Pour quelle raison les français, tout au moins la plupart, ne se sont pas mobilisés lors de la journée d'action pour la défense des retraites et des 35 heures ? Parce que la majorité des français est satisfaite des mesures énergiques que compte prendre le gouvernement, pardi ! La pédagogie d'adjudant mise en œuvre par MM. Fillon et Bertrand sur des esprits préparés au karcher, a parfaitement démontré aux gens qu'il n'y aurait aucun salut pour les retraites en dehors d'un remède de cheval. Et si le cheval meurt du remède, eh bien, on aura fait de son mieux ! Quant aux 35 heures, les syndicats étaient bien naïfs d'imaginer que les français n'avaient pas envie de travailler plus : ils en rêvent tous la nuit, de pouvoir faire des heures de boulot supplémentaires. Sans cela, on imagine bien que les rues de toutes les villes du pays auraient été noires de monde, des millions et des millions de manifestants, ce que pas un gouvernement démocratique au monde ne pourrait se permettre de regarder sans trembler et reconsidérer d'urgence ses projets. On ne peut pas râler contre des mesures injustes dans le huis-clos de la famille, et puis rester posé sur son cul au lieu de donner un coup de main à ceux qui tentent de les contrecarrer, sans mériter ce qui vous arrive ensuite. Ceux que l'évolution à reculons de la société ne dérange pas peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Toute proportion gardée —si l'on veut bien me passer ce qu'un tel rapprochement contient de choquant—, c'est un peu la même chose pour nos malheureux amis chinois, lesquels, dans l'ensemble, demeurent silencieux sous la dictature et se détournent de la minorité d'opposants. Mais il est vrai que chez eux, c'est une autre histoire : la liberté de parole ou de manifester n'existe pas. Ce qui me fait penser à une information honteuse que je viens de découvrir : des entreprises occidentales collaborent avec les autorités chinoises afin de les aider à fliquer leur population, autant par la fourniture de technologies de pointe que par des conseils. Cela aussi nous regarde. Lorsque suffisamment de voix se font entendre pour dénoncer l'inacceptable, le plus cynique des chiens d'affaires retourne à sa niche la queue entre les jambes.
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