas 1er et certains lycéens, à propos du sens de la vie.
«La meilleure façon de trouver le plaisir, c'est de mettre de l'effort, observa notamment le Bien-Aimé.
—M'sieur l'empereur, vous croyez que l'effort est plus grand pour l'homme ou pour la femme?»
Sans se laisser démonter par cette question d'une élève impertinente, le monarque répondit:
«C'est pareil, ça dépend comment on se place.
Et il ajouta avec un bon sourire:
—Le plaisir vient de la récompense de voir que l'effort qu'on a engagé porte ses fruits.»
Il se dit bien d'autres choses au cours de cet entretien improvisé, qui nous fit découvrir une nouvelle facette du diamant impérial. Nous terminerons ce modeste compte rendu en détachant simplement de la gemme ce pur éclat, en guise de conclusion:
«Si c'est parce que j'ai du plaisir: j'apprends (…) Il y a une dimension, quand même. Faut comprendre ça… C'est la vie

source photo

Fiction très librement inspirée d'un blog de Libé et d'une vidéo de lycéeepourtous, sur YouTube, avec la contribution involontaire de M. Sarkozy

PS. Je vous recommande la lecture du billet d'Elmone, et du témoignage de Mathieu sur le bénévolat humanitaire, ainsi que les billets du beau voyage irlandais d'Hermes… Enfin, le manifeste du Parti Socialiste Européen est à découvrir en vidéo chez Dedalus et Rimbus

samedi 25 avril 2009

Que les désobéissants lèvent le doigt !

Il paraît que France 2 prépare un documentaire qui se présentera comme un «jeu» de télé-réalité d'un nouveau genre. Ce sera basé sur une expérience de psychologie des années 60, conduite par Stanley Milgram, et qui fit grand bruit à l'époque.
Dans le documentaire comme dans l'expérience scientifique, le candidat principal posera des questions à un autre candidat que l'on pourrait appeler «l'élève*», en simplifiant. Chaque fois que ce dernier se trompera, le candidat devra lui infliger une décharge électrique —avec la bonne conscience que donne le respect de la règle du jeu et la bénédiction de l'autorité télévisuelle. Au départ relativement faible, l'intensité de la punition reçue par l'élève augmentera avec le nombre des erreurs… Bon, on nous annonce déjà que l'élève ne sentira rien en réalité, parce qu'il s'agira d'un comédien, tandis que le candidat sera, lui, volontaire pour participer à un jeu télé en toute innocence. Un quelconque pékin comme vous et moi. Enfin, c'est une façon de parler: vous, je ne sais pas, mais moi, je ne me vois pas participer à une émission de télé-réalité, ce qui n'a aucune importance.
L'important résidera plutôt dans le nombre de candidats qui se soumettront à la loi pour torturer leurs semblables. Parce que cela revient à ça: il est interdit de se tromper, sous peine de sanction. Je dois vous punir, alors je punis, et tant pis si vous souffrez. Jusqu'où iront-ils avant de se rappeler qu'ils sont des êtres humains civilisés et qu'il est des cas où l'honneur impose de désobéir?

L'article 5 de la Déclaration universelle des droits de l'homme dit ceci:
«Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.»

En 1960, Stanley Milgram avait fait l'effrayant constat que 62,5% des sujets de son expérience étaient capables de pousser l'intensité des chocs électriques au maximum, gravissant avec plus ou moins de bonne volonté tous les degrés de la cruauté.
62,5% de lâches potentiellement malfaisants, à vue de nez, cela fait une proportion crédible. Cela fait 4,190 milliards d'individus sur terre. Et l'on se prend à rêver d'une arithmétique anarchiste: sans eux, il resterait 2,514 milliards de citoyens du monde indociles, mais respectueux d'autrui, à priori. La plupart des affamés de pouvoir aurait disparu. La surpopulation, ses nuisances, la crise du logement, tout ça…, deviendraient de l'histoire ancienne. Il y a juste un hic: c'est qu'il faudrait sans doute appartenir aux 62,5% pour nettoyer le monde…

*c'était le cas dans l'expérience de Stanley Milgram
source image

Merci à Monsieur Poireau qui m'a offert ce sujet de billet!

PS. j'ai lu avec grand intérêt: la «103e semaine de Sarkofrance», et «Le sécuritaire en sécurité»

vendredi 24 avril 2009

Ceci n'est pas un billet

Ces jours-ci, des fils de pub ont censuré, comme on sait, des affiches de l'exposition Jacques Tati et du film Coco avant Chanel —du moins dans le métro. Vraisemblablement par crainte de poursuites émanant d'intégristes du vivre sain et penser sain pour vivre vieux, au nom de la loi Evin interdisant la publicité du tabac et de l'alcool. M. Evin lui-même, qui est loin d'être stupide, se retourne dans sa retraite de Loire-Atlantique et juge ce zèle «ridicule». De fait, on a ainsi grimpé un pic de plus de la chaîne du conformisme castrateur. Le Monde nous rappelle qu'il y avait eu déjà les précédents de La Poste, dénaturant une photo d'André Malraux par Gisèle Freund, sur un timbre, et de la Bibliothèque nationale ôtant un mégot des doigts de Jean-Paul Sartre sur une affiche.

Je ne me suis plus intéressé aux livres pour la jeunesse depuis un certain temps… J'imagine qu'il doit être devenu difficile d'y camper un personnage de fumeur, et plus impensable encore de le représenter en illustration —mais je peux me tromper, on trouve toujours des créateurs indociles et des éditeurs anticonformistes.
Pourtant, du train insidieux où l'intolérance gagne la société, la volonté d'édulcorer toute image, tout vocabulaire témoignant plus ou moins du mal de vivre —ou d'une autre façon d'aimer la vie—, imposera sa lecture des lois un jour prochain.
Les écrivains, à commencer par les auteurs de polars, n'oseront plus faire griller une sèche ou verser autre chose qu'un jus d'orange dans leurs pages. Le cinéma sera salubre, violent peut-être, mais en tout cas expurgé d'agents contraires à une vie durable.

Photo: Blaise Cendrars, poète, écrivain (1887-1961)
in: «La banlieue de Paris» avec des photographies de Robert Doisneau

jeudi 23 avril 2009

Graines de revolution ?

