Comme personne ne peut l'ignorer, les dirigeants de nos principaux partis politiques sont ou seront du voyage au Liban de M. Sarkosy. Il s'agit d'une visite trop dénuée de frivolité et d'un contexte trop grave, pour que cette image d'une France unie dans son soutien à un pays, hier encore, au bord de l'abîme, me donne envie d'ironiser. Tant pis si les chefs de partis en question servent au bout du compte de faire valoir, de ce côté-ci de la Méditerranée, à un président décrié. Moi qui ai grandi dans un pays en paix et n'ai pas connu la seconde guerre mondiale, pour avoir vu Beyrouth au lendemain de la guerre civile, je frémis à la pensée que cela pourrait recommencer. Ces rues bordées d'immeubles criblés d'impacts de balles, éventrés, ces appartements suspendus entre ciel et bitume, à l'intérieur desquels des familles essayaient de reprendre une existence normale, leur intimité et leur misère mal dissimulées au regard des passants par de grands voiles de plastique… Et tout ces enfants graves qui renaissaient à la vie une seconde fois, sans vraiment le savoir —mais peut-êre le savaient-ils mieux que moi. Ils doivent être des jeunes gens aujourd'hui, ces enfants ; des hommes et des femmes que des intérêts trop forts, des conflits qui les dépassent, pourraient à nouveau dresser les uns contre les autres. Alors, si la présence autour de Sarkosy de MM. Hollande, Bayrou, Mme Buffet, et quelques autres, peut en quoi que ce soit aider le Liban à surmonter ses divisions et à rétablir une vie paisible, bravo. Pour me moquer des charters de luxe offerts à la cour de Sarkosy et sa suite de laudateurs accrédités, les occasions ne manqueront pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire