Bonne nouvelle pour tous ceux qui ont décidé de se lever à l'aube pour gagner plus en travaillant beaucoup plus : grâce à la transparence sur les gros salaires, ils vont avoir un point de repère utile dans la négociation du tarif des futures heures supplémentaires avec leur employeur. En effet, la comparaison des salaires fournit généralement de solides arguments à qui veut se lancer dans ce type de marchandage. Tenez, prenons le cas d'un ouvrier peintre en lendemains qui chantent —profession ingrate s'il en est, que de bosser dur au bonheur des autres, sans y prendre part. Sur la base des funestes 35 heures, cet ouvrier qualifié est actuellement payé au smic, soit 1308,88 € bruts par mois. Comme le carnet de commande du patron est bourré, et vu que notre homme est un vaillant, il serait d'accord pour peindre la vie en rose une cinquantaine d'heures par semaine, pourvu que le jeu en vaille la chandelle. Par exemple, si l'heure sup était payée le double, soit 8,63 x 2 = 17,26 €, ou mieux, le triple : 25,89 €. Pour le coup, il doublerait presque son salaire, notre peintre, et c'est fou la quantité de choses nouvelles qu'il pourrait faire avec toute cette thune sarkosienne —loué soit le nom de Sarkosy pendant 25,89 générations ! Je vous laisse imaginer la liste. Oui, mais voilà, comment négocier ce tarif idéal ? Eh bien, c'est très simple : il suffira de faire remarquer au patron qu'en 2007 les PDG du CAC 40 (les grandes entreprises cotées en bourse), ont augmenté leurs revenus de 58% ! Facile, non ? En 2007, lorsque notre petit peintre en lendemains qui chantent a gagné 15360 € bruts (le taux du smic horaire n'était alors que de 8,44), les patrons du CAC 40 ont empoché 161 millions d’euros. Bien sûr, pour ramasser cette jolie somme, les patrons en question ont pêché au chalut de tous les côtés, notamment en siégeant aux conseils d'administration de plusieurs sociétés : ce sont leurs heures supplémentaires à eux. Cent soixante et un millions d'euros. Soit ce que notre peintre vaillant pourrait accumuler en dix mille ans et quatre siècles… Franchement, avec un argument pareil, cet homme a son augmentation dans la poche, non ?
Source : L'Expansion
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