Au moment d'écrire ce billet, la manifestation des salariés de Continental à Hanovre s'achève peut-être, je n'ai pas d'information là-dessus… Ce sont ces salariés, victimes d'une violence patronale qui les laissera peut-être sur la paille, qui ont saccagé Mardi dernier le hall d'accueil de leur usine et la sous-préfecture de Compiègne, cédant à leur tour à la violence —symbolique, celle-ci, puisqu'aucun des maîtres de l'entreprise, ou représentant du gouvernement, n'aura à souffrir de ses conséquences.
Ces événements sont de la même nature que les séquestrations de dirigeants d'entreprises procédant à des licenciements, parfois accompagnés de délocalisations. On peut aussi les rapprocher des coupures d'électricité ou de gaz, et des actions surprise de certains agents d'ERDF et GDF, dont on avait depuis longtemps perdu l'habitude. Dans ce dernier cas, le ministre Brice Hortefeux encourage les victimes de coupures à porter plainte, sans doute persuadé que la justice du pays saura choisir le bon côté du manche dont on fait les matraques contre les révoltés…

Certains en haut lieu, craignent paraît-il, que ces insoumissions ne débouchent sur une explosion sociale majeure. Ainsi, hier, à la radio, un spécialiste des choses de la vie en société s'exprimait sur la révolution. J'ai oublié le nom du bonhomme et celui de sa spécialité… C'était un de ces types que l'on peut entendre ou lire chaque jour, disséquant tel ou tel aspect de la crise sans une once de compassion pour la douleur de ceux qui la subissent. Ce n'est pas leur rôle, vous me direz: si les médecins devaient sangloter sur leurs patients à chaque diagnostic de cancer qu'ils posent, on n'aurait pas forcément davantage confiance en eux pour autant. Sans doute, mais il arrive que les médecins nous soignent, alors que tous ces praticiens des conflits sociaux et de la crise font plus ou moins partie de ceux qui nous ont plongés dedans. Ils vivent du système, confortablement, et ne s'inquiètent que de le voir rétabli au plus vite, avec aussi peu de remises en question que possible.

Donc, ce monsieur était invité à l'antenne pour commenter la menace de révolution brandie par M. de Villepin. Il réfuta cette hypothèse —à la fois surprenante, venant d'un homme politique éminent, et cependant envisageable dans le contexte actuel d'exaspération galopante. L'existence d'une situation révolutionnaire supposerait qu'une ou plusieurs composantes organisées de la société souhaitent cette révolution, et la préparent dans un but précis. Ce pourrait être les syndicats, ou l'extrême gauche, mais cet homme remarquait avec justesse que ni les premiers ni la dernière n'œuvrent dans ce sens. On constate au contraire que les actions illégales ou violentes sont le fait d'une base débordant les syndicats quelquefois embarrassés à la soutenir…
Dans l'enchevêtrement de l'économie mondiale où nous a fourré le libéralisme, il faut reconnaître que l'on ne voit pas d'alternative au modèle capitaliste, capable du moins de le remplacer du jour au lendemain. Encourager les gens à plonger dans la violence serait irresponsable. Pourtant, ces choses-là ne se décident pas forcément. Qui dira ce qui peut sortir de la colère et du désespoir de millions de personnes privées de travail, précarisées par la destruction de notre protection sociale sous le règne de M. Sarkozy —face à l'opulence et au cynisme des privilégiés? Il faudrait demander aux historiens si les révolutions ne peuvent naître que d'une volonté planifiée, et jamais des contingences.
Image: Delacroix


PS. Nicolas Sarkozy, ce goujat mauvais joueur, n'a fait aucune déclaration officielle pour souhaiter l'anniversaire de Nicolas de la Comète, Chevalier du blog. Heureusement, d'autres ne l'ont pas oublié, l'honneur du pays est sauf.

mardi 21 avril 2009

800000 victimes sans parachute ni avocat?

Axel Miller, ancien patron de la banque franco-belge Dexia, laquelle perdit sous sa direction trois milliards et trois cent vingt-six millions d'euros en 2008, a touché 825 000 € d'indemnité de départ, à la suite de sa démission forcée. À cette indemnité s'ajoutaient les 636 500 € de salaire.
La banque ayant été sauvée de la faillite grâce aux milliards apportés par les états Belge et Français, on s'attendait à ce qu'il ne bénéficie d'aucun parachute doré, conformément aux engagements de Nicolas Sarkozy. Eh bien, non ! Ce sont 825 000 € qu'aura empoché ce pacifique manifestant du patronat européen, s'opposant sans cagoule à la moralisation de la finance.

À côté de ça, 800 000 emplois seront perdus en France d'ici 2010, et cela fera donc 800 000 chômeurs de plus. Ce sont les prévisions de l'OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques…

Cependant, il existe tout de même aussi des améliorations prévisibles dans un proche avenir. Ainsi, Nicolas Sarkozy vient de demander «que la victime soit traitée dans la même condition que le délinquant». Le président s'est montré particulièrement ému qu'un malfaiteur ait droit à un avocat dès la première minute de la procédure… Et la victime, alors? Il semble donc probable que, désormais, toute victime d'agression bénéficiera de l'assistance d'un avocat à la morgue.






lundi 20 avril 2009

Lefebvre aboie, Lang remue la queue

En écoutant en milieu de journée sur France-Inter le brouhaha d'un débat entre Frédéric Lefebvre et Laurent Joffrin, à propos des paroles maladroites du président, la semaine dernière, j'ai soupiré intérieurement. L'actualité chaude du jour restait sur ce sujet, alors que j'en ai un peu marre de bégayer ma critique de MM Lefevre et Sarkozy. Pourtant, c'est parti pour durer un moment. La droite s'indigne du fait que la presse d'opposition s'oppose et que, côté politique, Mme Royal attaque le chef de l'état avec constance…

Ségolène Royal est une écharde dans le pied du pouvoir, un petit machin de rien qui fait mal quand on n'y pense pas et vous fait boiter par surprise. Il n'est pas étonnant que l'on s'efforce de sonner la curée contre sa personne. Tête de meute, Frédéric Lefebvre est allé chercher avec les dents le bout de charogne d'une condamnation en justice, sans rapport avec l'affaire, pour exciter ses congénères. Il a reçu le renfort inattendu d'un vieux cabot galeux, Jack Lang, qui n'en est plus à une bassesse ni une trahison près. «Excusez-la, pardonnez-lui», a-t-il déclaré, parlant de Mme Royal

La virulence verbale de M. Lefebvre fait partie de ses fonctions de porte-parole de l'UMP —on peut le combattre sans le taxer d'infamie, puisqu'il est dans son rôle, comme Mme Royal est dans le sien. En revanche, Jack Lang a sorti une fois de trop la dague du traître de tragédie. On espère que le PS ne lui trouvera, cette fois, aucune excuse.

Le vrai débat du jour aurait plutôt été ailleurs, dans les pantalonnades de M. Ahmadinejad, qui a dénaturé la conférence de l'ONU sur le racisme avec sa sortie prévisible contre Israël. De ce fait, les dés sont pipés au départ, et cela m'ôte toute envie d'en parler. D'ailleurs, les pays européens, le nôtre avec, ont quitté la salle de conférence. Pour une fois, j'imiterai les hommes du président.

samedi 18 avril 2009

N. Sarkozy piteux, S. Royal toujours offensive…

Nicolas Sarkozy n'est pas de Gaulle, on l'avait remarqué. Quand ce dernier snobait les Américains ou choquait les canadiens anglophones avec son «Québec libre!», l'offense partait de haut, et n'était pas une incontinence du langage. Calculée, elle servait un dessein. Je n'appréciais pas de Gaulle, mais je lui reconnais l'envergure d'un grand homme politique. Rien de tel avec N. Sarkozy, qui vient, par fatuité et maladresse, de remettre à la mode sur la scène internationale, les accusations d'arrogance si souvent faites à notre pays. Nous nous savions affligés d'un président sans maîtrise de soi, mais cela ne sortait guère du cadre national. Il en va désormais autrement, à la suite de ses propos maladroits sur MM Obama, Zapatero et Mme Merkel…
Ségolène Royal, narguant la meute UMP, n'a pas craint d'adresser ses excuses au premier ministre espagnol, M. Zapatero, pour des paroles qui «n'engageaient ni la France, ni les Français». Elle va mettre à nouveau la droite en rage, n'ayant fait que son boulot d'opposante avec une belle audace toujours à saluer.
Cette nouvelle initiative de Mme Royal n'a rien d'une étourderie, elle est au service d'un combat politique honorable, et contribuera dans une certaine mesure à atténuer les dommages de la bourde présidentielle. C'est en tout cas un acte rationnel montrant qu'une partie des Français s'est peut-être trompée de chef d'état.

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PS. Il y a un an, à Claviers, la fête de l'olivier et des olives offrait au Maire nouveau du village, l'occasion de s'afficher publiquement dans ses fonctions. Un calme résigné règne à présent au village, même si les dissensions sont encore à l'œuvre, plus feutrées… Cela n'a pas empêché le Groupement des Oléiculteurs Clavésiens d'œuvrer à la préparation de la principale manifestation festive de la commune, en dehors de la fête patronale. Ainsi, demain à 10 h débutera Clavolive 2009. Amis varois, pour peu que les orages passent leur chemin, n'hésitez pas à prendre celui de Claviers!

D'autre part, le concours BD des éditions Filaplomb approche de son terme, mais il est encore possible de tenter votre chance!

vendredi 17 avril 2009

Nomination du directeur de l'Hôpital Nicolas 1er

François Mâchefer, le nouveau Directeur de l'Hôpital Nicolas 1er (anciennement dénommé Hospice Joseph Esculape), a pris hier ses fonctions, à l'issue d'une brève allocution au personnel. M. Mâchefer, qui présidait auparavant aux destinées d'une entreprise de récupération de métaux, n'est pas homme à perdre son temps ni celui des autres en vains discours. Ainsi, après avoir salué l'assistance, il présenta directement la petite équipe qui l'accompagnait de jeunes conducteurs de travaux, et annonça la nomination immédiate de ces derniers à la tête des services médicaux de l'établissement. Ce sont dorénavant ces jeunes gens pleins d'énergie et de dynamisme qui effectueront les visites du matin dans les chambres, en compagnie des infirmières, afin de sélectionner les patients dont l'état justifierait la consultation du praticien spécialisé. On voit d'emblée que cette réforme d'importance soulagera les médecins d'un fardeau superflu, leur permettant de passer davantage de temps au bloc opératoire, où se trouve leur vraie place. L'utilisation des blocs, et les méthodes d'interventions chirurgicales seront également réorganisées, nous a annoncé M. Mâchefer sans entrer dans les détails. D'après ce que nous avons pu apprendre de ses collaborateurs, il s'agira d'effectuer de préférence les gestes chirurgicaux durant la nuit, afin de bénéficier du tarif d'électricité en heures creuses. Une chaîne de production opératoire sera installée, équipée d'un tapis roulant, pour accélérer l'entrée et la sortie des patients, lesquels retourneront dans le service d'origine par civière pneumatique, dès que le réseau de tuyauteries nécessaire sera installé. On le comprend, ces dispositions permettront de copieuses économies de personnel et de frais généraux. Plusieurs autres projets de modernisation de l'établissement sont dans les dossiers de M. Mâchefer, n'en doutons pas, puisqu'il a remporté brillamment l'appel d'offre lancé par le gouvernement du Bien-Aimé Nicolas 1er pour la gestion de son hôpital. Et ne doutons pas non plus qu'il tiendra parole, lorsqu'il a annoncé, en conclusion de son petit speech, qu'il se faisait fort de rendre en trois ans l'Hôpital Nicolas 1er contributeur de la cassette impériale, grâce à un substantiel bénéfice.

PS. 25 professeurs des hôpitaux publics ont signé un texte contre le projet de réforme hospitalière de Mme Bachelot, que nous pouvons soutenir en apportant notre signature ici.

jeudi 16 avril 2009

F. Lefbvre trahi par l'ennemi!

Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP le plus doué de sa génération, de l'avis de tous les connaisseurs en portage de verbe officiel, Frédéric Lefebvre est revenu aujourd'hui sur le rejet de la loi Hadopi. L'étude approfondie de la cuisante défaite éprouvée à cette occasion par la majorité, l'amène à tirer la conclusion que l'absentéisme parlementaire n'a joué aucun rôle dans la bataille. La vérité, c'est qu'il «s'agit d'un mauvais coup préparé par les socialistes».
Comme à l'époque de la guerre en dentelles, c'est en effet la trahison de l'ennemi qu'il faut incriminer. Le champ de bataille était calme, le rapport des forces favorable —une poignée d'élus UMP contre une pincée d'opposants—, quand ces derniers reçurent soudain des renforts «entrés par surprise dans l'hémicycle»… On imagine la brève et violente attaque de commandos socialistes égorgeant les huissiers placés aux portes en sentinelles, sans que ces malheureux puisse jeter un cri! La suite est une tragédie française bien connue depuis Camerone: le nombre eut raison de la valeur de la petite troupe sarkoziste.
M. Lefebvre, lui même parlementaire, se déclare défavorable à l'adoption de futures sanctions financières contre les députés ponctuellement déserteurs. On dit pourtant que le gouvernement et l'Élysée y seraient assez enclins…
Alors, quelle solution retenir pour stimuler l'ardeur combattante du député moyen et, surtout, rendre impossible la répétition d'un tel drame à l'avenir?
Puisque le règlement de l'Assemblée est en cours de révision, deux dispositions pourraient être adoptées dans ce but: la première consisterait à interdire toute technique de combat non homologuée. L'opposition aurait ainsi l'obligation de ne jamais paraître dans l'hémicycle autrement qu'en état d'infériorité de nombre.
La seconde: la participation au vote de certains textes d'importance devrait être assortie d'une prime de présence conséquente, en aucun cas inférieure à 1000€ —sauf pour les députés de l'opposition, dont l'absence ou la présence, lors d'un scrutin «à la loyale», n'a d'autre intérêt qu'anecdotique.
Enfin, pour que le souvenir de la bataille héroïque d'Hadopi serve de leçon à tous les parlementaires des majorités à venir, une plaque de marbre devrait être apposée au mur, comme à Camerone:

Ils furent ici à peine 15
Opposés à 25 coalisés.
La masse les écrasa.
Hadopi plutôt que le courage
Abandonna ces députés UMP
À l'Assemblée le 9 Avril 2009.

PS. un billet à lire chez Ruminances sur la foire d'empoigne au gouvernement, avant le remaniement, et ici, les préparatifs d'une manifestation contre Hadopi le 25 Avril…

mercredi 15 avril 2009

Vernissage de l'expo «Planche à maux»

mardi 14 avril 2009

La reprise, vous la voyez comment?


Ce matin, dans «l'édito éco» de France-inter, Dominique Seux nous parlait de ces ondes de reprise économique captées par certains médiums —j'ai ainsi, par exemple, déjà évoqué il y a quelque temps la vision d'embellie d'un J-C Trichet.
Dominique Seux a donc trouvé des raisons d'espérer, mais il n'ose se prononcer sur l'allure que prendra la reprise: un V, un U… un W, selon le type de tracé qu'elle adoptera schématiquement. Je ne connais rien à l'économie, ce qui ne me dissuade nullement d'en parler avec le sérieux d'un habitué du café La Comète. Me transportant par l'imagination à son comptoir pour causer, il me prend l'envie de relever que ces espérances font bon marché de ce qu'était la situation réelle du monde à la veille de la crise.
L'implosion a eu lieu dans la finance, mais il ne faudrait pas oublier que tous les pays subissaient déjà auparavant les prémices d'une autre crise, celle des matières premières. Le pétrole flambait, comme les métaux, les céréales… Parce que la Chine, l'Inde, le Brésil, d'autres économies encore, prenaient leur essor et que le caractère limité des ressources de la planète devenait évident. Les bouleversements du changement climatique, de prévisibles, se faisaient mesurables et sources de nouvelles contraintes, de nouvelles pénuries: eau, énergie.
Alors, une certaine reprise des affaires viendra sans doute à son heure, mais il est probable que ces obstacles reparaîtront rapidement avec elle. On découvrira peut-être qu'il s'agit d'une reprise en O, redémarrage en feu de paille suivi d'un plongeon immédiat, puis d'un éternel recommencement sur le même mode. Ou bien une reprise en Z, avec une activité mollassonne qui cèderait soudain et nous ferait régresser davantage encore que sous le règne actuel de Nicolas Sarkozy.
Inspiré par M. Seux, j'ai tenté moi-même d'expérimenter un indicateur de tendance économique à ma portée. Pour ce faire, j'ai compté les véhicules de livraisons rencontrés sur ma route, en revenant des courses à la ville. J'en ai repéré trois, dont deux ambulances. Comment interpréter ce résultat?


lundi 13 avril 2009

Nicolas 1er : l'affront de la loi Hophihi

Le bon peuple franchois n'en revient pas, l'indignation est à son comble, après le camouflet infligé l'autre semaine à notre Bien-aimé empereur. Le récit de cet odieux épisode est encore sur toutes les bouches, plusieurs jours après. On se souvient que jeudi dernier une loi importante devait être adoptée à l'Assemblée nationale, ce pitoyable résidu de la défunte république, qu'il plut à Nicolas 1er, dans son excessive bonté, de laisser subsister à son avènement. Cette loi, baptisée Hophihi par notre facétieux souverain en personne, est destinée, rappelons-le, à lutter contre la fraude à la taxe sur la culture que constitue le téléchargement de musique immatérielle sur internet. À cause de cette pratique, les industriels de la galette en plastique, les producteurs de musique et de films, ne gagnent rien (les artistes non plus, mais est-il vraiment souhaitable qu'un artiste mange?), et beaucoup plus grave encore: le Trésor est volé de sa taxe! C'est une véritable hémorragie qui affaiblit la cassette impériale. Disons le tout net, cette fraude est bien pire sur le plan moral que l'évasion des souliers de luxe à l'étranger pour échapper à l'impôt sur la chaussure, car il s'agit d'un acte gratuit. Aucun argent n'est échangé, le fraudeur ne paie rien à personne… Nous sommes dans le domaine de la dépravation absolue, presque de l'impie.
Donc, la loi Hophihi devait être adoptée la semaine passée, et permettre rapidement l'implantation d'une police virtuelle dans tous les ordinateurs franchois. C'était malheureusement compter sans la duplicité des députés de l'opposition officielle, représentant les chomvilles de là-bas et d'ici… C'était aussi pécher par excès de confiance dans le sens du devoir des membres de la majorité impériale… En effet ce jour là, il ne se trouva qu'un seul député fidèle à Nicolas 1er dans l'hémicycle! Cet homme, ce vaillant, ne vit tout d'abord pas malice à l'affaire et s'ouvrit la séance à lui-même de confiance… Comme il allait passer au scrutin, surgirent soudain de derrière un rideau où ils se tenaient cachés les deux malandrins de l'opposition, qui votèrent le rejet d'Hophihi. Une voix pour, deux voix contre…
Le Bien-aimé, m'a-t-on dit, est entré dans une violente colère lorsqu'il reçut la nouvelle de cet affront. Il fit envoyer une convocation aux 541 députés absents à la séance et manda sur le champ le bourreau pour les faire décapiter tous dans la cour du palais. Le Bon Saint Henri réussit toutefois, mais à grand peine, à le faire revenir sur cette décision. Il fit observer à l'empereur qu'il serait plus rapide et efficace de revoter la loi que de sélectionner et faire élire 541 députés.
«La belle affaire! Je muterai un bataillon de ma garde à l'assemblée, hop!
— Sire, il n'y a pas que cet inconvénient, objecta le Bon Saint Henri. Songez qu'à raison de 6 litres de sang en moyenne par homme, cela fera 3246 litres répandus dans la cour… C'est sale et cela dégagera une forte odeur de fer rouillé…
— C'est vrai, lui dit Nicolas, qu'on revote cette foutue loi!»


