jeudi 21 août 2008

L'Afghanistan n'est pas l'Irak

Lorsqu'un quelconque pékin se mêle de parler de guerre, il lui faut se méfier des postures gratuites. Non qu'il soit mal venu au civil d'exprimer ses opinions sur un conflit : citoyen, il a le droit d'avoir un avis et d'en faire part à qui veut l'écouter, mais s'il a de l'émotion à revendre, il dispose de bien peu de repères pour apprécier ce dont il parle… Il n'empêche ! Je ne comprends pas comment un président peut avoir l'impudence de décider seul de faire la guerre. Selon ma conception de la démocratie, ce devrait être au parlement, dans l'urgence, de la voter, et au peuple de l'arrêter ou de la prolonger, au delà d'un certain délai. Parce que ce sont ses enfants qui risquent leur peau, et parce que c'est lui qui paie la guerre. Dans un monde idéal, en lieu et place des jeux olympiques, on mettrait MM Bush, Sarkosy, Ben Laden, Omar, et toute la bande, dans un stade ; on les regarderait se battre et mourir à la place de tant de soldats, de tant de civils innocents, et puis l'on recommencerait quelques années plus tard avec de nouveaux amateurs de pouvoir. Malheureusement, ce n'est pas de saison, et même si l'on se réfère aux broutilles rajoutées récemment à la constitution, dans le cas des événements en Afghanistan qui font l'actualité, le parlement n'aura rien à redire, ou si peu : les lois qui lui donneraient ce pouvoir ne sont pas encore effectives. Le seraient-elle, qu'elles ne pourraient s'appliquer rétroactivement à ce conflit. Ceci dit, contrairement à ce que je lis de beaucoup d'opinions de gauche, je ne suis pas totalement hostile à notre présence en Afghanistan aux côté des alliés. Rappelons-nous les motifs du déclenchement de ce conflit : les attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis, revendiqués par Al Quaïda, et la «guerre sainte» proclamée par Ben Laden contre les occidentaux, bientôt suivie d'attentats à Londres, Madrid… Le régime des talibans afghans soutenait Ben Laden et avait refusé de condamner les attentats. Il était logique que les États-Unis veuillent abattre ce régime, logique que la France s'engage à leurs côtés. Non seulement parce que nous étions visés à plus ou moins longue échéance par Al Quaïda, mais aussi parce que les Américains sont nos alliés et que des dizaines de milliers de leurs soldats sont morts pour notre délivrance lors de la seconde guerre mondiale. Cela étant, l'augmentation de nos effectifs militaires là-bas a été décidée souverainement par le président, sans que nos représentants aient eu la possibilité de débattre de son opportunité, et nous ignorons si cela était justifié autrement que par le désir de M. Sarkosy de coller à son «rêve américain» personnel. Il est permis d'en douter, même si cet engagement apparaît défendable. Il est aussi permis de s'inquiéter du volontarisme de M. Sarkosy, parce que la dette contractée vis à vis de nos amis américains ne nous oblige pas à les suivre dans n'importe quelle aventure. L'une des rares bonnes choses que nous devons à M. Chirac fut d'avoir refusé notre participation à la guerre d'Irak, qui est une sale guerre —s'il en est de propres !

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