Dès qu'il y a une émotion nationale à récupérer, Nicolas Sarkosy fonce. On l'a vu à l'œuvre d'innombrables fois depuis le début de sa carrière politique. L'une des dernières occasions, c'était lors de la libération d'Ingrid Bétancour à laquelle il n'avait pris aucune part, mais dont il sut tirer profit médiatique à l'heure où les cœurs battaient dans les chaumières. Aujourd'hui le voilà en Afghanistan pour soutenir le moral des soldats français survivants du piège des talibans —et rescapés également, si j'ai bien compris, de quelques ratés d'importance du point de vue militaire. Comme je ne connais rien à l'art de la guerre, non plus qu'à la diplomatie des extrêmes qui se déploie en ces occasions, je ne m'arrêterai guère sur cette embuscade ainsi que sur l'opportunité du voyage présidentiel, dans lequel certains voient une preuve de faiblesse affichée aux yeux de l'ennemi. Une de plus, en somme, de la part de M. Sarkosy, plus soucieux de popularité facile que de sang-froid politique… Il y a toutefois deux choses qui m'ont choqué dans cet événement ou en marge de celui-ci : la première fut d'apprendre que les combats avaient duré du début de l'après-midi jusqu'à la nuit. Comment se fait-il qu'une patrouille de faible importance numérique soit abandonnée au feu ennemi, sans renfort, aussi longtemps ? Les armées de la coalition, que l'on croyait modernes, sont-elles réduites à communiquer par signaux de fumée ? Et puis, écoutant sur France-Inter les propos de journalistes spécialisés, au sujet de cette affaire et de notre armée, j'ai appris une chose qui me sidère : nos soldats sont paraît-il obligés d'acheter et de payer de leur poche certaines pièces de leur fourniment s'ils veulent être correctement équipés : un bon duvet pour ne pas avoir froid, des croquenots de bonne qualité s'il ne veulent pas avoir mal aux pieds, un sac à dos bien conçu… On croit rêver ! Quelle fraction du budget de la défense représenterait la fourniture d'un équipement convenable aux soldats d'une armée professionnelle, donc réduite ? À supposer que le ministère n'arrive pas à trouver une ligne de crédit pour ce faire, je parierais qu'une ponction annuelle sur les revenus de la présidence, la danseuse de la république, suffirait à y pourvoir.
Voir :Blog Libé Secret-défense
Le Monde
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