PS. à lire chez Farid et Nicolas, un appel à signer une pétition pour la défense des consommateurs (via la DGCCRF)
Varois, n'oubliez pas: Jeudi 16 Avril, à 18h30, vernissage de l'exposition «Planche à maux», à la Librairie Papiers Collés, de Draguignan!

dimanche 12 avril 2009

Une semaine à cloche-pied

L'actualité française de la semaine écoulée a été surprenante, avec même quelque chose d'irréel, certains jours. Cela commença avec la révélation de l'importance insoupçonnée du chiffre 6 dans notre vie publique. Ainsi, lundi 6 Avril, il apparut que 6% de nos concitoyens restaient attachés à la grandeur de la France, sensibilité à laquelle on peut attribuer les 6 points de popularité soudainement gagnés par Nicolas Sarkozy, passé de 42% au mois de Mars, à 48 % en Avril. Même si l'on ne partage pas cet enthousiasme, il faut cependant saluer la double performance, physique et d'amour propre, d'un président qui, du G20 au sommet de l'Otan, sera resté stoïquement dressé sur la pointe des pieds, rehaussant de 6 cm le prestige de notre pays auprès d'un Barak Obama, certes toujours trop grand, mais apparu quelque peu dégingandé (toutefois dans la grandeur le style compte aussi )

D'une toute autre nature, mais également surprenante, fut la tempête de protestations haineuses de la droite, après le discours de Dakar de Ségolène Royal. Une fois de plus, on doit à celle-ci d'avoir démontré que l'opposition n'a pas à hésiter de contrer avec clarté et fermeté le chef de tribu campant à l'Élysée. Le soutien pondéré qu'elle avait auparavant apporté aux séquestrations d'employeurs avait déjà incité les leaders socialistes à s'engager plus franchement sur le terrain de la contestation du pouvoir. En quelques jours, Mme Royal aura ainsi réussi à stimuler la combativité du premier parti d'opposition, ce dont on peut la remercier.
Le débat qui suivit et qui dure encore à propos des actes de séquestration, indiscutablement condamnables —appréciées à la lettre de la loi—, m'a remis en mémoire des événements autrement tragiques dans l'histoire des luttes ouvrières.
Dans le bassin houiller du nord-Aveyron, où je suis né, on se transmettait entre générations le souvenir des grèves impitoyables du XIXe siècle. Particulièrement celle de 1886, fort longue. Or, à Decazeville, le 26 Janvier de cette année là, M. Watrin, directeur des houillères, se retrouva assiégé dans un bâtiment, lequel fut littéralement pris d'assaut par les mineurs et leurs épouses en colère. On le défenestra, il en mourut.
La répression qui s'ensuivit, menée par 2000 hommes de troupe, dont les dragons de Carcassonne, déchaîna les passions à travers la France. La presse réactionnaire aussi bien que républicaine aboyait sur «un petit nombre de meneurs […] qui ne poursuivent qu'un but: exciter les ouvriers contre le patronat et le capital…», cependant que des mouvements et manifestations de sympathie naissaient un peu partout.
Comme on l'imagine, l'affaire Watrin s'acheva en arrestations, jugements, et condamnations, tandis que la grève se poursuivait sporadiquement. Le 2 mai 1886, à Paris, 100 000 manifestants défilaient pour soutenir les grévistes de Decazeville. Au mois de Juin, enfin, la compagnie des mines accordait une hausse des salaires (la benne de charbon payée 2 francs au lieu de 1,90), qui donnait le signal de la reprise du travail…
On le voit, depuis ces temps de violence, la nature des conflits a bien changé, et l'on ne peut guère comparer l'affaire Watrin aux contraintes symboliques qu'il arrive encore aux travailleurs désespérés d'imposer à leurs employeurs. Il faut se féliciter de cette évolution et souhaiter que le patronat, qui pour sa part est resté sur ses traditions d'inflexibilité à priori, s'humanise aussi. Et pour conjurer la violence, Nicolas Sarkozy ferait mieux de s'abstenir de chausser, même symboliquement, des bottes de dragon…

Jeudi, retour en force du merveilleux et des chiffres magiques dans la vie politique. 300 députés de l'UMP avaient fait le mur du palais Bourbon, sans se concerter. Chacun devait imaginer que son absence passerait inaperçue au milieu de tous les autres, bien présents pour rendre la copie d'Hadopi… Ils avaient un casse-croûte en ville, un téléchargement de DVD à faire, une maîtresse à honorer, un train à prendre pour rentrer plus vite à la maison: on ne sait, faute de publicité faite aux 300 mots d'excuses… Manque de bol, en réalité 15 bons élèves UMP seulement occupaient les bancs de l'assemblée, contre 21 de l'opposition… Hadopi fut donc rejetée, comme on sait, à la surprise générale. Cet amusant épisode de la vie parlementaire pose tout de même une question embarrassante: quelle idée les 541 députés absents de l'hémicycle se font-ils de leur fonction? S'agissant du vote d'une loi liberticide, leur désinvolture vis à vis du peuple qui finira peut-être par la subir est choquante. Peut-être faudra-t-il un jour séquestrer les députés à l'Assemblée nationale pour obtenir qu'ils nous respectent?
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vendredi 10 avril 2009

La recession prochainement vaincue?


Archibald Cassidy est consultant extralucide en prospective économique. Il exerce ses talents, je crois, en Californie. Pour 500$ la consultation d'une heure, il vous tirera le tarot de Doha avec analyse approfondie et conseils d'investissements. 300$ et une entrevue de trente minutes vous donneront droit à une lecture interprétative du marc de café. Plus onéreux, sur commande, Archibald peut aussi dresser le thème astral de votre entreprise et vous établir, sur douze mois, le planing des jours favorables à la signature de contrats, ou à la délocalisation de vos activités, parce que les ondes positives seront plus intenses.
Je vous parle d'Archibal Cassidy, voyant d'affaires internationalement réputé, du moins auprès des grands décideurs qui le consultent régulièrement en secret, car je me demande s'il n'a pas pris une part active à un rapport qui vient d'être publié aux USA.
Que dit ce rapport?
Les États-Unis sortiront de la récession à la troisième pleine lune du second semestre 2009, en dépit de la poursuite de l'augmentation du chômage.
Par quel miracle cela surviendra-t-il aussi vite?
Grâce à la reprise de l'immobilier et de la consommation.
Outre l'entrée en chaleur de Vénus dans la maison de Saturne, dont on convient aisément qu'elle devrait favoriser la pierre, le rapport tire également ses conclusions d'un sondage.
Effectué auprès d'un échantillon représentatif d'économistes free-lance, en nombre suffisant et non point excessif, celui-ci démontre qu'à 86% les sondés croient la fin de la récession prochaine. Les questions posées étaient les suivantes:
Êtes-vous propriétaire de votre logement?
Pensez-vous que ce bien immobilier vaille encore quelque chose?

Comptez-vous le revendre à la première occasion en encaissant une plus-value?

Les chômeurs vous empêchent-ils de dormir?

Croyez-vous que les chômeurs ont plus d'argent qu'ils ne le prétendent?

Sera-t-il possible de les inciter à consommer?
Nous ne disposons malheureusement pas du détail des réponses et de leur ventilation par tendances économique: libéraux, reagano-thatcheriens, alcooliques, dirigistes, gaëliens, keynesiens, etc. On voit cependant que la crise va bientôt accoucher d'un avenir rose. Bien sûr, côté chômage, il semble se présenter plutôt par le siège, mais l'essentiel est que l'avenir existe, n'est-ce pas?
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PS. À lire sur le même sujet, en plus sérieux…

jeudi 9 avril 2009

Les alliens aiment les subprimes


En regardant chez Blogiboulga une magnifique image de la constellation d'Orion, prouesse technico-scientifique, j'ai regretté une fois de plus de vivre aujourd'hui plutôt que dans… longtemps. Le jour où il sera peut-être possible à l'homme de sauter à la corde cosmique pour aller admirer ces splendeurs de plus près. Ce serait si bon aujourd'hui d'aller s'installer dans un hamac sidéral, entre Bételgeuse et Bellatrix, et de contempler l'espace sans penser à rien, d'une patience astrale, en attendant que les choses aillent mieux ici-bas.
Parce que sur terre, amis de la crise, nous ne sommes pas sortis de l'auberge…
Nos scientifiques divers construisent et pilotent des télescopes capables de tirer le portrait d'un système binaire à plusieurs centaines d'années lumières, mais il n'y a pas d'outil ni de spécialiste foutu d'évaluer le montant exact des actifs pourris qui croupissent dans les banques sous notre nez. On nous annonce l'embellie pour l'an prochain ou le suivant, en faisant mine d'ignorer que les subprimes, ces alliens, sont toujours parmi nous.
Vous vous souvenez des subprimes par lesquelles tout à commencé? Ces dettes immobilières douteuses des américains, malaxées ensemble, et reconditionnées en produits alléchants pour banquiers et hedges funds gourmands…
Tout est parti de là donc, de ces espèces de crédits hypothécaires dont Nicolas Sarkozy rêvait d'importer le principe en France, et qu'il n'hésitera pas à nous fourguer dès que la situation économique le permettra. Eh bien, les subprimes ne se sont pas évaporées par miracle pendant le G20, elles existent encore. Elles existent, si l'on peut dire, s'agissant de dettes chiffrables, mais qui ne correspondent à aucun argent récupérable.
Les autorités diverses, surtout américaines, s'arrachent les cheveux en désespérant de faire avouer aux banquiers le montant véritable des dettes pourries entassées dans leurs chambres fortes. Mais les banquiers se taisent toujours sur leurs pertes. Certains peut-être par prudence, pour ne pas révéler à quel point leur établissement est proche du naufrage, et d'autres par calcul…
En effet, il semble que le seul moyen de sortir du bourbier en respectant la logique du capitalisme financier, soit de revendre encore une fois ces dettes, pour en tirer enfin du bon argent. Les particuliers, américains au premier chef, mais sans doute très vite des clients du monde entier par l'intermédiaire des produits bancaires internationaux, pourront acheter de la dette avec l'aide et les encouragements du gouvernement US. Quand un pékin sortira 1$ pour cela, l'état américain paiera lui-même 1$, et surtout, le pékin aura le droit d'emprunter jusqu'à six fois sa mise pour acheter davantage d'actifs pourris… Dans l'idéal, les milliards de subprimes retourneront dans le marché, ni vu ni connu. Par la suite, la prospérité revenant, une partie des nouveaux créanciers (et emprunteurs!) récupèreront le montant de leurs créances-subprimes…
C'est évidement encore plus compliqué que ça, j'avoue que ce mécanisme dépasse mes petits moyens intellectuels. La seule chose qu'il me semble comprendre c'est que pour sortir d'une crise engendrée par la titrisation de créances aléatoires, on va titriser la titrisation et vendre le tout à crédit à des acheteurs espérés plus solvables.
J'ai entendu parler d'une jolie planète tellurique dans la constellation de l'Autel, sans banque, sans crise pour le moment, je louerais bien une fusée à crédit…
source image

PS. Sur le rejet de la loi Hadopi par le parlement, voir aussi, entre autres (mais il y aurait trop de billets à citer!) Ruminances, et Dedalus

mercredi 8 avril 2009

Billetin pour un mini-sondage

Dans l'un de ces petits sondages absurdes dont abuse la presse en ligne, Le Figaro posait hier à ses lecteurs la question suivante:
«Êtes-vous choqué que Ségolène Royal mette en cause la légitimité du président de la République à l'étranger?»
Les sondages de ce genre, même ceux menés par les instituts parés d'une réputation de sérieux, sont toujours biaisés, les questions étant formulées de manière à favoriser insidieusement les réponses espérées par le client ayant commandé de l'enquête.
Avec l'interrogation opportuniste du Figaro, qui ne prétend nullement, je suppose, refléter la réalité de l'opinion publique, mais vise plutôt à fournir une image conforme à l'attente de son lectorat, on voit immédiatement que les dés sont pipés. La question prête péremptoirement à Ségolène Royal l'intention de contester la légitimité du président de la république. Qui veut répondre ne peut partir que de ce présupposé, être acquis à l'idée de trahison que lui souffle le questionneur avec la précision finale: à l'étranger.
Pour résister à la manipulation, il faut accepter l'idée de contester soi-même la légitimité de Nicolas Sarkozy, et trouver qu'il n'y a rien de mal à médire de la famille hors de chez soi… Cela ne coule pas de source pour un lecteur bourgeois, conservateur, esclave de la bienséance.
Ou alors être tout simplement de gauche et avoir envie de contrecarrer ce genre de tromperie, en votant non, sans se préoccuper du contenu implicite de la réponse. C'est ce que j'ai fait, curieux de la tendance des opinions exprimées. À ce moment, 79,58% des 14917 votants se déclaraient choqués.
S'ils avaient pris la peine de lire le discours de Ségolène Royal, je suppose que les moins obtus d'entre eux auraient convenu qu'en aucune façon les paroles prononcées à Dakar ne contestaient la légitimité de Nicolas Sarkozy.
De plus, un peu de bon sens suffit pour comprendre que le système Français de représentation du peuple à tous les niveaux de la vie publique, implique de la part des élus le respect des règles du jeu politique. Aucun n'a réellement envie de les remettre en question, ce qui ouvrirait une brèche à la démocratie: on pourrait voir le peuple, regrettant ses choix, exiger d'être consulté directement.
Par contre, le peuple des mécontents, qui subit les effets de la partie politique engagée, a moins de raisons de patienter jusqu'aux échéances légales pour exprimer son rejet du président, arbitre partial.
Lorsqu'on voit Nicolas Sarkozy incapable de se déplacer dans le pays sans que les rues soient au préalable vidées de manifestants, et user de tous les ressorts habituellement attribués au despotisme pour se faire respecter, on peut commencer à douter de sa légitimité sans avoir besoin de l'avis du personnel politique.

mardi 7 avril 2009

Quand Ségolène Royal agace la maison Sarkozy

Ségolène Royal a prononcé à Dakar un beau discours qui a non seulement apaisé en partie l'amertume laissée par celui, calamiteux, que fit Nicolas Sarkozy au même endroit, en 2007, mais a aussi donné des pustules à la droite, ce qui fait toujours plaisir. Il mérite d'être lu, pour voir combien sont infondées et pitoyables les attaques qui visent l'ancienne candidate à la présidentielle. D'un Kouchner dépouillé de dignité, qui ose parler de démagogie, à l'inénarrable Frédéric Lefevre, estimant que Mme Royal «ridiculise» notre pays, les réactions sont vives. Elles sont à mettre au compte de l'irritation suscitée par les attaques frontales, trop rares dans l'opposition, que l'ex-candidate n'hésite pas à mener contre le régime sarkozien.
L'autocrate lui-même est revenu par la bande aujourd'hui, sur une autre pique lancée voici quelques jours par Ségolène Royal, à propos des séquestrations de patrons par des employés exaspérés, qu'elle avait, en substance, jugées illégales, mais compréhensibles —«Ceux qui sont fragilisés, piétinés et méprisés, ce sont les salariés…» Nicolas Sarkozy donc, a tenu à rappeler de quel côté du manche se trouvent ses amitiés : «Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'aller séquestrer des gens?»
Évidemment on ne s'attend guère à entendre un président en exercice proclamer: si que les gens sont en colère, faut bien que ça pète, y ont bien raison! Il aurait cependant été mieux inspiré de laisser s'exprimer seuls ses ministres, ou un Frédéric Lefevbre —tout auréolé du Prix Orwell 2009 qui vient de lui être décerné pour son incompétence…
On peut supposer cependant que l'envie démangeait M. Sarkozy de se servir de la polémique soulevée par son opposante, pour tenter de la déprécier dans l'opinion. Pas de chance, on retiendra surtout que nous avons un président qui n'hésitera pas à mouiller sa chemise pour défendre le chef d'entreprise orphelin contre l'ogre de la révolte, il faut que ça se sache…
Photo Désir d'Avenir

lundi 6 avril 2009

La république et son monarque

Dans Le Monde de Dimanche-Lundi, Sophie Wahnich, historienne, signait un article évoquant, à la lumière de la Révolution de 1789, les ferments de révolte dans la France actuelle. Cet extrême raccourci ne donne qu'une idée caricaturale de son analyse (à lire), mais il correspond à mes propres questionnements sur les temps que nous vivons.
Nous sommes sans doute nombreux à nous demander si, aujourd'hui, la dégradation des valeurs de la république, telles que résumées par la devise: Liberté, Égalité, Fraternité, ne va pas déboucher sur une explosion, la crise aidant.
Dégradation, puisque la malchance a voulu qu'à la veille du séisme économique s'installe au pouvoir un Nicolas Sarkozy résolu à faire une adaptation très personnelle des dites valeurs. Il fallait une belle dose d'inconséquence pour mener une politique favorisant les plus aisés, vite perçue comme un retour des privilèges. Et autant d'aveuglement pour camper au fil des mois une image de plus en plus choquante de chef d'état abusif. M Sarkozy a réussi l'exploit d'apparaître plus gravement atteint qu'aucun de ses prédécesseurs du syndrome du monarque républicain, en un temps où l'humeur des citoyens n'est plus à l'indulgence. Cette expression paradoxale, monarque républicain, a un mérite: on voit d'emblée que l'un des deux termes est illégitimement associé à l'autre. Par conséquent, qu'il y a quelque chose de pourri en démocratie… En des temps moins difficiles, sinon prospères, les Français étant ce qu'ils sont, se seraient peut-être accommodés pendant dix ans d'un agité se prenant pour le roi. Seulement, la crise, la grimpée du chômage, l'appauvrissement ressenti par la majorité des gens depuis trop longtemps, changent les choses…
Lorsque certains Français ont choisi M. Sarkozy, ils ne savaient pas qu'il allait s'attaquer à tout ce qui rendait notre pays moins injuste et brutal que beaucoup d'autres. Ils ne connaissaient pas son admiration bouffonne pour le rodéo social américain. À présent qu'ils déchantent, rien n'autorise le président à se prévaloir de leur confiance passée dans la poursuite obstinée de sa politique. Si un élu s'engage à servir le peuple, le peuple ne s'engage jamais à l'obéissance, elle lui est imposée. Une contrainte qui devient insupportable quand s'installe le sentiment que l'élu se sert du peuple.

Dessin: Honoré (merci à lui)


PS: à lire chez Mathieu: La dame perdue de l'avenue Gambetta, et L’OTAN sert-elle encore à quelque chose ?

dimanche 5 avril 2009

Expo: «Planche à maux»


Voici un billet destiné plus particulièrement aux lecteurs clavésiens, dracénois, et plus largement varois…



Philippe Hermelin, Conseiller municipal de l'opposition clavésienne, photographe inspiré, nous convie à l'exposition «Planches à maux».
Une superbe collection de ces graffiti de jeunesse, «de mots en maux, étalés sur les tables d'école», que vous pourrez découvrir à
la Librairie Papiers Collés, 21, boulevard Jean-Jaurès 83000 Draguignan, du 16 Avril au 31 Mai 2009 !

samedi 4 avril 2009

Val technicien de surface à France-Inter?

La nouvelle de la désignation de Val à la tête de France-inter, plus que probable en définitive, court ces jours-ci la blogosphère et étonne beaucoup de monde. À commencer sans doute par le principal intéressé, Val soi-même, qui se serait peut-être passé d'être découvert dans le lit de Nicolas Sarkozy avant l'heure…
Il faudrait être bien naïf pour s'en tenir à sa prétendue stupéfaction et croire qu'elle pourrait recouvrir autre chose que de l'agacement devant une information trop tôt ébruitée.
Au moment de l'affaire Siné, on a pu se demander ce que cherchait Philippe Val : combattre un prétendu antisémitisme, ou défendre M. Sarkozy fils —par gratitude supposée envers le soutien éminent apporté par le père dans le procès des caricatures de Mahomet. Ce devait être beaucoup plus compliqué que cela, mais à la fin, il en a résulté une situation où Philippe Val se retrouvait objectivement plus proche du camp de la famille régnante que des pourfendeurs de celle-ci. En tout cas, il y aura du moins gagné la naissance d'un courant de sympathie souterraine entre lui et le président. Assez vif pour que Nicolas Sarkozy puisse songer à l'élever dans un de ces coups d'échecs dont il a le secret.
Cette nomination n'est surprenante qu'à première vue. Philippe Val porte une étiquette de gauche, il n'est pas un homme de radio, considération qui avait dans le passé presque toujours guidé le choix des faiseurs de roi. Ce n'est pas sa chronique sur France-inter qui peut suffire à lui donner quelque légitimité à ce poste.
Oui, mais… M. Sarkozy sait —il nous l'a démontré—, semer le trouble dans le camp de la gauche par ses débauchages de personnalités peu regardantes sur la fidélité aux engagements. Propulser un ambitieux que le pouvoir doit faire saliver, directeur d'un journal satirique d'opposition de surcroît, est bien dans sa manière. Surtout si l'on considère que M. Val pourrait être chargé de la délicate mission de faire le ménage à l'antenne.
Qui, mieux que le directeur d'un canard réputé remuant et proche des jeunes, mais en réalité devenu «caricaturalement correct», ferait accepter un changement de ton vis à vis du pouvoir?
Qui, mieux qu'un moralisateur de gauche, le cul paré des plumes de la subversion libertaire, serait à même de virer un Didier Porte ou un Daniel Mermet?

