Cela ne date pas d'aujourd'hui, mais la chose politique ne tourne pas rond chez nous. Ou plutôt si, elle tourne en rond aux mains de quelques milliers d'élus qui l'ont confisquée au peuple dès l'origine de la république, au prétexte que le citoyen ordinaire est trop fruste pour y toucher. À de longs intervalles, cinq, six ans, on nous la montre un peu : on enlève le bas, si je peux me permettre, et le peuple plus ou moins émoustillé fait l'amour à la république. Chacun met sa petite graine dans l'urne afin que la belle Marianne enfante des ribambelles d'élus —ou bien un seul, plus rose et affamé de tétée que tous les autres réunis. La chose est bientôt faite, la classe politique raccompagne madame dans ses appartements. Comme les temps changent et que pointe dans le peuple la velléité de mettre son nez dans les affaires qui le concernent, soudain on se préoccupe en haut lieu d'améliorer notre démocratie. Et par précaution, l'on entend de tous côtés chez les gens de pouvoir s'élever une condamnation de la démocratie participative. Au lieu de travailler à donner aux citoyens des outils efficaces et raisonnables d'intervention dans la vie publique, le gouvernement comme les partis politiques perdent leur temps à concocter de mauvaises réponses à une exigence de renouveau.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire