mercredi 26 novembre 2008

Vite dit

Encore un jour sans vrai billet, trop de choses à remettre en ordre de marche. Le seul sujet qui me viendrait aisément, en si peu de temps, serait celui de la tempête subie par ma région, qui, à vrai dire n'intéresse personne en dehors de la population concernée. Il paraît que la télé n'a même pas jugé utile d'en parler, pensez! Aucun mort, ou alors au lit, de crise cardiaque, et peut-être même pas… Juste des quartiers dévastés, des villages aux rues jonchées de gravats, des toitures emportées, des arbres par centaines devenus énormément encombrants, à débiter, évacuer… Du pain sur la planche pour un bon moment.
Quant à la tempête au parti socialiste, on a sonné la fin de l'alerte.
Ouf, dit Marc Vasseur, une fois le rideau enfin baissé sur le combat des reines. Rassemblement! souhaite Nicolas, qui ronchonne contre les commentateurs encore empoissés de ressentiments. Trublyonne prend acte froidement du sacre de Mme Aubry, CC, sur Bah!, cherche l'opposition, Abadinte appelle à l'union…
Je n'ai pas eu le temps de parcourir tous les blogs que je fréquente, mais les carnetistes proches du parti socialistes, qui s'étaient enflammés ces temps derniers, paraissent, peu à peu, remis de leur gueule de bois. Il est temps de se tourner vers d'autres préoccupations, et en tout cas de mettre un terme aux querelles de la famille socialiste.

mardi 25 novembre 2008

En attendant Margolène Robry

Ne plus suivre que distraitement l'actualité du PS, parce que le séisme de cette mauvaise élection avait moins d'importance que la colère des éléments naturels à ma porte, m'a épargné les affres des passions partisanes. Aujourd'hui seulement, comme on découvre au petit jour l'étendue des dommages, je m'aperçois que le parti socialiste est dévasté. L'image donnée par sa direction actuelle achève de réduire en poussière le peu de crédit que l'on pouvait lui accorder, les militants sont déchirés, le pays médusé. J'ai entendu qu'un sondage faisait mettre par l'opinion publique son grain de sel sur la plaie ouverte. Les gens donneraient tort à Ségolène Royal… Qui a bien pu avoir l'idée de consulter l'opinion publique à propos d'une situation aussi embrouillée? Conformiste à vomir, l'opinion publique est une dépouille dont ces scientifiques du dimanche que sont les sondeurs tirent à peu près ce qu'ils veulent. Un cadavre de la démocratie. Demain un autre institut, pour autre média, lui arrachera peut-être l'avis contraire. Et le PS ne sera pas plus avancé.
Si je comprends bien, mis à part les aubryens frénétiques et les ségolénistes ulcérés, une bonne partie des militants —et des sympathisants— souhaiterait sortir de cet embrouillamini par le haut, en recomposant l'appareil dirigeant avec de nouvelles têtes. Ce serait sans doute le moment où s'imposerait une révolution interne, mais le petit peuple socialiste révolté est éparpillé à travers la France, et dans la Bastille à prendre, rue de Solférino, sont retranchés des gens résolus à défendre leur influence et leurs intérêts personnels. Seuls, ils tiennent pour le moment l'exorbitant pouvoir de peser le juste et l'injuste. Je n'aimerais pas être à leur place et avoir à valider un résultat électoral entaché d'irrégularités.
Pour un parti de gauche, porteur en principe des valeurs de justice, de fraternité, l'expression de la volonté des militants me paraît plus qu'ailleurs encore appeler le respect. Une élection en son sein, comme la femme de César, doit être insoupçonnable. Un doute, une malversation, seraient inexcusables ; des doutes, des malversations, réduiraient à néant le sens d'un scrutin. Plus que jamais, il me semble que se fait sentir le besoin d'un renouvellement complet du PS et que ses
règles soient réformées assez profondément pour que demain, de nouveaux blocages ne puissent apparaître.

PS. Nicolas donne le résultat! Gaël nous parle des SDF du bois de Vincenne. Sur la situation au PS j'ai lu deux bons billets de La Pire Racaille, et celui de M. Poireau vaut le déplacement, comme d'habitude.

lundi 24 novembre 2008

Clic, ça marche!