vendredi 3 avril 2009

Du nouveau au G20

Dans le cadre de notre politique de soutien aux cultures en péril, nous avons confié à un jeune Yoghourt de Trans-Antarctique de nos amis, la transcription d'une partie de la conférence de presse du président Sarkozy, à l'issue du sommet de Londres…

« De ce G20 historiquement mémorable, un des principaux acquis, sur lequel nous nous sommes penchés une bonne partie de la nuit, je vous l'annonce avec fierté… C'est une décision sans précédent, tellement inédite que c'est du jamais vu! Avec Barac, Angela, Gordon, Ellisabeth… Non, pardon, excusez-moi, Ellisabeth était déjà partie se coucher quand on a décidé ça, avec Silvio, Hu, Dmitri, Cristina…, toute la bande quoi!
Donc, ce point capital, je vais vous le dire, et ça va faire drôlement plaisir à Daniel Cohn-Bendit : on a décidé la traciçabilté, la tracibili, la traçabilité, voilà c'est ça : la traçabilité de la trinité… Non, je reprends! La traçabilité de la nitritration, la tri-ti-sa-tion, voilà! La traçabilité de la titrisation va devenir obligatoire. Ouf!
Qu'est-ce que ça veut dire, vous vous demandez? Eh bien, c'est comme pour le bifteck : si vous mourez d'une emphéçalite…, non, d'une encéphalite spongiforme bovine parce vous avez mangé de la bidoche contaminée il y a trente ans, il suffit d'indiquer à la justice le numéro du lot de viande que vous avez acheté en grande surface ce jour là. Avec ça, tout de suite on retrouve l'abattoir qui a débité la bête, le nom du gonze qui l'a tuée, et même celui du saligaud d'éleveur qui l'aura nourrie à la farine animale. Et ça, ça change tout, parce que vos héritiers peuvent faire graver le nom du coupable sur votre tombe!
Pareil pour la trituration, non: la titrisation financière. Demain, quand les banquiers feront coter vos dettes en bourse, et qu'une banque fera faillite, on sera en mesure de savoir pourquoi et par qui. On pourra remonter à la source de ses actifs pourris, le monde entier apprendra que tout est arrivé à cause de Bill et Cynthia Rockefeller de Philadelphie qui n'ont pas payé les traites de leur maison.
Comme vous le voyez, mes chers concitoyens, la responsabilisation du monde de la finance est en marche. Un monde nouveau est né!»

source image

PS. Après Marc Vasseur et d'autres, Mathieu se penche aujourd'hui sur la possible nomination de P. Val à la tête de France-Inter, ainsi que sur le thème : capitalisme et mondialisation

jeudi 2 avril 2009

Bilan du mois de Mars

Voici quelques statistiques du Coucou pour le mois de Mars 2009:
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marsupinamina.28
google.com 27
r1rk9np7bpcsfoeekl0khkd2juj27q3o.friendconnect.gmodules.com / 26
(si quelqu'un sait ce que cela signifie, merci de me le dire!)
mtislav.blogspot 25
vendredi.info 25
labs.wikio.net 23
google.fr 21
detoutderiensurtoutdeviendailleurs 20
leforumcatholique.org: 20
lestroisgrobills. 20
canetblues 17
cozop.com 17
khalifatdekhanay 17
blog.plafonddeverre.fr 16
blogitexpress.com 13
macao-levilainpetitcanard 13
peuples.net 13
bayrou-modem-exprimetoi.net 12
blogonet.fr 12
bouchedela 12
commandcome 12
crisedanslesmedias 12
jen-airienadireetalors.20minutes 12
sarkobasta 11
circe45 10
fr.news.yahoo.com 10
rimbusblog 10

Merci à tous!

Inspiré par Mathieu, j'ai jeté un coup d'œil curieux aux billets qui m'ont valu le plus de visites ce mois-ci. Il s'agit de:
pour une moyenne de 4,15 mn passées sur la page, chaque fois.

Sans surprise, je constate que ce ne sont jamais mes billets préférés, ou ceux sur lesquels j'aurais misé un kopeck qui retiennent l'intérêt. Les goûts de la blogosphère ne sont pas les miens.

PS. Gaël publie, avec le concours de M. Poireau, une exclusivité du G20 à ne pas manquer.

mercredi 1 avril 2009

Un nouvel outil contre la crise au G20 !

D'après des informations relayées ces dernières heures par les meilleurs titres économiques de la presse internationale tels que le Walk Street Journal, City Hole, L'Echo, L'Attribut de l'économie, Le Temps d'Helvétie, de même que le supplément Bas de laine du Monde de demain, à paraître ce soir, les chefs d'États réunis pour le G20 de Londres vont bénéficier en avant-première d'un extraordinaire instrument d'évaluation économique.
Celui-ci a été mis au point dans le plus grand secret par l'
OELU, organisation des économistes libéraux unis, institution œuvrant sous le haut patronage de l'ONU, à l'issue de plusieurs années de collaboration fructueuse avec la NASA et l'état-major de l'OTAN.
De quoi s'agit-il? Tenez-vous bien: ni plus ni moins que de mettre à la disposition des grands décideurs de la planète, politiques, patrons des multinationales de l'industrie et de la finance, des cartes prévisionnelles de l'évolution économique au cours des 24 heures à venir. Ces cartes, établies d'après des images en provenance d'une constellation de micros satellites lancés avec succès en 2006 —constellation baptisée du nom de code
Ecostat—, seront mises à jour quotidiennement et devraient permettre une appréciation de la crise actuelle d'une finesse incomparable.
Disons le carrément: l'économie est en passe d'entrer avec éclat dans la catégorie enviée des sciences presque exactes, où elle va désormais rivaliser avec la météorologie.
Les journaux ne divulguent guère d'explications sur les moyens techniques mis en œuvre pour visualiser l'atmosphère économique et cartographier son état exact, mais il semblerait que soient mis en jeu des capteurs d'ondes émotionnelles, monétaires, et douloureuses, parmi d'autres mesures.
On imagine sans peine le soulagement à venir des gouvernants de la planète comme de celui des économistes libéraux, qui se voyaient déjà dans l'incapacité de sortir de leur domicile sans courir le risque de récolter un œuf en pleine poire ! Quoi qu'il en soit, il suffira au lecteur de se reporter à la carte ci-dessous pour apprécier la portée véritablement révolutionnaire de cette innovation. Chapeau, messieurs les économistes!




la carte servant de base à l'illustration est un planisphère oblique, projection Bertin , de 1953