La fée électricité s'est souvenue, il y a une petite heure qu'il existait dans l'arrière-pays varois éprouvé par une tempête de mistral dans la nuit de vendredi dernier, une maison encore éclairée à la bougie. En fait, la fée ne nous avait pas oubliés, non, non ! Elle manque simplement de personnel pour faire face aux grosses colères de la nature. Et des colères comme celle-là, il n'y en a pas souvent dans la région, heureusement. Il y avait les agglomérations importantes à ramener aux douceurs du confort moderne, puis les villages, puis les quartiers excentrés, puis les chemins isolés. Enfin, sur ces chemins les cas particuliers. Les clavésiens ont retrouvé la lumière avant-hier soir, nos voisins hier… Ce soir, miracle, deux magiciens en bleu de chauffe sont venus grimper au poteau pour raccrocher notre cable. Ah, les braves gens!
On comprendra je pense que j'adresse un clin d'œil amical à mes lecteurs de la région, en souhaitant qu'ils ne fassent pas partie de ceux dont le toit a joué la fille de l'air, ou a reçu le fracassant dernier soupir d'un pin, voire d'un chêne. Nos collines vont résonner un certain temps encore du tapage des tronçonneuses, les oiseaux reviendront sans doute —parce que étrangement, on ne les entend plus guère—, et la page se tournera. Une page pas trop dramatique, en définitive, puisqu'à ma connaissance on ne déplore aucune victime.
Demain, il sera temps de voir ce qui s'est passé ailleurs, demain.

Enfin, je remercie particulièrement Nicolas qui a bien voulu passer un message ici et fermer les commentaires pour moi. Merci Nicolas!

samedi 22 novembre 2008

Message de service

Les batailles au PS font rage, mais pendant ce temps, une partie de la France essuie la tempête !
Ainsi, le taulier n'a plus accès à internet et me prie de couper les commentaires et de diffuser ce message explicatif.
Avec toutes ses excuses,
Nicolas

vendredi 21 novembre 2008

Duel Segolene-Martine

On peut donc sourire de tout entre bons amis, même de l'espérance et de l'amertume. Surtout d'elles, peut-être. Personne ne s'étonnera que je sorte le pavillon de Ségolène Royal à la fenêtre de l'espérance et relègue l'amertume de Martine Aubry au débarras. Évidemment, rien n'étant joué, il se pourrait que demain (sur le tard parce que l'on a sa fierté), je sois amené, le rire jaune, à saluer la victoire du conservatisme, et à devoir hisser le fanion Aubry sur mon blog.
Dans ce cas, ce sont les tristes sires du PS qui riront les derniers, les Delanoë, Fabius, Jospin, Emmanuelli, Lang, Rocard… Avec une hargne cauteleuse digne de sénateurs défendant la citadelle du Luxembourg, ils se seront employés jusqu'au bout à persuader les naïfs du PS que l'avenir du socialisme passait par la préservation de leur mainmise sur l'appareil du parti.
Ce matin, Mme Aubry, dissimulant le dépit suscité par son piètre score, entonnait un hymne à la jeunesse et au renouvellement, dont les promesses sonnaient franc comme les canards d'une fanfare municipale. Car l'un des principaux atouts de Ségolène Royal réside dans la fraîcheur et le bouillonnement créatif des militants qui la portent.
Flairant le péril, au cours des derniers jours, ses adversaires mettaient volontiers en avant les quelques croûtons douteux qui s'étaient glissés parmi les soutiens de cette insolente. Un Georges Frèche, par exemple… Ils feignent ainsi d'ignorer, comme il est de bonne guerre, que ce dernier n'aura aucun rôle dirigeant de premier plan à jouer, à la différence des croûtons rassemblés autour de Mme Aubry, qui continueront, eux, à imposer leur loi.
Ici, j'entends grincer les dents de certains, que j'estime d'ailleurs, devant le peu de respect que je témoigne à des hommes ayant rendu de signalés services au socialisme dans le passé. Certes, ils ont honorablement bossé à l'époque de leur splendeur, mais le respect n'est pas un truc qui s'accroche à la boutonnière une fois pour toutes, comme la légion d'honneur. Chaque jour le remet en question, en fonction des actes. Il n'est pas fait obligation au citoyen de gratifier ses élus d'un tel sentiment. Pour moi, c'est l'inverse : l'obligation de respect s'applique au personnel politique vis à vis du peuple souverain.
Ceci dit, je n'ai pas envie d'énumérer les différentes raisons qui m'ont amené à retirer mon estime à ces divers personnages. Je m'inquiète simplement que les militants du PS choisissent d'imposer demain la rémanence de ces gens-là dans le paysage politique.
À propos de l'élection de ce soir, la presse que je trouve d'une grande complaisance à l'égard de Mme Aubry, essaie de persuader les électeurs socialistes que l'arithmétique appliquée aux premiers résultats serait favorable à celle-ci. Cela découlerait du bon report supposé des voix de M. Hamon vers la candidate conservatrice.
Or, si l'on veut bien se rappeler que le maigre capital de sympathie gagné par M. Hamon provenait essentiellement d'un désir de changement, de rajeunissement, et de rupture avec les pratiques de l'appareil, on ne voit pas pourquoi la majorité des voix de ce monsieur ne contribuerait pas au succès de Mme Royal.
C'est pourquoi, serein, aussi sûr qu'il existe quelque part un monde d'harmonie et de justice où 2+2 font 10, je crois au véritable bon sens des militants: Ségolène Royal va gagner.

sources photos: S. Royal: Désir d'avenir, M. Aubry :ps38-pont-de-claix.parti-socialiste

PS. J'ai bien aimé «Blog à la campagne», par Marc, au Plafond de Zoridae, et, sur un tout autre sujet, les réflexions de Mathieu : «La grève est-elle si démodée?»
PPS: Je viens de lire tardivement un bon billet de Martine sur la presse en ligne, dont je recommande la lecture!

jeudi 20 novembre 2008

Mes pronostics pour le PS

Nicolas m'a invité, ainsi que quelques autres à pronostiquer les résultats du vote des militants socialistes… Il faut que je me dépêche, sinon ma participation sortira après les résultats officiels. Ce n'était pas facile, surtout lorsque comme moi, on aime faire les choses sérieusement. Ne rien laisser au hasard, établir une problématique susceptible d'aboutir au tiercé gagnant à tous les coups. J'ai donc procédé avec méthode.
Tout d'abord, la consultation des horoscopes des trois candidats.
— Pour Mme Royal, de la vierge, les augures sont très encourageants : sa vitalité semblait lui assurer un bel avantage au saut du lit, il lui était simplement conseillé de savoir respecter ses limites…
— En revanche, les meilleurs spécialistes conseillaient, dès l'aube, à Mme Aubry, du Lion, de se protéger d'intenses émotions, cependant que son besoin d'appartenir à un groupe faisait douter de sa capacité à assumer la solitude altière du chef…
— Enfin, M. Benoît Hamon, du signe du cancer, devait être particulièrement nerveux aujourd'hui. On pouvait dès ce matin le soupçonner d'avoir du mal à conserver sa logique…
Ainsi peut-on voir s'esquisser déjà le destin électoral des trois candidats, car s'il y a des analystes qui se trompent rarement, ce sont bien les astres! La lecture des motions folichonnes leur est d'une part épargnée, de même que la connaissance des sondages d'opinion, ou des reportages télévisuels sournoisement orientés. Les astres sont neutres, ils n'ont même jamais entendu parler du Modem.

D'autre part, j'ai eu recours à la technique scientifique, en faisant appel à la fonction random, bien connue des mathématiciens de comptoirs qui l'utilisent à leurs expériences sur le Loto. Ma principale difficulté a été de trouver un logiciel capable de mettre cette étape en œuvre, dans l'infâme désordre de mon ordinateur. Faute de dénicher le bon outil, j'ai fait appel à une fonction random artisanale, qui consista à jeter des jetons chiffrés dans un chapeau, puis à retirer quelques uns d'entre eux, les yeux fermés.
Nous obtenons ainsi le pronostic suivant :
Ségolène Royal 48,1% des suffrages militants.
Martine Aubry 30,6 %
Benoït Hamon 21,3 %
Résultats mathématiques qui confirment brillamment le classement horoscopique, comme on peut le voir.
On devrait donc s'acheminer vers un second tour pour lequel le report des voix de M. Hamon se révélera décisif.

P.S. mes lectures récentes : Zoridae, Antoine, Nef, Balmeyer

mercredi 19 novembre 2008

Demain on déflationne

Cela faisait longtemps que je n'avais plus mis les pieds à Paris. La dernière fois c'était avant la grande Crise de 2008, un bail. Je ne sais pas si vous vous souvenez de la grande Crise, mais à l'époque, on parlait du matin au soir des milliards. Il y avait des milliards qui disparaissaient, d'autres qui se regroupaient et prenaient leur envol… Moi, j'étais comme tout le monde, j'avais jamais vu un milliard de près, je ne savais pas trop à quoi ça ressemblait cet oiseau là. Alors je n'étais pas tranquille quand je sortais de chez moi, je scrutais le ciel avec anxiété, voir s'il n'y avait pas un milliard en train de planer qui allait me fondre dessus… Enfin, vous imaginez: la psychose du milliard errant avait fini par nous pourrir la vie. À la suite de quoi arriva la récession, on retint son souffle, et c'est là que les choses commencèrent à se déglinguer sérieusement. Mais bon, je suppose que vous vous rappelez de tout ça aussi bien que moi, inutile de le répéter. Surtout qu'après la récession, il y eut la fin des haricots, la déflation, comme on dit en langage savant. Ah, cette déflation! Au début, quand on voit le prix du beaujolais nouveau qui baisse, la mine de tous ceux qui vous ont arnaqué au moment du passage à l'euro qui s'allonge, parce qu'ils sont obligés de changer les étiquettes dans l'autre sens, au début donc on biche. Ah, mais le voilà qui monte enfin tout seul ce fameux pouvoir d'achat, sans l'aide du président Sarkozi ! On se réjouissait en secret, comme on s'était d'une certaine façon réjouis des malheurs du capitalisme pendant la crise. Et comme nous étions malins, on attendait que les prix baissent davantage avant de faire nos achats. C'était solde chaque jour de l'année. Le pied. Il n'y avait que les remboursements de crédit qui ne bougeaient pas. Eux, ils restaient fixés aux montants d'avant la crise, mais tout le monde ne peut pas gagner, hein! Il y eut un vague ministre du travail pour annoncer que les salaires allaient bientôt baisser, mais vous pensez comme on le prit au sérieux! Bref, ce fut bientôt la belle merde que vous savez: chute de la consommation, donc de la production et des investissements, envolée du chômage, baisse catastrophique des salaires… Un cercle vicieux, quoi. C'est là que nous en étions, le mois dernier, quand j'ai décidé d'aller voir ce que devenait la famille et les copains à Paris. J'ai donné une mesure d'avoine à Pipo, le brave bourricot qui a remplacé mon 4x4, et en route. Cinq semaines d'air pur et de randonnée pépère, à peine une bagnole à gazogène de loin en loin, les nuits sous un ciel tellement pur qu'il vous saoulait d'étoiles.
Et ce matin, je suis entré dans la capitale au pas de Pipo, la compassion étreignant mon cœur pourtant endurci au spectacle des sans domicile en nombre effarant, rencognés au pied des immeubles. Je ne sais pas pourquoi, mais avant de monter vers les Batignoles j'ai eu envie de faire un détour par la Concorde… Et là, figurez-vous que je suis tombé sur le cortège officiel de Nicolas Sarkozy se rendant au palais Bourbon pour son discours sur l'état de la France devant les députés. Quel déploiement de service d'ordre, bon sang! On ne croirait jamais que le train de vie de l'Élysée a baissé de 20%, comme les revenus de tous les français. D'abord une dizaine de gardes républicains à cheval, sabres au clair. Puis un peloton d'une cinquantaine de CRS à VTT, venait enfin le président, entouré de conseillers et de quelques ministres, sur leur vélo de course bleu blanc rouge. Derrière suivait la presse, à bécane ou courant à petite foulée. J'en suis encore sous le coup de l'émotion au moment où je parle. Tenez, excusez-moi: il faut que je m'arrête pour essuyer une larme.

Sur la déflation, la vraie, voir Le Monde

Mes lectures du jour : Elmone, Nicolas qui est en désaccord avec moi sur le PS, Oh!91, et les billets des Leftblogs